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1Cette livraison du Bulletin annuel Chrétiens et sociétés XVIe-XXe siècle illustre une fois encore la fécondité des liens noués entre le Centre André Latreille (Université Lumière - Lyon 2) et l’Institut d’Histoire du Christianisme (Université Jean Moulin – Lyon 3), et à travers eux avec de nombreux chercheurs en France et à l’étranger. Rappelons cependant que nos centres sont également associés aux spécialistes du christianisme ancien qui publient à Lyon la collection « Sources chrétiennes ». L’union réalisée entre nos équipes au sein de l’Upres A CNRS 5035, sous l’appellation « Textes et histoire du christianisme « aurait pu demeurer une opération purement administrative. Grâce aux efforts de tous, elle s’est peu à peu traduite dans des échanges réguliers, des interventions réciproques au sein des D.E.A., des collaborations à l’occasion de colloques. C’est donc sans hésitation que nous avons demandé en juin 1998 le renouvellement de notre Upres A, désormais UMR, pour quatre années.

21997-1998 a été marquée par la nomination de Jean-Dominique Durand, directeur de l’Institut d’Histoire du Christianisme, au poste de conseiller culturel à l’Ambassade de France près le Saint-Siège et directeur du Centre d’Etudes Saint-Louis de France à Rome. Ce départ, pour un poste prestigieux, ne pouvait néanmoins manquer d’affecter tous ceux qui ont apprécié à Lyon la compétence, le dynamisme et l’efficacité de notre collègue et ami. Mais cet éloignement relatif, et la charge représentée par ses nouvelles responsabilités, ne l’ont pas empêché de continuer à collaborer étroitement avec nos centres. Mieux, ses nouvelles fonctions nous ont permis de renforcer nos liens avec Rome et l’Italie, et avec quelques-uns de ceux que leurs chemins mènent au centre de la catholicité. Ces contacts internationaux ont déjà débouché sur des collaborations et divers projets de colloques. Autre bonne nouvelle pour l’année écoulée, la bibliothèque de la Compagnie de Jésus installée à Chantilly est en cours de transfert à la Bibliothèque municipale de Lyon. Plus de 400 000 volumes seront ainsi accessibles à partir de mars 1999. Cela constituera pour nous un atout supplémentaire et un défi à relever, puisque nous devrons démontrer notre capacité à susciter les vocations capables d’exploiter les richesses de ce fonds.

3Nous entrons à nouveau dans une période de restructurations en ce qui concerne l’organisation de la recherche. Nous ne savons pas encore quelles en seront les conséquences pour nous et notre D.E.A. d’Histoire religieuse. Mais nous abordons cette étape avec la volonté de cohésion et de concertation qui a constitué jusqu’ici un atout précieux.

4De notre activité multiforme, le n° 5 du bulletin ne peut donner qu’une image incomplète. Il manifeste notre volonté de ne jamais séparer la qualité de la recherche, la formation des jeunes historiens et la diffusion du savoir. Les articles réunis ont pour fil directeur l’étude des rapports mouvants entretenus par le catholicisme avec les sociétés modernes. La contribution d’Emiel Lamberts, qui prolonge une intervention pour le séminaire de D.E.A., analyse la réponse donnée par la Belgique à la revendication d’un État déconfessionalisé dans un pays majoritairement catholique. Nul doute que le modèle belge de la « pilarisation », et sa mise en cause récente, est de nature à stimuler nos propres analyses sur le modèle français de laïcité. Avec la contribution de Henri Hours consacrée aux Cercles d’ouvriers catholiques, insensiblement transformés en cercles paroissiaux, nous découvrons un cas particulier, mais à bien des égards emblématique, de négociation du catholicisme avec la nouvelle société urbaine. Nul n’était mieux placé que l’archiviste de l’Archevêché pour nous amener à regarder avec plus grande attention un aspect finalement mal connu du catholicisme, lyonnais ou non, et ainsi nous inciter à étudier la vie paroissiale et ses réseaux d’œuvres. La prise en compte progressive du cinéma par la revue les Etudes est une autre manière d’observer une réponse catholique à la modernité, ici dans l’affrontement à une innovation culturelle majeure. L’étude met en évidence la prégnance du modèle intransigeant et le rôle des individus pour apprivoiser, puis reconnaître l‘autonomie d’un mode d’expression d’abord suspect parce que né en dehors de la société chrétienne. Une quatrième contribution nous transporte à la Réunion, en cette année où nous commémorons le cent-cinquantième anniversaire de l’abolition de l’esclavage. C’est pourtant des Petits-blancs qu’il s’agit, des blancs libres mais prolétarisés qui ont investi les montagnes de l’île. Cependant à travers le retournement de leur situation au sein du catholicisme, puisqu’ils passent d’une marginalité tolérée à une exemplarité célébrée par le clergé au lendemain de l’abolition, c’est encore de réponses inédites apportées par le catholicisme à une transformation sociale majeure qu’il est question.

5L’abondance des Mélanges témoigne de la consistance des activités évoquées plus haut et de notre souci de préparer l’avenir. On trouvera le bilan des quatre colloques organisés et l’annonce de ceux auxquels nous collaborons (Frédéric Ozanam, racines lyonnaises et rayonnement européen, 4-5 décembre 1998) ou dont nous sommes maîtres d’œuvre (colloque Secrétaires d’Etat à Rome en décembre 1999). S’y ajoute notre participation régulière aux activités du Centre d’archives et de documentation des Oeuvres Pontificales Missionnaires, occasion de rappeler notre intérêt pour l’étude de la diffusion et de l’acculturation du christianisme outre-mer, et plus récemment pour les rapports avec l’islam. Occasion aussi de faire connaître l’importance des fonds hérités de l’Oeuvre de la Propagation de la foi et désormais regroupés à Lyon.

6Une telle énumération pourrait faire craindre une ambition excessive. Mais les publications individuelles et les collaborations à des ouvrages collectifs prouvent que nous ne nous contentons pas de parler. De même, les listes de maîtrises, D.E.A. et thèses soutenus, listes auxquelles il faudrait ajouter les thèses en préparation, montrent que cette activité multiforme porte ses fruits. Elle justifie d’aborder l’avenir avec un optimisme tempéré par les incertitudes en matière de débouchés. Nous constatons en effet l’engagement d’un nombre croissant de jeunes chercheurs dans l’histoire religieuse, avec des questionnements qui ne manqueront pas d’élargir et renouveler nos propres approches. Le programme du séminaire de D.E.A. vient enfin illustrer et concrétiser ces orientations. Il constitue aussi une manière de vous inviter à participer à nos travaux, autour du thème : Religions et cultures.

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Pour citer cet article

Référence papier

Claude Prudhomme, « Avant-propos »Chrétiens et sociétés, 5 | 1998, 1-3.

Référence électronique

Claude Prudhomme, « Avant-propos »Chrétiens et sociétés [En ligne], 5 | 1998, mis en ligne le 01 avril 2017, consulté le 25 mai 2025. URL : http://journals.openedition.org/chretienssocietes/7112 ; DOI : https://doi.org/10.4000/chretienssocietes.7112

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Auteur

Claude Prudhomme

Directeur du Centre André Latreille - Université Lumière-Lyon 2

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