Résumés
Je reviendrai dans cet article sur mes vingt années de travail de terrain dans le Nord-Ouest argentin en tant qu’ethnographe-photographe. Je décrirai comment la pratique photographique a facilité mon intégration dans différents milieux d’enquête. Elle a permis de m’y inscrire sur le long terme par le don de ces images qui sont devenues, au fil du temps et des retours, les témoins de différentes époques. Je montrerai comment elles ont pu me servir dans leur fonction illustrative pour compléter mes écrits, mais aussi la façon dont elles ont été des outils d’investigation en soi. Ces photographies sont également révélatrices du regard de l’ethnographe-photographe sur le terrain. Je reviendrai ainsi sur mon itinéraire et mon immersion au sein des réalités explorées. Cependant le fil rouge de cet article sera surtout de décrire les relations que ces images ont permises, entretenues et développées avec mes hôtes au fur et à mesure de mes retours dans ces villages au long de mes vingt années de travail de terrain.
In this article, I will reflect on my twenty years of fieldwork in North-Western Argentina as an ethnographer-photographer. I will describe how my practice as a photographer facilitated my integration in different environments I wanted to research. It allowed me to get involved on a long-term basis by means of these images which, over time and thanks to the feedback I received, became witnesses to different eras. I will show how I was able to use the images as a way to illustrate my written texts, but also as a tool in my investigations themselves. These photographs are also revealing in relation to the viewpoint of the ethnographer-photographer in the field. I will also retrace my itinerary and my immersion within the real-life situations I explored. Nonetheless, the core focus of the article will be to describe the relations with my hosts which, thanks to these images, I was able to develop and maintain over the course of my repeated visits to these villages throughout the course of my twenty years of fieldwork.
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Plan
Introduction
Les différents statuts de l’ethnographe et du photographe
La haute montagne : un univers difficile d’accès aux étrangers
L’ethnographe-touriste-photographe à Amaicha
L’ethnographe-photographe : une ressource politique en milieu militant
Des images comme support d’analyse
La photographie : un certain regard sur le réel
Du général à l’intime
L’entrée progressive de l’ethnographe-photographe dans la mémoire familiale de ses hôtes
Conclusion : l’ethnographe-photographe, témoin d’une époque
Aperçu du début du texte
Introduction
Cette photographie (Figure 1) est celle que j’ai décidé de mettre en ouverture de ma thèse en 2006. Voici le commentaire que j’en avait fait pour introduire mon travail et mon terrain dont il sera aussi question dans cet article :
La photo de couverture a été prise au mois d’avril 2002 lors d’une fête pascale à Quilmes. Ce village est situé à 2 000 mètres d’altitude, dans les vallées calchaquies du Nord-Ouest argentin. Sur la gauche, un petit garçon est assis sur une pierre. Il porte un jean et une casquette mise à l’envers, comme il est à la mode de la porter dans les milieux jeunes urbains. Il regarde le spectacle que donnent les gauchos. Ces hommes sont experts en matière de dressage équestre et bovin, et en arrière-plan à droite, l’un d’eux salue l’assemblée avec son chapeau après avoir réalisé des prouesses en dressage animal. Le gaucho est le mythe de l’identité nationale argentine et plusieurs associations gauchescas sont en concurrence dans ces villages. Au premi...
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Pour citer cet article
Référence papier
Maïté Boullosa-Joly, « La photographie comme média relationnel. Retour sur 20 ans de terrain en Amérique latine », Civilisations, 72 | 2023, 65-81.
Référence électronique
Maïté Boullosa-Joly, « La photographie comme média relationnel. Retour sur 20 ans de terrain en Amérique latine », Civilisations [En ligne], 72 | 2023, mis en ligne le 01 janvier 2027, consulté le 13 février 2025. URL : http://journals.openedition.org/civilisations/7598 ; DOI : https://doi.org/10.4000/12t95
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Auteur
Anthropologue, Maîtresse de conférences à l’Université de Picardie Jules Verne (Amiens), chercheuse au CURAPP-ESS (UMR 7319, CNRS), et chercheuse associée au MASCIPO (EHESS). Elle a soutenu sa thèse en 2006 à l’EHESS sur les mouvements indiens et le militantisme autochtone en Argentine. Elle travaille également depuis quelques années sur les collectifs alternatifs néoruraux en France. Depuis toujours, elle allie la pratique photographique à l’ethnographie (voir blog ). Aujourd’hui, elle associe l’audiovisuel aux enquêtes de terrain qu’elle mène avec ses étudiants, ce qui a donné lieu à des webdocumentaires, supports originaux afin de naviguer au sein d’une enquête en sciences sociales (webdocumentaire ; teaser). | Université de Picardie Jules Verne, Citadelle d’Amiens, 10 rue des Français Libres, 80000 Amiens, France – maite.boullosa[at]upicardie.fr
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Droits d’auteur

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