Les fortifications de Besançon durant l’Antiquité tardive, révision du dossier et proposition d’une nouvelle hypothèse
Résumés
Sûrement attestée par les sources, Besançon était pourvue dès le milieu du ive siècle d’un rempart. L’hypothèse qui a prévalu ces dernières années était que les institutions religieuses et publiques de Vesontio s’étaient retranchées derrière une fortification en cloche installée au pied du mont qui surplombe le méandre du Doubs, où s’était développée l’agglomération antique. La reprise du dossier montre que les arguments avancés n’apparaissent plus suffisamment solides. Ce constat a motivé le réexamen des questions d’implantation des fortifications tardo-antiques au sein du contexte topographique si particulier de Besançon.
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Mots-clés :
Antiquité tardive, castrum, fortifications, Besançon, Vesontio, IVe siècle, IIIe siècle, Ve sièclePlan
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Historique
Reçu : 30 janvier 2023 – Accepté : 23 juin 2023
Texte intégral
1Si un nombre limité de sources de l’Antiquité tardive, en premier lieu une lettre de l’empereur Julien, atteste l’existence d’un rempart protégeant Besançon/Vesontio autour des années 360, la réalité archéologique d’une telle enceinte fait encore défaut. Il est dorénavant attesté que l’édification de ces structures monumentales modifie significativement le paysage urbain des agglomérations de Gaule du Nord durant l’Antiquité tardive et constitue un élément déterminant de leur organisation. Cette fortification a été à Besançon régulièrement assimilée à l’enceinte canoniale médiévale du quartier capitulaire, au pied du mont Saint-Étienne, mais cette proposition ne supporte plus aujourd’hui la révision des données tant historiques qu’archéologiques. En revanche, une nouvelle hypothèse, plus conforme à l’historiographie de la recherche et aux avancées de l’archéologie bisontine de ces vingt dernières années, peut être envisagée.
1. Cadre géographique et historique
- 1 Vraisemblablement déclassée au profit de Bâle/Civitas Basiliensium (Suisse) avant le ve siècle : N. (...)
- 2 Notitia Galliarum 9 ; MGH, AA, IX, p. 595, Notitia Dignitatum Occ. I, p. 109 ; III, 23 ; XXII, 11, (...)
- 3 P. A. Schwarz, « Augst / Augusta Raurica (Suisse) », in A. Ferdière (dir.), Capitales éphémères…, o (...)
- 4 D. Bayard et J.-P. Fourdrin, « Introduction », in D. Bayard et J.-P. Fourdrin (dir.), Villes et for (...)
2La réforme provinciale initiée sous la Tétrarchie ou le règne de Constantin Ier a engendré un morcellement de la province de Germanie supérieure, dont les quatre cités les plus méridionales – Besançon/Vesontio, Nyon/Colonia Julia Equestris (Suisse), Avenches/ Aventicum (Suisse) et Augst/Augusta Raurica (Suisse)1 – ont constitué une nouvelle entité : la province de Maxima Sequanorum, dont la capitale était fixée à Besançon2. À l’exception de Kaiseraugst, dénommé Castrum Rauracense dans la Noticia Galliarum, et qui accueillit au moins dans la première moitié du ive siècle un détachement de la legio Prima Martia3, Besançon est le seul chef-lieu de cité de cette nouvelle province qui semble mise en défense par un rempart4. L’édification d’un tel ouvrage pourrait s’expliquer par le rôle administratif et politique majeur qu’avait acquis Vesontio à la suite de cette réforme territoriale.
- 5 S. Janniard, « Le nord de la Gaule, de Probus à Valentinien III : le cadre politique et militaire » (...)
- 6 P. Nouvel et C. Cramatte, « Le massif du Jura à l’époque romaine. Terre de frontière ou de peupleme (...)
- 7 M. Kaspzyk, « Les enceintes du Bas-Empire entre Lyon et Metz : état de la question, analyse du rése (...)
3Ce rôle est peut-être encore plus prépondérant par la position géographique d’une telle place forte dans le système stratégique militaire qui se développe le long de l’espace rhénan à partir de la fin du iiie et du début du ive siècle5. Besançon se trouvait alors au cœur du dispositif. Son implantation depuis la période augustéenne au carrefour des voies du réseau d’Agrippa, reliant la vallée du Rhône à celle de la Moselle, du Rhin et à l’Italie6, en faisait un point de passage de première importance, en particulier pour les mouvements de troupes entre le limes rhénan, les provinces gauloises du Centre-Est et italiennes. En outre, la présence du Doubs fournissait un accès fluvial à la vallée de la Saône au Rhône. La militarisation du réseau d’Agrippa a été particulièrement remarquable au cours du ive siècle avec la fortification progressive de stations à intervalles réguliers le long de ces axes7. Besançon aurait pu alors faire office de « nœud » au sein de ce réseau, tout en restant en retrait des fronts le long du limes rhénan.
- 8 Julien, Ep. 26, éd. J. Bidez (texte et traduction), Œuvres complètes de Julien l’empereur, t. 1, 20 (...)
4Le témoignage principal attestant la présence d’une fortification de l’Antiquité tardive à Besançon est une lettre de l’empereur Julien à son mentor, le philosophe Maxime. De retour d’Augst à l’hiver 360-361, l’empereur, récemment acclamé à Paris, fait une halte avec ses troupes dans la capitale de Grande Séquanie, dont il livre une description8 :
Bientôt j’approchai de Besançon. C’est une petite ville nouvellement restaurée ; jadis elle était grande et ornée de temples magnifiques. Un rempart la défend, ainsi que son promontoire. Les eaux du Doubs la contournent, et comme un promontoire rocheux dans la mer, elle se dresse, inaccessible, peu s’en faut, aux oiseaux mêmes, sauf du côté où la rivière qui l’entoure laisse une sorte de grève s’avancer en saillie…
- 9 D. Bayard et J.-P. Fourdrin, « Introduction », in D. Bayard et J.-P. Fourdrin (dir.), Villes et for (...)
5Selon cet extrait, il apparaît clairement que la ville ainsi que son promontoire étaient défendus par un rempart. Cette mention a motivé l’intégration du site de Besançon aux inventaires récents des sites fortifiés de l’Antiquité tardive du diocèse des Gaules9. Toutefois, la matérialité même de cette fortification n’a jamais été observée.
- 10 J.-M. Mayeur et alii, Histoire du christianisme. Les Églises d’Orient et d’Occident (432-610), t. 3 (...)
6L’autre source confirmant l’existence d’un rempart tardo-antique à Besançon est la constitution de Valentinien III promulguée en 445. Le texte rapporte comment Hilaire d’Arles s’est opposé à l’élection de Chelidonius sur le siège épiscopal bisontin. Après de multiples agitations confisquant Chelidonius de sa charge, Hilaire entreprit le siège de la ville10 :
Et comme les fidèles ne recevaient pas volontiers ceux qu’ils n’avaient pas élus, il se procurait une troupe de gens armés, faisait le siège des murs comme pour une ville ennemie ou les emportait d’assaut et c’est avec l’appareil de la guerre qu’il conduisait jusqu’à leur siège, symbole de la concorde, ceux qui auraient pour mission de prêcher la paix.
7La traduction est on ne peut plus explicite, Hilaire a fait le siège de la ville avec la volonté de forcer ses murs. Besançon est donc au ve siècle ceint d’une muraille.
8Si ces sources ne laissent aucun doute sur le fait que la ville était remparée dès le ive siècle, l’emplacement des ou de l’enceinte est beaucoup plus problématique.
2. Un castrum réduit ? État de la question
9L’hypothèse prédominante depuis les soixante dernières années est de situer cette fortification au pied du promontoire rocheux qui ferme au sud le méandre du Doubs, dans lequel la ville s’est développée depuis la plus haute antiquité (fig. 1 et 2).
Fig. 1 – Hypothèse ancienne de restitution de la fortification réduite tardive de Besançon (SCAP, Ville de Besançon).

- 11 L. Lerat, « Besançon sous le Bas-Empire », in C. Folhen (dir), Histoire de Besançon. Des origines à (...)
- 12 B. de Vregille, « Les origines chrétiennes et les derniers temps gallo-romains », in C. Folhen (dir (...)
10La pente septentrionale du mont Saint-Étienne aurait abrité le groupe épiscopal paléochrétien et la ville civile, le tout muré derrière un castrum, dont l’entrée monumentale aurait été un arc de triomphe antique encore existant aujourd’hui et dénommé communément Porte Noire (fig. 3). On retrouve successivement cette thèse sous la plume de Lucien Lerat11 et Bernard de Vregille, même si ce dernier émet quelques doutes sur cette configuration, particulièrement en raison du fait que le baptistère paléochrétien supposé aurait été « extra-muros »12.
11En 1966, Lucien Lerat propose une traduction personnelle du texte de Julien empreinte de subjectivité :
- 13 L. Lerat, « Ammien Marcellin, Julien et Vesontio », in Mélanges d’archéologie et d’histoire offerts (...)
Dès que je fus empereur, après avoir fait campagne contre les Barbares – campagne qui dura trois mois –, en revenant voir les rivages gaulois, je me mis à faire des recherches […]. Or, lorsque je fus aux abords de Besançon – ce n’est plus qu’une petite ville repliée sur elle-même, alors qu’autrefois elle était grande et parée de monuments luxueux, puissante par son enceinte et de plus par la nature même du site ; le Doubs en effet l’entoure et elle se dresse comme un promontoire dans la mer, inaccessible pour ainsi dire aux oiseaux eux-mêmes, sauf aux endroits que la rivière en l’entourant laisse comme des plages avancées […]13.
- 14 L. Lerat, « Ammien Marcellin… », ibid.
12En remplaçant « petite ville nouvellement restaurée » par « petite ville repliée sur elle-même », il conforte ses observations personnelles de concentrations de mobiliers tardo-antiques sur les pentes nord du mont Saint-Étienne et appuie sa proposition de fortification construite à la hâte au pied du promontoire, englobant la Porte Noire (cf. fig. 2). Il entérine ainsi son hypothèse d’une rétraction de l’assiette urbaine occupée de l’agglomération débutant dès la fin du iie siècle14. Cette nouvelle traduction a été reprise dans les synthèses postérieures sur Besançon, sans remise en question.
- 15 M.-L. Bassi et alii, Atlas historique de la ville de Besançon, Bordeaux, Ausonius Édition, à paraît (...)
- 16 V. Viscusi, « Besançon entre le xiiie et le xive siècle, beaucoup de questions et quelques réponses (...)
- 17 C. Munier (dir.) et C. Gaston, Le quartier antique du Palatium et ses domus, archéologie au collège (...)
13Cette hypothèse, devenue une réalité historique au fil des répétitions et ce malgré les découvertes de plus en plus importantes de niveaux d’occupation tardifs dans la Boucle15, se retrouve encore dans les synthèses les plus récentes sur la topographie de la ville de l’Antiquité tardive et du haut Moyen Âge16, même si certaines restent plus prudentes17.
- 18 A. Castan et A. Ducat, « Découverte de la scène du théâtre de Vesontio », Mémoire de la Société d’é (...)
14Bien que conceptuellement envisageable, la réalité d’un tel système défensif n’est pourtant étayée par aucune source fiable. Les arguments matériels pour appuyer cette hypothèse sont basés sur des découvertes très anciennes de structures maçonnées situées sur le tracé hypothétique du rempart qui se serait développé de part et d’autre de la Porte Noire18. Pourtant, ces données sont quasiment inexploitables en raison de l’imprécision de la localisation et de la datation des vestiges.
- 19 F. I. Dunod de Charnage, Histoire des Séquanois et de la Province séquanoise ou des Bourguignons et (...)
- 20 Il s’agit bien évidemment d’une confusion avec le murus gallicus de Vesontio, fouillé en partie au (...)
15Dunod de Charnage19 écrit au xviiie siècle, que des vestiges, qu’il associe au murus circumductus évoqué par César dans son Commentaire de la guerre des Gaules20, ont été exhumés :
Ce mur existoit déjà du tems de César, car il dit murus circumductus, montem hunc arcem efficit, et l’on en a trouvé les restes en creusant des fondations pour l’Église Métropolitaine. Il étoit large de dix pieds, si solide et si bien lié, que les ouvriers qui furent obligés de le démolir en quelques endroits, disoient qu’ils auroient mieux aimé avoir à enlever du roc.
16Cette identification paraît hasardeuse. Rien dans la description de Dunod ne permet d’affirmer que ces structures appartiennent à un rempart. Elles pourraient tout aussi bien correspondre à n’importe quelle structure maçonnée antique ou médiévale. Quelle que soit la nature de cette découverte, elle a pourtant été mobilisée par l’historiographie locale pour appuyer l’hypothèse d’un rempart tardo-antique au pied du mont Saint-Étienne.
17La seconde mention concerne les restes attribués à une tour mise au jour par les fouilles d’Auguste Castan effectuées sous le nouveau bâtiment des Frères de Marie en 1875 (cf. fig. 1, n° 9). Ses descriptions offrent plus de précisions :
- 21 A. Castan et A. Ducat, « Découverte de la scène… », op. cit., p. 503-504.
Le plus ancien de ces ouvrages était une grosse tour carrée, construite avec des matériaux empruntés aux ruines du théâtre. Ses murailles, d’une énorme épaisseur, étaient en partie faites de gros blocs de Vergennes portant encore des crampons de fer qui les avaient reliés lors de leur premier emploi. Le soin extrême qui avait présidé à la taille primitive de ces blocs contrastait avec l’inexpérience des anciens bâtisseurs, ceux-ci n’ayant pas même su faire concorder l’alignement des assises qu’ils superposaient. D’autres portions de la tour étaient construites en moellons de petit appareil. Au pied de la face septentrionale de la tour, on trouva, plantés dans le sol, plusieurs grands claveaux d’une porte monumentale de l’époque antique. Plus haut que la tour, existaient divers étages de murailles en petit appareil, se rapportant aux nombreux remaniements de l’enceinte capitulaire21.
- 22 S. Humbert, Fouille de sauvetage. Parking de l’Hôtel de région, 4, square Castan, 22 mai-15 juillet (...)
- 23 J.-P. Fourdrin, « Les enceintes urbaines du nord de la Gaule au Bas-Empire : permanences et nouvell (...)
- 24 J.-P. Fourdrin, « Les enceintes urbaines du nord de la Gaule au Bas-Empire : permanences et nouvell (...)
- 25 D. Bayard et J.-P. Fourdrin, « Conclusion », in D. Bayard et J.-P. Fourdrin (dir.), Villes et forti (...)
- 26 J. Boudeau, « Le rempart du Bas-Empire de Beauvais : état des connaissances », in D. Bayard et J.-P (...)
18Cette description relativement claire d’une structure quadrangulaire constituée de blocs monumentaux en remploi et de moellons évoque effectivement un mode de construction propre aux enceintes de l’Antiquité tardive du nord de la Gaule, dont les fondations sont généralement constituées de blocs monumentaux spoliés sur les édifices publics de la ville du Haut-Empire et les élévations réglées par des moellons réguliers. Notons cependant qu’A. Castan indique que « d’autres portions de la tour étaient construites en moellons de petit appareil », sans préciser s’il s’agissait de l’élévation de la structure ou même de l’une de ses faces. La fouille effectuée à l’emplacement de l’actuel Hôtel de Région en 198922 (cf. fig. 1, n° 8 et fig. 2, n° 5) apporte un éclairage nouveau sur la découverte d’A. Castan. Cette opération a en effet révélé un système d’arcades constituées de blocs de réemploi couvrant le passage de l’aqueduc d’Arcier et intégrant un massif de fondations monumental, dont le mode de construction intègre des moellons réguliers parfaitement réglés et un chaînage d’angle lui aussi fait d’un assemblage de blocs monumentaux en réemploi. Ces derniers laissaient apparaître les agrafes qui les liaient. Comment ne pas faire le lien entre la description des structures découvertes par A. Castan et cet aménagement monumental mis au jour en 1989 ? Il ne fait plus aucun doute que les « grands claveaux » dégagés en 1875 au nord de la structure quadrangulaire correspondent aux arcades monumentales enjambant l’aqueduc d’Arcier révélées en 1989. La proximité des modes de constructions du massif monumental et de la « tour » dégagée par A. Castan pourrait également indiquer qu’il s’agit d’une seule et même structure. L’hypothèse qu’il puisse s’agir ici du système de fortification de l’Antiquité tardive a été mise en avant, mais soulève un certain nombre de contradictions. Bien que l’orientation de cette structure semble se diriger vers la Porte Noire (cf. fig. 2), aucune jonction n’a jamais été observée. Le mode de construction du massif de fondations est par ailleurs totalement différent de celui des remparts tardifs du nord de la Gaule qui privilégient le réemploi quasi systématique de blocs monumentaux en fondations23. Ces blocs ne sont utilisés à Besançon que pour le chaînage d’angle de la structure, ce qui diverge également des plans mis en avant par l’archéologie au cours des cinquante dernières années dans le nord de la Gaule, où les angles des remparts tardifs les mieux reconnus sont renforcés par des tours24. Les exemples de remparts tardo-antiques urbains mis en avant ces dernières années indiquent clairement que ces fortifications, dont le rôle principal est éminemment défensif25, prennent un soin particulier à intégrer les débouchés des aqueducs à l’intérieur de l’espace enceint pour assurer l’approvisionnement en eau de la ville encore très consommatrice26.
- 27 M.-L. Bassi, Sondage archéologique dans l’ancienne aile orientale du cloître de la cathédrale Saint (...)
- 28 A. Saggese, « Le mobilier céramique de l’Antiquité tardive à Besançon (iiie-vie s.), premiers faciè (...)
19A contrario, un sondage archéologique réalisé en avril 2022 dans la galerie nord du cloître de la cathédrale Saint-Jean27, dans l’exact prolongement sud-ouest de la Porte Noire (cf. fig. 2, n° 8), qui aurait été l’entrée monumentale de l’enceinte réduite tardo-antique, n’a pas mis en évidence une éventuelle section de rempart. Cette fouille a en revanche révélé la présence de structures d’occupation matérialisées par un sol en terre battue, daté assez précisément du milieu du ive siècle28.
20L’altimétrie des niveaux, bien supérieure à celle de la base de la Porte Noire, bien qu’à moins de 3 m de distance, sous-tend que, pour ces périodes anciennes, un mur de terrasse était nécessaire en raison du relief pentu du secteur. Cette terrasse en aplomb de la Porte Noire pourrait renvoyer au massif monumental évoqué précédemment et faire partie d’un seul ensemble créant une plateforme artificielle dans ce secteur. Le caractère monumental de cette plateforme pourrait alors marquer symboliquement une limite entre l’agglomération se développant dans la Boucle et l’occupation au pied du mont Saint-Étienne, où l’on soupçonne l’existence du groupe épiscopal paléochrétien. Tout autant qu’un rempart, elle marquerait une distinction entre la ville laïque et un espace édilitaire et religieux pour quiconque remonte l’ancien cardo vers la voie d’Italie.
3. Une enceinte tardo-antique en bordure de rivière ?
21Ces dernières années, les recherches sur les enceintes urbaines de l’Antiquité tardive en Gaule ont permis de préciser leurs caractères architecturaux et leurs insertions au sein des paysages urbains. Ces discussions générales et les monographies qui y ont été consacrées permettent d’ouvrir de nouvelles perspectives pour Besançon. Les lignes qui suivent sont basées sur les témoignages de quelques indices archéologiques, bien qu’observés anciennement le long du Doubs, sur des exemples attestés ailleurs en Gaule et sur une réflexion pragmatique en considérant les besoins et les nécessités du terrain lorsqu’il est question de stratégie défensive et militaire.
22Sur la base de ces postulats, la possibilité d’une fortification longeant la rive gauche du Doubs est à considérer (cf. fig. 1). Cette rive avait déjà été doublée d’une enceinte de type murus gallicus à l’époque gauloise, mentionné par César.
- 29 César, Bell. Gall. I, 38, éd. J.-P. de Giorgio (dir.), César. Guerres. Guerre des Gaules. Guerre ci (...)
Il était en marche depuis trois jours, lorsqu’on lui annonça que celui-ci, avec toutes ses forces, se dirigeait contre Besançon, la plus forte place des Séquanes, et que, depuis autant de jours, il avait passé la frontière. César crut devoir faire tous ses efforts pour le prévenir, car cette ville était abondamment pourvue de munitions de toute espèce, et sa position naturelle la défendait de manière à en faire un point très avantageux pour soutenir la guerre. La rivière du Doubs décrit un cercle à l’entour et l’environne presque entièrement ; la partie que l’eau ne baigne pas, et qui n’a pas plus de six cents pieds, est protégée par une haute montagne dont la base touche de chaque côté aux rives du Doubs. Une enceinte de murs fait de cette montagne une citadelle et la joint à la ville. César s’avance à grandes journées, et le jour et la nuit, s’en rend maître et y met garnison29.
- 30 G. Gaston, « Aménagements de berge monumentaux d’époque laténienne et romaine à Besançon (Doubs) », (...)
- 31 S. Fichtl, « Murus et pomerium : réflexions sur la fonction des remparts protohistoriques », Revue (...)
23Cette enceinte, qui a été reconnue par l’archéologie au début des années 200030, évolue en une berge maçonnée au Haut-Empire31.
- 32 A. Saggese, « Le mobilier céramique… », op. cit., p. 547-568. Les importations méditerranéennes et (...)
24Il est difficilement imaginable que la rivière, un obstacle naturel, n’ait pas été exploitée et intégrée dans le dispositif défensif. Jouant le même rôle qu’un fossé, le cours d’eau était un avantage pour ralentir l’assaillant tout en l’exposant aux défenseurs. Les constructeurs de l’Antiquité tardive avaient tout intérêt à tirer profit de cet atout, en permettant aussi une rationalisation économique d’un tel chantier. En effet, les structures de berges antiques encore existantes, voire celles du murus gallicus, peut-être ici et là en ruine ou arasés, auraient pu constituer des fondations de premier ordre ou servir de stock d’approvisionnement en matériaux. Outre ces avantages d’ordre technique et logistique, le pont Battant, le seul pont de pierre reliant le centre urbain à la rive droite, a probablement dû être un des ouvrages prioritaires à défendre et à contrôler. Généralement, l’une des règles fondamentales en matière de défense est la protection des points stratégiques d’une cité, tels les accès et les infrastructures liées aux approvisionnements. Ainsi, il serait surprenant que le pont et la zone portuaire à l’est de celui-ci, attestée au Haut-Empire et vraisemblablement toujours en fonction durant l’Antiquité tardive32, aient été exclus de la zone défendue ou tout du moins au centre des préoccupations défensives de l’époque. À partir de ces seuls arguments, comment ne pas envisager la mise en place d’une protection efficiente le long de la rivière afin de contrôler les entrées terrestres et fluviales de la capitale de la Maxima Sequanorum ?
4. Un faisceau d’indices archéologiques
- 33 P. Marnotte, « Séances publiques », Académie des Sciences, Lettres et Arts de Besançon, 1852, p. 12 (...)
- 34 A. Delacroix, « Fouilles des rues de Besançon en 1863 », Mémoires de la Société d’émulation du Doub (...)
- 35 Musée des Beaux-arts et d’Archéologie de Besançon, AA AR.59, « Brouillon de la communication faite (...)
25Ces considérations théoriques trouvent un écho avec des indices matériels. Trois comptes rendus produits dans la seconde moitié du xixe siècle par Pierre Marnotte33, Alphonse Delacroix34 et Alfred Vaissier35 – respectivement architectes municipaux et conservateur adjoint du musée des Beaux-arts et d’Archéologie de Besançon – offrent des éléments pouvant conforter une nouvelle hypothèse quant à la localisation de la fortification de l’Antiquité tardive de Besançon.
26Ces comptes rendus interviennent à la suite de travaux d’aménagements à proximité du débouché du pont Battant et des abords des quais du Doubs en rive gauche. P. Marnotte livre une description tout à fait édifiante d’une structure maçonnée monumentale qu’il a pu suivre sur une centaine de mètres le long des bâtiments nord-ouest de l’actuelle place de la Révolution :
Après avoir traversé le pont de Battant, on entrait dans la ville par une porte qui se reliait à un mur d’enceinte dont les fouilles nouvellement faites ont révélé l’existence et la direction.
Ayant pu prendre exactement les dimensions de ce mur, j’ai reconnu qu’il avait 2 mètres 90 centimètres d’épaisseur. Il était construit entre deux parements formés de petites pierres similaires dont l’appareil était parfait.
Ces pierres n’avaient que 15 centimètres de longueur sur 12 centimètres de hauteur, et servaient d’enveloppe à un blocage dont le mortier était d’une dureté remarquable. Ce mur devait descendre jusqu’au fond des anciens fossés de la ville ; car, à 5 mètres de profondeur, en contrebas du pavé moderne, on était loin d’atteindre à la fondation.
La porte de la ville reposait sur ce massif, en outre consolidé par d’énormes pierres de taille qui descendaient jusqu’à 1 mètre 73 centimètres en contrebas du pavé romain. J’ai mesuré plusieurs de ces assises qui portaient 0,48, 0,50 et 0,53 de hauteur, et provenaient toutes des carrières de Vergenne.
La direction du mur d’enceinte passait par une ligne prise sur son parement intérieur et partant d’un point à 4 m 20 de l’angle de la maison n° 1, en montant la Grande-Rue, pour aboutir à un autre point pris à 1 m 50 en avant de l’angle du grenier de la ville, contre la maison n° 1, place Labourée ; en sorte que le mur d’enceinte formait retour d’équerre avec l’axe du pont de Battant.
- 36 M. Kasprzyk, « Les enceintes du Bas-Empire… », op. cit., p. 187-212 ; D. Bayard et D. Gemehl, « Ami (...)
- 37 J.-P. Fourdrin, « Les enceintes urbaines du nord de la Gaule au Bas-Empire : permanences et nouvell (...)
27Il y décrit ainsi une élévation de près de 3 m d’épaisseur, ce qui rentre dans la moyenne des enceintes urbaines du nord de la Gaule : Mâcon (2,5 m), Chalon-sur-Saône (3,5 m), Dijon (2,4 m), Toul (2,80 à 3 m), Amiens (4,75 m), Bavay (2,5 m), Beauvais (2,20 à 2,60 m) et Reims (2,4 m)36. Sa mise en œuvre en opus vittatum, parfaitement réglés, ayant pour fondations des blocs monumentaux est elle aussi parfaitement conforme aux modes de constructions des enceintes urbaines tardives du nord de la Gaule37.
28Ce témoignage est complété neuf ans plus tard par A. Delacroix, qui a vraisemblablement assisté lui aussi à des excavations dans le secteur du débouché du pont Battant en rive gauche :
Sur la rive gauche, on a également eu soin de conserver, dans les parois d’un autre canal, la trace des antiquités rencontrées en ces lieux. À la suite de la culée (du Pont Battant) se trouvaient un fossé, puis une pile que ces matériaux de pierre tendre, propres à la sculpture, indiquaient suffisamment comme ayant été construite avec les débris arrachés aux ruines de la ville antérieure au ive siècle. Des restes d’un vieux donjon étaient, d’autre part, agglomérés avec les maçonneries de la culée. Sur cette dernière, on rencontre la base d’un escalier tournant. Comme il y eut ensuite, du temps de Louis XIV, un arc élevé sur le même lieu en l’honneur de ce monarque, mais déjà démoli pour cause de vétusté, les constructions anciennes n’étaient plus reconnaissables qu’à leur solidité exceptionnelle. On a remarqué de la sorte une muraille épaisse de 2 m 90 environ, laquelle se dirigeant en amont du pont le long de la rive gauche du Doubs, semblait avoir formé autrefois un quai, ou un rempart, peut-être l’un et l’autre. Ces observations étaient faites en 1851-1852. Durant l’été 1861, nous avons retrouvé la continuation de cette dernière maçonnerie au Port-Mayeur ; mais de là elle faisait un angle pour rentrer sous la place du Marché, où elle se mêlait à des murs et à d’autres vestiges de constructions également antiques.
29Cette description conforte l’hypothèse que le débouché du pont Battant était flanqué de tours, même si elle n’en précise pas la forme, qui pourrait correspondre à une porte monumentale d’un rempart. A. Delacroix note également un mode de construction similaire à celui de la section de maçonnerie documentée par P. Marnotte et décrit déjà des blocs monumentaux spoliés à la ville du Haut-Empire. Le terme « aggloméré à la culée » pourrait par ailleurs confirmer que ces constructions sont postérieures à l’édification du pont Battant, datable du ier siècle.
30Alfred Vaissier confirme les observations faites par ses prédécesseurs lors de sa communication à la Société d’émulation du Doubs du 16 novembre 1895. Ce dernier a également assisté à l’ouverture d’une tranchée linéaire pour l’installation d’un collecteur d’égout aux abords de l’actuelle place de la Révolution et a pu observer le parement sud-est de cette maçonnerie, dont il a restitué un plan sommaire (fig. 4).
Fig. 4 – Plan synthétique des vestiges observés en 1895 place Labourey, actuelle place de la Révolution. La longue structure linéaire parallèle à l’aile des bâtiments à gauche correspond au parement interne de la maçonnerie monumentale (A. Vaissier, musée des Beaux-arts et d’Archéologie de Besançon, AR. 59).

31Il fournit en revanche une observation complémentaire :
Le témoignage des deux architectes s’accorde pour le départ du mur d’enceinte et ses dimensions. Toutefois dans les fouilles récentes j’ai fort bien vu dans la profondeur de la tranchée à droite un mur fort bien parementé engagé dans la paroi, mais qui plus loin venait s’unir à une sorte de renforcement non parementé appuyé contre lui et lequel était entrelacé de manière à former une masse totale avec le gros blocage qui n’apparut sur la gauche qu’à peu près en face du n° 17 de la rue des Boucheries, c’est-à-dire à 30 mètres plus bas que l’angle de la rue.
32Ce renforcement peut-il correspondre aux vestiges d’une tour en saillie, partiellement récupérée ? La description demeure trop vague pour être affirmative, d’autant plus que ce massif n’a pas été reporté sur le plan dressé.
33Il en est de même pour le retour observé au niveau du port Mayeur par A. Delacroix et A. Vaissier. Cet angle forme une anomalie sur un tracé de rempart que l’on peut supposer longeant la rive du Doubs. Au regard de la permanence d’un accès à la rivière à cet endroit durant tout le Moyen Âge et jusqu’à aujourd’hui, peut-être que ce décrochement pourrait être le signe d’un accès à la rivière au cours de l’Antiquité tardive.
- 38 D. Billoin et C. Cramatte, « Le castrum de l’Antiquité tardive et du haut Moyen Âge de Mandeure et (...)
- 39 M. Heijmans, « Les fortifications urbaines dans le sud-est de la Gaule », in D. Bayard et J.-P. Fou (...)
- 40 J. Courtois et P. Joyeux, « L’enceinte d’Orléans : état des recherches et découvertes récentes », i (...)
- 41 M. Kasprzyk, « Les enceintes du Bas-Empire… », op. cit., p. 193.
- 42 C. Gaston, « Aménagements de berges monumentaux… », op. cit., p. 458.
- 43 D. Bayard et D. Gemehl, « Amiens. Nouvelles données… », op. cit., p. 218-222.
34Il pourrait également permettre d’enclore un espace portuaire. C’est notamment le cas à Mandeure38, Genève39 (Suisse), Orléans40, peut-être Chalon-sur-Saône41. La présence d’un espace portuaire dans ce secteur est par ailleurs parfaitement confirmée par l’archéologie pour le Haut-Empire avec des aménagements de berge monumentaux, d’un débarcadère et d’horrea dans le secteur des Remparts Dérasés. La chronologie proposée de l’utilisation de cet aménagement postérieurement au iie siècle reste imprécise, mais n’exclut pas l’Antiquité tardive42. Il est nécessaire de rester prudent quant à cette hypothèse en l’absence de rapport de fouille pour cette opération, même si la situation stratégique de Besançon durant l’Antiquité tardive tend à l’appuyer. Le retour observé au niveau du port Mayeur pourrait également correspondre à un partitionnement interne de l’enceinte comme attesté sur le site de Saint-Germain à Amiens43, ce que peut indiquer la réduction de l’épaisseur du mur à 1,50 m.
- 44 C. Genre et S. Jounin, « Besançon, Hôtel Goudimel », document final de synthèse de surveillance arc (...)
35Ajoutons tout aussi prudemment les découvertes effectuées en 1993 lors de sondages archéologiques effectués dans l’hôtel Goudimel (cf. fig. 1, n° 1)44. La tranchée numéro 2, effectuée à cette occasion, a mis en évidence un massif maçonné antique monumental dans l’alignement exact de la structure découverte au xixe siècle et dont seul le parement sud a été observé (fig. 5).
Fig. 5 – Plan général des vestiges découverts dans la tranchée 2 de la fouille de l’hôtel Goudimel (C. Genre, S. Jounin et A. Saggese).

36Il était composé de blocs monumentaux dont les dimensions avoisinaient les 50 à 60 cm de large. Peut-être s’agit-il ici des fondations monumentales observées par P. Marnotte en 1852 ?
- 45 Datation 14C [CIRAM-5324, US 9493 ; Probabilité de 95,4 %, 250AD (27,7 %) 294AD, 315AD (67,7 %) 410 (...)
- 46 C. Munier, Besançon (Doubs), ZAC Pasteur, volume 2, chapitre 2, Les occupations antiques, DFS, DRAC (...)
37En aval du pont Battant, la fouille de la ZAC Pasteur (cf. fig. 1, n° 4) de 2010 à 2012 apporte de nouveaux éléments pour la réflexion autour de l’édification d’un rempart sur la rive gauche du Doubs. Ce secteur voit se développer tout au long du Haut-Empire un dense quartier à vocation résidentielle et artisanale/commerciale aux abords d’un axe secondaire oblique. Ce quartier connaît une importante densification de sa surface bâtie jusqu’à la fin du iie et la première moitié du iiie siècle. C’est vers le milieu de ce siècle que le processus tend à s’inverser. Les parcelles périphériques sont progressivement abandonnées et un processus de récupération systématique des matériaux se met en place dans sa seconde moitié. Deux fours à chaux sont aménagés dans les parcelles abandonnées, tous les deux datés de la seconde moitié du iiie ou du début du ive siècle45. Les parcelles situées les plus proches du cardo maximus sont quant à elles toujours occupées au cours du ive siècle46.
- 47 J.-P. Fourdrin, « Les enceintes urbaines du nord de la Gaule au Bas-Empire : permanences et nouvell (...)
- 48 Datation étayée par un 14C [BETA-419376, BND.2015.prel.1 ; Probabilité de 95 %, 135AD-335AD, probab (...)
- 49 M. Čaušević-Bully et M.-L. Bassi, Projet Collectif de Recherche Vesontio Christiana, topographie ch (...)
38Ce processus d’abandon et de récupération des matériaux des bâtiments aux abords des actuelles rues Claude Pouillet et du lycée pourrait entrer en résonance avec une pratique d’expropriation liée à la constitution d’un secteur d’exclusion militaire ou de glacis déjà mis en évidence dans d’autres capitales de cité pour l’édification d’une enceinte47. Les matériaux récupérés pourraient être directement valorisés dans la construction du rempart, ce que semble conforter l’apparition des fours à chaux, indispensables à la production massive de mortier nécessaire à une telle entreprise. Notons que la zone d’exclusion proposée étayerait l’hypothèse d’un tracé du rempart se raccordant à la dernière culée du pont Battant, longeant les façades est de la rue Claude Pouillet et effectuant un retour sous la rue du Lycée. Cette dernière orientation pourrait trouver consistance avec la découverte d’un massif monumental daté de la fin du iiie ou du début du ive siècle48 dans la crypte de l’église Notre-Dame rue Mégevand, 560 m au sud-est lors d’un sondage archéologique en 201549.
39Cette maçonnerie, large de 1,80 m (fig. 6), liée par un mortier de chaux extrêmement dure, est formée de petits moellons calibrés et régulièrement assisés.
Fig. 6 – Fondation monumentale de l’Antiquité tardive découverte sous la crypte de l’église Notre-Dame (M.-L. Bassi).

40Il est difficile de préciser à quel ouvrage ou à quel bâtiment, elle pouvait appartenir. En revanche, ses caractères architecturaux laissent peu de doute sur le fait qu’il appartenait à une construction massive et qui a nécessité une opération urbanistique importante. Les structures d’une domus, connue par ailleurs, ont été arasées par l’installation de l’ouvrage. Il est hasardeux d’aller plus avant dans les interprétations, remarquons toutefois que son axe est en parfaite adéquation avec la restitution proposée du rempart du côté de la rivière, mais aussi avec son point d’aboutissement au pied du mont Saint-Étienne. Il conviendrait de procéder à de nouvelles investigations concernant ce mur pour pouvoir tirer des conclusions fiables et certaines.
- 50 La section fouillée a permis de dater ce rempart de 80 av. J.-C., voir S. Fichtl, « Le murus gallic (...)
- 51 César, Bell. Gall. I, 38, éd. J.-P. de Giorgio (dir.), César…, op. cit., p. 42-43.
- 52 Prologue de la Vie de saint Antide, voir B. de Vregille « Les origines chrétiennes et le haut Moyen (...)
41Pour finir, si la plaine alluviale était remparée en suivant la rivière à l’exclusion de la zone marécageuse de Chamars, le mont Saint-Étienne devait lui aussi être clos pour que le système défensif soit efficient. Rappelons que l’ancienne voie d’Agrippa passait par le sommet du mont Saint-Étienne, il fallait donc bien en surveiller et contrôler cette entrée sud de la cité. D’ailleurs, cette préoccupation n’était pas nouvelle, car cela était déjà le cas à l’époque gauloise. L’oppidum gaulois, doté d’un murus gallicus ceinturant probablement tout le pourtour du méandre de la rivière50 selon la description de César51, était très probablement clos au sud par un rempart de barrage disposé sur le plateau de la montagne. Un mur continu reliant perpendiculairement les deux falaises du promontoire paraît sensé. Est-ce ce mur de fortification dont il est question lorsque la documentation médiévale et moderne mentionne un murus anticus ou murus antiquus au sommet du mont52 ? Probable.
42C’est en tout cas ce qui peut être envisagé lorsque l’on considère les sources du haut Moyen Âge, qui nous informent de l’existence d’une muraille, sise au sommet du mont Saint-Étienne, qualifiée de murus anticus en raison de son mode de construction. Son origine pourrait donc remonter de cette ou de ces campagnes de mise en défense de l’Antiquité tardive.
5. Vers une ouverture du dossier
43La topographie particulière de Besançon a nécessairement eu un impact fort sur les choix opérés par les autorités pour la création des fortifications de l’Antiquité tardive. Besançon ne serait d’ailleurs pas le seul exemple de castrum en bordure d’un cours d’eau avec une tête de pont. Ceux de Cologne, Mayence, Kaiseraugst et peut-être Genève sont relativement bien connus et nous offrent des comparaisons.
44Ainsi, en restituant le tracé tel qu’il se dessine dans les lignes précédentes, l’enceinte aurait pu s’inscrire dans la continuité de l’occupation urbaine antérieure et aurait atteint une longueur maximum d’environ 3 km, enserrant une surface de près de 80 ha, soit l’assiette estimée de la ville du Haut-Empire (cf. fig. 1).
- 53 M. Reddé, « La crise militaire du iiie siècle et la réponse de l’État, dans l’Est de la Gaule », in(...)
- 54 ND Occ. I, 44, éd. O. Seek, Notitia Dignitatum, accedunt urbis Constantinopolitanae et laterculi pr (...)
- 55 D. Bayard, « La chronologie des enceintes urbaines de l’Antiquité tardive dans le diocèse des Gaule (...)
45Si un rempart d’une longueur de plus ou moins 3 km n’a rien d’exceptionnel dans le contexte des fortifications tardives du nord de la Gaule, une surface enceinte de près de 80 ha placerait Besançon dans la liste des plus importantes capitales de cité du diocèse des Gaules, aux côtés de Metz (60-70 ha), Mayence/Mainz (160 puis 118 ha) ou encore Cologne/Köln (96 + 14 ha). Soulignons ici le rôle de premier ordre de ces sites dans le dispositif militaire du limes rhénan depuis la fin du iiie siècle53. Peut-on attribuer un rôle équivalent à Besançon, siège potentiel d’un dux sequanicae au moins au début du ve siècle54 ? La question de la chronologie de son édification reste ouverte. Le texte de Julien indiquerait une construction avant 360, ce qui correspondrait aux deux grandes phases de fortification des capitales de cité du nord de la Gaule relevant de la fin du iiie siècle ou de la période constantinienne55.
46Par ailleurs, la description de Julien ne va pas à l’encontre de cette hypothèse. L’empereur parle d’une « petite ville nouvellement restaurée », ce qui pourrait faire référence à l’élévation d’une enceinte et de tous les réaménagements urbanistiques associés. Sa référence à une ville « jadis […] grande et ornée de temples magnifiques » semble effectivement étayée dans la mesure où l’amphithéâtre (cf. fig. 1, n° 11), situé sur la rive droite du Doubs dans le quartier Outre-Pont de Battant, a déjà perdu sa fonction publique monumentale, tout comme les deux principaux sanctuaires de la ville, Chamars (cf. fig. 1, n° 13) et Square Castan (cf. fig. 1, n° 12 et fig. 2, n° 1). La phrase « Un rempart la défend, ainsi que son promontoire » est des plus explicite mentionnant une enceinte, dont une partie protège la ville et une autre partie le mont Saint-Étienne barrant la Boucle au sud.
47La suite du texte – « Les eaux du Doubs la contournent » – conforte cette description : le pronom personnel « la » fait clairement référence à la ville, ce qui laisse envisager que l’espace urbain occupait la Boucle et pas seulement le mont Saint-Étienne.
48Enfin, l’occupation de la presque totalité de la Boucle apparaît par la dernière phase de la mention de Julien puisqu’il y introduit une exclusion : « sauf du côté où la rivière qui l’entoure laisse une sorte de grève s’avancer en saillie… ». Cet espace, dont il est question, fait probablement référence au secteur marécageux de Chamars, au sud-ouest de la Boucle, qui aurait été exclu de l’espace ceint.
49Si l’hypothèse d’une enceinte bordant la rivière venait à trouver de la consistance par de nouvelles découvertes archéologiques, cela n’exclut pas que le pied du mont Saint-Étienne ait pu faire l’objet d’aménagements pour enclore la cathédrale et ses annexes.
- 56 D. Daval et P. Mosca, Besançon et ses environs (25), rapport d’activités 2017, prospections inventa (...)
50Enfin, qu’en est-il de la rive droite, et de son quartier Battant densément occupé durant le Haut-Empire. On peut se demander s’il a fait l’objet d’une mise en défense particulière, sorte d’avant-poste verrouillant le pont Battant et du même coup l’accès à la cité ? Rien à ce jour ne permet d’avancer la moindre supputation. C’est un peu moins vrai pour les collines de Chaudanne et Bregille qui dominent la cité à l’est et à l’ouest. Positions hautement stratégiques pour contrôler les voies et l’axe fluvial, il n’est pas impossible que ces éminences aient été agrémentées de structures militaires, telles que des fortins. Les découvertes de mobiliers archéologiques lors de prospections pédestres témoignent d’une présence de militaria et étayeraient cette théorie56.
51Pour conclure, le dossier du castrum tardo-antique de Besançon reste encore très problématique et demande à être alimenté par des sources et des preuves archéologiques incontestables. Pour ce faire, seules les opérations d’archéologie préventive et les recherches programmées à venir permettront d’arriver à des conclusions solides.
Notes
1 Vraisemblablement déclassée au profit de Bâle/Civitas Basiliensium (Suisse) avant le ve siècle : N. Gauthier, « Conclusions », in A. Ferdière (dir.), Capitales éphémères. Des capitales de cités perdent leur statut dans l’Antiquité tardive, 2004 (Revue archéologique du Centre de la France, 25e supplément), p. 324.
2 Notitia Galliarum 9 ; MGH, AA, IX, p. 595, Notitia Dignitatum Occ. I, p. 109 ; III, 23 ; XXII, 11, 31, C. Bonnet, H. Lieb et C. Santschi, Province ecclésiastique de Besançon (Maxima Sequanorum), Valais (Civitas Vallensium), Paris, 2008 (Topographie chrétienne des cités de la Gaule des origines au milieu du viiie siècle, 15).
3 P. A. Schwarz, « Augst / Augusta Raurica (Suisse) », in A. Ferdière (dir.), Capitales éphémères…, op. cit., p. 355.
4 D. Bayard et J.-P. Fourdrin, « Introduction », in D. Bayard et J.-P. Fourdrin (dir.), Villes et fortifications de l’Antiquité tardive dans le nord de la Gaule, Lille, 2019 (Revue du Nord, hors-série n° 26), p. 18.
5 S. Janniard, « Le nord de la Gaule, de Probus à Valentinien III : le cadre politique et militaire », in D. Bayard et J.-P. Fourdrin (dir.), Villes et fortifications…, ibid., p. 27.
6 P. Nouvel et C. Cramatte, « Le massif du Jura à l’époque romaine. Terre de frontière ou de peuplement ? » in A. Richard, F. Schifferdecker, J.-P. Mazimann et C. Bélet-Gonda (dir.). Le peuplement de l’Arc jurassien de la Préhistoire au Moyen Âge, Besançon/Porrentruy, 2013, p. 401.
7 M. Kaspzyk, « Les enceintes du Bas-Empire entre Lyon et Metz : état de la question, analyse du réseau et des fonctions », in B. Fort, A. Hostein, S. Janniard, et M. Kasprzyk (dir.), La présence de l’État dans l’est de la gaule durant l’Antiquité tardive (250-450 apr. J.-C.), Dijon, 2021 (Revue archéologique de l’Est, 52e supplément), p. 189-192 et 209-210 ; P. Nouvel et alii, « Le centre-est de la Gaule : stations routières et groupements de bords de voies », in Stations routières en Gaule romaine, 2016 (Gallia, 73-1).
8 Julien, Ep. 26, éd. J. Bidez (texte et traduction), Œuvres complètes de Julien l’empereur, t. 1, 20034, p. 53.
9 D. Bayard et J.-P. Fourdrin, « Introduction », in D. Bayard et J.-P. Fourdrin (dir.), Villes et fortifications…, op. cit., p. 13-22 ; M. Kasprzyk, « Les enceintes du Bas-Empire entre Lyon et Metz ; état de la question, analyse du réseau et des fonctions », in D. Bayard et J.-P. Fourdrin (dir.), Villes et fortifications…, ibid., p. 187-212 ; B. Fort, A. Hostein, S. Janniard, et M. Kasprzyk, « La présence de l’État dans l’est du Diocèse des Gaules au ive s. : au miroir des sources matérielles et écrites », in B. Fort et alii (dir.), La présence de l’État…, op. cit., p. 81-132.
10 J.-M. Mayeur et alii, Histoire du christianisme. Les Églises d’Orient et d’Occident (432-610), t. 3, Paris, 1999, p. 223-228.
11 L. Lerat, « Besançon sous le Bas-Empire », in C. Folhen (dir), Histoire de Besançon. Des origines à la fin du xvie siècle, Besançon, 1964, p. 125-128.
12 B. de Vregille, « Les origines chrétiennes et les derniers temps gallo-romains », in C. Folhen (dir), Histoire de Besançon…, ibid., p. 158-160.
13 L. Lerat, « Ammien Marcellin, Julien et Vesontio », in Mélanges d’archéologie et d’histoire offerts à A. Piganiol, Paris, p. 1037‑1046.
14 L. Lerat, « Ammien Marcellin… », ibid.
15 M.-L. Bassi et alii, Atlas historique de la ville de Besançon, Bordeaux, Ausonius Édition, à paraître.
16 V. Viscusi, « Besançon entre le xiiie et le xive siècle, beaucoup de questions et quelques réponses », in J. Cosnuau et C. Munier (dir.), Besançon, le passé des passages, 2000 ans d’histoire d’un quartier commerçant, Milan, 2020, p. 101-102.
17 C. Munier (dir.) et C. Gaston, Le quartier antique du Palatium et ses domus, archéologie au collège Lumière à Besançon (Doubs), Besançon, 2017, p. 39-43 ; A. Bully « Enceinte du castrum ou enceinte médiévale ou quartier capitulaire, ou les deux ? » : in M. Čaušević-Bully et M.-L. Bassi, Projet Collectif de Recherche Vesontio Christiana, topographie chrétienne de Besançon (ive-xie siècle), 2e année, DRAC/SRA Bourgogne-Franche-Comté, 2016, p. 22-24.
18 A. Castan et A. Ducat, « Découverte de la scène du théâtre de Vesontio », Mémoire de la Société d’émulation du Doubs, 1875 p. 503-504.
19 F. I. Dunod de Charnage, Histoire des Séquanois et de la Province séquanoise ou des Bourguignons et du Premier royaume de Bourgogne, de l’Église de Besançon jusque dans le vie siècle, et des abbayes nobles du comté de Bourgogne, Saint-Claude, Baume, Gigny, Château-Chalon, Baume-les-Dames, Lons-le-Saunier, Migatte et Montigny depuis leur fondation jusqu’à présent, Dijon, 1737, p. 168.
20 Il s’agit bien évidemment d’une confusion avec le murus gallicus de Vesontio, fouillé en partie au début des années 2000 à l’emplacement du parking des Remparts Dérasés.
21 A. Castan et A. Ducat, « Découverte de la scène… », op. cit., p. 503-504.
22 S. Humbert, Fouille de sauvetage. Parking de l’Hôtel de région, 4, square Castan, 22 mai-15 juillet 1989, Rapport dactylographié, DRAC/SRA de Bourgogne-Franche-Comté, Besançon, 1989.
23 J.-P. Fourdrin, « Les enceintes urbaines du nord de la Gaule au Bas-Empire : permanences et nouvelles formes architecturales », in D. Bayard et J.-P. Fourdrin (dir.), Villes et fortifications…, op. cit., p. 137-138 ; M. Reddé et alii, Les fortifications militaires, Bordeaux, 2006, p. 169.
24 J.-P. Fourdrin, « Les enceintes urbaines du nord de la Gaule au Bas-Empire : permanences et nouvelles formes architecturales », in D. Bayard et J.-P. Fourdrin (dir.), Villes et fortifications…, op. cit., p. 147-148 et M. Reddé et alii, Les fortifications militaires, Bordeaux, 2006, p. 171.
25 D. Bayard et J.-P. Fourdrin, « Conclusion », in D. Bayard et J.-P. Fourdrin (dir.), Villes et fortifications…, op. cit., p. 430.
26 J. Boudeau, « Le rempart du Bas-Empire de Beauvais : état des connaissances », in D. Bayard et J.-P. Fourdrin (dir.), Villes et fortifications…, ibid., p. 171.
27 M.-L. Bassi, Sondage archéologique dans l’ancienne aile orientale du cloître de la cathédrale Saint-Jean de Besançon, rapport de fouille programmée, DRAC/SRA Bourgogne-Franche-Comté, Besançon, 2023.
28 A. Saggese, « Le mobilier céramique de l’Antiquité tardive à Besançon (iiie-vie s.), premiers faciès et éléments de synthèse », in Actes du congrès de la Sfecag de Clermont-Ferrand, Marseille, 2022, p. 547-568. Le mobilier céramique homogène des niveaux d’occupation a livré des molettes sur sigillée d’Argonne datables des deux premiers tiers du ive siècle. À cela s’ajoute une monnaie de Constant frappée entre 346 et 350, complétée par une analyse par le radiocarbone effectuée à partir d’un charbon de bois provenant du niveau d’incendie scellant les structures, fournissant un intervalle chronologique compris entre 246 et 401 apr. J.-C. (CIRAM-5327, US 1.1022 ; Probabilité de 95,4 %, 246AD-401AD).
29 César, Bell. Gall. I, 38, éd. J.-P. de Giorgio (dir.), César. Guerres. Guerre des Gaules. Guerre civile, Paris, 2020, p. 42-43.
30 G. Gaston, « Aménagements de berge monumentaux d’époque laténienne et romaine à Besançon (Doubs) », Gallia, 77-1 (2020), p. 453-459.
31 S. Fichtl, « Murus et pomerium : réflexions sur la fonction des remparts protohistoriques », Revue archéologique du Centre de la France, 44 (2005), en ligne [http://journals.openedition.org/racf/515].
32 A. Saggese, « Le mobilier céramique… », op. cit., p. 547-568. Les importations méditerranéennes et de la vallée du Rhône sont toujours importantes et d’un point de vue militaire, le port est essentiel pour les approvisionnements.
33 P. Marnotte, « Séances publiques », Académie des Sciences, Lettres et Arts de Besançon, 1852, p. 124-125.
34 A. Delacroix, « Fouilles des rues de Besançon en 1863 », Mémoires de la Société d’émulation du Doubs, 1863, p. 215-216.
35 Musée des Beaux-arts et d’Archéologie de Besançon, AA AR.59, « Brouillon de la communication faite par Alfred Vaissier devant la Société d’Émulation du Doubs lors de la séance du 16 novembre 1895 », manuscrit, 6 p. Nous remercions ici Matthieu Borg (MBAA) pour nous avoir communiqué ce document inédit.
36 M. Kasprzyk, « Les enceintes du Bas-Empire… », op. cit., p. 187-212 ; D. Bayard et D. Gemehl, « Amiens. Nouvelles données sur le castrum de l’Antiquité tardive », in D. Bayard et J.-P. Fourdrin (dir.), Villes et fortifications…, op. cit., p. 213-238 ; C. Louvion, « Les enceintes de l’Antiquité tardive de Bavay, synthèse des connaissances », in D. Bayard et J.-P. Fourdrin (dir.), Villes et fortifications…, ibid., p. 251-270 ; J. Boudeau, « Le rempart du Bas-Empire de Beauvais… », op. cit., p. 271-276 ; R. Neiss et S. Sindonino, Civitas Remi. Reims et son enceinte au ive siècle, Reims, 2004 (Bulletin de la Société archéologique champenoise, 97).
37 J.-P. Fourdrin, « Les enceintes urbaines du nord de la Gaule au Bas-Empire : permanences et nouvelles formes architecturales », in D. Bayard et J.-P. Fourdrin (dir.), Villes et fortifications…, ibid., p. 137-138 ; M. Reddé et alii, Les fortifications…, op. cit., p. 133-162.
38 D. Billoin et C. Cramatte, « Le castrum de l’Antiquité tardive et du haut Moyen Âge de Mandeure et l’établissement fortifié de hauteur de Château-Julien (Doubs) », Gallia, 74-1 (2017), p. 273-287.
39 M. Heijmans, « Les fortifications urbaines dans le sud-est de la Gaule », in D. Bayard et J.-P. Fourdrin (dir.), Villes et fortifications…, op. cit., p. 137-138 ; M. Reddé et alii, Les fortifications…, op. cit., p. 60 et 62 ; C. Bonnet, Les fouilles de la cathédrale Saint-Pierre de Genève. Le centre urbain de la protohistoire jusqu’au début de la christianisation, Genève, 2009, p. 124.
40 J. Courtois et P. Joyeux, « L’enceinte d’Orléans : état des recherches et découvertes récentes », in D. Bayard et J.-P. Fourdrin (dir.), Villes et fortifications…, ibid., p. 316-322.
41 M. Kasprzyk, « Les enceintes du Bas-Empire… », op. cit., p. 193.
42 C. Gaston, « Aménagements de berges monumentaux… », op. cit., p. 458.
43 D. Bayard et D. Gemehl, « Amiens. Nouvelles données… », op. cit., p. 218-222.
44 C. Genre et S. Jounin, « Besançon, Hôtel Goudimel », document final de synthèse de surveillance archéologique, 01/09/1993-30/09/1993 », DRAC/SRA Franche-Comté, Besançon, 1993.
45 Datation 14C [CIRAM-5324, US 9493 ; Probabilité de 95,4 %, 250AD (27,7 %) 294AD, 315AD (67,7 %) 410AD].
46 C. Munier, Besançon (Doubs), ZAC Pasteur, volume 2, chapitre 2, Les occupations antiques, DFS, DRAC/SRA Bourgogne-Franche-Comté, Besançon, 2016.
47 J.-P. Fourdrin, « Les enceintes urbaines du nord de la Gaule au Bas-Empire : permanences et nouvelles formes architecturales », in D. Bayard et J.-P. Fourdrin (dir.), Villes et fortifications…, op. cit., p. 137-138 ; J. Boudeau, « Le paysage urbain dans les villes fortifiées du Nord de la Gaule au Bas-Empire », in D. Bayard et J.-P. Fourdrin (dir.), Villes et fortifications…, ibid., p. 168-169 ; M. Reddé et alii, Les fortifications…, op. cit., p. 134-135, 156.
48 Datation étayée par un 14C [BETA-419376, BND.2015.prel.1 ; Probabilité de 95 %, 135AD-335AD, probabilité de 68 %, 230AD-255AD, 295AD-320AD] corrélée à l’étude céramique et la présence de fragments de pot à lèvre triangulaire et surface peignée en commune sombre grossière (US 1035) apparaissant dans le dernier quart du iiie siècle, voir A. Saggese, « Le mobilier céramique… », op. cit., p. 547‑568.
49 M. Čaušević-Bully et M.-L. Bassi, Projet Collectif de Recherche Vesontio Christiana, topographie chrétienne de Besançon (ive-xie siècle), 1re année, DRAC/SRA Bourgogne-Franche-Comté, 2015, p. 110-123.
50 La section fouillée a permis de dater ce rempart de 80 av. J.-C., voir S. Fichtl, « Le murus gallicus de Vesontio : topographie et architecture », in P. Barral, A. Daubigney, C. Dunning, G. Kaennel et M.-J. Roulière-Lambert (dir.), L’âge du Fer dans l’arc jurassien et ses marges. Dépôts, lieux sacrés et territorialité à l’âge du Fer, Besançon, 2007, p. 161-168.
51 César, Bell. Gall. I, 38, éd. J.-P. de Giorgio (dir.), César…, op. cit., p. 42-43.
52 Prologue de la Vie de saint Antide, voir B. de Vregille « Les origines chrétiennes et le haut Moyen Âge », in C. Folhen (dir), Histoire de Besançon…, op. cit., p. 232-233. Ce mur a sans doute été détruit ou réutilisé lors de la construction de la citadelle par Vauban. Ce rempart de barrage est également connu par sa ou ses portes : porte du Varais et porte Saint-Étienne.
53 M. Reddé, « La crise militaire du iiie siècle et la réponse de l’État, dans l’Est de la Gaule », in B. Fort et alii (dir.), La présence de l’État…, op. cit., p. 41‑53. M. Christol, « Les transformations des infrastructures de l’État en Gaule entre 250 et 350 », in B. Fort et alii (dir.), La présence de l’État…, ibid., p. 55‑67.
54 ND Occ. I, 44, éd. O. Seek, Notitia Dignitatum, accedunt urbis Constantinopolitanae et laterculi provinciarum, Berlin, 1876, p. 104.
55 D. Bayard, « La chronologie des enceintes urbaines de l’Antiquité tardive dans le diocèse des Gaules : état de la question », in D. Bayard et J.-P. Fourdrin (dir.), Villes et fortifications…, op. cit., p. 109-132.
56 D. Daval et P. Mosca, Besançon et ses environs (25), rapport d’activités 2017, prospections inventaire à l’aide de données LiDAR, DRAC/SRA Bourgogne-Franche-Comté, 2017, p. 78-83.
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Titre | Fig. 1 – Hypothèse ancienne de restitution de la fortification réduite tardive de Besançon (SCAP, Ville de Besançon). |
URL | http://journals.openedition.org/cem/docannexe/image/20243/img-1.jpg |
Fichier | image/jpeg, 2,2M |
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Titre | Fig. 2 – Proposition de restitution du rempart tardif de Besançon (SCAP, Ville de Besançon). |
URL | http://journals.openedition.org/cem/docannexe/image/20243/img-2.jpg |
Fichier | image/jpeg, 412k |
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Titre | Fig. 3 – Porte Noire, arc de triomphe antique (J. Sauvage, Ville de Besançon). |
URL | http://journals.openedition.org/cem/docannexe/image/20243/img-3.jpg |
Fichier | image/jpeg, 480k |
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Titre | Fig. 4 – Plan synthétique des vestiges observés en 1895 place Labourey, actuelle place de la Révolution. La longue structure linéaire parallèle à l’aile des bâtiments à gauche correspond au parement interne de la maçonnerie monumentale (A. Vaissier, musée des Beaux-arts et d’Archéologie de Besançon, AR. 59). |
URL | http://journals.openedition.org/cem/docannexe/image/20243/img-4.jpg |
Fichier | image/jpeg, 264k |
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Titre | Fig. 5 – Plan général des vestiges découverts dans la tranchée 2 de la fouille de l’hôtel Goudimel (C. Genre, S. Jounin et A. Saggese). |
URL | http://journals.openedition.org/cem/docannexe/image/20243/img-5.jpg |
Fichier | image/jpeg, 168k |
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Titre | Fig. 6 – Fondation monumentale de l’Antiquité tardive découverte sous la crypte de l’église Notre-Dame (M.-L. Bassi). |
URL | http://journals.openedition.org/cem/docannexe/image/20243/img-6.jpg |
Fichier | image/jpeg, 210k |
Pour citer cet article
Référence électronique
Adrien Saggese, Marie-Laure Bassi et Thomas Chenal, « Les fortifications de Besançon durant l’Antiquité tardive, révision du dossier et proposition d’une nouvelle hypothèse », Bulletin du centre d’études médiévales d’Auxerre | BUCEMA [En ligne], 27.1 | 2023, mis en ligne le 18 juillet 2023, consulté le 27 septembre 2023. URL : http://journals.openedition.org/cem/20243 ; DOI : https://doi.org/10.4000/cem.20243
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