La guerre en Ukraine est profondément médiatisée par les appareils connectés et les plateformes de médias sociaux . Les smartphones sont utilisés à toutes sortes de fins, allant de l’appel à la maison à l’amplification de la propagande. Désormais, un seul appareil réunit l’expérience de la guerre, que l’on soit sur le champ de bataille ou à l’autre bout du monde. Cela a rendu les infrastructures informationnelles provenant du champ de bataille considérablement plus complexes. Ces appareils permettent à leurs utilisateurs de produire, de publier et de consommer des médias depuis la paume de leur main. Ils font partie intégrante de la technologie permettant de faire voler des drones civils, de diffuser des images de mort et des messages visant à remonter le moral des troupes et ce, en direct et pour les téléspectateurs du monde entier. Les drones eux-mêmes diffusent des images aux unités d’artillerie qui peuvent ajuster leurs tirs sur des cibles en mouvement . Les smartphones sont éga...
Le smartphone sur le champ de bataille : la nouvelle écologie guerrière
Résumés
Étant donné la disponibilité généralisée des appareils intelligents, à la fois sur le champ de bataille et au-delà, la guerre en Ukraine annonce un nouveau moment de guerre participative. Les smartphones font en effet partie intégrante de la technologie utilisée pour faire fonctionner les drones, diffuser des images de mort ou des messages visant à remonter le moral des troupes. Les smartphones peuvent être utilisés pour observer l’activité ou les positions ennemies, mais aussi pour partager des informations précises et géolocalisées. Toute personne disposant d’un smartphone peut y participer activement. Dans ce nouveau contexte, il devient évident que les infrastructures d’information civiles et militaires sont étroitement liées, tant à des fins d’information que de ciblage. Mais lorsque les cycles de ciblage militaire et de production médiatique sont alignés, les distinctions entre le public et l’acteur, le soldat et le civil, le média et l’arme s’estompent. L’utilisation des smartphones par les combattants et les non-combattants change le visage de la guerre et remodèle le champ de bataille.
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Haut de pageNotes de l’auteur
Cet article a été originellement publié en 2023 dans la revue PARISS, Political Anthropological Research on International Social Sciences, vol. 4, n° 2, pp. 219-247. Il est traduit et publié ici dans le cadre d’un partenariat éditorial entre les revues PARISS et Cultures & Conflits. Cet article teste la validité des conclusions de notre livre Radical War, coédité avec Andrew Hoskins et écrit avant que les événements en Ukraine ne se déroulent. Voir Ford M., Hoskins A., Radical War: Data, Attention and Control in the 21st Century, Londres/ New York, Hurst & Co/Oxford University Press, 2022. L’auteur tient à remercier Emmanuel-Pierre Guittet et July Decarpentrie (doctorante à la Swedish Defence University) pour leur aide à la traduction.
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Référence papier
Matthew Ford, « Le smartphone sur le champ de bataille : la nouvelle écologie guerrière », Cultures & Conflits, 133 | 2024, 45-71.
Référence électronique
Matthew Ford, « Le smartphone sur le champ de bataille : la nouvelle écologie guerrière », Cultures & Conflits [En ligne], 133 | printemps 2024, mis en ligne le 03 janvier 2027, consulté le 06 février 2025. URL : http://journals.openedition.org/conflits/25666 ; DOI : https://doi.org/10.4000/1335f
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