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LIVRES LUS

Chloé Maurel, Les Grands discours à l’ONU, de Harry Truman à Greta Thunberg

Vulaines-sur-Seine, Éditions du croquant, 2024, 338 p. , 20 €.
Thierry Pastorello
Référence(s) :

Chloé Maurel, Les Grands discours à l’ONU, de Harry Truman à Greta Thunberg, Vulaines-sur-Seine, Éditions du croquant, 2024, 338 p. , 20 €.

Texte intégral

1L’historienne des relations internationales Chloé Maurel propose dans cet ouvrage, préfacé par Pascal Ory, 48 discours prononcés à l’ONU.

2À sa création en 1945, l’ONU affirmait sa volonté de promouvoir la paix, après l’échec de la Société des nations1 devant les agressions hitlériennes.

3Dans son discours prononcé le 10 septembre 1960, Patrice Lumumba (1925-1961)2 s’insurge à juste titre des ingérences du secrétaire général de l’ONU, Dag Hammarskjöld (1905-1961), contre la souveraineté de son pays. Lumumba fut assassiné et en 2000, le sociologue belge Ludo De Witte accuse la Belgique, ancienne puissance colonisatrice, d’avoir dirigé cette opération3. L’intervention d’Indira Ghandi (1917-1984), le 14 octobre 1968, insiste sur le besoin d’une coopération mondiale pour conduire au développement. Elle pointe la confrontation dommageable des intérêts nationaux à la coopération mondiale et prend comme exemples le conflit vietnamien et la situation de l’Afrique du Sud, alors sous l’apartheid. Elle souligne la spécificité des nations en voie de développement dans leur processus de recherche d’une voie réaliste, pondérée et humaniste. Salvador Allende (1908-1973) défend l’indépendance nationale et le choix politique de son pays lors des élections du 4 septembre 1970, contre les manœuvres des États-Unis d’Amérique. Il dénonce l’action de la multinationale américaine International Telephone and Telegraph (ITT) en vue de déstabiliser le Chili et le coût en matière sociale de cette domination économique. Le 4 octobre 1984, Thomas Sankara (1949-1987)4, jeune dirigeant de la révolution burkinabé, dénonce le néocolonialisme et met en regard certains secteurs ultra-privilégiés des sociétés occidentales face aux millions d’autres qui, en Afrique, souffrent de malnutrition et font face à des situations sanitaires alarmantes. Cet espoir sera lui aussi étouffé le 15 octobre 1987.

4Le 7 décembre 1988, dans le cadre de la détente Est-Ouest, Mikhaïl Gorbatchev (1931-2022) se prononce pour la démocratisation, la désidéologisation et un nouveau modèle de sécurité sur le plan mondial. Nous savons que ces perspectives ont été vites déçues. Le 3 octobre 1994, Nelson Mandela, dirigeant d’une nouvelle Afrique du Sud, fête la victoire contre l’apartheid, après 27 années passées en détention. Il dénonce la manière dont l’ONU, née de la victoire contre l’hitlérisme, se déconsidérait en tolérant un tel régime et prône une Afrique du Sud pour tous, contre toute discrimination raciale. Un discours largement en devenir dans notre monde. Dominique De Villepin, ministre français des Affaires étrangères, donne un exemple de clairvoyance et d’honnêteté le 14 février 2003. Les États-Unis se sont engagés en Afghanistan à la suite du 11 septembre 2001 et entendent désormais intervenir en Irak. Le ministre français souligne le risque de fracture entre les cultures que ce conflit ferait courir et s’inscrit en faux contre le récit du choc des civilisations5. Le 25 septembre 2007, Angela Merkel, chancelière allemande, aborde les urgences climatiques et la situation du Moyen-Orient, et place au centre l’action de l’ONU, garante du droit international. Elle pointe les responsabilités communes, tout en prenant en compte le problème du développement des pays émergents. À propos du nucléaire iranien, elle rappelle l’urgence de cette question pour la stabilité du Moyen-Orient et la sécurité de l’État hébreu.

5Tous ces discours prononcés à l’ONU démontrent à la fois l’importance de l’institution comme garante d’un ordre juste et illustrent les principes humanistes qui devraient l’animer. Cet ouvrage constitue un précieux outil pour celui qui veut comprendre les enjeux mondiaux depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Bien souvent, ces discours restèrent des vœux pieux, mais ils n’en demeurent pas moins passionnants à redécouvrir.

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Pour citer cet article

Référence électronique

Thierry Pastorello, « Chloé Maurel, Les Grands discours à l’ONU, de Harry Truman à Greta Thunberg »Cahiers d’histoire. Revue d’histoire critique [En ligne], 162 | 2025, mis en ligne le 11 mai 2025, consulté le 24 juin 2025. URL : http://journals.openedition.org/chrhc/25349 ; DOI : https://doi.org/10.4000/13wo0

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Auteur

Thierry Pastorello

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