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Les prospections géophysiques appliquées aux complexes religieux (deuxième partie)

Raisonner sur l’absence. Prospections géophysiques croisées au prieuré grandmontain d’Époisses à Bretenière (Côte-d’Or)

Marion Foucher et Ronan Steinmann

Résumés

Les travaux engagés en 2017 dans l’unité expérimentale de l’INRAE du domaine d’Époisses à Bretenière (Côte-d’Or) ont été l’occasion de mettre en place une petite étude croisant sources médiévales et modernes, vestiges bâtis et prospections géophysiques sur le prieuré grandmontain d’Époisses. Partant des vestiges préservés de l’aile des moines, l’ambition première visait la caractérisation de l’emprise du prieuré médiéval disparu et la restitution des différents espaces organisés autour du cloître. L’opération a surtout été l’occasion de réfléchir sur l’absence de vestiges enfouis, envisagée comme le signe éventuel d’une pratique plutôt que celui d’un artefact.

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Notes de la rédaction

Historique
Reçu : 24 octobre 2023 – Accepté : 1er février 2024

Texte intégral

1. Introduction

1Dans l’aire de la plaine de Saône au sud de Dijon, les granges de l’abbaye de Cîteaux jouxtent les terres du petit prieuré grandmontain d’Époisses (fig. 1).

Fig. 1 – Localisation du prieuré d’Époisses.

Fig. 1 – Localisation du prieuré d’Époisses.

Données SIG BD Carthage, IGN GEOFLA et ASTER GDEM (DAO/SIG R. Steinmann).

  • 1 F. Joly, L’histoire du centre Inra Dijon Bourgogne Franche-Comté en sept dates, le Bien Public, sup (...)
  • 2 Pour les sources médiévales, voir : P. Defontaine, L’ordre de Grandmont ou la voie étroite du Monac (...)
  • 3 Dijon, Archives départementales de la Côte-d’Or [désormais abrégé ADCO], H 732 ; P. Defontaine, Rec (...)
  • 4 D’après l’analyse de l’important fonds documentaire réalisée par P. Defontaine (Recherches sur les (...)
  • 5 ADCO, 31 H 732.
  • 6 « […] au milieu desquels, l’ancienne église, les bâtiments qu’occupoient les moines, les logements (...)

2Si l’histoire de ce dernier est largement méconnue, celle de ses infrastructures l’est plus encore : en cause, le mutisme des sources anciennes quant aux bâtiments médiévaux et les remaniements du domaine après son rachat par la Société des chemins de fer Paris-Lyon-Méditerranée en 1930 puis, en 1953, par l’INRA, qui le transforme en ferme expérimentale1. Les rares indices glanés dans les divers dossiers documentaires posent néanmoins quelques jalons2. Primitivement, le site d’Époisses est d’abord une celle fondée en 1189 par le duc Hugues III au sein de son domaine de Rouvres3, avant que la réforme générale de l’Ordre en 1317 ne le promeuve au rang de prieuré4. Les sources avaient permis à P. Defontaine, dans le cadre de ses recherches universitaires, de restituer une communauté d’une douzaine de moines, deux clercs et dix convers, logés dans un ensemble claustral adapté à un tel effectif. Sauf quelques devis de travaux et inventaires des xviie et xviiie siècles5 et l’expertise laconique de la vente des biens nationaux de 17916, seule une vue à vol d’oiseau datée du début du xviie siècle atteste l’existence d’un complexe monastique. Il y apparaît organisé autour d’un cloître et bordé au nord par une église prieurale (fig. 2-A). L’ancienne salle capitulaire, seul élément préservé de ce complexe, se trouve au cœur de l’aile principale du bâtiment actuel, dans la partie actuellement immédiatement au sud des bureaux de l’INRAE et sous le logement du premier étage (fig. 3-A).

Fig. 2 – Évolution du site du prieuré d’Époisses.

Fig. 2 – Évolution du site du prieuré d’Époisses.

A. Hypothèse de distribution des différents espaces sur la vue à vol d’oiseau du xviie siècle (fond : dessin anonyme dans P. Defontaine, Recherches sur les prieurés réguliers…, op. cit. [note 2], t. 2, p. 197). B. Évolution du bâti entre le cadastre de 1843 et le cadastre actuel (sources : ADCO, 3 P, plan 109 ; IGN Géoportail).

Fig. 3 – Salle capitulaire et espaces connexes.

Fig. 3 – Salle capitulaire et espaces connexes.

A. La salle capitulaire au rez-de-chaussée de l’aile d’axe nord-sud et baies de l’étage. B. Détail des colonnettes des baies sur cloître de la salle capitulaire. C. Voûtement de la salle capitulaire (cl. M. Foucher).

  • 7 P. Lasson a réalisé son stage de master 1 AGES (université de Bourgogne) à l’occasion de cette camp (...)

3En 2017, à l’occasion de travaux de modernisation des accès de l’actuelle unité expérimentale, l’espace de l’ancien cloître et l’église prieurale ont fait l’objet d’une campagne de prospection géophysique et d’un rapide inventaire des éléments bâtis préservés. L’objectif de cette opération conjointe visait à cerner le potentiel du site et mieux caractériser l’organisation de l’ancien prieuré7. Malgré le croisement de plusieurs méthodes et outils, l’absence de résultats significatifs dans certains secteurs nous a contraints à raisonner sur la disparition des vestiges.

2. Des lambeaux du carré claustral

  • 8 P. Defontaine, L’ordre de Grandmont…, op. cit., p. 85 ; P. Defontaine, Recherches sur les prieurés…(...)
  • 9 M. Foucher, La pierre et les hommes en Bourgogne. Archéologie et histoire d’une ressource en œuvre (...)
  • 10 P. Defontaine, L’ordre de Grandmont…, op. cit., p. 81-83 ; P. Defontaine, Recherches sur les prieur (...)
  • 11 Paris, Bibliothèque nationale de France, cart. 9887 ; ADCO, 11 H 487.

4L’identification du prieuré grandmontain médiéval, son emplacement et son organisation s’appuient sur l’existence de l’ancienne salle capitulaire, seul espace identifiable préservé. L’architecte en charge de sa restauration en 1928 estime le chantier de sa construction remonter à la deuxième décennie du xiiie siècle8. Cette datation serait éventuellement à reprendre par une analyse archéologique fine, notamment dans la relation entre le voûtement d’ogives et les parements de la pièce (cf. fig. 3-C). Toutefois, en termes de matériaux de construction, ce chantier, qui fait majoritairement appel à la Pierre de Dijon, s’intègre strictement dans les mécanismes d’approvisionnement en pierre fonctionnant localement au cours des deux premières décennies du xiiie siècle. À cette période, l’abbaye Saint-Bénigne, seule propriétaire connue des carrières de l’ouest dijonnais, en octroie l’usage aux communautés monastiques qui n’ont pas d’accès propre (ou suffisant) à une carrière9. Sachant, en l’état de la connaissance du domaine foncier du prieuré d’Époisses10, que la communauté n’a aucune ressource propre à ses chantiers, il reste possible qu’elle ait bénéficié d’un droit d’accès aux carrières de l’ouest dijonnais, à l’instar des abbayes de Pontigny en 1208 et de Cîteaux en 121111.

  • 12 G. Durand-Sendrail, « L’architecture grandmontaine dans le Midi languedocien entre 1150 et 1250 », (...)

5Dans l’organisation primitive de la salle capitulaire, les parements nord et sud sont totalement aveugles. La salle est accessible depuis l’ouest seulement, par un triplet caractéristique de l’architecture des salles capitulaires, entre autres grandmontaines12. Ce triplet, comprenant ici une porte en arc brisé encadrée par deux baies de même dessin séparées par trois colonnettes alignées (cf. fig. 3-B), ouvre traditionnellement sur la galerie du cloître longeant l’aile des moines. À l’opposé, la façade orientale est percée de deux grandes baies en arc brisé, mais ne communique pas avec les espaces situés à l’arrière. Cette organisation des circulations anciennes permet, de fait, de supposer l’emplacement théorique du cloître, en avant de la façade occidentale de la salle capitulaire.

  • 13 Fonds d’archives privés de l’INRAE.
  • 14 Dans le bâti actuel, les ouvertures néogothiques sont encore aisément identifiables par leur style (...)

6Au-delà de ce vestige évident, ce sont les documents liés à la campagne de réaménagement entreprise en 193013, en lien avec les nouvelles activités du site et l’embellissement des façades dans le style néogothique14, qui apportent les indices les plus explicites quant à l’étendue des vestiges médiévaux préservés. À cette date, le corps de bâtiment central a déjà sa forme actuelle en T, avec l’aile principale d’axe nord-sud complétée, à son extrémité nord, par l’aile perpendiculaire, qui abrite aujourd’hui les bureaux de l’INRAE (cf. fig. 2-B et fig. 4).

Fig. 4 – Implantation des différentes mesures géophysiques (DAO/SIG R. Steinmann).

Fig. 4 – Implantation des différentes mesures géophysiques (DAO/SIG R. Steinmann).
  • 15 Fonds d’archives privés de l’INRAE.

7L’ancienne salle capitulaire, qui apparaît nommément sur les plans, se situe dans l’aile principale, au contact de l’aile en retour au nord. Si aucun autre espace ancien n’est alors identifié, les différences d’épaisseurs des murs sur l’ensemble du complexe bâti suggèrent néanmoins plusieurs époques de construction. La partie centrale, comprenant la salle capitulaire et les deux pièces qui la jouxtent au sud, a des murs extérieurs significativement plus épais que ceux de la suite méridionale de l’aile ou que ceux de l’aile en retour. C’est également le seul espace du bâtiment où les divisions intérieures ne sont pas faites de simples cloisons légères. Cette différence se poursuit dans les étages et la rupture entre les deux bâtis est soulignée en plan par un net retrait de la façade occidentale. Le distinguo entre deux constructions de qualités différentes sera largement souligné par l’incendie du site de 196215, au cours duquel la partie centrale résiste, alors que l’extrémité méridionale de l’aile, plus légère, est totalement détruite.

  • 16 G. Durand-Sendrail, « L’architecture grandmontaine… », op. cit. ; P. Defontaine, L’ordre de Grandmo (...)
  • 17 Fonds d’archives privés de l’INRAE.

8Ce premier indice permet ainsi de supposer l’étendue de vestiges médiévaux préservés au-delà de la seule salle capitulaire, avec notamment les deux salles sud au rez-de-chaussée et, vraisemblablement, une partie de l’étage. D’après l’organisation de ces espaces monastiques, ces lieux peuvent correspondre, pour le rez-de-chaussée, à des salles destinées aux moines (chauffoir ou salle des moines) ou au stockage (cellier ou cave) et, à l’étage, au dortoir16. Une note manuscrite (non datée) relevée sur un « plan d’ensemble de la ferme et des abords17 » du 31 mai 1930 paraît confirmer l’hypothèse en distinguant une partie ancienne au nord, d’une moitié méridionale rajoutée au xviiie siècle. Cette chronologie est concordante avec le reste de la documentation iconographique, puisque cette extension de l’aile n’apparaît pas sur le dessin du prieuré du xviie siècle et semble déjà exister sur le plan du cadastre de 1843 (cf. fig. 2-A et B).

  • 18 A. de Dion, « Troisième note sur l’architecture de l’Ordre de Grandmont (Fin) », Bulletin monumenta (...)
  • 19 A. de Dion, « Seconde note sur l’architecture de l’Ordre de Grandmont, suivie d’une liste générale (...)
  • 20 G. Durand-Sendrail, « L’architecture grandmontaine… », op. cit. ; C. Bastide et P. Bastide, « Aveyr (...)
  • 21 P. Defontaine, L’ordre de Grandmont…, op. cit., p. 112.

9Si l’état des parements, tant extérieurs qu’intérieurs, ne permet pas de lecture archéologique du bâti, les trois baies en plein cintre et à double ébrasement, ouvertes à l’étage de la façade ouest (cf. fig. 3-A), sont comparables aux vestiges de la salle capitulaire, que ce soit en termes de style, de traces d’outils (pic et bretture) ou de nature de calcaire (Pierre de Dijon-Corton). Leur rythme et leur étroitesse sont en outre cohérents avec l’éclairage de cellules de dortoir, à l’image par exemple des dortoirs de Saint-Jean-les-Bonshommes (Yonne)18, de Notre-Dame du Bois-Rahier-lès-Tours (Indre-et-Loire)19, de Desgagnazeix (Lot), du Sauvage (Aveyron) et de Comberoumal (Aveyron)20. Elles pourraient ainsi correspondre au pendant des baies représentées sur la façade orientale de ce même bâtiment sur le dessin du xviie siècle. En termes de style, elles s’apparentent également aux ouvertures du réfectoire de la celle grandmontaine de la Faye-de-Nevers (Nièvre)21.

  • 22 G. Durand-Sendrail, « L’architecture grandmontaine… », op. cit.

10Juste au-dessous du niveau de l’appui de ces baies, entre les deux ouvertures méridionales, subsiste un corbeau en quart-de-rond. Cet élément, aujourd’hui isolé, pourrait avoir appartenu au système de couverture de la galerie orientale du cloître, en accueillant la poutre de rive soutenant la toiture en appentis de la galerie. Cette solution architecturale est largement répandue dans l’architecture grandmontaine22.

  • 23 G. Durand-Sendrail, « L’architecture grandmontaine… », ibid.

11La porte située au premier étage s’avère en revanche plus problématique, son emplacement et sa morphologie étant plus sujettes à caution (cf. fig. 3-A). Dans l’état actuel du bâtiment, un escalier extérieur lui donne accès. Cet escalier n’apparaît pas sur les documents de 1930, où la porte est fermée par un garde-corps. Dans l’organisation primitive des bâtiments, l’existence d’un escalier à cet emplacement est néanmoins probable, puisque, dans les cas de Saint-Michel de Grandmont (Lodève-Hérault), de Comberoumal (Aveyron) ou de Sauvage (Aveyron)23, l’escalier du dortoir est accolé à la façade sur cloître de l’aile des moines. Si l’on considère la porte elle-même, la partie supérieure de son arc s’apparente à celles des ouvertures sur cloître de la salle capitulaire. Néanmoins, le traitement des piédroits, avec colonnettes en calcaire blanc, ne correspond pas à l’état primitif, mais semble antérieur au remaniement néogothique de 1930 qui s’en servira de modèle. Sans accès aux maçonneries, le doute demeure sur l’ancienneté de l’emplacement de cette ouverture, son éventuelle reprise en sous-œuvre ou l’amalgame d’éléments d’époques diverses. Il demeure ainsi impossible de discuter de l’emplacement de l’escalier du dortoir, entre une cage en œuvre intégrée à l’enfilade des pièces de l’aile ou une volée extérieure empiétant sur la galerie du cloître.

  • 24 P. Defontaine, L’ordre de Grandmont…, op. cit., p. 78 sqq. et 85 sqq. ; P. Defontaine, Recherches s (...)
  • 25 P. Defontaine, L’ordre de Grandmont…, ibid., p. 86 ; P. Defontaine, Recherches sur les prieurés…, o (...)

12Partant de ces quelques éléments préservés du prieuré médiéval, l’emplacement général du carré claustral peut se supposer avec un certain degré de certitude, permettant de définir une emprise de prospections géophysiques en concordance avec le module des celles grandmontaines en général, et avec les conclusions de P. Defontaine sur le site d’Époisses plus particulièrement24. Outre l’extension exacte du carré claustral et l’organisation des différents espaces – réfectoire, salle des moines, cellier, etc. –, il s’agissait également de s’intéresser aux infrastructures propres à l’aire du cloître, ses galeries, le puits25 et les réseaux d’adduction d’eau ou encore l’escalier du dortoir (cf. fig. 2-A et fig. 4).

13Pour répondre à ces problématiques, la zone a fait l’objet de trois types de prospections géophysiques afin de documenter précisément l’ensemble des structures enfouies dans l’actuelle cour intérieure des bâtiments de l’INRAE. Le croisement de différentes méthodes a permis d’obtenir des plans et des coupes et de discuter des natures des structures enfouies tout au long de l’histoire du site, afin d’essayer de différencier les aménagements récents de structures pouvant dater de l’état médiéval. La confrontation des résultats avec une quatrième méthode, le géoradar, était prévue. Cependant des problèmes techniques ont empêché sa mise en œuvre dans le temps imparti aux mesures.

  • 26 F.-X. Simon, L’apport de l’outil géophysique pour la reconnaissance et la caractérisation des sites (...)
  • 27 Geometrics Inc., G-858 MAGMAPPER 25309-OM REV. D : Operation Manual, San José, 2001, n. p.

14Le plan des variations fines du gradient magnétique a été obtenu à l’aide d’un magnétomètre Geometrics G-858 équipé de deux capteurs verticaux contenant du césium 133. Les gradiomètres à vapeur de césium utilisent les propriétés des alcalins, dont cet élément fait partie, et permet de calculer le module du champ magnétique en mesurant l’émission du signal électromagnétique causé par le dédoublement des niveaux d’énergie des électrons composant les atomes de césium en présence d’un champ magnétique26. L’un des deux capteurs, proche du sol, mesure les variations engendrées par les objets enfouis tandis que le second, placé plus haut, mesure la valeur globale du champ magnétique dans la zone. Ce double enregistrement permet de calculer le pseudo-gradient magnétique en nT/m. Les mesures ont été effectuées toutes les 0,2 s., soit à peu près tous les 30 cm, le long de lignes parallèles espacées de 50 cm. L’erreur de mesure est estimée à 0,3 nT27.

15Dans l’espace de la cour, le magnétogramme est assez perturbé par les bâtiments proches et la présence de métal contenu dans les bordures en béton enserrant les pelouses de la cour actuelle, ainsi que dans les réseaux d’assainissement et d’électricité (fig. 5). Ces perturbations de fortes intensités affectent considérablement le signal, ce qui ne permet pas de mettre en évidence des variations plus fines éventuellement liées à des aménagements anciens. Si un certain degré de perturbation était attendu, cette méthode n’étant pas la plus adaptée en milieu bâti, les zones distantes des bâtiments étaient supposées pouvoir livrer un magnétogramme plus lisible, voire détecter les variations causées par le contraste entre des murs enfouis et leur encaissant argileux.

Fig. 5 – Cartographie du pseudo-gradient magnétique dans le carré claustral et à l’emplacement présumé de l’église prieurale (DAO/SIG R. Steinmann).

Fig. 5 – Cartographie du pseudo-gradient magnétique dans le carré claustral et à l’emplacement présumé de l’église prieurale (DAO/SIG R. Steinmann).
  • 28 L. Marescot, « Introduction à l’imagerie électrique du sous-sol », Bulletin de la Société vaudoise (...)
  • 29 Geoscan Research, Instruction Manual : Resistance Meter RM15-D. Manuel d’utilisation, version 2.98, (...)

16Des résultats plus pertinents ont été apportés par les prospections mesurant la résistivité électrique en plan et en coupe. Cette grandeur représente la résistance d’un tronçon de matériau d’un mètre de longueur et d’un mètre carré de section au passage du courant électrique. On la calcule à partir de l’intensité du courant injecté, de la différence de potentiel mesurée et du facteur géométrique qui va aider à positionner la mesure. Ce dernier paramètre dépend de la configuration géométrique des électrodes, qui implique différentes qualités de mesure selon l’objet recherché28. Pour les prospections en plan, un dispositif de type pôle-pôle a été mis en place à l’aide d’un appareil Geoscan Research RM15, et un carré de 15 m de côté a fait l’objet de mesures tous les 50 cm. Les électrodes du portique, espacées, d’un mètre, ont permis de détecter des objets présents à une profondeur de l’ordre d’un mètre29.

17La confrontation des données obtenues avec la localisation des réseaux anciens et actuels a permis de mettre en évidence des espaces rectangulaires séparés par des zones de plus forte résistivité que l’on pourrait interpréter comme des tracés de murs et qui ne correspondent pas à l’organisation des bâtiments actuels (fig. 6). Le dispositif utilisé pourrait ainsi avoir permis de détecter les murs de l’angle sud-ouest du carré claustral tel qu’il aurait pu se présenter dans sa phase médiévale. La plupart des réseaux récents ainsi que le réseau de direction est-ouest détecté sur le magnétogramme n’apparaissent pas sur le plan de la résistivité électrique. La profondeur d’investigation est en effet assez importante pour que ces structures n’affectent pas la mesure, à l’exception du côté ouest et de l’angle nord-ouest du carré prospecté, qui voit le croisement de deux réseaux relativement profonds.

Fig. 6 – Cartographie de la résistivité électrique aux alentours d’un mètre de profondeur dans le carré claustral et localisation des anomalies détectées sur les profils de résistivité électrique (DAO/SIG R. Steinmann).

Fig. 6 – Cartographie de la résistivité électrique aux alentours d’un mètre de profondeur dans le carré claustral et localisation des anomalies détectées sur les profils de résistivité électrique (DAO/SIG R. Steinmann).
  • 30 A. Samouëlian, I. Cousin, A. Tabbagh et G. Richard, « Electrical resistivity survey in soil science (...)
  • 31 C. Petit, Un bassin d’avant-pays de type pelliculaire : la Bresse au plio-Pléistocène, thèse de doc (...)

18Deux pseudo-sections de la résistivité électrique ont été implantées dans la cour (cf. fig. 4). Ces coupes ont été réalisées à l’aide d’un appareil IRIS Syscal Junior relié à 48 électrodes espacées d’un mètre pour près de 6 m de profondeur d’investigation. Le dispositif Wenner-Schlumberger a été retenu, car il est favorable à la détection de structures horizontales aussi bien que verticales avec un signal assez intense30. Au-delà d’1,5 à 2 m de profondeur, les valeurs de résistivité chutent sur les profils. Ce phénomène correspond au passage du courant dans un milieu argileux et peu résistif correspondant aux dépôts superficiels quaternaires terminaux de la Bresse tandis que de 3 à 5-6 m de profondeur, un banc plus résistif est sans doute assimilable à des alluvions anciennes graveleuses également quaternaires recouvrant les marnes de Bresse de la fin du Tertiaire31. Les structures maçonnées, très résistives, ou les niveaux composés de matériaux hétérogènes, plus résistantes au passage du courant que le substrat, sont normalement particulièrement faciles à détecter dans un tel contexte où les trois premiers mètres du substrat, argileux, présentent des valeurs de résistivité très faibles.

19Plusieurs points résistifs ont été mis en évidence et reliés à la présence de réseaux connus et aménagements récents de la cour (fig. 7 : AB 1, 2, 5 et CD 1, 2, 3, 5, 7, 8).

Fig. 7 – Les trois pseudo-sections de la résistivité électrique mesurées sur le site du prieuré d’Époisses (DAO R. Steinmann).

Fig. 7 – Les trois pseudo-sections de la résistivité électrique mesurées sur le site du prieuré d’Époisses (DAO R. Steinmann).
  • 32 Fonds d’archives privés de l’INRAE.

20D’autres structures résistives, souvent légèrement plus profondes, ont également été détectées (bord sud de CD 4, CD 6, AB 3 et 4). Elles pourraient confirmer la présence des structures interprétées comme des murs sur le plan de la résistivité électrique (cf. fig. 6). À l’exception de AB 3 et CD 4, les valeurs mesurées sont relativement faibles au niveau de ces structures, et peuvent difficilement correspondre à des murs massifs, qui auraient provoqué une forte augmentation de la résistivité. AB 3, au vu des importantes valeurs qu’elle présente, sa position et son enfouissement important, semble plus vraisemblablement correspondre à un massif maçonné qu’au passage d’un réseau qui aurait plutôt été détecté au niveau de AB 4 et se poursuit vers le sud sur la carte de la résistivité. Il pourrait s’agir du mur extérieur occidental du carré claustral. L’interprétation de la structure CD 4 est relativement plus problématique. D’un côté, elle correspond à la largeur d’un bâtiment dit « léger », qui est dessiné sur un plan de 193032, mais, d’un autre côté, l’extension de cet ancien bâti n’a pas été détectée sur la carte de la résistivité apparente, alors que son emprise recoupe largement la surface prospectée (cf. fig. 6). La structure CD 4 semble, en effet, avoir été détectée sur la bordure orientale du carré, mais ne se poursuit pas vers l’ouest. Il est possible que CD 4 corresponde à des aménagements antérieurs aux travaux contemporains, peut-être médiévaux, implantés à proximité de l’angle sud-ouest de la galerie du cloître. Les fortes valeurs de résistivité et la profondeur importante d’enfouissement (1,5 m) pourraient dans tous les cas correspondre à des maçonneries profondément fondées.

21Les mesures géophysiques réalisées, principalement le plan et les coupes de la résistivité électrique, semblent montrer la possible présence de structures enfouies cohérentes avec le plan du carré claustral envisagé par l’étude des éléments bâtis restants (fig. 8).

Fig. 8 – Hypothèse de restitution du prieuré médiéval d’Époisses (DAO/SIG R. Steinmann et M. Foucher, 2017).

Fig. 8 – Hypothèse de restitution du prieuré médiéval d’Époisses (DAO/SIG R. Steinmann et M. Foucher, 2017).

3. Une prieurale introuvable

  • 33 Ibid.
  • 34 Ibid.
  • 35 G. Durand-Sendrail, « L’architecture grandmontaine… », op. cit. ; R. Crozet, « L’ancien prieuré de (...)

22Bordant le cloître au nord se trouvait, si l’on en juge par la vue du xviie siècle, l’église prieurale (cf. fig. 2-A). Une note manuscrite inscrite sur un « plan de la ferme et de ses abords33 », alors que les bâtiments médiévaux ont d’ores et déjà disparu depuis plus d’un siècle, place l’église à l’emplacement de l’aile perpendiculaire, au nord des vestiges de la salle capitulaire et du dortoir. L’analyse du bâti ne livre strictement aucun indice qui permettrait de jauger de l’exactitude de l’hypothèse. Toutefois, d’après les différents plans du secteur levés au cours du xxe siècle34, la très faible épaisseur des murs (extérieurs comme intérieurs) laisse présager l’absence totale de vestiges anciens ici, au regard des structures préservées de l’aile des moines. Au-delà, l’emplacement exact de la prieurale est sujet à caution, si l’on considère les différentes salles à placer entre le chapitre et l’église, dont le passage en direction du cimetière (« couloir des morts »), la sacristie et éventuellement l’escalier du dortoir, position alternative à celle évoquée précédemment dans la galerie du cloître35. La restitution d’un ou de plusieurs de ces espaces déporte de fait l’église en direction du nord, hors de l’emprise des constructions actuelles.

23De ce fait, l’emprise des prospections réalisées dans ce secteur a été volontairement large, visant à cerner l’emplacement de l’ancienne église prieurale. Les données géophysiques ne révèlent pourtant que peu d’indices pouvant confirmer la présence de vestiges potentiels. En raison du revêtement de surface de ce secteur, très compact, une prospection électrique en plan n’a pas pu être mise en œuvre. La carte du pseudo-gradient magnétique montre des perturbations très fortes liées aux bâtiments actuels et à leurs réseaux électriques, ainsi qu’à des structures légères correspondant, au regard des vues aériennes disponibles, à des cultures de l’INRAE (cf. fig. 5).

24Le profil de résistivité électrique EF, réalisé selon un axe ouest-est, révèle deux petites perturbations liées à des réseaux peu profonds (cf. fig. 6 et 7 : EF 1 et 2), ainsi qu’une structure relativement profonde et faiblement résistive (EF 3). Elle est proche d’un réseau actuel, mais pourrait également correspondre à l’ancien emplacement du mur oriental de la prieurale. Cette hypothèse n’a pas pu être confirmée par d’autres mesures et reste donc relativement incertaine. La moitié ouest du profil EF présente, jusqu’à la structure EF 3, sur 50 cm sous la surface, une résistivité plus forte que sa moitié orientale, alors que le revêtement de surface actuel est le même sur plusieurs mètres vers l’est. Dans l’hypothèse où EF 3 matérialise l’emplacement du chevet de la prieurale, il est envisageable que les valeurs plus importantes mesurées en surface sur la moitié ouest du profil représentent des matériaux plus résistifs correspondant à l’intérieur de l’église.

4. Raisonner sur l’absence

25L’église du prieuré grandmontain, dont la présence est attestée dans l’iconographie et les sources écrites, n’a donc pas laissé de traces évidentes, détectables par géophysique à l’emplacement qu’elle est censée avoir occupé. Ce constat amène ainsi à s’interroger sur la raison d’une telle absence.

  • 36 ADCO, 1 Q 159, expertise du 3 novembre 1790.
  • 37 Ibid.
  • 38 ADCO, 1 Q 159, ventilation des éléments du bail à ferme de l’an III.
  • 39 C. Monget, La Chartreuse de Dijon d’après les documents des archives de Bourgogne, t. 3, Tournai, 1 (...)
  • 40 ADCO, 1 Mi 547.
  • 41 C. Monget, La Chartreuse de Dijon…, op. cit ; R. Prochno, « Un chantier bien documenté », in L’art (...)
  • 42 S. C. M. Lindquist, Agency, visuality and society at the Chartreuse de Champmol, Londres/New York, (...)
  • 43 C. Monget, La Chartreuse de Dijon…, op. cit ; R. Prochno, « Un chantier… », op. cit. ; M. Imperiali(...)
  • 44 « […] des quels bâtiments claustraux le seigneur bailleur en pourra démolir et disposer des matéria (...)
  • 45 La mense conventuelle est alors réunie au séminaire de Chalon-sur-Saône. P. Defontaine, L’ordre de (...)

26Au moment de la vente des biens nationaux en 1791, l’église et « les bâtiments qu’occupoient les moines » existent toujours36. Ils sont néanmoins démantelés avant les années 1840, si l’on en juge d’après le plan de masse du cadastre napoléonien, première représentation du site après un hiatus documentaire d’une cinquantaine d’années (cf. fig. 2-B). Dans le détail de la vente des biens nationaux, tous, experts comme adjudicataire, paraissent essentiellement intéressés par le domaine agricole et forestier, véritable valeur du lot. L’expertise se concentre sur les 656 journaux de terres labourables à Époisses, Bretenière et Rouvres, évoquant avec une précision décroissante le bâti37. Les dernières tractations de l’adjudicataire Emmanuel Crétet, incluses dans le dossier, concernent d’ailleurs exclusivement les terres et le statut du bail de ses fermiers38. Si son projet quant au lot de bâtiments n’est pas explicité par ce fonds documentaire, les stratégies d’Emmanuel Crétet sont mieux connues pour d’autres domaines monastiques qu’il a acquis par la même voie. Les investissements de ce directeur de compagnie d’assurances et grand propriétaire foncier39 regardent avant tout le potentiel agricole des domaines, celui du prieuré d’Époisses ou de la grange cistercienne d’Ouges40, mais également industriel. C’est dans cette optique qu’il rachète le 4 mai 1791 les bâtiments de l’ancienne chartreuse de Champmol41, avec le projet avorté de la transformer en usine textile42. Après une année figée par les tractations complexes autour de la vente des biens mobiliers, puis de l’orchestration du sauvetage des œuvres et des tombeaux des ducs, Emmanuel Crétet finit par rentabiliser son achat en vendant les pierres de l’église à l’entrepreneur carrier Louis Duleu cadet, le 5 mai 179243. Ce dernier démantèle les anciens bâtiments avec l’intention d’ouvrir ensuite une carrière dans les niveaux convoités de calcaire de Comblanchien. Le procédé est courant et il paraît probable, à Époisses, qu’Emmanuel Crétet rentabilise par la même stratégie un lot qui n’a par ailleurs aucune utilité dans son investissement agricole. L’hypothèse est d’autant plus probable que le prieuré est déjà considéré comme une réserve carrière par le prieur commanditaire d’Époisses plusieurs années avant la Révolution44, éventuellement même depuis la dissolution de l’Ordre en 177045.

  • 46 A. Samouëlian et al., « Electrical resistivity… », op. cit.

27L’analyse détaillée des anomalies géophysiques pourrait également plaider en ce sens. Dans l’ancienne emprise du carré claustral, les structures interprétées comme l’emplacement de murs sur la carte de la résistivité électrique (cf. fig. 6) présentent une largeur importante, de l’ordre de 1,5 m. Il est possible que la résolution de la carte, sur laquelle chaque pixel représente un carré de 50 cm de côté, surestime la largeur de ces murs. Dans ce cas, les structures détectées seraient donc compatibles avec les modules de l’ordre d’un mètre d’épaisseur observés pour les parties médiévales encore préservées au niveau de la salle capitulaire ou de massifs de fondation légèrement plus épais que les murs qui les surmontent. Toutefois, les valeurs de résistivité sont assez faibles au niveau de ces structures, de l’ordre de 4 à 8 ohm.m, ce qui ne correspond pas, a priori, à des valeurs de résistivité de matériaux massifs peu favorables au passage du courant électrique46. Cette dernière caractéristique ainsi que l’importante largeur des structures pourraient s’expliquer par une extraction systématique des matériaux de construction des tranchées de récupération comblées de matériaux plus hétérogènes que le substrat argileux environnant, expliquant ainsi la faible différence de résistivité observée sur le plan et la largeur importante.

28Cette hypothèse semble corroborée par les coupes obtenues par tomographie électrique. À l’exception d’AB 3, les structures détectées au droit des murs de l’angle sud-est du carré claustral présentent des résistivités apparentes de l’ordre de 200 à 300 ohm.m., valeurs que l’on retrouve à partir de trois mètres de profondeur dans les graviers quaternaires du substrat. Il ne s’agit donc pas de très hautes valeurs de résistivité, telles que l’on pourrait les trouver sur des massifs de maçonnerie calcaires, mais probablement plutôt celles de niveaux hétérogènes résistant plus au passage du courant que le substrat argileux environnant et les derniers remblais de la cour. Cette observation semble en tout cas aller dans le sens de l’hypothèse de tranchées de récupération quasi-systématique des matériaux.

  • 47 C’est ce que suggèrent les fouilles réalisées au milieu du xxe siècle. R. Prochno, « Un chantier… » (...)

29Dans l’aire de l’ancienne église prieurale, la seule structure pouvant éventuellement correspondre à la limite orientale du chevet présente également des valeurs de résistivité a priori trop faibles pour un massif maçonné. La purge des anciennes fondations, ainsi qu’elle semble avoir été réalisée à Champmol47, pourrait donc encore expliquer l’absence significative de résultats de toutes les méthodes de prospections géophysiques mises en œuvre.

5. Conclusion

  • 48 R. Steinmann, A. Dumont, J.-P. Garcia et R. Grebot, « Évolution du Doubs et de la Saône au cours de (...)

30Petit dossier documentaire, accès restreint aux vestiges bâtis et résultats géophysiques à l’apport limité quant à la connaissance architecturale d’un prieuré de l’ordre de Grandmont, l’opération menée sur le site d’Époisses a été l’occasion de réfléchir sur l’absence de réels résultats. La méthodologie elle-même ne semble pas en cause, puisqu’elle a d’ores et déjà fait ses preuves dans de mêmes contextes, avec ces mêmes outils et selon des problématiques similaires48. Les caractéristiques du sous-sol ne peuvent non plus être la cause de ce silence, livrant par ailleurs des échos cohérents avec ce que l’on sait des réseaux modernes. L’absence de vestiges et les échos atténués paraissent plutôt ici signer une pratique pourtant courante en contexte bâti et apportent une nouvelle piste d’investigation dans l’histoire architecturale du prieuré.

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Notes

1 F. Joly, L’histoire du centre Inra Dijon Bourgogne Franche-Comté en sept dates, le Bien Public, supplément spécial pour les 70 ans de l’INRA, 13 octobre 2016 ; Fonds d’archives privés de l’INRAE. Nous remercions l’INRAE (dénommée INRA avant 2020), et plus particulièrement C. Reville, pour nous avoir donné accès à ces sources.

2 Pour les sources médiévales, voir : P. Defontaine, L’ordre de Grandmont ou la voie étroite du Monachisme en Bourgogne, 1165-1516, mémoire de maîtrise en histoire médiévale, sous la direction de V. Tabbagh, université de Bourgogne, Dijon, 2002. P. Defontaine, Recherches sur les prieurés réguliers, monastiques et canoniaux des anciens diocèses de Chalon et Mâcon (xe-xive siècles), thèse de doctorat d’histoire du Moyen Âge, sous la direction de V. Tabbagh, université de Bourgogne, Dijon, 2013, 2 vol. ; pour la documentation après 1930, voir les fonds d’archives privés de l’INRAE.

3 Dijon, Archives départementales de la Côte-d’Or [désormais abrégé ADCO], H 732 ; P. Defontaine, Recherches sur les prieurés…, ibid., t. 1, p. 8, 122 et 165.

4 D’après l’analyse de l’important fonds documentaire réalisée par P. Defontaine (Recherches sur les prieurés…, ibid., t. 1, p. 165), la communauté d’Époisses s’organise autour de quatre pôles : au sein du prieuré lui-même (polyculture, pêche, exploitation forestière et élevage ovin pour la laine), au lieu-dit du Grand Essart (Ouges) et à Faverney, à Dijon (vignes, hôpital et maisons dans le quartier Saint-Pierre) et sur la côte viticole entre Chenove et Marsannay (dont « le petit Époisses »). De ce prieuré dépendaient également le Breuil (diocèse d’Autun) et les Deux Fays (diocèse de Besançon).

5 ADCO, 31 H 732.

6 « […] au milieu desquels, l’ancienne église, les bâtiments qu’occupoient les moines, les logements du fermier, les granges et écuries, un verger, un meix » (ADCO, 1 Q 159, expertise du 3 novembre 1790).

7 P. Lasson a réalisé son stage de master 1 AGES (université de Bourgogne) à l’occasion de cette campagne.

8 P. Defontaine, L’ordre de Grandmont…, op. cit., p. 85 ; P. Defontaine, Recherches sur les prieurés…, op. cit., p. 375-376.

9 M. Foucher, La pierre et les hommes en Bourgogne. Archéologie et histoire d’une ressource en œuvre du Moyen Âge à l’Époque Moderne, thèse de doctorat, sous la direction de J.-P. Garcia, université de Bourgogne, Dijon, 2014, 2 vol., en ligne [https://www.theses.fr/2014DIJOL034].

10 P. Defontaine, L’ordre de Grandmont…, op. cit., p. 81-83 ; P. Defontaine, Recherches sur les prieurés…, op. cit., p 165-166, 187 et 544.

11 Paris, Bibliothèque nationale de France, cart. 9887 ; ADCO, 11 H 487.

12 G. Durand-Sendrail, « L’architecture grandmontaine dans le Midi languedocien entre 1150 et 1250 », Annales du Midi, revue archéologique, historique et philologique de la France méridionale, 107 (1995), p. 5-34.

13 Fonds d’archives privés de l’INRAE.

14 Dans le bâti actuel, les ouvertures néogothiques sont encore aisément identifiables par leur style et les matériaux de construction employés (béton à gros granulat et fer à béton).

15 Fonds d’archives privés de l’INRAE.

16 G. Durand-Sendrail, « L’architecture grandmontaine… », op. cit. ; P. Defontaine, L’ordre de Grandmont…, op. cit., p. 31 sqq. ; P. Defontaine, Recherches sur les prieurés…, op. cit., t. 1, p. 363 sqq. et t. 2, p. 91.

17 Fonds d’archives privés de l’INRAE.

18 A. de Dion, « Troisième note sur l’architecture de l’Ordre de Grandmont (Fin) », Bulletin monumental, 6 (1878), p. 129-137.

19 A. de Dion, « Seconde note sur l’architecture de l’Ordre de Grandmont, suivie d’une liste générale des maisons de cet Ordre », Bulletin monumental, 4 (1876), p. 247-265.

20 G. Durand-Sendrail, « L’architecture grandmontaine… », op. cit. ; C. Bastide et P. Bastide, « Aveyron. Le Prieuré de Comberoumal », Bulletin monumental, 144-1 (1996), p. 47-50.

21 P. Defontaine, L’ordre de Grandmont…, op. cit., p. 112.

22 G. Durand-Sendrail, « L’architecture grandmontaine… », op. cit.

23 G. Durand-Sendrail, « L’architecture grandmontaine… », ibid.

24 P. Defontaine, L’ordre de Grandmont…, op. cit., p. 78 sqq. et 85 sqq. ; P. Defontaine, Recherches sur les prieurés…, op. cit., t. 2, p. 185.

25 P. Defontaine, L’ordre de Grandmont…, ibid., p. 86 ; P. Defontaine, Recherches sur les prieurés…, op. cit., p. 252-254.

26 F.-X. Simon, L’apport de l’outil géophysique pour la reconnaissance et la caractérisation des sites en archéologie préventive, méthodes et perspectives : exemples en Alsace, thèse de doctorat, sous la direction d’A. Tabbagh, université Pierre et Marie Curie, Paris, 2012, p. 65.

27 Geometrics Inc., G-858 MAGMAPPER 25309-OM REV. D : Operation Manual, San José, 2001, n. p.

28 L. Marescot, « Introduction à l’imagerie électrique du sous-sol », Bulletin de la Société vaudoise des sciences naturelles, 90-1 (2006), p. 26-28.

29 Geoscan Research, Instruction Manual : Resistance Meter RM15-D. Manuel d’utilisation, version 2.98, Bradford, 2009, n. p.

30 A. Samouëlian, I. Cousin, A. Tabbagh et G. Richard, « Electrical resistivity survey in soil science : a review », Soil and Tillage Research, 83-2 (2005), p. 182.

31 C. Petit, Un bassin d’avant-pays de type pelliculaire : la Bresse au plio-Pléistocène, thèse de doctorat en Sciences de la Terre, sous la direction de M. Campy, université de Bourgogne, Dijon, 1993, p. 315.

32 Fonds d’archives privés de l’INRAE.

33 Ibid.

34 Ibid.

35 G. Durand-Sendrail, « L’architecture grandmontaine… », op. cit. ; R. Crozet, « L’ancien prieuré de l’Artige (Haute-Vienne) », Bulletin monumental, 115-1 (1957), p. 35-41 ; A. de Dion, « Seconde note sur l’architecture… », op. cit. ; A. de Dion, « Troisième note sur l’architecture de l’Ordre de Grandmont », Bulletin monumental, 5 (1877), p. 653-663.

36 ADCO, 1 Q 159, expertise du 3 novembre 1790.

37 Ibid.

38 ADCO, 1 Q 159, ventilation des éléments du bail à ferme de l’an III.

39 C. Monget, La Chartreuse de Dijon d’après les documents des archives de Bourgogne, t. 3, Tournai, 1905 ; « Notice bibliographique sur S. E. Mgr Emmanuël Crétet, comte de Champmol, Ministre et conseiller d’État, commandant de la Légion d’Honneur, membre associé de l’académie des sciences, arts et belles-lettres de Dijon, de l’académie des sciences de Sienne, de l’athénée de Vaucluse, du lycée du Gard », Journal du département du Mont-Blanc, 4 (1810), p. 1-3.

40 ADCO, 1 Mi 547.

41 C. Monget, La Chartreuse de Dijon…, op. cit ; R. Prochno, « Un chantier bien documenté », in L’art à la cour de Bourgogne : le mécénat de Philippe le Hardi et de Jean sans Peur (1364-1419), Paris, 2004, p. 169-171.

42 S. C. M. Lindquist, Agency, visuality and society at the Chartreuse de Champmol, Londres/New York, 2008.

43 C. Monget, La Chartreuse de Dijon…, op. cit ; R. Prochno, « Un chantier… », op. cit. ; M. Imperiali, François Devosge, créateur de l’École de dessin et du Musée de Dijon 1732-1811, Dijon, 1927 (La Révolution en Côte-d’Or, 3).

44 « […] des quels bâtiments claustraux le seigneur bailleur en pourra démolir et disposer des matériaux telles parties qu’il jugera à propos et qu’il conviendra » (ADCO, 1 Q 159, bail du 15 janvier 1783).

45 La mense conventuelle est alors réunie au séminaire de Chalon-sur-Saône. P. Defontaine, L’ordre de Grandmont…, op. cit., p. 87.

46 A. Samouëlian et al., « Electrical resistivity… », op. cit.

47 C’est ce que suggèrent les fouilles réalisées au milieu du xxe siècle. R. Prochno, « Un chantier… », op. cit. ; P. Quarré, « Les carreaux de pavement de l’oratoire ducal à la chartreuse de Champmol », Mémoires de la Commission des antiquités de la Côte-d’Or, 23 (1955), p. 234-240.

48 R. Steinmann, A. Dumont, J.-P. Garcia et R. Grebot, « Évolution du Doubs et de la Saône au cours des deux derniers millénaires à partir de l’étude de ponts gallo-romains découverts à Pontoux (Saône-et-Loire) et à Pontailler (Côte-d’Or) », in P. Barral, M. Magny et M. Thivet (dir.), De la reconstitution des paysages à l’histoire des sociétés. 10 000 ans d’archives sédimentaires en zones humides, Suisse, 2016, p. 160-172 ; M. Foucher, La pierre et les hommes…, op. cit., p. 337-351.

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Table des illustrations

Titre Fig. 1 – Localisation du prieuré d’Époisses.
Légende Données SIG BD Carthage, IGN GEOFLA et ASTER GDEM (DAO/SIG R. Steinmann).
URL http://journals.openedition.org/cem/docannexe/image/20399/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 552k
Titre Fig. 2 – Évolution du site du prieuré d’Époisses.
Légende A. Hypothèse de distribution des différents espaces sur la vue à vol d’oiseau du xviie siècle (fond : dessin anonyme dans P. Defontaine, Recherches sur les prieurés réguliers…, op. cit. [note 2], t. 2, p. 197). B. Évolution du bâti entre le cadastre de 1843 et le cadastre actuel (sources : ADCO, 3 P, plan 109 ; IGN Géoportail).
URL http://journals.openedition.org/cem/docannexe/image/20399/img-2.jpg
Fichier image/jpeg, 764k
Titre Fig. 3 – Salle capitulaire et espaces connexes.
Légende A. La salle capitulaire au rez-de-chaussée de l’aile d’axe nord-sud et baies de l’étage. B. Détail des colonnettes des baies sur cloître de la salle capitulaire. C. Voûtement de la salle capitulaire (cl. M. Foucher).
URL http://journals.openedition.org/cem/docannexe/image/20399/img-3.jpg
Fichier image/jpeg, 852k
Titre Fig. 4 – Implantation des différentes mesures géophysiques (DAO/SIG R. Steinmann).
URL http://journals.openedition.org/cem/docannexe/image/20399/img-4.jpg
Fichier image/jpeg, 224k
Titre Fig. 5 – Cartographie du pseudo-gradient magnétique dans le carré claustral et à l’emplacement présumé de l’église prieurale (DAO/SIG R. Steinmann).
URL http://journals.openedition.org/cem/docannexe/image/20399/img-5.jpg
Fichier image/jpeg, 416k
Titre Fig. 6 – Cartographie de la résistivité électrique aux alentours d’un mètre de profondeur dans le carré claustral et localisation des anomalies détectées sur les profils de résistivité électrique (DAO/SIG R. Steinmann).
URL http://journals.openedition.org/cem/docannexe/image/20399/img-6.jpg
Fichier image/jpeg, 320k
Titre Fig. 7 – Les trois pseudo-sections de la résistivité électrique mesurées sur le site du prieuré d’Époisses (DAO R. Steinmann).
URL http://journals.openedition.org/cem/docannexe/image/20399/img-7.jpg
Fichier image/jpeg, 548k
Titre Fig. 8 – Hypothèse de restitution du prieuré médiéval d’Époisses (DAO/SIG R. Steinmann et M. Foucher, 2017).
URL http://journals.openedition.org/cem/docannexe/image/20399/img-8.jpg
Fichier image/jpeg, 320k
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Pour citer cet article

Référence électronique

Marion Foucher et Ronan Steinmann, « Raisonner sur l’absence. Prospections géophysiques croisées au prieuré grandmontain d’Époisses à Bretenière (Côte-d’Or) »Bulletin du centre d’études médiévales d’Auxerre | BUCEMA [En ligne], 27.2 | 2023, mis en ligne le 15 mars 2024, consulté le 16 mai 2025. URL : http://journals.openedition.org/cem/20399 ; DOI : https://doi.org/10.4000/cem.20399

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Auteurs

Marion Foucher

Chercheur associé UMR 6298 ARTEHIS, université de Bourgogne Franche-Comté

Articles du même auteur

Ronan Steinmann

Géoarchéologue, Hadès – Bureau d’investigations archéologiques ; chercheur associé UMR 6298 ARTEHIS, université de Bourgogne Franche-Comté

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Droits d’auteur

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