L’église Saint-Paul de Besançon : corps saints, reliques, transferts et aménagements
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- 1 Celui-ci a eu lieu à la fin de l’année 2020.
- 2 Archives diocésaines de Besançon, série G, ancienne cote 4410, pièce n° 1.
- 3 Ces études ont été conduites en novembre 2020 par Matthieu Loeuillet, alors étudiant en master 2 In (...)
1Le récolement récent1 des reliques déposées à l’archevêché de Besançon a été l’occasion d’une intéressante découverte, qui a pu être mise en relation avec des documents conservés dans les archives diocésaines de Besançon à propos d’une fouille exécutée en 1879 dans le chœur de l’église Saint-Paul. Celle-ci avait donné lieu à la mise au jour, « à 0,90 cm du sol, d’une pierre ronde creuse, renfermant les ossements d’un corps d’homme »2. Et c’est précisément le contenu de cette urne qui a été retrouvé lors de l’inventaire des reliques de l’archevêché, déposé dans une caisse de bois restée scellée depuis 1879. Face à l’intérêt de cette découverte et à l’éventualité de l’appartenance de ces ossements à l’un des grands personnages inhumés à Saint-Paul, peut-être saint Donat, son fondateur, une étude anthropologique et paléopathologique a été menée3 ainsi qu’une datation au carbone 14, commandée par l’archevêché.
- 4 Cet article résulte de recherches menées dans le cadre du PCR Vesontio Christiana, topographie chré (...)
2Les éléments de ce dossier nous permettent de reprendre certaines données relatives à la vénération des corps saints à Saint-Paul, en examinant les informations dont nous disposons sur les différentes sépultures privilégiées et relèvements de reliques dont l’histoire de cette abbatiale, devenue collégiale, est émaillée4, qui constituent les principaux fils d’un écheveau particulièrement difficile à démêler.
3Cet article se propose donc tout d’abord d’exposer nos connaissances sur les tombes saintes à Saint-Paul afin d’essayer de déterminer quelles sont les informations les mieux assurées et quelles sont les conjectures vers lesquelles elles nous orientent, puis de suggérer quelques pistes de réflexion sur la topographie – largement méconnue – de ce monastère.
1. Les inhumations saintes à Saint-Paul
1.1. Saint-Paul, nécropole épiscopale
4Saint-Paul est l’un des établissements monastiques majeurs de Besançon, et sans doute le plus ancien (fig. 1 et 2).
- 5 A. de Vögué, Jonas de Bobbio : vie de saint Colomban et de ses disciples, Bégrolles-en-Mauges, 1988 (...)
5Son fondateur, l’évêque Donat, fils du duc de Transjurane Waldelenus, fut élevé au monastère de Luxeuil dans l’entourage de Colomban. Ce dernier aurait intercédé en faveur de sa naissance, s’attirant ainsi la reconnaissance des parents de Donat qui, conformément à leur vœu, lui confièrent l’enfant. Devenu évêque de Besançon, Donat fonda, entre 626/627 et 636, un monastère d’hommes vivant sous la règle de Colomban et dédié à saint Paul, à l’extérieur de l’enceinte de la cité. Deux sources essentielles fournissent les éléments de la biographie de Donat : la Vita Columbani, qui rapporte l’épisode de la naissance de Donat, ainsi que la fondation des monastères Saint-Paul et Jussamoutier de Besançon, et la Vita Donati, composée sous l’épiscopat d’Hugues de Salins au xie s., qui s’inspire essentiellement des informations données par Jonas de Bobbio, y ajoutant quelques éléments provenant d’autres sources5 (fig 3).
Fig. 3 - Les églises de Besançon de l’Antiquité tardive et du Moyen Âge (T. Chenal et M. Čaušević-Bully del., d’après l’équipe du PCR Vesontio Christiana, UBFC / UMR Chrono-Environnement / DPH-Besançon / UMR ARTEHIS / fond de carte DPH Ville de Besançon).

- 6 D’après le catalogue des évêques de Besançon. Publié dans F. I. Dunod de Charnage, Histoire de l’Ég (...)
- 7 L’indication du lieu de l’inhumation de Waldelenus, père de Donat, à Saint-Paul, repose sur le nécr (...)
- 8 Anciennement Ruffey-sur-L’Ognon.
6Donat aurait été inhumé dans le monastère qu’il avait fondé, ainsi que ses successeurs immédiats, les évêques Migetius (v. 670), Terniscus (v. 679/680) et peut-être Gervasius (successeur de Terniscus)6, de même que son père7. D’autres sépultures vénérées prirent place à Saint-Paul. La plus notable d’entre elles est celle de saint Antide, évêque de Besançon au ve s., martyrisé et enseveli à Ruffey-le-Château8 au nord-ouest de Besançon – dont les reliques furent ramenées à Saint-Paul autour de l’an Mil. Vient ensuite celle du grand archevêque bisontin Hugues de Salins (1031-1066), puis celles de deux de ses successeurs, Anseri (1117-1134) et Humbert de Scey (1134-1161).
1.2. La tombe du fondateur
- 9 « Visum fuit sibi denique honestum, ut infra urbis moenia construeret monasterium, ubi post obitum (...)
- 10 « Aedificavit autem ecclesiam sancti Pauli, in qua etiam in Domino requiescit et Jussanum monasteri (...)
- 11 « Haec autem abbatia, tempore sancti Donati archipraesulis in eodem loco pausantis, monachorum obse (...)
- 12 Cette notice de consécration des autels de l’église nouvellement reconstruite dédiée à Sainte-Marie (...)
7L’hypothèse de l’inhumation de Donat dans l’établissement qu’il avait fondé est très probable. C’est en tout cas ce que semble indiquer sa Vita, composée au xie s.9 sans pour autant apporter plus de précisions sur l’emplacement de sa sépulture10. Hormis cette hagiographie de rédaction tardive, aucun document sur le monastère ne nous est parvenu entre la mention de sa fondation par Jonas de Bobbio au viie s. et les environs de l’an Mil. En 1044, le « Testament d’Hugues de Salins », constituant la charte de fondation du collège de chanoines de Saint-Paul par l’archevêque, évoque également la tombe de Donat, « reposant dans cette église », sans autre détail11. La notice de consécration des autels, consécutive à la reconstruction de cet édifice par ce même archevêque, ne mentionne aucune dédicace à Donat, ce qui pourrait signifier que sa sépulture, et sans doute aussi celle de son père, n’avait pas été reconnue lors des travaux12.
1.3. La sépulture du saint évêque Antide et son transfert à l’abbaye Saint-Paul
- 13 Bibl. mun. de Troyes, ms. 1248, fol. 14 v.-20 v. (fol. 20 v. pour le passage en question), légendie (...)
- 14 « …ubi et jam alia sanctorum corpora requiescunt… ».
- 15 « On ne semble plus savoir lequel des archevêques avait procédé à cette translation qui peut être f (...)
8Un autre récit, la Passion de saint Antide, dont le plus ancien témoin manuscrit remonterait également au début du xie s.13, évoque le relèvement des reliques de ce saint évêque et leur transfert dans le monastère Saint-Paul, où elles furent déposées au pied de l’autel. En quinzième position dans l’ordre des évêques bisontins d’après le catalogue épiscopal du xie s., Antide aurait trouvé la mort à Ruffey-le-Château dans les années 465. Le texte de sa Passio précise que d’autres saints reposaient déjà à Saint-Paul, sans en livrer les identités14. Important au regard des inhumations de corps saints dans le monastère, ce récit est également le premier document parvenu jusqu’à nous, en l’état actuel de nos connaissances, attestant l’existence du monastère depuis sa première mention au viie s. Le nom de l’évêque qui procéda à la translation du corps d’Antide à Saint-Paul n’est pas connu15.
- 16 « …unitumque canonicis ibi Deo et matri ejus et beato apostolo sanctoque Antidio in eadem ecclesia (...)
- 17 Ibid., p. 420 ; Dunod de Charnage, op. cit., t. I, p. 99. D’après ce dernier, les restes de saint A (...)
- 18 B. de Vregille, Hugues de Salins, op. cit, t. II, p. 775, BM Besançon, ms. 711, fol. 132 v.
- 19 « Edoem die procedendo post vesperas eundum est ad Sanctam Paulum, ubi requiescit corpus sancti Ant (...)
9Il faut ensuite attendre 1044 et la charte de fondation du collège de chanoines par Hugues de Salins pour que la tombe d’Antide soit à nouveau évoquée16. D’après la notice de consécration des autels de la collégiale, l’autel Saint-Antide était situé au fond du sanctuaire, derrière l’autel majeur, près de son tombeau17. Le 9 des calendes de février, on célébrait la consécration de l’église nouvellement construite, ainsi que la translation du corps de saint Antide, preuve s’il en fallait que le corps saint fut sans doute relevé à l’occasion des travaux de la collégiale18. Le fameux Ordo Canonicorum de Saint-Jean signale également la présence de la tombe d’Antide dans l’église19.
- 20 « Anno MCCCLX XIII kal. Julii regnante S. papa Innocent 6 fuit relevatum corpus sancti Anthidii quo (...)
10Par la suite, la documentation ne semble plus livrer de renseignements sur les reliques et corps saints à Saint-Paul, jusqu’en 1360, date à laquelle on releva de leur tombeau les reliques d’Antide pour les placer dans une châsse20. On connaissait encore l’emplacement de la tombe de l’évêque puisque le chœur de l’église en 1360 était toujours le même, a priori, que celui de l’église telle que l’avait reconstruite Hugues de Salins.
- 21 AD25, 67 H 61.
- 22 AD25, 67 H 44. Au sujet de cette reconstruction, voir B. Gauzente, Les abbayes et les couvents de B (...)
11Le contexte de cette élévation des reliques est classique : on avait alors pour projet la reconstruction de la collégiale rebâtie dans la première moitié du xie s. et ces travaux nécessitaient des fonds importants. Une tournée de quêtes fut organisée avec la châsse de saint Antide21. En 1365, une supplique était adressée au pape par l’archevêque Aymon III et les chanoines de Saint-Paul afin d’obtenir des indulgences. Ces deux événements, chronologiquement proches, indiquent que le projet de reconstruction avait déjà pris corps et avait même débuté, même si le premier jalon certain des travaux de reconstruction du vaisseau de l’église date de 137222. Peu de temps auparavant, en effet, en 1371 semble-t-il, le corps d’Hugues de Salins avait été relevé à l’occasion des travaux et de l’exhaussement du sol du chœur et avait été laissé au même emplacement.
- 23 Les travaux d’EDF à l’emplacement de l’ancien chevet de Saint-Paul, réalisés en 1969 et 1971, n’ont (...)
12Translatées une première fois de Ruffey à Saint-Paul, les reliques d’Antide furent donc élevées au xive s. pour être mises en châsse, nous l’avons dit, tandis que son tombeau était conservé. Peut-être le transfert de Ruffey à Saint-Paul a-t-il concerné le sarcophage de l’évêque dans son entier, hypothèse proposée par Y. Jeannin sur la base de la découverte, lors de travaux d’EDF au chevet de l’église Saint-Paul en 1969 ou 1971, d’un petit bloc de calcaire, sans doute un fragment de couvercle de sarcophage, portant l’inscription S/ ANTIDI(V) (fig. 4)23.
Fig. 4 - Bloc de calcaire portant l’inscription Antidius, conservé dans les réserves du Musée des beaux-arts et d’archéologie (Cl. A. Mougin).

13Ce fragment démontre, en tout état de cause, que le sarcophage, qu’il fut ou non sa sépulture primitive, devait se trouver dans le chœur de l’église, comme le suggèrent les indices énumérés plus haut. Or, un aménagement, interprété au moment de sa découverte par Lucien Lerat dans les années 1950 comme une sorte de loculus doté d’une fenestella permettant la vénération des reliques, pourrait être mis en lien avec l’un des corps saints inhumés à Saint-Paul : Donat ? Antide ? d’autres que nous ignorons ? Si l’on considère que cette “sépulture privilégiée” située dans le sanctuaire de l’église mérovingienne et conservée à la croisée du transept de l’église du xie s. avait reçu les reliques d’Antide, il faut alors envisager qu’eut lieu une première translation des reliques de ce dernier à l’intérieur de l’église, avant celle de 1360, de cette tombe vers le fond de l’abside, derrière le maître-autel, translation dont le souvenir se serait perdu. Nous reviendrons plus loin sur cet aménagement qui nous interroge cependant quant à sa fonction.
- 24 « antiquus tumulus lapideus S. Antidii, qui circum episcopi decumbentis, in plano insculptum effigi (...)
14Si l’on revient au témoignage de Chifflet dans le Vesontio de 1618, la tombe d’Antide se présentait comme telle : « Ancien tombeau de pierre de saint Antide sur lequel, autour de la représentation de l’évêque couché, sculptée à plat, il est ainsi inscrit : le corps du glorieux martyr saint Antide fut transféré depuis Ruffey et placé ici. Qu’il prie pour nous amen »24. Les reliques d’Antide, peut-être déposées dans un premier temps dans ce “loculus” en position privilégiée dans le sanctuaire, ont pu être relevées une première fois au moment de la construction de la collégiale par Hugues de Salins. L’incertitude entourant le contexte de la découverte du fragment lapidaire inscrit du nom d’Antidius interdit malheureusement toute conclusion quant à son appartenance – tombeau de la croisée ? tombeau derrière le maître-autel ?
1.4. L’inhumation d’Hugues Ier de Salins, réformateur et rebâtisseur de Saint-Paul
- 25 B. de Vregille, Hugues de Salins, op. cit., p. 253-254.
- 26 « qui hodieque cernitur in media navi S. Pauli, cum lapideo praesulis decumbentis simulachro », J. (...)
- 27 « VI cal. Augusti obiit Hugo bone memoriae…apud nos sepultus in medio ecclesie », J. J. Chifflet, o (...)
- 28 B. de Vregille, Hugues de Salins…, op. cit., p. 419, et HdS, t. I, p. 336. Nous reviendrons plus en (...)
- 29 R. Tournier, « Les églises du viie et du xie siècle de l’ancienne abbaye Saint-Paul de Besançon », (...)
15La tombe de l’archevêque Hugues Ier de Salins revêt elle aussi une grande importance dans ce contexte : le « testament » de 1044 formule la volonté de l’archevêque de ne pas être inhumé ailleurs que dans cet édifice, sans toutefois préciser où. Le prélat fit en effet préparer sa sépulture, comme nous l’apprend le témoignage de Pierre Damien qui l’avait vue dans l’église en 1063, trois ans donc avant la mort de l’archevêque survenue en 106625. Au xviie s., Jean-Jacques Chifflet indiquait à son sujet : « Son corps est dans le tombeau que de son vivant et en bonne santé il avait ordonné de préparer. On le voit encore aujourd’hui au milieu de la nef de Saint-Paul avec une représentation d’évêque gisant »26. Chifflet nous apprend également qu’on lisait dans le nécrologe de Saint-Paul : « Le VI des kalendes d’août mourut Hugues de bonne mémoire… inhumé avec nous au milieu de l’église »27. Si l’emplacement de la tombe d’Hugues de Salins revêt une telle importance pour notre propos, c’est en raison de l’attractivité supposée de la “sépulture privilégiée” découverte au centre de la croisée de l’église du xie s. En effet, selon B. de Vregille, Hugues 1er aurait placé sa tombe à l’aplomb de celle d’Antide après avoir déplacé les restes de ce dernier dans le nouveau chœur qu’il venait de faire bâtir28. René Tournier, quant à lui, voyait là l’emplacement primitif du corps de Donat et de ses successeurs29. Si la localisation exacte de la première tombe d’Hugues de Salins doit être confirmée de manière indéniable, il paraît toutefois très plausible que le plan de l’église reconstruite au xie s. a utilisé comme point central cette sépulture privilégiée redécouverte lors des fouilles des années 1950. C’est du moins ce que laisse à penser la comparaison entre le plan restitué de l’église antérieure – mérovingienne selon toute vraisemblance – et celui de l’église du xie s. (fig. 5).
Fig. 5 - Plan des fouilles des années 1952-1956 dans l’église Saint-Paul et propositions de restitution de l’abside. Infographie A. Dumontet, UMR ARTEHIS, d’après Extrait des notes de F. Dusserre, fouille ‘Saint-Paul’ de L. Lerat, 1956. SRA, Besançon, cl. DPH Ville de Besançon’ et plan R. Tournier dans « Les églises du viie et du xie siècle de l’ancienne abbaye Saint-Paul de Besançon », CAF, CXVIIIe session Franche-Comté, 1960, SFA, p. 33).

2. Configuration des lieux et inventions de reliques
2.1. Constructions, reconstructions et localisation des corps saints
- 30 On ignore le plan du chœur de l’église mérovingienne. Les amorces de murs du chevet retrouvés lors (...)
16Cependant, la question de l’emplacement de ces sépultures se heurte à une autre difficulté : celle de savoir ce qu’était précisément l’ampleur et la configuration du chœur de l’église mérovingienne30, de celle reconstruite par Hugues de Salins, de l’église gothique, mais également du chœur tel qu’il aurait été modifié à la fin du xve s., qui conditionnent en effet les indications successives sur l’emplacement des sépultures.
- 31 R. Tournier, « Les églises … », op. cit., p. 35.
- 32 La question des niveaux de sols dans l’église Saint-Paul, y compris ceux qui ont été observés lors (...)
17R. Tournier a avancé par ailleurs que ce chœur de l’église du xie s. aurait été modifié au xiie s. en raison d’une évolution du moulin de Saint-Paul bâti sur le Doubs, qui aurait affecté le niveau du cours d’eau31. Cette hypothèse est toutefois fragile, car elle repose uniquement sur la différence observée entre des relevés effectués par l’architecte Marcel Boutterin au moment de la démolition du chevet roman en 1908 (fig. 6 et 7) et les plans levés lors de la fouille de L. Lerat, qui donnèrent lieu à la découverte d’un niveau de sol attribué à l’église mérovingienne, d’un autre à celle du xie s. et d’un troisième datant du xiie s.32.
Fig. 6 - Église Saint-Paul. Dessin de la façade latérale et du clocher avant la démolition de l’étage supérieur en 1833 ; plan relevé en décembre 1908 au moment de la démolition du clocher ; coupe du clocher relevée en 1908, M. Boutterin. © Bibliothèque municipale de Besançon, Yb 62, 1908.

Fig. 7 - Église Saint-Paul. Coupe transversale et détails, M. Boutterin (© Bibliothèque municipale de Besançon, Yb 63, 1908).

- 33 Voir infra.
- 34 R. Tournier, « L’ancienne abbatiale Saint-Paul de Besançon », Bulletin monumental, 112 (1954), p. 1 (...)
- 35 T. Picod, Constructions et réparations des bâtiments de l’abbaye Saint-Paul de Besançon, de la fin (...)
18Une campagne de travaux menée au xiie s. semble cependant probable. C’est en effet à cette période que le chapitre séculier fut transformé en chapitre régulier, que l’église Saint-Donat, sur le flanc sud de Saint-Paul, fut construite – ou reconstruite33 ? – pour servir à la paroisse et que le clocher subit des modifications34. Au siècle suivant, d’autres travaux furent peut-être motivés par un changement de statut de l’établissement, qui de prieuré devint abbaye. Un espace considéré actuellement comme l’ancienne salle capitulaire de Saint-Paul, conservé en élévation dans l’emprise du terrain occupé par EDF, daterait en effet du xiiie s. C’est également au xiiie s. que furent voûtés les bras du transept. Mais il semble que les travaux entrepris dans la seconde moitié du xive s. entraînèrent les modifications les plus importantes, avec notamment la reconstruction complète du vaisseau, et se prolongèrent jusqu’à la fin du xve s., des reprises au niveau du chœur étant en effet signalées en 1489. Sont alors évoqués la réalisation d’un chœur nouveau « a long de l’ancien cuer qu’est quaisi tout ennuiers » et divers travaux, qui semblent indiquer une campagne assez importante, dans la continuité du chantier entrepris à la fin du xive s.35. Ces derniers ouvrages présentent un grand intérêt pour la connaissance et la compréhension de l’ensemble de l’édifice, mais cette campagne évoque également la situation d’une chapelle dédiée à Notre-Dame, qui n’est pas sans importance pour localiser les reliques qui nous intéressent ici, une chapelle Notre-Dame étant mentionnée lors d’une inventio de reliques en 1667 pour situer cette découverte. Sa localisation précise, importante pour notre propos, reste pourtant incertaine. Cette phase des travaux a en effet concerné, semble-t-il, essentiellement le chœur détruit en 1908, ce qui nous empêche donc d’en reconnaître l’ampleur précise.
19Si l’on résume donc les quelques connaissances qui sont les nôtres au sujet des corps saints inhumés à Saint-Paul, les seuls faits qui semblent véritablement assurés sont, d’une part, le souvenir de l’inhumation de Donat dans l’église, dont l’emplacement paraît avoir été oublié dès avant la reconstruction par Hugues de Salins au xie s. et, d’autre part, l’inhumation d’Antide, dont les reliques avaient été rapportées dans cette église quelques décennies seulement avant les grands travaux de l’archevêque, mais dont l’emplacement primitif dans Saint-Paul reste hypothétique.
- 36 Un parallèle peut être établi entre le transfert des restes de l’abbé Walbert, autour de l’an Mil é (...)
20On ne connaît pas la raison de la translation des restes d’Antide du lieu de son martyre à Saint-Paul. A-t-elle été voulue pour pallier l’absence ou l’oubli de la sépulture de Donat, ou était-elle liée à une période de reconstruction du monastère ou d’un état intermédiaire de l’église Saint-Paul au xe s. 36 ? La réputation de nécropole des archevêques de Besançon attribuée à Saint-Paul serait-elle la raison de cette relocalisation des restes d’Antide ? Les trois hypothèses combinées ne seraient pas invraisemblables.
21Il reste que c’est donc la tombe de l’évêque Antide, qui n’avait pourtant aucun lien apparent connu avec le site du monastère Saint-Paul, qui eut les honneurs dans cette église entre le xe s. et le xviie s., et non celle du fondateur qu’on ne pouvait localiser plus précisément.
2.2. Les découvertes de reliques du xviie s.
22Au xviie s. eurent lieu deux importantes inventions de reliques à l’occasion de travaux dans les deux églises de l’abbaye, Saint-Paul et Saint-Donat. Loin de nous éclairer sur les lieux et les aménagements liés aux sépultures que nous venons d’évoquer, elles n’étoffent pas moins le dossier des inhumations saintes dans le monastère et engagent à retracer les différentes hypothèses soulevées lors de ces inventions et à en proposer une réinterprétation.
- 37 Il est précisé, dans une collection de titres sur Saint-Paul recueillis par Droz, que la partie du (...)
- 38 Le ms BM Besançon Droz 38, intitulé « Cartulaire de Saint-Paul » (p. 300-301), qui relate la découv (...)
- 39 « […] ante fores capellae Beatae M. Virginis sub humili mensa pede pastorali insignita absque ulla (...)
- 40 « caput et ossa unius corporis, bene conservata », BnF, Ms Moreau 868, fol. 183.
- 41 Cf. G. Baudry, « Étude d’un fragment de crosse gothique provenant d’une sépulture du monastère de S (...)
- 42 J. Chifflet (1615-1676), Mémoires, T. I, p. 267. Voir aussi F. I. Dunod de Charnage, Histoire de l (...)
- 43 BM Besançon, ms. 793, « Histoire de l'abbaye de S. Paul de Besançon, par dom Grappin ».
- 44 « Sub primo gradu quo ascenditur ad praesbiterium sub eadem tumba jure suspicando esse aliquod sanc (...)
23En 1667 eut donc lieu une découverte dans le chœur de l’église Saint-Paul37 alors qu’on exhaussait de trois pieds son sol et celui des chapelles – sans doute celles des bras du transept – dont le niveau était nettement plus bas que celui de la nef38. On souleva une plate-tombe située devant la porte d’une chapelle Notre-Dame, qui était marquée simplement d’une croix épiscopale, comme le rapporte le ms BnF, Ms Moreau 868. Le ms BmB Droz 38 évoque quant à lui une humble pierre tombale sans inscription marquée uniquement d’un bâton pastoral39. Sous cette dalle, on trouva une pierre ronde et creuse d’un pied et demi de profondeur (un peu moins de 50 cm), entourée d’un mur cimenté, contenant un corps entier et bien conservé40. D’après la relation de cette inventio, qui suscita évidemment un vif intérêt, on voulut reconnaître ici la sépulture d’un corps saint. La crosse signalait-elle l’un des évêques enterrés à Saint-Paul, ou celle d’un abbé ? Les crosses identifient les sépultures d’abbés ou d’évêques sans que leur forme ne discrimine a priori l’une ou l’autre des deux charges41. Malheureusement, cette dalle a disparu – semble-t-il lors du retrait du pavement de l’église avant la fin du xixe s. – et aucun dessin ou relevé qui pourrait permettre d’en apprendre davantage à son sujet ne nous est parvenu. Jules Chifflet témoigna ainsi de cette découverte : « Dans l’église abbatiale de Saint-Paul au milieu de la croisée fut découvert le tombeau, le chef proprement posé dans la concavité d’une pierre et les os à l’avenant d’un saint qui n’avait d’autre marque en dehors qu’un bâton pastoral et les plus savants au nombre desquels, je n’ai point de honte de mettre mon père [Jean-Jacques Chifflet], furent d’opinion sur l’avis qu’on leur en envoya : que c’était le tombeau de Saint Donat, Archevêque de Besançon, […] »42. Tel sera également le sentiment de l’historien bénédictin Dom Grappin au siècle suivant43. Faute de pouvoir identifier ce corps de façon certaine et considérant qu’il devait appartenir à l’un des saints inhumés dans le monastère, la pierre fut replacée, avec son contenu, sous la première marche permettant d’accéder au presbyterium44. Faut-il voir dans ce repositionnement central – assez privilégié, bien que tout aussi anonyme – la conséquence de l’attribution non officielle de ces restes à saint Donat ?
24Trois ans plus tard, une seconde inventio vint semer le doute dans les esprits et remettre en cause les conclusions de 1667. Le 31 juillet 1670, en effet, une autre trouvaille eut lieu dans la petite église Saint-Donat, qu’il nous faut d’abord resituer dans le temps et l’espace.
- 45 Voir AD25, 67 H 8, Bref de Célestin III de 1193 au prieur de Saint-Paul au sujet du choix d’un chan (...)
- 46 Outre les églises Saint-Paul et Saint-Donat, le clos monastique renfermait en effet ce qui est cons (...)
- 47 On peut établir une fois de plus un parallèle intéressant avec le cas du monastère de Luxeuil, que (...)
25Parallèle à l’église Saint-Paul sur son flanc sud, l’église Saint-Donat est très mal connue. La première mention de son existence semble remonter à 119345, ce qui pousse à la considérer comme une construction tardive du xiie s. allant de pair avec une campagne de travaux de la même période que nous avons évoquée. Et de fait, l’attribution de fonctions paroissiales à l’église Saint-Donat s’accorde avec l’évolution institutionnelle que connut Saint-Paul, qui de collégiale séculière devint collégiale régulière vers 1131. Plutôt que de partager l’usage de l’église Saint-Paul entre la communauté canoniale et les fidèles, on sembla préférer dédier un édifice à part entière au service paroissial. Cette église a été démolie en 1778 et aucune fouille n’a concerné son emprise. Il n’est donc pas possible de dire si elle avait été effectivement construite ex nihilo au xiie s., s’il s’agissait d’une reconstruction, ou si l’édifice n’avait été alors que restauré. L’église Saint-Donat était-elle, par ailleurs, le dernier témoin de la présence d’un ensemble de sanctuaires distincts au sein du monastère Saint-Paul46 ? La question ne saurait être tranchée ici, mais elle a son importance lorsque l’on considère le problème des inhumations saintes à Saint-Paul. S’il a bien existé deux églises ou plus dans le monastère fondé par Donat, l’une avait alors sans doute une fonction funéraire, l’autre la fonction d’église abbatiale. Toutes deux ont pu alors abriter des sépultures privilégiées et les corps saints pourraient donc avoir été répartis entre l’une et l’autre47.
- 48 Cet aménagement n’avait bien entendu rien d’une crypte dans le sens où on l’entend habituellement. (...)
- 49 « Anno 1670 altaris Donati in ejusdem sacello ad parietem admoto, sub pede altaris, seu muro quo su (...)
- 50 On trouve là différentes relations et opinions, sans qu’il soit possible de trancher en faveur de l (...)
- 51 « Hic jacent ossa quatuor aut quinque corporum anonimorum quae altari ad parietem admoto inventae s (...)
- 52 B. de Vregille, Hugues de Salins…, op. cit., t. II, p. 1261.
26Toujours est-il qu’en 1670, alors que l’on déplaçait l’autel majeur pour le disposer contre le mur du chœur, on découvrit sous son pied une petite cavité désignée “crippta”48, renfermant les ossements de quatre ou cinq corps entiers 49. Cet aménagement, qui semble avoir été constitué de deux ou trois rangs de pierres, était long de deux pieds et demi, large de deux, et profond de trois (env. 80 cm x 70 cm x 1 m). La description indique que ce coffrage de pierre était souvent inondé en raison de la proximité du Doubs et que le mortier en était presque totalement effrité. Sans indication plus précise et sans information plus fiable sur la petite église Saint-Donat, il est difficile de dire si cet aménagement était en fait une fosse reliquaire destinée à consacrer l’autel lors de sa construction ou s’il s’agissait d’une sépulture secondaire antérieure à l’église ou contemporaine de celle-ci. Les relations de cette découverte indiquent qu’on pensa qu’il pouvait s’agir des corps de Waldelenus et de son fils Donat ou encore d’autres évêques inhumés à Saint-Paul50. Les reliques furent ensuite replacées dans la même fosse, fermée de pierres – donc désormais devant l’autel en raison de son déplacement – avec l’inscription suivante : « Ici gisent les restes de quatre ou cinq corps anonymes qui ont été trouvés dans la crypte dans l’autel ou près de l’autel repoussé contre la paroi et qui ont été reposés dans cette même crypte en l’an 1670 »51. L’année suivante, en 1671, le coffre de pierre fut ouvert à nouveau et examiné en présence de l’archevêque Antoine-Pierre de Grammont, de l’abbé de Saint-Paul Pierre Alix et de Pierre François Chifflet, qu’on avait fait venir de Dijon52.
- 53 Archives diocésaines de Besançon, série G, ancienne cote 4410.
27Un siècle plus tard, en 1769, les mêmes reliques furent à nouveau déterrées sur ordre de Mgr Clériadus de Choiseul-Beaupré, archevêque de Besançon, avant la démolition de l’église Saint-Donat. Placées le 1er septembre 1779 dans un coffret de pierre dont le couvercle était gravé d’une inscription rappelant l’inventio de 1769 et la repositio de 1779, elles trouvèrent place cette fois-ci derrière le maître-autel de l’église Saint-Paul53.
2.2. Les découvertes de reliques du xixe siècle
- 54 Ibid.
28Un ensemble documentaire conservé aux archives diocésaines de Besançon révèle des découvertes, ou plutôt redécouvertes, de reliques à Saint-Paul, liées à celles que nous avons évoquées. Ces documents proposent également une interprétation au sujet de ces différentes inventio, que nous ne suivrons pas toujours pour rester au plus près des sources les moins douteuses54.
- 55 Ibid.
29Le 3 septembre 1879, des “fouilles”, entreprises à l’initiative du chanoine Charles Curtel, secrétaire général de l’archevêché, avec l’assentiment du Colonel commandant le Régiment du Génie, furent menées dans le chœur de l’église Saint-Paul afin d’y rechercher le corps de Donat. L’église, qui était alors désaffectée, avait servi depuis la Révolution d’entrepôt et d’écurie pour les chevaux de la caserne militaire voisine et devait être transformée, cette même année, en magasin d’approvisionnement militaire. Les travaux entrepris à cette occasion permirent cette fouille et la mise au jour « au milieu du chœur, à 0,90 cent. du sol, d’une pierre ronde creuse, renfermant les ossements d’un corps d’homme ». L’abbé Claude-Antoine Echenoz, aumônier de la garnison, et Auguste Castan, bibliothécaire de la ville, purent juger de cette découverte : « Les ouvriers levèrent la pierre qui en recouvrait la partie supérieure et ils y trouvèrent de nombreux ossements. D’après leur déclaration, ces ossements étaient surmontés d’un chef humain lequel paraissait intact, mais qui, dès qu’il eut été quelques instants sous l’action de l’air se désagrégea et tomba en poussière »55. Si les restes n’étaient pas avec certitude ceux de Donat, quoique Castan en fût persuadé, les partis en présence jugèrent toutefois qu’il fallait les conserver dans un lieu décent et les soumettre au jugement de l’archevêque ; ils furent donc déposés, avec la pierre qui les contenait, dans un buffet du musée épiscopal situé dans l’archevêché de Besançon.
- 56 Rappelons que le chœur de cette église a été démoli en 1908.
- 57 Outre le dessin levé en 1879, d’autres croquis et certaines descriptions contribuent à embrouiller (...)
30Cette pierre tronconique et évasée, d’après un dessin et une coupe qui accompagnent le récit de cette découverte (fig. 8 et 9), mesurait 60 cm de hauteur totale ; il pourrait donc s’agir de celle qui fut découverte en 1667, qui faisait un peu moins de 50 cm de profondeur. En dehors de cet élément concordant, il faut bien reconnaître que les dessins levés à l’occasion de la fouille ne nous sont pas d’un grand secours pour situer précisément la découverte56 et ne semblent pas s’accorder avec le lieu dans lequel la pierre fut enfouie à nouveau en 1667, sous la première marche permettant d’accéder au presbyterium57. La dalle ornée d’un bâton pastoral ne fut pas retrouvée et l’on supposa qu’elle avait disparu lorsque l’église avait été transformée en écurie et son dallage enlevé au profit d’un pavé en hérisson.
Fig. 8 - Dessin aquarellé accompagnant la relation de la découverte de reliques dans une urne de pierre à Saint-Paul en 1879 (Archives diocésaines, série G, ancienne cote 4410, cl. A. Bully).

Fig. 9 - Dessin aquarellé accompagnant la relation de la découverte de reliques dans une urne de pierre à Saint-Paul en 1879 (Archives diocésaines, série G, ancienne cote 4410, cl. A. Bully).

- 58 « Ossa humana in medio presbyterii ecclesiae sancti Pauli Vesontionensis die 3a septembris 1879 inv (...)
- 59 Les recherches menées dans l’ancien palais épiscopal, devenu rectorat d’académie, n’ont rien donné (...)
31Le récolement mené à la fin de l’année 2020 à l’archevêché de Besançon a permis de retrouver, dans une caisse de bois, les reliques prélevées lors de cette découverte de 1879. Une note en latin accompagnant ces ossements atteste leur provenance et l’attente d’une décision de l’archevêché à leur sujet58 (fig. 10). En revanche, l’urne ayant contenu ce dépôt n’a peut-être pas suivi, comme les ossements, le transfert des locaux de l’archevêché de Besançon en 1906, puisqu’elle ne s’y trouve pas actuellement59.
Fig. 10 - Reliques provenant de l’urne de pierre découverte dans l’église Saint-Paul en 1667, redécouvertes en 1879 puis conservées à l’archevêché, état 2020 (Cl. M. Tramaux).

32La pierre renfermant les cinq corps exhumée à Saint-Donat en 1670, reconnue en 1769 et ré-ensevelie en 1779 derrière l’autel de l’église Saint-Paul dans une autre pierre creusée de type coffre, fut quant à elle retrouvée après la Révolution, lorsqu’on réaffecta l’église au service du Génie militaire. Le directeur des travaux d’alors, un certain Blondeau, aurait secrètement enlevé les reliques pour les entreposer chez lui, rue Saint-Paul. C’est en décembre 1862 qu’elles furent à nouveau mises au jour, cette fois-ci dans le maître-autel de l’église Saint-Maurice où elles étaient placées dans un petit coffre de pierre d’1,06 m de longueur pour 62 cm de largeur et 38 cm de hauteur conforme à la description donnée par le procès-verbal de 1769. Une pierre gravée recouvrant le monument portait une inscription rappelant cette inventio de 1769, la repositio de 1779 et le transfert opéré par le sieur Blondeau à Saint-Maurice en 1803. Une expertise menée par deux médecins à la demande de l’archevêque permit d’attester la présence des ossements de cinq individus et ainsi d’authentifier ces restes comme étant ceux découverts à Saint-Donat sous l’abbatiat de Pierre Alix en 1670.
- 60 Archives diocésaines de Besançon, série G - reliques, boîte 4.
- 61 Ibid.
33Quant aux restes de saint Antide, relevés en 1360 et vénérés jusque-là dans l’église Saint-Paul, ils furent cachés dans le cimetière paroissial par le sacristain et le curé constitutionnel de Saint-Paul. C’est ce dernier, devenu curé de Saint-Maurice après le concordat, qui les fit déposer en 1803 à l’église Saint-Maurice sur laquelle avaient été transférés les droits paroissiaux de la petite église Saint-Donat. Le vicaire-général Antoine-Emmanuel Durand procéda à la première reconnaissance in situ du reliquaire en 180760, suivie de deux autres, dont la dernière en 1854, signale – à l’instar de l’inventaire du reliquaire effectué en 163861 – la présence avec les ossements de l’extrémité d’un « bâton de saint Antide » que l’on peut apercevoir par l’ouverture de l’actuelle châsse conservée dans la sacristie de l’église Saint-Maurice (fig. 11).
3. Quelques hypothèses au sujet des inhumations saintes et de leurs transferts
34Les indications concernant la localisation de sépultures à Saint-Paul ne représentent qu’une infime partie de ce que pourrait peut-être révéler l’ensemble des archives de Saint-Paul, mais surtout de ce que pourrait apporter une fouille d’ampleur dans et aux abords de cette église. Les quelques personnalités citées et les découvertes de reliques ne constituent, de fait, que quelques-uns des épisodes de la longue histoire de Saint-Paul, de ceux qui ont laissé une trace dans les archives.
- 62 Ech. Poz-133334, 895 AD (28.3 %) 924 AD ; 950 AD (39.9 %) 991 AD ; 885 AD (93.4 %) 996 AD ; 1006 AD (...)
35Une information supplémentaire est aujourd’hui révélée par les résultats de la datation C14 effectuée sur les restes retrouvés à Saint-Paul en 1879, auparavant relevés en 1667. Cet élément, là encore, loin de s’accorder avec ceux qui constituaient déjà notre dossier, apporte une nouvelle inconnue puisque l’analyse indique qu’il s’agit d’ossements d’un individu ayant vécu au xe s.62 (fig. 12). Autrement dit, aucun des personnages que nous avons évoqués dans ces lignes, dont l’inhumation à Saint-Paul est connue ou probable, ne correspond à cette datation.
Fig. 12 - Diagramme des résultats de l’analyse C14 effectuée sur les reliques conservées à l’archevêché découvertes en 1667 et redécouvertes en 1879.

36L’absence de données archéologiques fiables, notamment les contextes stratigraphiques, est également ici un facteur aggravant. Aussi, même s’il nous est possible de retracer le parcours des reliques contenues dans les coffres ou urnes de pierre, nous ne pouvons les attribuer de manière certaine à aucun personnage connu. Tout au plus pouvons nous invalider quelques hypothèses historiques comme l’a permis la recherche au radiocarbone effectuée sur les supposées reliques de saint Donat.
37Toutefois, les arguments avancés par nos prédécesseurs en faveur de la reconnaissance des corps saints et les hypothèses concernant les lieux d’inhumations, les aménagements et les possibles translations à l’intérieur de l’église Saint-Paul ou de Saint-Donat méritent d’être examinés.
38L’idée avancée par Tournier selon laquelle la sépulture privilégiée de la croisée du transept aurait pu contenir les reliques de Donat, de sa famille, ou d’autres évêques ne peut pas être totalement écartée. S’il semble bien que l’emplacement de la sépulture de Donat et de ses successeurs ait été oublié au moment de la reconstruction de l’église romane, rien n’empêche en effet de penser que leurs restes avaient été relevés auparavant, mais que la tombe, au vu de son caractère saint, avait été conservée. Il sera, quoi qu’il en soit, difficile de trancher la question.
- 63 A. Bully, Approche historiographique de Saint-Lupicin et de son prieuré pour les périodes médiévale (...)
- 64 S. Bully, M. Čaušević-Bully, A. Bully, « Coffrage de bois et coffrage de pierre du ve s. : la tombe (...)
39Les découvertes de reliques en 1667 à Saint-Paul et dans l’église Saint-Donat en 1670 font écho à celle qui se produisit en 1689 dans l’église de Saint-Lupicin (Jura). Dans des circonstances proches de celles de l’église Saint-Donat – le déplacement de l’autel majeur pour le positionner contre le mur de l’abside – on avait en effet découvert, entre ce mur et l’emplacement de l’autel majeur, un petit monument de pierres polies d’un peu plus de deux pieds de longueur pour environ un pied de largeur et autant de hauteur (env. 0,70 x 0,33 x 0,33) contenant des ossements, à la différence près que ceux-ci étaient authentifiés par un endotaphe63. Cette petite plaque de plomb, placée dans le monument de pierre, désignait en effet l’abbé Lupicin, fondateur, avec Romain, des monastères de Condat (Saint-Claude) et de Lauconne (Saint-Lupicin) au ve s. Il s’agissait dans ce cas également d’une sépulture secondaire, le corps de l’abbé ayant été relevé de sa tombe primitive située à la croisée du transept de l’église romane, sans doute au moment de la reconstruction de l’église de Saint-Lupicin dans le premier quart du xie s.64. Malheureusement, les découvertes de Saint-Paul et de Saint-Donat n’ont pas été accompagnées de tels documents.
- 65 Une fois encore, un rapprochement avec le cas des églises de Luxeuil est possible. La proximité des (...)
40Ce questionnement autour des reliques de Donat interroge néanmoins quant à la fonction même de l’église Saint-Paul et la place supposée du fondateur dans cette église. Une imprécision subsiste en effet à son sujet. On connaît le rôle de Donat dans la fondation du monastère Saint-Paul, celui d’évêque, au titre duquel il fonda l’établissement, et qui justifia plus tard le statut de nécropole épiscopale de cette église. Cependant, on ignore si, en plus d’être évêque, il avait également été le premier abbé du monastère Saint-Paul. Éduqué à Luxeuil, Donat était donc probablement moine. Cet aspect de son parcours est assez largement occulté de sa biographie telle qu’elle est relatée par Jonas de Bobbio mais aussi par l’auteur de sa Vita au xie s. Quoiqu’il en soit, sa double qualité d’évêque-fondateur lui conféra le privilège d’être inhumé dans le monastère Saint-Paul. Mais un second point doit être souligné : l’église désignée actuellement sous ce vocable de Saint-Paul n’était très probablement pas l’église funéraire du monastère mérovingien. De nombreuses sépultures y ont bien été retrouvées lors des fouilles de L. Lerat, mais celles appartenant à une typologie de sépultures mérovingiennes semblent assez peu nombreuses. Seuls trois sarcophages ont été mis au jour. Si l’on considère la densité d’inhumations en sarcophages retrouvées à l’église Saint-Martin et à l’église Notre-Dame de Luxeuil, qui toutes deux ont eu la fonction d’église funéraire du monastère, on ne peut que s’interroger sur l’emplacement d’une véritable église funéraire à Saint-Paul, et songer à la petite église Saint-Donat, connue tardivement, mais qui pourrait tout à fait s’inscrire dans un schéma d’église double comme on les connaît bien pour la période mérovingienne65. Saint Donat aurait tout aussi bien pu être inhumé dans cette église, qui aurait alors reçu ce vocable, et ses reliques auraient pu être relevées à l’occasion de l’une de ses reconstructions et translatées dans l’église Saint-Paul.
41Si cette église Saint-Donat est formellement attestée au xiie s. ainsi que nous l’avons dit, il n’est pas improbable en effet que son existence soit beaucoup plus ancienne. Les quelques vues modernes qui témoignent de son aspect montrent un petit édifice à nef unique, doté d’un clocher-porche et d’un chevet plat (fig. 13).
Fig. 13 - L’église Saint-Paul bordée par la petite église Saint-Donat. Plan relief de Besançon, 1722 (Cl. Mémoire vive, Bibliothèque municipale de Besançon, Ph 2235-2237).

- 66 Avec toutes les réserves de mise au sujet de la fidélité du plan-relief à la réalité.
- 67 La datation a donné un résultat entre 668 et 778. Cf. l’article d’A. Saggese et alii dans le présen (...)
- 68 Ibid.
42Son gouttereau sud est aligné avec le tracé de l’ancienne rue Saint-Paul ; il pourrait, sous toute réserve, constituer la limite du bas-côté nord d’une église plus vaste, dont la nef et le bas-côté sud auraient disparu. Les très hautes ouvertures que l’on distingue par exemple sur le plan-relief de Besançon de 1722 pourraient suggérer des arcades de la nef bouchées et transformées en fenêtres66. Récemment, des fouilles menées à l’emplacement du cimetière Saint-Donat ont permis de mettre au jour, outre un grand nombre de sépultures, un mur soigneusement parementé qui a donné lieu à une datation C1467. Les résultats des analyses et de la fouille permettent de proposer différentes hypothèses d’interprétation de ce mur, notamment celle de l’existence d’une seconde église de même orientation que Saint-Paul68. Il est donc nécessaire de s’interroger sur la présence de cette petite église Saint-Donat, sur son ancienneté présumée et sur sa fonction au sein du monastère. Si la sépulture de Donat ne fut pas reconnue lors de la reconstruction de Saint-Paul au xie s., on peut avancer prudemment qu’elle ne s’y trouvait peut-être pas, quand bien même Hugues de Salins écrivait dans la charte de fondation du collège de chanoines que celui-ci reposait dans l’abbatiale…
43La présence de reliques d’Antide et leur translation à Saint-Paul pourraient même constituer un argument en faveur de cette hypothèse, en cela qu’il aurait fallu, lors d’une phase de reconstruction de Saint-Paul, peut-être au xe s., légitimer le statut de nécropole épiscopale de l’église Saint-Paul et/ou la doter de reliques auréolées d’un certain prestige, peut-être en raison de la ruine de l’église Saint-Donat, peut-être également dans un contexte de concurrence vis-à-vis des autres églises de Besançon ?
44La question de l’inhumation d’Antide à Saint-Paul est tout aussi épineuse. La sépulture du saint est décrite par Chifflet comme un « ancien tombeau » placé derrière l’autel, avec une sculpture de l’évêque, représenté couché, et « gravée à plat », une inscription courant autour de cette effigie. Puisqu’il décrivait encore cette sépulture, considérée comme ancienne au début xviie s., alors que les reliques du saint avaient été relevées en 1360, on peut en déduire que la plate-tombe avait été conservée après cette élévation et en dépit des travaux qui affectèrent l’église entre la fin du xive et la fin du xve s. Elle devait donc être antérieure à ces campagnes de reconstruction. L’épitaphe rappelait, nous l’avons dit, le lieu précis où reposait le corps, mais également le transfert de celui-ci depuis le lieu de son martyre.
- 69 C. Treffort, « Espace ecclésial et paysage mémoriel (ixe-xiiie s.) », in : A. Baud (dir.), Espace e (...)
- 70 Sur cette inscription, voir Y. Jeannin, op. cit., p. 38-40 et supra. Yves Jeannin indique que ce fr (...)
45Les figurations humaines sur les plates-tombes se sont répandues à compter du xie s., avec des gravures sculptées à plat, accompagnées d’inscriptions69. Cette sépulture marquée au sol, de par sa forme et sa position dans l’église, était donc très certainement postérieure à la reconstruction de la collégiale par Hugues de Salins. Puisque le corps d’Antide aurait été translaté à Saint-Paul autour de l’an Mil, quelques dizaines d’années avant la reconstruction de l’édifice, on peut en conclure que cette dalle recouvrait une sépulture secondaire. Les restes d’Antide auraient donc été relevés, sans doute au moment de la démolition de l’ancienne église, pour être placés dans le chœur de la collégiale qui la remplaçait. L’inscription mal datée issue d’un fragment lapidaire portant le nom d’Antide pourrait provenir, comme on l’a dit, du sarcophage dans lequel les restes du saint évêque furent ramenés de Ruffey, lequel aurait pu être remployé dans la maçonnerie du chœur de l’église du xie s.70.
- 71 Les dimensions données par R. Tournier sont un peu plus précises que celles annotées sur les plans (...)
- 72 Notes de Francis Dusserre sur les fouilles de L. Lerat, SRA Besançon, documents non cotés.
46La localisation de la sépulture primaire de saint Antide à Saint-Paul resterait donc à déterminer. Puisque nous ne possédons aucun document concernant le monastère Saint-Paul entre sa fondation et le xie s., notre seul recours est l’archéologie. Or, un dispositif découvert lors des fouilles de L. Lerat en 1956 retient plus particulièrement notre attention. Situé en position privilégiée, un aménagement vide de tout ossement fut en effet mis au jour à l’emplacement qui était, d’après les conclusions de Lerat et de Tournier, le chœur de l’église qui précéda celle reconstruite par Hugues de Salins. Les notes rédigées lors de la fouille décrivent une construction située 20 cm au-dessus du niveau d’un canal d’hypocauste, sous de grosses dalles (deux grandes et deux plus petites), de forme allongée, et arrondie aux extrémités nord-sud. Sa base affectait une forme évasée ; l’aménagement mesurait donc 1,36 m x 0,58 m au sommet, pour 1,66 m x 0,82 cm à la base, et 1,15 m de profondeur71. Il était couvert d’un enduit blanc à l’intérieur, et rempli de déblais pour une partie du caveau, et d’une terre fine et de sable mêlés de cailloux dans une autre partie. Sur la face ouest de cet aménagement, une ouverture en appareillage maçonné (0,30/0,37 cm x 0,54), ébrasée vers l’extérieur et qui n’était pas centrée, donnait sur un espace (pièce ou chambre d’après les termes employés dans les notes de la fouille de Lerat), qui était alors effondré72 (fig. 14 et 15).
Fig. 14 - Vue en plan et en coupe du « caveau à fenestella » retrouvé à l’occasion des fouilles conduites par Lucien Lerat à Saint-Paul (Extrait des notes de F. Dusserre, fouille ‘Saint-Paul’ de L. Lerat, 1956. SRA, Besançon, cl. DPH Ville de Besançon).

Fig. 15 - Découverte du « caveau à fenestella ». Coupe stratigraphique (Extrait des notes de F. Dusserre, fouille ‘Saint-Paul’ de L. Lerat, 1956. SRA, Besançon, cl. DPH Ville de Besançon).

- 73 L’association de l’autel et du tombeau d’un saint ou martyr était courante, que le tombeau soit ou (...)
- 74 Nous remercions Pascale Chevalier, Christian Sapin et Sébastien Bully pour leurs suggestions au suj (...)
47Cette ouverture ébrasée a été interprétée comme une fenestella et semblait donc indiquer que le contenu de la structure de pierre était l’objet d’une vénération. D’après les plans de la fouille, l’aménagement était situé sous le niveau de sol du viie-xie s., le second ayant repris – selon Lerat – le niveau du premier, et son couvercle devait affleurer. La partie supérieure de la "fenestella" ouvrait au niveau d’un sol en dalle qui était affaissé. Compte tenu de la disposition de l’orifice ébrasé, si celui-ci devait effectivement avoir servi à voir ou toucher des reliques, on aurait tendance à imaginer l’aménagement devant ou sous l’autel, la fenestella donnant au-dessus d’un niveau de sol73. Néanmoins, cette fonction attribuée à l’orifice pratiqué dans la cuve de pierre n’est en rien évidente et sa relation avec la stratigraphie de la fouille et des niveaux de sol observés par L. Lerat incite à remettre en question cette hypothèse. En effet, la nature même de cette cuve et sa position posent question. Compte tenu de sa forme, de sa situation, sur un niveau de sol directement posé sur les piles de l’hypocauste, on tendrait à y voir plutôt un aménagement antique, de type baignoire, même si sa forme – légèrement refermée vers le haut – ne se conforme pas strictement à celle que l’on connaît plus communément pour ce type d’objet. L’orifice pratiqué sur le côté de la cuve pourrait alors être interprété comme un trou d’évacuation de l’eau et l’enduit blanc observé à l’intérieur de la cuve pourrait avoir été un mortier hydraulique destiné à l’imperméabiliser. Cet élément, visiblement en place et dans une position adéquate, pourrait bien cependant avoir été remployé pour y déposer un ou plusieurs corps en réduction74. Son positionnement au sein de l’église mérovingienne puis de celle du xie s. permet de conjecturer que tel fut bien l’usage de cette cuve, même si celle-ci avait été soigneusement curée des ossements qui avaient pu y être déposés.
- 75 R. Tournier, « Les églises … », op. cit., p. 32.
48R. Tournier a indiqué que cette sépulture devait avoir été destinée à recueillir les ossements des sépultures épiscopales violées lors d’une invasion hongroise en 926, et qu’elle pouvait donc avoir été creusée au xe s.75. Une telle datation repose sur des faits qui ne sont pas avérés et nous venons de voir que la typologie de la cuve et la stratigraphie ne plaident pas en ce sens. La seule certitude est que ce dispositif était antérieur à la reconstruction de l’église par Hugues de Salins et que celle-ci a tenu compte de l’aménagement qui s’est, dès lors, retrouvé à la croisée du transept de la nouvelle église.
- 76 B. de Vregille, Hugues de Salins…, op. cit., p. 419.
49On songerait donc bien volontiers, à la suite de B. de Vregille, à la sépulture primaire d’Antide à Saint-Paul, dont sa Vita nous dit qu’il fut enterré « juxta basii altaris »76. La vénération dont l’évêque fut l’objet par la suite peut laisser supposer que cette sépulture était donc déjà en position privilégiée dans l’édifice qui reçut les reliques, autour de l’an Mil, près de l’autel majeur, et pouvait bénéficier d’un dispositif particulier marquant l’emplacement des reliques. Le fait qu’elle ait été retrouvée vide d’ossements permet d’envisager qu’ils avaient été relevés, ce qui s’accorde avec la position ultérieure de la tombe attribuée à Antide.
- 77 Une autre dalle au moins recouvrant une sépulture, d’abbé – nous le savons avec certitude –, présen (...)
50S’il était avéré que les reliques d’Antide furent bien déposées, dans un premier temps, dans cette sépulture privilégiée, l’idée selon laquelle les reliques découvertes en 1667, redécouvertes en 1879 puis en 2020 seraient celles de l’évêque, est impossible à soutenir, la datation radiocarbone excluant la possibilité d’attribuer les ossements analysés à un individu qui aurait vécu au ve s. Il faut donc se résoudre à admettre que les ossements datés au C14 n’appartiennent à aucun des grands personnages évoqués dans ces lignes ; ils doivent plus vraisemblablement être attribués à l’un des abbés de Saint-Paul dont l’histoire ne nous a pas transmis le nom77, mais qui fut peut-être – car les datations pourraient, là, être concordantes – contemporain ou presque de la translation des restes d’Antide à Saint-Paul et de l’une des phases de construction de l’église Saint-Paul qui n’est pas documentée.
Conclusion
- 78 En particulier celles menées par la Direction du Patrimoine historique de Besançon à l’automne 2020 (...)
51Ces découvertes ou descriptions de sépultures, mises en lumière par la documentation, ne doivent évidemment pas occulter le grand nombre d’inhumations, retrouvées lors des fouilles des années 1950 ou lors de fouilles plus récentes78, qui pourraient être également mises en relation avec les personnages que nous avons évoqués ou révéler d’autres types de vénération. Ces sépultures témoignent du caractère funéraire de l’église Saint-Paul – principalement pour le second millénaire –, mais également de l’espace situé sur le parvis de cette église et entre celle-ci et l’ancienne église Saint-Donat.
- 79 À Saint-Pierre avaient été inhumés les évêques Protadius (614) et Nicetius (fin vie-début viie s.), (...)
52L’église Saint-Paul a joué, à n’en pas douter, le rôle de nécropole des archevêques. Ce qui a pu être considéré comme une nécropole familiale, si l’on admet les informations sur le lieu d’inhumation du père de Donat comme fiables, s’est en effet mué en un lieu privilégié d’inhumations épiscopales, au même titre que les églises Saint-Pierre ou Saint-Ferjeux de Besançon79. Outre les tombes de Donat, Miget, Ternat et Gervais, la présence de la tombe d’Antide a constitué un élément important lors de la reconstruction de l’ancienne abbatiale Saint-Paul, puisque la collégiale nouvellement bâtie fut dédiée à la Vierge Marie, saint Paul et saint Antide et qu’une sépulture privilégiée – qui fut peut-être celle de ce dernier – a été conservée en position centrale dans l’édifice.
53Qu’Hugues de Salins ait souhaité être inhumé dans cette église qu’il venait de faire rebâtir n’est pas sans signification. La charte de fondation de la collégiale qu’il signa soulignait en effet la présence des sépultures de Donat et d’Antide. Deux des successeurs d’Hugues de Salins souhaitèrent être inhumés également à Saint-Paul. Était-ce également lié à l’attractivité des tombes saintes ? À celle d’Hugues de Salins ? Ou par tradition ?
54Ces quelques précisions sur les sépultures de Saint-Paul, leur position, leurs types, soulèvent finalement plus de questions qu’elles n’en résolvent. Les conditions de leurs découvertes et la documentation qui nous est parvenue à leur sujet ne nous permettent pas de déterminer pleinement leurs datations et les relations chronologiques entre ces sépultures et les édifices qui les ont abritées. Les personnalités qu’elles contenaient restent énigmatiques et on ne peut guère formuler que des hypothèses à leur propos. La datation C14 de l’occupant de l’une de ces sépultures secondaires a ajouté une inconnue à l’équation en livrant un résultat probable au xe s. S’agit-il de la sépulture d’un abbé dont l’histoire n’a pas retenu le nom ? Faut-il relier cette sépulture à une phase de l’église du xe s. ? La disparition de l’urne qui contenait les ossements et de la pierre qui la recouvrait sont des éléments datants qui manquent à ce dossier.
55Quant à la sépulture découverte sous l’autel de l’église Saint-Donat, pourrait-elle être un argument en faveur de l’ancienneté de cette église, supposée avoir été édifiée au xiie s. ? Ou n’était-ce qu’un aménagement contemporain de sa construction ?
- 80 L’ancienne église Saint-Paul a en effet été vendue en 2020 par la municipalité à un promoteur immob (...)
56Ces questions autour des reliques de Saint-Paul mettent en évidence l’intérêt que présenterait une reprise de l’ensemble de la documentation des fouilles des années 1950 et postérieures (1969 et 1971). Il faudrait alors interroger les sources porteuses de renseignements archéologiques dans les archives concernant Saint-Paul en les recoupant, d’une part, avec la problématique de l’évolution monumentale du monastère et de sa transformation en collégiale au xie s., et, d’autre part, avec celle de nos connaissances sur la vénération des corps saints en présence. En l’état, les informations issues de la documentation écrite ne permettent guère d’aller plus loin. Reste l’espoir qu’une révision plus approfondie de la documentation archéologique ancienne associée aux résultats des sondages de l’automne 2020, et, peut-être, de nouvelles investigations qui pourraient être nécessaires compte tenu de la requalification de l’église Saint-Paul80, permettent de documenter un nouveau pan de l’histoire de cet établissement et de lever en partie le voile sur les tombes saintes du monastère Saint-Paul.
Annexe : Corps saints et reliques à Saint-Paul de Besançon : repères chronologiques
57• ve s. (v. 465 ?) : martyre de l’évêque de Besançon Antide, à Ruffey-le-Château, où il est enseveli.
• <626/627-636> : fondation du monastère Saint-Paul par l’évêque de Besançon Donat.
• <655-670> : mort de Donat, inhumé dans son monastère.
• Autour de l’an Mil : Relèvement des reliques d’Antide à Ruffey-le-Château, translation à Saint-Paul.
• deuxièm quart du xie s. : reconstruction de l’église Saint-Paul.
• 1044 : Charte de fondation d’un collège de chanoines à Saint-Paul par l’archevêque Hugues de Salins.
• 1066 : mort d’Hugues de Salins, inhumé dans l’église désormais dédiée à saint Paul, sainte Marie et saint Antide.
• 1360, 16 juillet : élévation des reliques d’Antide, mises en châsse.
• 1371 : relèvement du corps d’Hugues de Salins.
• Fin xive-début xve s. : reconstruction de la nef de l’église Saint-Paul, travaux dans le chœur.
• 1638 : reconnaissance des reliques d’Antide conservées dans sa châsse.
• 1667, décembre : découverte, dans le chœur de l’église Saint-Paul, d’ossements placés dans une urne de pierre, sous une plate-tombe marquée d’un bâton pastoral, devant l’entrée d’une chapelle Notre-Dame. Ensevelis à nouveau à Saint-Paul.
• 1670, 31 juillet : découverte, dans l’église Saint-Donat, sous l’autel, d’ossements de plusieurs corps.
• 1708 : visite de la châsse de saint Antide.
• 1779, 1er septembre : les ossements découverts à Saint-Donat, accompagnés d’une inscription, sont déposés dans un coffre de pierre placé derrière le maître-autel de Saint-Paul après la démolition de l’église Saint-Donat.
• 1803, 15 janvier : les ossements découverts à Saint-Donat en 1670 sont déplacés sous l’autel de l’église Saint-Maurice.
• 1862, décembre : reconnaissance, à Saint-Maurice, des reliques découvertes à Saint-Donat en 1670.
• 1879, 3 septembre : fouilles dans l’église Saint-Paul et redécouverte de l’urne contenant les ossements, mise au jour en 1667 dans cette même église.
• 1908 : démolition du chevet de l’église romane.
• 1952-1956 : fouilles de Lucien Lerat dans l’église Saint-Paul et à son chevet.
• 1969-1971 : sondages à Saint-Paul. Découverte de l’inscription « Antidius ».
• 2020, septembre : fouilles aux abords de l’église Saint-Paul.
• 2020, novembre : reconnaissance des reliques redécouvertes en 1879, conservées à l’archevêché. Datation C14 des ossements. L’urne de pierre qui les contenait n’a pas été retrouvée.
Notes
1 Celui-ci a eu lieu à la fin de l’année 2020.
2 Archives diocésaines de Besançon, série G, ancienne cote 4410, pièce n° 1.
3 Ces études ont été conduites en novembre 2020 par Matthieu Loeuillet, alors étudiant en master 2 Ingénierie de l’archéologie préventive à l’université Bordeaux-Montaigne et titulaire d'un master 2 d’archéothanatologie de l’université de Bordeaux.
4 Cet article résulte de recherches menées dans le cadre du PCR Vesontio Christiana, topographie chrétienne de Besançon (ive-xie siècle), dirigé par M. Čaušević-Bully et M.-L. Bassi. Nous tenons à remercier ici Sébastien Bully, Morana Čaušević-Bully et Michèle Gaillard pour leurs relectures et conseils, Alain Dubreucq pour son concours dans les traductions du latin au français et M. Barbier-Forster pour ses recherches et relecture.
5 A. de Vögué, Jonas de Bobbio : vie de saint Colomban et de ses disciples, Bégrolles-en-Mauges, 1988, p. 125 (Vie monastique, n° 19) et Vita Columbani, éd. B. Krusch, I, 14, MGH, SRM, 4, Hanovre-Leipzig, 1902, p. 79. Voir également B. de Vregille, Hugues de Salins, archevêque de Besançon, 1031-1066, t. III, Lille, 1978, p. 193 et 199-204 et Y. Jeannin, J.-F. Reynaud, B. de Vregille, « Besançon » in : N. Gauthier, F. Prévot (éd.), Topographie chrétienne des cités de la Gaule des origines au milieu du viiie siècle, XV : Province ecclésiastique de Besançon (Maxima Sequanorum), Paris, p. 21-34 (en part. p. 32-33).
6 D’après le catalogue des évêques de Besançon. Publié dans F. I. Dunod de Charnage, Histoire de l’Église, ville et diocèse de Besançon, Besançon, 1750, t. I, p. 59 et 64.
7 L’indication du lieu de l’inhumation de Waldelenus, père de Donat, à Saint-Paul, repose sur le nécrologe de Saint-Paul et d’« aliis antiquis codicibus » (« d’autres anciens manuscrits ») (J. J. Chifflet, Vesontio, pars II, Lyon, 1618, p. 161).
8 Anciennement Ruffey-sur-L’Ognon.
9 « Visum fuit sibi denique honestum, ut infra urbis moenia construeret monasterium, ubi post obitum corpus tarderet humandum » (« Il lui sembla enfin honorable de construire un monastère à l’intérieur des murs de la ville pour y inhumer son corps après son décès »), B. de Vregille, « La Vita Columbani et la Vita Donati bisontines du xie siècle », in : Archivum Bobiense, Anno IV (décembre 1982), p. 89, l. 17-18. B. de Vregille, qui transcrit ici la Vita Donati, précise que ce passage sur la fondation de Saint-Paul ne se réfère pas à celui de Jonas, dont cette vita est en partie dépendante, mais « donne les détails connus à Besançon au xie siècle ». Sur ce passage, voir également : « Vie de saint Donat », in : Vie des saints de Franche-Comté par les professeurs du collège Saint-François-Xavier de Besançon, Besançon, Turbergue, 1854, t. I, p. 198-199.
10 « Aedificavit autem ecclesiam sancti Pauli, in qua etiam in Domino requiescit et Jussanum monasterium cum matre sua Flavia, quae ibi sepulta est » (« Mais il édifia l’église Saint-Paul, dans laquelle il repose même dans le Seigneur, et le monastère de Jussamoutier avec sa mère Flavia, qui y est enterrée ») ; Vita sancti Donati, J. J. Chifflet, op. cit., pars II, p. 150-153 ; P. van den Boesch, « De s. Donato episcopo Vesontionensi, in comitatu Burgundiæ », AASS, Aug. II, Anvers, 1735, col. 198, § 5 et Paris, BnF, lat. 10 500, sacramentaire de l’église de Besançon, xie s.
11 « Haec autem abbatia, tempore sancti Donati archipraesulis in eodem loco pausantis, monachorum obsequio famulantur domino », B. de Vregille, Hugues de Salins, archevêque de Besançon, Besançon, Cêtre, 1981, p. 100. Texte latin dans B. de Vregille, Hugues de Salins, op. cit., t. III, p. 62-67.
12 Cette notice de consécration des autels de l’église nouvellement reconstruite dédiée à Sainte-Marie, Saint-Paul et Saint-Antide nous est parvenue grâce à J. J. Chifflet qui l’a éditée dans son Vesontio (J. J. Chifflet, op. cit., pars I, p. 92-93). Voir également B. de Vregille, Hugues de Salins, op. cit., t. II, p. 773-774.
13 Bibl. mun. de Troyes, ms. 1248, fol. 14 v.-20 v. (fol. 20 v. pour le passage en question), légendier du début du xie s. selon B. de Vregille, Hugues de Salins, op. cit., p. 1216, ixe-xe s. selon le catalogue de la BM de Troyes.
14 « …ubi et jam alia sanctorum corpora requiescunt… ».
15 « On ne semble plus savoir lequel des archevêques avait procédé à cette translation qui peut être fort ancienne » avance B. de Vregille (Vregille, Hugues de Salins, op. cit, t. II, p. 1217, note 99). Toutefois, si la rédaction de la Passio sancti Antidii peut être considérée comme contemporaine de la translatio qu’elle évoque, cela semble accréditer la datation de cet événement à la fin du xe ou au début du xie s. En effet, B. de Vregille fait remarquer que sa prose rimée ne peut être plus ancienne que le xe s., mais qu’elle ne semble pas pour autant appartenir à la production hagiographique des clercs d’Hugues de Salins, qui faisaient preuve d’un art plus maîtrisé. Cf. B. de Vregille, Hugues de Salins, t. I, p. 527.
16 « …unitumque canonicis ibi Deo et matri ejus et beato apostolo sanctoque Antidio in eadem ecclesia requiescenti… », B. de Vregille, Hugues de Salins, op. cit., t. III, p. 64.
17 Ibid., p. 420 ; Dunod de Charnage, op. cit., t. I, p. 99. D’après ce dernier, les restes de saint Antide furent déposés le jour même de la translation dans un tombeau de pierre derrière l’autel majeur, du côté de l’Évangile (côté gauche, en faisant face à l’autel), avec l’inscription suivante : « Corpus Beati Antidii Egregii Martyris, a Ruffeio translatum & ibi positum, qui pro nobis oret ». Voir également J. J. Chifflet, op. cit., pars II, p. 92.
18 B. de Vregille, Hugues de Salins, op. cit, t. II, p. 775, BM Besançon, ms. 711, fol. 132 v.
19 « Edoem die procedendo post vesperas eundum est ad Sanctam Paulum, ubi requiescit corpus sancti Antidii, martiris et episcopi », Ordo canonicorum de la cathédrale Saint-Jean, in : Liber Capituli, Bibl. mun. de Besançon, Ms 711, fol. 203 v.-225, xiie s. Ce document, série d’ordines liturgiques, a été composé au xie s., sans doute dans la dernière partie de l’épiscopat d’Hugues de Salins. Voir M. Tramaux, « L’Ordo canonicorum de la cathédrale Saint-Jean de Besançon (BM Besançon, Ms 711) et la topographie religieuse urbaine au xie siècle », in : M. Čaušević-Bully, M.-L. Bassi (dir.), Projet collectif de recherche Vesontio Christiana : topographie chrétienne de Besançon (ive-xie siècle), Rapport de fouille programmée 2015, 1ere année 2015, p. 36-38.
20 « Anno MCCCLX XIII kal. Julii regnante S. papa Innocent 6 fuit relevatum corpus sancti Anthidii quondam archiepiscopi Bisunt. per Joannem de Vienna, archiepiscopum dicto loci, cum magna multitudine cleri et populi ex antiqua membrana. Quod notatur inscriptione ejusdem lapidis prope majus altare : Anno Milesimo centum ter sex una deno cum his jungendis julii ter quinque kalendis Anthidii fossa tolluntur dignius ossa ponantur capsa per quem sunt crimina cassa », BM Besançon, ms. Droz 38, p. 150.
21 AD25, 67 H 61.
22 AD25, 67 H 44. Au sujet de cette reconstruction, voir B. Gauzente, Les abbayes et les couvents de Besançon à la fin du Moyen Âge (1360-1500) : des établissements urbains entre crises et renaissance, Thèse d’histoire, université de Franche-Comté, 2009, p. 113 et suiv., et M. Laurent, L’ancienne église abbatiale Saint-Paul de Besançon : étude monumentale et d’archéologie du bâti, Master 2 Histoire-Histoire de l’art, 2016, université de Franche-Comté, vol. 1, p. 81 et suiv.
23 Les travaux d’EDF à l’emplacement de l’ancien chevet de Saint-Paul, réalisés en 1969 et 1971, n’ont été précédés que d’une surveillance de travaux en 1969 et d’une fouille de sauvetage en 1971 qui ne semble pas avoir donné lieu à un rapport. Voir Y. Jeannin, « Inscriptions comtoises du haut Moyen Âge », Bulletin de la SALSA de la Haute-Saône, nelle série, n° 24 (1992), p. 38-40.
24 « antiquus tumulus lapideus S. Antidii, qui circum episcopi decumbentis, in plano insculptum effigiem, sic inscriptus est : Corpus beati Antidii, egregii martyris, fuit a Ruffeio translatum et ibi positum. Qui pro nobis oret. Amen », J. J. Chifflet, op. cit., pars II, p. 124.
25 B. de Vregille, Hugues de Salins, op. cit., p. 253-254.
26 « qui hodieque cernitur in media navi S. Pauli, cum lapideo praesulis decumbentis simulachro », J. J. Chifflet, op. cit., pars II, p. 222-223. Autour de ce gisant était gravée une épitaphe, légèrement différente de celle d’origine, gravée en 1066. Cette dernière avait été relevée par un chanoine de Saint-Paul au xiie s. qui la transcrivit sur la feuille de garde d’un manuscrit de l’abbaye (Paris, BnF, NAL, 448, f. 161 r.).
27 « VI cal. Augusti obiit Hugo bone memoriae…apud nos sepultus in medio ecclesie », J. J. Chifflet, op. cit., pars II, p. 220.
28 B. de Vregille, Hugues de Salins…, op. cit., p. 419, et HdS, t. I, p. 336. Nous reviendrons plus en détail sur cette sépulture.
29 R. Tournier, « Les églises du viie et du xie siècle de l’ancienne abbaye Saint-Paul de Besançon », in : Congrès archéologique de France, CXVIIIe session, Franche-Comté, Paris, 1960, p. 32.
30 On ignore le plan du chœur de l’église mérovingienne. Les amorces de murs du chevet retrouvés lors des fouilles de L. Lerat pourraient permettre de lui restituer un chevet plat, à l’image de l’église mérovingienne Saint-Martin de Luxeuil, ou encore une abside semi-circulaire, comme l’a proposé J. Bujard (J. Bujard, « Les églises du haut Moyen Âge dans l’arc jurassien », Revue suisse d’art et d’archéologie, 59 (2002), p. 207-214). Cf. Les hypothèses de restitution proposées dans la fig. 3.
31 R. Tournier, « Les églises … », op. cit., p. 35.
32 La question des niveaux de sols dans l’église Saint-Paul, y compris ceux qui ont été observés lors des fouilles de L. Lerat, mériterait un réexamen minutieux. Sans certitude à cet égard, nombre d’observations ne peuvent que rester inabouties.
33 Voir infra.
34 R. Tournier, « L’ancienne abbatiale Saint-Paul de Besançon », Bulletin monumental, 112 (1954), p. 174-177.
35 T. Picod, Constructions et réparations des bâtiments de l’abbaye Saint-Paul de Besançon, de la fin du xive au début du xviie siècle, Mémoire de maîtrise, Univ. de Franche-Comté, 1998, p. 18, p. 106 et suiv. ; M. Laurent, L’ancienne église abbatiale Saint-Paul de Besançon, op. cit., 2016, vol. 1, p. 34-36 ; AD25, 67 H 44.
36 Un parallèle peut être établi entre le transfert des restes de l’abbé Walbert, autour de l’an Mil également, de la crypte externe de l’église Saint-Martin de Luxeuil vers une chapelle annexe, au nord de l’édifice. Voir S. Bully, A. Bully (coll.), « La crypte mérovingienne de l’église Saint-Martin de Luxeuil et la tombe de l’abbé Walbert », in : M. Goullet (dir.), Saint Walbert : le rayonnement du moine luxovien dans la royaume franc au viie siècle, Luxeuil, 2021, p. 68-78 (Cahiers colombaniens 2017).
37 Il est précisé, dans une collection de titres sur Saint-Paul recueillis par Droz, que la partie du chœur rehaussé était « inclusus et coarctatus sub turri campanaria » (BnF, Ms Moreau 868, fol. 183). Il s’agissait donc de la croisée du transept.
38 Le ms BM Besançon Droz 38, intitulé « Cartulaire de Saint-Paul » (p. 300-301), qui relate la découverte, précise cela dans des termes proches du manuscrit précédemment cité : « Anno 1667 in decembri chorus ecl. [sic] S. Pauli qui erat inclusus et coarctus sub turri campanaria et valde depressus in navium […] » (« En décembre 1667, le chœur de l’église Saint-Paul qui était inclus et enserré sous le clocher de la tour et très abaissé dans la nef… »). La reconstruction du vaisseau gothique avait en effet entraîné une importante différence de niveau entre celui-ci et le chœur. Les fouilles de L. Lerat permirent de retrouver le sol du chœur rehaussé au xviie s. Il était constitué d’un dallage de marbre polychrome.
39 « […] ante fores capellae Beatae M. Virginis sub humili mensa pede pastorali insignita absque ulla nota anni, aut insignibus [...] » (« devant les portes de la chapelle Notre Dame, une humble table gravée d’un bâton pastoral sans aucune note de l’année ou aucune inscription écrite »). Sur les différentes désignations de la crosse, voir S. Stékoffer, La crosse mérovingienne de saint Germain, premier abbé de Moutier-Grandval, Porrentruy, 1996, p. 16 (Cahier d’Archéologie jurassienne, 6).
40 « caput et ossa unius corporis, bene conservata », BnF, Ms Moreau 868, fol. 183.
41 Cf. G. Baudry, « Étude d’un fragment de crosse gothique provenant d’une sépulture du monastère de Saint-Pierre d’Osor (Croatie, xiiie-xve siècle) », Bulletin du Centre d’études médiévales d’Auxerre/BUCEMA, p. 7 § 11 [en ligne sur http://journals.openedition.org] et S. Stékoffer, op. cit.
42 J. Chifflet (1615-1676), Mémoires, T. I, p. 267. Voir aussi F. I. Dunod de Charnage, Histoire de l’Église, ville et diocèse de Besançon, Besançon, Daclin et Charmet, 1750, t. I, p. 64.
43 BM Besançon, ms. 793, « Histoire de l'abbaye de S. Paul de Besançon, par dom Grappin ».
44 « Sub primo gradu quo ascenditur ad praesbiterium sub eadem tumba jure suspicando esse aliquod sanctum corpus hac translatum » (« …ont été reposées dans la même pierre sous la première marche par laquelle on monte au presbyterium. Sous cette même tombe, on est en droit de soupçonner un corps saint qui a été transféré ici », BM Besançon, ms. Droz 38, p. 305.
45 Voir AD25, 67 H 8, Bref de Célestin III de 1193 au prieur de Saint-Paul au sujet du choix d’un chanoine pour la cure de Saint-Donat. Elle aurait été consacrée en 1185 ou 1186, date déduite du jour auquel est célébrée sa dédicace. Voir F. I. Dunod de Charnage, op. cit., t. I, p. 57.
46 Outre les églises Saint-Paul et Saint-Donat, le clos monastique renfermait en effet ce qui est considéré comme une salle capitulaire, mais qui aurait été à l’usage de chapelle particulière de l’abbé et qui, dans son état actuel, serait à dater du xiiie s. Pourrait-elle recouvrir une partie d’un autre édifice disparu ? Cette hypothèse de l’existence de trois églises est déjà suggérée dans un manuscrit de la collection Droz de la bibliothèque municipale de Besançon, dans lequel on lit : « Les corps des bâtiments de ces trois églises subsistent encore dans l’enceinte de l’abbaye de Saint-Paul. Il y a l’église abbatiale, le corps de l’église intérieure qu’on appeloit le Moutier, où on exposoit les chanoines défunts avant l’enterrement… d’où les chanoines retournaient processionnellement à l’église Saint-Paul… et qu’on a appelé l’ancien chapitre. Le corps de bâtiments subsiste encore, quoyque bien dévasté… et il sert actuellement de cuverie au chapitre. On y enterroit aussy. L’autel qui y étoit anciennement subsistoit encore. Enfin, le troisième corps de bâtiment étoit l’église de Saint-Donat, enclavée comme les deux autres dans l’enceinte de l’abbaye, interdite et sur le point d’être démolie » (BM Besançon, ms. Droz 38, fol. 101).
47 On peut établir une fois de plus un parallèle intéressant avec le cas du monastère de Luxeuil, que Donat a bien connu pour y avoir grandi. L’église funéraire du monastère, dédiée à saint Martin, avait abrité la sépulture de l’abbé Walbert, tandis que l’église abbatiale Saint-Pierre et Saint-Paul conservait celle de son prédécesseur Eustaise.
48 Cet aménagement n’avait bien entendu rien d’une crypte dans le sens où on l’entend habituellement. Il faut sans doute simplement comprendre qu’il s’agissait d’un dispositif dissimulé. Voir la relation de cette découverte dans les Res canoniae S. Pauli, BnF, Ms Moreau 698, p. 39-40.
49 « Anno 1670 altaris Donati in ejusdem sacello ad parietem admoto, sub pede altaris, seu muro quo sustentatur mensa altaris inventa est crypta duobus aut tribus modicis lapidibus clausa, longitudinis duorum pedum cum dimidio latitudinis fere duorum pedum, profunditatis trium, in quo erant ossa quatuor aut quinque corporum integra et bene conservata […] » (« En l’an 1670, l’autel de Donat dans son propre sanctuaire ayant été déplacé, contre la paroi, sous le pied de l’autel ou sous le mur qui soutient la table de l’autel, on a trouvé une crypte formée de deux ou trois petites pierres, d’une longueur de deux pieds et demi et d’une profondeur de trois, dans laquelle étaient les os de 4 ou 5 corps conservés entièrement et bien…», BM Besançon, ms. Droz 38, p. 20.
50 On trouve là différentes relations et opinions, sans qu’il soit possible de trancher en faveur de l’une ou de l’autre. F. I. Dunod de Charnage, op. cit., t. I, p. 57. Ce dernier auteur indique également qu’il ne s’agissait pas des reliques de consécration de l’autel, puisqu’on en retrouva d’autres dans ou sous l’autel.
51 « Hic jacent ossa quatuor aut quinque corporum anonimorum quae altari ad parietem admoto inventae sunt in cripta et in eadem reposita anno 1670 », BnF, ms. Moreau 698, p. 39-40 et BM Besançon, ms. Droz 38, p. 20.
52 B. de Vregille, Hugues de Salins…, op. cit., t. II, p. 1261.
53 Archives diocésaines de Besançon, série G, ancienne cote 4410.
54 Ibid.
55 Ibid.
56 Rappelons que le chœur de cette église a été démoli en 1908.
57 Outre le dessin levé en 1879, d’autres croquis et certaines descriptions contribuent à embrouiller un peu plus le tableau (notamment dans un dossier conservé au Musée des Beaux-Arts et d’Archéologie de Besançon) sans donner plus de clés de compréhension. Nous ne les détaillerons pas ici pour ne pas perdre le lecteur dans ce dossier déjà compliqué.
58 « Ossa humana in medio presbyterii ecclesiae sancti Pauli Vesontionensis die 3a septembris 1879 inventa et hic deposita quoadusque auctoritas suam de illis sententiam ferri opportunum ducat » (« Ossements humains découverts au milieu du presbyterium de l’église Saint-Paul de Besançon le 3 septembre 1879, et déposés ici jusqu’à ce que l’autorité ecclésiastique prenne une décision à leur sujet »).
59 Les recherches menées dans l’ancien palais épiscopal, devenu rectorat d’académie, n’ont rien donné non plus. Nous remercions M. Hugues Trudet, ingénieur régional de l’Équipement au rectorat de Besançon, et M. Julien Cosnuau, responsable des collections d'archéologie au Musée des Beaux-Arts et d’Archéologie de Besançon, pour leurs investigations.
60 Archives diocésaines de Besançon, série G - reliques, boîte 4.
61 Ibid.
62 Ech. Poz-133334, 895 AD (28.3 %) 924 AD ; 950 AD (39.9 %) 991 AD ; 885 AD (93.4 %) 996 AD ; 1006 AD (2.1 %) 1016 AD.
63 A. Bully, Approche historiographique de Saint-Lupicin et de son prieuré pour les périodes médiévale et moderne, Mémoire de maîtrise d’histoire du Moyen Âge, Univ. de Franche-Comté, 1997, p. 25-27 et XLIII à XLV.
64 S. Bully, M. Čaušević-Bully, A. Bully, « Coffrage de bois et coffrage de pierre du ve s. : la tombe présumée de saint Lupicin (Jura) », in : F. Carré, F. Henrion (dir.), Le bois dans l’architecture et l’aménagement de la tombe : quelles approches ? Actes de la table ronde d’Auxerre, 15-17 oct. 2009, Saint-Germain-en-Laye, AFAM, 2012, p. 117-122 (Mémoires de l’AFAM, 23).
65 Une fois encore, un rapprochement avec le cas des églises de Luxeuil est possible. La proximité des églises Saint-Paul et Saint-Donat n’est pas sans évoquer en effet la situation de l’abbatiale Saint-Pierre de Luxeuil et de l’église Notre-Dame, à vocation funéraire, au nord de l’abbatiale, qui succédait à un édifice de l’Antiquité tardive, mais qui n’est documentée dans les sources écrites qu’à partir du xie s. Cf. S. Bully, E. Marron, « ‘L’instant Colomban’ : conditions de fondation et premiers éléments de topographie des monastères d’Annegray et de Luxeuil », in : S. Bully, A. Dubreucq, A. Bully (dir.), Colomban et son influence : moines et monastères du Haut Moyen Âge en Europe, Rennes, Presses univ. de Rennes, 2018, p. 139-163, en part. p. 151-155.
66 Avec toutes les réserves de mise au sujet de la fidélité du plan-relief à la réalité.
67 La datation a donné un résultat entre 668 et 778. Cf. l’article d’A. Saggese et alii dans le présent volume.
68 Ibid.
69 C. Treffort, « Espace ecclésial et paysage mémoriel (ixe-xiiie s.) », in : A. Baud (dir.), Espace ecclésial et liturgie au Moyen Âge, Lyon, 2010, p. 241 (Travaux de la Maison de l'Orient et de la Méditerranée, 53).
70 Sur cette inscription, voir Y. Jeannin, op. cit., p. 38-40 et supra. Yves Jeannin indique que ce fragment portait des traces de mortier et qu’il avait dû, par conséquent, être remployé comme moellon. Mais ces traces de mortier pourraient également suggérer que ce fragment provenait d’un dispositif marquant l’emplacement de la sépulture.
71 Les dimensions données par R. Tournier sont un peu plus précises que celles annotées sur les plans et coupes de cet aménagement, dans les notes de fouille de L. Lerat. La différence n’est toutefois que de quelques centimètres. Voir R. Tournier, « Les églises … », op. cit., p. 32.
72 Notes de Francis Dusserre sur les fouilles de L. Lerat, SRA Besançon, documents non cotés.
73 L’association de l’autel et du tombeau d’un saint ou martyr était courante, que le tombeau soit ou non signalé par une inscription. Voir J. Michaud, « Culte des reliques et épigraphie : l’exemple des dédicaces et des consécrations d’autels », in : E. Bozoky, A.-M. Helvetius (éd.), Les reliques : objets, cultes, symboles, Turnhout, Brepols, 1999, p. 199-212, ici p. 208-209.
74 Nous remercions Pascale Chevalier, Christian Sapin et Sébastien Bully pour leurs suggestions au sujet de cet aménagement.
75 R. Tournier, « Les églises … », op. cit., p. 32.
76 B. de Vregille, Hugues de Salins…, op. cit., p. 419.
77 Une autre dalle au moins recouvrant une sépulture, d’abbé – nous le savons avec certitude –, présentait les mêmes caractéristiques que celle découverte en 1667. Il s’agissait de celle recouvrant la tombe de Robert de Baubigny, abbé de Saint-Paul dans le premier quart du xve s., décrite de la façon suivante dans le cartulaire de Saint-Paul reconstitué par Alexandre Bruand (Archives diocésaines de Besançon, 49 W 27, copie 1910) : « [...] sub humili tabula seu mensa pedopastoralis insignita et sur le mur avoisinant une pierre représentant un évêque couché [sic] avec l'inscription : Hic ante est tumba cernua abbati Roberto grata... ». Or, en 1696, Claude Fyot de La Marche (1630-1721) nous rapporte, dans son Histoire de l’église collégiale et abbatiale de Saint Estienne de Dijon (Dijon, chez Jean Ressayre, 1696), que Robert de Baubigny, ancien abbé de Saint-Étienne de Dijon, fut inhumé à Saint-Paul de Besançon, « au bas de l’église […] sous une petite tombe sur laquelle on grava ces deux mots ABBATI ROBERTO, et on incrusta dans la muraille, près de cette tombe, une pierre sur laquelle on voit encore la figure de cet abbé avec cette épitaphe Hic ante est tumba cernua abbati Roberto grata. Sic solent sepeleri regulares canonici. » (p. 170-171). Il semble donc, soit que la dalle décrite au xve s. ait été déplacée entre cette période et le xviie s., pour être placée au-dessus de l’urne découverte en 1667, soit qu’il s’agisse d’une autre pierre marquant la sépulture d’un abbé.
78 En particulier celles menées par la Direction du Patrimoine historique de Besançon à l’automne 2020 à l’emplacement de l’ancien cimetière, sous la direction d’A. Sagesse.
79 À Saint-Pierre avaient été inhumés les évêques Protadius (614) et Nicetius (fin vie-début viie s.), à Saint-Ferjeux les évêques Silvester et Anianus (fin vie s.).
80 L’ancienne église Saint-Paul a en effet été vendue en 2020 par la municipalité à un promoteur immobilier.
Haut de pageTable des illustrations
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Titre | Fig. 1 - Église Saint-Paul. État actuel, de la façade (Cl. Ville de Besançon). |
URL | http://journals.openedition.org/cem/docannexe/image/22827/img-1.jpg |
Fichier | image/jpeg, 1,5M |
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Titre | Fig. 2 - Église Saint-Paul. État actuel, vue générale depuis le sud (Cl. Ville de Besançon). |
URL | http://journals.openedition.org/cem/docannexe/image/22827/img-2.jpg |
Fichier | image/jpeg, 1,3M |
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Titre | Fig. 3 - Les églises de Besançon de l’Antiquité tardive et du Moyen Âge (T. Chenal et M. Čaušević-Bully del., d’après l’équipe du PCR Vesontio Christiana, UBFC / UMR Chrono-Environnement / DPH-Besançon / UMR ARTEHIS / fond de carte DPH Ville de Besançon). |
URL | http://journals.openedition.org/cem/docannexe/image/22827/img-3.jpg |
Fichier | image/jpeg, 2,6M |
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Titre | Fig. 4 - Bloc de calcaire portant l’inscription Antidius, conservé dans les réserves du Musée des beaux-arts et d’archéologie (Cl. A. Mougin). |
URL | http://journals.openedition.org/cem/docannexe/image/22827/img-4.jpg |
Fichier | image/jpeg, 604k |
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Titre | Fig. 5 - Plan des fouilles des années 1952-1956 dans l’église Saint-Paul et propositions de restitution de l’abside. Infographie A. Dumontet, UMR ARTEHIS, d’après Extrait des notes de F. Dusserre, fouille ‘Saint-Paul’ de L. Lerat, 1956. SRA, Besançon, cl. DPH Ville de Besançon’ et plan R. Tournier dans « Les églises du viie et du xie siècle de l’ancienne abbaye Saint-Paul de Besançon », CAF, CXVIIIe session Franche-Comté, 1960, SFA, p. 33). |
URL | http://journals.openedition.org/cem/docannexe/image/22827/img-5.jpg |
Fichier | image/jpeg, 776k |
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Titre | Fig. 6 - Église Saint-Paul. Dessin de la façade latérale et du clocher avant la démolition de l’étage supérieur en 1833 ; plan relevé en décembre 1908 au moment de la démolition du clocher ; coupe du clocher relevée en 1908, M. Boutterin. © Bibliothèque municipale de Besançon, Yb 62, 1908. |
URL | http://journals.openedition.org/cem/docannexe/image/22827/img-6.jpg |
Fichier | image/jpeg, 1,9M |
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Titre | Fig. 7 - Église Saint-Paul. Coupe transversale et détails, M. Boutterin (© Bibliothèque municipale de Besançon, Yb 63, 1908). |
URL | http://journals.openedition.org/cem/docannexe/image/22827/img-7.jpg |
Fichier | image/jpeg, 1,8M |
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Titre | Fig. 8 - Dessin aquarellé accompagnant la relation de la découverte de reliques dans une urne de pierre à Saint-Paul en 1879 (Archives diocésaines, série G, ancienne cote 4410, cl. A. Bully). |
URL | http://journals.openedition.org/cem/docannexe/image/22827/img-8.jpg |
Fichier | image/jpeg, 1,3M |
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Titre | Fig. 9 - Dessin aquarellé accompagnant la relation de la découverte de reliques dans une urne de pierre à Saint-Paul en 1879 (Archives diocésaines, série G, ancienne cote 4410, cl. A. Bully). |
URL | http://journals.openedition.org/cem/docannexe/image/22827/img-9.jpg |
Fichier | image/jpeg, 1,0M |
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Titre | Fig. 10 - Reliques provenant de l’urne de pierre découverte dans l’église Saint-Paul en 1667, redécouvertes en 1879 puis conservées à l’archevêché, état 2020 (Cl. M. Tramaux). |
URL | http://journals.openedition.org/cem/docannexe/image/22827/img-10.jpg |
Fichier | image/jpeg, 1,1M |
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Titre | Fig. 11 - Châsse actuelle de saint Antide, conservée à Saint-Maurice de Besançon (Cl. M. Tramaux). |
URL | http://journals.openedition.org/cem/docannexe/image/22827/img-11.jpg |
Fichier | image/jpeg, 1,3M |
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Titre | Fig. 12 - Diagramme des résultats de l’analyse C14 effectuée sur les reliques conservées à l’archevêché découvertes en 1667 et redécouvertes en 1879. |
URL | http://journals.openedition.org/cem/docannexe/image/22827/img-12.jpg |
Fichier | image/jpeg, 320k |
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Titre | Fig. 13 - L’église Saint-Paul bordée par la petite église Saint-Donat. Plan relief de Besançon, 1722 (Cl. Mémoire vive, Bibliothèque municipale de Besançon, Ph 2235-2237). |
URL | http://journals.openedition.org/cem/docannexe/image/22827/img-13.jpg |
Fichier | image/jpeg, 1,5M |
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Titre | Fig. 14 - Vue en plan et en coupe du « caveau à fenestella » retrouvé à l’occasion des fouilles conduites par Lucien Lerat à Saint-Paul (Extrait des notes de F. Dusserre, fouille ‘Saint-Paul’ de L. Lerat, 1956. SRA, Besançon, cl. DPH Ville de Besançon). |
URL | http://journals.openedition.org/cem/docannexe/image/22827/img-14.jpg |
Fichier | image/jpeg, 2,2M |
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Titre | Fig. 15 - Découverte du « caveau à fenestella ». Coupe stratigraphique (Extrait des notes de F. Dusserre, fouille ‘Saint-Paul’ de L. Lerat, 1956. SRA, Besançon, cl. DPH Ville de Besançon). |
URL | http://journals.openedition.org/cem/docannexe/image/22827/img-15.jpg |
Fichier | image/jpeg, 2,0M |
Pour citer cet article
Référence électronique
Aurélia Bully et Manuel Tramaux, « L’église Saint-Paul de Besançon : corps saints, reliques, transferts et aménagements », Bulletin du centre d’études médiévales d’Auxerre | BUCEMA [En ligne], Hors-série n° 15 | 2025, mis en ligne le 19 mars 2025, consulté le 25 avril 2025. URL : http://journals.openedition.org/cem/22827 ; DOI : https://doi.org/10.4000/13jxe
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