« Ozanam, de Lyon aux missions lointaines »
L’engagement du fondateur des Conférences de Saint‑Vincent de Paul au service des missions étrangères n’est certainement pas l’aspect le plus connu de sa carrière. Le Centre de documentation et d’archives missionnaires s’est proposé de combler cette lacune en organisant, entre le 28 octobre et le 14 novembre 1997, une exposition sur les relations d’Ozanam avec l’Oeuvre lyonnaise de la Propagation de la Foi.
Une première salle campait le décor en montrant le « Lyon d’Ozanam ». Aux gravures et photographies anciennes représentant la ville répondait une galerie de portraits, dont bien sûr celui de Pauline Jaricot. Une seconde salle regroupait les documents essentiels. L’engagement politique d’Ozanam était abordé, avec notamment le fac‑similé de sa déclaration aux électeurs du Rhône le 15 avril 1848, texte présentant la République comme une réalisation de l’idéal évangélique. Quatre lettres inédites d’Ozanam [trois seulement le sont réellement] datées de décembre 1843 à juin 1851, étaient présentées. On y découvre la volonté de compléter l’oeuvre apologétique de Chateaubriand, mais aussi le désir de diffuser le plus largement possible l’information sur les missions extérieures.
Cet intérêt pour le « grand large » n’est pas fortuit. Entre 1838 et 1846, Frédéric Ozanam est successivement rédacteur, puis simple collaborateur, des Annales de la Propagation de la Foi, revue missionnaire en plein essor, traduite dans des langues toujours plus nombreuses. Il propose durant cette période pas moins de quinze articles, touchant à des sujets aussi divers que les missions d’Amérique, la géographie sacrée de l’Inde ou encore le bouddhisme. ll dresse en 1840, puis à nouveau en 1843, de véritables états de l’expansion du catholicisme dans le monde. Transposées en cartes, ces données ne sont pas dénuées d’intérêt. Deux planisphères superposés permettent par exemple de visualiser les avancées de l’Église catholique entre 1822 et 1842, c’est‑à‑dire avant la grande époque de la pénétration en Afrique.
Cette exposition, dans la limite des moyens matériels et de l’espace utilisés, a eu le mérite de souligner, au moment où Frédéric Ozanam se trouvait placé sous les feux de l’actualité, le lien unissant au début du XlXe siècle le renouveau de la pensée catholique avec le réveil missionnaire. Elle est enfin une nouvelle manifestation, après divers colloques, études et expositions, du rôle de « capitale des missions » assumé à l’époque par la ville de Lyon.