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Dossier: La modernité suspendue

Keep your eye on the ball!

Catherine Maumi
p. 12-24

Résumé

Après avoir longtemps questionné la possibilité d’une alliance de la ville et de la nature, celle-ci semble être devenue une évidence incontestable pour nombre d’acteurs œuvrant au projet et à la gestion de nos territoires. Cela tient notamment à la nature même de l’urbanisation observée depuis la seconde moitié du XXe siècle, voire aux normes récemment adoptées en vue de favoriser un développement supposément plus durable. L’article revient sur certains projets phares – dont les principes sont encore souvent mobilisés aujourd’hui – conçus à la fin du XIXe siècle, aux États-Unis, afin de comprendre le rôle structurant alloué à la nature dans la nouvelle pensée du territoire métropolitain qu’ils offraient ; ce, avant que ne s’impose, au début du XXe siècle, la notion d’environnement, la progression de l’urbanisation appelant un projet envisagé à une autre échelle, régionale, en ne perdant jamais de vue la Terre, dont nous sommes tous les habitants.

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Texte intégral

1Après avoir longtemps questionné la possibilité d’une alliance de la ville et de la nature, celle-ci semble être devenue une évidence incontestable. Cela tient notamment à la nature même de l’urbanisation observée depuis la seconde moitié du XXe siècle, voire aux normes récemment adoptées en vue de favoriser un développement plus durable. L’article revient sur certains projets phares – dont les principes sont encore souvent mobilisés – conçus à la fin du XIXe siècle aux États-Unis, afin de comprendre le rôle structurant alloué à la nature dans la nouvelle pensée du territoire métropolitain qu’ils offraient. Avant que ne s’impose, au début du XXe siècle, la notion d’environnement, la progression de l’urbanisation appelant un projet envisagé à une autre échelle, régionale, en ne perdant jamais de vue la Terre, dont nous sommes tous des habitants.

  • 1 Chris Younès, Ville contre-nature. Philosophie et architecture, Paris, La Découverte, 1999.
  • 2 Ibid., p. 7.
  • 3 Loi Grenelle 1 du 3 août 2009 de programmation relative à la mise en œuvre du Grenelle de l’environ (...)

2Fin des années 1990, un colloque, suivi d’un ouvrage – Ville contre-nature1 –, nous avait offert de réfléchir sur l’émergence du « désir d’une “nouvelle alliance“ de l’homme avec la nature », ce qui supposait de définir ce que l’on entendait par « nature », tout en interrogeant ces espaces « où se mett[aient] en sympathie ces interfaces entre artifice et nature2 ». Depuis lors, lois Grenelle3 et développement durable aidant, une telle alliance semble être devenue une évidence, colloques, ouvrages, articles se succédant non plus pour la questionner mais pour en analyser les composants, en présenter les qualités, voire formuler de nouveaux outils réglementaires notamment – pour en concevoir le projet.

  • 4 « Nature urbaine en projet. Vers une nouvelle alliance entre nature et ville », colloque internatio (...)

3Tels étaient, pour partie, les objectifs d’un autre colloque – « Nature urbaine en projets » – dont l’argument permettait de relever une inversion intéressante puisque l’interrogation portait désormais sur le « devenir de la ville – sa nature – dès lors qu’elle s’attache à la nature4 ». Rares furent les interventions questionnant ce qui était alors entendu par « nature » la chose semblant aller de soi. La « nature urbaine » et son projet, mobilisent en effet aujourd’hui bon nombre de chercheurs et d’acteurs des territoires pprofessionnels, élus, associations… – quelles que soient les échelles d’intervention – de la création des « parcs naturels urbains » aux façades végétalisées. L’agriculture urbaine est le plus souvent louée pour son plus grand respect de l’environnement comparée à l’agriculture – rurale ? – encore soumise à la production intensive ; le miel « béton » des abeilles urbaines n’aurait rien à envier à celui de leurs congénères des champs, de toute façon décimées par les pesticides. La biodiversité elle-même serait plus riche en ville qu’à la campagne. Les hommes seraient donc en passe de concrétiser leur « désir », ce tableau idyllique d’une nature apaisée, pacifiée, qu’ils habiteraient désormais sans plus aucune crainte, ou peur, s’il n’était encore quelques manifestations toujours incontrôlées de sa puissance, telles les catastrophes « naturelles », la coexistence décidément impossible avec quelques espèces animales demeurant trop sauvages – loups, ours, voire sangliers s’invitant dans les centres-villes.

  • 5 Jean Gottmann, Megalopolis. The Urbanized Northeastern Seaboard of the United States, New York, The (...)
  • 6 Ibid., p. 5.
  • 7 Ibid.
  • 8 Ibid., p. 237.

4Cette mutation conceptuelle observée en France depuis deux décennies est à mettre en lien avec les transformations radicales ayant marqué les territoires habités au cours de la seconde moitié du XXe siècle. Elle n’est pas sans rappeler une observation – le plus souvent négligée – effectuée par Jean Gottmann, il y a plus d’un demi-siècle maintenant, sur les territoires de Megalopolis5. Analysant ce « mélange colloïdal de paysages ruraux et suburbains6 » caractéristique de Megalopolis, il avait établi le surprenant constat que celui-ci était composé majoritairement de forêts (à 48 %), de parcs, de jardins, de terres agricoles. De sorte, expliquait-il, « que la vieille distinction entre rural et urbain ne s’applique plus ici7 ». Certes, précisait Gottmann, « les types de forêt et agriculture Megalopolitains ne sont certainement pas la forme la plus pure de Nature virginale. Étant donné la densité de population relativement élevée ayant vécu dans cette région depuis un siècle ou deux, ils ne pourraient l’être. Mais, dans l’ensemble, ils sont encore “suffisamment naturels“ pour pourvoir les gens de la City, qui passent la majorité de leur temps dans un environnement de briques, ciment, verre et acier, d’un environnement où flore et faune se développent selon les lois fondamentales de la Nature, quand bien même elles seraient sous l’influence et le contrôle de la civilisation8 ». La nouvelle évolution constatée depuis lors tiendrait plus, en fait, en cette omniprésence de la « nature » – du « vert » serait plus juste – dans les projets dont nos territoires sont l’objet, les réponses à la consultation pour le Grand Paris constituant un des exemples intéressants à observer de par, notamment, cette ampleur donnée au vert. Conceptuellement, les propositions faisaient néanmoins le plus souvent référence à des dispositifs éprouvés dès le XIXe siècle, qu’il s’agisse de Central Park, des parkways, ou systèmes de parcs, et dont nous ne cessons de tester les potentiels encore aujourd’hui. Or, il nous semble particulièrement instructif de considérer comment ces réflexions conduites à la fin du XIXe siècle, à l’échelle de la métropole, se poursuivront au début du XXe, avec le Regional Planning, à celle du territoire cette fois-ci, introduisant une dimension supplémentaire puisque la notion d’environnement viendra se superposer – voire se substituer – à celle de nature.

  • 9 Sur le rôle du parc dans la ville, voir notamment George F. Chadwick, The Park and the Town. Public (...)
  • 10 Publié dans The Gardener’s Magazine, n° 5, 1829.
  • 11 John Claudius Loudon, The Gardener’s Magazine n° 5, 1829, cité par Alessandra Ponte, « Le parc publ (...)

5Au cours du XIXe siècle s’était en effet progressivement affirmée l’idée que ville et nature pouvaient être associées pour élaborer le projet de la métropole future, de sorte à l’adapter aux nouveaux besoins de l’homme contemporain. C’est ainsi que la nature, par l’intermédiaire du parc dans un premier temps9, avait progressivement été investie de la mission difficile consistant à maîtriser l’expansion de la grande ville sur le sol, comme en témoigne le schéma que John Claudius Loudon présenta en 1829 dans son article « Breathing Places for the Metropolis10 ». La création de green belts organisant les zones urbanisées y figurant comme une solution au problème de la croissance des villes, de sorte que « la métropole devait se muer en une succession harmonieuse de décors liés entre eux par un système ininterrompu d’espaces verts11 ».

6Les théories anglaises ont trouvé une résonance toute particulière sur les territoires du Nouveau Monde dès la première moitié du XIXe siècle. Il devenait en effet indispensable de penser la ville dans ses nouvelles dimensions. Celles-ci impliquaient l’invention de nouveaux outils conceptuels, mission à laquelle s’attachèrent ces « jardiniers » du XIXe siècle ayant rapidement compris la nécessité de passer de l’échelle de conception des parcs et jardins à celle des nouveaux paysages de la métropole à venir, impliquant la naissance d’une nouvelle discipline, le Landscape Architecture. Leur travail apporta de multiples innovations relatives, d’une part à la vision territoriale inhérente à leurs projets, et d’autre part à la nouvelle architecture participant à l’édification de ce paysage d’un nouveau type, dont l’une des caractéristiques significative était d’être composé d’une nature désormais habitée.

  • 12 Dans le chapitre III « Les grands Espaces libres. Les Parcs et Jardins de Paris et de Londres », Eu (...)
  • 13 Ibid.

7« La population d’une grande capitale moderne peut-elle croître indéfiniment ? » questionnait Eugène Hénard en 190312 en conclusion à l’analyse comparative – relative à la superficie de parcs et jardins – qu’il avait conduite sur les deux capitales européennes de Paris et Londres, comparaison qui se soldait très nettement en la défaveur de Paris. Fort des résultats de ses études, il formulait le constat suivant : « Au point de vue matériel […] l’exemple de Londres nous montre que Paris peut étendre ses limites très loin encore. La superficie qu’il occupe peut-elle devenir deux, trois, quatre fois plus grande ? Oui, si, comme à Londres, on a la sagesse de ménager au fur et à mesure de son accroissement et proportionnellement à la masse des maisons, les espaces ouverts, parcs et jardins, nécessaires à sa santé13 ». La dimension territoriale de ces nouveaux projets conçus pour les grandes métropoles, américaines notamment, fut sans doute davantage appréciée à sa juste valeur par Jean-Claude-Nicolas Forestier qui apportait, en 1908, une autre forme de réponse à la question d’Hénard.

  • 14 Jean-Claude-Nicolas Forestier, Grandes villes et systèmes de parcs, Paris, Norma, 1997, [Paris, Hac (...)
  • 15 Id., ibid, p. 56.
  • 16 Ibid.

8Les propos de Forestier restent d’une très grande actualité aujourd’hui encore, plus d’un siècle après leur publication. Il introduisait son essai en ces termes : « Des différentes parties du monde, un enseignement nouveau nous est apporté, dont les villes jeunes, dont les villes en formation, comme les vieilles cités, peuvent tirer profit. Londres et Paris se sont, les premières, occupées de leur desserrement et de leur embellissement, chacune dans un esprit un peu différent. Londres a cherché le plus d’espace possible. Paris s’est attaché à l’esthétique et à l’élégance. […] Endormis après l’effort admirable d’Haussmann et d’Alphand, qui nous faisait croire à la réalisation de la cité parfaite, nous nous apercevons aujourd’hui que Paris a eu tort de s’arrêter en si beau chemin et de ne pas poursuivre plus avant son système d’embellissement, d’aération, de ne pas prévoir que son développement continuel exigeait un développement parallèle de ses espaces libres, de ses parcs et de ses promenades. […] L’erreur est venue en partie de ce que l’on s’est arrêté à ne considérer que ce Paris arbitrairement déterminé par des limites artificielles, les fortifications. […]14 » Forestier fait référence à l’enseignement acquis grâce à l’observation des grands plans métropolitains alors réalisés aux États-Unis, notamment, – il cite les exemples de Boston, New York, Chicago, Baltimore –, qui l’ont convaincu que « le “plan de ville“ est insuffisant15 ». Celui-ci devait désormais impérative- ment être compris dans un plan d’ensemble conçu à une échelle territoriale, intégrant les dynamiques d’urbanisation à venir de même qu’un « plan spécial des espaces libres intérieurs et extérieurs pour le présent à l’avenir, – par un système de parcs16 ».

  • 17 Andrew Jackson Downing, A treatise on the Theory and Practice of Landscape Gardening, Adapted to No (...)

9De fait, la nature – conçue différemment du « vert-alibi » auquel nous sommes trop souvent confrontés aujourd’hui – était progressivement arrivée à constituer aux États-Unis un élément fondamental, structurant, de la pensée urbaine et territoriale. La « nature » – originelle mais aussi comme produit des mains de l’homme –, n’était alors plus regardée comme élément extérieur à la ville mais comme partie intégrante de celle-ci, ville et nature étant pensées et conçues comme un tout, un paysage d’un nouveau type. Une telle vision impliquait néanmoins de repenser la définition de la ville, outre de questionner le concept de nature. C’est ce à quoi s’attachèrent, notamment, Andrew Jackson Downing et Frederick Law Olmsted. « De quelle manière peut-on imiter la nature dans un jardin paysager ? » interrogeait en effet Downing dans son Traité17. Downing qui travailla au projet des premiers parcs urbains américains – tel le Mall de Washington –, tout en s’intéressant également à la typologie du « cottage » et aux différents jardins – potager et d’agrément – destinés à lui servir d’écrin. Mission que poursuivit Frederick Law Olmsted, à une tout autre échelle toutefois : dans ses travaux, la nature constituait le support ou l’armature d’un projet de développement territorial conçu aux dimensions spatiales et temporelles de la métropole à venir.

La leçon de Central Park

10Il est aisé de constater combien la référence à Central Park est aujourd’hui convoquée dans nombre de projets, de même que l’ensemble du dispositif auquel Olmsted a travaillé pendant la deuxième moitié du XIXe siècle, constituant le principe du Park System.

  • 18 New York Delire. Un manifeste rétroactif pour Manhattan, Marseille, Parenthèses, 2002. p. 21 [Delir (...)
  • 19 Les Camelback Mountains, hautement symboliques dans le paysage de Phoenix, ont été classées en 1968 (...)

11Certes, « Central Park n’est pas seulement le principal équipement récréatif de Manhattan – affirme Rem Koolhaas dans New York Delire – c’est aussi le témoin de son évolution : une conservation taxidermique de la nature qui illustre pour l’éternité le drame de la nature dépassée par la culture18 ». Une conception de la nature à l’origine, dès 1864, de la création du parc californien de Yosemite Valley, première réserve jamais conçue de nature « sauvage » – de wilderness –, puis, en 1872, du premier National Park de Yellowstone, et que l’on retrouve aujourd’hui, par exemple, dans les réserves de wilderness des Camelback Mountains ou du South Mountain Park19, dont peuvent jouir les habitants de Phoenix en plein cœur de leur ville.

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John Bachmann. Vue à vol d’oiseau de Central Park, New York, 1863.

John Bachmann. Vue à vol d’oiseau de Central Park, New York, 1863.
  • 20 Section de séquoia géant provenant du General Grant Park de Californie, qui fut l’une des principal (...)

13Avec Central Park, comme avec le big tree20 exposé lors de la World Columbian Exposition de 1893, était en effet exprimée la conviction, alors partagée par beaucoup, que le progrès, allié à une véritable politique de gestion du territoire, permettrait de réaliser cet idéal d’une vie sociale parvenant à s’épanouir en parfait accord avec la nature. Mais la leçon de Central Park, c’est aussi une pensée de la ville conçue à l’échelle – spatiale et temporelle – de la métropole en devenir, confirmée et enrichie peu après par le plan de Prospect Park pour Brooklyn, puis les projets de parkway, suburban neighborhood, qui participeront à composer le dispositif du park system.

  • 21 Fredericl Law Olmsted « Public Parks and the Enlargement of Towns », publié pour la première fois e (...)

14Central Park, expliquait Olmsted, n’avait pas « été conçu pour l’usage qui en est actuellement fait [c’est-à-dire le New York de 1860], mais quant à l’usage futur, quand il sera au centre d’une population de deux millions d’habitants alors cernés de tous côtés par l’eau21 ». Les gravures de l’époque révèlent en effet que le parc était aménagé au beau milieu de la campagne, seules quelques petites maisons encore très clairsemées, entourées de leur jardin, se trouvant à proximité du « poumon vert » destiné à constituer le nouveau centre de la métropole à venir.

  • 22 Selon Norman T. Newton, la première occurrence officielle du terme Landscape Architecture date du 1 (...)

15Car la conception de la métropole future est bien l’objet en question dans les projets d’Olmsted, ce qui suppose d’inventer une pensée globale cohérente anticipant, pour mieux l’orienter, l’urbanisation en devenir. Une telle mission constitue le principal objectif de la nouvelle science qu’il fonda alors avec Calvert Vaux : celle du landscape architecture  architecture du paysage22. Landscape architecture qui, selon Olmsted, se donnait à travailler une tout autre échelle spatiale – du fait de la nouvelle dimension à laquelle s’attaquaient ces projets d’un autre genre –, mais également temporelle – car intégrant désormais la ville comme un processus en perpétuelle évolution, dont il s’agissait d’anticiper les développements dans le temps. Olmsted était on ne peut plus conscient de la complexité du problème qu’il se donnait à résoudre avec le landscape architecture : il n’était alors plus question de se contenter de l’aménage- ment de parcs urbains, petits ou grands, l’objectif visant désormais à concevoir un projet territorial conçu pour orienter la croissance de la métropole future en fonction des caractéristiques topographiques, naturelles, mais aussi économiques, sociales, en présence et à venir.

16Un des principaux enseignements de Central Park – et l’une des grandes victoires d’Olmsted – a été la démonstration que le parc pouvait être à l’origine d’une croissance matérielle importante – ce qui sera ensuite confirmé par les différentes expériences conduites, de parkways y compris –, richesse créée par l’augmentation du prix du foncier systématiquement observée à proximité des futurs parcs ou parkways, de même que par l’implantation de commerces et d’activités dans ces nouveaux quartiers qui ne manquaient pas de se développer à leurs abords. De sorte que parcs, parkways et suburban neighborhoods, s’imposaient comme de nouveaux centres de la ville future, nouveaux centres qu’il était nécessaire d’organiser en un vaste système cohérent à l’échelle territoriale.

  • 23 Dans « Conditions Under Which the Evils of Large Towns Have Diminished », The Papers of Frederick L (...)

17Il s’agissait, par ailleurs, d’intégrer dans le projet l’ensemble des progrès techniques à disposition. Olmsted avait en effet parfaitement conscience qu’ils ne faisaient qu’entrevoir l’immense potentiel offert par le télégraphe, l’électricité, les nouveaux moyens de transport collectifs. Ceux-ci ne pouvaient que favoriser une plus grande vitesse d’accroissement des villes. Il ne faisait aucun doute, pour Olmsted, que si les grandes villes avaient prospéré, et leur population connaissait désormais des conditions sociales, d’hygiène et sanitaires meilleures, la raison principale consistait en « l’abandon du mode compact de construction des villes, démodé, et l’adoption progressive de l’habitude de les tracer avec de plus grands espaces ouverts, au soleil et à l’air frais23 ».

Frederick Law Olmsted. Esquisse du Park System de Buffalo, 1868.

Frederick Law Olmsted. Esquisse du Park System de Buffalo, 1868.

18Boston constitua, pendant les deux dernières décennies du XIXe siècle, un terrain d’expérimentation privilégié pour Olmsted, son neveu J. Ch. Olmsted, et Charles Eliot. Eliot qui fut à l’origine du premier « Plan du district métropolitain de Boston » (1893), structurant l’ensemble du territoire de la région ; celui-ci définissait les zones naturelles à protéger pour leur flore ou leur faune, qu’il s’agisse de côtes, de plages, d’îles, de cours de rivières et d’estuaires, de forêts, de prairies, etc.

19Ainsi, la nature – déclinée selon les différentes modalités de parcs et jardins, parkways, écrans isolant les habitations, réserves naturelles, corridors préservant le cours des rivières, forêts, outre les terres agricoles – était envisagée comme une armature privilégiée pour orienter, concevoir, les développements à venir de la nouvelle ville américaine. Ce nouveau paysage était appelé à constituer un environnement humain, social, économique plus sain, équilibré, tenant compte des nouveaux progrès techniques et répondant au mieux aux aspirations de l’homme contemporain.

  • 24 Forestier, op. cit. note 14, p. 69.

« Il est clair, concluait Forestier, qu’un programme de cette nature peut ne pas être seulement le programme d’une ville. Souvent il sera commun à plusieurs villes ; parfois à toute une province, ou à plusieurs départements. Il peut même être un programme national, et, plus encore, arriver à intéresser plusieurs pays. Pourquoi s’arrêter à des limites politiques quelques fois très artificielles24 ? »

Charles Eliot. Plan du district métropolitain de Boston, 1893.

Charles Eliot. Plan du district métropolitain de Boston, 1893.

Le Regional Planning : « la science appliquée s’attachant à rendre la terre plus habitable25 »

  • 25 Benton MacKaye, « Growth of a New Science », The Survey, vol. LXXXVI, n° 10, oct. 1950, p. 439-442, (...)
  • 26 Id, « End or Peak of Civilization? », The Survey, vol. LXVIII, n° 13, oct. 1932, p. 441-444, réédit (...)
  • 27 Id, ibid., p. 128.

20Limites administratives dont il fallait s’affranchir – non sans difficulté – pour concevoir les grands plans métropolitains et qui perdront véritablement toute signification dès lors que l’on commencera à réfléchir au projet de territoires encore plus étendus, comme l’évoque très justement Forestier. Car il deviendra rapidement évident, suite aux premières expériences conduites, que maîtriser l’urbanisation galopante passait nécessairement par un équilibre à trouver entre nature, campagne, ville, industrie. Seul un tel projet permettrait de contrer la « quatrième migration26 » caractérisant d’ores et déjà l’époque contemporaine – la fuite des habitants, et de nombre d’activités, de la ville-centre vers les suburbs et la campagne. Lutter contre l’« invasion métropolitaine américaine27 », telle que définie par Benton MacKaye – c’est-à-dire comme une « intrusion maligne » [de la métropole] sur le territoire, physique, culturel, américain –, impliquait d’engager une action allant au-delà du plan métropolitain.

  • 28 Id, ibid., p. 129.
  • 29 Id., « Growth of a New Science », op. cit. note 25, p. 24.
  • 30 Id., « Toward Global Law », The Survey, vol. LXXXVII, n° 6, juin 1951, p. 266-268, réédité dans Fro (...)
  • 31 Id., « End or Peak of Civilization? », op. cit. note 26, p. 130

21Il était désormais indispensable de considérer l’environnement de l’homme, celui-ci étant entendu comme la « substance commune à notre vie humaine prise dans sa totalité28 ». Là encore, concevoir un tel projet supposait toutefois d’inventer une nouvelle science, que Benton MacKaye nomma – avec l’aide de Patrick Geddes Geotechnics, « la science appliquée s’attachant à rendre la terre plus habitable29 ». La « Geotechnics concerne l’habitabilité » expliquait MacKaye, étant entendu qu’« il y a trois sortes d’habitabilité : I, physique, II, économique, et III, sociale30 ». La région était définie en prenant en compte les caractères relatifs à ces trois conditions d’habitabilité. Un projet conduit en accord avec cette nouvelle science supposait d’intégrer, dans une même pensée, les données géographiques, économiques, sociologiques, culturelles, naturelles, les progrès techniques ou d’ingénierie réalisés. Tels sont les fondements du Regional Planning, aux États-Unis, défendu au cours des années 1920-1930 par les membres de la Regional Planning Association of America. Un idéal d’alliance entre ville et nature, industrie et agriculture, dans lequel l’espoir était fondé de voir se réduire le pouvoir d’une métropole inhumaine, corrompue. Car la métropole n’était qu’une « pseudo-ville », « un dépôt inorganique et non pas un organisme31 », ne cessait de rappeler MacKaye.

Benton MacKaye. Contrôle de l’expansion de la métropolisation par un système de « digues », 1928.

Benton MacKaye. Contrôle de l’expansion de la métropolisation par un système de « digues », 1928.
  • 32 Id., p. 129.
  • 33 Id., « A New England Recreation Plan », Journal of Forestry, vol. XXVII, n° 8, décembre 1929, p. 92 (...)

22Cette alliance, toutefois, ne pourrait voir le jour que si l’on était à même de réaliser cet équilibre on ne peut plus difficile à atteindre entre les trois « environnements » fondamentaux de l’homme : primitif – d’où vient l’homme –, communautaire – faisant de lui un être social –, et rural – médiateur entre les deux premiers32. L’industrie, nullement exclue, se devait de respecter cet équilibre de même que l’ensemble des ressources naturelles – sols, eaux, forêts, etc. Il en allait de même pour la ville qui pendant longtemps avait participé de cet équilibre, jusqu’à ce que certaines d’entre elles se muent en d’incontrôlables métropoles à l’origine de nombre des problèmes et disfonctionnements contemporains. La ville, expliquait Benton MacKaye, « est un merveilleux produit de l’évolution de l’humanité. D’autre part, la forêt est le produit […] de l’évolution des fondations de l’humanité. Ainsi, la forêt est la racine de la société humaine, tandis que la ville est sa tête et sa fleur. Une civilisation sans ville serait une civilisation sans tête ; et une civilisation sans sa forêt est une civilisation sans racine. […] Forêt et ville doivent se développer côte à côte dans n’importe quelle civilisation équilibrée33 ». Il s’agissait en fait pour les partisans du Regional Planning, tels Benton MacKaye ou Aldo Leopold, de réinstaurer l’indispensable « hygiène de la terre » afin que l’homme recouvre une partie du sens perdu de sa vie.

  • 34 Almanach d’un comté des sables, traduit de l’américain par Anna Gibson, Paris, Flammarion, 2000, p. (...)

« L’homme moderne typique est séparé de la terre par de nombreux intermédiaires et par d’innombrables gadgets – regrettait Leopold. Il n’a pas de relation vitale à la terre. Pour lui, elle est l’espace entre les villes où poussent des récoltes. Lâchez-le une journée dans la nature ; si l’endroit n’est pas un terrain de golf ou un “site pittoresque“, il s’ennuiera mortellement. Si l’on pouvait remplacer les fermes par la culture hydroponique, il trouverait cela très bien. Les substituts synthé- tiques du bois, du cuir, de la laine et autres produits naturels de la terre lui conviennent mieux que la chose elle-même. En bref, la terre, c’est quelque chose qu’il a dépassé depuis longtemps34 »

Benton MacKaye. Le monde métropolitain, 1928.

Benton MacKaye. Le monde métropolitain, 1928.
  • 35 B. MacKaye, The New Exploration, A Philosophy of Regional Planning, The Appalachian Trail Conferenc (...)
  • 36 B. MacKaye, « Toward Global Law », The Survey, vol. LXXXVII, n° 6, juin 1951, p. 266-268, réédité d (...)

23Si la nature – la végétation serait plus juste – est aujourd’hui souvent convoquée à toutes les échelles du projet architectural et urbain, elle nous semble plus être, toutefois, de l’ordre du « substitut » – le nombre de projets de fermes verticales soumis ces dernières années, par exemple, confirmant les propos de Leopold. Elle nous paraît en effet trop souvent convoquée pour pallier nos incertitudes, faire lien – entre l’architecture objet notamment –, ou apporter des solutions plus à même, à première vue, d’obtenir le consensus de tous pour des espaces qu’il nous est parfois difficile de concevoir comme ville, ou morceaux de ville. Or, un enseignement peut être tiré de ces expériences que nous venons d’évoquer rapidement sur le rôle structurant attribué à la nature comme mode de valorisation et de développement du territoire. L’urbanisation américaine de la seconde moitié du XXe siècle, notamment, nous met en garde contre ces open-spaces omniprésents – espaces-ouverts-verts à ne pas confondre avec les espaces publics qui, quant à eux, sont en voie de disparition –, trop souvent envisagés comme mode de différenciation, de séparation, voire d’exclusion. Tel est en effet, nous semble-t-il, le rôle désormais fréquemment imparti à l’arbre – à la végétation de façon générale, jardins potagers « partagés » y compris parfois – dans nombre d’actions ou de projets contemporains. La nature est généralement réduite au « vert », associé à une technique de plus en plus perfectionnée, réduisant à néant la dimension spirituelle qui lui avait jusqu’alors été rattachée au sein des différentes cultures de l’habiter. Il en va fréquemment de même pour la question environnementale, rarement considérée dans toutes les dimensions écologiques, économiques, sociales, culturelles, qui lui sont pourtant indissociables, sans compter que l’homme, ayant « dépassé la terre depuis longtemps », semble connaître la plus grande difficulté à s’identifier comme un habitant de la planète. L’environnement, insistait MacKaye, est « le souffle de vie [...] l’ingrédient de base du vivant, comme l’air est celui de l’existence35 ». Et il prévenait : « Dans les temps normaux d’hier, nous pourrions mettre l’accent sur le jardin [dooryard], mais s’il vous plaît, messieurs les techniciens, les hommes d’État, les citoyens, dans l’urgence dans laquelle nous sommes aujourd’hui, gardez un œil fixé sur le globe36 ».

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Benton MacKaye. Carte de l’Appalachian Trail

Benton MacKaye. Carte de l’Appalachian Trail

Carte illustrant l’article « An Appalachian Trail: a Project in Regional Planning », Journal of the AIA, 1921.

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Notes

1 Chris Younès, Ville contre-nature. Philosophie et architecture, Paris, La Découverte, 1999.

2 Ibid., p. 7.

3 Loi Grenelle 1 du 3 août 2009 de programmation relative à la mise en œuvre du Grenelle de l’environnement (1) ; loi Grenelle 2 du 12 juillet 2010, « engagement national pour l’environnement ».

4 « Nature urbaine en projet. Vers une nouvelle alliance entre nature et ville », colloque international, Maison de l’architecture, Paris, 7-8 février 2013, organisé par l’école nationale supérieure du paysage de Versailles et l’UMR SAD-APT/AgroParisTech (INRA).

5 Jean Gottmann, Megalopolis. The Urbanized Northeastern Seaboard of the United States, New York, The Twentieth Century Fund, 1961.

6 Ibid., p. 5.

7 Ibid.

8 Ibid., p. 237.

9 Sur le rôle du parc dans la ville, voir notamment George F. Chadwick, The Park and the Town. Public Landscape in the 19th and 20th Centuries, Londres, The Architectural Press, 1966.

10 Publié dans The Gardener’s Magazine, n° 5, 1829.

11 John Claudius Loudon, The Gardener’s Magazine n° 5, 1829, cité par Alessandra Ponte, « Le parc public en Grande-Bretagne et aux États-Unis. Du “Genius Loci“ au “Génie de la Civilisation“ », dans Monique Mosser, Georges Teyssot, Histoire des jardins de la Renaissance à nos jours, Flammarion, 1991, p. 369 [1e édition Electa, 1990].

12 Dans le chapitre III « Les grands Espaces libres. Les Parcs et Jardins de Paris et de Londres », Eugène Hénard, Études sur les transformations de Paris, Paris, L’Équerre, 1982, p. 87 [éd. originale 1903-1909].

13 Ibid.

14 Jean-Claude-Nicolas Forestier, Grandes villes et systèmes de parcs, Paris, Norma, 1997, [Paris, Hachette & Cie, 1908], p. 49.

15 Id., ibid, p. 56.

16 Ibid.

17 Andrew Jackson Downing, A treatise on the Theory and Practice of Landscape Gardening, Adapted to North America with a View to the Improvement of Country Residences, New York, Londres, 1841, p. 33.

18 New York Delire. Un manifeste rétroactif pour Manhattan, Marseille, Parenthèses, 2002. p. 21 [Delirious New York, 1978] ; voir également Hubert Damisch, « Le transfert de Manhattan » dans Jacques Lucan, OMA – Rem Koolhaas. Pour une culture de la congestion, Paris, Le Moniteur, p. 20-33.

19 Les Camelback Mountains, hautement symboliques dans le paysage de Phoenix, ont été classées en 1968 comme « patrimoine naturel à perpétuité ». Au cours des années 1980 était créé le South Mountain Park d’une superficie de 18 000 acres dans le sud de la ville, le plus grand parc « urbain » de wilderness des États-Unis. La question de la relation ville-nature aux États-Unis a été traitée dans l’ouvrage Usonia ou le mythe de la ville-nature américaine, Paris, Éditions de la Villette coll. « Penser l’espace », 2009, 240 p.

20 Section de séquoia géant provenant du General Grant Park de Californie, qui fut l’une des principales attractions de l’Exposition de 1893. Nommé en l’honneur de John Noble, le redwood rappelait à la population américaine le General Land Law Revision Act que celui-ci avait fait adopter en 1891, accordant au président des États-Unis les pleins pouvoirs pour créer des réserves de forêts sur le territoire public national. Voir Christine Macy, Sarah Bonnemaison, Architecture and Nature creating the American Landscape, Londres, New York, Routledge, 2003, p. 13.

21 Fredericl Law Olmsted « Public Parks and the Enlargement of Towns », publié pour la première fois en 1870 par l’American Social Science Association, p. 1-36, réédité par S. B. Sutton, Civilizing American Cities. Writings on City Landscapes. Frederick Law Olmsted, New York, Da Capo Press, 1997, p. 92 [1e édition MIT Press, 1971].

22 Selon Norman T. Newton, la première occurrence officielle du terme Landscape Architecture date du 14 mai 1863, date à laquelle F. L. Olmsted et C. Vaux signent la lettre de démission qu’ils adressent au comité chargé de l’administration de Central Park en ces termes : « Olmsted and Vaux, Landscape Architects », voir Norman T. Newton, Design on the Land. The Development of Landscape Architecture, Cambridge, The Belknap Press of Harvard University Press, 1971, p. 273.

23 Dans « Conditions Under Which the Evils of Large Towns Have Diminished », The Papers of Frederick Law Olmsted, supplementary series vol. 1, Charles E. Beveridge, Carolyn F. Hoffman Editors, Baltimore, The John Hopkins University Press, 1997, p. 126.

24 Forestier, op. cit. note 14, p. 69.

25 Benton MacKaye, « Growth of a New Science », The Survey, vol. LXXXVI, n° 10, oct. 1950, p. 439-442, réédité dans B. MacKaye, From Geography to Geotechnics, Paul T. Bryant (ed.), Urbana/Chicago, University of Illinois Press, 1968, p. 24. La pensée de Benton MacKaye a été plus particulièrement développée dans Catherine Maumi, « L’Appalachian Trail : Une “nouvelle exploration“ en vue de rendre la Terre plus habitable », Les Carnets du paysage n° 22, « Montagne », Arles, Actes Sud, École nationale supérieure du paysage de Versailles, 2012, p. 204-229.

26 Id, « End or Peak of Civilization? », The Survey, vol. LXVIII, n° 13, oct. 1932, p. 441-444, réédité dans From Geography to Geotechnics, op. cit. note 25, p. 128. Concept de « Quatrième migration » que MacKaye emprunte à Lewis Mumford ; voir Lewis Mumford, « The Fourth Migration », Survey Graphic, 54, 1er mai 1925, p. 130-133.

27 Id, ibid., p. 128.

28 Id, ibid., p. 129.

29 Id., « Growth of a New Science », op. cit. note 25, p. 24.

30 Id., « Toward Global Law », The Survey, vol. LXXXVII, n° 6, juin 1951, p. 266-268, réédité dans From Geography to Geotechnics, op. cit. note 26, p. 110-111.

31 Id., « End or Peak of Civilization? », op. cit. note 26, p. 130

32 Id., p. 129.

33 Id., « A New England Recreation Plan », Journal of Forestry, vol. XXVII, n° 8, décembre 1929, p. 927-930, réédité dans op. cit. p. 164.

34 Almanach d’un comté des sables, traduit de l’américain par Anna Gibson, Paris, Flammarion, 2000, p. 282 [1949].

35 B. MacKaye, The New Exploration, A Philosophy of Regional Planning, The Appalachian Trail Conference, Harpers Ferry, West Virginia, University of Illinois Press, Urbana-Champaign, 1962, p. 29 [Harcourt, Brace and Company, Inc., 1928].

36 B. MacKaye, « Toward Global Law », The Survey, vol. LXXXVII, n° 6, juin 1951, p. 266-268, réédité dans From Geography to Geotechnics, op. cit. note 26, p. 110.

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Table des illustrations

Titre John Bachmann. Vue à vol d’oiseau de Central Park, New York, 1863.
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Titre Frederick Law Olmsted. Esquisse du Park System de Buffalo, 1868.
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Titre Charles Eliot. Plan du district métropolitain de Boston, 1893.
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Titre Benton MacKaye. Contrôle de l’expansion de la métropolisation par un système de « digues », 1928.
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Titre Benton MacKaye. Le monde métropolitain, 1928.
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Titre Benton MacKaye. Carte de l’Appalachian Trail
Légende Carte illustrant l’article « An Appalachian Trail: a Project in Regional Planning », Journal of the AIA, 1921.
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Pour citer cet article

Référence papier

Catherine Maumi, « Keep your eye on the ball! »Les Cahiers de la recherche architecturale et urbaine, 28 | 2013, 12-24.

Référence électronique

Catherine Maumi, « Keep your eye on the ball! »Les Cahiers de la recherche architecturale et urbaine [En ligne], 28 | 2013, mis en ligne le 12 septembre 2017, consulté le 06 juillet 2025. URL : http://journals.openedition.org/crau/491 ; DOI : https://doi.org/10.4000/crau.491

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Auteur

Catherine Maumi

Architecte, docteur de l’EHESS en études urbaines, habilitée à diriger les recherches. Elle enseigne l’histoire et les théories de l’architecture et de la ville à l’école nationale supérieure d’architecture de Grenoble, où elle est membre du laboratoire MHA, Les métiers de l’histoire de l’Architecture. Ses recherches interrogent l’idée de ville dans les cultures architecturales nord-américaine et européenne, avec l’objectif de « déconstruire » les mythes sur lesquels repose sa conception. Ouvrages scientifiques et direction d’ouvrages scientifiques : C. Maumi (dir.), Pour une poétique du détour. Rencontre autour d’André Corboz, Paris, Éditions de la Villette, 2010 ; Usonia ou le mythe de la ville-nature américaine, Paris, Éditions de la Villette, 2009 ; Thomas Jefferson et le projet du Nouveau Monde, Paris, Éditions de la Villette, 2007. Parmi ses contributions à des ouvrages scientifiques : « Penser l’hyperville : un exercice de “style libre” ? », dans Alain Guiheux (dir.) Action Architecture, Paris, Éditions de La Villette, 2011, p. 155-175 ; « Anti-urbain ? Le mythe d’une “ville-rez-de-chausée dans la verdure”… », dans Lucie K. Morisset, Marie-Ève Breton (dir.) La ville, phénomène de représentation, Québec, Presses de l’université du Québec, 2011, p. 145-167 ; « Broadacre City : projet territorial de Frank Lloyd Wright », dans Thierry Paquot (dir.) Les faiseurs de villes (1850-1950), Gollion, Infolio, 2010, p. 453-469 ; Notices « Métropole » (avec C. Lamarre) et « Capitale » (avec B. Marin), dans Christian Topaloff, Laurent Coudroy de Lille, Jean-Charles Depaule, Brigitte Marin (dir.) L’aventure des mots de la ville à travers le temps, les langues, les sociétés, Paris, Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2010, p. 200-204 et p. 749-753.

catherine.maumi@grenoble.archi.fr

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