Entretien avec Theresa Krenn et Benni Eder, du Studio Eder Krenn, Vienne, architectes et concepteurs de l’exposition Hollein Calling. Architectural Dialogues
Texte intégral
Introduction
1Hans Hollein (1934-2014) est un artiste autrichien : représentant du courant postmoderne en Autriche, il est aussi le seul architecte autrichien à avoir été lauréat du prix Pritzker, en 1985. Il est à l’origine de nombreux bâtiments en Europe, mais aussi à Taiwan, en Iran, en Russie, au Pérou. Actif dans le milieu de l’architecture et du design, il a été un commissaire d’expositions prolifique – point qu’aborde dans l’entretien Theresa Krenn – et fut également un important professeur, ayant formé plusieurs générations d’architectes autrichiens. Hans Hollein a été reçu de 1963 à 1964 comme professeur invité à la Washington University, School of Architecture à Saint Louis, Missouri, où il revient à nouveau en 1966. De 1967 à 1976, il enseigne à la Staatliche Kunstakademie de Düsseldorf, avant d’obtenir la chaire de design industriel et la direction de l’Institut für Design de l’Université des arts appliqués de Vienne, en 1976. Entre 1979 à 2002, il occupe l’une des trois chaires d’architecture de la même université, dont il prend la direction du le département d’architecture entre 1995 et 1999. Durant sa carrière d’enseignant, il a l’occasion d’être régulièrement reçu comme professeur invité aux États-Unis, notamment à la Yale University, à l’University of California (UCLA) et à la Ohio State University. Disparu en 2014, Hollein a marqué l’histoire de l’architecture autrichienne, léguant une œuvre abondante et diversifiée.
- 1 Parmi ces expositions, citons notamment celle accueillie au Centre Pompidou en 1987 Métaphores et m (...)
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- 3 Une vidéo de présentation de l’exposition a été produite par le Centre d’Architecture, [en ligne] [(...)
- 4 Depuis la création de leur cabinet en 2005, le duo a pris part à une quarantaine de projets d’archi (...)
- 5 La Hans-Hollein-Projektstipendien für Architektur und Design est une des bourses destinées à la rec (...)
2S’il a fait l’objet de plusieurs expositions rétrospectives1, le Centre d’architecture de Vienne (Architekturzentrum Wien)2 a proposé de septembre 2023 à février 2024 une exposition sous la forme d’un dialogue architectural entre l’œuvre de Hans Hollein, son héritage et sa réception contemporaine3. Cette exposition est le fruit du travail de Theresa Krenn et Benni Eder, deux architectes viennois, à la tête du Studio Eder Krenn4 et chargés de cours à l’Université technique de Vienne (TU Wien). Lauréats de la bourse Hans Hollein octroyée par le ministère autrichien de l’Art et de la Culture5, ils ont accepté d’accorder un entretien au sujet de leur projet de recherche et de l’exposition. Cet entretien a été mené à distance, en visioconférence et en allemand, puis traduit en français. Il s’agissait de notre tout premier contact, où nous avons pu revenir sur les enjeux soulevés par leur travail de recherche et la traduction de ce projet en une exposition.
3La mise à disposition pour l’exposition d’un grand nombre de documents parmi lesquels des archives, des maquettes, des extraits vidéo et des photographies permet d’offrir aux visiteurs un « espace de réflexion » (Denkraum) sur l’œuvre de Hollein. À ces documents – parfois inédits – s’ajoutent les contributions de quinze agences d’architecture, auprès desquelles les deux concepteurs ont mené des entretiens afin d’aborder l’œuvre de Hollein dans une perspective actuelle. Parmi les architectes contemporains interrogés dans le cadre du projet, certains ont travaillé avec Hollein, tandis que d’autres se sont positionnés a posteriori de manière critique ou ont été inspirés par son travail. Certains ont même mesuré l’héritage et le réel impact de l’architecte dans leurs propres travaux par le biais de ce projet. C’est la diversité des postures qui fait la richesse de l’exposition : proposer un regard croisé sur l’œuvre de Hans Hollein et sur son héritage, à travers les yeux d’architectes contemporains européens, permet de dépasser la simple rétrospective et questionner fondamentalement la place de l’architecture postmoderne au sein du patrimoine autrichien et sa pertinence pour la création contemporaine. Hollein, par sa stature internationale et l’importance de son legs architectural cristallise les enjeux autour de préservation et valorisation de l’architecture postmoderne.
- 6 Au sujet de l’état de la protection du patrimoine Nachkriegsmoderne et postmoderne en Autriche, voi (...)
4En Autriche, ce patrimoine jouit de peu de reconnaissance : l’importance des architectures baroque et fin-de-siècle jettent une ombre sur la production plus contemporaine. Si des mesures existent pour protéger et valoriser le bâti postmoderne, cela ne suffit pas à garantir la pérennité d’un patrimoine qui n’est pas encore officiellement reconnu comme tel6. L’exposition met en scène une autre manière de faire vivre et de transmettre l’héritage architectural postmoderne, au travers de dialogues avec une nouvelle génération d’architectes, qui se traduisent par l’exposition en miroir d’œuvres de Hollein et de cette nouvelle génération, ainsi que par la projection d’extraits des entretiens menés avec les agences et grâce à des tables thématiques, mettant en relation les similitudes de formes ou de méthodologies. C’est cette nouvelle génération d’architectes, qui, en se réappropriant ce patrimoine sans le poids du lien personnel à Hollein, participe à sa préservation.
Solène Scherer : Quelle est l’origine de cette exposition ? D’où vous est venue l’idée d’un tel projet ?
- 7 Les différentes bourses de recherches sont proposées par le ministère fédéral autrichien des Arts, (...)
- 8 La Bourse Schindler est portée par l’État autrichien et le Museum für Angewandte Kunst (MAK), offra (...)
Benni Eder : Pour restituer le contexte de l’exposition, il s’agit à l’origine d’un projet de recherche. Nous avons commencé ce projet depuis un certain temps déjà, il y a quatre ans. En Autriche, il existe des bourses de recherche qui permettent de travailler sur l’histoire de l’architecture et sur l’héritage de certains grands architectes autrichiens, comme la bourse Hans Hollein ou la bourse Margarete Schütte-Lihotzky7. Il existe aussi une bourse Schindler, qui permet de partir à Los Angeles8. L’origine de ce travail de recherche est donc liée à l’obtention de la bourse Hans Hollein.
Nous avons essayé de relier deux choses à travers ce projet : notre intérêt pour Hollein et les discussions autour de son travail. C’est sur ces deux aspects et sur leur confrontation que repose la structure de l’exposition. Elle combine une présentation de l’œuvre de Hollein et de son processus créatif en atelier, avec une exploration des perspectives contemporaines sur son travail. C’est ainsi que nous avons élaboré notre recherche, et en y regardant de plus près, on voit que différents thèmes nous ont conduits à utiliser divers formats dans nos travaux.
Le début de notre travail de recherche ressemblait beaucoup à ce que nous faisons actuellement, à savoir des entretiens. À l’origine, le projet était conçu sous forme d’entretiens menés avec des architectes contemporains. Nous nous sommes nourris de l’œuvre de Hollein en nous positionnant à partir de notre propre expérience en tant qu’architectes, ainsi que celle de la génération d’architectes qui n’a pas été directement élève de Hollein. Theresa et moi avons étudié l’architecture à l’Académie des beaux-arts de Vienne, où Hollein enseignait à l’époque, ainsi qu’à l’université des Arts appliqués de Vienne. Cependant, cette période est caractérisée par le déclin du postmodernisme et de ses protagonistes dans l’enseignement de l’architecture, qui ne suscitaient plus guère l’intérêt des étudiants. C’était au milieu et à la fin des années 1990, lorsque le mouvement Superdutch et d’autres influences ont émergé, mettant en lumière des architectes plus jeunes, comme Rem Koolhaas et l’OMA, qui attiraient davantage les étudiants que les architectes postmodernes. Nous avons donc décidé d’approfondir cette question. Comme vous l’avez souligné, il y a eu un regain d’intérêt pour le postmodernisme, phénomène souvent observé avec ce type de mouvements, trente ans plus tard, quand la nouvelle génération s’y intéresse à nouveau et le réinterprète.
Nous avons compris qu’au niveau international, comme en Belgique par exemple, il y avait un débat sur l’œuvre de Hollein, alors qu'il n’avait pas encore lieu à Vienne ou en Autriche. Des écrits ont été publiés à ce sujet, ce qui a suscité notre intérêt et nous a incités à approfondir nos recherches. Nous voulions saisir ce momentum et partir de notre propre histoire, qui, en soit, se place plutôt dans une certaine distance de Hollein, tout en profitant de notre curiosité et des débats entourant une période clé pour l’architecture autrichienne, voire pour la production architecturale en général, de cette époque après la Seconde Guerre mondiale, s’étendant des années 1950-1960 à la fin du postmodernisme.
En réalité, nous n’avions pas du tout prévu à l’origine cette exposition. Nous avons publié le fruit de nos recherches dans un livre, mais le Centre d’architecture de Vienne a appris l’existence de ce travail lorsque nous avons consulté et utilisé les archives de Hans Hollein à Vienne. Ses archives sont conservées de manière dispersée, elles se trouvent dans différents endroits et appartiennent à différents propriétaires, et une partie de ses archives est conservée par le Centre d’architecture de Vienne. Ce sont donc eux qui nous ont invités à concevoir une exposition à partir de notre recherche, combinant ce double format de documents d’archives et d’entretiens, de manière à mettre en perspective et à confronter le travail de Hollein à celui de ces architectes contemporains.
Solène Scherer : Comment avez-vous alors pensé et développé cette exposition, qui va au-delà de l’œuvre de Hans Hollein ? Vous avez mentionné son rôle de professeur. Quel processus avez-vous suivi pour concevoir une exposition qui donne à voir à la fois le travail de Hollein et son héritage, tout en mettant aussi en lumière la pluralité de ses activités en tant qu’architecte mais aussi comme enseignant ou théoricien ?
- 9 « Werk und Verhalten, Leben und Tod », œuvres et scénographie d’exposition par Hans Hollein, Bienna (...)
- 10 « Hans Hollein », œuvres et scénographie d’exposition par Hans Hollein, Historisches Museum Wien, 1 (...)
- 11 HOLLEIN, exposition au Musée des arts appliqués [Museum für angewandte Kunst], Vienne, 25 juin-5 oc (...)
- 12 MAN transFORMS, exposition au Smithsonian Institution, Washington D.C., 1976.
- 13 Tel est le nom donné au pavillon autrichien lors de la XIVe triennale de Milan, en 1968.
Theresa Krenn : Pour nous, l’un des aspects les plus importants dans cette exposition, c’est que Hollein était lui-même un grand commissaire et scénographe d’exposition. Dès ses débuts, il a présenté et exposé son propre travail, par exemple à la Biennale9 ou au Musée historique de Vienne, où il a conçu sa propre grande rétrospective10. Même l’exposition de 2014 au MAK [Musée des arts appliqués]11, dont il n’a pas conçu la scénographie, Hollein a tout de même pu participer activement et avoir voix au chapitre. Il a également conçu la scénographie d’autres expositions, qui ne présentaient pas son propre travail comme MAN transFORMS12 ou la Austriennale13. Il a été longtemps le commissaire d’exposition pour l’Autriche lors de la Biennale. Hollein était un grand scénographe et commissaire d’exposition.
Comme Hollein n’est plus là, cela a soulevé une question cruciale pour nous : comment le présenter et présenter son œuvre alors qu’il ne peut superviser lui-même la conception et de la scénographie d’exposition ? En tant que commissaires de l’exposition, il était pour nous essentiel de ne pas entreprendre seuls une nouvelle canonisation ou de suivre une certaine direction, mais plutôt de solliciter et de consulter de nombreuses et différentes personnes issues de la génération actuelle pour comprendre le regard qu’elles portent sur Hollein et sur la manière dont elles perçoivent son œuvre. Nous voulions davantage mettre en lumière l’architecture d’aujourd’hui qui prend Hollein comme référence que de parler simplement de Hollein seul.
Solène Scherer : Ce qui est également particulièrement intéressant dans votre l’exposition, c’est justement la question de la réception et de l’héritage. Il ne s’agit pas seulement une rétrospective, mais un dialogue entre l’architecture contemporaine et celle de l’époque de Hollein. En même temps, elle remet également en question ce lien à l’héritage de l’architecte. Dans quelle mesure l’exposition et votre travail de recherche et de documentation s’inscrivent-ils dans la reconnaissance de cet héritage de Hollein, de ce patrimoine que constitue son œuvre ? Et comment la reconnaissance de l’héritage de Hollein se manifeste-t-elle dans l’architecture contemporaine ?
- 14 Mark Lee est un architecte américain, né à Hong-Kong. À la tête de l’agence Johnston Marklee depuis (...)
Theresa Krenn : Nous avons observé une différence dans la façon dont Hollein est perçu en Autriche et dans d’autres pays. Bien qu’il ait été un architecte international, notre recherche s’est principalement concentrée sur une échelle européenne pour nos entretiens, pour des raisons de faisabilité et de praticité. Bien-sûr, d’autres pays ont une relation à Hollein, que ce soit en Amérique du Sud ou en Chine, mais nous n’avons pas pu aller aussi loin dans notre travail. Nous avons également discuté avec Mark Lee14, qui a partagé ses réflexions sur la perception américaine de Hollein, ce qu’il a également abordé dans l’épilogue qu’il a rédigé pour la publication de notre recherche.
Il serait peut-être intéressant d’approfondir toutefois un peu la différence entre l’Autriche et nos pays voisins directs, comme l’Allemagne, la Suisse, l’Italie ou la France. En Autriche ou à Vienne, on constate que les gens ont encore une relation assez directe à Hollein. Il a été leur professeur, il participait à des jurys, c’était une personnalité importante dans le domaine culturel, une personnalité puissante. En conséquence, les discours en Autriche tendent à dire qu’il avait trop de pouvoir, trop d’influence, ce qui a conduit beaucoup de jeunes agences à chercher à se distancer de la position postmoderne ou des idées formulées par Hollein. La réception est donc un peu mitigée, et parfois aussi difficile. À l’étranger en revanche, les opinions sont un peu plus indépendantes de la personnalité de Hollein, les discussions se concentrent davantage sur l’architecture en elle-même et moins sur sa personne et ce qu’il faisait.
Benni Eder : Ce qui est intéressant, c’est qu’en ce sens, notre intention n’était pas de faire redécouvrir l’œuvre de Hollein ni de mettre en avant certains projets de manière générale, étant donné qu’il existe déjà une reconnaissance et une canonisation de certaines de ses œuvres. Ce qui nous a réellement intéressés, à travers notre travail de recherche dans les archives et avec les entretiens, ce sont les conditions de production architecturale. Nous voulions comprendre comment ces œuvres sont créées, quels sont les facteurs, les éléments qui influent sur cette production architecturale, et comment ces aspects transparaissent dans les archives de Hollein ou dans sa manière de travailler.
- 15 Möllersdorf est la localité autrichienne où le Centre d’architecture de Vienne (Architekturzentrum (...)
À Möllersdorf15, où sont conservés différents legs d’architectes, l’exploration des archives nous a permis de découvrir une multitude de projets, à plusieurs états d’avancement, qui révèlent des approches, des thèmes et des accès très variés, en dehors des images canonisées ou des résultats tels que nous les connaissons de la production architecturale. C’est cet aspect-là qui nous a également intéressés. Hans Hollein et son équipe travaillaient de manière très approfondie et exhaustive, ils exploraient de nombreuses variantes, utilisaient une pluralité de modèles et de croquis avec différentes approches et différentes directions pour chaque projet, ce qui a laissé un héritage riche et foisonnant.
- 16 Les architectes et les cabinets interrogés dans le cadre du projet sont Reem Almannai et Florian Fi (...)
- 17 Au regard de sa renommée à l’international et de son statut de professeur à l’Académie des beaux-ar (...)
Nos échanges avec les architectes contemporains16 nous ont également offert une perspective réflexive sur ce type de production architecturale. Cela nous a permis de comprendre comment la génération actuelle perçoit cette approche, cette méthode de création, de production de l’architecture. Bien entendu, il y a aussi eu des voix plus critiques. Certains estiment que les possibilités et les opportunités dont disposait Hollein durant cette période étaient très particulières17, et même plus généralement que la place que tenait l’architecture postmoderne dans un État où ces personnes ont été très soutenues, était singulière. Ils avaient des positions assez puissantes et uniques, ce qui n’est plus le cas actuellement. Dans un contexte où les opportunités ne sont plus les mêmes, il s’agit donc plutôt de remettre les choses en question, d’interroger cette mise en avant, cette consécration de l’héritage, de savoir ce qu’il y a derrière, de questionner le cadre de conditions de production fondamentales pour ce type d’œuvre, et des sujets que l’on retrouve un peu dans les débats contemporains.
- 18 La section autrichienne Docomomo recense plusieurs édifices modernes et postmodernes « perdus », pa (...)
- 19 Le Bundesdenkmalamt est une administration fédérale qui s’occupe de la gestion, de la protection et (...)
Solène Scherer : Dans le cadre de l’exposition, vous montrez qu’il y a en fait une double reconnaissance de Hollein : elle permet non seulement de reconnaître et d’apprécier ses œuvres en tant que telles, mais elle sert également à reconnaître son héritage dans les travaux de cette nouvelle génération d’architectes internationaux. L’exposition ne documente pas seulement la réception de Hollein à travers ses archives et ses projets, mais aussi cette nouvelle génération qui puise dans l’héritage de Hollein pour créer de nouvelles choses. D’une certaine manière, cela permet d’assurer l’avenir de l’architecture de Hollein, voire de participer à la préservation de l’architecture postmoderne, plus particulièrement dans le contexte autrichien, où de nombreux bâtiments18 construits dans le style du Nachkriegsmoderne, de la modernité d’après-guerre et du postmodernisme ont été détruits en raison de négligence ou de l’inaction de l’Office fédéral de la préservation des monuments historiques19. Pensez-vous que ce travail de recherche et cette exposition, qui favorisent le dialogue entre l’architecture passée et présente, peut contribuer à faciliter la reconnaissance et la préservation des bâtiments postmodernes ? Grâce au travail et l’engagement des architectes d’aujourd’hui, qui se réapproprient cet héritage et le rendent à nouveau pertinent par l’intermédiaire de ce dialogue, cette nouvelle génération renouvelle le regard porté sur l’architecture postmoderne. Est-ce que cela participe d’une certaine façon à la préservation de cet héritage ?
Theresa Krenn : Il est important de rappeler que nous sommes avant tout architectes, et donc, notre première occupation, c’est de construire. Nous abordons donc la question de la préservation des monuments historiques en tant qu’architectes, et non en tant qu’experts de la conservation des bâtiments historiques. Ce que nous exprimons ici relève plutôt d’une opinion personnelle sur le sujet.
- 20 Il s’agit d’un immeuble situé sur la place de la Cathédrale Saint-Étienne, à Vienne, en plein centr (...)
Hans Hollein est connu comme le représentant du postmodernisme en Autriche. C’était quelqu’un de célèbre, qui a reçu le prix Pritzker, ce qui en fait sûrement l’architecte autrichien le plus célèbre de l’après-guerre, donc son travail est probablement mieux protégé que celui d’autres architectes postmodernes. Néanmoins, cela ne garantit rien, car des bâtiments ou des aménagements intérieurs que Hollein a conçus ont déjà été détruits. C’est le cas par exemple des bureaux de la Österreichisches Verkehrsbüro, qui n’ont été que partiellement conservés. De même, si l’immeuble Haas, à Vienne20, est resté intact, l’intérieur a été complètement détruit, car son agencement ne correspondait plus du tout à la nouvelle activité commerciale de l’édifice. La question de la programmation du bâtiment reste donc l’une des préoccupations centrales en matière de conservation des monuments historiques. Lorsqu’il s’agit, par exemple, d’un magasin ou d’un immeuble commercial, les choses sont souvent plus simples, car ce sont des propriétés privées, les propriétaires peuvent détruire selon leurs besoins. En revanche, pour les bâtiments publics ou les écoles, pour autant que nous sachions, ils ont généralement été mis sous protection en tant que monument historique immédiatement après leur construction, surtout les premières années de sa carrière.
- 21 La protection automatique des bâtiments propriétés de l’État a été stoppée par une loi fédérale en (...)
Solène Scherer : La protection des bâtiments publics n’est désormais plus automatique en Autriche comme c’était le cas depuis le vote de la Loi de protection des monuments historiques de 1923. La loi a été modifiée en 1999 pour stopper la mise sous protection automatique à partir de 201021.
- 22 Le Bundesdenkmalamt ne publie pas de statistiques détaillées sur les protections des édifices selon (...)
Benni Eder : En 2010, il y a eu des changements. Si les bâtiments publics ou ceux appartenant à l’Église présentaient une importance historique ou culturelle, ils ont pu simplement bénéficier d’une protection supplémentaire, le Bundesdenkmalamt s’en était alors chargé. Mais depuis 2010, le nombre de mises sous protection a diminué et la protection des édifices s’est affaiblie22.
- 23 Cette école a écrit construite sur les plans d’Hans Hollein entre 1977 et 1990. Elle est protégée a (...)
- 24 La Mariannengasse se situe dans le 9e arrondissement de Vienne, à proximité de la Gürtel, second bo (...)
- 25 Wilhelm Holzbauer (1930-2019) est un architecte autrichien de la seconde moitié du XXe siècle, dont (...)
Theresa Krenn : Dans le cas spécifique de Hollein, on peut mentionner l’école de la Köhlergasse23. Il s’agit d’une école primaire qui accueille de jeunes enfants, elle est en excellent état et protégée au titre de monument historique. Cependant, d’autres bâtiments postmodernes à Vienne sont en danger. On peut citer l’exemple de l’immeuble de bureaux de la Mariannengasse24, un bâtiment de Wilhelm Holzbauer25, qui a récemment été démoli dans le cadre d’un réaménagement plus important de toute la zone. Je pense que ce genre de situation continuera à se produire, car tous les bâtiments ne sont pas et ne seront pas protégés. La protection des immeubles d’habitation est d’autant plus difficile qu’il s’agit souvent de copropriétés où des travaux d’adaptation et de rénovation sont nécessaires. Malheureusement, ceux-ci ne respectent souvent pas l’esthétique et l’esprit postmoderne ou même l’intégrité des structures d’origine.
Benni Eder : Par rapport à d’autres pays, il est possible que la postmodernité, toute cette période des années 1970-1980, revêt une signification différente en Autriche, voire à Vienne. Durant cette époque, Vienne était une ville qui connaissait un certain déclin, qui rétrécissait même, mais avec la chute du rideau de fer, Vienne et l’Autriche ont soudainement acquis une nouvelle importance, qui les plaçaient désormais un peu plus au centre de l’Europe. Jusque-là, Vienne était plutôt en périphérie et offrait donc peu d’opportunités pour les architectes. En dehors des immeubles d’habitation, la situation n’était pas idéale : il y avait beaucoup de projets, mais peu étaient réalisés ; cette phase du postmodernisme n’a pas été particulièrement productive. Ce qui est intéressant, c’est que les plus grands projets, peut-être aussi les projets les plus célèbres de Hans Hollein se trouvent en Allemagne, notamment les musées, puis, plus tard, en France, avec Vulcania. Ainsi, cette architecture postmoderne ne joue pas vraiment un rôle important à Vienne par rapport à d’autres époques historiques.
Toutefois, nous observons aujourd’hui un nouveau regard et un nouvel intérêt pour le postmodernisme, même chez certains collègues plus âgés qui pourraient exprimer des réserves du genre « Mais quoi, encore le postmodernisme? », étant donné qu’ils ont travaillé avec ce mouvement artistique pendant longtemps et qu’il n’a pas toujours été fructueux pour eux d’un côté, tandis qu’il s’est par la suite imposé, grâce, notamment, à des figures telles que Hans Hollein ou peut-être Wilhelm Holzbauer, qui ont joué un rôle important dans la prédominance du postmodernisme.
Theresa Krenn : Ce serait trop simple de dire que la période qui se trouve immédiatement derrière nous nous semble peu attractive. Depuis le début des années 2000, l’architecture a simplement tendance à se pencher davantage sur l’histoire, à aborder le postmodernisme d’une manière différente. Je crois qu’il y a actuellement dans l’art une nouvelle reconnaissance des tendances postmodernes.
5Solène Scherer : Grâce à la réception actuelle de l’architecture postmoderne et au dialogue entre les générations d’architectes, nous pourrions dire que l’avenir de ce patrimoine postmoderne sera assuré d’une manière différente que la conservation « traditionnelle » du patrimoine. La nouvelle génération reconnaît cet héritage, travaille avec et à partir de ce patrimoine, ce que vous montrez très bien dans l’exposition, notamment par les conservations avec les architectes participants au projet. Tout cela témoigne de la pertinence continue de l’œuvre de Hollein au sein du monde de l’architecture contemporaine. L’exposition offre également une bonne occasion pour le public, à la fois pour les architectes, mais aussi à d’autres personnes non spécialistes, de mieux comprendre les œuvres et l’importance de Hollein pour l’architecture contemporaine.
Theresa Krenn : Le Centre d’architecture de Vienne est une institution importante, nous l’avons constaté lors de l’inauguration de l’exposition. C’était un très beau moment, car nous travaillons constamment sur le concept sans penser réellement à l’inauguration et aux visiteurs et la manière dont ils la recevraient. Travailler sur le concept de l’exposition reste un travail un peu isolé, l’inauguration permet de mettre en perspective ce travail.
6Ce qui nous a frappé lors de l’inauguration, c’est la diversité du public. D’une part, beaucoup de contemporains de Hollein sont venus, des personnes âgées que nous ne connaissions pas, qui nous ont abordées en disant : « Nous connaissions Hollein, nous avons travaillé avec lui. » D’autre part, il y avait aussi beaucoup de jeunes, beaucoup d’étudiants. L’exposition était très intéressante pour eux : ils nous ont dit après coup – comme nous enseignons tous les deux à l’université technique de Vienne – qu’ils n’avaient jamais étudié Hollein ou son œuvre à l’université. C’était donc bien pour eux de constater qu’il y avait eu un architecte aussi important à Vienne, un architecte dont ils n’avaient pas connaissance et auquel on peut encore se rapporter et s’identifier aujourd’hui, comme nous l’avons fait avec cette exposition. Je pense que cela a permis de déclencher quelque chose dans la discussion générale. En fin de compte, la scène architecturale à Vienne est encore de taille humaine. Et bien sûr, pour ces jeunes architectes, c’est aussi une occasion de se faire connaître et de se faire voir. Je pense que cette exposition a produit quelque chose, qu’elle a permis de lancer un processus de réflexion commun.
Figure 1. Vernissage de l’exposition Hollein Calling. Architektonische Dialoge au Centre d’architecture de Vienne

© Photographie : eSeL.at (voir [en ligne] [http://esel.at/>]
Figure 2. Vernissage de l‘exposition Hollein Calling. Architektonische Dialoge au Centre d’architecture de Vienne

© Photographies : eSeL.at (voir [en ligne] [http://esel.at/>]
Figure 3. Vernissage de l‘exposition Hollein Calling. Architektonische Dialoge au Centre d’architecture de Vienne

© Photographies : eSeL.at (voir [en ligne] [http://esel.at/>]
Benni Eder : Je pense que votre hypothèse sur la préservation du l’héritage postmoderne au travers de la réception par la jeune génération est juste : il existe peut-être d’autres moyens pour préserver ce patrimoine. Nous constatons avec nos étudiants que cette nouvelle génération aborde l’œuvre de Hollein d’une autre manière, qu’elle peut la regarder avec un œil différent, sur place et sans distance. Pour nous, cela représente une possibilité de donner à cette période une nouvelle signification dans l’ancrage historique de l’architecture.
- 26 Adolf Loos (1870-1933) est l’un des pionniers de l’architecture moderne dans l’ancien empire des Ha (...)
- 27 Johann Bernhard Fischer von Erlach (1656-1723) est un sculpteur et architecte autrichien, l’un des (...)
Il est important de souligner le rapport à l’histoire dans ce processus, et je pense que cela apparaît bien avec les architectes impliqués dans le projet. Hollein, en tant qu’architecte, avait un profond intérêt pour l’histoire, l’historicité, la protection des monuments et pour les différentes époques de l’architecture. C’était quelqu’un de très réfléchi, en tant qu’homme et en tant qu’architecte ; il se posait la question de savoir ce qui l’avait précédé en architecture. Hollein a toujours essayé d’intégrer visiblement différentes époques dans son architecture. Il admirait [Adolf] Loos26, et faisait référence aussi à Fischer von Erlach27, il considérait que toute l’architecture faisait en quelque sorte partie de sa propre architecture. Je pense que c’est un bel hommage, et c’est souvent ce que disent aussi les architectes contemporains qui ont des positionnements et une compréhension similaire de l’architecture. Du point de vue de la protection des monuments, c’est une très belle manière de voir l’architecture, me semble-t-il, que de considérer toute l’architecture comme faisant partie de sa propre architecture, que de percevoir la valeur de la substance d’un bâtiment existant, même lorsqu’il s’agit d’époques de construction difficiles à aborder. C’est une forme de protection indirecte, qui se manifeste à travers le discours actuel sur l’architecture postmoderne et les concepts immatériels qui lui sont associés. L’exposition explore ces niveaux de référence dans la création architecturale, notamment en ce qui concerne le regard vers l’histoire.
Solène Scherer : Selon cette approche, on peut alors considérer les œuvres de Hollein comme une étape de l’histoire de l’architecture autrichienne, voire de l’histoire de l’architecture européenne. La réception actuelle et le dialogue avec les architectes contemporains représentent en quelque sorte une nouvelle étape de cette histoire de l’architecture. Du point de vue de la protection, Hollein a « célébré » en quelque sorte une partie de l’histoire de l’architecture autrichienne dans ses œuvres. Grâce à ces références, il a contribué à les protéger en reconnaissant les valeurs des différentes époques architecturales. Maintenant, on voit un processus similaire avec la réception de son œuvre, ce qui pourrait se révéler être une méthode efficace de la protéger : en intégrant certaines parties de ses œuvres dans leur propre architecture, cette nouvelle génération d’architectes participe à son tour à ce processus réflexif. Cela permettrait aussi de montrer que les œuvres de Hollein devraient être protégées non seulement pour leur intérêt historique, mais aussi parce qu’elles sont nécessaires et importantes pour la création architecturale contemporaine, en tant que référence et peut-être même en tant que « contrepoints ».
Pour finir l’entretien, je voudrais vous poser une dernière question, sur la restauration des œuvres de Hollein. La plupart des bâtiments conçus par Hans Hollein ne sont pas trop anciens et donc en assez bon état ; néanmoins, la question de leur entretien et de leur future restauration se pose, puisqu’il y a déjà eu des changements et des adaptations dans certains bâtiments, comme l’immeuble Haas que vous mentionniez.
Theresa Krenn : J’ai quelques anecdotes à ce sujet. À l’école de la Köhlergasse, il y a un atrium avec un auvent en plein air. Après la construction, le personnel a remarqué au fil du temps que l’auvent était aussi un lieu très prisé par les pigeons, ce qui posait problème. Ils se sont donc directement adressés à Hollein lui-même pour savoir quelle serait la meilleure manière de régler ce problème. Celui-ci a alors conçu une très belle grille pour éloigner les pigeons du toit. Cet exemple illustre selon moi très bien la façon dont on abordait la restauration auparavant : on consultait dans le meilleur des cas directement l’architecte pour lui demander ce qu’il fallait faire. Même lors de la rénovation de l’immeuble Haas à Vienne, Hollein a été sollicité et c’est lui qui a dessiné des plans pour déplacer l’entrée, bien que cela ait modifié son œuvre originale. Je pense qu’il a compris que, pour des raisons pratiques, son bâtiment et son aménagement allaient parfois devoir être modifiés, même s’il y a pu avoir des désaccords entre les architectes et les maîtres d’ouvrage, qui se disputent à ce sujet, et même si nous ne connaissons évidemment pas toute l’histoire.
- 28 Hermann Czech (1936*) est un architecte autrichien, ancien assistant de Hans Hollein et de Johannes (...)
Maintenant que Hollein n’est plus là, il n’est plus possible de s’adresser directement à lui pour savoir comment restaurer ses bâtiments. Je crois qu’il est important de solliciter d’autres architectes, précisément celles et ceux de cette jeune génération, car ce n’est pas seulement une question de normes et de réglementations pour la protection des monuments, mais un processus de réflexion sur une restructuration, sur une rénovation. Bien-sûr, lorsqu’il y a une réglementation précise, les choses sont beaucoup plus difficiles. Hermann Czech28, un autre grand architecte autrichien, a tenu une très belle conférence dans laquelle il parle du palais de la Hofburg, soulignant que le bâtiment a évolué au fil des siècles et de ses rénovations : le changement fait partie intégrante de l’architecture, c’est dans l’esprit même de l’architecture que d’évoluer. Il faut toujours apprécier et accorder de la valeur à ce qui a été construit avant, le traiter avec beaucoup de soin, et alors, les changements sont possibles. Ce sera la même chose avec l’œuvre de Hollein.
- 29 Paul Philippot (1925-2016) est un historien de l’art belge. Cofondateur du Centre international d’é (...)
- 30 Philippot, Paul, « L’œuvre d’art, le temps et la restauration », Histoire de l’art, nᵒ 32 « De la r (...)
Solène Scherer : Tout cela me rappelle l’idée développée par Paul Philippot29, selon laquelle l’architecte, lorsqu’il aborde une restauration, devrait concevoir son travail en tant que « restaurateur-interprète30 ». Maintenant que Hollein n’est plus là, comment les architectes contemporains vont-ils restaurer ses bâtiments, et tout particulièrement cette nouvelle génération dont Hollein n’a pas été le professeur ? Puisqu’elle entretient une plus grande distance par rapport à lui, à la fois en tant que professeur ou que modèle, cette nouvelle génération pourrait peut-être même mieux endosser ce rôle de « restaurateur-interprète » ; c’est même une occasion de préserver l’héritage de Hollein. N’ayant pas de références ou de liens directs avec Hans Hollein en tant que personne, ces jeunes architectes pourraient proposer des manières innovantes de conserver et d’entretenir son patrimoine et de faire vivre son héritage. Grâce à la distance temporelle et par une relation indirecte avec Hollein, qui est désormais vu comme un architecte « du passé », la nouvelle génération pourrait être amenée à davantage protéger l’héritage postmoderne qu’une génération plus âgée, qui a eu Hollein comme professeur et voulait donc s’éloigner du cadre référentiel du postmodernisme. C’est d’ailleurs le cœur de votre travail de recherche et de l’exposition, le dialogue entre l’œuvre de Hollein et les architectes contemporains, qui illustre la meilleure manière de pérenniser et de patrimonialiser l’héritage d’un mouvement ou d’un architecte, c’est-à-dire de continuer à le faire vivre par la création contemporaine.
Notes
1 Parmi ces expositions, citons notamment celle accueillie au Centre Pompidou en 1987 Métaphores et métamorphoses, voir [en ligne] [https://www.centrepompidou.fr/fr/programme/agenda/evenement/cbqoydy].
2 Le Centre d’architecture de Vienne est un musée et centre de recherche traitant de l’architecture autrichienne des XXe et XXIe siècle. Il conserve un part important des archives des architectes autrichiens contemporains. Voir [en ligne] [https://www.azw.at].
3 Une vidéo de présentation de l’exposition a été produite par le Centre d’Architecture, [en ligne] [https://www.youtube.com/watch ?v =YT9soaQgn2E].
4 Depuis la création de leur cabinet en 2005, le duo a pris part à une quarantaine de projets d’architecture et d’exposition. Voir [en ligne] [https://www.studioederkrenn.com/].
5 La Hans-Hollein-Projektstipendien für Architektur und Design est une des bourses destinées à la recherche en architecture, financée par l’État autrichien. Créée en 2016, elle est attribuée à deux projets chaque année.
6 Au sujet de l’état de la protection du patrimoine Nachkriegsmoderne et postmoderne en Autriche, voir Solène Scherer, « Des trésors cachés en danger. Études, reconnaissance et valorisation de l’architecture Nachkriegsmoderne (1945-1973) en Autriche », In Situ. Revue des patrimoines, no 47, 2022, [en ligne] [https://doi.org/10.4000/insitu.34321].
7 Les différentes bourses de recherches sont proposées par le ministère fédéral autrichien des Arts, de la Culture, du Service public et des Sports. Bundesministerium für Kunst, Kultur, öffentlichen Dienst und Sport. « Stipendien für Architektur », 2024, [en ligne] [https://www.bmkoes.gv.at/kunst-und-kultur/sparten/architektur-baukultur/architektur/stipendien.html].
8 La Bourse Schindler est portée par l’État autrichien et le Museum für Angewandte Kunst (MAK), offrant une résidence aux artistes et étudiants en architecture aux Macky Apartments à Los Angeles pour quatre mois.
9 « Werk und Verhalten, Leben und Tod », œuvres et scénographie d’exposition par Hans Hollein, Biennale de Venise, 1972.
10 « Hans Hollein », œuvres et scénographie d’exposition par Hans Hollein, Historisches Museum Wien, 1995.
11 HOLLEIN, exposition au Musée des arts appliqués [Museum für angewandte Kunst], Vienne, 25 juin-5 octobre 2014.
12 MAN transFORMS, exposition au Smithsonian Institution, Washington D.C., 1976.
13 Tel est le nom donné au pavillon autrichien lors de la XIVe triennale de Milan, en 1968.
14 Mark Lee est un architecte américain, né à Hong-Kong. À la tête de l’agence Johnston Marklee depuis 1998, il est aussi professeur à la Harvard Graduate School of Design depuis 2018. Il a été le directeur artistique de la biennale d’architecture de Chicago en 2017 et a contribué à la construction et à la restauration de nombreux bâtiments, aux États-Unis, en Europe et en Asie.
15 Möllersdorf est la localité autrichienne où le Centre d’architecture de Vienne (Architekturzentrum Wien) conserve dans de grands entrepôts les fonds d’archives d’un grand nombre d’architectes autrichiens contemporains.
16 Les architectes et les cabinets interrogés dans le cadre du projet sont Reem Almannai et Florian Fischer (Almannai Fischer Architekten, Munich), Aslı Çiçek (Bruxelles), Pier Paolo Tamburelli (baukuh, Milan), Dirk Somers (Bovenbouw Architectuur, Anvers), Claudia Cavallar (Vienne), Maria Conen et Raoul Sigl (Conen Sigl Architekt :innen, Zurich), David Kohn (David Kohn Architects, Londres), Stefanie Everaert et Caroline Lateur (Doorzon, Ghent ), Andreas Rumpfhuber (Expanded Design, Vienne), Wilfried Kuehn (Kuehn Malvezzi, Berlin), Oliver Lütjens and Thomas Padmanabhan (Lütjens Padmanabhan Architekt*innen, Zurich), Beate Hølmebakk (Manthey Kula, Oslo), Martin Feiersinger (Vienne), Job Floris (Monadnock, Rotterdam), Kersten Geers (OFFICE Kersten Geers David Van Severen, Bruxelles).
17 Au regard de sa renommée à l’international et de son statut de professeur à l’Académie des beaux-arts, Hans Hollein jouissait d’une position unique dans le milieu architectural autrichien, facilitant à l’époque sa production et aujourd’hui sa conservation.
18 La section autrichienne Docomomo recense plusieurs édifices modernes et postmodernes « perdus », parmi lesquels l’ancien ministère des Finances (1956-1959), construit par Max Fellerer et Eugen Wörle, l’ancienne ambassade allemande à Vienne (1960-1962), projet de Rolf Gutbrod ou encore la ville des enfants (1971-1974), à Vienne, conçue par Anton Schweighofer.
19 Le Bundesdenkmalamt est une administration fédérale qui s’occupe de la gestion, de la protection et de l’entretien des monuments historiques, artistiques ou culturels reconnus par la loi fédérale de protection de 1923.
20 Il s’agit d’un immeuble situé sur la place de la Cathédrale Saint-Étienne, à Vienne, en plein centre historique de la capitale autrichienne.
21 La protection automatique des bâtiments propriétés de l’État a été stoppée par une loi fédérale en 1999, amendant la loi de protection des monuments historiques, artistiques ou culturels. La loi de 1999 prévoyait un arrêt de la protection des bâtiments publics au 31 décembre 2009. Bundesgesetzblatt für die Republik Österreich, n 117/1999, p. 1338, §2, (4).
22 Le Bundesdenkmalamt ne publie pas de statistiques détaillées sur les protections des édifices selon les périodes de construction. D’après la section autrichienne de Docomomo et des associations comme Bauten in Not, qui se battent depuis pour la protection de bâtiments modernes et postmodernes en danger, plusieurs édifices ont été détruits malgré leurs efforts pour faire aboutir à une reconnaissance de leur caractère patrimonial, comme la piscine Grottenbad Flora de Josef Lackner (détruite en 2018) ou l’ancienne poste et halte des bus de la gare de Linz, créations de Josef Langhof (détruits entre 2020 et 2024).
23 Cette école a écrit construite sur les plans d’Hans Hollein entre 1977 et 1990. Elle est protégée au titre des monuments historiques au titre du §2(a), c’est-à-dire par mise sous protection provisoire par ordonnance de le Bundesdenkmalamt.
24 La Mariannengasse se situe dans le 9e arrondissement de Vienne, à proximité de la Gürtel, second boulevard circulaire du centre de Vienne.
25 Wilhelm Holzbauer (1930-2019) est un architecte autrichien de la seconde moitié du XXe siècle, dont la production est fortement marquée d’une approche moderniste et pragmatique. Il a fait partie du Arbeitsgruppe 4, avec d’autres élèves de Clemens Holzmeister, les architectes Johannes Spalt, Otto Leitner et Friedrich Kurrent.
26 Adolf Loos (1870-1933) est l’un des pionniers de l’architecture moderne dans l’ancien empire des Habsbourg. Architecte à l’origine d’importants bâtiments à Vienne et Prague, ses écrits sur l’architecture moderne ont marqué la production architecturale du XXe siècle.
27 Johann Bernhard Fischer von Erlach (1656-1723) est un sculpteur et architecte autrichien, l’un des plus importants représentants du Baroque autrichien. On lui doit notamment le palais de Schönbrunn et l’église Saint-Charles-Borromée, à Vienne. Fischer von Erlach a également publié un ouvrage sur l’architecture historique ayant fait date, Entwurff einer historischen Architektur (1721).
28 Hermann Czech (1936*) est un architecte autrichien, ancien assistant de Hans Hollein et de Johannes Spalt. Outre son activité d’architecte, il est l’auteur d’une importante production scientifique et théorique sur l’architecture et les architectes autrichiens.
29 Paul Philippot (1925-2016) est un historien de l’art belge. Cofondateur du Centre international d’études pour la conservation des biens culturels (Iccrom ), il a œuvré à fédérer à l’international les milieux professionnels de la conservation et de la restauration, tout en théorisant les différentes approches face à cette discipline.
30 Philippot, Paul, « L’œuvre d’art, le temps et la restauration », Histoire de l’art, nᵒ 32 « De la restauration à l’histoire de l’art », décembre 1995, p. 3‑9.
Haut de pageTable des illustrations
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Titre | Figure 1. Vernissage de l’exposition Hollein Calling. Architektonische Dialoge au Centre d’architecture de Vienne |
Crédits | © Photographie : eSeL.at (voir [en ligne] [http://esel.at/>] |
URL | http://journals.openedition.org/craup/docannexe/image/15312/img-1.jpg |
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Titre | Figure 2. Vernissage de l‘exposition Hollein Calling. Architektonische Dialoge au Centre d’architecture de Vienne |
Crédits | © Photographies : eSeL.at (voir [en ligne] [http://esel.at/>] |
URL | http://journals.openedition.org/craup/docannexe/image/15312/img-2.jpg |
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Titre | Figure 3. Vernissage de l‘exposition Hollein Calling. Architektonische Dialoge au Centre d’architecture de Vienne |
Crédits | © Photographies : eSeL.at (voir [en ligne] [http://esel.at/>] |
URL | http://journals.openedition.org/craup/docannexe/image/15312/img-3.jpg |
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URL | http://journals.openedition.org/craup/docannexe/image/15312/img-4.jpg |
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Pour citer cet article
Référence électronique
Solène Scherer, « Entretien avec Theresa Krenn et Benni Eder, du Studio Eder Krenn, Vienne, architectes et concepteurs de l’exposition Hollein Calling. Architectural Dialogues », Les Cahiers de la recherche architecturale urbaine et paysagère [En ligne], 21 | 2024, mis en ligne le 22 novembre 2024, consulté le 17 mars 2025. URL : http://journals.openedition.org/craup/15312 ; DOI : https://doi.org/10.4000/12x4u
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