1La septième année était traditionnellement considérée comme l’âge de raison, cette septième livraison de notre bulletin, certes un peu tardive, montre qu’il a atteint l’âge de la responsabilité en revenant à de plus sages proportions au regard des moyens limités et du dévouement inépuisable sur lesquels repose sa confection. C’est donc avec le plus grand plaisir que j’ouvre ce numéro en saluant le travail remarquable effectué par Mlle Christine Chadier, secrétaire et documentaliste de l’Institut d’Histoire du Christianisme, qui assume avec constance une part importante de cette charge.

2Les articles que nous avons rassemblés, s’ordonnent autour de deux grands axes. D’une part, l’iconographie et l’histoire d’art. Olivier Christin montre comment l’illustration du Décalogue prend place dans la controverse religieuse au XVI^e siècle et se trouve intégrée au puissant processus de confessionnalisation et de disciplinarisation qui a progressivement modelé les sociétés européennes. Hélène Guéné - dont l’élection à Lyon II nous a profondément réjoui - analyse l’évolution d’une association artistique, l’Arche, née au lendemain de la Grande Guerre, et qui se proposait, au moins à ses débuts, de contribuer par l’art à un rétablissement de l’Ordre, c’est à dire en matière esthétique, à bannir le subjectivisme et à promouvoir un art « vrai, simple et didactique ».

3D’autre part, les rapports entre religion et politique qui constituent depuis longtemps l’un des centres d’intérêts majeurs du Centre André Latreille aussi bien que de l’Institut d’Histoire du Christianisme. Sabine Rousseau suit l’engagement militant de chrétiens contre les guerres d’Indochine et du Vietnam. Ce cheminement a pu conduire dans deux directions complémentaires : d’une part une orientation religieuse qui amène à une contestation au sein même des Églises et participe de la naissance de la théologie de la libération, d’autre part une intégration de ces militants au sein des combats politiques de la gauche française. Enfin, le rapport entre religion et politique peut également s’enraciner dans un lieu hautement symbolique, comme l’explique Dominique Trimbur à propos de la basilique Sainte-Anne, présence française autant que chrétienne à Jérusalem, à travers son histoire séculaire de 1856 à 1952.

4Si les Mélanges attestent d’eux-mêmes de la constance et de la richesse des activités de nos deux centres et de leurs chercheurs, il convient de faire une mention toute particulière des deux Journées libanaises qui se sont déroulées les 22 et 23 mars dernier. Organisées par Bernard Delpal, elles témoignent au mieux de l’esprit dans lequel nous avons jusqu’ici travaillé et que nous entendons maintenir malgré toutes les vicissitudes et parfois l’adversité : un esprit d’ouverture, d’accueil et de fraternité humaine qui est, à mon sens, indispensable à toute démarche en histoire religieuse.