Les arts autour des années 1400 en France
Un ensemble important de manifestations se tient cette année 2004, au cours du printemps et de l’été, sur les arts dans le royaume de France vers 1400, comme date repère. Chacune d’entre elles est centrée sur un lieu, un foyer particulier d’activités et de rayonnement culturel large, dans l’espace et dans le temps. Paris s’impose, tout d’abord, sous le règne de Charles VI, le roi fou mais bien-aimé, capitale artistique au premier rang en Europe, réunissant une clientèle puissante et riche, cultivée, intéressée par un art précieux et de qualité, et un milieu d’artistes sans cesse ouvert à l’étranger. Dans le catalogue rédigé sous la direction d’Élisabeth Taburet-Delahaye, les objets et les arts visuels sont à juste titre mis en avant. Période de grand renouveau pictural, l’apogée des années 1400 est également marquée par un essor sans précédent du livre enluminé, ce qui s’est traduit de différentes manières en des réalisations somptueuses, ou plus simplement très soignées, au gré des cours et des mécénats : en témoignent les Très Riches Heures du duc de Berry et l’enluminure en France au début du XVe siècle, exposées par le Musée Condé de Chantilly et, à un moindre degré, les livres d’heures et les bréviaires contemporains, tel le Bréviaire de Châteauroux à l’usage de Paris, enrichi de près de trois cents miniatures (Châteauroux, Bibl. mun., ms 2). Le grand foyer parisien entre, toutefois, en concurrence avec d’autres centres de création, tout aussi actifs et originaux, même s’ils peuvent apparaître à distance moins influents que la capitale du royaume : ce sont les cours des “Princes des fleurs de lys”, Bourgogne, Berry, Orléans, auxquels il faudrait ajouter Bourbon. Le Musée des Beaux-Arts de Dijon expose, du 28 mai jusqu’au 15 septembre, sous l’intitulé L’art à la cour de Bourgogne. Le mécénat de Philippe le Hardi et de Jean sans Peur (1360-1420), le panorama le plus complet possible des œuvres de cette période. De même, le Musée de Bourges, durant l’été, en juillet et en août, propose une belle évocation avec Aux marches du Palais. La Sainte-Chapelle de Jean de Berry, tandis que le Musée du château de Blois, du 26 juin jusqu’au 26 septembre, réunit les principaux projets et œuvres menés par Louis d’Orléans et Valentine Visconti. Politique et mécénat autour de 1400. On aurait garde d’oublier, pour certains des manuscrits présentés, l’exposition montrée à la Cité de la Musique, du 26 mars au 27 juin, Moyen Âge, entre ordre et désordre, plutôt consacrée aux marges et à leurs décors dans la miniature gothique, ainsi qu’au statut réservé à la musique et aux musiciens.
Ces manifestations mettent sous les yeux d’un public choisi, composé, il faut le dire, d’amateurs très éclairés ou quasi spécialistes du Moyen Âge, un inventaire passionnant d’objets de tous supports et de toutes techniques, qui devrait stimuler les recherches sur beaucoup de points laissés, jusqu’alors, en suspens. L’exposition de Dijon, dans le concert de toutes les autres, est l’occasion de revenir sur plusieurs de ces questions ouvertes, en historiographie, périodisation, commande et iconographie, style des objets enfin. Nous insisterons brièvement sur les trois premières. Du point de vue historiographique, la catégorie mal définie de “Primitifs” dans l’art français ou, plus généralement, européen, est entièrement à abandonner. L’exposition organisée par Dominique Thiébaut, un siècle après celle sur les “Primitifs français” ouverte au pavillon de Marsan et à la Bibliothèque nationale, à l’initiative d’Henri Bouchot et de son comité, est à ce sujet très éclairante. Elle doit, d’ailleurs, être située en amont de toutes les autres déjà citées car elle en rend compte dans une large mesure. La périodisation en ressort complètement changée : au lieu d’étiquettes commodes, mais pas toujours fondées, “gothique international”, “gothique courtois”, entre autres expressions usitées, sont proposées des identifications à partir des grands foyers artistiques, à la fois villes et sites de cours princières, à un moment précis de l’évolution chronologique, les années 1400. En laissant de côté les objets, parce que le développement serait nécessairement plus long, nous mentionnerons ce qui relève de la demande sociale de l’époque en matière d’art : une commande émanant des cercles les plus fortunés de la société ; des goûts avisés, parfois tatillons, et leur histoire resterait à préciser ; un retour fréquent aux modes de figuration anciens ; des choix iconographiques souvent orientés vers l’Ancien Testament, par exemple en Bourgogne, pour le décor sculpté du “Puits de Moïse”, dans le grand cloître de la chartreuse de Champmol, tels sont les aspects marquants de la demande vers 1400. Ils sont à la base d’une redéfinition de la fonction et de la réception des images religieuses en images de culte et de dévotion. Non seulement la France, mais toute l’Europe, sont engagées dans ce processus très ample.
Il entre parmi les objectifs du Colloque, qui se tient les 7-10 juillet 2004, à Paris (École du Louvre) puis à Dijon (Musée des Beaux-Arts et Université de Bourgogne), d’approfondir les enquêtes et de lancer des pistes nouvelles, afin d’essayer de répondre à ces grandes questions d’art et d’histoire.
XIXes Rencontres de l’École du Louvre . La Création artistique en France autour de 1400 (7, 8, 9 et 10 juillet 2004, Paris-Dijon)
7 juillet 2004, matin. École du Louvre, Paris. La commande artistique
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Ouverture : Philippe Durey, conservateur général, directeur de l’École du Louvre
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Président de séance : Jean-René Gaborit
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Jacques Paviot, Le mécénat des princes de Valois.
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Eberhard König, Le duc de Berry collectionneur des manuscrits de ses ancêtres et inspirateur d’innovation.
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Arnaud Alexandre, L’art au service de la politique : la pratique du don chez Louis d’Orléans.
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Thierry Crépin-Leblond, Le mécénat et les collections de Valentine Visconti : une nouvelle approche des rapports franco-italiens.
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Philippe Plagnieux, Marcoussis ou le message politique et social de Jean de Montaigu.
7 juillet 2004, après-midi : Modes, emblèmes, échanges
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Président de séance : Werner Paravicini
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Stephen Fliegel, The Fashion for Automata at the Valois Courts of France.
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François Boespflug, Le bleu, couleur liturgique ? À propos des ornements dans “Communion et martyre de saint Denis”.
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Laurent Hablot, La devise, un nouvel emblème pour les princes du XVe siècle.
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Jan Hirschbiegel, Höfischer Geschenkverkehr zum neuen Jahr in Zeiten des Bürgerkriegs.
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Anne D. Hedeman, Jean Lebègue et le manuscrit illustré de Salluste à Genève. Bibliothèque publique et universitaire, Ms 54.
8 juillet 2004, matin. École du Louvre, Paris. Artistes, ateliers, chantiers
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Présidente de séance : Fabienne Joubert
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Jacqueline Cerquiglini-Toulet, Christine de Pizan, acteur et témoin de la vie artistique de son temps.
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Florian Meunier, Les chantiers de l’architecture princière à Paris. De Charles V à Charles VI.
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Élisabeth Pillet, Les vitraux de la chapelle du collège de Dormans-Beauvais.
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Clémence Raynaud, Construction et maîtrise d’œuvre : le cas des chantiers du duc de Berry.
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Marc-Édouard Gautier, Le tombeau du duc Louis II de Bourbon à Sauvigny.
8 juillet 2004, après-midi. École du Louvre, Paris.
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Présidente de séance : Fabienne Joubert
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Renate Prochno, Modèles et copies d’œuvres de Champmol.
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Véronique Bouchera, LaVierge de La Chaux-des-Crotenay : un inédit de Claux de Werwe.
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Inès Villela-Peti, Propositions pour le peintre Jean d’Arbois.
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Gabriele Bartz, Les heures de Guy de Laval de la collection König.
9 juillet 2004, ancien palais universitaire Chabot Charny à Dijon. Questions d’iconographie
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Président de séance : Roland Recht
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Daniel Russo, Iconographie vétéro-testamentaire à la cour de Bourgogne.
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Sherry Lindquis, Circumscribing the Sacred : Christ’s body at the Chartreuse of Champmol.
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Agnieszka Laguna-Chevillotte, Le Christ-Verbe : remarques sur la fortune du thème dans la mouvance royale vers 1400 en France.
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Pierre-Gilles Giraul, Portraits et images du prince : l’exemple de Louis d’Orléans.
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Élisabeth Antoin, La Vierge dans un jardin clos dans l’art parisien.
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Colette Beaune, Synthèse et conclusion.
9 juillet 2004, ancien palais universitaire Chabot Charny à Dijon
Visites prévues : Exposition, Puits de Moïse, Rouvres-en-Plaine, Germolles.
Participants pressentis :
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Arnaud Alexandre, conservateur du patrimoine, drac Auvergne
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Élisabeth Antoine, conservateur, Musée national du Moyen Âge
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Gabriele Bartz, université de Berlin
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Colette Beaune, professeur, université de Paris X-Nanterre
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François Boespflug, professeur, université de Strasbourg
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Véronique Boucherat, docteur en histoire de l’art
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Jacqueline Cerquiglini-Toulet, professeur, université Paris IV-Sorbonne
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Thierry Crépin-Leblond, directeur des Musées de Blois
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Philippe Durey, conservateur général, directeur de l’École du Louvre
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Stephen Fliegel, conservateur, Cleveland Museum of Art
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Jean-René Gaborit, conservateur général, Musée du Louvre
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Marc-Édouard Gautier, conservateur, Bibliothèque municipale, Le Mans
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Pierre-Gilles Girault, attaché de conservation, Château et Musées de Blois
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Laurent Hablot, docteur en histoire
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Anne D. Hedeman, professeur, université de l’Illinois
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Jan Hirschbiegel, professeur, université de Kiel
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Fabienne Joubert, professeur, université Paris IV-Sorbonne
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Eberhard König, professeur, université de Berlin
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Agnieszka Laguna-Chevillotte, doctorante, université de Bourgogne
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Sherry Linquist, chercheur, Musée des Beaux-Arts de Dijon
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Florian Meunier, conservateur du patrimoine, Musée Carnavalet
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Jacques Paviot, professeur, université Paris XII
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Werner Paravicini, professeur, l’Institut historique allemand, Paris
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Philippe Plagnieux, maître de conférences, université Paris X-Nanterre
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Élisabeth Pillet, conservateur du patrimoine, Ville de Paris
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Renate Prochno, professeur, université de Salzbourg
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Clémence Raynaud, chargé d’études, Centre de Recherches et de Restauration des Musées de France
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Roland Recht, professeur, Collège de France
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Daniel Russo, professeur, université de Bourgogne
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Inès Villela-Petit, conservateur, Bibliothèque nationale de France