Entretien avec Jean-Louis Cohen
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Jean-Louis Cohen (1949-2023), architecte, historien de l’architecture
- 1 Cet entretien inédit fera partie d’un ouvrage composé de l’ensemble des entretiens réalisés dans le (...)
- 2 Destiné à former des pédagogues dans les différents secteurs de l’environnement, l’Institut de l’en (...)
- 3 Lorsqu’en 1972 est créé le Comité de la recherche et du développement en architecture (Corda) et un (...)
1Architecte et historien de l’architecture, né à Paris en 1949, Jean-Louis Cohen est décédé le 7 août 2023. Par cet entretien que nous avions élaboré le 27 juin 2017 dans le cadre de la préparation de l’exposition Mai 1968 : l’architecture aussi ! (Cité de l’architecture et du patrimoine, mai-septembre 2018), nous souhaitons lui rendre hommage, en diffusant ses réflexions à propos de la formation des architectes dans les années 1960 et son rôle dans les années 1970 dans l’enseignement puis dans la structuration de la recherche1. Jean-Louis Cohen a commencé ses études à l’École spéciale d’architecture en 1967 et a terminé son cursus à UP6, où il obtient son diplôme en 1973. Il est ensuite recruté à l’Institut de l’environnement2 pour assister Claude Schnaidt. Cet institut propose une formation de 3e cycle : pour cela, il est équipé d’un centre de documentation regroupant une littérature contemporaine française et étrangère relative à l’architecture, au paysage et à l’urbanisme. L’institut finance des missions pour observer le développement de l’architecture et de la recherche architecturale dans différents pays. C’est ainsi que Jean-Paul Lesterlin3 demande à Jean-Louis Cohen de se rendre en Union soviétique, en Italie et en Allemagne pour enquêter sur la recherche en architecture, notamment sur les thématiques, les modalités et les moyens de financement de la recherche.
2Dès le milieu des années 1970, Jean-Louis Cohen est proche de l’historien de l’architecture italien Manfredo Tafuri (1935-1994), qui développe alors à l’IUAV des recherches sur l’URSS. Pour sa part, Jean-Louis Cohen engage une enquête sur la contribution des architectes européens à la construction de la ville en Union soviétique, amorce de l’ouvrage qu’il publie en 1987, Le Corbusier et la mystique de l’URSS : théories et projets pour Moscou, 1928-1936. Il poursuit ses recherches sur Le Corbusier à l’occasion de l’exposition du centenaire de l’architecte au Centre Pompidou (1987) ; il assure la traduction en anglais de Vers une architecture pour le Getty Research Institute en 2007. Il organise la première exposition sur Le Corbusier à Moscou (automne 2012) et la grande rétrospective Le Corbusier: Landscapes for the Machine Age, au MoMA, en 2013.
3De 1979 à 1983, Jean-Louis Cohen dirige le programme de recherche architecturale du ministère de l’Équipement, ancêtre du Bureau de la recherche architecturale, urbaine et paysagère (Braup). Il connaissait alors déjà bien le milieu des écoles d’architecture, en tant qu’enseignant, d’abord à UP1, où il dispensait un cours sur l’histoire de l’architecture de la Renaissance et, parallèlement, à l’unité pédagogique de Nantes de 1976 à 1979, sur l’histoire de l’architecture du xxe siècle. Professeur à l’École d’architecture de Paris-Villemin de 1983 à 1996, il occupe ensuite de 1996 à 2005 la chaire d’histoire des villes à l’Institut français d’urbanisme de l’université Paris 8. Parallèlement, il est cofondateur (avec Monique Eleb et Yannis Tsiomis) du DEA inter-écoles « Le projet architectural et urbain, théories et dispositifs » (1991-2005, École d’architecture de Paris-Belleville), un dispositif qui permettra à de nombreux enseignants-chercheurs, notamment des architectes, de poursuivre des thèses de doctorat.
4En 1985, Jean-Louis Cohen soutient une thèse de doctorat (publiée en 1995) sur André Lurçat à l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS). En 1982, dans la même institution, il commence avec Hubert Damisch une recherche sur la circulation des modèles de la culture américaine en Europe – recherche qui sera à la base du colloque international Américanisme et modernité : l’idéal américain dans l’architecture et l’urbanisme (1993) et objet de l’exposition Scenes of the World to Come: European Architecture and the American Challenge (Centre canadien d’architecture, 1995). Habilité à diriger des recherches depuis 1992, Jean-Louis Cohen travaille notamment sur l’architecture et l’urbanisme du xxe siècle en Europe (France, Allemagne, Italie, Russie) et aux États-Unis. Polyglotte, il est très attentif à une lecture transnationale des faits architecturaux, urbains et paysagers. Entre 1997 et 2003, il a conçu et dirigé pour le ministère de la Culture la préfiguration de la Cité de l’architecture et du patrimoine.
- 4 Plusieurs entretiens ont été publiés en 2023 et 2024. Citons notamment Élisabeth Essaïan, Jean-Loui (...)
5L’entretien qu’il livre décrit bien un itinéraire où l’engagement politique est constant, ce qui le conduit à s’intéresser aussi à l’engagement des architectes dans les contextes politiques et sociaux de temps de guerre. On peut ainsi citer : Interférences/Interferenzen : architecture, Allemagne, France 1800-2000 (2013, avec Hartmut Frank) ; Architecture en uniforme ; projeter et construire pour la Seconde Guerre mondiale (2011) ; Casablanca, mythes et figures d’une aventure urbaine (1998, avec Monique Eleb). Ces ouvrages sont souvent à l’appui d’expositions conçues et réalisées par Jean-Louis Cohen au Centre canadien de l’architecture (Montréal), au MoMA (New York), au MAMC (Strasbourg), à la Cité de l’architecture et du patrimoine (Paris) notamment. Entre 2016 et 2021, il a assuré des séries de cours au Collège de France. En 2023, année de sa brutale disparition, il était professeur à l’Institute of Fine Arts de la New York University4.
Entretien avec Jean-Louis Cohen
Comment avez-vous vécu les années 1960, alors que vous étiez lycéen puis étudiant à Paris ?
Jean-Louis Cohen : Les années 1960, celles de mon adolescence à Paris, étaient des années formidables. C’étaient des années très intenses sur le plan politique : j’étais extrêmement politisé puisque je me souviens avoir organisé une première manifestation avec des camarades de lycée – dont Alexandre Chemetoff – en 1961 (j’avais 12 ans !), pendant la guerre d’Algérie, au moment des attentats de l’OAS, qui avait plastiqué mon lycée, le lycée Rodin à Paris. J’ai donc vécu la fin de la guerre d’Algérie, le début de la guerre américaine en Indochine : j’étais à l’époque très actif aux Jeunesses communistes et je passais beaucoup de temps à faire de la politique. Mais je m’intéressais aussi à beaucoup d’autres choses, à l’aéronautique, au cinéma. Progressivement, j’ai développé un intérêt pour l’architecture que j’ai affiné en compagnie d’un ami rencontré lors d’un séjour au ski en Tchécoslovaquie, du nom de François Chaslin. Avec François Chaslin, nous avons commencé à aller voir les bâtiments, notamment ceux de Le Corbusier, mais aussi ceux de Gaudì, ou encore des villes, des lieux en Allemagne. Les années 1960 étaient, pour moi lycéen puis étudiant, des années d’une intense imbrication entre culture et politique. C’est certainement une caractéristique de ma génération, de mon groupe plutôt, parce que ce n’était pas le cas des étudiants en architecture les plus bornés. C’était un milieu très tonique donc, caractérisé par un intense appétit de culture dans un Paris où la recherche en sciences sociales, la littérature, le cinéma et les protagonistes de toutes ces disciplines étaient extrêmement présents, faciles à rencontrer. Dans mon cas, j’avais aussi une certaine pratique du reste de l’Europe. J’étais allé un peu en Angleterre, je m’intéressais déjà à la Russie. On sentait beaucoup de choses émerger ailleurs qu’en France, en Italie notamment. Et puis sont arrivés mai-juin 68 ! J’insiste sur le fait qu’il s’agit de deux mois, mai et juin et pas simplement de mai 68. Ce sont des expériences qui ne sont pas nées de rien et qui étaient véritablement préparées, pouvaient, dans une certaine mesure, être anticipées à la lumière de cette intense politisation et de cet appétit de renouvellement qui était celui de ma génération.
Comment a évolué l’enseignement à partir de la rentrée 1968 ?
- 5 L’École spéciale d'architecture a été la première, en 1868, à délivrer un « diplôme d’architecte ». (...)
Quelques mots sur ma position : j’ai abordé l’enseignement de l’architecture en ayant derrière moi un background plutôt scientifique. En ayant fait maths sup, je suis allé dans l’endroit incontestablement le plus rétrograde de tout Paris, qui était L’École spéciale d’architecture5, où j’ai acquis une bonne formation en matière d’architecture classique. J’ai vraiment appris à dessiner les ordres et cela reste une expérience très fondatrice. Pendant ce temps-là, les choses étaient en train de changer profondément aux Beaux-Arts, beaucoup l’ont démontré, notamment Jean-Louis Violeau. On ressentait aussi à l’École spéciale d’architecture que les réformes étaient dans l’air. Les différences entre les ateliers des Beaux-Arts étaient considérables, entre, d’un côté, les ateliers conservateurs, et de l’autre, des ateliers comme l’atelier Candilis ou l’atelier Collégial. Il y avait un véritable vent de renouveau qui était présent avant 1968. Toutes ces tentatives, ces attentes se sont versées dans une sorte de creuset qui est l’École des beaux-arts occupée, les commissions des Beaux-Arts auxquelles j’ai beaucoup participé, tout en étant à l’École spéciale. J’étais en tout cas présent et auditeur actif à défaut d’être protagoniste déterminant. Ce serait une reconstruction fallacieuse que de le dire.
À la rentrée 1968, après la dissolution de la section d’architecture, il y a la création d’abord de trois unités pédagogiques ; puis leur prolifération jusqu’à ce qu’elles atteignent le chiffre de huit puis neuf. Ces unités pédagogiques se sont constituées autour d’affinités idéologiques, politiques, personnelles. Elles se sont formées aussi autour du noyau d’ateliers de l’École entendant se perpétuer, à l’exemple de l’atelier de l’École d’architecture de Versailles prolongeant l’atelier Arretche. Il s’opère donc un changement formidable dans l’organisation. Ce changement touche les objectifs de l’enseignement, ses modalités. Dans les écoles les plus marquées à gauche, on pouvait percevoir une certaine défiance vis-à-vis de la profession commerciale qui avait été au centre de toutes les critiques dans les assemblées de l’École des beaux-arts. Donc à l’horizon, la formation devait concerner un autre type d’architectes que celui que l’École des beaux-arts ou l’École spéciale étaient censées former. Avant même d’entrer dans le détail des programmes et de leurs transformations, il est important de noter qu’eut lieu alors un changement d’idéal.
Qu’entendez-vous par « changement d’idéal » et comment se forme-t-il ?
- 6 Paul-Henri Chombart de Lauwe (1913-1998) est un des précurseurs de la sociologie urbaine. Il fonde, (...)
L’idéal nouveau qui se forge dans les discussions aux Beaux-Arts résulte de beaucoup de frustrations : frustration des jeunes architectes travaillant en agence, frustration à la vue du spectacle de la production française, les grands ensembles d’une part et les grands bâtiments publics du début de la Ve République de l’autre, frustration surtout quant au rejet du mode dominant de pratique en agence. C’est plutôt une nouvelle manière de se représenter la contribution des architectes qui est largement fondée sur des lectures. Il ne faut pas oublier que les critiques du sociologue de l’urbain Paul-Henri Chombart de Lauwe sur l’agglomération parisienne et les conditions d’habitation existaient déjà6. Il y avait un embryon de recherche architecturale, une connaissance de certaines pratiques étrangères. Ces expériences exotiques vont être beaucoup plus importantes après 68 et dans les années 1970, avec l’apport des nouveaux enseignants qui arrivent dans les écoles au lendemain de 68.
Où et comment se manifestent les évolutions de 68 ?
- 7 Paul Virilio (1932-2018), urbaniste, essayiste, intègre l’École spéciale d’architecture à partir de (...)
- 8 Anatole Kopp, Ville et Révolution. Architecture et urbanisme soviétiques des années vingt, Paris, A (...)
- 9 Caroline Maniaque, « Le Voyage américain et la scène wrightienne, 1950-1970 », dans Anne-Laure Sol (...)
- 10 Jean Duvignaud (1921-2007), écrivain, sociologue, anthropologue, est d’abord professeur de philosop (...)
- 11 Théoricien de l’urbain, sociologue critique de la vie quotidienne et intellectuelle engagé, Henri L (...)
- 12 Yona Friedman (1923-2019), architecte formé à Budapest (1943) puis Haïfa (1945), diplômé en 1948. I (...)
- 13 Jean-Pierre Levasseur (dir.), Prouvé. Cours du CNAM 1957-1970. Essai de reconstitution du cours à p (...)
Après 1968, on assiste à une transformation démographique et sociologique du corps enseignant. La pyramide du corps enseignant avait déjà été transformée à l’École des beaux-arts, avec la multiplication de postes d’assistants, y compris en sciences humaines et sociales. Il y a beaucoup de transformations dans les unités pédagogiques, que l’on peut considérer rétrospectivement comme progressistes, c’est-à-dire UP1, UP3, UP5, UP7 au Grand Palais et évidemment UP6, où se retrouvent tous les individualistes mais aussi certains groupes tout à fait radicaux, comme on le sait. L’arrivée d’enseignants plus jeunes, aux parcours plus complexes, non esclaves des patrons qui gouvernent les ateliers, apporte des perspectives différentes. Dans le cas de l’École spéciale, qui était une école privée, qui l’est restée, tous les enseignants de l’ancien régime sont chassés par les étudiants. Les étudiants vont chercher Marc Emery qui était à l’époque le directeur de l’Architecture d’aujourd’hui. Emery arrive avec une troupe d’enseignants extraordinaire : Paul Virilio7, Anatole Kopp8, les wrightiens français que sont Hervé Balley et Dominique Zimbacca9, Pierre Saddy, jeune architecte passionné par l’histoire. Emery fait de l’École spéciale un lieu de débat fantastique où passent les designers, les utopistes, les artistes, les chercheurs de Jean Duvignaud10 à Henri Lefebvre11, Yona Friedman12. Il y a donc un véritable vent nouveau à l’École spéciale, en tout cas pendant deux ans. En parallèle, n’oublions pas qu’un des points de ralliement de tous les jeunes architectes, les étudiants ambitieux et curieux, était l’amphithéâtre du conservatoire des Arts et Métiers où se déroulaient les cours de Jean Prouvé qui ne seront pas affectés par 68, qui continueront comme ils avaient commencé auparavant13. C’était une sorte de contre-enseignement extrêmement populaire depuis déjà pas mal d’années.
Comment avez-vous participé à la définition d’un nouvel enseignement ? Quel était le diplôme que vous avez passé ?
- 14 Roland Castro (1940-2023) poursuit ses études à l’atelier Albert (atelier « extérieur ») d’où il so (...)
- 15 En 1970, Jean Zeitoun (né en 1941), formé à l’École polytechnique, intègre l’Institut de l’environn (...)
- 16 Léon Forgia (1930-2013) est formé à l'École des beaux-arts de Paris, où il est élève de Roger Poula (...)
- 17 Robert Joly (1928-2012), architecte diplômé de l’ENSBA en 1958 et de l’Institut d’urbanisme de Pari (...)
- 18 Jean-Louis Cohen, « Y a-t-il une pratique architecturale de la classe ouvrière ? », diplôme d’archi (...)
- 19 Jacques Lucan (1947-2023), diplômé en architecture en 1972, devient rédacteur en chef de la revue A (...)
Deux choses d’abord : j’ai fui l’École spéciale après avoir été un des animateurs de ces transformations pour aller à UP6, un peu par sens du défi. J’étais, à l’époque, un militant très actif de l’Union des étudiants communistes, de l’UNEF dite « renouveau », qui était majoritaire dans des écoles comme UP1 : j’aurais donc pu aller me réfugier chaudement à UP1. J’ai préféré aller à UP6 où le quotidien était scandé de beaucoup de polémiques, de beaucoup de discussions parfois assez violentes entre des gens plus radicaux que moi ou qui se voulaient plus radicaux que moi. Je pense soit aux gens qui se réclamaient du trotskisme dans ses différentes factions, soit ceux à ceux qui se réclamaient du maoïsme, à commencer par Roland Castro et ses amis14. J’étais donc dans une situation de minorité politique et en même temps j’adhérais à ce projet d’UP6, qui était un projet de transformation de l’architecture par la création de séminaires, l’introduction des sciences sociales, l’introduction des sciences comme l’informatique ou les mathématiques à un bon niveau avec des enseignants comme Jean Zeitoun15, ou la recherche sur les structures d’Emmerich. J’étais très engagé dans toutes ces opérations. Et j’ai, après avoir travaillé avec Léon Forgia16, écrit mon diplôme avec Robert Joly17 qui était à l’époque un des animateurs, même le responsable en titre de la commission des architectes du Comité central du parti communiste dans laquelle j’étais moi-même actif. Le parti communiste était très influent dans de nombreuses écoles parisiennes : une partie des stratégies pédagogiques de ces écoles – à UP1 et UP8 notamment – ont été sinon programmées ou téléguidées, mais en tout cas discutées et, peut-être, infléchies dans ces réseaux du PCF dans lesquelles étudiants et enseignants se retrouvaient avec des prérogatives presque égales pour discuter. C’est dans ce cadre que j’ai essayé, dans mon mémoire de diplôme, de réfléchir sur le lien entre architecture et politique, en tentant de proposer une petite anthologie des rencontres entre le mouvement ouvrier et l’architecture depuis les années 1920. Le titre était un titre provocateur « Y a-t-il une pratique architecturale de la classe ouvrière18 ? » J’avais élaboré une illustration de couverture qui n’était pas moins provocatrice en détournant la célèbre affiche de 1919 du bolchévique représenté comme l’homme au couteau entre les dents, mais en remplaçant le couteau par un rapidographe. C’était un travail un peu maladroit rétrospectivement, au bout duquel se trouvait vaguement une hypothèse de projet, et qui a eu un certain succès parce qu’il a fait partie de ces diplômes d’UP6 que l’Institut de l’environnement a reproduits à mille exemplaires pour les diffuser au milieu des années 1970. Dans ce cas, il y avait aussi le diplôme de Jacques Lucan19 et quelques autres qui étaient les premières manifestations à l’extérieur d’UP6, de l’existence de cette production qui n’était pas vraiment une production de recherches structurée, mais qui allait au-delà de l’idéologie et certainement au-delà du centrage sur la politique pure.
Comment avez-vous cherché à transcrire dans le réel vos nouvelles hypothèses pour l’architecture ?
- 20 Émanation de la Société des architectes diplômés par le gouvernement (SADG). Le président de la SAD (...)
- 21 Bernard Huet (1932-2001) est rédacteur en chef de l’Architecture d’aujourd’hui de 1974 à 1977.
- 22 Claude Schnaidt (1931-2007), architecte, historien de l’architecture et militant communiste, est di (...)
- 23 Jean-Louis Cohen fait référence aux analyses développées par Sigfried Giedion dans ses travaux, not (...)
Les années 1970 sont très évidemment différentes des années 1960, encore que ce découpage en décennies a ses limites. Les années 1970 sont les années du passage à l’acte, passages à l’acte multiples : construction des programmes pédagogiques, premiers concours d’architecture ouverts, auxquels participent de jeunes architectes sortis soit des nouvelles écoles, soit diplômés autour de 1968 et qui étaient déjà dissidents par rapport à l’enseignement des Beaux-Arts. C’est un moment de publication très intense avec des revues qui sont des plateformes à la fois pour la redécouverte de l’histoire, pour la compréhension d’enjeux professionnels et pour l’exploration de scènes étrangères. Je pense évidemment à Architecture Mouvement Continuité, après la période de Philippe Boudon, en 1967, sous la houlette de Jacques Lucan et Patrice Noviant20 ; je pense à l’Architecture d’aujourd’hui, avec les trois ans de la direction éditoriale de Bernard Huet21. Il y a donc un milieu pédagogique, un milieu culturel et un milieu aussi professionnel. Dans mon cas, je commence à enseigner comme vacataire à UP1 autour de 1974-1975, après avoir passé mon diplôme en 1973. L’enseignement de l’histoire était essentiellement assuré par Claude Schnaidt22, très sympathique et très orthodoxe fonctionnaliste qui, communiste aussi, enseignait l’histoire du mouvement moderne selon les canons de l’orthodoxie giedionnesque23 : tout commence par le Crystal Palace, il ne s’est rien passé avant et on ignore une grande partie des développements les plus embarrassants, les plus complexes ! J’étais contre cette histoire un peu héroïque et un peu biaisée. J’avais lu les historiens de l’architecture italiens et notamment Manfredo Tafuri, dont je connaissais les travaux depuis 1971-1972. Je l’avais rencontré dès 1973. J’ai donc proposé pour mon cours d’autres stratégies, d’autres analyses. J’ai offert, dans cette école post-soixante-huitarde, de faire un cours sur la Renaissance, en disant clairement qu’il me semblait impensable que des architectes même extrêmement conscients socialement et modernes n’aient aucune notion de ce qui s’était passé avant le Crystal Palace. J’ai donc lancé ce cours sur la Renaissance à UP1 et j’ai commencé parallèlement à enseigner à l’unité pédagogique de Nantes, où je suis resté de 1976 à 1979. J’ai assuré un peu d’enseignement de studio et un cours d’analyse urbaine. Je me suis beaucoup appuyé sur les Italiens et aussi sur les travaux de quelques architectes comme Rob Krier et son travail sur le Stadtraum, sur les espaces urbains. Mon parcours d’enseignant s’est développé entre Paris et Nantes ; je suis revenu à Paris à UP1 en 1979 en devenant le chargé scientifique du secrétariat de la recherche architecturale au ministère de l’Équipement. Ce secrétariat remplaçait le Corda, le comité pour la recherche et le développement en architecture qui avait commencé ses opérations en 1972.
Quel rôle joue l’Institut de l’environnement dans le paysage de la recherche ?
- 24 Le Bulletin d’information inter-établissements de l’Institut de l’environnement est publié sous ce (...)
À l’École spéciale d’architecture, j’avais rencontré Anatole Kopp. Son livre Ville et Révolution m’était familier puisqu’il l’avait donné à mon père en 1967, lors de sa parution. Lui et mon père se connaissaient des réseaux communistes des années 1940-1950. Le livre de Kopp avait été, pour moi, une révélation et dès 1971, j’ai commencé à aller en Russie pour essayer de rencontrer les survivants de l’avant-garde. Ce livre était un point de départ tout à fait important pour moi. En 1973, Kopp a été contacté par l’Institut de l’environnement, lequel avait abandonné sa première mission initiale qui était de former les enseignants des nouvelles écoles d’architecture et des écoles d’art transformées, notamment les écoles de design. Mais le corps étudiant étant très radical, le ministère a pris peur et a fermé le cycle d’enseignement avant la fin du premier cycle, avant même que la première promotion soit diplômée. Du coup l’Institut de l’environnement était devenu ce qu’il était convenu d’appeler une unité de service assurant des missions pour permettre la modernisation des écoles, produisant la documentation, essayant d’impulser le travail de recherche, possédant ses propres centres de recherches. En liaison avec le Corda a été créée une mission de documentation internationale sur la recherche, à l’initiative du chargé de mission scientifique d’alors, Jean-Paul Lesterlin. Cette mission était coordonnée par Bruno Fortier sur le plan scientifique et par Gwenaël Querrien sur le plan administratif. Dans ce cadre, une sorte de découpage territorial du monde s’est fait avec des missions d’enquêtes : David Elalouf aux États-Unis, un Polonais du nom de Krzysztof Skalski en Pologne et moi-même initialement en Russie, car Kopp n’avait pas le temps d’assurer cette mission. Par la suite, j’élargirai mon champ d’action en allant en Allemagne et en Italie. Et donc c’est dans ce cadre que j’étais engagé à l’Institut de l’environnement, où ont été élaborées tout d’abord des publications, des activités et l’idée du bulletin signalétique, devenu ensuite le Bulletin de l’Institut de l’environnement puis le Bulletin de l’IFA et enfin Archiscopie24. De nombreux réseaux vont se tisser à partir de cet institut et vont avoir un effet très important dans la création de relations thématiques et personnelles au sein des écoles d’architecture. Je pense au réseau de Jean-Charles Depaule et Monique Eleb-Vidal sur l’enseignement en sciences sociales dans les écoles d’architecture ; je pense au travail de [Jean] Zeitoun sur l’informatique, etc. Dans mon cas, l’Institut de l’environnement m’a aidé à élargir mon réseau international, mais je l’ai aussi partagé en invitant des conférenciers, en organisant des tables rondes, des voyages d’études. Avec Bruno Fortier, nous avons invité, par exemple, Reyner Banham à faire une série de conférences sur son ouvrage Théories et histoire de l’architecture en 1974. L’Institut de l’environnement était un vrai lieu de confrontations entre les équipes françaises, notamment entre Paris et la province, d’une part, et puis entre ses équipes et le reste de l’Europe, d’autre part.
Où en était l’édition de livres d’architecture alors ?
- 25 Bruno Zevi, Apprendre à voir l'architecture ; texte français de Lucien Trichaud ; [éd. établie par (...)
- 26 Ebenezer Howard (1850-1928), Les Cités-jardins de demain, Paris, Dunod (Aspect de l’urbanisme), 196 (...)
- 27 Philippe Boudon, Pessac de Le Corbusier, Paris, Dunod (Aspect de l’urbanisme), 1969.
- 28 Jean Castex, Jean-Charles Depaule, Philippe Panerai, Formes urbaines, de l’îlot à la barre, Paris, (...)
L’édition d’architecture était extrêmement faible, sinon inexistante dans la France d’avant 1968, les traductions étaient fort rares. Le livre de Bruno Zevi Apprendre à voir l’architecture était l’un des rares livres un peu frais que l’on pouvait trouver25. À partir de 1968, les éditions Dunod ont développé la collection « Aspects de l’urbanisme » où l’on trouvait les textes du théoricien de l’urbanisme anglais Ebenezer Howard26, et dans laquelle a été publiée la recherche de Philippe Boudon sur Pessac27. Quelques rares traductions venaient de Belgique, comme celle d’Espace, temps et architecture de Giedion. Après 1968, il y a une politique d’édition plus intense ; le Corda a mis en place une politique d’aide à l’édition ; les rapports de recherches ont commencé à circuler. À l’époque, les contrats prévoyaient l’édition. Ils étaient d’ailleurs forts bien rémunérés, si on les apprécie à l’aune d’aujourd’hui et permettaient non seulement de recruter des chercheurs, mais aussi impliquaient que les rapports de recherche soient publiés à 600 exemplaires, puis pouvaient être transformés en livres. Je prends l’exemple du livre de Castex, Panerai et Depaule De l’îlot à la barre28 : cela a été d’abord un rapport de recherche très réussi, puis, très rapidement, un livre. À l’époque, la présence de l’écrit était très importante. Mais je dirais aussi que les horizons étaient plus vastes pour les jeunes enseignants dans mon genre qui avaient quelques ambitions. Ce qui comptait, c’était autant Barthes, Foucault, éventuellement Lacan ou encore Damisch, que l’édition d’architecture à proprement parler.
Que restait-il de l’enseignement de l’École des beaux-arts pour un étudiant qui a vécu les événements de 1968 à 1972 ?
- 29 Au début des années 1970.
- 30 L’exposition The Architecture of The École des beaux-arts (commissariat Arthur Drexler, en collabor (...)
Avec la liquidation de l’École des beaux-arts, il y a eu une perte de connaissances, une perte de savoirs. Il se trouve que je me suis intéressé très tôt à l’histoire de cette école, pour des raisons diverses. Le point de départ de mon intérêt se trouve dans une soirée à l’École spéciale d’architecture à laquelle Marc Emery avait invité Louis Kahn29. Louis Kahn vient donc à l’ESA, je pense qu’il avait un peu bu. Il se met à nous engueuler de manière véhémente (j’ai été traumatisé par cette engueulade) en disant : « Vous êtes des crétins, je vous déteste, vous avez fait la chose la plus épouvantable du monde ! » Nous étions tétanisés. Qu’avions-nous fait ? « Vous avez détruit l’École des beaux-arts ! » Et du coup, moi qui avais quelques idoles dans l’architecture mondiale à l’époque, dont notamment James Stirling et Louis Kahn, j’ai été totalement choqué par cette soirée. J’ai commencé à fréquenter la bibliothèque de l’École des beaux-arts où j’étais pratiquement seul. Aucun étudiant en architecture d’UP6 – qui devait avoir 1 200 étudiants à l’époque – n’allait à la bibliothèque de l’École des beaux-arts, qui était strictement vide ou plutôt peuplée par un seul et étrange énergumène, un historien de l’art américain longiligne du nom de Richard Chafee qui faisait des photos, des reproductions des dessins des Prix de Rome dans le cadre de la préparation de l’exposition sur l’architecture à l’École des beaux-arts ? qui se tiendra en 1975 au Musée d’art moderne de New York30. Je suis devenu assez ami avec Chafee ; j’ai commencé à regarder les Prix de Rome et à m’intéresser à l’École des beaux-arts. Tout en gardant une espèce de distance ironique vis-à-vis de l’enseignement de l’école, j’ai commencé à réévaluer ce qu’elle avait apporté sans pour autant publier grand-chose sur ce thème, puisque j’avais d’autres secteurs d’intérêt : l’Allemagne, la Russie, l’Italie notamment.
Notes
1 Cet entretien inédit fera partie d’un ouvrage composé de l’ensemble des entretiens réalisés dans le cadre de cette exposition. Caroline Maniaque, Éléonore Marantz et Jean-Louis Violeau, Mai 1968. Paroles à l’architecture, Paris, Éditions de La Villette, 2025.
2 Destiné à former des pédagogues dans les différents secteurs de l’environnement, l’Institut de l’environnement et du développement (IED), créé en 1969, forme en deux ans des stagiaires admis parmi les diplômés des écoles d’architecture, d’arts plastiques, de paysagisme, d’urbanisme, d’ingénieurs. La principale innovation de cet institut est son enseignement pluridisciplinaire. Outre les cours et les conférences traitant de l’urbanisme, de l’architecture, du design ou de la communication, de psychologie et de sociologie, de logique et de mathématiques appliquées, les stagiaires sont amenés à se regrouper pour effectuer des recherches sur des thèmes précis. « Un institut de l’environnement en France », l’Architecture d’aujourd’hui, n° 145, septembre 1969, p. v-vii.
3 Lorsqu’en 1972 est créé le Comité de la recherche et du développement en architecture (Corda) et un Secrétariat de la recherche architecturale (SRA) au ministère de la culture, l’architecte Jean-Paul Lesterlin (1942-1979) est l’un des premiers chargés de missions du SRA.
4 Plusieurs entretiens ont été publiés en 2023 et 2024. Citons notamment Élisabeth Essaïan, Jean-Louis Cohen, « Entretien avec Jean-Louis Cohen », LC. Revue de recherches sur Le Corbusier, 2023 ; Marta Sequeira, Rute Figueiredo, « “I’m a storyteller” Interview with Jean-Louis Cohen », Estudo Prévio 23, Lisbonne, CEACT/UAL/Centro de Estudos de Arquitetura, Cidade e Território da Universidade Autónoma de Lisboa, 2023, p. 2-15.
5 L’École spéciale d'architecture a été la première, en 1868, à délivrer un « diplôme d’architecte ». Elle est déclarée « établissement d’utilité publique » en 1870. Reconnue par l’État en 1934, elle est alors rattachée à la Direction de l’enseignement technique dépendant du ministère de l’Éducation nationale. Aux termes de la loi du 31 décembre 1940, l’École spéciale d’architecture est habilitée (avec l’École des beaux-arts et l’École de Strasbourg, l’ENSAIS) à délivrer le diplôme d’architecte qui permet l’inscription sur les tableaux régionaux de l’Ordre et confère le droit au titre d’architecte.
6 Paul-Henri Chombart de Lauwe (1913-1998) est un des précurseurs de la sociologie urbaine. Il fonde, en 1949, le groupe d’ethnologie sociale et s’intéresse au monde ouvrier. Le groupe publie sur Paris et son agglomération. Le groupe devient, en 1959, le centre d’ethnologie sociale. Il publie, en 1965, Des hommes et des villes.
7 Paul Virilio (1932-2018), urbaniste, essayiste, intègre l’École spéciale d’architecture à partir de 1968 et y effectue toute sa carrière jusqu’en 1997. Il avait fondé au début des années 1960 le groupe Architecture Principe avec Claude Parent (1903-2016) et publié le manifeste sur la Fonction oblique.
8 Anatole Kopp, Ville et Révolution. Architecture et urbanisme soviétiques des années vingt, Paris, Anthropos, 1967. Anatole Kopp enseigne l’histoire de l’architecture à l’École spéciale d’architecture. Souvent mentionné pour ses recherches produites dans le cadre des appels d’offres du Corda, il a aussi publié à l'écart des structures spécifiques à la recherche architecturale, chez Anthropos ou dans la collection 10/18.
9 Caroline Maniaque, « Le Voyage américain et la scène wrightienne, 1950-1970 », dans Anne-Laure Sol (dir.), Hervé Baley et Dominique Zimbacca, architectes. Pour une autre modernité, Paris, Lieux-Dits, 2018, p. 26-35.
10 Jean Duvignaud (1921-2007), écrivain, sociologue, anthropologue, est d’abord professeur de philosophie au lycée d’Abbeville puis d’Étampes. En 1969, il est nommé président de l’École spéciale d’architecture. Doté d’une thèse en sociologie, il devient en 1980 professeur de sociologie à l’université Paris VII. Avec l’écrivain Georges Perec et le philosophe Paul Virilio, il fonde, en 1972, la revue Cause commune.
11 Théoricien de l’urbain, sociologue critique de la vie quotidienne et intellectuelle engagé, Henri Lefebvre (1901-1991), est professeur de sociologie à l’université de Strasbourg à partir de 1962, puis part diriger en 1965 le département de sociologie à l’université de Nanterre (Paris X-Nanterre). Il est ensuite à l’Institut d’urbanisme à partir de 1973.
12 Yona Friedman (1923-2019), architecte formé à Budapest (1943) puis Haïfa (1945), diplômé en 1948. Il s’installe à Paris en 1957. Dès les années 1950, il s’intéresse aux structures spatiales, tridimensionnelles et propose des projets de mégalopoles hors sol, constituées des cellules d’habitats mobiles.
13 Jean-Pierre Levasseur (dir.), Prouvé. Cours du CNAM 1957-1970. Essai de reconstitution du cours à partir des archives Jean Prouvé, Mardaga, 1995.
14 Roland Castro (1940-2023) poursuit ses études à l’atelier Albert (atelier « extérieur ») d’où il sort diplômé en 1969. Il enseigne à UP6 à partir de 1972 puis à l’École nationale supérieure d’architecture de Paris-La Villette jusqu’à sa retraite en 2007. Au lendemain de Mai 68, il cofonde VLR, Vive la révolution !, et anime ensuite son périodique Tout ! Ce que nous voulons : tout !,
15 En 1970, Jean Zeitoun (né en 1941), formé à l’École polytechnique, intègre l’Institut de l’environnement en tant que chercheur et collabore au laboratoire créé et dirigé par Robert Spizzichino « Logique, Mathématique, Méthodologie » doté d’un centre de calcul. Avec Robert Spizzichino, il contribue à l’introduction de la pratique informatique au sein de l’institut : conception assistée par ordinateur (CAO), analyse de données, traitement graphique sur des outils du centre de calcul. Zeitoun crée en 1971 le Centre de méthodologie, mathématique et informatique (MMI). En 1979, le centre est renommé « Centre informatique de méthodologie en architecture » (Cima).
16 Léon Forgia (1930-2013) est formé à l'École des beaux-arts de Paris, où il est élève de Roger Poulain, Pierre Vivien et Guillaume Gillet. Il obtient son diplôme le 16 juin 1960. Il exerce en tant qu’architecte tout en enseignant à UP6 dès les années 1970 jusqu’à sa retraite.
17 Robert Joly (1928-2012), architecte diplômé de l’ENSBA en 1958 et de l’Institut d’urbanisme de Paris, où il enseignera ainsi qu’à UP6. Robert Joly et Jean-Louis Cohen partageront un intérêt pour l’architecte André Lurçat. Jean-Louis Cohen, André Lurçat (1894-1970). Autocritique d'un moderne, Paris/Liège, IFA/Mardaga, 1995.
18 Jean-Louis Cohen, « Y a-t-il une pratique architecturale de la classe ouvrière ? », diplôme d’architecte, mené sous la direction de Robert Joly en 1972 à l’UP6, édité en 1974 par l’Institut de l’environnement
19 Jacques Lucan (1947-2023), diplômé en architecture en 1972, devient rédacteur en chef de la revue Architecture Mouvement Continuité de 1978 à 1988. Nommé à UP8 en 1981 (renommée l’École nationale supérieure d’architecture de Paris-Belleville), il enseigne ensuite à l’École d’architecture de la ville et des territoires ainsi qu’à l’École polytechnique de Lausanne. Jean-Louis Cohen fait référence au mémoire de 3e cycle de Jacques Lucan préparé à l’unité pédagogique n° 6 et à l’Institut de l’environnement : Jacques Lucan, Haussmann, un viaduc, Paris, Institut de l’environnement, 1973.
20 Émanation de la Société des architectes diplômés par le gouvernement (SADG). Le président de la SADG, Otello Zavaroni, demande en 1967 à Alain Sarfati et Philippe Boudon de transformer le bulletin de la SADG en une revue, nommée alors Architecture Mouvement Continuité. Philippe Boudon en assure la fonction de rédacteur en chef de 1967 à 1969. Puis, une nouvelle équipe (Roger Michaud, André Ménard, Geneviève Mesuret) réalise les numéros 13 à 28. En 1973, Patrice Noviant devient rédacteur en chef de la revue, qui prend le titre de AMC (en décembre 1973), rôle qu’il partage avec Jacques Lucan à partir de 1976. Lucan devient rédacteur en chef de la revue de 1978 à 1988 (le titre est acheté par le groupe Moniteur en 1983).
21 Bernard Huet (1932-2001) est rédacteur en chef de l’Architecture d’aujourd’hui de 1974 à 1977.
22 Claude Schnaidt (1931-2007), architecte, historien de l’architecture et militant communiste, est diplômé de la Hochschule für Gestaltung (HfG, Ulm), école d’art et d’architecture héritière du Bauhaus où il enseigne puis devient directeur de 1967 et 1968, avant la fermeture de l’école en 1968. Claude Schnaidt a dirigé ensuite l’Institut de l’environnement, puis est professeur à l’unité pédagogique d’architecture n° 1 (UP1), devenue par la suite l’École d'architecture Paris-Villemin (EAPV).
23 Jean-Louis Cohen fait référence aux analyses développées par Sigfried Giedion dans ses travaux, notamment Space, Time and Architecture: the growth of a new tradition, 5e édition révisée, Cambridge (Mass.), Harvard University Press, 1967.
24 Le Bulletin d’information inter-établissements de l’Institut de l’environnement est publié sous ce titre de 1973 à 1977. Il paraît sous le titre Bulletin d’information architecturale, édité par le Centre d’études et de recherches architecturales (Cera) et réalisé avec le concours de la direction de l’Architecture dans le cadre de l’action de Documentation pour la recherche architecturale jusqu’en 1981. Il devient ensuite le Bulletin d'informations architecturales, édité par l’Institut français d’architecture entre 1981 et 1999, et propose des commentaires critiques de réalisations, de publications et d'évènements, annonce des manifestations culturelles en France et au-delà, et propose une bibliographie semestrielle. La revue change de formule et de maquette en 2000 et devient Archiscopie.
25 Bruno Zevi, Apprendre à voir l'architecture ; texte français de Lucien Trichaud ; [éd. établie par Jean Petit] Paris, Les Éditions de Minuit, 1959.
26 Ebenezer Howard (1850-1928), Les Cités-jardins de demain, Paris, Dunod (Aspect de l’urbanisme), 1969.
27 Philippe Boudon, Pessac de Le Corbusier, Paris, Dunod (Aspect de l’urbanisme), 1969.
28 Jean Castex, Jean-Charles Depaule, Philippe Panerai, Formes urbaines, de l’îlot à la barre, Paris, Dunod (Aspects de l'urbanisme), 1977.
29 Au début des années 1970.
30 L’exposition The Architecture of The École des beaux-arts (commissariat Arthur Drexler, en collaboration avec David Van Zanten, université de Pennsylvanie, Neil Levine, Harvard University, et Richard Chafee, Courtauld Institute), est présentée au Musée d’art moderne de New York d’octobre 1975 à janvier 1976.
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Référence électronique
Caroline Maniaque, Éléonore Marantz et Jean-Louis Violeau, « Entretien avec Jean-Louis Cohen », Les Cahiers de la recherche architecturale urbaine et paysagère [En ligne], Matériaux de la recherche, mis en ligne le 12 septembre 2024, consulté le 06 novembre 2024. URL : http://journals.openedition.org/craup/14837 ; DOI : https://doi.org/10.4000/12c7t
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