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Du sol pour l’habitant au sol pour le vivant. L’histoire des traces génératrices de biodiversité dans le projet de recherche Morphobio Toulouse

From Inhabited to Living Soils. Historic Traces of Biodiversity in the MorphobioT Research Project
Laura Girard, Constance Ringon et Anaïs Leger-Smith

Résumés

Cet article se propose de questionner la place de l’histoire dans le cadre du projet de recherche interdisciplinaire MorpobioT. À travers un corpus de cinq quartiers toulousains aux origines diverses (faubourg, cité Castor, grand ensemble, pavillonnaire et écoquartier), il propose une lecture de l’étude en cours afin de faire ressortir les apports spécifiques de l’histoire dans une recherche qui s’interroge sur la capacité de différents tissus urbains à accueillir et à maintenir une biodiversité en milieu urbain. Les outils de l’historien architecte sont mis en regard de ceux qui sont spécifiques à d’autres disciplines. Il s’agit ici de s’intéresser aux apports de l’histoire à une recherche ancrée dans des questions actuelles : la place du vivant dans les quartiers urbains.

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Texte intégral

  • 1 L’équipe de recherche se compose précisément de : Anne Péré, architecte et urbaniste, Anaïs Leger-S (...)

1Cet article propose une contribution nouvelle sur le rôle de l’histoire dans l’étude des réseaux écologiques des quartiers, en s’appuyant sur la démarche et les premiers résultats du programme de recherche « Formes urbaines et MORPHOlogie végétales en ville pour la BIOdiversité : le cas de la ville de Toulouse » (MorphobioT). Ce travail s’inscrit dans le cadre de l’appel à projets Biodiversité, aménagement urbain et morphologie (BAUM) lancé par le PUCA en février 2020, avec l’objectif de comprendre la capacité de ces tissus à accueillir et à maintenir une biodiversité en milieu urbain, en lien avec les continuités écologiques métropolitaines, en mobilisant une équipe pluridisciplinaire composée d’architectes, d’urbanistes, d’historiennes, d’ingénieurs paysagistes, d’écologues, de botanistes et d’ornithologues1.

2La démarche est triple. D’une part, elle s’intéresse à l’évolution des modèles urbains, à l’épistémologie de la relation ville-nature et à son impact sur les formes architecturales et végétales. Elle cible ensuite, à travers une méthode de lecture paysagère, l’association de ces formes dans le cadre des pratiques de conception urbaine et architecturale. Enfin, elle étudie l’impact de ces modèles sur la biodiversité, afin de produire un regard renouvelé et systémique sur la relation biodiversité et morphologie urbaine.

3Comment l’histoire de l’architecture, de l’urbanisme et du paysage trouve-t-elle sa place au sein d’une telle équipe ? Comment le dialogue autour de la biodiversité peut-il notamment passer par la question du temps ? Comment mettre en rapport le temps long et l’aspect « éphémère » et non renseigné par des archives du végétal et de l’avifaune ? Quel rôle joue ici l’histoire de quartiers aux origines et morphologies diverses ?

4Émettons l’hypothèse que l’histoire permet la compréhension du vivant, qu’elle peut donner des indications importantes sur les origines de la biodiversité d’un quartier, sur sa permanence et son éventuelle disparition. Il s’agira ainsi de montrer comment la discipline s’est saisie d’éléments en lien avec des regards autres et de montrer comment l’hybridation avec plusieurs champs a permis d’appréhender ce vaste domaine d’investigation.

5Dans un premier temps, nous reviendrons sur le rôle de l’histoire dans le projet de recherche MorphobioT et sur les thématiques qu’il interroge au regard de la place de la nature en ville. Nous regarderons ensuite comment l’histoire des sols des quartiers est explorée. À travers une série d’échantillons d’analyses propres à nos objets d’étude, il s’agira de mettre à jour les éléments constitutifs de la narration de l’histoire de traces génératrices de biodiversité. Enfin, nous élargirons nos considérations en questionnant le rôle de la discipline historique dans les études urbaines au regard d’enjeux actuels.

Histoire et quartiers au prisme du vivant

  • 2 Éric Alonzo, Du rond-point au giratoire, Marseille, Parenthèses, 2005 ; Éric Alonzo, L’Architecture (...)
  • 3 Ebenezer Howard, To-morrow: A Peaceful Path to Real Reform, London, Swan Sonnenschein & Co., Ltd, 1 (...)
  • 4 Mayté Banzo, « L’espace ouvert pour recomposer avec la matérialité de l’espace urbain », Articulo - (...)
  • 5 Bernadette Blanchon-Caillot, « Pratiques et compétences paysagistes dans les grands ensembles d’hab (...)
  • 6 Anaïs Leger-Smith, « Des projets de paysage qui évoluent », dans Philippe Clergeau (dir.), Urbanism (...)
  • 7 Nicolas Gilsoul, La Ville fertile, Paris, Le Moniteur, 2011 ; Charles Waldheim, « Landscape as Urba (...)

6Dès la mise en place des modèles urbains du début du XXe siècle, une réflexion est conduite sur le rapport entre bâti et espace ouvert, ville, nature et végétal2. La cité-jardin, modèle d’urbanisme social, renforce le lien entre homme et nature, le végétal y jouant un rôle structurant3. Aux États-Unis, les systèmes de parcs sont mis en avant par le paysagiste et urbaniste Frederick Law Olmsted comme structure de la croissance urbaine et partie intégrante du modèle hygiéniste. Plus tard, le modèle moderne des grands ensembles développe la notion d’« espace ouvert » et la Charte d’Athènes prône un hygiénisme moderne4. Le rôle du paysage dans le projet urbain s’y renforce5. L’urbanisme écologique et les pratiques du paysage émergent graduellement depuis les années 19606, pour devenir depuis les années 2000 le modèle de conception urbaine de la ville fertile7.

  • 8 Albert Levy, « Formes urbaines et significations : revisiter la morphologie urbaine », Espaces et s (...)
  • 9 IAURIF, Référentiel de densités et de formes urbaines, Institut d’aménagement et d’urbanisme de la (...)

7En ce qui concerne l’étude des tissus urbains et de leur morphologie, les historiens ont cherché à expliquer l’organisation et la production du bâti en réfléchissant aux relations entretenues par le sol, le bâti, le parcellaire, le réseau viaire, les constructions, les espaces libres, les formes et les pratiques8. Conjointement à cet état des lieux, différentes typologies sont identifiées (habitat continu bas, ensemble d’habitat individuel identique, habitat individuel, habitat collectif continu haut, habitat collectif discontinu) et un ensemble de caractères permettent de définir le tissu urbain (parcellaire, bâti, viaire, espace libre, espaces perméables et imperméables, agrégation en îlots)9.

  • 10 Pauline Frileux, Le Bocage pavillonnaire, une ethnologie de la haie, Paris, Créaphis, 2013 ; Audrey (...)
  • 11 Pauline Laille, Damien Provendier, François Colson, Julien Salanié, Les ienfaits du végétal en vill (...)

8La formation végétale, quant à elle, est étudiée comme notion d’organisation et de répartition des végétaux dans l’espace. Un groupement de végétaux est défini par une physionomie relativement homogène due à la dominance d’une ou plusieurs formes biologiques. Les formations végétales spontanées ou cultivées ont déjà été décrites en recherche, alors que ce n’est pas le cas pour les formations végétales d’agréments. Dans cette catégorie, les études existantes ciblent principalement les parcs et jardins publics, mais encore assez peu les formes jardinées en ville, et notamment celles relevant de l’espace privé ou commun10. Par ailleurs, notons que la composition et la structuration de la végétation dans l’espace sont aussi déterminantes pour de nombreux services écosystémiques urbains. Le végétal joue un rôle essentiel pour le climat, le cycle de l’eau, la qualité de l’air, la baisse de l’empreinte carbone, la consommation d’énergie et le confort dans les bâtiments, contribuant ainsi à améliorer le cadre de vie11.

  • 12 Dans cette même lignée, plusieurs projets de recherche répondant à ce même appel d’offres proposent (...)

9L’association des réflexions sur la forme urbaine et la forme végétale ainsi que leurs évolutions semblent créer des conditions propices au développement ou au maintien d’une certaine biodiversité dans la ville. Ces formes découlent du tissu urbain préexistant et/ou des modèles urbains archétypaux correspondant à l’époque de réalisation du quartier. Ainsi, nous émettons l’hypothèse que la constitution des formes urbaines et végétales et leur développement au cours du temps auraient un impact sur la biodiversité actuelle. Étudier cette tension à l’échelle de différents quartiers permet de renouveler le regard porté sur le vivant et son rapport au passé12.

  • 13 APUR, Évolution de la nature à Paris de 1730 à nos jours, recherche-action Naturpradi : Nature(s) u (...)
  • 14 Emmanuel Laurentin, Charlotte Vorms, Loïc Vadelorge, « Le Quartier, objet d’histoire », La Fabrique (...)
  • 15 Citons à titre d’exemple Gérard Jacquemet, « Belleville aux XIXe et XXe siècles : une méthode d’ana (...)
  • 16 Jacques Lévy et Michel Lussault (dir.), Dictionnaire de la géographie et de l’espace des sociétés, (...)

10En 2018, l’APUR met en lien présence du végétal en ville et histoire en publiant un travail de recherche rendant compte de l’évolution de la nature dans Paris de 1730 à nos jours13. Ce document met en rapport ville, faits historiques et considération de la nature au sein de la société, au fil du temps. Une partie de la démarche du projet de recherche MorphobioT s’inscrit dans la lignée de ce travail, bien que ses objectifs soient élargis et que l’échelle porte sur les formes urbaines de différents quartiers, leurs concordances et leurs différences. Afin de réaliser une étude de combinaisons de formes urbaines et végétales et d’associer a posteriori les mesures de biodiversité, nous favorisons en effet l’échelle du quartier comme aire d’étude. La démarche initiée est celle de l’histoire urbaine, voire de la microhistoire urbaine, s’appuyant sur la méthodologie éprouvée de la monographie de quartier. Dans les années 1980, ce genre s’intéressait particulièrement aux quartiers populaires (grand ensemble, banlieue, quartier destiné à la rénovation urbaine…), mais ce type d’étude est tombé en désuétude dans les années 199014. Aujourd’hui, un regain d’intérêt pour l’étude historique du quartier comme laboratoire de questionnements plus larges est à l’œuvre15. Il s’inscrit dans la volonté d’articuler les échelles entre les politiques nationales et les configurations de terrain, de redescendre à l’échelle locale, et de revaloriser la représentation collective qui circule dans les quartiers. La biodiversité et le vivant constituent une piste de recherche féconde, commune à différentes disciplines et précieuse dans une période où les inquiétudes liées au changement climatique se multiplient. Le vivant, entendu ici comme l’« ensemble des réalités biologiques possédant des grandes caractéristiques communes, telles que la reproduction, le métabolisme, l’information et la signalisation cellulaire et moléculaire », fait l’objet d’intérêts très variables au cours du temps16. Proposer une lecture des quartiers en la confrontant au paradigme du vivant projette une nouvelle étape de l’historiographie, en lien avec un contexte propice à ces interrogations. Cette hybridation nous plonge aussi dans une autre dimension, celle de l’histoire des sols, qui déplace les gradients social et politique vers celui du vivant, de la biodiversité et donc de la place de la nature en ville. L’intérêt pour les sols se revêt ici de questions en rapport avec son usage : limites, épaisseurs, strates et palimpsestes…

11L’articulation entre macro et microhistoire joue alors ici un rôle essentiel, en mettant en rapport le réel et la théorie. L’histoire trouve ainsi sa place dans une interface d’échanges entre disciplines, notamment dans sa vocation à aiguiser le regard sur l’urbain, le bâti et les sols et à expliquer les raisons d’un état de fait observé aujourd’hui. Dans ce projet de recherche, son intérêt est double : d’une part, comprendre chacun des sites sélectionnés en les mettant en regard de strates historiques, en faisant émerger les traces génératrices de biodiversité, et d’autre part, faire intervenir le modèle théorique, source de l’urbanisation qui a vu le jour et le confronter à la réalité locale, aux acteurs intervenant au sein des quartiers. Ce travail permet alors d’entrevoir plusieurs ouvertures quant à la place de la discipline au sein d’une recherche ancrée dans le présent. Seulement, comment y capter des éléments significatifs en termes de biodiversité ? Comment allier des données portant principalement sur les formes du territoire avec des éléments qui ne sont habituellement pas ou peu renseignés (nature des sols, plantations, dessins du végétal…) ?

Une « histoire des sols » des quartiers : des traces génératrices de biodiversité ?

  • 17 Marcel Roncayolo, La Ville et ses territoires, Paris, Gallimard, 1990 et André Corboz, Le Territoir (...)

12Raconter l’histoire de ces tissus au regard de leur capacité actuelle d’accueil du vivant consiste à considérer que les traces urbaines, architecturales et paysagères héritées sont aujourd’hui génératrices de biodiversité. Une approche des différentes formes urbaines a pour objectif de faire apparaître, à la manière d’un palimpseste, les strates ou effacements ayant pu générer une diversité dans les situations rencontrées17. Il s’agit de comprendre comment, en se frottant à la réalité, ces tissus urbains ont pu se constituer puis muter, et dans quelle mesure la nature, et plus largement le vivant y sont encore accueillis aujourd’hui.

Le corpus d’étude du projet MorphobioT : cinq quartiers toulousains

13Le corpus d’étude est constitué de cinq quartiers résidentiels de la ville de Toulouse, témoignant d’une diversité dans leurs typologies respectives et représentant aussi des modèles théoriques urbains. Le choix du corpus s’est établi le long d’un transect-gradient entre la ville constituée et les franges de la métropole, montrant ainsi l’histoire des tissus toulousains et l’accroissement de la métropole. Il comprend les typologies suivantes (fig. 1) :

  • Un quartier de type faubourg, Le Busca, proche de la ville historique, hors de ses anciennes enceintes. Il propose un dessin régulier, tramé, au sein duquel les formes architecturales sont variables mais souvent mitoyennes et dessinent un front bâti sur la rue tout en laissant des cœurs d’îlots non bâtis.

    • 18 Cette cité Castor s’inscrit dans le mouvement coopératif des Castors qui avait pour l’une de ses vo (...)

    Un quartier de type ouvrier, réalisé dans les années 1950, la cité Castors de Bagatelle18, issu d’un projet global, porté par des familles d’ouvriers et dessiné par des architectes. Rassemblés pour des raisons économiques, les ouvriers ont loti un terrain avec des maisons jumelées qu’ils ont construites eux-mêmes. Il existe ici une répétition des formes architecturales et le jardin est intégré au projet avec des potagers (fig. 2 et 3).

    • 19 Au sujet des grands ensembles toulousains et notamment du cas du quartier d’Ancely, il sera intéres (...)

    Un grand ensemble réalisé dans les années 1960, le quartier Ancely, constitué de logements collectifs répartis dans des barres d’immeubles qui ont la même matérialité19. Le parc entoure les logements, la voiture est laissée en périphérie. Dans ce cas, il est remarquable de noter que l’architecte, Henri Brunerie, a porté une attention particulière au parc, en choisissant de conserver les alignements d’arbres du domaine préexistant et en composant le dessin lui-même : bassin, cheminements, plantations…

  • Un quartier pavillonnaire des années 1980-1990, qui s’est développé en bordure de l’agglomération à partir de la trame d’un ancien cœur de village, Saint-Simon. Le tissu est ici lâche, peu dense, et présente cette même caractéristique du Busca de s’être fabriqué sur le temps long. Le quartier de Saint-Simon est entouré de zones agricoles, jardins maraîchers et fermes, qui se voient progressivement rattachés à la métropole toulousaine. Le tissu originel a connu d’importantes mutations.

    • 20 Anaïs Leger-Smith, « Critique de paysage de l’écoquartier Vidailhan à Balma, entre écologie de l’es (...)

    Un écoquartier datant des années 2010, Vidailhan, dans la commune de Balma, , qui fait partie de la communauté urbaine du Grand Toulouse. Il s’agit d’un projet construit d’un seul tenant au XXIe siècle, avec l’ambition de produire un quartier durable dans lequel on maîtrise les ressources nécessaires à la population habitante. Vidailhan se développe sur d’anciennes terres agricoles. Le végétal est présent sur l’ensemble du site : lisière de parcelles, cœur d’îlots, noues pour les ruissellements20.

Figure 1. Plan de repérage des différents quartiers dans Toulouse, 2022

Figure 1. Plan de repérage des différents quartiers dans Toulouse, 2022

© Constance Ringon

Figure 2. Plan général du quartier des Castors de Bagatelle, 2022

Figure 2. Plan général du quartier des Castors de Bagatelle, 2022

© Équipe MorphobioT

Figure 3. Photographie du quartier des Castors de Bagatelle à l’heure actuelle, 2022

Figure 3. Photographie du quartier des Castors de Bagatelle à l’heure actuelle, 2022

© Équipe MorphobioT

Rassembler une matière documentaire hybride

14Tout d’abord, une analyse des sources disponibles était nécessaire afin de savoir dans quelle mesure nous serions à même d’aborder chacun des sites et de les confronter. Pour comprendre l’histoire des quartiers et de leurs sols, des documents de différentes natures se sont imposés, provenant principalement de sources archivistiques.

15En premier lieu, les cartes représentant le territoire ont été rassemblées en un atlas et sont devenues des éléments de compréhension du développement de la ville et de la place des quartiers dans celle-ci, dans les différentes temporalités de leur urbanisation. Les quartiers étudiés étant situés en dehors du centre-ville, peu de cartes anciennes les représentent. De plus, ces cartes doivent être regardées avec précaution, leur fiabilité et leur précision dépendant de leur dessein : une carte d’état des lieux préalable à un projet, un nouveau projet urbain présenté… Nous avons opéré une sélection parmi l’ensemble de la documentation existante. Pour le faubourg du Busca, nous avons par exemple utilisé le plan de l’ingénieur Joseph Marie de Saget, daté de 1777. Ensuite, nous nous sommes particulièrement appuyées sur les cartes d’État-major dessinées entre 1818 et 1881, et donnant d’ores et déjà une lecture mettant les cinq quartiers au même niveau. À cette carte fut associé le plan de la ville de Toulouse de 1926, réalisé par des entreprises photo-aériennes. Ici, notons l’absence du quartier de Vidailhan, situé hors des limites communales. Nous avons également recueilli des plans partiels, des projets et autres représentations des morceaux de ville à des dates variables afin de nourrir le plus possible l’histoire urbaine de ces tissus. De plus, les campagnes de photographies aériennes de l’Institut national de l’information géographique et forestière21, réalisées depuis 1919 et disponibles en ligne, se sont révélées fructueuses ; d’une part, elles renseignent abondamment chacun des sites tout au long du XXe siècle et au début du XXIe siècle et d’autre part, la photographie apporte une précision complémentaire dans la localisation de la végétation, des bosquets, éléments que la carte laisse souvent de côté.

16À ces représentations planimétriques et cartographiques, une collection de photographies, certes hétérogène d’un site à l’autre, a été associée afin d’apprécier les volumétries bâties et les ambiances urbaines et végétales des lieux, à diverses époques.

17Pour enrichir la compréhension des sites, nous nous sommes orientées vers les archives municipales et les permis de construire, notamment ceux des quartiers réalisés d’une traite. Ces documents ont permis d’établir les volontés émises par les architectes, quant à l’architecture mais aussi quant aux espaces laissés non bâtis, à la prise en compte ou non de la végétation dans le projet. Une recherche minutieuse a été menée dans les publications locales, en particulier celles des sociétés savantes, des articles et des récits s’intéressant aux morceaux de ville à analyser. Plusieurs références se sont révélées précieuses, décrivant l’histoire d’un ancien domaine, la nature géologique des sols ainsi que les activités commerciales et industrielles des quartiers. Pour le site du Busca, une association de quartier particulièrement active alimente un blog avec de nombreux articles retraçant les faits marquants et ordinaires de l’histoire du quartier, de ses occupations et de ses transformations22.

18Enfin, les cinq cas d’étude font l’objet de renseignements complémentaires, provenant de la mémoire orale des habitants. En effet, tout au long du projet de recherche, plusieurs rencontres ont donné la possibilité à divers acteurs de s’exprimer : habitants, associations d’habitants, promoteurs, urbanistes… Les récits et les photographies ainsi récoltés mettent en regard la mémoire orale fugace qui n’apparait pas dans les sources écrites.

19À ces sources propres à l’histoire se sont ajoutées les visites in situ réalisées par l’équipe de recherche. Ainsi, les relevés des formes bâties et des formes végétales ont assuré un constant dialogue interdisciplinaire. Notons par exemple le travail de recensement des végétaux par Boris Presseq, botaniste au Museum de Toulouse, qui a donné un relief particulier aux cartes historiques produites, permettant d’associer à ces schémas analytiques des éléments très précis concernant l’âge des arbres de par leur taille, leur canopée…

Production graphique et écrite partagée et pluridisciplinaire

20Cette matière documentaire rassemblée est hétérogène à l’échelle de la vie d’un quartier mais aussi d’un cas de figure à l’autre. Nous avons alors décidé de créer une charte graphique et écrite partagée pour les cinq sites choisis, en mettant en place une grille d’analyse commune.

21Devant la diversité des sources rassemblées — diversité de contenu, diversité d’échelle, diversité graphique —, nous avons opté pour la production de documents homogènes d’un quartier à l’autre, qui forment la synthèse de l’étude de toutes les sources cartographiques et photographiques disponibles. Cette synthèse permet ensuite de comprendre les changements traversés par chaque tissu et de comparer l’évolution de chaque quartier.

22Ensuite, cette grille d’analyse a déterminé trois temporalités permettant de comprendre comment ces tissus se sont constitués et ont évolué : une date précédant l’urbanisation, puis le moment du développement du tissu considéré et enfin la période actuelle, en rapport direct avec le cœur du sujet de recherche.

23L’échelle temporelle déterminée, il était également important de questionner l’échelle géographique. Afin de comprendre ces terrains dans leur complexité et dans leur proximité avec l’urbanisation, deux échelles ont été adoptées : celle du plan paysager (1/10 000) qui met en évidence le quartier dans son environnement bâti et naturel. La deuxième échelle se centre sur le quartier (1/2 000) et permet de comprendre celui-ci dans sa finesse et ses détails en passant le site au crible : courbes de niveau, chemins et voiries, limites parcellaires, bâti, clôtures « épaisses », végétation (arbres, haies, plantations…), types de jardins… sont identifiés et représentés de manière schématique en plan et en coupe. La représentation en coupe a été mobilisée afin de comprendre l’évolution de chacun des quartiers et de la mettre en rapport avec les relevés actuels, faisant état des rapports entre bâti, végétal et avifaune. Ces critères permettent de faire ressortir les formes architecturales édifiées, leur emprise et leur gabarit mais aussi la place accordée au végétal selon les époques et le modèle bâti existant.

24Ces outils, matérialisant les traces laissées par chaque époque, rendent compte des différentes occupations et transmettent l’histoire des sols des quartiers.

De l’outil au cas d’étude

25À travers la présentation d’un quartier, il nous semblait important de revenir ici de manière concrète sur la production de la recherche. Il s’agit là de montrer comment une partie des outils et des sources précédemment cités ont été convoqués, permettant de donner une lecture globale de l’ensemble des sites, dans leurs particularités.

Les plans et coupes schématiques à l’échelle du quartier : le cas de la cité Castors de Bagatelle

26À l’échelle du quartier, les plans schématiques et les coupes sont déclinés et pensés à la main (fig. 4). Prenons ici l’exemple du quartier des Castors de Bagatelle, situé sur la rive gauche de la Garonne, au sud-ouest du centre-ville.

Figure 4. Schéma de réflexion concernant l’histoire des sols du site des Castors de Bagatelle

Figure 4. Schéma de réflexion concernant l’histoire des sols du site des Castors de Bagatelle

© Constance Ringon

  • 23 Carte d’État-major de Toulouse, échelle : 1/40 000, 1866.
  • 24 Remonter le temps, IGN, Mission C2043-0171_1950_CDP3530_0441, cliché n° 441, échelle : 1/4911, type (...)

27Avant l’urbanisation du quartier, grâce à la carte dressée par l’état-major, nous découvrons un paysage constitué de parcelles maraîchères et de vignes (fig. 5)23. En périphérie de celui-ci, des chemins historiques rallient la rive gauche de la ville. Notons aussi qu’une des propriétés attenantes à la parcelle sur laquelle prendra place le projet est dotée d’un château et de son parc, entourés de murs. Les campagnes de photographies du début du XXe siècle permettent de prendre connaissance des nuances dans l’implantation des limites parcellaires, des végétaux24. On repère sur ce type de photographies les haies marquant les limites du site, et qui, parfois maintenues dans le temps, sont des vecteurs de biodiversité. Quelques arbres s’en détachent mais aucun n’empiète sur le cœur du site, dédié à une production agricole. Un seul édifice est présent, un bâtiment agricole, qui sera préservé dans les premiers temps de l’édification du quartier.

Figure 5. Plan et coupe schématiques du site des Castors de Bagatelle avant la réalisation du quartier, au début du XXe siècle

Figure 5. Plan et coupe schématiques du site des Castors de Bagatelle avant la réalisation du quartier, au début du XXe siècle

© Constance Ringon avec Marie Ardilouze

  • 25 Remonter le temps, IGN, Mission C2143-0251_1958_CDP1423_1829, cliché n° 1829, échelle : 1/5013, typ (...)
  • 26 Permis de construire du lotissement « Cité Notre Logis » à Bagatelle, par René et Marie-Louise Cord (...)

28Une photographie datée de 1958 expose la réalisation du quartier des Castors25. En l’associant aux permis de construire consultés aux archives municipales et aux photographies conservées par les acteurs de ce chantier coopératif, nous appréhendons la nature des différents espaces : bâti, non-bâti, chemins piétons, plantations (fig. 6). Ces caractères, visibles en photographies aériennes sont aussi illustrés par les photographies historiques du site fournies par les habitants. Les plans réalisés par Jean Barbut et le couple formé par René et Marie-Louise Cordier en 1951 proposent une desserte du site par une voie en forme de boucle (fig. 7)26. De celle-ci émergent deux impasses. De grands trottoirs bordent les rues. Des cheminements piétons doivent traverser le site, dont les maisons jumelées se sont emparées : elles sont implantées en recul de la parcelle, laissant place à un petit jardin d’ornementation à l’avant et au jardin nourricier à l’arrière. Ce modèle devient systématique, il offre une similitude dans les limites parcellaires : muret bas surmonté d’un grillage, qui n’est pas un obstacle à la vue, aux insectes, aux petits animaux ou encore aux végétaux. Selon les récits des habitants, un puits est creusé et un cerisier planté sur chaque terrain.

Figure 6. Plan et coupe schématiques du quartier des Castors de Bagatelle à l’époque de sa réalisation (années 1950)

Figure 6. Plan et coupe schématiques du quartier des Castors de Bagatelle à l’époque de sa réalisation (années 1950)

© Constance Ringon, avec Marie Ardilouze

Figure 7. Plan d’implantation des maisons du permis de construire du lotissement cité Notre Logis à Bagatelle, 10 février 1953, AMT, 677W91

Figure 7. Plan d’implantation des maisons du permis de construire du lotissement cité Notre Logis à Bagatelle, 10 février 1953, AMT, 677W91

© René et Marie-Louise Cordier et Jean Barbut

29Il est intéressant de noter que dans un troisième temps, aujourd’hui, le quartier s’est complètement urbanisé : il est désormais entouré d’immeubles, de grands ensembles (fig. 8). Les jardins, ne présentent plus l’homogénéité des années 1950, les occupations sont très diverses : terrasses, pelouses, espaces jardinés, garages, cabanons et autres abris… La végétation quant à elle, est de hauteur moyenne et présente une hétérogénéité dans les espèces représentées. Cette hétérogénéité est également présente pour les clôtures.

Figure 8. Plan et coupe schématiques du quartier des Castors de Bagatelle à l’époque actuelle

Figure 8. Plan et coupe schématiques du quartier des Castors de Bagatelle à l’époque actuelle

© Constance Ringon, avec Marie Ardilouze

30Aujourd’hui, les sols sont morcelés, peu poreux entre les parcelles, et montrent un changement par rapport au site originel et à la pensée commune et égalitaire qui portait la création de ce quartier. Du jardin nourricier, on passe au jardin d’agrément ; celui-ci peut éventuellement contenir un potager mais il sera désormais associé à d’autres usages, liés à l’évolution des modes de vie. Il témoigne d’un passage entre parcelles rendu plus difficile pour la continuité du vivant par la mise en place de clôtures épaisses. Toutefois, la végétation hétérogène et de hauteur moyenne représente un nouveau refuge pour l’avifaune. Contrairement au jardin très soigné des années 1950, dans lequel l’utilisation de produits d’entretien toxiques est de mise, celui des années 2020 offre plus régulièrement et de façon consciente un espace propice à la biodiversité, malgré l’urbanisation galopante et les troubles liés à celle-ci (couloir aérien, proximité du périphérique, urbanisation notamment).

Proposer une épistémologie de la relation ville-nature dans les modèles étudiés

  • 27 Jean-Paul Flamand, L’Abécédaire de la maison, Paris, La Villette, 2004, p. 67.
  • 28 Ibid.
  • 29 Ibid., p. 68.
  • 30 Jean Taricat, Histoires d’architectures, Marseille, Parenthèses, p. 104.

31Conjointement à l’étude historique de chacun des sites dans leurs spécificités, la recherche a pour ambition de confronter la relation ville-nature à des conceptions théoriques. Pour chaque quartier, nous avons déterminé un modèle théorique urbain-végétal qui les replace dans la longue histoire urbaine et paysagère. Ce modèle intègre aussi aspirations sociales et volontés politiques, en remontant aux origines des projets érigés en modèles, adaptés au contexte toulousain. Revenons sur l’exemple des Castors de Bagatelle, qui répond à un certain nombre de mots-clés relatifs à sa réalisation : autoconstruction, logements ouvriers, économie du foyer… Ces termes amorcent une recherche de thématiques pertinentes. Par ce biais, notons que quelques expériences de création de logements économiques ont lieu au XVIIIe siècle en Angleterre avec des constructions, les cottages, qui s’adressent aux ouvriers agricoles, population modeste27. Jumelés ou en bande, avec un jardinet, ces logements sont construits « de façon économique grâce à une mise en œuvre rationnelle des matériaux28 », avec un goût pour le pittoresque qui met en rapport culture architecturale et paysage. Le jardin a son importance car il doit permettre à la famille de subvenir à ses propres besoins alimentaires. Jean-Paul Flamand explique que la cité-jardin « donnera une nouvelle actualité au cottage comme forme spécifique d’habitat populaire29 ». Comme le rappelle Jean Taricat, « le motif premier qui fit bâtir des cités-jardins fut le jardin, avant la villa et d’autres avantages30 ». Il évoque à ce propos les écrits de Clarence Stein, urbaniste américain :

  • 31 Clarence Stein (cité par Jean Taricat), dans Kermit Carlyle Parsons, Writings of Clarence Stein, Ar (...)

Le premier objet de la création de cité-jardin est l’apport de meilleures conditions de vie. Le second d’abaisser le coût de l’existence. Par l’amélioration des conditions de vie, il faut entendre : en premier le rapprochement des hommes du contact avec la nature, comme fermiers ou jardiniers de leurs lots, et simplement la proximité de champs et de bois où se promener et se reposer31.

  • 32 Il pourra être intéressant de consulter à ce sujet Roger-Henri Guerrand, Propriétaires et locataire (...)
  • 33 À ce sujet, il sera intéressant de consulter les travaux de Nicolas Soulier sur la notion de « fron (...)

32La création de plusieurs logements de ce type semble aussi avoir pour vocation la création d’un quartier, d’une communauté. Il est tout aussi intéressant de se pencher sur les habitations bon marché (HBM) dont la logique sociale est similaire à celle des cottages sociaux32. La constitution de ce modèle urbain-végétal est fondamentale pour mettre en perspective le cadre bâti et l’intérêt suscité pour le jardin au sein de plusieurs modèles théoriques, et nous amène à comprendre et à approfondir le rôle et la fonction de l’« espace vert » associé au bâti : jardin de représentation devant la maison33, jardin plus intime à l’arrière de la maison, jardin potager/nourricier, jardin d’agrément, jardin « manucuré », ou délaissé. Elle met également en rapport les différents quartiers choisis de par leur posture dans l’histoire et les continuités qui peuvent s’établir entre eux.

33Ainsi, s’élabore une lecture tritemporelle de ce corpus. Le but ici n’est pas de recenser la végétation et la biodiversité préexistantes, travail inenvisageable, les archives ne disposant pas de relevés concernant la végétation au cours du temps, mais plutôt d’arriver à proposer une vision de la mutation de la place du vivant dans ces modèles théoriques au contact avec le réel et en lien avec les évolutions sociétales.

Conclusion

34Revenons sur l’échelle du quartier expérimentée par notre équipe. Le critère de sélection initial a été confirmé par les origines et les évolutions variées des tissus urbains constitués et par leur diversité urbaine, architecturale et paysagère. Toutefois, l’analyse de ces quartiers montre que l’étude du vivant doit mettre en rapport contexte et notion de gestion, impliquant les habitants et leurs pratiques individuelles et collectives. En effet, le quartier, dans sa représentation collective, fédérée par une communauté qui reconnaît l’identité du lieu dans lequel elle habite, démontre toute sa pertinence dans la problématique qui nous intéresse. Les solidarités et les sociabilités de voisinage constituées durant la vie plus ou moins longue des sites d’étude montrent l’existence d’intérêts communs, parfois partagés entre habitants selon des contextes bien définis. L’action individuelle peut également devenir action collective dans un effet d’entraînement.

  • 34 Nous faisons référence ici aux cas d’études analysés dans la recherche MorphobioT, à savoir les qua (...)

35Si l’on regarde les quartiers accueillant des logements individuels, nous observons au fil du temps une artificialisation des sols et leur morcellement avec l’ajout de clôtures de plus en plus hermétiques34. Remplacé par du bitume ou des terrasses, l’espace jardin devient aujourd’hui très disparate même quand il émanait d’une même pensée globale. Les éléments refuges pour la biodiversité, comme les haies, ont tendance à s’amenuiser au fil du temps et de la valorisation du foncier. Néanmoins, quelques pratiques habitantes individuelles et parfois partagées semblent montrer une attention à la nature avec des attitudes qui engagent les individus en faveur d’une biodiversité : une pratique du nourrissage, des végétations de hauteurs variées, des formes architecturales comme supports pour l’avifaune, les petits mammifères ou les insectes. À la faveur d’un renouvellement générationnel et social de ses habitants, au gré des ventes, le rôle du jardin évolue d’un vert manucuré vers un jardin fleuri, odorant, nourricier dont les plantations débordent sur l’espace public, en lien avec l’action menée par la municipalité toulousaine « des fleurs sur mon mur ». Le quartier joue également un rôle fédérateur, celui d’une communauté de partage, de pratiques communes dans une dynamique qui contamine les habitants favorablement.

  • 35 Nous faisons référence ici au grand ensemble d’Ancely et à l’écoquartier de Vidailhan.

36Dans les cas du grand ensemble et de l’écoquartier, réalisations d’un seul tenant sur une portion de territoire, la continuité des sols reste quant à elle effective35. Celle-ci sera propice à un passage facilité pour les végétaux mais aussi pour les petits animaux. Néanmoins, ce n’est pas le seul vecteur de biodiversité, et ce paramètre peut se confronter à d’autres éléments. Par exemple, dans le cas du grand ensemble qui prend place sur un ancien domaine où figuraient parc et château, les alignements d’arbres sont conservés mais les parterres subissent des tontes fréquentes, trop régulières, laissant peu de place à un maintien de la diversité des espèces.

37La prise en compte de la biodiversité est un phénomène récent. En racontant ces histoires de quartiers, nous nous apercevons que d’une quasi-inexistence, elle émerge aujourd’hui à des niveaux variables selon les types d’habitations et les populations, éveillées ou non à ces problématiques.

38L’histoire nous permet ici de comprendre comment les activités humaines ont pris en compte les sols, les espaces non bâtis dans les quartiers mais elle interroge également d’un point de vue social les acteurs qui seront amenés à entretenir, au sens large, sur ces lieux au fil des époques.

  • 36 Anne-Marie Chatelet, dans Richard Klein (dir.), À quoi sert l’histoire de l’architecture aujourd’hu (...)

39Si l’histoire est un prisme à travers lequel regarder ces quartiers sur des créneaux très vastes, elle n’a pas ici l’objectif de réactiver les traces du passé ou de regretter avec nostalgie un état passé perdu, vers lequel il faudrait tendre36. Il s’agit de comprendre une évolution, de faire ressortir une connaissance fine du territoire sans pour autant qu’elle possède une fin utilitaire. Ainsi, l’histoire des différents tissus nous renseigne sur chacun des sites choisis et sur les pensées théoriques qui les portent, mais elle reste un élément de compréhension à placer dans une vision plus large et pluridisciplinaire. Elle englobe la localisation de ces quartiers par rapport à la ville ou à ses marges, leur usage par les habitants, les types de propriétés, leur entretien, la possibilité de densification… Elle implique aussi une connaissance bienveillante du vivant de la part des différents acteurs, permettant la mutation des tissus vers une biodiversité plus effective ou le maintien de celle-ci. La variabilité annoncée au début de l’étude demeure, laissant ouverte la question suivante : de quoi héritons-nous ? Les sols, les pratiques, les usages, les formes bâties présentent une multitude de situations difficiles à cerner. La biodiversité s’immisce dans les interstices physiques ou théoriques, laissés libres, qui favorisent son développement.

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Notes

1 L’équipe de recherche se compose précisément de : Anne Péré, architecte et urbaniste, Anaïs Leger-Smith, ingénieur paysagiste, Constance Ringon et Laura Girard, architectes et historiennes, Gabriel Guérin et Marie Ardilouze, stagiaires, à l’école nationale supérieure d’architecture de Toulouse ; Marion Hintzy, paysagiste conceptrice ; Audrey Marco, écologue, à l’École nationale supérieure du paysage de Versailles-Marseille ; Geneviève Bretagne, urbaniste et Laurène Pillot, ingénieur paysagiste, à l’Agence d’urbanisme Toulouse aire métropolitaine ; Boris Presseq, botaniste, au Muséum d’histoire naturelle de Toulouse ; Fabien Claireau et Jordan Peyret, écologues, Clélie Grangier et Solène Goury, ornithologues, du bureau d’études en écologie Naturalia & Environnement.

2 Éric Alonzo, Du rond-point au giratoire, Marseille, Parenthèses, 2005 ; Éric Alonzo, L’Architecture de la voie. Histoire et théories, Marseille, Parenthèses, 2018 ; Charles-François Mathis, Emilie-Anne Pépy, La Ville végétale : une histoire de la nature en milieu urbain (France, XVIIe-XXIe siècle), Paris, Champ Vallon, 2018 ; Caroline Mollie-Stefulesco, Des arbres dans la ville. L’urbanisme végétal, Arles, Actes Sud, 2009 [vol. rééd. et actualisé de L’Urbanisme végétal, 1993].

3 Ebenezer Howard, To-morrow: A Peaceful Path to Real Reform, London, Swan Sonnenschein & Co., Ltd, 1898; Ginette Baty-Tornikian, La Ville Satellite, Des cités-jardins aux écoquartiers, Mayenne, Presses de Jouve, 2013.

4 Mayté Banzo, « L’espace ouvert pour recomposer avec la matérialité de l’espace urbain », Articulo - Journal of Urban Research, Special issue 6, 2015, [en ligne] [http://articulo.revues.org/2708] ; Le Corbusier, La Charte d’Athènes, Paris, Le Seuil, 1971.

5 Bernadette Blanchon-Caillot, « Pratiques et compétences paysagistes dans les grands ensembles d’habitation, 1945-1975 », Strates, 13, 2007, [en ligne] [http://journals.openedition.org/strates/5723], consulté le 07/09/2022.

6 Anaïs Leger-Smith, « Des projets de paysage qui évoluent », dans Philippe Clergeau (dir.), Urbanisme et biodiversité, Rennes, Apogée, 2020.

7 Nicolas Gilsoul, La Ville fertile, Paris, Le Moniteur, 2011 ; Charles Waldheim, « Landscape as Urbanism », dans Charles Waldheim (dir.), The Landscape Urbanism Reader, Princeton Architectural Press, 2006, p. 291.

8 Albert Levy, « Formes urbaines et significations : revisiter la morphologie urbaine », Espaces et sociétés, n° 122, 2005, p. 25-48 ; Philippe Panerai, Jean Castex, Jean-Charles Depaule, Formes urbaines. De l’îlot à la barre, Marseille, Parenthèses, 1997 ; Philippe Panerai, Julien Langé, Formes urbaines, tissus urbains. Essai de bibliographie raisonnée, 1940-2000, La Défense/Paris, Ministère de l’équipement, des transports et du logement, Direction générale de l’urbanisme, de l’habitat et de la construction/Centre de documentation de l’urbanisme, Paris, 2001 ; Pierre Pinon, « La Morphologie urbaine : vieille géographie ou nouvelle histoire ? », Villes en parallèle, n° 12-13, novembre 1988, p. 88-99.

9 IAURIF, Référentiel de densités et de formes urbaines, Institut d’aménagement et d’urbanisme de la Région Île-de-France (IAURIF), 1995 ; Sara Franceschelli, Maurizio Gribaudi, Hervé Le Bras (dir.), « Morphogenèse et dynamiques urbaines. Les ateliers de morphologie », cycle de séminaires organisé par le PUCA en partenariat avec l’EHESS, l’ENSAD et la FMSH, 2012.

10 Pauline Frileux, Le Bocage pavillonnaire, une ethnologie de la haie, Paris, Créaphis, 2013 ; Audrey Marco, Thierry Dutoit, Magali Deschamps-Cottin, Jean-François Mauffrey, Michel Vennetier, Valérie Bertaudière-Montès, « Gardens in Urbanizing Rural Areas Reveal an Unexpected Floristic Diversity Related to Housing Density », Comptes Rendus Biologies, 331, 6, 2008, p. 452-465.

11 Pauline Laille, Damien Provendier, François Colson, Julien Salanié, Les ienfaits du végétal en ville : étude des travaux scientifiques et méthode d’analyse, Angers, Plante & Cité, 2013 ; et Marjorie Musy, Une ville verte. Les rôles du végétal en ville, Versailles, Quae, 2014.

De nombreux phénomènes reliant présence du végétal en milieu urbain et biodiversité ont été étudiés : décroissance de la biodiversité avec la densification urbaine, capacités reproductrices accrues de certaines espèces végétales, homogénéisation de la diversité végétale, plus grande biodiversité aux franges et secteurs intermédiaires d’urbanisation (Philippe Clergeau, « Biodiversité urbaine », dans Marjorie Musy (dir.), Une ville verte. Les rôles du végétal en ville, Versailles, Quae, 2014. Philippe Clergeau, « Favoriser la biodiversité plutôt que verdir la ville », dans Philippe Clergeau (dir.), Urbanisme et biodiversité, Rennes, Apogée, 2020). De plus, il existe peu de réservoirs de diversité végétale en milieu urbain dense à l’exception d’espaces de nature de grande superficie (grands jardins, parcs publics, zones naturelles, friches urbaines). Les petits jardins servent davantage d’espaces de relais à la circulation des espèces végétales et animales en ville (Mathilde Riboulot-Chetrit, « Les Jardins privés : de nouveaux espaces clés pour la gestion de la biodiversité dans les agglomérations ? », Articulo - Journal of Urban Research [En ligne], 2015. Aussi, l’effet « corridor » et le lien entre tous ces espaces morcelés que l’on peut retrouver dans certains quartiers est crucial pour le maintien d’une biodiversité ordinaire jusqu’en cœur de ville (Magali Deschamps-Cottin, Carole Barthélémy, Valérie Bertaudière-Montès, Olivier Blight, Angèle Bossu, Jean-Noël Consalès, Marie-Hélène Lizée, Audrey Marco, « Natures urbaines à Marseille : quels possibles pour une trame verte ? » dans Philippe Clergeau et Nathalie Blanc (dir.), Trames vertes urbaines, de la recherche scientifique au projet urbain, Paris, Le Moniteur, 2013, p. 47-74).

12 Dans cette même lignée, plusieurs projets de recherche répondant à ce même appel d’offres proposent d’interroger l’échelle du quartier au regard de l’écologie, néanmoins, l’histoire n’est pas convoquée au même titre que dans notre recherche. Nous pouvons notamment mentionner à ce sujet les recherches « Réponses écologiques aux morphologies urbaines » (Réaumur) et « Formes urbaines des quartiers de gare ou à fortes contraintes et biodiversité » (Frugacité) qui soulèvent elles aussi la question du rapport entre formes urbaines et biodiversité à l’échelle du quartier.

13 APUR, Évolution de la nature à Paris de 1730 à nos jours, recherche-action Naturpradi : Nature(s) urbaine(s) en pratique(s) digitale(s), coordonné par LAA/LAVUE (UMR 7218 CNRS) et financée par l’AAP MODEVAL URBA, Ademe, 2016-2019, février 2018.

14 Emmanuel Laurentin, Charlotte Vorms, Loïc Vadelorge, « Le Quartier, objet d’histoire », La Fabrique de l’histoire, série « Histoire des quartiers », épisode 4, France Culture, diffusé le 28 janvier 2016 ; Annie Fourcaut, Loïc Vadelorge, « Où en est l’histoire urbaine du contemporain ? », Histoire urbaine, n° 32, 2011, p. 137-157.

15 Citons à titre d’exemple Gérard Jacquemet, « Belleville aux XIXe et XXe siècles : une méthode d’analyse de la croissance urbaine à Paris », Annales. Économies, sociétés, civilisations, 30ᵉ année, n° 4, 1975, pp. 819-843 et Maurice Garden, « Le Quartier, nouvel objet de l’histoire ? », dans Maurice Garden, Un historien dans la ville, Paris, Maison des sciences de l’homme, 2008.

16 Jacques Lévy et Michel Lussault (dir.), Dictionnaire de la géographie et de l’espace des sociétés, Paris, Belin, 2003, p. 998.

17 Marcel Roncayolo, La Ville et ses territoires, Paris, Gallimard, 1990 et André Corboz, Le Territoire comme palimpseste et autres essais, Besançon, L’Imprimeur, 2001.

18 Cette cité Castor s’inscrit dans le mouvement coopératif des Castors qui avait pour l’une de ses vocations l’autoconstruction de quartier. Dans le cas de Toulouse, des architectes furent missionnés pour composer le plan du quartier et des maisons jumelées, mais les ouvriers se chargèrent de la réalisation effective des maisons. Voir à ce propos : Noël Jouenne, « L’Attachement comme forme de résistance face à l’effacement de la mémoire », Parcours anthropologiques, n° 10, 2015, p. 142-165,

19 Au sujet des grands ensembles toulousains et notamment du cas du quartier d’Ancely, il sera intéressant de consulter Audrey Courbebaisse, Le Sens caché des grands ensembles, Toulouse, PUM, 2018.

20 Anaïs Leger-Smith, « Critique de paysage de l’écoquartier Vidailhan à Balma, entre écologie de l’espace public et identité territoriale urbain-rural », Textes et contextes, 16, 2, 2021, [en ligne] [http://preo.ubourgogne.fr/textesetcontextes/index.php ?id =3359], consulté le 10/09/2022.

21 Voir [https://remonterletemps.ign.fr/].

22 Voir [https://www.lebusca.fr/].

23 Carte d’État-major de Toulouse, échelle : 1/40 000, 1866.

24 Remonter le temps, IGN, Mission C2043-0171_1950_CDP3530_0441, cliché n° 441, échelle : 1/4911, type de cliché : argentique, 3 juin 1950.

25 Remonter le temps, IGN, Mission C2143-0251_1958_CDP1423_1829, cliché n° 1829, échelle : 1/5013, type de cliché : argentique, 11 septembre 1958.

26 Permis de construire du lotissement « Cité Notre Logis » à Bagatelle, par René et Marie-Louise Cordier et Jean Barbut, 1951, AMT, 677W91.

27 Jean-Paul Flamand, L’Abécédaire de la maison, Paris, La Villette, 2004, p. 67.

28 Ibid.

29 Ibid., p. 68.

30 Jean Taricat, Histoires d’architectures, Marseille, Parenthèses, p. 104.

31 Clarence Stein (cité par Jean Taricat), dans Kermit Carlyle Parsons, Writings of Clarence Stein, Architect of the Planned Community, Baltimore, John Hopkins University Press, 1998, p. 127.

32 Il pourra être intéressant de consulter à ce sujet Roger-Henri Guerrand, Propriétaires et locataires. Les origines du logement social en France 1850-1914, Paris, Quintette, 1987 [1966].

33 À ce sujet, il sera intéressant de consulter les travaux de Nicolas Soulier sur la notion de « frontage », espace d’interface la rue et le front bâti : Nicolas Soulier, Reconquérir les rues. Exemples à travers le monde et pistes d’actions, Paris, Ulmer, 2012.

34 Nous faisons référence ici aux cas d’études analysés dans la recherche MorphobioT, à savoir les quartiers du Busca, de Saint Simon et des Castors de Bagatelle.

35 Nous faisons référence ici au grand ensemble d’Ancely et à l’écoquartier de Vidailhan.

36 Anne-Marie Chatelet, dans Richard Klein (dir.), À quoi sert l’histoire de l’architecture aujourd’hui ?, Paris, Hermann, 2018.

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Table des illustrations

Titre Figure 1. Plan de repérage des différents quartiers dans Toulouse, 2022
Crédits © Constance Ringon
URL http://journals.openedition.org/craup/docannexe/image/10997/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 885k
Titre Figure 2. Plan général du quartier des Castors de Bagatelle, 2022
Crédits © Équipe MorphobioT
URL http://journals.openedition.org/craup/docannexe/image/10997/img-2.jpg
Fichier image/jpeg, 606k
Titre Figure 3. Photographie du quartier des Castors de Bagatelle à l’heure actuelle, 2022
Crédits © Équipe MorphobioT
URL http://journals.openedition.org/craup/docannexe/image/10997/img-3.jpg
Fichier image/jpeg, 541k
Titre Figure 4. Schéma de réflexion concernant l’histoire des sols du site des Castors de Bagatelle
Crédits © Constance Ringon
URL http://journals.openedition.org/craup/docannexe/image/10997/img-4.jpg
Fichier image/jpeg, 547k
Titre Figure 5. Plan et coupe schématiques du site des Castors de Bagatelle avant la réalisation du quartier, au début du XXe siècle
Crédits © Constance Ringon avec Marie Ardilouze
URL http://journals.openedition.org/craup/docannexe/image/10997/img-5.jpg
Fichier image/jpeg, 355k
Titre Figure 6. Plan et coupe schématiques du quartier des Castors de Bagatelle à l’époque de sa réalisation (années 1950)
Crédits © Constance Ringon, avec Marie Ardilouze
URL http://journals.openedition.org/craup/docannexe/image/10997/img-6.jpg
Fichier image/jpeg, 399k
Titre Figure 7. Plan d’implantation des maisons du permis de construire du lotissement cité Notre Logis à Bagatelle, 10 février 1953, AMT, 677W91
Crédits © René et Marie-Louise Cordier et Jean Barbut
URL http://journals.openedition.org/craup/docannexe/image/10997/img-7.jpg
Fichier image/jpeg, 402k
Titre Figure 8. Plan et coupe schématiques du quartier des Castors de Bagatelle à l’époque actuelle
Crédits © Constance Ringon, avec Marie Ardilouze
URL http://journals.openedition.org/craup/docannexe/image/10997/img-8.jpg
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Pour citer cet article

Référence électronique

Laura Girard, Constance Ringon et Anaïs Leger-Smith, « Du sol pour l’habitant au sol pour le vivant. L’histoire des traces génératrices de biodiversité dans le projet de recherche Morphobio Toulouse »Les Cahiers de la recherche architecturale urbaine et paysagère [En ligne], 15 | 2022, mis en ligne le 21 novembre 2022, consulté le 06 février 2025. URL : http://journals.openedition.org/craup/10997 ; DOI : https://doi.org/10.4000/craup.10997

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Auteurs

Laura Girard

Laura Girard est architecte, docteur en architecture, maîtresse de conférences en histoire et cultures architecturales à l’ENSA de Toulouse, et chercheure au LRA (EA 7413 CNRS). En 2019, elle a soutenu sa thèse de doctorat Cifre à l’ENSA Toulouse et l’université de Toulouse. Intitulée L’Architecture en brique en Midi toulousain 1910-1947. Les architectes face au renouvellement technique et culturel, celle-ci a donné lieu à plusieurs publications et communications. Laura Girard a copublié un inventaire de l’architecture du XXe siècle de la région Midi-Pyrénées dans Rémi Papillault (dir.), Guide d’architecture du XXe siècle en Midi toulousain, PUM, Toulouse, 2016. Elle travaille actuellement sur le projet de recherche Formes urbaines et MORPHOlogie végétales en ville pour la BIOdiversité (MorphobioT) dans lequel est exploré le cas de la ville de Toulouse.
Laura.girard@toulouse.archi.fr

Constance Ringon

Constance Ringon est architecte, docteur en architecture, maître de conférences en histoire et cultures architecturales à l’ENSA de Toulouse et chercheure au LRA (EA 7413 CNRS). Sa thèse de doctorat intitulée Une ville dans le prisme des regards. Sabaudia de sa fondation (1933) à ses 80 ans (2014), porte sur les rapports entre architecture, formes urbaines et régimes politiques. Elle a réalisé à ce titre plusieurs séjours à l’école française de Rome. À partir de 2016, elle s’implique dans le programme de recherche sur l’histoire de l’enseignement de l’architecture lancé par le comité́ d’histoire du ministère de la Culture. Cette recherche a donné́ lieu à̀ la publication d’un ouvrage collectif (Enrico Chapel, Constance Ringon (dir.), L’Enseignement de l’architecture à Toulouse. Prémices d’une histoire, Paris, Archibooks, 2019). Elle travaille actuellement sur le projet de recherche Formes urbaines et MORPHOlogie végétales en ville pour la BIOdiversité (MorphobioT) dans lequel est exploré le cas de la ville de Toulouse.
constance.ringon@toulouse.archi.fr

Anaïs Leger-Smith

Anaïs Leger-Smith est ingénieure paysagiste de l’Institut Agro Rennes-Angers, diplômée de l’école d’urbanisme de Paris et titulaire d’un doctorat en aménagement et urbanisme. Elle a travaillé pendant plusieurs années en agence de paysage et d’urbanisme en France et au Royaume Uni. Elle est actuellement maître de conférences en ville et territoire à l’école nationale supérieure d’architecture de Toulouse, où elle enseigne en ateliers de projet, en séminaire et en cours de théories et cultures. Chercheure au LRA (EA 7413 CNRS), elle participe à plusieurs programmes de recherche sur le paysage et les processus de métropolisation (POPSU Métropole Toulouse) et le lien biodiversité-architecture-formes urbaines avec le projet de recherche Formes urbaines et MORPHOlogie végétales en ville pour la BIOdiversité (MorphobioT). Elle est éditrice pour la revue européenne de recherche Journal of Landscape Architecture et l’ouvrage Landscape Architecture Europe#6.
anais.leger-smith@toulouse.archi.fr

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