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Hors-thème

L’autonomisation de la violence. Ressorts et logiques des violences « antimusulmans » pendant les événements en République centrafricaine (2013-2014)

Uncontrolled violence. The logics of ‘anti-Muslim’ violence during the Central African Republic's crisis (2013-2014)
Mathilde Tarif
p. 85-106

Résumés

À partir d’une longue enquête de terrain menée en République centrafricaine, cet article propose d’explorer les ressorts et les logiques des violences identitaires contre la minorité musulmane à l’œuvre pendant le pic de la crise entre 2013 et 2014. Le cas centrafricain est singulier car les violences ciblant les populations musulmanes ne furent pas directement médiées et encadrées par des organisations politiques et se déployèrent en dehors d’un encadrement politique. Le ciblage des musulmans s’autonomisa et se fonda ainsi sur un cadrage identitaire « par le bas » construit à partir de représentations populaires ancrées qui justifiaient des violences indiscriminées. Cependant, ces dernières furent aussi encouragées par l’absence d’institutions politiques et le retrait de l’État qui autorisaient les actes opportunistes, invitant à reconnaître les logiques de situation qui caractérisent les violences dans de tels contextes de retrait étatique et d’absence d’autorités en mesure de les rationaliser.

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Notes de l’auteur

Ce travail a reçu un soutien du Conseil européen de la recherche dans le cadre du programme de recherche et d’innovation de l’Union européenne Horizon 2020 (convention de financement no 669690, Social Dynamics of Civil Wars). Il a aussi bénéficié du soutien de l’Agence nationale de la recherche (ANR) dans le cadre du projet « Politique de retrait des agences des Nations unies des contextes africains d’après-guerre » (2024-2028).

Extrait du texte

Cairn

Texte intégral disponible via abonnement/accès payant sur le portail Cairn. Le texte intégral en libre accès sera disponible à cette adresse en janvier 2028.
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Plan

L’autonomisation des violences identitaires
L’émergence des anti-balaka : de l’autodéfense au ciblage généralisé
Un cadrage identitaire « par le bas » : des soupçons de complicité à la punition populaire
Absence d’encadrement politique et retrait étatique
L’impuissance des institutions politiques et militaires
Des logiques de situation : règne de l’impunité et opportunités par la saisie violente

Aperçu du texte

« Vous connaissez la leçon du loup et l’agneau ? Le loup venait se désaltérer à un point d’eau, et l’agneau était déjà là en train de boire. Le loup lui a dit, “je vais te tuer et te manger”, et l’agneau a dit, “mais je n’ai rien fait !”, et le loup a répondu, “si ce n’est pas toi, c’est un des tiens”. Et il l’a tué. C’est la même chose dans notre pays. Comme Bozizé a été chassé du pouvoir, les gens s’en sont pris aux gens du Tchad, et donc à tous les musulmans, parce qu’il y a eu un amalgame et des dérapages . »

Dès fin 2013, les populations musulmanes de Bangui et l’Ouest de la République centrafricaine (RCA) devinrent la cible de violences indiscriminées perpétrées par des groupes armés appelés anti-balaka . L’amalgame brutal évoqué dans cet extrait d’entretien associa les populations musulmanes aux rebelles de la Séléka, une coalition de groupes armés arrivée au pouvoir en mars 2013, et à des « envahisseurs étrangers » accusés d’« exploiter » le pays. Confrontés aux violences, de...

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Pour citer cet article

Référence papier

Mathilde Tarif, « L’autonomisation de la violence. Ressorts et logiques des violences « antimusulmans » pendant les événements en République centrafricaine (2013-2014) »Cultures & Conflits, 138 | 2025, 85-106.

Référence électronique

Mathilde Tarif, « L’autonomisation de la violence. Ressorts et logiques des violences « antimusulmans » pendant les événements en République centrafricaine (2013-2014) »Cultures & Conflits [En ligne], 138 | été 2025, mis en ligne le 04 janvier 2028, consulté le 20 juillet 2025. URL : http://journals.openedition.org/conflits/26611 ; DOI : https://doi.org/10.4000/14530

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Auteur

Mathilde Tarif

Mathilde Tarif est docteure en science politique et actuellement post-doctorante au sein du projet « Politiques de retrait des agences des Nations-Unies des contextes africains d’après-guerre (POLEXA) » au Centre d’études et de recherches administratives politiques et sociales (CERAPS) à l’Université de Lille. Ses travaux portent sur la trajectoire de l’État centrafricain de l’indépendance au conflit récent, en lien avec les transformations du secteur économique. Elle a récemment publié « Sauveurs ou “voyous”. La production de l’autorité par les autodéfenses de PK5 à Bangui (2013-2019) », Critique internationale, n° 103, 2024, pp. 65-86.

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Droits d’auteur

CC-BY-NC-ND-4.0

Le texte seul est utilisable sous licence CC BY-NC-ND 4.0. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

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