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Recensions

ABEL Mathilde, CLARET Hugo, DIEUAIDE Patrick, (dir.), 2020. Plateformes numériques. Utopie, réforme ou révolution ?

Paris : L’Harmattan. Coll. « Questions contemporaine »
Clara Galliano
p. 194-195
Référence(s) :

Mathilde Abel, Hugo Claret, Patrick Dieuaide, (dir.), 2020. Plateformes numériques. Utopie, réforme ou révolution ?. Paris : L’Harmattan. Collection « Questions contemporaine ». ISBN : 978-2-343-20115-3, 25 €

Texte intégral

1L’ouvrage collectif Plateformes numériques. Utopie, réforme ou révolution ? est dirigé par Mathilde Abel, Hugo Claret et Patrick Dieuaide. Il a été publié dans la collection « Questions contemporaines » de L’Harmattan en 2020 grâce au concours du Laboratoire Intégration et Coopération dans l’Espace Européen (ICEE) de l’Université Sorbonne Nouvelle - Paris 3. Ce livre de 234 pages regroupe dix textes répartis en trois parties distinctes, et précédés d’un chapitre introductif (p. 9-13). À partir de plusieurs études, les auteurs tentent d’apporter des éléments explicatifs pour mieux cerner les entreprises qui se cachent derrière ces plateformes, selon trois angles de vue : « utopie », « réforme » et « révolution ». Même si le titre est une interrogation, les auteurs insistent sur l’impossibilité de trancher la question. Le lecteur est autorisé à prendre de la liberté pour interpréter, réfléchir et poursuivre le débat.

2La première partie réunit quatre textes. Tout d’abord, Anne-Marie Nicot (p. 17‑29) nous montre que les plateformes développent des logiques de fragmentation du travail, de réorganisation des chaînes de valeur et de polarisation des richesses, notamment avec une forme de « management automatisé » permise par les algorithmes. Nicolas Brémand (p. 31-48) s’intéresse à la responsabilité juridique des plateformes en ligne, qu’elles soient actives ou passives, dans la régulation des usages qui en sont faits par les utilisateurs. Selon lui, les plateformes en ligne devraient être impliquées dans la « corégulation du marché unique numérique » (p. 46). Guillaume Compain (p. 49-59) évoque, quant à lui, le mouvement du coopérativisme de plateformes basé sur la propriété collective des plateformes par leurs usagers et la distribution équitable de la valeur créée. Cette initiative se veut à la fois militante et offre un contre-modèle à l’ubérisation. Enfin, Hugo Claret (p. 71-98) montre comment la plateformisation accentue les contradictions du capitalisme contemporain et leur mode de régulation. Il se base sur les plateformes de réseaux sociaux et sur les plateformes de travail marchand.

3La deuxième partie est, quant à elle, constituée de trois textes. Nicolas Prokovas (p. 101-119) mobilise les données de deux enquêtes pour étudier les formes d’emploi des chômeurs (non-salariat, créateurs d’entreprise). Jean-Pierre Durand (p. 121-131) propose ensuite de nuancer l’exploitation capitaliste des travailleurs et les activités quotidiennes de consommation des usagers (jeux, consultation d’Internet). Enfin, Bernard Paulré (p. 133-164) fait un état de l’art sur les différentes interprétations de la notion de « prosumation », idée selon laquelle le consommateur effectue aussi un travail. Son texte se termine par l’annonce des orientations majeures, des tensions et des enjeux associés aux activités des plateformes digitales, en se concentrant sur les plateformes de réseaux sociaux.

4La troisième partie rassemble trois derniers textes. Sophie Balech (p. 167-182) étudie les cas d’Airbnb et de Uber pour montrer que les plateformes déploient un marketing politique pour être légitime dans la société. Mathilde Abel (p.183-216) propose d’appréhender les plateformes numériques à la fois comme marché, comme organisation et comme système. Elle s’intéresse à la performativité des plateformes selon deux études de cas : Blablacar et Covoiturage Grand Lyon. Le dernier texte de Patrick Dieuaide (p. 217-229) met en avant l’impact des plateformes au niveau du cadre d’organisation de la production et du fonctionnement des marchés (intermédiation, triangulation) tout en discutant des effets d’éviction, de colonisation et d’hybridation.

  • 1 Cf. Babinet, G. (2019). Transformation digitale : l’avènement des plateformes. Le Passeur Éditeur. (...)

5La révolution digitale a amorcé l’avènement des plateformes en provoquant notamment des transformations considérables au sein des entreprises traditionnelles et des institutions publiques (au niveau du management, des ressources humaines, du marketing, de l’innovation…). Cette révolution est certes économique mais elle est avant tout productive, sociale et anthropologique. Ces dernières approches sont absentes de ce livre par choix, mais elles méritent une attention particulière pour une compréhension totale des plateformes numériques. Il est vrai que la pertinence de cet ouvrage réside dans la richesse et la précision des études menées par des auteurs appartenant à différentes disciplines des SHS : sociologie, économie, gestion et droit. Mais nous invitons tout de même le lecteur à croiser les textes de ce livre avec d’autres lectures issues des Sciences de l’Information et de la Communication1.

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Notes

1 Cf. Babinet, G. (2019). Transformation digitale : l’avènement des plateformes. Le Passeur Éditeur. Cf. Bigot, J.-É., Bouté, E., Collomb, C., & Mabi, C. (Dir). (2021). Plateformiser, un impératif ? [numéro thématique]. Questions de communication, (40). https://doi.org/10.4000/questionsdecommunication.26522 (numéro où l’on retrouve notamment une contribution de Mathilde Abel et Patrick Dieuaide).

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Pour citer cet article

Référence papier

Clara Galliano, « ABEL Mathilde, CLARET Hugo, DIEUAIDE Patrick, (dir.), 2020. Plateformes numériques. Utopie, réforme ou révolution ? »Communication et organisation, 62 | 2022, 194-195.

Référence électronique

Clara Galliano, « ABEL Mathilde, CLARET Hugo, DIEUAIDE Patrick, (dir.), 2020. Plateformes numériques. Utopie, réforme ou révolution ? »Communication et organisation [En ligne], 62 | 2022, mis en ligne le 01 décembre 2022, consulté le 24 avril 2025. URL : http://journals.openedition.org/communicationorganisation/11716 ; DOI : https://doi.org/10.4000/communicationorganisation.11716

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Auteur

Clara Galliano

Clara Galliano est doctorante en Sciences de l’information et de la communication au sein du laboratoire IMSIC (EA 7492), situé respectivement sur deux sites : l’Université de Toulon et à Aix-Marseille Université. Elle est également ATER à l’UFR Ingémédia de l’Université de Toulon.

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Droits d’auteur

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Le texte seul est utilisable sous licence CC BY-NC-ND 4.0. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

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