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Les réguliers et la norme

La fabrique de la norme à la Pierre-qui-vire : maturation spirituelle du fondateur et structuration bénédictine (années 1850-1870)

The making of the norm at La Pierre-qui-vire: spiritual maturation of the founder and Benedictine structuring (1850-1870)
Daniel-Odon Hurel
p. 59-72

Résumés

L’auteur met en lumière la dynamique de création et de normalisation au sein des communautés monastiques, en particulier à travers l'exemple de la Pierre-qui-Vire fondée par Jean-Baptiste Muard. Il souligne que toute nouvelle observance monastique implique des interactions complexes entre individus et institutions, souvent avec des motivations divergentes. Les fondateurs, animés par des aspirations spirituelles, doivent naviguer dans le cadre canonique établi par l'Église. Le texte présente plusieurs cas de renouvellement monastique, illustrant comment des figures comme Muard ont cherché à établir des constitutions qui reflètent leur vision tout en s'intégrant à la tradition bénédictine. Les tensions entre l'originalité du projet de Muard et les exigences normatives de l'Église sont mises en lumière, notamment à travers les différentes constitutions adoptées au fil des ans. En fin de compte, l'histoire de la Pierre-qui-Vire illustre les défis d'une identité monastique en quête d'équilibre entre innovation et tradition.

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Texte intégral

  • 1 À titre d’exemple, pour le monde bénédictin : Odon Hurel (dir.), Les Bénédictins. La Règle de saint (...)

1La fabrique de la norme est un passage obligé de toute création monastique quelle que soit la période considérée. Toute nouvelle observance monastique à l’intérieur d’un ordre préexistant, toute création ex nihilo met en scène plusieurs protagonistes ou agents, en général pendant de longues années : des individus et des institutions qui co-agissent. Les mobiles d’action des deux acteurs sont souvent différents. Quand les individus fondateurs sont animés de justifications intérieures et spirituelles qui sont souvent en marge ou dépassent les institutions préexistantes dont ils dépendent, ces mêmes institutions tentent d’apparaître comme des passages obligés incontournables sur le plan canonique pour officialiser ou admettre au sein de l’Église l’expérience monastique projetée. Parallèlement, d’autres individus entrent en jeu : les premiers membres de la communauté fondatrice, individus que l’on connait en règle générale assez mal, plutôt dans l’ombre du fondateur ou de la fondatrice mais qui peuvent émerger si ce dernier ou cette dernière décède assez rapidement, ou si des dissensions apparaissent pendant le processus d’élaboration du projet lui-même. L’histoire moderne et contemporaine du monde bénédictin ou cistercien offre de nombreux exemples de ces processus qui produisent de nombreux textes, dont on peut aussi tenter de dresser une typologie qui ne sera jamais véritablement exhaustive1.

2L’histoire monastique bénédictine moderne et contemporaine offre donc différents cas de figure dans lesquels se croisent autant d’itinéraires personnels et collectifs qui tous, pour exister, doivent finalement entrer dans le cadre de l’institution Église. On peut distinguer les cas suivants :

    • 2 Cf. Denyse Riche, L’Ordre de Cluny à la fin du Moyen Âge, Saint-Étienne, PUSE, 2000.

    Le renouvellement par une réforme intérieure d’un Ordre sous l’impulsion de l’abbé : c’est le cas, par exemple, de la réforme de Cluny par statuts, sous Jean de Bourbon à la fin du xve siècle2.

    • 3 Par exemple : Bertrand Marceau, Exercer l’autorité : l’abbé de Cîteaux et la direction de l’Ordre c (...)

    Le renouvellement par réforme intérieure d’un Ordre sous la pression d’un groupe de religieux réformés : les étroites observances de Cluny ou de Cîteaux au xviie siècle3.

    • 4 Voir en particulier Alban John Krailsheimer, Armand-Jean de Rancé, abbé de la Trappe 1626-1700, Par (...)
    • 5 Dans l’attente de la publication prochaine d’une synthèse sur l’abbé réformateur de Sept-Fons et co (...)
    • 6 Cf. Augustin Laffay, Dom Augustin de Lestrange et l’avenir du monachisme (1754-1827), Paris, Cerf, (...)

    La dynamique créatrice individuelle et localisée au sein d’un Ordre : l’abbé de Rancé (1626-1700) à La Trappe4 et Eustache de Beaufort (1636-1709) à Sept-Fons5, vers 1665-1700, Augustin de Lestrange (1754-1827) dans le cadre de la restauration des trappistes au début du xixe siècle6.

    • 7 Cf. Daniel-Odon Hurel (dir.), Être bénédictin sous l’ancien régime, la Congrégation de Saint-Maur ( (...)

    Les dynamiques individuelles mises en œuvre collectivement : ce sont le cas des congrégations de Chezal-Benoît au xve-xvie siècle, de Saint-Vanne et de Saint-Maur au xviie siècle7.

    • 8 Cf. Daniel-Odon Hurel (textes réunis par), Renovamini. Les bénédictines de Notre-Dame du Calvaire ((...)
    • 9 Cf. Daniel-Odon Hurel, Joël Le Tellier (textes réunis par), Desiderio desideravi. L’œuvre eucharist (...)
    • 10 Voir en particulier : Guy-Marie Oury, Dom Marie-Bernard Barnouin, restaurateur des Abbayes de Sénan (...)

    Les dynamiques créatrices individuelles : Antoinette d’Orléans (1572-1618) et les bénédictines du Calvaire8, Catherine de Bar (1614-1698) et les bénédictines du Saint-Sacrement9, Dom Guéranger (1805-1875) et la congrégation de France puis de Solesmes, Jean-Baptiste Muard (1809-1854) et la Pierre-qui-Vire, ou encore Marie-Bernard Barnouin (1815-1888) et la fondation de l’observance cistercienne de Sénanque-Lérins dans les années 1850-187010.

  • 11 La bibliographie concernant le Père Muard et la fondation de la Pierre-qui-Vire reste assez limitée (...)

3Ces différents cas de figure engendrent des textes très divers qui nourrissent à la fois le contenu spirituel et canonique des futures constitutions approuvées et témoignent des lectures, relectures, allers et retours avec l’autorité monastique et romaine…. Le cas de Jean-Baptiste Muard est à la fois révélateur et exceptionnel11. Révélateur car les différents textes qu’il rédige pour structurer sa fondation expriment une recherche personnelle et intérieure très forte autour de la définition même de son projet ecclésiologique et monastique. Assez exceptionnel aussi car décédant très jeune, ses successeurs vont chercher à la fois à respecter cet héritage spirituel et normatif en devenir et l’inscrire dans une pérennité institutionnelle grâce à un rapprochement définitif avec la famille bénédictine, dans une synthèse difficile, au prix parfois d’une forme de culpabilité par rapport au projet initial et, avec le temps, sous la forme de la définition d’un esprit d’origine qui doit malgré tout être conservé.

L’itinéraire fondateur de Jean-Baptiste Muard et des premières années de la Pierre-qui-vire

Quelques dates

  • 12 Sur le Père Muard, il existe quelques biographies : Louis Brullée, Vie du R. P. Muard, Sens, Imprim (...)
  • 13 Sur le successeur de J.-B. Muard : Henri Villetard, Dom Bernard Moreau, successeur du R. P. Muard, (...)
  • 14 Frère Denis Huerre, Enquêtes sur la Pierre-qui-Vire, 1974 (deuxième « édition » 1989), I, p. 90. Vo (...)

4Jean-Baptiste Muard naît en 180912. Prêtre diocésain (il est ordonné le 24 juin 1834) et d’origine rurale, le jeune abbé Muard est très préoccupé par la situation religieuse des campagnes. D’abord curé des paroisses de Joux-la-Ville puis de Saint-Martin d’Avallon, il multiplie les prédications aux alentours tout en menant une vie d’une grande austérité. Il envisage aussi un temps les missions lointaines, rencontre le supérieur des Missions étrangères et est en lien avec les maristes au début des années 1840. Cette double préoccupation, ascétique et pastorale, le conduit à créer, en 1843, la Société de prêtres missionnaires de Pontigny, aussi appelés les Pères de Saint-Edme, grâce au rachat de l’ancienne abbaye cistercienne par l’archevêque de Sens. En 1850, il fonde l’abbaye de la Pierre-qui-Vire, à la suite d’un voyage initiatique en terre bénédictine et cistercienne, en Italie (Subiaco en particulier) et à Aiguebelle, entre 1847 et 1849. Il décède le 19 juin 1854. Le 27 février 1855, sont approuvées, par l’archevêque de Sens (Mellon Jolly, 1795-1872), les constitutions, après l’élection du supérieur et la mise en place des officiers du nouveau monastère, après conseils pris auprès de l’abbé d’Aiguebelle. Le 25 août 1858, la demande d’union à la réforme italienne de Subiaco est formulée. Le 14 janvier 1859, l’abbaye de la Pierre-qui-Vire est unie à la Province de Subiaco de la congrégation bénédictine cassinaise. Le 9 février 1859, le successeur du Père Muard, le P. Bernard Moreau13, alors à Gênes, accepte le décret d’union. En conséquence, le 27 février 1859 : les P. Moreau, Louis Petitjean et Eugène Ménétrier émettent leur profession solennelle dans les mains de l’abbé du Sacro Speco dans la grotte de saint Benoît14.

5Mais cette première étape n’achève pas l’intégration à la famille bénédictine. La période du 28 février au 11 mars 1859 est celle de la rédaction d’une supplique pour la régularisation de la situation des moines de la Pierre-qui-Vire depuis 1850, c’est-à-dire la demande de reconnaissance canonique du noviciat, l’admission des novices actuels sans avoir à refaire un noviciat et la possibilité de prononcer des vœux solennels pour les autres. Le pape Pie IX répond favorablement à ces demandes.

6Le 5 août 1867 est « publié » le décret d’approbation de la Congrégation cassinaise de la Primitive Observance, qui sépare cette réforme de la congrégation cassinaise. Les années qui suivent sont celles de la construction progressive de la Province française et, parallèlement, celle de la future Congrégation dont la province française aura pour chef de file, en quelque sorte, la Pierre-qui-Vire. Il y a donc des liens étroits entre les difficultés internes à la congrégation cassinaise et le développement de la Pierre-qui-Vire. Les conséquences normatives sont réelles avec la publication de nouvelles constitutions. Le 25 septembre 1872, la dignité abbatiale est accordée au supérieur de la Pierre-qui-Vire.

Les textes en présence

7Plusieurs textes marquent les étapes de la transformation du projet monastique. Ils sont de nature très diverse et complémentaire. Certains d’entre eux semblent fixer un cadre tandis que d’autres témoignent ou sont le fruit des évolutions qui structurent l’ensemble naissant.

Les Constitutions de 1855

  • 15 Ibid., p. 9.
  • 16 Ibid., p 14.

8Ces premières constitutions de la Pierre-qui-Vire sont composées en 1848 et 1849, par le Père Muard, pendant ses séjours à Subiaco et à Aiguebelle. Le texte sera publié en 1855 après la mort du fondateur, sous le titre « Constitutions des bénédictins du Sacré-Cœur. »15 Ces constitutions dans leur état manuscrit, ne furent découvertes qu’après le décès du fondateur. Elles sont donc le fuit d’un travail personnel et d’une expérience. Le Père Muard n’en n’avait transmis à ses premiers disciples qu’un « Abrégé succinct. » À la demande de Rome, les constitutions sont imprimées en avril 1856.16 Un des moines et disciples de Jean-Baptiste Muard dira un peu plus tard, un peu aigri, sans doute suite aux évolutions du projet initial, que ces constitutions furent reléguées à l’enfer de la bibliothèque. Il est vrai que l’on n’en entend plus parler dès lors que s’affirme le rapprochement avec les bénédictins italiens.

  • 17 Sur cette réforme : Daniel Tibi, Die Verfassung der Benediktinerkongregatio von Subiaco und Monteca (...)

9Textes divers : il s’agit d’un certain nombre de requêtes, de suppliques et de propositions. Des textes qui témoignent à la fois des discussions stratégiques avec le Saint-Siège et avec les supérieurs bénédictins, dom de Fazy, abbé de Subiaco qui a accueilli l’abbé Muard lors de son séjour en Italie, et dom Pietro Casaretto (1810-1878). Bénédictin de la congrégation cassinaise, dom Casaretto fonde en 1842 le monastère de Pegli (Gênes) avec une perspective de réforme monastique fondée sur un retour aux principes de la Règle de saint Benoît. Sa réforme est reconnue par la congrégation cassinaise puis, en 1846 reçoit l’approbation de la Congrégation pour les Évêques et les Réguliers. En 1851, le pape Pie IX érige cette réforme en Province : la Province Sublacense, partie prenante de la congrégation Cassinaise. Les textes émanant de la jeune communauté de la Pierre-qui-Vire s’inscrivent donc dans ce contexte bénédictin italien complexe et dans les négociations qui se jouent autour des observances, comme reflet d’une unité et d’une conformité. Ils se succèdent de mois en mois entre 1855 et 1859, date de l’union à la Province de Subiaco. Ils sont aussi contemporains de la construction normative et institutionnelle de la réforme de dom Pietro Casaretto17.

  • 18 Frère Denis Huerre, Enquêtes…, op. cit., I, p. 105-106.

10Le Manuale monastico per provincia Sublacense : un texte rédigé en 1843, utilisé par le Père Casaretto pour la restauration de la vie monastique dans sa réforme et qui devient, de fait, le texte qui sera désormais utilisé par les moines de la Pierre-qui-Vire à partir de 1859. Il est traduit alors en français18.

  • 19 Ibid., p. 106-108.

11Une série de demandes sous forme de questions – réponses : il s’agit d’un texte manuscrit du 14 avril 1859, rédigé par le Père Bernard Moreau à l’intention de dom Casaretto. Ce sont des demandes d’éclaircissement et de précisions. Il est conservé aux archives de l’abbaye de la Pierre-qui-Vire19.

  • 20 Ibid., p. 110-115.

12Les Ordonnances des chapitres provinciaux de Subiaco, ou, plus exactement pour le premier d’entre eux, réuni à Termonde, la « diète de la province transalpine de Subiaco » (5 octobre 1859)20. La question des ordonnances ou décrets des chapitres locaux et généraux est complexe. Sans aucun doute, certaines décisions constituent des moments clefs d’une histoire de la communauté, ou perçus comme tels. Pour d’autres décisions, il s’agit de points d’adaptation ou de détails. Il faut sans doute différencier selon leur nature normative ou non, ces différents textes.

  • 21 Un manuscrit de ces constitutions est conservée à l’abbaye de la Pierre-qui-Vire.
  • 22 Frère Denis Huerre, Enquêtes…, op. cit., I, p. 135-140 ; Daniel Tibi, Die Verfassung..., op. cit., (...)
  • 23 Costituzioni dei Monachi Benedettini Cassinesi della Primitiva Osservanza, Rome, 1872.

13Les Constitutions de 1867-1872 : ces constitutions, approuvées par décret pontifical le 5 août 1867, sont essentielles pour l’abbaye de la Pierre-qui-Vire puisqu’elles érigent la Province de Subiaco en « congrégation cassinèse [sic] de la primitive observance », une congrégation faisant partie de la congrégation cassinaise mais sans en « dépendre. »21 Cependant, cinq années plus tard, le 19 mars 1872, un décret pontifical, à la demande de dom Casaretto, séparait totalement la nouvelle congrégation de l’ancienne congrégation cassinaise22. À ces constitutions23, il faut ajouter des « déclarations », c’est-à-dire des règles communes inspirées du Manuale monastico, en attendant la publication d’un texte officiel. Durant toute cette période, le rôle de dom Bernard Moreau, successeur du Père Muard, s’affirme, non sans tensions avec le Père Casaretto.

  • 24 Regula S. Benedicti Abbatis Monachorum Patriarchae cum Declarationibus et Constitutionibus Patrum C (...)
  • 25 Giovanni Lunardi, La congrégation de Subiaco, osb, Les ateliers de la Pierre-qui-Vire, 2008, II, p. (...)

14Les Constitutions de 188024. Elles sont le fruit de négociations qui commencèrent bien avant la mort de Casaretto en 1878, alors que la congrégation reste particulièrement précaire, en particulier en Italie. Une commission cardinalice et une commission monastique se mettent au travail dès 1877 pour proposer un nouveau schéma de constitutions dont le résultat fut en septembre 1879 la rédaction d’une note intitulée Animadversiones in schemate Constitutionum Congregationis Cassinensis primaevae observantiae osb : renforcement de l’autonomie des maisons avec en particulier le rétablissement de la stabilité pour le monastère et l’abbatiat à vie, renforcement du rôle du chapitre provincial. Le décret pontifical d’approbation fut donné le 18 décembre 188025.

L’après Muard : l’intégration normative à la famille bénédictine

  • 26 Frère Denis Huerre, Enquêtes…, op. cit., I, p. 11.

15L’émergence institutionnelle et normative de la Pierre-qui-Vire laisse entrevoir un certain nombre de tensions individuelles et collectives avec les ordres et congrégations existantes26, tant du côté des cisterciens de la réforme de Sénanque (Léger-Marie Barnouin) que des bénédictins (Dom Guéranger et Solesmes), au témoignage de dom de Fazy, abbé de Subiaco qui conseille au successeur du père Muard, le Père Bernard Moreau, de faire connaître à Rome, au Saint-Siège l’œuvre naissante et la vie du fondateur. Celui-ci fait le nécessaire et la supplique, datée du 3 novembre 1855, constitue un cadre officiel qui identifie en quelque sorte la fondation naissante :

  • Érection de la « Congrégation des bénédictins du sacré-Cœur de Jésus et du Cœur Immaculée de Marie ». Il s’agit dans un premier temps de demander l’érection d’une nouvelle congrégation bénédictine indépendante.

  • Approbation des constitutions de Marie-Jean-Baptiste du Cœur de Jésus (celles rédigées par le Père Muard). Ce sont les constitutions rédigées par J.-B. Muard avant sa mort.

  • Vœux solennels comme dans toute famille bénédictine contemporaine.

  • Bréviaire romain plus le cérémonial cistercien suivi à la Trappe. La liturgie s’inscrit dans la formation initiale du Père Muard à Aiguebelle, à la différence de dom Guéranger qui s’inscrit dans la tradition bénédictine de Saint-Maur.

  • Faire mémoire du Sacré-Cœur de Jésus et du Cœur Immaculé de Marie. Il s’agit de la dévotion par excellence du P. Muard, reprise ici par ses successeurs ; une dévotion cependant très développée en milieu monastique bénédictin (Solesmes) comme cistercien (Sénanque-Lérins).

  • Faire mémoire des frères absents, selon la tradition dans l’Ordre de Saint Benoît. Il s’agit en effet d’une tradition liturgique ancienne bénédictine qui clôt les petits offices de la journée par un verset à destination des frères absents.

  • Lecture avant complies : une lecture en général au chapitre qui précède l’office de complies au Chœur.

  • Élévation hiérarchique (avec octave) des offices du Sacré-Cœur et de celui du Cœur Immaculée de Marie, ce qui constitue une adaptation liturgique des deux priorités dévotionnelles demandées.

  • Saint Maur et saint Placide, office double : ce sont les fêtes des deux disciples de saint Benoît.

  • Indulgence pour les missionnaires : une demande qui institutionnalise en quelque sorte la dimension missionnaire de la nouvelle fondation, dans l’esprit développé par le Père Muard.

  • Le pouvoir d’indulgencier les chapelets, objets de dévotion, scapulaires… : ces objets et instruments de dévotion, ainsi bénis, permettent par les pratiques liées, d’obtenir des indulgences.

  • 27 Ibid., p. 17.

16L’examen des constitutions par Rome durant l’année 1856 aboutit à un refus de Pie IX, le 27 février 1857, à la suite du rapport de la commission ad hoc, en raison de l’importance des austérités prévues, même si le pape respectait leur existence27. Cette décision est adressée par le procureur de Subiaco à Rome au Père Bernard Moreau, dans une lettre du 14 juillet 1857. Ce dernier décide de se rendre à Rome pour obtenir et donner des explications, en octobre 1857. De son côté, le Père de Fazy, très attaché à l’origine et aux premiers développements de la Pierre-qui-Vire, proposait une autre stratégie : dans un premier temps, se développer dans le cadre canonique de la reconnaissance épiscopale et la limitation aux vœux simples, et faire disparaître le plus de difficultés possibles dans le cadre des austérités alimentaires, comme la suppression du vin, de l’huile, du sucre et du miel.

  • 28 Ibid, p. 24..

17De façon plus radicale, à Rome, les interlocuteurs du Père Moreau lui conseillent d’abandonner les constitutions du Père Muard pour viser l’intégration à l’ordre de Saint-Benoît sans avoir à solliciter l’approbation de la création d’une congrégation spécifique.28 En quelques semaines, entre le 15 novembre 1857 et le 5 décembre 1857, le Père Moreau demande son intégration à la réforme de dom Casaretto. Il s’ensuit un long processus qui conduit à la construction normative évoquée plus haut et qui se nourrit de ce qui fait bien souvent une part importante du normatif monastique : le régime de gouvernance, les observances et le mode de vie.

Le normatif comme expression d’une identité spirituelle

18La question des constitutions et donc de la définition normative de la Pierre-qui-Vire est emblématique de cette construction spirituelle qui se traduit par des caractères propres constitués en particulier par les relectures spécifiques de la Règle. La rupture de 1857, liée au blocage de Rome et des grandes institutions bénédictines sans doute en partie face au danger de voir une nouvelle forme de relecture de la Règle et de la tradition qui puisse leur échapper, a fondé durablement, au moins jusque dans les années 1950 et le début de l’abbatiat du Père Denis Huerre certaines incompréhensions autour du caractère « bénédictin » ou non de la Pierre-qui-Vire que l’on allait comparer volontiers à Solesmes. En quelque sorte, l’intégration à la famille bénédictine du projet développé par Jean-Baptiste Muard se fait au prix de l’abandon de certains aspects non négligeables de l’originalité même du même projet.

  • 29 Ibid., p. 33.

19Et pourtant, le Père Muard est un relecteur assidu de la Règle et de la tradition monastique, en particulier auprès des Trappistes d’Aiguebelle et plus encore du Sacro Speco de Subiaco en 1848-1849 et de son abbé dom de Fazy, ce même abbé qui soutient en tant que visiteur la réforme lancée par Casaretto à Gênes29, installée en 1851 au monastère Sainte-Scolastique de Subiaco. Dom de Fazy est un admirateur du Père Muard et de son œuvre.

  • 30 Ibid., p. 42.
  • 31 Ibid., p. 46.

20Cette tension autour de la transformation d’une œuvre « double », presbytérale et missionnaire d’une part, monastique et apostolique d’autre part, en l’émergence d’une province d’une congrégation bénédictine italienne en cours de réforme, est très visible dans cette évolution. Ainsi, en mars 1858, l’ancien co-fondateur des prêtres de Pontigny, devenu vicaire archiépiscopal de Sens, l’abbé Bravard, rappelle au successeur du Père Muard à la Pierre-qui-Vire, le Père Bernard Moreau, ce qu’il considère comme la volonté originelle du Père Muard : des prêtres auxiliaires, soumis à l’ordinaire avec des vœux simples mais avec une vie communautaire dont l’exemplarité s’incarne aussi dans une extrême austérité, simplicité, abnégation et pénitence.30 En étant bénédictins et donc libérés de la juridiction de l’ordinaire, les disciples de Jean-Baptiste Muard se retrouveraient déconnectés en quelque sorte de la vie diocésaine. La Pierre-qui-Vire deviendrait alors une abbaye comme les autres avec ses honneurs et ses privilèges31. Bref, ce serait la fin et le détournement de l’œuvre du Père Muard.

  • 32 Ibid., p. 61.

21Dans les textes normatifs bénédictins, la première place revient à la Règle. C’est ce que dit dom Casaretto au Père Bernard en novembre 1857 : mais la Règle dans une lecture donnée : ici celle du Sacro Speco « et rien de plus ». La réponse du Père Bernard Moreau est très claire : « la sainte Règle dans toute son exactitude ».32 C’est-à-dire, selon les moines français : le maigre perpétuel, le travail des mains et le silence absolu. Dans les négociations de 1858, c’est la crainte, côté français, de renoncer à telle ou telle spécificité d’observance prévue par Jean-Baptiste Muard.

  • 33 Ibid., p. 70.
  • 34 Ibid., p. 73-74.

22La dimension canonique et normative permet aussi de garantir l’esprit propre ou le « caractère propre » de la fondation en cours d’affiliation à la famille bénédictine33 : « si on voyait des bénédictins acquérir de grandes possessions ou manger de la viande, leur ministère serait par le fait frappé de stérilité. » Sous la plume de dom Moreau, on retrouve l’empreinte du Père Muard. La supplique à Pie IX de début avril 1858 est parfaitement claire. Elle demande à la fois la reconnaissance de la Pierre-qui-Vire et son rattachement à la Province de Subiaco mais avec quelques éléments qui structurent ce caractère propre, éléments qui se traduisent immanquablement par des normes spécifiques34 :

  • La reconnaissance du ministère apostolique, avec la permission de l’ordinaire, et en intégrant une pratique exacte de la Règle.

  • Une réfection biquotidienne même en carême.

  • Que l’abbé mange au réfectoire avec les moines

  • Le vœu de stabilité pour la congrégation entière.

  • Le noviciat à la Pierre-qui-Vire pour la France

  • Le nom de l’Institut : Sacré cœur de Jésus Christ et du Cœur Immaculé de Marie.

  • Une croix rouge cousue sur la coule (dimension pénitentielle en particulier efficace sur le plan pastoral dans la prédication aux peuples).

  • 35 Ibid., p. 78.

23Cette proposition essuie, dans un premier temps, le refus de dom Casaretto. En juillet 1858, une nouvelle synthèse normative en treize points est accueillie favorablement : travail manuel, vie commune parfaite, silence perpétuel dans le monastère, clôture rigoureuse dans le monastère, vêtement grossier, coucher vêtu dans un lit dur, abstinence de chair, office du jour et de la nuit divisé en heures, abstinence de vin pour ceux qui le peuvent, sans dommage pour la santé, prédications apostoliques et missions étrangères et diocésaines, tonsure comme chez les anciens bénédictins, pauvreté parfaite, refus de tout legs quand le monastère serait suffisamment pourvu35. En août 1858, dom Casaretto se rend à la Pierre-qui-Vire et reçoit la demande officielle des moines de l’abbaye d’être unis à la Province de Subiaco. Casaretto confirme que les moines ont déjà adopté certaines observances italiennes du Sacro Speco : le même habit, un peu de vin, une paillasse et non une planche pour dormir, une austérité de la nourriture un peu adoucie, un peu plus de sommeil avant les matines.

24En décembre 1858, dom Moreau retourne à Rome et en Italie : c’est alors la nécessité de s’approprier une norme par l’expérience avec la volonté de séjourner au Sacro Speco pour pouvoir s’imprégner des pratiques spécifiques et de « prendre des notes sur beaucoup de choses. » Le Père Bernard souhaite obtenir l’observance du Sacro Speco, plus austère, et non de l’abbaye Sainte Scholastique, mais il n’obtient pas gain de cause. C’est ainsi que toujours en Italie, quelques semaines après l’union à la Province de Subiaco, un nouveau document surgit, une série de questions précises au sujet des observances, questions auxquelles répond de nouveau Casaretto. Ces questions touchent l’essentiel de ce qui fait des « constitutions » :

  • 17 questions relatives au supérieur d’un monastère.

  • 16 relatives au gouvernement du monastère au for externe.

  • 6 sur la réception et l’envoi de lettres par les religieux.

  • 7 sur la réception des postulants et des novices.

  • 6 sur les vœux liés à l’union avec la Province de Subiaco.

  • 5 sur le rang des religieux.

  • 13 sur la clôture.

25C’est aussi de cette première expérience fondatrice dans l’union à la Province de Subiaco que sont publiées les 14 ordonnances de la première diète de la province transalpine de Subiaco (octobre 1859). L’examen rapide de cette liste de décisions frappe par une forme d’obsession de l’uniformité de vie dans les monastères concernés :

  • Recherche de l’uniformisation du cadre matériel de vie (mobilier, installations, ornements sacrés, images sacrées, vestiaire, tissus et coupes des tuniques, coules et scapulaires, tonsures, chapeaux à la française avec un modèle de chaque objet dans chaque monastère).

  • Capuchons et tonsure comme à la Pierre-qui-Vire.

  • Abstinence de viande et de vin pour les novices sauf contrindication médicale.

  • Uniformité des repas.

  • Impression dès que possible des ouvrages suivants : règles communes, manuel monastique, cérémonial monastique, chant monastique, matricule tous les trois ans. Nous avons ici une indication précieuse qui permet de définir le corpus documentaire de base qui est destiné à structurer l’ensemble de l’institution mais qui signale aussi le fait que même manuscrits, ces documents n’en demeurent pas moins des éléments structurants, que l’impression va confirmer.

  • Exercices spirituels donnés par un des moines ou sinon par un régulier.

  • Un noviciat en France destiné à recevoir les novices français, anglais, allemands et belges (plus un ou deux monastères consacrés aux études de philosophie et de théologie). Pour les études, les mêmes auteurs et cours seront utilisés pour tous les moines et, pour la théologie morale, on utilisera saint Alphonse de Liguori.

  • Un moine chargé des convers.

  • La possibilité de développer des alumnats destinés à accueillir des jeunes garçons entre 11 et 16 ans. C’est important car il y aura par la suite, en particulier au retour de l’exil dans les années 1920, des écoles à proximité de certains monastères de la province de la Pierre-qui-Vire.

  • Certificat de santé physique et psychique avant d’entrer.

  • Travail manuel obligatoire.

  • Contribution de tous les monastères au fonctionnement du noviciat provincial.

  • Premiers mois du noviciat consacrés à l’étude de la Règle, des cérémonies été des constitutions monastiques.

  • Prudence et encadrement des prêtres séculiers postulants.

  • 2 ans de noviciat puis vœux simples et vœux solennels huit années plus tard. Les novices font profession pour toute la province mais dans un monastère désigné par les supérieurs.

  • Pour les constructions dans les fondations : sobriété néogothique ou byzantine.

  • Missions intérieures mais non étrangères pour les moines de la Pierre-qui-Vire.

26Bien des années plus tard, dans la discussion autour des nouvelles constitutions, vers 1877, dom Bernard Moreau reprend un certain nombre de points qui renforcent le lien avec la Règle : élection de l’abbé et choix du Prieur par l’abbé, liens hiérarchiques entre les monastères de la province et l’abbé général, admission des frères convers aux vœux solennels, stabilité pour le monastère… 

  • 36 Ibid., p. 159.

27La construction normative d’une famille régulière est une affaire particulièrement complexe à analyser et à reconstituer. Il faut tenter de cerner les acteurs successifs, leurs faits et gestes officiels et parfois en marge, reconstituer les réseaux d’influence et leurs évolutions. Cette construction normative n’est pas pure relecture intellectuelle et spirituelle d’une tradition pluriséculaire, en particulier dans le cas de la Pierre-qui-Vire. Elle se nourrit de contradictions, de luttes d’influences, d’intérêts divergents qui doivent néanmoins aboutir à un consensus destiné à construire une institution cohérente, tendant à une sorte d’uniformisation extérieure et intérieure qui renvoie directement à cette synthèse. Elle s’étale sur de longues années, ici une vingtaine d’années, avec des acteurs qui peuvent changer. Ce n’est pas tout, le contexte politique est essentiel. Il peut être interne au monde monastique mais il est aussi celui de la politique de l’Église et du Saint-Siège. Ce dernier ne se contente pas d’émettre des décrets d’approbation de nouvelles congrégations et de nouveaux textes. Il intervient aussi officiellement et officieusement. Ce contexte, c’est enfin celui de l’impact des évènements politiques et à ce titre, les années 1860-1872 sont particulièrement complexe en Italie et en Europe. L’histoire normative de la Pierre-qui-Vire s’inscrit donc plus largement dans l’histoire normative des monastères bénédictins italiens confrontés à une crise des observances au xixe siècle. Le chemin pris par les héritiers du Père Muard sera guidé par un unique souci régulièrement rappelé, s’en tenir à la Règle bénédictine et y revenir constamment, au-delà des polémiques touchant la structure dans son ensemble : « quand on réforme un ordre, il n’y a qu’à reprendre la sainte Règle, vouloir faire autrement c’est se tromper. » (Dom Moreau, 187736).

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Notes

1 À titre d’exemple, pour le monde bénédictin : Odon Hurel (dir.), Les Bénédictins. La Règle de saint Benoît, Paris, Bouquins, 2020.

2 Cf. Denyse Riche, L’Ordre de Cluny à la fin du Moyen Âge, Saint-Étienne, PUSE, 2000.

3 Par exemple : Bertrand Marceau, Exercer l’autorité : l’abbé de Cîteaux et la direction de l’Ordre cistercien en Europe (1584-1651), Paris, Honoré Champion, 2018 ; Daniel- Odon Hurel, Denyse Riche, Cluny, de l’abbaye à l’ordre clunisien, xe-xviiie siècle, Paris, Armand Colin, 2010, p. 166-281.

4 Voir en particulier Alban John Krailsheimer, Armand-Jean de Rancé, abbé de la Trappe 1626-1700, Paris, Cerf, 2000.

5 Dans l’attente de la publication prochaine d’une synthèse sur l’abbé réformateur de Sept-Fons et contemporain de Rancé : Bernard Martelet, « Dom Eustache de Beaufort et la réforme de Sept-Fons », dans Cîteaux, XIV, 1963/4, p. 280-292.

6 Cf. Augustin Laffay, Dom Augustin de Lestrange et l’avenir du monachisme (1754-1827), Paris, Cerf, 1998.

7 Cf. Daniel-Odon Hurel (dir.), Être bénédictin sous l’ancien régime, la Congrégation de Saint-Maur (1618-1790), Turnhout, Brepols, 2024 (BRHE 114).

8 Cf. Daniel-Odon Hurel (textes réunis par), Renovamini. Les bénédictines de Notre-Dame du Calvaire (xviie-xxe siècles), Limoges, PULIM, 2021.

9 Cf. Daniel-Odon Hurel, Joël Le Tellier (textes réunis par), Desiderio desideravi. L’œuvre eucharistique de Catherine Mectilde de Bar, 1614-1698, Paris, Parole et Silence, 2022.

10 Voir en particulier : Guy-Marie Oury, Dom Marie-Bernard Barnouin, restaurateur des Abbayes de Sénanque et de Lérins, Tours, 1983 et, plus ancien : François-Xavier Redon, Le révérendissime dom Marie-Bernard fondateur et premier vicaire général des Cisterciens de l’Immaculée-Conception, dits de Sénanque, abbé de Lérins, Lérins, Imprimerie de l’abbaye, 1964 (d’après la BNF, la deuxième édition date de 1907, je n’ai pas trouvé celle de la première).

11 La bibliographie concernant le Père Muard et la fondation de la Pierre-qui-Vire reste assez limitée, dans l’attente d’une synthèse en préparation. Citons : Frère Denis Huerre, Jean-Baptiste Muard, fondateur de la Pierre-qui-Vire, La Pierre-qui-Vire, les Presses monastiques, 1978 (première édition 1950).

12 Sur le Père Muard, il existe quelques biographies : Louis Brullée, Vie du R. P. Muard, Sens, Imprimerie Duchemin, 1863, 576 p. ; Gaëtan Bernoville, Un moine apôtre : le Père Muard - fondateur des Bénédictins de La Pierre-Qui-Vire, Colmar, Éditions Alsatia, 1942, 224 p. ; Denis Huerre, Jean-Baptiste Muard, fondateur de la Pierre-qui-Vire, préface d’Étienne Gilson, Abbaye de la Pierre-qui-Vire, 1950, 407 p. Plusieurs études sur la pensée du Père Muard sont en cours. Ses œuvres, essentiellement manuscrites, sont conservées dans les archives de l’abbaye de la Pierre-qui-Vire.

13 Sur le successeur de J.-B. Muard : Henri Villetard, Dom Bernard Moreau, successeur du R. P. Muard, premier Abbé et Visiteur de la Province Française des Bénédictins de la Congrégation Cassinaise de la Primitive Observance, 1816-1881, Auxerre, 1943.

14 Frère Denis Huerre, Enquêtes sur la Pierre-qui-Vire, 1974 (deuxième « édition » 1989), I, p. 90. Voir aussi « Dossier : les 150 ans de la Pierre-qui-Vire », dans Collectanea cisterciensia, 63 (2001).

15 Ibid., p. 9.

16 Ibid., p 14.

17 Sur cette réforme : Daniel Tibi, Die Verfassung der Benediktinerkongregatio von Subiaco und Montecassino. Ein historiker Überblick von der Gründung bis in die Gegenwart, EOS – Editions Sankt Ottilien, 2021, p. 48-62 ; Giovanni Lunardi, La congregatione sublacense, OSB, Noci, la Scala, 2003, 2 vol. (traduction française, La Pierre-qui-Vire, 2008) ; Id., « The Missionary Spirit of Abbot Pietro Casaretto and the Etablishment of the Missionary College of Sant’Ambrogio”, in Missionary monks. A study and source book, Sankt Ottilien, EOS, 2016, p. 119-138 ; Mark Hargreaves, Pietro Casaretto and the Beginnings of the Subiaco Congregation OSB, Gloucester, Pinknash Abbey, 2002 ; Paolo Carosi, “La Provincia Sublacense (1851-1867)”, dans Studia monastica, 14/2, 1972, p. 405-409. Plus largement, l’ensemble du fascicule 2 du numéro 14 des Studia monastica est consacré à la Congrégation de Subiaco.

18 Frère Denis Huerre, Enquêtes…, op. cit., I, p. 105-106.

19 Ibid., p. 106-108.

20 Ibid., p. 110-115.

21 Un manuscrit de ces constitutions est conservée à l’abbaye de la Pierre-qui-Vire.

22 Frère Denis Huerre, Enquêtes…, op. cit., I, p. 135-140 ; Daniel Tibi, Die Verfassung..., op. cit., p. 63-76..

23 Costituzioni dei Monachi Benedettini Cassinesi della Primitiva Osservanza, Rome, 1872.

24 Regula S. Benedicti Abbatis Monachorum Patriarchae cum Declarationibus et Constitutionibus Patrum Congregationis Casinensis a Primaeva Observantia, Rome, Propaganda Fide, 1880.

25 Giovanni Lunardi, La congrégation de Subiaco, osb, Les ateliers de la Pierre-qui-Vire, 2008, II, p. 9-29.

26 Frère Denis Huerre, Enquêtes…, op. cit., I, p. 11.

27 Ibid., p. 17.

28 Ibid, p. 24..

29 Ibid., p. 33.

30 Ibid., p. 42.

31 Ibid., p. 46.

32 Ibid., p. 61.

33 Ibid., p. 70.

34 Ibid., p. 73-74.

35 Ibid., p. 78.

36 Ibid., p. 159.

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Pour citer cet article

Référence papier

Daniel-Odon Hurel, « La fabrique de la norme à la Pierre-qui-vire : maturation spirituelle du fondateur et structuration bénédictine (années 1850-1870) »Chrétiens et sociétés, 31 | -1, 59-72.

Référence électronique

Daniel-Odon Hurel, « La fabrique de la norme à la Pierre-qui-vire : maturation spirituelle du fondateur et structuration bénédictine (années 1850-1870) »Chrétiens et sociétés [En ligne], 31 | 2024, mis en ligne le 07 avril 2025, consulté le 07 juillet 2025. URL : http://journals.openedition.org/chretienssocietes/11186 ; DOI : https://doi.org/10.4000/13v2r

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Auteur

Daniel-Odon Hurel

CNRS, UMR 8584 LEM

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