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Dossier

Les biches comme mères dans l’exégèse médiévale

Female deer as mothers in medieval exegesis of the Bible
Clémentine Girault
p. 47-68

Résumés

Alors que l’on trouvait dix biches dans le texte hébreu, la traduction de l’Ancien Testament en latin par saint Jérôme n’en conserve que trois : celles qui étaient associées à un faon (Jb. 39, 1 ; Pr. 5, 19 et Jr. 14, 5). Les théologiens, suivant le commentaire de Bède, trouvent dans le verset des Proverbes un support fécond pour des analogies mariales, ecclésiales et conjugales, faisant de la biche un modèle de maternité. Celui-ci culmine au xiie siècle sous l’influence du culte de la Vierge. Parallèlement, une autre tradition exégétique inspirée de Grégoire le Grand voit dans la douleur des biches parturientes de Job et Jérémie un parallèle avec celle des prédicateurs et apôtres. Cette association a priori surprenante avec des personnages masculins éclaire en fait la construction fluide du genre au Moyen Âge. Enfin, l’évolution du motif de l’analogie biche-Christ, dans les textes comme dans les images, permet d’appréhender la façon dont les biches perdent progressivement leur ambivalence et se féminisent à la fin de la période.

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Cairn

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Plan

Des biches polysémiques du texte hébreu à la biche-mère de la Vulgate
Épouse, Église et Vierge : la biche des Proverbes
Les biches parturientes chez Job et Jérémie
La biche, nature humaine du Christ ?

Aperçu du texte

L’historiographie médiévale francophone s’est attachée à construire certaines espèces animales comme des objets historiques (le cheval, l’ours, le chat, le cochon, etc.) ou à constituer des bestiaires thématiques. Malheureusement, la question du genre est souvent le parent pauvre de ces travaux : on a peu questionné la masculinité des emblèmes léonins ou ursins, tandis que les femelles animales sont à peine considérées et sont presque toujours définies dans leur relation aux mâles. Il en va ainsi des biches, objets de ce présent article. Les dictionnaires et les lexiques en français moderne, nous apprennent qu’elles sont les « femelles du cerf » ,quand celui-ci est défini en tant que «  mammifère, type des cervidés, à la tête garnie de bois ramifiés, à la taille élancée et à l’allure majestueuse, aux pattes fines, agile à la course et qui est un gibier très recherché, notamment pour la chasse à courre  ». De même, une récente monographie historique sur le cerf, si elle convoque plus...

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Pour citer cet article

Référence papier

Clémentine Girault, « Les biches comme mères dans l’exégèse médiévale »Clio, 55 | 2022, 47-68.

Référence électronique

Clémentine Girault, « Les biches comme mères dans l’exégèse médiévale »Clio [En ligne], 55 | 2022, mis en ligne le 01 janvier 2025, consulté le 24 septembre 2023. URL : http://journals.openedition.org/clio/21385 ; DOI : https://doi.org/10.4000/clio.21385

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Auteur

Clémentine Girault

Clémentine Girault est doctorante contractuelle et chargée d’enseignement en histoire médiévale à Université de Paris Cité au sein du laboratoire ICT (EA 337). Elle travaille sous la direction de Didier Lett et de Pierre-Olivier Dittmar à l’Ehess (CRH-AHLoMA). Son travail de master sur les représentations littéraires et iconographiques des biches l’a amenée à interroger dans sa thèse la façon dont le genre s’articule avec l’animalité dans les textes didactiques de la fin du Moyen Âge. clementine.girault@etu.u-paris.fr

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