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Dossier bibliographique
Recensions

Christian Grosse, Michèle Robert, Nicole Staremberg, Amélie Isoz, Salomon Rizzo, avec la collaboration de Stefano R. Torres, Les registres des consistoires des Églises réformées de Suisse romande (xvie-xviiie siècles). Un inventaire, Genève, Droz, 2021, 372 p., ISBN : 9782600062855

Baptiste Werly
p. 236-238
Référence(s) :

Christian Grosse, Michèle Robert, Nicole Staremberg, Amélie Isoz, Salomon Rizzo, avec la collaboration de Stefano R. Torres, Les registres des consistoires des Églises réformées de Suisse romande (xvie-xviiie siècles). Un inventaire, Genève, Droz, 2021, 372 p., ISBN : 9782600062855

Texte intégral

1Qu’on ne s’y trompe pas, Les registres des consistoires des églises réformées de Suisse romande (xvie-xviiie siècles). Un inventaire, est, à vrai dire, bien plus qu’un simple « inventaire » des registres des consistoires des cantons de Vaud, de Neuchâtel, de Genève, du Jura bernois et du canton de Fribourg à l’époque moderne ; si, par ce terme, nous entendons l’enchaînement systématique et organisé de données, sans explicitation intelligible de leur contenu. En effet, cet ouvrage, ou plutôt, devrions-nous dire, cet « instrument de travail », car c’est ainsi que Christian Grosse nous invite – amateurs, étudiants et, bien sûr, spécialistes du champ – à considérer ce livre, dépasse le stade de la liste pour permettre, grâce à un appareil critique considérable, de restituer et de contextualiser l’ensemble des enjeux de production, de conservation, d’interprétation et de valorisation de ces sources consistoriales romandes sur un temps long.

2Ce travail d’ampleur, tout à fait inédit, n’aurait pu voir le jour sans l’étroite collaboration de C. Grosse, de Michèle Robert, de Nicole Staremberg, dirigeant à eux trois la recherche, d’Amélie Isoz, de Salomon Rizzo et de Stefano R. Torres ; sans compter le soutien de l’ensemble des membres des diverses archives cantonales.

3On doit à Rizzo d’avoir identifié et décrit l’ensemble des registres et documents genevois, neuchâtelois et fribourgeois, ainsi qu’un tiers du corpus vaudois et de la quasi-totalité des sources de l’ancien Évêché de Bâle. Isoz, pour sa part, a identifié deux tiers des documents vaudois, de concert avec Grosse, ce dernier ayant complété l’enquête en se rendant dans les communes vaudoises conservant des documents consistoriaux ; il a aussi poussé ses recherches dans des paroisses du canton de Vaud, du Jura bernois et du canton de Fribourg (Morat). Tout travail d’équipe signifiant d’abord une bonne répartition des tâches, Staremberg s’est alors attelée à la rédaction de l’introduction et de la bibliographie de la partie dédiée au canton de Vaud ; Robert en a fait de même pour celui de Neuchâtel ; Grosse pour Genève, ainsi que pour les sources fribourgeoises et du Jura bernois.

4Sans les précieuses introductions générales aux registres, données en début de chaque partie (qui représentent presque 20% de l’ouvrage et plus de 30% en ajoutant l’introduction générale), cet « outil de travail » serait fort abscons pour le lecteur-chercheur, a fortiori pour celui découvrant pour la première fois ces sources. On ne peut que saluer les auteurs d’avoir non seulement mobilisé un ensemble considérable de sources et de les avoir mises à disposition, mais aussi d’en faire l’historique détaillé (naissance et affirmation de la Réforme dans les cantons ; mise en place des institutions consistoriales ; constitution et genèse des registres, etc.), le tout accompagné d’une riche bibliographie (par canton, hormis pour les cas du Jura bernois et de Fribourg, la raison étant simple : tout reste à écrire !). Ainsi, il n’y a pas moins de 25 pages introductives pour les registres des consistoires du canton de Vaud ; 6 pour les registres de ceux de Neuchâtel ; 17 pour ceux de Genève. Enfin, les introductions aux registres des consistoires du Jura bernois et du canton de Fribourg comportent, respectivement, 12 et 4 pages, une chance lorsque l’on sait que pour les sources consistoriales de Morat aucune étude sérieuse n’existe, comme le rappelle Robert.

5Un point important maintenant. Pour ce qui est de Genève, l’ouvrage va à l’essentiel en épargnant aux lecteurs une longue introduction à l’histoire de la Réforme genevoise, du Consistoire de la République et de ses registres : ce travail admirable existe déjà dans les introductions des volumes des Registres du Consistoire de Genève au temps de Calvin et Grosse a bien compris qu’il était inutile de faire doublon. On ne peut qu’apprécier le choix de ce dernier de restreindre l’introduction aux registres du Consistoire de Genève à quelques généralités pour l’époque de Calvin et à ouvrir son introduction sur des thématiques bien plus étrangères au lecteur-chercheur contemporain, comme « la transformation du consistoire en un instance d’administration et de gouvernement de l’Église (1792-1842) » (passage riche et qu’on ne saurait esquiver pour entrer dans les registres genevois de la fin d’Ancien Régime, période moins traitée par la recherche sur la discipline ecclésiastique).

6Pour ce qui relève de la manière de constituer les notices de l’inventaire, la méthode adoptée est celle utilisée par Raymond Mentzer pour ses travaux sur les registres français. Trois sections apparaissent : la 1ère donne la cote de chaque volume ou recueil de pièces ; son titre et les dates limites du fonds ; d’éventuelles lacunes chronologiques ; s’il existe une version transcrite ou publiée du registre (information capitale, évitant tout un travail paléographique chronophage !). La 2ème section correspond à la description minutieuse de la matérialité de la source. Pour finir, la 3ème section joue le rôle de complément d’informations et synthétise le contenu du registre.

7Avec cet ouvrage, les auteurs ont ouvert la voie à l’étude de sources consistoriales peu connues. En cela, cet ouvrage fera date et alimentera les futurs projets de recherche sur la discipline ecclésiastique en Suisse romande ; l’essentiel pour l’avenir étant qu’il soit utilisé de manière pédagogique pour aider les universitaires, désireux de travailler sur ce sujet, à trouver des sources originales et stimulantes.

8Pour conclure, un tel instrument de travail invite les chercheurs à diversifier leurs champs d’investigation, à complexifier leurs lectures et interprétations de la discipline ecclésiastique à l’époque moderne. Certes, il y aura toujours besoin de nouveaux travaux sur la discipline ecclésiastique… à Genève au temps de Calvin ; mais, cet outil appelle la communauté scientifique à étudier d’autres sources consistoriales : à quand une monographie sur le consistoire de Morat ?

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Pour citer cet article

Référence papier

Baptiste Werly, « Christian Grosse, Michèle Robert, Nicole Staremberg, Amélie Isoz, Salomon Rizzo, avec la collaboration de Stefano R. Torres, Les registres des consistoires des Églises réformées de Suisse romande (xvie-xviiie siècles). Un inventaire, Genève, Droz, 2021, 372 p., ISBN : 9782600062855 »Chrétiens et sociétés, 29 | 2022, 236-238.

Référence électronique

Baptiste Werly, « Christian Grosse, Michèle Robert, Nicole Staremberg, Amélie Isoz, Salomon Rizzo, avec la collaboration de Stefano R. Torres, Les registres des consistoires des Églises réformées de Suisse romande (xvie-xviiie siècles). Un inventaire, Genève, Droz, 2021, 372 p., ISBN : 9782600062855 »Chrétiens et sociétés [En ligne], 29 | 2022, mis en ligne le 17 mai 2023, consulté le 29 mai 2023. URL : http://journals.openedition.org/chretienssocietes/9964 ; DOI : https://doi.org/10.4000/chretienssocietes.9964

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Auteur

Baptiste Werly

Université de Genève

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Droits d’auteur

CC-BY-NC-SA-4.0

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