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Vers la protection du patrimoine postmoderne

Étude des mesures conservatoires d’édifices en France, en Italie, en Espagne et au Royaume-Uni
Towards Post-Modern Heritage Protection. Building Conservation Measures in France, Italy, Spain and the United Kingdom
Bastien Couturier

Résumés

Tandis que le patrimoine moderne, ainsi que les courants architecturaux qui l’ont précédé, bénéficient d’une reconnaissance internationale et de nombreuses mesures de protection patrimoniale par les institutions nationales européennes, l’héritage postmoderne semble être absent des listes de biens nationaux d’intérêt culturel. L’étude menée vise à comparer les édifices postmodernes reconnus et protégés en France, en Italie, en Espagne et au Royaume-Uni, pour comprendre quels freins réglementaires sont susceptibles d’entraver la reconnaissance du patrimoine architectural et la sauvegarde des œuvres postmodernes.

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Texte intégral

Introduction

  • 1 Jean-Louis Violeau, « Faut-il oublier le postmodernisme ? », AMC, Actualités, 31 décmbre 2019, [en  (...)

La question de la préservation de ce patrimoine n’a peut-être jamais été aussi aiguë et pertinente. L’ironie de l’histoire étant que le postmodernisme est lui-même né sur ce sentiment de perte, encore confus, mais c’était il y a près d’un demi-siècle1.

  • 2 Margaux Darrieus (dir.), Jean-Louis Violeau, Iwona Buczkowska, Alain Peskine et MBL architectes, «  (...)

1Le sociologue Jean-Louis Violeau appelait ainsi à une réflexion sur la sauvegarde du patrimoine postmoderne dans un article au titre acerbe. Des propos qui font écho aux débats qui se sont tenus au Pavillon de l’Arsenal2.

  • 3 Cesar Pelli, 1979 Laureate Philip Johnson Ceremony Speech, Dumbarton Oaks (Washington, D.C.), The H (...)

2Philip Johnson, premier lauréat du prix Pritzker en 1979, est dès lors reconnu internationalement pour l’ensemble de son œuvre – qui se poursuivra encore durant près de vingt ans –, et sa contribution remarquable au mouvement moderne en tant qu’architecte, critique et historien. Mais ni la biographie produite pour l’occasion ni le discours du jury, présidé par César Pelli, ne mentionnent sa contribution au mouvement postmoderne3.

  • 4 Code du patrimoine, Partie législative, Livre VI « Monuments historiques, sites patrimoniaux remarq (...)

3De nos jours, la renommée des architectes emblématiques de ce courant est désormais établie : œuvres primées, agences récompensées par des prix internationaux, sujets et objets de nombreuses publications, voire de thèses de doctorat en architecture. Le questionnement subsiste toutefois quant à l’existence de protections juridiques des œuvres postmodernes, considérant leur caractère patrimonial et l’impérieuse nécessité de les conserver. Paraphrasant le droit français, ce pan de l’architecture présente-t-il un « intérêt suffisant pour en rendre désirable la préservation4 » ?

4La présente étude menée sur le territoire étendu de l’Europe de l’Ouest portera donc sur deux angles spécifiques : des édifices postmodernes emblématiques ont-ils déjà fait l’objet de mesures de protection juridique ? Et quelles raisons ont présidé à leur reconnaissance patrimoniale ? À défaut, les principales législations en vigueur en France, en Italie, en Espagne et au Royaume-Uni autorisent-elles la sauvegarde, en tant que biens culturels majeurs, d’édifices récents répondant aux codes du Postmodernisme ?

  • 5 Marie Cornu, Jérôme Fromageau et Catherine Wallaert (coord.), Dictionnaire comparé du droit du patr (...)

5Entre 1997 et 2012, une analyse croisée des législations patrimoniales européennes a été coordonnée par le Centre d’études sur la coopérative juridique internationale (Cecoji), mobilisant le réseau de chercheurs en droit du patrimoine culturel et droit de l’art, ainsi que nombre d’institutions et personnalités qualifiées5. Ce dictionnaire comparatif de terminologie juridique relative au droit du patrimoine culturel avait notamment associé les compétences du :

  • 6 Ibid., p. 2.

Centre de droit de l’art de l’université de Genève, l’université d’État de Milan, la Freie Universität de Berlin, l’université Rey Juan Carlos de Madrid, l’université de Burgos, l’université du Kent, l’université de Northumbria, l’ensemble du projet étant coordonné par le Centre de recherches en droit du patrimoine culturel et naturel (université Paris-Sud/Cecoji, université de Poitiers, CNRS). […] Les pays considérés sont représentatifs des deux familles de droit (common law et droit continental) et appartiennent pour la plupart à un ordre juridique commun, qui influence certaines des règles, avec notamment l’adoption d’instruments communautaires régissant la circulation des biens culturels6.

6Il s’agit à présent de se saisir de telles expertises menées à l’échelle européenne, intégrant l’évolution des textes réglementaires et analysant leur impact sur la protection plus spécifique des édifices postmodernes. Pour ce faire, notre étude sera tout d’abord constituée d’observations croisées des bases de données patrimoniales étatiques et régionales en France, en Italie et en Espagne. L’indexation de ces fonds d’archives, aujourd’hui largement numérisés, permet une recherche par mots-clés. Les fiches descriptives des monuments protégés seront ainsi analysées pour relever les biens culturels associés au champ lexical du Postmodernisme.

  • 7 Recherche menée à partir d’une centaine d’architectes affiliés au courant postmoderne, dont les œuv (...)

7Ce courant architectural fait néanmoins toujours l’objet de nombreux questionnements quant à sa définition et sa délimitation spatiotemporelle, ce qui peut constituer un frein à l’utilisation stricto sensu des termes « Postmodernisme », « postmoderne » ou « postmodernité », avec ou sans trait d’union, par les professionnels chargés du recensement, de la description et du porter à connaissance des édifices relevant de l’inventaire général du patrimoine culturel. L’examen de ces fonds d’archives sera par conséquent étendu aux œuvres d’architectes célèbres et reconnus internationalement pour leur participation à ce mouvement7.

8Les États et régions qui, bien que possédant un héritage architectural postmoderne connu et reconnu, ne présenteraient qu’une faible proportion d’édifices protégés juridiquement feront ensuite l’objet d’un examen plus appuyé. L’objectif de cette seconde partie sera de déterminer, à partir des législations en vigueur, si des contraintes réglementaires entraveraient la sauvegarde de ce patrimoine récent.

9L’étude complémentaire du cadre britannique visera à démontrer les possibilités de reconnaissance et de mise sous protection d’édifices postmodernes, à différents niveaux et seuils, lorsqu’un tel héritage est assumé.

10Enfin, au-delà du cadre réglementaire strict et de la protection directe des biens culturels, une dernière partie sera consacrée à l’étude des labels développés en France et des périmètres établis aux échelles urbaine ou paysagère. Ces outils, permettant une valorisation étendue des patrimoines, constituent parfois de premiers jalons vers une mesure conservatoire ciblée sur une œuvre spécifique.

I. Un patrimoine peu protégé ou non revendiqué

11L’étude des bases de données recensant les monuments historiques en France (Plateforme ouverte du patrimoine), la protezione dei beni culturali (« protection des biens culturels ») en Italie et les bienes de interés cultural (« biens d’intérêt culturel ») en Espagne permet de dresser un premier constat : il existe un nombre très limité d’édifices postmodernes protégés juridiquement pour leurs qualités patrimoniales.

Patrimoine postmoderne espagnol : « No se encontraron registros8 »

  • 8 Cette formulation indique explicitement l’absence de fiche indexée dans l’inventaire du patrimoine (...)
  • 9 Gobierno de España, Ministerio de Cultura, Consulta a la base de datos de bienes inmuebles, Subdire (...)

12En Espagne, l’analyse exhaustive de l’inventaire national recensant les 16 146 « biens d’intérêt culturel », à partir des mots-clés posmodernidad, postmodernidad, posmodernismo, postmodernismo, postmoderno, posmodernización et leurs différentes déclinaisons, ne permet d’accéder à aucune fiche d’édifice protégé dans le registre national (Registro de Bienes de Interés Cultural)9. Néanmoins, la recherche par style architectural est très lacunaire dans cette base de données, l’accent étant mis par les experts chargés de cet inventaire dans l’intitulé du monument protégé, sa localisation (commune, province, communauté autonome) et la typologie d’édifice. La recherche patronymique des architectes de ce courant se révèle également biaisée par le fait que, dans les fiches descriptives du registre national, le nom du concepteur n’est pas mentionné.

13Une recherche effectuée dans chacun des inventaires régionaux des provinces et autonomies espagnoles, à partir des mêmes mots-clés, permet une analyse plus étayée, les fiches des édifices inventoriés étant alors plus finement détaillées.

Tableau 1. Nombre d’occurrences des termes relatifs au champ lexical du Postmodernisme dans les fiches patrimoniales régionales des biens d’intérêt culturel en Espagne

Tableau 1. Nombre d’occurrences des termes relatifs au champ lexical du Postmodernisme dans les fiches patrimoniales régionales des biens d’intérêt culturel en Espagne

Bastien Couturier, 2024.

  • 10 Citons notamment les 22 articles parus ou relayés dans la revue Architectura Viva entre juin 1988 e (...)

14Cette étude (tableau 1) met en exergue l’absence de toute mention du champ lexical du Postmodernisme dans les listes de biens culturels protégés espagnols. Pourtant, de nombreuses œuvres postmodernes sont connues et reconnues sur ces territoires, ayant fait l’objet de publications dans la presse spécialisée10. De la liste d’une centaine d’architectes citée en introduction, Ricardo Bofill, John Burgee, Santiago Calatrava, Félix Candela, Guillermo Vázquez Consuegra, Frank Gehry, Philip Johnson, Rafael Moneo et le Studio PER (fondé par Lluis Clotet, Pep Bonet, Cristian Cirici et Oscar Tusquets) ont notamment développé en Espagne une architecture caractéristique. Certains de leurs édifices sont protégés au titre du patrimoine régional, à l’image des sites Walden 7, à Sant Just Desvern (Baix Llobregat, près de Barcelone, fig. 1) et les appartements El Castell, surnommés le « château de Kafka », à Sant Pere de Ribes (Garraf). Toutefois, aucun de ces biens d’intérêt culturel local (BICL) n’est identifié en tant qu’œuvre postmoderne dans les fiches descriptives patrimoniales officielles.

Figure 1. Edificio Walden 7 (Barcelona), Fachada delantera & finestres

Figure 1. Edificio Walden 7 (Barcelona), Fachada delantera & finestres

Mamendinua, 2010.

  • 11 Generalitat de Catalunya, Bienes de interés cultural, Inventari del Patrimoni Arquitectònic de Cata (...)

15S’agissant de Ricardo Bofill et de son atelier d’architecture, l’inventaire du patrimoine architectural de Catalogne11 définit le style architectural de ces édifices par « Darreres tendències », qui signifie « autres tendances ». La description historique de chacun des édifices de l’agence Ricardo Bofill Taller de Arquitectura, dans la fiche établie conjointement par la Commission d’urbanisme et l’Inventaire régional du patrimoine, lors de leur mise sous protection, ne mentionne pas non plus leur appartenance au mouvement postmoderne :

  • 12 « El projecte, monumentalista, barroc i experimental, caldria entendre’l dins d’un projecte global (...)

La fiche 10214-I, établie en 1987 pour le bâtiment Walden 7, fait état d’un « projet monumental, baroque et expérimental, qui doit être compris dans un projet initial global plus vaste, et dans la trilogie qu’il forme avec la grande cheminée de béton et l’atelier d’architecture12.

  • 13 Generalitat de Catalunya, Apartaments “El Castell”, El Castell de Kafka, núm. Registre 4659-I, Cerc (...)

16La fiche 4659-I, établie en 2001 pour le « Castell de Kafka », met en avant la répartition de ces 90 logements autour d’un espace commun dédié à différents services, une composition particulièrement dynamique, rythmée par des équations mathématiques13. Mais nulle mention de la pensée postmoderne prévalant à leur conception.

  • 14 Instituto Andaluz del Patrimonio Histórico, Guia digital del Patrimonio Cultural de Andalucía : Alb (...)

17Dans le tableau précédemment présenté (tableau 1), trois édifices postmodernes, construits entre 1969 et 2013, ont pourtant été identifiés dans la base de données patrimoniale d’Andalousie. Il s’agit de l’hôtel Abba Granada (Casa Sindical, Granada), le Pavillon du gouvernement d’Almeria et son auditorium (Edificio de Gobierno y Paraninfo) ainsi que les instituts de recherche universitaires de Málaga (fig. 2). Ces sites, étudiés et recensés par les chargés d’inventaire Alberto García Moreno, María Gloria Espinosa Spínola et David Arredondo Garrido, respectivement professeurs titulaires des départements d’architecture ou d’histoire de l’art des universités de Grenade, Almería et Málaga, sont explicitement identifiés dans le style architectural « posmodernidad » dans cette base de données14. Les fiches produites ne constituent toutefois pas encore une protection juridique sur ces édifices. Il s’agit d’une pré-identification, permettant aux conservateurs de mener des recherches préalables sur ces biens culturels, de constituer un fonds documentaire, en mettant en exergue des qualités architecturales et un intérêt patrimonial conséquent, susceptibles de justifier à terme de mesures conservatoires.

Figure 2. Málaga TechPark

Figure 2. Málaga TechPark

Juanpol, 2007.

Patrimoine postmoderne italien : « Nessun documento trovato15 »

  • 15 Cette formulation indique explicitement l’absence de fiche indexée dans l’inventaire du patrimoine (...)
  • 16 Ministero della Cultura, Catalogo. Ricerca avanzata, Istituto Centrale per il Catalogo e la Documen (...)
  • 17 Beni culturali in Alto Adige, Frittata post-moderna, Fondazione Museion, Museo d’arte moderna e con (...)

18En Italie, l’étude du Catalogo generale dei Beni Culturali, à partir des différentes acceptions du terme postmodernismo, parmi les 103 787 fiches d’immeubles constituant le patrimoine architectural, paysager et archéologique national (Beni architettonici, paesaggistici e archeologici), ne permet d’accéder à aucune fiche d’édifice liée à ce courant architectural16, à la seule exception d’une œuvre d’art datant de 1982, une photographie couleur de Franco Falasca intitulée Frittata post-moderna (« Omelette postmoderne »)17, sans grand lien avec notre étude.

19Pourtant, le pays constitue l’un des foyers majeurs de théorisation du Postmodernisme au cours du xxe siècle, par de nombreux écrits, expositions internationales et biennales d’architecture. Le nombre d’édifices protégés en Italie – conséquent en regard des 16 146 biens d’intérêts culturels recensés en Espagne – semble également pouvoir concourir à la reconnaissance et la patrimonialisation de cet héritage architectural.

20Analysant la base de données nationale à l’aune des architectes emblématiques du Postmodernisme, nous pouvons confirmer qu’aucune œuvre protégée n’est à ce jour spécifiquement reliée à ce courant architectural. S’agissant de l’architecte et théoricien Paolo Portoghesi, six fiches mentionnant son travail correspondent pourtant à des édifices protégés : toutes correspondent à des patrimoines anciens, palais et églises construits entre le xvie et le xviiie siècles, faisant état de sa participation aux études menées en ses qualités d’historien et de restaurateur mais sans lien explicite avec sa contribution au mouvement postmoderne.

  • 18 La base de données Pater (Patrimonio culturale dell’Emilia Romagna), [en ligne] [https://bbcc.regio (...)
  • 19 La base de données Pater permet également de recenser quatre édifices conçus par Aldo Rossi : un ce (...)

21La base de données compte également quelques fiches complémentaires sur des édifices de la fin du XXe siècle, tels que trois bâtiments conçus par Carlo Scarpa18, quatre de Aldo Rossi19, sept de Paolo Portoghesi, etc., mais aucune de ces œuvres architecturales n’est protégée : toutes sont préréférencées dans l’attente d’une mesure conservatoire potentielle.

  • 20 Pater, Patrimonio culturale dell’Emilia Romagna, Direzione generale Conoscenza, Ricerca, Lavoro, Im (...)

22Par ailleurs, l’appartenance de ces architectes ou de leurs travaux au Postmodernisme n’est tout au plus qu’esquissée dans ces bases de données institutionnelles. Par exemple, le courant architectural dans lequel s’inscrit le cimetière San Cataldo de Modena, œuvre emblématique d’Aldo Rossi (fig. 3), est uniquement défini dans la fiche établie par les responsables de la protection monumentale et paysagère, Matteo Sintini et Margherita Merendino, comme une « sorte de réinterprétation postmoderne de la colonnade classique du bâtiment original de Costa, et un élément typologique qui revient plusieurs fois dans la poétique de Rossi20. »

Figure 3. San Cataldo Cemetery, Modena

Figure 3. San Cataldo Cemetery, Modena

Dage, Looking For Europe, 2018.

En France, un unique monument historique postmoderne ?

23Parmi 46 063 monuments historiques sur le territoire métropolitain et outremer21, la Plateforme ouverte du patrimoine (POP) ne comprend actuellement qu’une seule fiche d’édifice protégé ayant trait au champ lexical du Postmodernisme : un château du xixe siècle à Montfort-l’Amaury (Yvelines, fig. 4), agrandi et aménagé au xxe siècle :

  • 22 Ibid., « Château de Groussay Montfort-l’Amaury (Yvelines), notice PA00087795 », description histori (...)

Le parc, redessiné par Bestegui et Terry entre 1950 et 1970, est doté d’une douzaine de fabriques inspirées de modèles du 16e [sic] au 18siècles. On a vu dans cet ensemble l’annonce d’un esprit postmoderne22.

Figure 4. Vue générale du château de Groussay, à Montfort-l’Amaury (France)

Figure 4. Vue générale du château de Groussay, à Montfort-l’Amaury (France)

PHILDIC, 2008.

  • 23 Voir note n° 13.

24Au-delà de cette évocation, aucun édifice résolument postmoderne n’a à ce jour fait l’objet d’une protection au titre des monuments historiques, même partielle. Une recherche ciblée par maître d’œuvre, à partir de la liste citée en introduction d’une centaine d’architectes reconnus pour leur affiliation au courant postmoderne23, ne permet d’accéder à aucune fiche supplémentaire d’édifice protégé dans la base de données, qu’il s’agisse de constructions identifiées pour leur appartenance à ce mouvement architectural ou d’édifices patrimonialisés pour leurs qualités intrinsèques.

25La France se distingue toutefois par des systèmes complémentaires de protection du patrimoine aux échelles architecturale, urbaine et paysagère. Des labels peuvent également avoir été décernés pour valoriser cet héritage, dans l’attente d’une reconnaissance institutionnelle. L’étude se poursuivra (partie IV) pour établir si des œuvres phares de ce courant architectural sont protégées juridiquement à d’autres échelles, au sein notamment de sites patrimoniaux remarquables (SPR).

II. Des législations trop restrictives ?

26L’absence de protection patrimoniale d’œuvres explicitement affiliées au Postmodernisme, en Espagne, en Italie et en France – à une exception près, pour un édifice de fait hors cadre –, interroge.

  • 24 Marie Cornu, Jérôme Fromageau et Catherine Wallaert, op. cit., p.  84-87 pour le droit espagnol, p. (...)
  • 25 Bastien Couturier, « Chapitre III. D’un système de valeurs à l’émergence d’une réglementation, III. (...)

27La mise en place des premières mesures de protection, simultanément, dans plusieurs pays d’Europe de l’Ouest au milieu du xviiie siècle – si l’on excepte la bulle pontificale Cum almam nostram urbem, du pape Pie II, en 146224 –, reposait déjà sur une analyse croisée des processus réglementaires à l’œuvre dans les pays voisins25. Cela a permis à chaque État de se positionner, de définir ses propres législations, faisant évoluer progressivement les réglementations au gré des besoins identifiés et des chartes internationales adoptées (charte de Venise notamment). Les protections juridiques du patrimoine bâti ne se sont donc pas constituées par mimétisme, mais en comparaison, voire en confrontation avec le cadre règlementaire développé par ses homologues législateurs des états voisins. Cela explique que les pays d’Europe de l’Ouest, marqués par un patrimoine architectural de premier plan, présentent en 2024 une telle diversité d’édifices mis sous protection : 103 787 beni architettonici, paesaggistici e archeologici en Italie, 46 063 monuments historiques en France, pour seulement 16 146 bienes de interés cultural valorisés en Espagne.

Spécificité du Code des biens culturels et du paysage italien

  • 26 Codice dei beni culturali e del paesaggio, Parte II « Beni culturali. Decreto legislativo », 22 jan (...)

28Sur le sol italien, le nombre plus étendu d’édifices protégés laisserait entendre une plus forte propension à la mise en valeur du patrimoine, dans toute sa diversité, y compris s’agissant d’œuvres récentes. Un décret législatif, impactant le Code des biens culturels et du paysage (Codice dei beni culturali e del paesaggio), interdit toutefois spécifiquement la mise sous protection d’édifices dont l’exécution ne remonte pas à plus de soixante-dix ans (cinquante ans dans le cadre du patrimoine culturel de la nation (Patrimonio culturale della nazione), a fortiori lorsqu’ils sont l’œuvre d’un architecte encore vivant26.

  • 27 Alberto Roccella, « Droit italien, 3. La protection des biens culturels, concepts, principes et mét (...)

29Cette spécificité du droit italien justifie le nombre d’édifices postmodernes pré-identifiés dans les bases de données patrimoniales, documentés mais non protégés, en attente de la clôture de ce délai de carence. L’explication de ce temps d’attente tient, pour Alberto Roccella, professeur de droit de l’urbanisme à l’université de Milan27, au chirographe Chiaramonti du pape Pie VII (1802) et l’édit du cardinal Bartolomeo Pacca (1820), fondements de la législation italienne, qui se développe ensuite au début du XXe siècle pour la protection du patrimoine bâti. Ces textes du début du XIXsiècle mettaient en œuvre les premières mesures conservatoires, notamment contre l’exportation de vestiges archéologiques, pour que les ornements de la ville de Rome puissent servir à l’étude et l’instruction des artistes et des érudits. Mais, comme le rapporte Alberto Roccella, les œuvres plus récentes, et spécifiquement celles d’auteurs vivants, n’étaient soumises à aucune restriction de commerce ou d’exportation, créant ce décalage toujours présent dans la législation et à présent structuré par des délais quantifiés.

Protéger des œuvres contemporaines, en voie de construction

30En Espagne, la loi adoptée en 1985 sur le patrimoine historique national établit, dans son préambule, une nouvelle définition du patrimoine historique et élargit considérablement son champ d’application. Elle inclut les biens meubles et immeubles qui le constituent, le patrimoine archéologique et ethnographique, les musées, les archives et les bibliothèques d’État, ainsi que le patrimoine documentaire et bibliographique.

  • 28 Gobierno de España, Ministerio de la Presidencia, Justicia y relaciones con las Cortes, Ley 16/1985 (...)

[Elle] vise à assurer la protection et la promotion de la culture matérielle due à l’action de l’homme au sens large, et la conçoit comme un ensemble de biens qui doivent être appréciés en eux-mêmes, sans établir de limites découlant de leur propriété, de leur usage, de leur ancienneté ou de leur valeur économique28.

  • 29 Diego González, « El edificio IPCE : unidad de cuidados intensivos del patrimonio español y escenar (...)

31Dès lors, la protection et promotion de la culture matérielle liée à la création humaine, au sens large, n’est plus limitée par son statut, sa destination, sa valeur ou son âge. Ainsi, le siège de l’Institut du patrimoine historique espagnol (Edificio sede del Instituto de Patrimonio Histórico Español, fig. 5), a acquis en 2001 le statut de bien d’intérêt culturel (BIC). L’édifice, construit entre 1967 et 1970, est, d’après Carlos Jiménez Cuenca, sous-directeur général de l’Institut29, le premier exemple en Espagne de bien culturel protégé du vivant de ses architectes, Fernando Higueras et Antonio Miró Valverde.

Figure 5. Façade du siège de l’Institut du patrimoine historique espagnol , Madrid

Figure 5. Façade du siège de l’Institut du patrimoine historique espagnol , Madrid

Luis García, 2011.

32Cependant, la fiche descriptive, établie sous le code (R.I.)-51-0010704-00000 par la direction générale du Patrimoine culturel et des Beaux-Arts, par l’intermédiaire de la sous-direction générale des dossiers et de la documentation du Patrimoine historique, ne précise ni le nom des concepteurs ni l’appartenance à un courant architectural. Le motif de cet enregistrement « définitif » est également vierge. Le manque d’informations est révélateur du processus à l’œuvre, mettant peu ou pas en évidence les motifs de protection d’œuvres architecturales dans la base de données centralisée. Les bâtiments récents, tels qu’issus du courant postmoderne, sont susceptibles d’être protégés, au sens que la loi ne s’y oppose pas, mais ces édifices ne sont pas pour autant mis en évidence, alors même que le nombre de monuments reconnus est plus restreint en Espagne que dans les autres pays d’Europe de l’Ouest.

  • 30 Code du patrimoine, Partie législative, livre VI « Monuments historiques, sites patrimoniaux remarq (...)
  • 31 Ibid., section II « Inscription des immeubles », article L621-25 », Légifrance, [en ligne] [https:/ (...)

33En France, le Code du patrimoine définit, pour le principal niveau de protection, qu’un édifice peut être classé au titre des monuments historiques si sa « conservation présente, au point de vue de l’histoire ou de l’art, un intérêt public30 ». À défaut, une mesure de protection secondaire peut être engagée, l’inscription régionale au titre des monuments historiques, si l’édifice présente « un intérêt d’histoire ou d’art suffisant pour en rendre désirable la préservation31 ».

34Ces définitions, particulièrement soumises à interprétation et sans aucune indication de temporalité, ont permis au fil des décennies de protéger un nombre croissant d’édifices, une diversification des monuments historiques jusqu’à l’expression caricaturale – et erronée – du « tout patrimoine ». Or, les débats sont nourris depuis le dernier quart du XVIIIe siècle au sein du Parlement français, du comité des Arts et des Monuments, puis de la commission des Monuments historiques, pour la caractérisation de l’héritage architectural, le cadrage des édifices susceptibles d’être reconnus et protégés au titre des monuments historiques.

35Pourtant, très précocement, des œuvres récentes ont été reconnues et valorisées dans l’Hexagone. Contrairement à une idée répandue, les premières mesures de protection et de subventionnement ne concernaient pas que des édifices pluriséculaires. Sur la toute première « Liste de monumens [sic] pour lesquels des secours ont été demandés », établie en 1840 et comprenant 1 082 sites et édifices, figurent 14 constructions du XVIIe siècle et une du milieu du XVIIIe siècle.

36Certains parlementaires et personnalités publiques se sont toutefois émues de la diversification des patrimoines protégés. L’historien de l’architecture et académicien Jean-Marie Pérouse de Montclos a notamment pris position, dénonçant la mise sous protection d’œuvres qui n’auraient pas encore démontré leur patrimonialité, leur valeur culturelle ou historique :

  • 32 Jean-Marie Pérouse de Montclos, « Observations sur le patrimoine français », Revue de l’Art, n° 101 (...)

Le statut de monument historique s’est théoriquement étendu jusqu’à l’ineffable et l’éphémère. […] Comment plaquer sur les constructions contemporaines, conçues comme des biens à consommer, les qualités du monument et de l’histoire ? […] À la production artistique de la fin du XXe siècle s’applique le proverbe : « Le temps n’épargne pas ce que l’on fait sans lui ». C’est une gageure que de vouloir donner à cette production une durée qui n’est pas dans sa nature. La politique du patrimoine veut ignorer qu’il y a dans l’histoire des points de rupture. […] Le patrimoine est un capital de la mémoire ; la modernité, un investissement que n’a pas encore produit d’intérêt32.

  • 33 Jean Salusse, « Entretien », dans Jacques Chancel, Radioscopie, France Inter, 1976, [en ligne] [htt (...)

37Deux décennies auparavant, Jean Salusse tenait une position diamétralement opposée33, soutenant qu’il convenait de distinguer les manières « juridique » et « esthétique » de décider de la protection des monuments historiques :

On pourrait classer un monument en voie de construction. En général on classe un monument ayant une certaine ancienneté, ayant été reconnu comme l’expression de l’architecture, d’une forme de l’art, à un certain moment de l’histoire.

  • 34 Premier édifice protégé alors que son architecte, Rem Koolhaas, était encore en activité, la maison (...)
  • 35 En juin 1996, les « parties construites » de l’église inachevée de Firminy (Loire), conçue par Le C (...)
  • 36 Ministère de la Culture, « Présentation des Journées européennes du patrimoine 2015 “Patrimoine du (...)

38Maître des requêtes au Conseil d’État et directeur de la Caisse nationale des monuments, il incarnait alors publiquement l’ouverture des protections à des édifices récents, contemporains, accompagnée de réformes en faveur de la décentralisation culturelle auprès des régions, suscitant des débats animés sur la scène politique. Le développement de protections pour des édifices du XXIe siècle, pour des œuvres d’architectes toujours en activité34, voire des édifices en cours de construction35, pose en définitive les jalons d’un questionnement sur la « reconnaissance d’un patrimoine à venir [un] patrimoine en cours de constitution […]. C’est aussi poser les termes de ce qui fera demain patrimoine, quels objets, pour quelle reconnaissance, selon quels modes de protection et de valorisation36 ? »

39Les conditions sont donc réunies pour reconnaître, valoriser et protéger des édifices récents. Or, l’absence de toute mention du Postmodernisme, dans les 46 063 fiches d’édifices inscrits régionalement ou classés par le Ministère de la Culture français, interpelle.

III. Un héritage assumé au Royaume-Uni

  • 37  Department for Communities and Local Government, Revisions to Principles of Selection for Listing (...)

40Le National Heritage List for England (NHLE) recense l’ensemble des bâtiments et sites historiques protégés au niveau national, depuis la loi de 1882 sur la protection des monuments anciens. Révisée et complétée, notamment en 1990 par la loi sur la planification (bâtiments inscrits et sites à protéger) (Planning (Listed Buildings and Conservation Areas) Act), la législation britannique prévoit que tous les bâtiments construits avant le XVIIIe siècle et conservés dans un état similaire à leur état d’origine sont susceptibles d’être répertoriés, comme la plupart des bâtiments construits entre 1700 et 1850. Une sélection plus drastique est menée sur les édifices de la période postérieure à 1945. Les bâtiments de moins de trente ans ne sont protégés qu’en cas d’impérieuse nécessité (en cas de risque avéré d’atteinte à leur préservation) et s’ils présentent une qualité exceptionnelle37.

Patrimoine authentique ou ersatz de postmodernité ?

41L’étude de cette vaste base de données patrimoniale, de 401 431 monuments (Listed buildings), permet d’attester qu’un nombre conséquent d’édifices récents sont répertoriés au Royaume-Uni. À ce jour, 54 fiches font état explicitement d’édifices postmodernes, même si cinq d’entre eux ne concernent qu’une extension contemporaine, pour des sites plus anciens.

  • 38 The Historic England Foundation, The National Heritage List for England, [en ligne] [https://histor (...)

42Les chenils et l’ensemble des équipements conçu pour des courses de lévriers, dans le stade Walthamstow de Chingford (près de Londres), présentent cette spécificité38. Construit dès 1931, ce vaste équipement a connu des modifications significatives depuis son ouverture, comme les stands de spectateurs reconstruits dans les années qui suivirent l’édification et une nouvelle entrée principale, au nord, en 1969. Dans les années 1980, l’évolution postmoderne du complexe sportif constitue, selon la fiche établie par les services de l’Inventaire, « son deuxième apogée » (« its second heyday »). La protection de Grade II intervient en 2011, peu après la fermeture du cynodrome, ce qui n’empêchera pas la démolition d’une partie des équipements pour permettre la construction de 292 logements, une opération qui sera lancée l’année suivante (fig. 6).

Figure 6. Photographie aérienne du stade Walthamstow, à Chingford

Figure 6. Photographie aérienne du stade Walthamstow, à Chingford

Cristina Diaconu, 2017.

  • 39 The Historic England Commission est composée de 17 membres, nommés par le secrétaire d’État au dépa (...)
  • 40 The Historic England Foundation, op. cit, « The List - Advanced Search Results », comprenant notamm (...)

43Au Royaume-Uni, quatre édifices postmodernes sont reconnus et préservés (Listed buildings) à l’échelon du Grade I. Il s’agit du plus haut niveau de protection national, attribué par la commission des Bâtiments et Monuments historiques39 à des œuvres présentant un intérêt architectural et historique majeur. Cette distinction suprême, attribuée de surcroît à plusieurs monuments de cette période, constitue une avancée significative dans la reconnaissance d’architectes et théoriciens de renommée internationale, ayant contribué à la fondation de ce courant40 : Richard Rogers Partnership (RRP), Charles Jencks & Terry Farrell Partnership, Robert Venturi, Denise Scott Brown and Associates, John Outram Associates.

  • 41 Ibid., « The List. Advanced Search Results », comprenant des édifices postmodernes protégés au Grad (...)

44Cinq édifices et sites postmodernes41 sont également reconnus au Grade II*, tels que la galerie d’exposition et hangar à bateaux (Julius Gottlieb Gallery and Boathouse) sur le site de l’ancien collège Carmel), de l’architecte John Urwin Spence, constitués de formes géométriques composant une « synthèse parfaite de ses idées, un édifice proto-postmoderne par sa géométrie classique ».

  • 42 La distinction entre les deux derniers niveaux de protection est toutefois subtile, le grade II* ét (...)

45La législation britannique compte en effet trois niveaux de protection des biens immobiliers patrimoniaux, attribués par la Historic England Commission : le Grade I, pour les édifices d’intérêt « exceptionnel » (moins de 2,5 % des sites répertoriés) ; le Grade II*, pour des monuments particulièrement importants, présentant un intérêt « spécial » (5,8 % de l’effectif) et le Grade II simple, pour des biens culturels et historiques d’un intérêt « particulier » (91,7 % des édifices protégés)42.

46La patrimonialisation d’édifices postmodernes s’est progressivement imposée au Royaume-Uni, depuis la protection du Branksome Conference Centre (Haslemere, Surrey) en 1977. Développé par les architectes Edward Cullinan et James Stirling en 1971-1972, à partir d’une maison de campagne de style édouardien datant de 1901, ce centre de conférences est le premier cas de patrimoine postmoderne protégé sur le territoire britannique.

De l’enjeu d’une définition partagée du Postmodernisme

  • 43 Geraint Franklin, Post-Modern Architecture. Introductions to Heritage Assets, Londres, The Historic (...)
  • 44 Ibid., p. 1. « As its name suggests, post-modern architecture can be defined by its relationship to (...)

47La reconnaissance patrimoniale des édifices de ce courant architectural a nécessité, pour la Commission chargée de la gestion et l’attribution des protections relevant de la National Heritage List for England (NHLE), la définition précise de ses caractéristiques, considérant la pluralité des approches, des réponses structurelles, esthétiques, spatiales et symboliques apportées. Or, comme le rappelle Geraint Franklin43, historien de l’architecture et expert pour la NHLE, le Postmodernisme trouve des ramifications dans la philosophie et les arts visuels, il est largement employé en peinture dès les années 1880, en littérature dans les années 1940, avant d’émerger en tant que courant architectural durant la seconde moitié du XXe siècle. La définition admise par la commission des Monuments historiques britannique, pour la protection des édifices, repose sur une note d’orientation44 rédigée par Geraint Franklin et éditée par Deborah Mays, responsable du classement des monuments à Historic England. Cette définition, prenant appui sur les travaux de l’architecte, historien et théoricien américain Charles Jencks, établit le langage formel empreint de symbolisme de ce courant architectural, mettant en exergue ses caractéristiques maniéristes et ses dispositifs spatiaux, évoquant l’architecture baroque sans renier la société industrialisée et les transcendant les technologies utilisées par le mouvement moderne.

48Si l’auteur se défend de n’avoir établi ainsi qu’une définition, dans l’un des nombreux documents d’orientation éclairant le travail des conservateurs du patrimoine, de fait, ce document publié en 2017, sert depuis de socle pour l’expertise de tous les monuments historiques postmodernes britanniques de Grades I, II et II*. Il complète les plans guides, directives de sélection et introductions aux biens patrimoniaux, édités par Historic England qui définissent les critères d’examen des édifices en vue de leur protection45.

IV. Labels, périmètres à l’échelle urbaine : au-delà d’une protection directe

49Dans l’ensemble des bases de données étudiées, en France, en Espagne et en Italie, de nombreux sites sont préréférencés, documentés, pour des œuvres architecturales non protégées en attente d’une mesure conservatoire potentielle. Seul le Royaume-Uni a déjà franchi le pas, plaçant certains édifices sur la plus haute marche des protections patrimoniales, reconnaissant l’intérêt « exceptionnel » de l’héritage formé par l’architecture postmoderne.

  • 46 Citons notamment les labels et appellations patrimoniales : « Ville fleurie », « Jardin remarquable (...)

50En France, d’autres outils de reconnaissance du patrimoine existent, développés spécifiquement pour promouvoir certains sites en l’absence d’une protection à l’échelle architecturale. Ces labels et appellations sont très variés, afin de valoriser et soutenir la diversité des patrimoines46. Le label « Architecture contemporaine remarquable » (ACR) a été créé en 2016 par la Loi relative à la liberté de la création, à l’architecture et au patrimoine (LCAP) en remplacement du label « Patrimoine du XXe siècle » :

  • 47 Ministère de la Culture, Label « Architecture contemporaine remarquable », [en ligne] [https://www. (...)

Ce label peut être attribué aux immeubles, ensembles architecturaux, ouvrages d’art et aménagements de moins de cent ans d’âge non protégés au titre des monuments historiques dont la conception présente un intérêt architectural ou technique suffisant par décision du préfet de Région, après avis de la commission régionale du Patrimoine et de l’Architecture.47

  • 48 Plateforme ouverte des données publiques françaises, Liste des édifices labellisés « Architecture c (...)

51Parmi les 1 654 édifices labélisés ACR, neuf concernent des œuvres postmodernes, conçues par les architectes Maurice de Lavigne-Sainte-Suzanne, Patrice Mottini, Martine et Philippe Deslandes, Ricard Bofill, l’agence GIE Arietur, Hélène Jourda et Gilles Perraudin, Otto Spreckelsen von Johan et Paul Andreu, l’agence Frank O. Gehry & Associates Inc., et enfin Aldo Rossi, associé à Xavier Fabre48.

52Les plus anciennes valorisations pour des édifices postmodernes ont été décernées en 2002, à l’époque sous le label « Patrimoine du XXe siècle ». La chapelle du Christ-Roi (Fort-de-France, Martinique), conçue au début des années 1960 par Maurice de Lavigne-Sainte-Suzanne, est ainsi l’un des premiers exemples d’architecture reconnus et affiliés à ce courant :

  • 49 Ministère de la Culture, POP, op. cit., « Chapelle du Christ-Roi dite de Béthléem, Fort-de-France ( (...)

Il s’agit d’une réalisation très en avance sur son temps qui préfigure, dès 1960, la future évolution postmoderne, confirmant par là même les qualités de premier plan de Lavigne. La chapelle Christ-Roi – nommée aussi « Bethléem », date de 1960 et a été inaugurée en 1962. […] Ce très beau bâtiment est malheureusement extrêmement desservi par un environnement chaotique49.

  • 50 Ministère de la Culture, POP, ibid., « Centre international d’art et du paysage, Beaumont-du-Lac, î (...)

53Le Centre international d’art et du paysage de Vassivière (Beaumont-du-Lac, Haute-Vienne, fig. 7), construit en 1980 sous la direction de Xavier Fabre et Aldo Rossi, est une institution singulière, consacrée à la création contemporaine, l’expérimentation, la production d’expositions temporaires, la formation et l’accueil du public. Première réalisation d’Aldo Rossi en France, ce centre se distingue par son intégration dans le paysage, une tour phare et une galerie rectiligne subtilement positionnées à l’orée de la forêt de l’île de Vassivière50.

Figure 7. Le Centre international d’art et du paysage, d’Aldo Rossi et Xavier Fabre, à Vassivière

Figure 7. Le Centre international d’art et du paysage, d’Aldo Rossi et Xavier Fabre, à Vassivière

Étienne Taburet, 2015.

  • 51 Parmi les 1 654 édifices bénéficiant du label « Architecture contemporaine remarquable », 225 se si (...)

54Or, parmi les neuf édifices postmodernes labélisés « Architecture contemporaine remarquable » (ACR), se trouvent deux groupes scolaires, un édifice religieux, un ensemble de logements et commerces, deux immeubles de bureaux et trois équipements culturels. Situés majoritairement dans la région Île-de-France (dont quatre dans le Val-d’Oise), ces édifices sont le reflet d’une mise en lumière structurée par des conjonctures locales, d’une valorisation attribuée par décision du préfet de Région, après examen de la demande par la commission régionale du Patrimoine et de l’Architecture. De ce fait, certains départements et régions ont semble-t-il choisi de mettre l’accent sur d’autres sites ou d’autres dispositifs de protection51, à l’image de l’œuvre conséquente de l’architecte suisse Mario Botta en France, qui ne bénéficie pourtant que d’un seul label ACR pour la cathédrale de la Résurrection (Évry, Île-de-France), un édifice hors des standards du Postmodernisme.

55Au-delà de ces œuvres mises en lumière et des sites pré-identifiés par les services de l’Inventaire sur la Plateforme ouverte du patrimoine (POP), certains édifices sont indirectement protégés par des outils juridiques développés aux échelles urbaine et paysagère.

56La Loi relative à la liberté de la création, à l’architecture et au patrimoine (LCAP), promulguée en 2016, a permis la refonte des outils de protection déployés à grande échelle. Les secteurs sauvegardés, les zones de protection du patrimoine architectural, urbain et paysager (ZPPAUP) et les aires de mise en valeur de l’architecture et du patrimoine (Avap), développés entre 1962 et 2010, ont tous été remplacés par les sites patrimoniaux remarquables (SPR).

57À Cergy (Val-d’Oise), une concertation publique a été lancée début 2024 pour faire évoluer l’aire de l’ancienne ZPPAUP, devenue site patrimonial remarquable, afin d’intégrer la totalité des œuvres postmodernes de l’artiste plasticien Dani Karavan et des architectes Georges Pencreac’h, Claude Vasconi et Ricardo Bofill présentes sur son territoire. Une partie de ces édifices était dans le périmètre de protection instauré en 2004, mais la révision du SPR est perçue par la municipalité, et l’architecte du patrimoine Pierre Marchand qui accompagne ces démarches, comme une opportunité de :

  • 52 Ville de Cergy et Pierre & Marchant Architectes, « Présentation des enjeux de l’AVAP. Futur SPR de  (...)

prendre en compte la reconnaissance d’un patrimoine plus récent. À Cergy, 13 bâtiments ou ensembles bâtis bénéficient du label “Architecture contemporaine remarquable” (ACR) dont l’axe majeur, l’ensemble de logements Le Belvédère, dont les colonnes Saint-Christophe et la résidence Cergy 7 situés dans le périmètre de la ZPPAUP52.

  • 53 Ville de Montpellier, Rapport de présentation. Aire de Mise en Valeur de l’Architecture et du Patri (...)

58À l’inverse, la métropole de Montpellier (Hérault) s’est dotée depuis 1967 de plusieurs protections urbaines : un secteur sauvegardé, dont le périmètre a été étendu en 1981 et 2001, six ZPPAUP et Avap, couvrant le centre-ville historique, les quartiers Gambetta, Lodève, Arceaux, Boutonnet, la zone sud-gare Méditerranée, l’esplanade et la citadelle. Un SPR est à l’étude sur le centre historique de Celleneuve, ancien bourg formant un quartier situé à l’ouest de la ville, mais aucune protection n’est positionnée sur le quartier Antigone, à l’architecture postmoderne et aux ornementations néoclassiques marquées par l’intervention de Ricardo Bofill. Le rapport de présentation fait explicitement état d’une délimitation53 de l’aire de mise en valeur de l’architecture et du patrimoine (Avap) bordée « à l’est par les quartiers Polygone et Antigone ». Le nom de l’architecte catalan n’apparaît pas dans ce rapport de présentation.

Conclusion

59Le nombre de monuments postmodernes protégés est encore faible, voire nul dans la plupart des pays d’Europe de l’Ouest. Toutefois, les recherches, menées dans les bases de données patrimoniales officielles nationales et régionales de France, d’Italie, d’Espagne et du Royaume-Uni s’appuient sur les termes relatifs au champ lexical du Postmodernisme et sur une liste non exhaustive des principaux architectes de ce courant. Cette étude présente un biais, dans la mesure où un certain nombre d’édifices, de sites, d’ensembles urbains ont pu être protégés mais dont la fiche patrimoniale réalisée par les services de l’Inventaire ne mentionne pas leur appartenance à ce courant architectural. Sans présager d’une volonté d’effacement, cette absence est surtout symptomatique de sérieuses lacunes dans les dossiers établis par les conservateurs du Patrimoine, à l’image des fiches établies en Espagne, lesquelles ne précisent ni le nom des architectes, ni la raison de la mise sous protection des différents biens d’intérêt culturel (BIC).

  • 54 Ministère de la Culture, POP : la plateforme ouverte du patrimoine, « Maison Lemoine, Floirac (Giro (...)

60En France, à titre de comparaison, le descriptif de la villa Lemoine, sur la Plateforme ouverte du patrimoine (POP), n’indique pas une mise sous protection comme œuvre architecturale majeure de Rem Koolhaas, bien que le nom de l’architecte apparaisse, mais explicitement pour le caractère innovant, les aspects techniques de « cette maison expérimentale [qui] n’a pas été conçue pour rester figée mais doit évoluer avec les besoins des propriétaires54 ». Les dates affichées permettent d’identifier une construction du quatrième quart du XXe siècle, avec des indications spécifiques sur l’ascenseur-plateforme hydraulique permettant le raccordement des trois niveaux d’étages, ainsi que des précisions sur le traitement dissymétrique de la construction, l’hétérogénéité des matériaux, etc., mais nulle mention du courant architectural qui a présidé à sa conception.

61La question n’est pas de savoir si des édifices postmodernes seront protégés, cela semble inéluctable et nécessaire, comme il a fallu du temps pour reconnaître les valeurs patrimoniales des édifices de la modernité. Mais les raisons prévalant à l’institutionnalisation de cet héritage restent un enjeu majeur. Les conditions préalables à la protection des édifices récents, contemporains, voire en cours de construction sont en germe dans les législations européennes – à l’exception du système italien qui fixe un délai réglementaire entre la construction et la reconnaissance patrimoniale, a fortiori lorsque son auteur est toujours vivant.

  • 55 Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco), « Liste du patr (...)

62À une échelle plus vaste, l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco) développe, depuis la signature de la Convention pour la protection du patrimoine mondial, culturel et naturel, en 1972, une liste des biens culturels et naturels présentant un intérêt exceptionnel pour l’héritage commun de l’humanité. Constituée de 1 199 biens, la Liste du patrimoine mondial intègre notamment le Bauhaus et ses sites à Weimar, Dessau et Bernau (inscrits par le Comité du patrimoine mondial en 1996), la Ville blanche de Tel-Aviv (2003), le campus central de la cité universitaire de l’université nationale autonome de Mexixo (2007), les cités du Modernisme de Berlin (2008), l’usine Fagus, à Alfeld (2011), l’œuvre architecturale de Le Corbusier (2016), l’œuvre de l’ingénieur Eladio Dieste, l’église d’Atlántida (2021), etc55.

63Puisque l’œuvre architecturale de Le Corbusier constitue dans sept pays « une contribution exceptionnelle au Mouvement moderne », plusieurs architectes emblématiques du Mouvement postmoderne pourraient également entrer sur la Liste du patrimoine mondial, en réponse aux critères de sélection :

  • 56 Ibid., « L’Œuvre architecturale de Le Corbusier, une contribution exceptionnelle au Mouvement Moder (...)

- représenter un chef-d’œuvre du génie créateur humain ;
- témoigner d’un échange d’influences considérable pendant une période donnée ou dans une aire culturelle déterminée, sur le développement de l’architecture ou de la technologie, des arts monumentaux, de la planification des villes ou de la création de paysages ;
- être directement ou matériellement associé à des événements ou des traditions vivantes, des idées, des croyances ou des œuvres artistiques et littéraires ayant une signification universelle exceptionnelle56.

  • 57 La vallée de l’Elbe, à Dresde (Allemagne), a été placée sur la liste du Patrimoine mondial en péril (...)

64La reconnaissance du Postmodernisme, de la diversité des expérimentations et modes d’expression de ce courant architectural, est sans doute affaire de temps. L’œuvre de Frank Gehry, notamment son musée Guggenheim de Bilbao, pourrait faire l’objet d’une valorisation, au même titre que les huit « œuvres architecturales du XXe siècle de Frank Lloyd Wright » (Unesco, 2019), intégrant le musée Solomon R. Guggenheim de New York. Mais, là encore, la question porte sur les enjeux d’une telle reconnaissance internationale, quand nous pouvons constater par ailleurs les tensions liées à certains territoires quant à la dénaturation de sites, la perte de leur intégrité ou authenticité, tels que la vallée de l’Elbe, à Dresde (Allemagne), ou le port marchand de Liverpool (Royaume-Uni)57.

65Enfin, la présente étude ne saurait répondre aux enjeux de reconnaissance et protection du patrimoine postmoderne sans analyser plus avant les réglementations développées dans les principaux pays concernés. La recherche a porté sur quatre pays et devrait donc être étendue à l’ensemble des États d’Europe de l’Ouest (République d’Irlande et Portugal, notamment) et a minima à l’un des pays d’Europe centrale incarnant un autre pan de ce courant architectural : l’Allemagne. Ce pays compte également la plus forte proportion européenne d’édifices protégés (plus d’1,2 million, soit 25 fois le nombre de monuments historiques inscrits ou classés en France, près de 75 fois le nombre de biens d’intérêt culturel en Espagne). Mais cette analyse du cadre législatif et des listes d’édifices protégés sur le territoire germanique doit faire l’objet d’une étude dédiée, car il s’agit d’un système de protection complexe à la gestion décentralisée, chaque Länder définissant son propre cadre réglementaire.

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Bibliographie

Marie Cornu, Jérôme Fromageau et Catherine Wallaert (coord.), Dictionnaire comparé du droit du patrimoine culturel, Paris, CNRS Éditions, 2012.

Bastien Couturier, « Chapitre III. D’un système de valeurs à l’émergence d’une réglementation, III. 3. Des législations européennes disparates », dans Monuments historiques radiés, Lyon, Université Lumière-Lyon II, 2018, p. 101-112 [en ligne], [https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-01880366], consulté le 16/04/24.

Jean-Marie Pérouse de Montclos, « Observations sur le patrimoine français », Revue de l’Art, n° 101, éditorial, Paris, INHA, Centre André Chastel, 1993, p. 13-16.

Jean Salusse, « Entretien », dans Jacques Chancel, Radioscopie, France Inter, 1976 [en ligne], [http://www.ina.fr/audio/PHD99227894], consulté le 05/12/22.

Jean-Louis Violeau, « Faut-il oublier le postmodernisme ? », AMC, Actualités, 31 décembre 2019, [en ligne], [https://www.amc-archi.com/article/faut-il-oublier-le-postmodernisme-.66118], consulté le 03/03/24.

Sitographie

Gobierno de España, Ministerio de Cultura, Consulta a la base de datos de bienes inmuebles, Subdirección General de Registros y Documentación del Patrimonio Histórico, [en ligne] [https://www.cultura.gob.es/cultura/patrimonio/bienes-culturales-protegidos.html], mise à jour le 05/04/24, consulté le 07/04/24

Ministero della Cultura, Catalogo generale dei Beni Culturali, Istituto Centrale per il Catalogo e la Documentazione, [en ligne] [https://www.catalogo.beniculturali.it/], mise à jour le 12/04/24, consulté le 15/04/24.

Ministère de la Culture, POP : la plateforme ouverte du patrimoine, [en ligne] [https://www.pop.culture.gouv.fr/opendata], mise à jour le 04/04/21, consulté le 14/04/24.

Plateforme ouverte des données publiques françaises, Liste des édifices labellisés « Architecture contemporaine remarquable » (ACR), ministère de la Culture, [en ligne] [https://www.data.gouv.fr/fr/datasets/liste-des-edifices-labellises-architecture-contemporaine-remarquable-acr/], mis à jour le 04/04/24, consulté le 14/04/24.

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Notes

1 Jean-Louis Violeau, « Faut-il oublier le postmodernisme ? », AMC, Actualités, 31 décmbre 2019, [en ligne], [https://www.amc-archi.com/article/faut-il-oublier-le-postmodernisme-.66118], consulté le 03/03/24.

2 Margaux Darrieus (dir.), Jean-Louis Violeau, Iwona Buczkowska, Alain Peskine et MBL architectes, « L’architecture postmoderne a-t-elle bien eu lieu ? », Pavillon de l’Arsenal, débat, 13 septembre 2023, [en ligne] [https://www.pavillon-arsenal.com/fr/conferences-debats/cycles-en-cours/hors-cycle/12811-larchitecture-postmoderne-a-t-elle-bien-eu-lieu.html], consulté le 02/03/24.

3 Cesar Pelli, 1979 Laureate Philip Johnson Ceremony Speech, Dumbarton Oaks (Washington, D.C.), The Hyatt Foundation (The Pritzker Architecture Prize), 1979, [en ligne], [https://www.pritzkerprize.com/laureates/1979#laureate-page-367], consulté le 05/04/24.

4 Code du patrimoine, Partie législative, Livre VI « Monuments historiques, sites patrimoniaux remarquables et qualité architecturale », Titre II : « Monuments historiques », chapitre I : « Immeubles », section II : « Inscription des immeubles », « Article L621-25 », Légifrance, [en ligne] [https://www.legifrance.gouv.fr/codes/article_lc/LEGIARTI000006845840], consulté le 03/12/23.

5 Marie Cornu, Jérôme Fromageau et Catherine Wallaert (coord.), Dictionnaire comparé du droit du patrimoine culturel, Paris, CNRS Éditions, 2012.

6 Ibid., p. 2.

7 Recherche menée à partir d’une centaine d’architectes affiliés au courant postmoderne, dont les œuvres ont fait l’objet de publications et qui participent activement de la reconnaissance internationale de ce courant architectural : Christopher Alexander ; David Azrieli ; Joel Bergman ; Barbara Bielecka ; Peter Blake ; Ricardo Bofill ; Mario Botta ; John Burgee ; Buttrick White & Burtis (Harold Buttrick, Samuel G. White & Theodore A. Burtis III) ; Campbell Zogolovitch Wilkinson and Gough - CZWG (Nicholas Campbell, Roger Zogolovich, Rex Wilkinson & Piers Gough) ; Chicago Seven (Stanley Tigerman, Larry Booth, Stuart Cohen, Ben Weese, James Ingo Freed, Tom Beeby & James L. Nagle) ; Jeffrey Daniels ; Gerhard Daum ; Norman Day ; Neil Denari ; Aleksandar Đokić ; Peter Eisenman ; Richard England ; Ralph Erskine ; Terry Farrell ; Massimiliano Fuksas ; Beth Galí ; Frank Gehry ; Vittorio Gigliotti ; James Gowan ; Michael Graves ; Jacques Herzog & Pierre de Meuron ; Steven Holl ; Hans Hollein ; Arata Isozaki ; Steven Izenour ; Helmut Jahn ; Mihailo Janković ; Charles Jencks ; Jon Jerde ; Philip Johnson ; Edward Jones ; Jan Kaplický ; Hijjas Kasturi ; Hans Kollhoff ; Robert Kramreiter ; Léon Krier ; Rob Krier ; Kishō Kurokawa ; Chu-yuan Lee ; Ricardo Legorreta ; Eneida de León ; Daniel Libeskind ; Georg Lippert ; Ernst Lohse ; Éolo Maia ; Thom Mayne ; Alessandro Mendini ; Charles Willard Moore ; Manuel Núñez Yanowsky ; John Outram ; William Pedersen ; César Pelli ; William Pereira ; Dominique Perrault ; Boris Podrecca ; John C. Portman Jr. ; Paolo Portoghesi ; Franz Prati ; Antoine Predock ; Franco Purini ; Ranko Radović ; Max Rieder ; Kevin Roche ; Peter Rose ; Aldo Rossi ; Michael Rotondi ; Herman O. Ruhnau ; Luca Scacchetti ; Carlo Scarpa ; Denise Scott Brown ; Álvaro Siza Vieira ; Adrian Smith ; Ettore Sottsass ; Alex Stenzel ; Robert Arthur Morton Stern ; James Stirling ; Edward Durell Stone ; Ante Svarčić ; Tomás Taveira ; Siavash Teimouri ; Matteo Thun ; William Turnbull Jr. ; Òscar Tusquets ; Charles Vandenhove ; Robert Venturi ; Michael Wilford ; Wilfried van Winden ; James Wines ; Riken Yamamoto ; Minoru Yamasaki ; Eberhard Zeidler.

8 Cette formulation indique explicitement l’absence de fiche indexée dans l’inventaire du patrimoine à partir des mots-clés recherchés.

9 Gobierno de España, Ministerio de Cultura, Consulta a la base de datos de bienes inmuebles, Subdirección General de Registros y Documentación del Patrimonio Histórico, [en ligne] [https://www.cultura.gob.es/cultura/patrimonio/bienes-culturales-protegidos.html], mise à jour le 05/04/24, consulté le 07/04/24.

10 Citons notamment les 22 articles parus ou relayés dans la revue Architectura Viva entre juin 1988 et novembre 2023, parmi lesquels : Luís Fernández-Galiano, « Ricardo Bofill : La hoja en blanco », Architectura Viva, 15 novembre 2023, [en ligne] [https://arquitecturaviva.com/articulos/ricardo-bofill-la-hoja-en-blanco], consulté le 08/10/24 ; Graziella Trovato, « Necrológicas Gae Aulenti (1927-2012) », 30 avril 2013, [en ligne], [https://arquitecturaviva.com/articulos/gae-aulenti], consulté le 08/10/24 ; Patricia Tubella et Javier Rodríguez Marcos, « El posmodernismo se convierte en historia moderna », El Pais Cultura, 22 septembre 2011, [en ligne] [https://elpais.com/diario/2011/09/22/cultura/1316642404_850215.html], consulté le 08/10/24 ; ou d’autres articles affichant un regard critique sur les représentants les plus radicaux du postmodernisme : José Ignacio Linazasoro, « Modernidad y patrimonio. À favor de la arquitectura anónima », Architectura Viva, Madrid, 30 novembre 2013, [en ligne] [https://arquitecturaviva.com/articulos/modernidad-y-patrimonio], consulté le 08/10/24.

11 Generalitat de Catalunya, Bienes de interés cultural, Inventari del Patrimoni Arquitectònic de Catalunya, [en ligne] [https://cultura.gencat.cat/es/serveis/bases_de_dades], mise à jour le 26/05/22, consulté le 12/04/24.

12 « El projecte, monumentalista, barroc i experimental, caldria entendre’l dins d’un projecte global inicial més ampli i dins de la trilogia que forma amb la gran xemeneia de formigó i amb el Taller d’Arquitectura. » Generalitat de Catalunya, Walden 7, núm. Registre 10214-I, Cercador de l’Inventari del Patrimoni Arquitectònic de Catalunya, 7 mai 1987, [en ligne] [https://invarquit.cultura.gencat.cat/card/19298], mise à jour le 06/09/23, consulté le 12/04/24.

13 Generalitat de Catalunya, Apartaments “El Castell”, El Castell de Kafka, núm. Registre 4659-I, Cercador de l’Inventari del Patrimoni Arquitectònic de Catalunya, 17 octobre 2001, [en ligne] [https://invarquit.cultura.gencat.cat/card/11894], mise à jour le 06/09/23, consulté le 12/04/24.

14 Instituto Andaluz del Patrimonio Histórico, Guia digital del Patrimonio Cultural de Andalucía : Alberto García Moreno, Casa Sindical, código 01180870333, [en ligne] [https://guiadigital.iaph.es/bien/inmueble/21786], mise à jour le 17/04/24, consulté le 19/04/24; María Gloria Espinosa Spínola, Edificio de Gobierno y Paraninfo, código : 01040130306, [en ligne] [https://guiadigital.iaph.es/bien/inmueble/254702/almeria/almeria/edificio-de-gobierno-y-paraninfo], mise à jour le 10/04/24, consulté le 19/04/24 ; David Arredondo Garrido, Institutos Universitarios de Investigación, código 01290670471, [en ligne] [https://guiadigital.iaph.es/bien/inmueble/248817/malaga/malaga/institutos-universitarios-de-investigacion], mise à jour le 15/04/24, consulté le 19/04/24.

15 Cette formulation indique explicitement l’absence de fiche indexée dans l’inventaire du patrimoine à partir des mots-clés recherchés.

16 Ministero della Cultura, Catalogo. Ricerca avanzata, Istituto Centrale per il Catalogo e la Documentazione, [en ligne] [https://www.catalogo.beniculturali.it/], mise à jour le 12/04/24, consulté le 15/04/24.

17 Beni culturali in Alto Adige, Frittata post-moderna, Fondazione Museion, Museo d’arte moderna e contemporanea Bolzano, [en ligne] [https://www.provincia.bz.it/catalogo-beniculturali/it/ricerca-detaglio.asp ?kks_priref =30007354], mise à jour le 02/11/23, consulté le 07/04/24.

18 La base de données Pater (Patrimonio culturale dell’Emilia Romagna), [en ligne] [https://bbcc.regione.emilia-romagna.it/pater/]), pour le département du Patrimoine culturel (Direzione generale Conoscenza, Ricerca, Lavoro, Impresa Settore Patrimonio culturale), fait état de trois édifices conçus par Carlo Scarpa : la salle du conseil de la province de Parme (Sala consiliare della Provincia, Parma) ; une salle d’exposition (Show-room Nobili, Guastalla) ; et une boutique avec paroi en béton brut (Negozio Gavina (poi Simon), Bologna).

19 La base de données Pater permet également de recenser quatre édifices conçus par Aldo Rossi : un centre commercial et civique à Plaisance, en Émilie-Romagne (Progetto per un Centro civico commerciale al quartiere Farnesiana, Piacenza) ; le cimetière monumental de Modène ; la transformation en musée d’art moderne d’une ancienne manufacture à Bologne (Manifattura delle Arti (Cineteca, DAMS e MamBO), Bologna) ; et le centre commercial Torri de Parme.

20 Pater, Patrimonio culturale dell’Emilia Romagna, Direzione generale Conoscenza, Ricerca, Lavoro, Impresa Settore Patrimonio culturale : Matteo Sintini et Margherita Merendino, Cimitero Monumentale Aldo Rossi (Modena), [en ligne] [https://bbcc.regione.emilia-romagna.it/pater/loadcard.do ?id_card =151829], mise à jour le 08/09/21, consulté le 17/04/24.

21 Ministère de la Culture, POP : la plateforme ouverte du patrimoine, [en ligne] [https://www.pop.culture.gouv.fr/opendata], mise à jour le 04/04/21, consulté le 14/04/24. Les données relatives au patrimoine architectural sont issues de la base Mérimée, distinguant les édifices classés MH nationalement, en partie ou en totalité (un tiers de l’effectif), de ceux inscrits au titre des monuments historiques en régions.

22 Ibid., « Château de Groussay Montfort-l’Amaury (Yvelines), notice PA00087795 », description historique, [en ligne] [https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/merimee/PA00087795], fiche éditée le 24/06/93, mise à jour le 20/05/23.

23 Voir note n° 13.

24 Marie Cornu, Jérôme Fromageau et Catherine Wallaert, op. cit., p.  84-87 pour le droit espagnol, p. 109-113 pour le droit français et p. 139-146 pour le droit italien : « Cette bulle imposait à Rome et à tous les États pontificaux l’interdiction de détruire ou d’endommager, sans la permission du Souverain Pontife, les édifices publics de l’Antiquité ou leurs ruines, même s’ils se trouvaient dans une propriété privée. »

25 Bastien Couturier, « Chapitre III. D’un système de valeurs à l’émergence d’une réglementation, III. 3. Des législations européennes disparates », dans Monuments historiques radiés, Lyon, université Lumière-Lyon II, 2018, p. 101-112, [en ligne] [https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-01880366], consulté le 16/04/24.

26 Codice dei beni culturali e del paesaggio, Parte II « Beni culturali. Decreto legislativo », 22 janvier 2004 n° 42; Parte II « Beni culturali », Titolo I « Tutela », Capo I « Oggetto della tutela », Articolo 10 Beni culturali, [en ligne] [https://www.altalex.com/documents/news/2014/09/15/codice-dei-beni-culturali-e-dell-ambiente-parte-ii-beni-culturali#titolo2], consulté le 15/04/24.

27 Alberto Roccella, « Droit italien, 3. La protection des biens culturels, concepts, principes et méthodes », dans Marie Cornu, Jérôme Fromageau et Catherine Wallaert, op. cit., p. 154.

28 Gobierno de España, Ministerio de la Presidencia, Justicia y relaciones con las Cortes, Ley 16/1985, de 25 de junio, del Patrimonio Histórico Español, Documento consolidado BOE-A-1985-12534, [en ligne] [https://www.boe.es/buscar/act.php ?id =BOE-A-1985-12534], mise à jour le 12/10/21, consulté le 17/04/24.

29 Diego González, « El edificio IPCE : unidad de cuidados intensivos del patrimonio español y escenario de películas », Idealista, Madrid, 2018, [en ligne] [https://www.idealista.com/news/inmobiliario/construccion/2018/05/07/765496-el-edificio-ipce-de-escenario-para-peliculas-a-ser-la-unidad-de-cuidados], 9 mai 2018, consulté le 08/10/24.

30 Code du patrimoine, Partie législative, livre VI « Monuments historiques, sites patrimoniaux remarquables et qualité architecturale », titre II « Monuments historiques », chapitre I « Immeubles », section 1 « Classement des immeubles », article L621-1, Légifrance, [en ligne] [https://www.legifrance.gouv.fr/codes/article_lc/LEGIARTI000006845801], consulté le 03/12/23.

31 Ibid., section II « Inscription des immeubles », article L621-25 », Légifrance, [en ligne] [https://www.legifrance.gouv.fr/codes/article_lc/LEGIARTI000006845840], consulté le 03/12/23.

32 Jean-Marie Pérouse de Montclos, « Observations sur le patrimoine français », Revue de l’Art, n° 101, éditorial, Paris, INHA, Centre André Chastel, 1993, p. 13-16.

33 Jean Salusse, « Entretien », dans Jacques Chancel, Radioscopie, France Inter, 1976, [en ligne] [http://www.ina.fr/audio/PHD99227894], consulté le 05/12/22.

34 Premier édifice protégé alors que son architecte, Rem Koolhaas, était encore en activité, la maison Lemoine, à Floirac (Gironde) fait l’objet d’une inscription au titre des monuments historiques depuis 2002. Ministère de la Culture/POP, « Maison Lemoine, Floirac (Gironde), notice PA33000068 », [en ligne], [https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/merimee/PA33000068], fiche éditée le 16/06/03, mise à jour le 09/12/22.

35 En juin 1996, les « parties construites » de l’église inachevée de Firminy (Loire), conçue par Le Corbusier (décédé en 1965), sont protégées par un classement national au titre des monuments historiques. Cette protection est abrogée en 2012, lors de la protection de l’ensemble de l’édifice, achevé et inauguré par José Oubrerie. Ministère de la Culture/POP, « Église Saint-Pierre de Firminy, Firminy (Loire), notice PA42000001 », [en ligne] [https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/merimee/PA42000001], fiche éditée le 22/09/98, mise à jour le 09/12/22.

36 Ministère de la Culture, « Présentation des Journées européennes du patrimoine 2015 “Patrimoine du XXIe siècle, une histoire d’avenir” », [en ligne] [https://www.culture.gouv.fr/Thematiques/Architecture/Actualites-de-l-architecture/Journees-europeennes-du-patrimoine-2015], consulté le 07/01/21.

37  Department for Communities and Local Government, Revisions to Principles of Selection for Listing Buildings, [en ligne] [https://assets.publishing.service.gov.uk/media/5a789a0aed915d07d35b0f7d/hrp_planningcircular.pdf], mise à jour le 07/03/07, consulté le 20/08/24. Section « General Principles, 6.12 Age and rarity » : « The relevance of age and rarity will vary according to the particular type of building because for some types, dates other than those outlined below are of significance. […] buildings of less than 30 years old are normally listed only if they are of outstanding quality and under threat. »

38 The Historic England Foundation, The National Heritage List for England, [en ligne] [https://historicengland.org.uk/listing/what-is-designation/listed-buildings/], mise à jour le 14/01/19, consulté le 17/04/24 ; Ibid., « Kennels at Walthamstow stadium (Chingford, London Borough), List Entry Number 1391977 », [en ligne] [https://historicengland.org.uk/listing/the-list/list-entry/1391977 ?section =official-list-entry], fiche éditée le 22/05/07, consultée le 07/04/24.

39 The Historic England Commission est composée de 17 membres, nommés par le secrétaire d’État au département de la Culture (Secretary of State for the Department for Digital, Culture, Media and Sport), pour leur expertise ou leur niveau professionnel dans un ou plusieurs domaines de compétences.

40 The Historic England Foundation, op. cit, « The List - Advanced Search Results », comprenant notamment les édifices postmodernes suivants, protégés au Grade I : le siège des compagnies d’assurance de Londres (Lloyd’s Building, Londres) ; la maison familiale de l’architecte américain Charles Jencks (Cosmic House, Londres) ; l’extension de la National Gallery consacrée aux collections de peintures de la première Renaissance (Sainsbury Wing at the National Gallery, Londres) ; et la maison de campagne conçue par l’architecte John Outram pour les entrepreneurs Rausing dans l’East Sussex (The New House, including orangery, Millennium Pavilion, terraces and all hard landscaping by John Outram Associates, Wadhurst).

41 Ibid., « The List. Advanced Search Results », comprenant des édifices postmodernes protégés au Grade II*: une maison de campagne transformée par les architects Edward Cullinan et James Stirling en centre de conferences dans le Surrey (Branksome Conference Centre, Haslemere) ; l'école de commerce de l'Université de Cambridge (Cambridge Judge Business School, Cambridgeshire) ; la station de pompage de l'île aux chiens à Londres, surnommée le Temple des tempêtes (Isle of Dogs Pumping Station, including transformer house, paving, bollards and surrounding wall to the west and south, Londres) ; et la réinterprétation contemporaine du jardin paysager incluant des sculptures monumentales à Luton (The Improvement Garden, Luton, Bedfordshire). Dans le cadre de la Julius Gottlieb Gallery and Boathouse at former Carmel College (Wallingford, Oxfordshire), la fiche de l’Inventaire précise: « made it perfect for the synthesis of these ideas. The building is proto-post modern for its classical geometry. ». « Julius Gottlieb Gallery and Boathouse at former Carmel College (Wallingford, Oxfordshire) », List Entry Number 1379942, [en ligne] [https://historicengland.org.uk/listing/the-list/list-entry/1379942?section=official-list-entry], fiche éditée le 09/12/99, consultée le 07/04/24.

42 La distinction entre les deux derniers niveaux de protection est toutefois subtile, le grade II* étant une subdivision du grade II générique. D’une importance nationale, le grade II* est généralement réservé à des propriétés publiques, la protection étant réhaussée en raison de caractéristiques spécifiques (détail architectural de portée historique, singularité), qui élèvent l’importance mémorielle de l’édifice.

43 Geraint Franklin, Post-Modern Architecture. Introductions to Heritage Assets, Londres, The Historic England Foundation, [en ligne] [https://historicengland.org.uk/images-books/publications/iha-post-modern-architecture/heag186-post-modern-architecture-iha/], 11 décembre 2017, consulté le 08/04/24.

44 Ibid., p. 1. « As its name suggests, post-modern architecture can be defined by its relationship to the Modern Movement. It was defined by the American writer Charles Jencks as a ‘double-coded language – one part Modern and one part something else’. The ‘something else’ might include references to architectural history, greater awareness of setting and context, or enjoyment of symbolism, colour or collage techniques. As a formal language, Post-Modernism has affinities with Mannerist characteristics (unexpected exaggeration, distortions of classical scale and proportion) and the spatial devices of Baroque architecture. Post-modern architecture accepts the technology of industrialised society but transcends the machine imagery of Modernism and particularly high-tech architecture. »

45  The Historic England Foundation, Listing Selection Guides, [en ligne] [https://historicengland.org.uk/listing/selection-criteria/listing-selection/], mise à jour le 16/09/24, consulté le 08/10/24.

46 Citons notamment les labels et appellations patrimoniales : « Ville fleurie », « Jardin remarquable », « Maison des illustres », « Ville et pays d’art et d’histoire », « Les plus beaux villages de France », « Petites cités de caractère », etc.

47 Ministère de la Culture, Label « Architecture contemporaine remarquable », [en ligne] [https://www.culture.gouv.fr/Thematiques/Architecture/Label-Architecture-contemporaine-remarquable], mis à jour le 13/01/23, consulté le 30/01/24.

48 Plateforme ouverte des données publiques françaises, Liste des édifices labellisés « Architecture contemporaine remarquable » (ACR), Ministère de la Culture, [en ligne] [https://www.data.gouv.fr/fr/datasets/liste-des-edifices-labellises-architecture-contemporaine-remarquable-acr/], mis à jour le 04/04/24, consulté le 14/04/24 : chapelle du Christ-Roi dite « de Béthléem », Fort-de-France (Martinique), référence de la notice : ACR0000797 ; école élémentaire La Chanterelle, Cergy (Val-d’Oise), référence : ACR0001683 ; groupe scolaire de la Belle Epine, Cergy (Val-d’Oise), référence : ACR0001682 ; ensemble Les Colonnes Saint-Christophe, Cergy (Val-d’Oise), référence : ACR0001689 ; Musée de la céramique, Desvres (Pas-de-Calais), référence : ACR0001806 ; maison de quartier Axe majeur-Horloge, ancien groupe scolaire La Lanterne, Cergy (Val-d’Oise), référence : ACR0001685 ; Arche de la Fraternité, dite « Grande Arche de La Défense » et « parvis de La Défense », Puteaux (Hauts-de-Seine), référence : ACR0000683 ; Cinémathèque française (ancien American Center), Paris (12e arrt), référence : ACR0000697 ; Centre international d’art et du paysage, Beaumont-du-Lac (Haute-Vienne), référence : ACR0001031.

49 Ministère de la Culture, POP, op. cit., « Chapelle du Christ-Roi dite de Béthléem, Fort-de-France (Martinique), notice ACR0000797 », [en ligne] [https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/merimee/ACR0000797], fiche éditée le 04/08/20, mise à jour le 15/09/22.

50 Ministère de la Culture, POP, ibid., « Centre international d’art et du paysage, Beaumont-du-Lac, île de Vassivière (Haute-Vienne), notice ACR0001031 », [en ligne] [https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/merimee/ACR0001031], fiche éditée le 04/08/20, mise à jour le 10/11/22.

51 Parmi les 1 654 édifices bénéficiant du label « Architecture contemporaine remarquable », 225 se situent en région Île-de-France, 213 en Provence-Alpes-Côte-d’azur, 190 en Auvergne-Rhône-Alpes et 186 dans le Grand Est, mais 47 seulement sont recensés en région Pays de la Loire et 32 en Bretagne, soit à peine plus que les 23 édifices labélisés ACR sur la seule île de la Martinique.

52 Ville de Cergy et Pierre & Marchant Architectes, « Présentation des enjeux de l’AVAP. Futur SPR de Cergy », p.  23, [en ligne] [https://www.cergy.fr/notre-ville/rester-informe/actualites/sites-patrimoniaux-remarquables-donnez-votre-avis-11151/], mis à jour le 04/04/24, consulté le 18/04/24.

53 Ville de Montpellier, Rapport de présentation. Aire de Mise en Valeur de l’Architecture et du Patrimoine SUD-GARE/MÉDITERRANÉE, p. 16, [en ligne] [https://www.occitanie.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/AVAP_Sud_Gare-1_RP_151208.pdf], 8 décembre 2015, consulté le 08/10/24.

54 Ministère de la Culture, POP : la plateforme ouverte du patrimoine, « Maison Lemoine, Floirac (Gironde) », ibid.

55 Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco), « Liste du patrimoine mondial », [en ligne] [https://whc.unesco.org/fr/list/], mise à jour le 21/09/23, consulté le 18/04/24.

56 Ibid., « L’Œuvre architecturale de Le Corbusier, une contribution exceptionnelle au Mouvement Moderne », [en ligne] [https://whc.unesco.org/fr/list/1321], mise à jour le 28/08/23, consulté le 18/04/24. Composé de fiches sur les territoires allemand, argentin, belge, français, indien, japonais et suisse, le patrimoine est reconnu au titre des critères de sélection I-, II- et VI-, associés à des enjeux d’authenticité et d’intégrité.

57 La vallée de l’Elbe, à Dresde (Allemagne), a été placée sur la liste du Patrimoine mondial en péril en 2006, puis définitivement radiée en 2009, considérant que la construction du pont autoroutier Waldschlösschen portait atteinte à la valeur universelle exceptionnelle qui lui avait valu son inscription. En 2021, le Comité du patrimoine mondial retire le port marchand de Liverpool (Royaume-Uni) de la Liste du patrimoine mondial de l’Unesco en raison de projets de développement et constructions qui altèrent sa valeur universelle exceptionnelle (Liverpool Waters).

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Table des illustrations

Titre Tableau 1. Nombre d’occurrences des termes relatifs au champ lexical du Postmodernisme dans les fiches patrimoniales régionales des biens d’intérêt culturel en Espagne
Crédits Bastien Couturier, 2024.
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Fichier image/jpeg, 4,9M
Titre Figure 1. Edificio Walden 7 (Barcelona), Fachada delantera & finestres
Crédits Mamendinua, 2010.
URL http://journals.openedition.org/craup/docannexe/image/15361/img-2.jpg
Fichier image/jpeg, 360k
Titre Figure 2. Málaga TechPark
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Fichier image/jpeg, 502k
Titre Figure 3. San Cataldo Cemetery, Modena
Crédits Dage, Looking For Europe, 2018.
URL http://journals.openedition.org/craup/docannexe/image/15361/img-4.jpg
Fichier image/jpeg, 536k
Titre Figure 4. Vue générale du château de Groussay, à Montfort-l’Amaury (France)
Crédits PHILDIC, 2008.
URL http://journals.openedition.org/craup/docannexe/image/15361/img-5.jpg
Fichier image/jpeg, 783k
Titre Figure 5. Façade du siège de l’Institut du patrimoine historique espagnol , Madrid
Crédits Luis García, 2011.
URL http://journals.openedition.org/craup/docannexe/image/15361/img-6.jpg
Fichier image/jpeg, 573k
Titre Figure 6. Photographie aérienne du stade Walthamstow, à Chingford
Crédits Cristina Diaconu, 2017.
URL http://journals.openedition.org/craup/docannexe/image/15361/img-7.jpg
Fichier image/jpeg, 727k
Titre Figure 7. Le Centre international d’art et du paysage, d’Aldo Rossi et Xavier Fabre, à Vassivière
Crédits Étienne Taburet, 2015.
URL http://journals.openedition.org/craup/docannexe/image/15361/img-8.jpg
Fichier image/jpeg, 605k
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Pour citer cet article

Référence électronique

Bastien Couturier, « Vers la protection du patrimoine postmoderne »Les Cahiers de la recherche architecturale urbaine et paysagère [En ligne], 21 | 2024, mis en ligne le 30 novembre 2024, consulté le 20 mars 2025. URL : http://journals.openedition.org/craup/15361 ; DOI : https://doi.org/10.4000/12x4v

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Auteur

Bastien Couturier

Bastien Couturier est architecte et enseignant-chercheur, maître de conférences à l’ENSA de Lyon. Docteur en architecture, il a soutenu en 2018 une thèse relative aux monuments historiques déprotégés. Outre des activités en agences d’architecture lyonnaises (Rheinert, 2007-2012 ; Archipat, 2018-2019), il œuvre, pour le laboratoire EVS-LAURe, aux programmes de recherche ANR PLU Patrimonial (2015-2019), RESSOURCES (2021-2022) et TRACES (projet lauréat du PEPR Solutions pour la ville durable et le bâtiment innovant, 2025-2033). Enseignant avec une appétence pour le patrimoine bâti, ses protections et potentielles reconversions, il participe aux enseignements de projet, d’histoire et théories architecturales. Bastien Couturier porte la coresponsabilité du bloc pédagogique Situations et environnements professionnels (SEP), accompagnant l’insertion des étudiants dans le monde du travail, notamment au travers des stages.
bastien.couturier@lyon.archi.fr

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