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Rhabillez-moi ! Stratégies sur mesure dans la réhabilitation de cinq immeubles de logements postmodernes parisiens

Dress Me Again! Tailor-Made Strategies in the Rehabilitation of Five Postmodern Parisian Apartment Buildings
Julien Correia

Résumés

L’ouvrage Paris Postmoderne paru en 2023 met en lumière la quantité d’édifices parisiens souvent visibles mais généralement méconnus de cette période des années 1973-1993. En proposant cet inventaire, Jean-Louis Violeau invite à réfléchir au devenir de cet héritage bâti. Quantité d’entre eux sont des immeubles d’habitations qui font aujourd’hui l’objet d’une campagne de réhabilitation visant généralement à résoudre une problématique thermique par une intervention systématisée sur l’enveloppe. L’amélioration des performances thermiques, du confort et des usages consistant en la rénovation des parties communes et des pièces humides peut éventuellement faire partie des cahiers des charges. Les problématiques posées par ce type de programme sont multiples : elles mêlent à la foi le positionnement théorique et technique à des questions de dessin et de la matérialité des façades. Elles interrogent en outre la décision unilatérale de cette seule  mais cependant imposée  intervention sur l’enveloppe en prenant en compte d’autres composantes des édifices (structure, composition du logement, etc.), le plus souvent absentes de la question programmatique posée.
Le langage formel varié et le foisonnement de détails tendant parfois à la surcomplexification d’immeubles au demeurant simples et à vocation ordinaire sont aujourd’hui mis en crise par la nécessité d’isoler thermiquement ces édifices, tout en garantissant leur pérennité d’usage et leur caractère. Cet article propose une analyse réflexive sur la pratique de l’agence d’architecture parisienne de Jean-Marin et asssocié.es à partir de cinq cas d’études : l’immeuble d’angle du 31, rue des Malmaisons, celui des 97-105, rue de la Jonquière, l’ensemble du 11, rue Duris, la cour du Liégat et l’ensemble des Hautes-Formes. Au gré des projets, dont les premières étapes de réflexion remontent à 2016, les réponses s’adaptent. Il s’agit alors d’interroger l’acculturation de l’agence à l’architecture postmoderne autant que l’émergence implicite d’une méthodologie de projet.

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Texte intégral

L’adaptation progressive d’une pratique d’agence à la réhabilitation d’immeubles d’habitations postmodernes

  • 1 L’auteur, Julien Correia, travaille chez de Jean-Marin en tant que chercheur depuis septembre 2021. (...)
  • 2 Charles Jencks, The Language of Post-Modern Architecture, New York, Rizzoli, 1977.

1La pratique de l’agence d’architecture de Jean-Marin1 s’est construite selon un schéma chronologique, en abordant d’abord la réhabilitation du bâti ancien, médiéval, faubourien, puis des ensembles d’habitations à bon marché (HBM), des grands ensembles et aujourd’hui des immeubles que l’on pourrait qualifier de « postmodernes ». L’emploi du conditionnel n’est pas neutre, tant le qualificatif correspondant à ce courant de la deuxième moitié du xxe siècle est absent du discours des bailleurs sociaux dans les dossiers d’appel d’offres tout autant que dans les différentes notices architecturales de l’agence . Étonnamment, l’expression même d’architecture postmoderne n’est pas mentionnée, et la présentation de ses caractéristiques dans les « Modes of Architectural Communication » proposés par Charles Jencks dans The Language of Post-Modern Architecture (1977)2 est absente du discours de l’agence, qui semble privilégier une méthode de travail à la fois généraliste et néanmoins attentive à chaque situation. En dépit d’une référence explicite à cet auteur dans les opérations menées par de Jean-Marin, la problématique du langage architectural que portent les édifices abordés fait nécessairement l’objet d’une réflexion et d’un positionnement au moment de leur réhabilitation. L’emploi de qualificatifs comme « bavard » dans certaines notices produites durant les phases de projet témoigne en effet d’un rapport implicite au langage.

  • 3 Jacques Fredet et Jean-Christophe Laurent, Guide du diagnostic des structures dans les bâtiments d’ (...)

2D’un point de vue méthodologique, l’approche de de Jean-Marin s’est construite entre deux principaux apports sur le bâti existant ancien et moderne. Les ouvrages de Jacques Fredet sur les types d’édifices d’habitation parisiens et le diagnostic des structures constituent un premier ensemble de connaissances et d’outils de compréhension du bâti essentiellement préindustriel3.

  • 4 Franz Graf (dir.), La Cité du Lignon : 1963-1971 ; étude architecturale et stratégies d’interventio (...)
  • 5 Amélioration thermique des bâtiments collectifs construits de 1850 à 1974 : le guide ABC, EDIPA, Pa (...)
  • 6 André Micoud et Jacques Roux, « L’Architecture en procès de réhabilitation : réflexions sur l’appro (...)

3Pour le xxsiècle et la période contemporaine, le travail de Franz Graf sur la cité du Lignon et plus généralement l’histoire matérielle du bâti et le projet de sauvegarde4 font figure de repères essentiels dans la manière d’aborder les diagnostics et l’analyse des ressources existantes présentes dans chaque opération. De Jean-Marin, dans le cadre de la rédaction du guide pour l’Amélioration thermique des bâtiments collectifs construits de 1850 à 1974, apporte un ensemble de connaissances synthétiques par période de construction pour aborder ce sujet d’un point de vue matériel, historique et constructif. Outre les difficultés techniques et constructives posées par les immeubles construits à partir des années 19705, l’agence n’a pas immédiatement cherché à puiser dans les publications abordant la période postmoderne, si ce n’est les revues de l’époque comme Paris projet et l’Architecture d’Aujourd’hui. L’année 2024 a marqué un tournant dans la prise de conscience, en interne, de l’intérêt de cette période qui requiert une documentation spécifique. Paris postmoderne en fait partie, mais sa découverte est postérieure aux cas d’études abordés ici. Face à cette situation, l’approche généralement appliquée par l’agence a été convoquée pour chacun d’eux, sans que l’appartenance à la période postmoderne n’apparaisse comme un critère majeur. Les composantes de chaque édifice sont analysées de manière à faire émerger un ordre, qui est nommé le « sens de l’existant » qu’il s’agit de révéler par l’intervention de la réhabilitation. Ce point de vue renvoi d’une certaine manière à l’article d’André Micoud et Jacques Roux, « L’architecture en procès de réhabilitation », qui met en avant la question du « sens » et de « la cohérence architecturale d’origine6 » .

4Au sein de l’agence, il est considéré que les critères qui permettent d’évaluer la valeur d’un édifice de logement social se distinguent du patrimoine remarquable et monumental. Dans le cas du patrimoine ordinaire dont s’occupe de Jean-Marin, ce sont les qualités intrinsèques aux composantes des édifices qui sont recherchées, ainsi que les relations qu’elles entretiennent entre elles et qui peuvent générer une assise projectuelle. La définition de ces composantes s’amorce durant les appels d’offres et se précise au moment du diagnostic, en analysant autant que possible les documents d’origines (permis de construire, images, publications, documentation sur les architectes), l’évolution de la morphologie urbaine, des usages, l’état existant et les pathologies. Ce travail d’observation critique permet de révéler l’authenticité et la cohérence des composantes majeures, ce qui conduit à retrancher de manière objective tous les éléments participant davantage à un geste rapporté plutôt qu’à une intelligence d’ensemble.

5L’agence porte la même attention de principe aux édifices reconnus ou inconnus, publiés ou ignorés. Elle s’évertue à la récolte du plus grand nombre d’informations possible, des permis de construire d’origine aux éventuelles publications dans la presse, sans discernement de valeur (voir : fig. 5 )

6Il est visé une confortation des qualités en place et/ou latentes, à partir de l’exploration des potentiels de l’existant. Les choix de conservation, de suppression ou de modification se font en fonction des objectifs du nouveau projet, qui alliera, à des niveaux différents, les qualités préexistantes et celles que porte l’intervention. La relation au caractère d’authenticité de l’édifice d’origine peut ainsi fortement varier d’un projet à l’autre, jusqu’à disparaître lorsque les conclusions d’un diagnostic démontrent qu’un édifice se trouve dénué de toute cohérence entre ses composantes. Pour le présent article, nous puisons ainsi dans les diagnostics qui rassemblent un ensemble d’iconographie tout aussi technique que culturelle (revue de presse sur l’architecte et/ou son œuvre le cas échéant, inscription dans l’histoire architecturale), les notices architecturales de permis de construire et certains documents intermédiaires produits par de Jean-Marin. Ces sources complémentaires permettent d’apprécier l’assise de connaissances analytiques produite qui a servi à orienter des pistes de projet entre existant et additionnel.

  • 7 Voir le troisième axe de l’appel à article du dossier n° 21 « Documentation et Conservation de l’hé (...)

7La centralité de la réhabilitation ne doit pas faire oublier la nécessité de s’intéresser et de comprendre la posture d’origine, notamment du point de vue du langage architectural, parfois abondant, qui s’exprime en façade. La rencontre entre deux formes d’intentionnalités, celle qui a présidé à l’édification de l’œuvre et celle qui guide son adaptation aux besoins présents et à venir, pose de nombreuses questions sur le rapport entre l’authenticité des idées et de la matière7. Cet article entend donc interroger la résolution de cette tension dans le projet de réhabilitation d’immeubles de logements sociaux construits autour de 1980, à partir de l’expérience de l’agence de Jean-Marin. Pour ce faire, il propose un retour critique sur une pratique à l’œuvre, en se focalisant essentiellement sur cinq cas d’études. L’analyse réflexive de la production d’une agence, menée par un chercheur en immersion dans cette structure, semble assez originale ; elle permet cependant un accès aux sources directes en même temps qu’un certain détachement vis-à-vis de l’œuvre produite (voir tableau 1.)

8Au fond, il ne s’agit pas de faire la démonstration d’une méthode clés en main, mais plutôt de rendre compte du cheminement qui a conduit à se poser certaines questions au fil des interventions et à prendre conscience de plus en plus finement des possibilités relatives au projet de réhabilitation d’immeubles d’habitations de la période postmoderne.

Renouveler l’identité par un travail sur l’enveloppe et le volume

  • 8 Voir référence n° 184 de l’ouvrage de Jean-Louis Violeau, Paris postmoderne architectures 1973-1993(...)

9Le premier cas d’étude concerne un immeuble d’angle situé au 31, rue des Malmaisons, dans le 13e arrondissement de Paris, pour le compte du bailleur l’Habitat Social Français (HSF). Il est appelé « Gandon » dans la liste des projets de l’agence, en référence à la rue de laquelle il est le plus visible. Le bâtiment d’origine n’a vraisemblablement fait l’objet d’aucune publication. Il se révèle en effet beaucoup plus modeste et moins remarquable que celui de Jean-Paul Viguier et Jean-François Godry construit en 1984 au 33-37, rue Gandon8, situé à moins de 100 mètres. Pour comprendre cette intervention, nous exploiterons essentiellement les documents produits pour l’avant-projet sommaire (APS) et le permis de construire (PC) qui fixent les grandes orientations notamment du point de vue des façades et de la volumétrie (Voir : fig. 1).

10Les notices architecturales rédigées par l’agence lors des premières phases du projet de réhabilitation sont des sources précieuses, car elles contiennent généralement une analyse de l’édifice dans son contexte urbain, ses caractéristiques architecturales, l’état des différents logements et les orientations de projet. S’il ne s’agit pas d’un discours théorique, ce document constitue néanmoins une pièce écrite essentielle pour l’énonciation des arguments et des intentions des architectes chargés de la réhabilitation même lorsque la rédaction s’avère très factuelle.

11Le titre du document annonce d’emblée l’objectif de l’opération, à savoir la construction de quatre logements en surélévation et la réhabilitation énergétique « plan Climat » d’une résidence de 12 logements à l’adresse susmentionnée. Les différents exemples que nous aborderons s’inscrivent également dans la concrétisation de la politique volontariste de la Ville de Paris par ce plan Climat fixant les objectifs de réduction de gaz à effet de serre, de réduction de la consommation d’énergie et de réhabilitation thermique de son parc immobilier d’ici 2050.

  • 9 de Jean-Marin architectes, « Construction de 4 logements et réhabilitation énergétique plan climat (...)

12Situés dans un quartier densément bâti et aux époques de construction hétérogènes, les voisins de l’immeuble d’angle présentent des volumétries marquées et contrastées, du petit immeuble faubourien en R+3 aux grands ensembles et tours d’habitation. Le bâtiment d’origine date de novembre 1979, comme le révèle le permis de construire9. Nous notons que le nom de l’architecte n’est pas mentionné, ce qui donne une première indication sur la moindre valeur accordée à l’édifice. La description des qualités architecturales de l’édifice est très factuelle :

  • 10 Ibid.

Le rez-de-chaussée étant surélevé, les fenêtres des logements de celui-ci sont situées en allège à environ 2 mètres du niveau de la rue.
En étage, les séjours bénéficient de portes-fenêtres bipartites et tripartites, et les chambres de portes-fenêtres bipartites. Les cuisines sont éclairées par des baies à deux vantaux sur allège.
En rez-de-chaussée l’ensemble des pièces et éclairé par des baies sur allèges, bipartites et tripartites.
La composition de la façade est régulière, les fenêtres et portes-fenêtres sont alignées dans les deux dimensions ; mis à part les deux parties formant saillies, les surfaces enduites sont uniformes et lisses. Le soubassement est traité en recouvrement de carreaux Céram 5x5 de couleur marron.
Aux fenêtres des rez-de-chaussée sont associées des jardinières permettant d’assurer une certaine distance entre le logement et l’espace public de la rue10.

13Qu’il s’agisse des façades, de la composition des plans, de la structure ou des matériaux, aucune qualité majeure n’est soulignée par l’analyse menée par l’agence. Les huit logements visités présentent des états variables et quelques pathologies essentiellement liés à des problèmes d’humidité (dégâts des eaux, moisissure, infiltrations, écaillement de peinture). Les orientations projectives énoncées reprennent le principe de surélévation proposé par l’étude de faisabilité reçue lors de l’appel d’offres. Quatre logements (3 T2 et 1 T1) sont ainsi créés. Les plans sont composés afin que le séjour bénéficie toujours du plus grand éclairement en étant traversant ou à trois orientations.

Figure 1. Projet Gandon, photographie de l’existant, 2016

Figure 1. Projet Gandon, photographie de l’existant, 2016

© de Jean-Marin et associé.e.s

Figure 1bis. Projet Gandon, vue du bâtiment projeté, PC, 2016

Figure 1bis. Projet Gandon, vue du bâtiment projeté, PC, 2016

© de Jean-Marin et associé.e.s

  • 11 Ibid.
  • 12 Ibid.
  • 13 Ibid.

14D’un point de vue structurel, le présent projet s’appuie sur le principe d’une capacité portante suffisante de la structure existante pour recevoir une surélévation en structure légère en bois. Ce choix est motivé par la légèreté et la rapidité de montage d’éléments préfabriqués, qui s’avèrent très pertinents en milieu occupé. La note présente ici des arguments techniques pour justifier de choix qui vont fortement modifier l’aspect initial de l’édifice : « L’utilisation d’une ossature bois permet le principe de l’isolation répartie qui offre le meilleur compromis entre performance thermique et optimisation des surfaces11. » Le changement manifeste en façade est pleinement assumé par la situation d’angle du bâtiment dans un environnement massif, ce qui justifie de réaffirmer sa présence. Le système d’isolation par l’extérieur, bardé en bois et enduit, permet d’unifier le bâtiment d’origine et la surélévation plutôt que de mettre en exergue leur distinction. Un second argument justifiant la transformation radicale de la façade tient à la volonté d’accompagner la « force, l’assise et l’urbanité » de la situation d’angle avec « un certain dynamisme permettant de pallier au systématisme répétitif du dessin d’origine12 ». Ces éléments de discours pour le moins laconiques s’avèrent clairement interventionnistes et en rupture franche vis-à-vis du dessin, des rythmes et des proportions de l’existant. Il est pleinement assumé d’absorber les variations de nus dans la nouvelle épaisseur de l’isolation thermique extérieure au profit d’une nouvelle dynamique au registre horizontal, que renforcent des décalages au niveau des surélévations. Le nouveau dessin des baies et de la façade, par l’alternance des encadrements aux teintes d’enduits différentes avec un léger ressaut apporte une nouvelle rythmie et des variations d’un niveau à l’autre13 (Voir : fig. 1bis Fig. 1ter).

Figure 1ter. Projet Gandon, développé de la façade du projet, PC, 2016

Figure 1ter. Projet Gandon, développé de la façade du projet, PC, 2016

© de Jean-Marin et associé.e.s

Figure 2. Projet Gandon, Maquette d’étude

Figure 2. Projet Gandon, Maquette d’étude

© de Jean-Marin et associé.e.s

15Le travail en maquette et développé de façade a permis d’explorer un projet d’enveloppe en explicitant l’opportunité de transformation offerte par la nécessité d’isoler par l’extérieur. Au fond, si l’argumentation sur les moindres qualités architecturales d’origine aurait pu être davantage poussée, le discours, par ses explications très réalistes et pragmatiques, expose clairement une forte ambition de renouvellement du caractère de cet immeuble au statut urbain particulier du fait de sa situation en angle. Il s’agit évidemment d’une démarche des plus modificatrices en termes d’enveloppe et de gabarit, qui constitue un exemple manifeste d’effacement par le rhabillage et la réécriture de la façade d’un immeuble ordinaire de la période postmoderne. Enfin, le décalage de la surélévation marqué au niveau de l’enveloppe permet renforcer la lisibilité de la vêture qui constitue la façade plutôt que sa portance initiale (Voir : fig. 2).

Continuité et rupture entre l’enveloppe existante et la nécessité de surélever

  • 14 Voir réf. n° 401 dans Jean-Louis Violeau, Paris postmoderne : architectures 1973-1993, op. cit.
  • 15 de Jean-Marin, « Groupe 15035 - 97 à 105, rue de la Jonquière - 2/4/8/20, rue Bessières - 6/7/10, i (...)

16Le second immeuble est un ensemble de 45 logements sociaux pour personnes âgées réalisé par Bernard Bourgade et Michel Londinsky pour les bailleurs HSF et Régie immobilière de la ville de Paris (RIVP). Dans Paris postmoderne, Jean-Louis Violeau note le « penchant pour les “portes urbaines” des deux architectes ainsi que le “traitement monumental de la rotonde14” ». Les caractéristiques affirmées et lisibles seront davantage prises en compte pour le sens qu’elles confèrent à l’ensemble de l’édifice. Nous mobiliserons ici trois documents principaux : le dossier de diagnostic/esquisse (DIAG/ESQ), celui de l’APS, de l’avant-projet définitif (APD) et la notice architecturale du PC. L’analyse architecturale du DIAG s’intéresse aux façades et aux espaces extérieurs ; cependant, nous nous concentrerons ici sur les problématiques d’enveloppe. Les critères d’études retenus dans ce chapitre important du point de vue du langage architectural abordent d’abord le rapport plein/vide, puis les registres verticaux et horizontaux15. Le diagnostic a aussi pour objectif d’être assez exhaustif concernant les matériaux employés. En façade, il est à noter la présence de parements en pierre agrafée, d’enduits colorés, d’enduits de soubassement, de bandeaux en béton armé et de balcons en béton préfabriqué. La variété des baies est assez manifeste : rondes, arrondies, larges, en angle, teintées ou encore en pavées de verre. Une douzaine de pathologies sont repérées précisément. Il s’agit le plus souvent d’encrassement, de ruissellement, d’oxydation, d’efflorescences, de fissures, d’épaufrures, de pierres ébréchées, de reprise en enduit ciment ou encore de décollement d’enduit. Outre la critique sur le manque d’homogénéité causé par le registre vertical, la décomposition des éléments de langage postmoderne présents en façade, notamment la rotonde et la « porte urbaine » n’est pas particulièrement pointée dans le dossier.

17Ce cas d’étude est particulièrement intéressant pour la manière dont le processus de projet cherche à adapter la création de 12 logements en surélévation, notamment du point de vue de la structure et de l’enveloppe existante. La partie esquisse rappelle les principales contraintes :

  • 16 Ibid., p. 53

- La structure de la surélévation doit venir prendre appui au nu de la façade principale ; un système de portique va donc venir en appui devant la façade existante. Il conviendra, dans le cadre du projet de façade, d’intégrer les portiques structurels au R+6 pour reprendre les charges de la surélévation. Cette nouvelle façade en R+6 va donc constituer un masque partiel devant les baies existantes.
- Un grand nombre d’éléments « décoratifs » ont été mis en place sur les façades existantes : bandeaux, colonnes et pilastres… la plupart, ceux formant une saillie mineure, pourront être déposés et donc absorbés dans le dessin futur de la façade.
- A contrario, certains éléments plus importants (pilastres, colonnes, marquises), forment des « accidents » plus importants et leur intégration est plus délicate. Des sondages devront être menés sur certains éléments pour vérifier la possibilité de leur dépose16.

18La contrainte technique et constructive prime sur l’écriture architecturale. Les éléments « décoratifs » et les « accidents » sont principalement relevés. Cette approche très critique et détachée des spécificités stylistiques du Postmodernisme permet de justifier la quête d’une nouvelle homogénéité. Si l’intervention semble respectueuse des grandes lignes du bâtiment de Bourgade et Londinsky, la question de la limite de celle-ci reste un impensé qui mériterait d’être posé. Les principales intentions de projet explicitant le rapport avec le bâtiment d’origine, sa volumétrie, et son écriture notamment en façade ont été énoncées ainsi :

  • 17 Ibid.

Il est choisi d’intégrer les surélévations dans la logique compositionnelle des façades existantes ; effectivement, les façades et les volumes existants portent déjà une certaine complexité (multiplicité de traitement des types de surfaces, des traitements de baies, des ornements, …). Le but des différentes surélévations sert ainsi de prétexte à une simplification du langage de l’ensemble construit et à une homogénéisation de traitement entre les façades sur rue et celles sur cour.
Deux pistes sont actuellement étudiées pour le dessin des façades ; elles visent toutes les deux des objectifs de simplification et d’homogénéisation ; elles visent également à donner un statut d’équivalence aux façades sur rue ou sur l’intérieur de l’îlot, qui par sa grande dimension, peut appeler à ce type de traitement17.

19Si la volonté de simplifier et d’homogénéiser le dessin des façades est claire, les moyens pour y parvenir vont quant à eux connaître d’un cheminement assez foisonnant durant les phases d’avant-projet, jusqu’à la validation d’un choix précis lors de la demande de PC. Un carnet rassemblant l’ensemble des recherches projectuelles a été constitué au moment de l’APS en juillet 2019, tâchant de lier les façades existantes et la partie surélevée. Elles contiennent des croquis et des photographies de maquettes (Voir : fig. 3).

Figure 3. Projet Jonquière, l structure mise en exergue, APS, 2019

Figure 3. Projet Jonquière, l structure mise en exergue, APS, 2019

© de Jean-Marin et associé.e.s

20De ce carnet de recherche, nous retiendrons les trois propositions d’intention architecturale en façade, ainsi que la volonté affirmée de mettre en exergue la structure :

  • 18 de Jean-Marin, « Groupe Jonquière / Bessières 75017 Paris – APS – Carnet de recherche », juillet 20 (...)

La mise en exergue de la structure en portiques, des volumes rendus à leur plus simple expression et une lecture de la surélévation par un registre horizontal en bandeaux.
L’égalité de traitement de l’enveloppe et de la surélévation par une surface rapportée, un impact visuel minimal de la structure et une lecture de la surélévation par un joint creux.
La lecture de la structure et de la nature du bâti jusque dans le traitement de l’enveloppe existante et de la surélévation18.

21L’abondance de solutions avancées à cette étape traduit la difficulté du projet à trouver une réponse juste et adéquate au regard de l’existant (Voir : fig. 4). Le point commun de ces trois pistes consiste à donner à voir nettement la surélévation, par différents moyens.

Figure 4. Projet Jonquière, croquis de recherche, APS, 2019

Figure 4. Projet Jonquière, croquis de recherche, APS, 2019

© de Jean-Marin et associé.e.s

  • 19 de Jean-Marin, « Groupe 15035 - 97 à 105, rue de la Jonquière – 2/4/8/20, rue Bessières – 6/7/10, i (...)

22L’orientation retenue pour la demande de PC consiste à surélever « en continuité de la volumétrie existante en prenant soin toutefois de limiter l’impact sur la qualité d’ensoleillement des logements situés au dernier niveau des bâtiments existants ». Cette préoccupation de l’ensoleillement des logements existants implique notamment de poser la surélévation en retrait des terrasses filantes et des séjours. La dépose des garde-corps maçonnés au profit d’éléments de serrureries plus ouverts est également choisie en ce sens. Le principe structurel retenu est celui des portiques en bois apparents reposant sur les façades porteuses. La partie surélevée est volontairement rendue très lisible et la matérialité des portiques en bois fait écho aux nouvelles menuiseries extérieures19.

23En ce qui concerne les façades, il est indiqué que l’ambition d’homogénéité est assurée par « la pose d’une isolation thermique extérieure et de menuiseries bois sur l’ensemble du projet ». La notice architecturale réaffirme surtout la volonté d’absorber « les différents nus des façades existantes pour diminuer la complexité formelle de l’existant et traiter l’ensemble des bâtiments de façon simple et homogène ». La nouvelle peau en surépaisseur, formée par l’ITE constituée de laine de roche enduite, joue ainsi ce rôle unificateur. Les variations de couleur sont abandonnées au profit d’un bardage de pierre agrafée de ton grège au rez-de-chaussée et d’un enduit lisse courant blanc sur le reste des façades. En dépit d’une approche manifestement modificatrice et d’une distance évidente vis-à-vis des nombreux éléments de langage qui composent les façades d’origine, le projet vise principalement la production d’une unité d’ensemble. Les nombreuses recherches formelles permettent de comprendre qu’au-delà de cette visée simplificatrice aucune réponse a priori n’est évidente et que la pose d’une ITE ne va pas forcément de pair avec l’homogénéisation. Toutefois, celle-ci induit la dépose d’éléments de façade considérés ici comme « nombreux », y compris la marquise qui couvrait la « porte urbaine » ouvrant sur le boulevard Bessière, assez caractéristique du bâtiment d’origine.

La simplicité au défi de la complexité de façade

24Le troisième cas d’étude concerne un ensemble de 117 logements, du bailleur social HSF, situé cours du Liégat, dans le 13arrondissement de Paris construit en 1992 par les architectes Patrice Dalix et Pascale Viellard. Les deux ailes qui composent symétriquement la cour ne dépassent pas les R+3 ni la hauteur des immeubles voisins.

  • 20 de Jean-Marin, « Cour du Liégat/Paris 13 - Diagnostic - Réhabilitation énergétique de 117 logements (...)

25Le diagnostic pointe les qualités de l’ensemble, notamment l’unité de la composition suivant un axe de symétrie principal et la répétition de parties symétriques. L’effet produit mêle à la fois l’échelle domestique à une sensation de perspective monumentale. L’analyse des façades réalisée dans le cadre du diagnostic apprécie d’une part l’alternance d’avancées et de retraits, qui offre « une pluralité d’espaces comme autant d’opportunités d’appropriation par les habitants », et d’autre part des changements de matérialité (pierre agrafée et enduit) participant chacun de l’« échelle domestique et pittoresque ». Une nuance est toutefois apportée en révélant que la « série de particularismes complexifie l’organisation spatiale, mais surtout les dispositions structurelles et constructives ». Le diagnostic critique le manque d’attention dans le détail de ces points particuliers, qui nuit à la pérennité et à la qualité de l’édifice20.

  • 21 Ibid., p. 22

26L’analyse distingue l’alternance répétitive de deux types de façade. Le (Type A et A’) en pierre agrafée et le (Type B et B’) fait de murs enduits. Afin de répondre au programme prévoyant l’« amélioration des performances de l’enveloppe des bâtiments et l’amélioration du confort d’été comme d’hiver21 », les premières orientations de projet portées par l’esquisse proposent plusieurs points assez critiques sur les façades d’origine :

  • 22 Ibid., p. 40

Les bâtiments comportent des ouvrages apportant, par leur conception et leur mise en œuvre, des pathologies. Les murs rideaux, les retraits en façades et gradinages en sont les exemples principaux. Et cela a eu pour effet de détériorer les différents matériaux qui composent les façades.
[L’ITE] aura comme effet d’améliorer les performances thermiques de l’enveloppe et permettra, du fait de l’épaississement des façades, l’intégration des occultations. Ce traitement en façade sera également l’opportunité de simplifier les éléments qui fragilisent l’ensemble et de lisser les bâtiments par l’emploi d’un même enduit. Une réflexion particulière est menée sur l’isolation thermique par l’extérieur et les différents points singuliers sur lesquels elle sera mise en œuvre afin d’assurer l’unité de l’opération22.

27Nous retrouvons la tonalité critique factuelle, qui n’aborde pas le langage architectural mais s’intéresse essentiellement aux pathologies observées au droit des nombreux ouvrages spécifiques que comporte l’édifice. La détérioration est un bon argument pour opérer un changement capable de résoudre l’altération en question. Si la solution tient à l’ITE, elle opère néanmoins une lecture fine des problèmes posés par l’ajout d’épaisseur en façade, notamment au droit des balcons, qui deviennent pour certains inutilisables. Pour pallier ce problème, l’idée consiste à ajouter et à agrandir les balcons de la façade principale. Cette générosité s’accompagne encore une fois d’une volonté de « simplifier » et d’« assurer l’unité de l’ensemble ». En phase esquisse, cette ambition est allée un peu loin dans le lissage général de la façade, qui a fait perdre certains éléments majeurs de la composition des façades (voir : fig. 5).

Figure 5. Projet Liégat, comparatif des élévations, APD, 2023

Figure 5. Projet Liégat, comparatif des élévations, APD, 2023

© de Jean-Marin et associé.e.s

28Une variante plus aboutie a été proposée en phase APD (juin 2023). Il nous intéresse toutefois d’exposer plus avant les choix opérés et le positionnement vis-à-vis du bâtiment de 1990. Dans la notice accompagnant la déclaration préalable de travaux (DP), il est mentionné le fait d’avoir voulu améliorer « le dessin et la composition du lieu » en veillant à :

  • 23 de Jean-Marin, « Cour du Liégat / Paris 13 - DP - Réhabilitation énergétique de 117 logements », ma (...)

- comprendre les qualités existantes de l’ensemble bâti et les utiliser comme support de projet.
- améliorer les performances thermiques et le confort des logements23.

  • 24 Ibid.

29Cette amélioration peut être lue comme une correction, voire une réécriture. Le sous-titre de la notice portant sur les façades est on ne peut plus explicite : « Vers une façade moins bavarde ». De nouveau, l’ITE va permettre d’absorber « certains des différents nus des façades pour diminuer la complexité formelle de l’existant et traiter l’ensemble des bâtiments de façon simple et homogène24 ». Cette récurrence apparente, qui semble faire peu de cas des nombreuses spécificités de l’architecture postmoderne, peut être démentie ici par les solutions permettant le traitement de points singuliers qui ne se retrouvent pas lissés ni recouverts par la nouvelle épaisseur d’isolant. En effet, il est précisé que :

  • 25 Ibid.

Les murs rideaux inclinés sont recouverts d’un revêtement en feuilles de zinc avec conservation des baies qui deviennent des lucarnes rentrantes.
Les grandes baies traitées en mur-rideau sont traitées pour les parties pleines avec un revêtement en panneaux de fibrociment. Les menuiseries PVC sont remplacées par des menuiseries en aluminium et des occultations en persiennes aluminium et/ou stores tissus extérieurs sont ajoutés25.

30Le carnet de détails des points singuliers proposé en janvier 2023 illustre la volonté de résoudre aussi bien certaines caractéristiques remarquables des façades principales sur cours et surtout les nombreuses situations de loggias, balcons, poteaux affleurants, escaliers menant au jardin, menuiseries particulières et menuiseries d’angle (Voir : fig. 6).

Figure 6. Projet Liégat, extraits du carnet de détails, APD, 2023

Figure 6. Projet Liégat, extraits du carnet de détails, APD, 2023

© de Jean-Marin et associé.e.s

Figure 6bis. Projet Liégat, extrait du carnet de détails des points singuliers, APD, 2023

Figure 6bis. Projet Liégat, extrait du carnet de détails des points singuliers, APD, 2023

© de Jean-Marin et associé.e.s

31Ce travail de détail répond effectivement au double objectif d’amélioration posé par le projet, et témoigne de la capacité à « utiliser les qualités existantes comme support de projet » en dépit de l’intention de réduire l’impression de bavardage des façades d’origine (Voir. fig. 7 ).

Figure 7. Projet Liégat, perspective, APD, 2023

Figure 7. Projet Liégat, perspective, APD, 2023

© de Jean-Marin et associé.e.s

Améliorer le confort et les performances tout en révélant un bâti manifeste

32La sensibilité de l’agence pour le patrimoine postmoderne a connu un tournant lorsqu’il s’est agi d’intervenir sur des ensembles remarquables du point de vue de la relation intelligible des composantes architecturale et de la reconnaissance de la pensée de leurs auteurs. Le premier cas concerne les immeubles Acacias 2 et les Aulnes, construits en 1984 par Ionel Schein et Sylvie Bernard-Boyet pour le compte de la RIVP au sein de la ZAC des Amandiers, dans le 20e arrondissement de Paris. Jean-Louis Violeau a consacré un paragraphe à cette opération, qui permet également de situer Ionel Shein dans le paysage culturel et intellectuel de son époque :

  • 26 Voir réf. n° 251 dans Jean-Louis Violeau, Paris postmoderne : architectures 1973-1993, op. cit.

Face à l’ensemble de logements d’Andrault & Parat rues des Amandiers, Duris et de Tlemcen, Ionel Shein joue la carte d’une architecture aux volumes simples emboîtés, dessinant un rythme plutôt qu’un décor ou une anecdote pour attirer le regard. Le carrelage blanc appuie ces effets volumétriques – même si l’enduit coloré originel a été blanchi, l’immeuble ayant fait l’objet d’un ravalement. Considérant l’œuvre de Ionel Schein – qui aura écrit et théorisé bien plus qu’il n’aura construit –, cet immeuble singulier par rapport à ses recherches pionnières sur les matières plastiques – il dessina la première maison en plastique en 1956, dont le prototype au plan en escargot connut une postérité remarquable. Et peut-être plus singulier encore au regard des positions organiques, proliférantes et flexibles qu’il défendit longtemps. L’architecte livre donc l’une de ses rares réalisations peu après l’abandon officiel (le 5 juillet 1983) du projet parisien d’Exposition universelle imaginé en vue de célébrer le bicentenaire, en 1989, de la Révolution française. Schein s’y était engagé sur le site Est, autour de Bercy, aux côtés de Vittorio Gregotti et d’Antoine Grumbach, avec un « pont habité26 ».

33Le diagnostic mené par de Jean-Marin en décembre 2022 comporte une analyse architecturale en trois chapitres : historique, urbaine, extérieure ; une analyse technique en deux chapitres : clos couvert, parties communes et privatives ; ainsi que des orientations de projet. L’analyse historique permet de mettre en perspective cet ensemble de logements dans l’œuvre documentée de Ionel Schein ; le dossier lui consacre ainsi une page complète de biographie synthétique illustrée.

  • 27 de Jean-Marin, « Ensemble immobilier Tlemcen-Duris-Amandier, Réhabilitation Plan climat d’un ensemb (...)

34L’analyse des extérieurs porte une grande attention à la composition des façades. « L’utilisation de modules de fenêtres et d’une forte symétrie » est appréciée pour son aspect régulier sur la façade principale. L’« importance donnée à la composition à l’échelle urbaine par le traitement en plusieurs corps de façades » est aussi notée. Les caractéristiques de la cour des Acacias 2 sont marquées par la symétrie, des redents et une ponctuation par les cages d’escalier cylindriques. Pour l’ensemble des Aulnes, l’analyse retient le « système homothétique basé sur la forme du carré ». Au niveau du passage Duris et de la cour des Aulnes, la crèche apparaît comme une exception par les proportions de ses ouvertures et ses « surfaces carrelées blanches et colorées ». Les circulations verticales se présentent là aussi comme des cylindres qui organisent la composition. L’analyse critique les interventions menées entre 2012 et 2017 sur les accès en façade et le sas de sécurité entre la rue et le hall27. Ces travaux relativement récents ne présentent quasiment aucun lien logique avec le sens de l’édifice d’origine.

  • 28 Ibid., p. 12

35La partie du diagnostic qui nous intéresse tout particulièrement est celle portant sur le clos et le couvert et qui complète l’analyse des façades. Elle distingue cinq types de façades : curvilignes en grille béton, à redent, creusées, avec loggias, planes. Pour chacune d’entre elles, les différents matériaux sont précisément décrits. Les propositions de projet se font à partir des situations identifiées : loggias, façades courbes, menuiseries d’angles, situations courantes et à l’aide du catalogue des menuiseries trouvé dans les documents d’archives. À ce stade, le diagnostic propose donc des hypothèses d’isolation thermique concernant ces situations. Les premières pistes de projet rentrent immédiatement dans le détail sur mesure, avec comme objectifs la « conservation des surfaces de vitrage maximales », le « respect de la plasticité du bâtiment (surfaces planes et courbes, minceur de certains éléments)28 (voir : fig. 8).

Figure 8. Projet Tlemcen, comparatif des élévations, DP, 2023

Figure 8. Projet Tlemcen, comparatif des élévations, DP, 2023

© de Jean-Marin et associé.e.s

36Dans la DP, la description des édifices concernés par le projet de réhabilitation thermique énonce toute l’ambition de l’intervention en deux phrases :

  • 29 de Jean-Marin, « Ensemble immobilier Tlemcen-Duris-Amandier, Réhabilitation Plan climat d’un ensemb (...)

Leur matérialité s’exprime par l’utilisation d’un enduit blanc, de surfaces faïencées et de percements de formats variables. Les choix de projets visent à conserver ces qualités existantes et à respecter le plus simplement possible les dispositifs existants29.

37Même la présentation générale sur le traitement des façades est extrêmement succincte :

  • 30 Ibid., p. 4.

Les façades sont isolées thermiquement par l’extérieur avec complexe en isolant en fibre de bois recouvert d’un d’enduit de teinte proche de l’existant, finition talochée lisse (RAL 9003 blanc sécurité). Les zones faïencées en façades sont déposées et redélimitées avec une teinte d’enduit légèrement plus soutenue qu’en partie courante (RAL 7035 gris clair) afin de conserver le rythme des motifs des façades existantes30 [fig. 9].

Figure 9. Projet Tlemcen, détails, AVP, 2023

Figure 9. Projet Tlemcen, détails, AVP, 2023

© de Jean-Marin et associé.e.s

38En dépit d’une modification matérielle importante le projet recherche, une proximité de teinte avec l’existant et préserve l’ordonnancement des parties de la façade par une subtile distinction de surfaces au sein d’une matérialité plus homogène. Celle-ci fait le choix de ne pas plaquer de la faïence sur l’ITE par souci d’économie, d’une part, et de contrainte technique, d’autre part, étant donné qu’il n’existe à ce jour pas de DTU le permettant. S’il n’existe pas de différence fondamentale de méthode entre ce projet et les précédents, nous ne pouvons que constater qu’en raison de l’autorialité d’un architecte ayant reçu une certaine reconnaissance, il n’est plus question de critiquer un quelconque « bavardage », mais au contraire de comprendre et de conserver les qualités de l’œuvre lors de sa réhabilitation thermique. Nous pouvons encore regretter la perte de certaines qualités matérielles, mais l’ambition de pérennité des ouvrages est aussi un argument pertinent.

39Un dernier projet mérite d’être abordé pour entrevoir le parti adopté dans le cas de la réhabilitation d’une œuvre manifeste de l’architecture postmoderne : l’ensemble des Hautes-Formes, réalisé en 1979 par Christian de Portzamparc et Georgia Benamo pour la RIVP. Il est évidemment présent dans l’ouvrage Paris postmoderne, et l’auteur résume parfaitement la place singulière qu’occupe ce projet dans l’histoire de l’architecture contemporaine :

  • 31 Voir réf. n° 65 dans Jean-Louis Violeau, Paris postmoderne : architectures 1973-1993, op. cit.

Tout à fait singulièrement, l’ensemble de logements des Hautes-Formes a été reconnu simultanément sur la scène française et internationale. À peine achevé, il était déjà exposé et publié : on l’attendait cette hirondelle annonçant le printemps de l’architecture, si bien qu’elle devint très vite « la » manifestation française d’un mouvement international dénommé postmodernisme architectural31.

  • 32 de Jean-Marin, « Mission complète de maîtrise d’œuvre pour la réhabilitation Plan Climat d’un immeu (...)

40De Jean-Marin a répondu à la seconde phase de l’appel d’offres pour la réhabilitation « plan Climat » de cet ensemble de 209 logements. L’expérience n’est pas allée plus loin, mais nous disposons néanmoins d’une note méthodologique de 38 pages qui esquisse des pistes d’intervention assez détaillées. Dès l’introduction, le caractère manifeste de l’œuvre est rappelé, ainsi que la nécessité de « comprendre les enjeux de l’époque de sa construction, et ce dans toutes ses dimensions, ainsi que d’analyser l’ensemble des composantes qui le constituent32 ». En matière de pensée urbaine, ce projet s’avère critique vis-à-vis du quartier moderne des Olympiades en proposant « l’îlot ouvert » et une grande variété typologique à l’échelle du logement. Face à un projet manifeste possédant une valeur patrimoniale certaine bien que ne faisant pas l’objet d’une protection particulière, l’agence adopte une position très claire :

  • 33 Ibid.

Notre démarche s’appuiera donc sur la compréhension des enjeux de l’époque et de la réponse architecturale et urbaine proposée par Christian de Portzamparc et Giorgia Benamo ; à partir de celle-ci nous étudierons la confrontation des logiques en place avec les attendus contemporains portés par le programme notamment, et engagerons une démarche prospective qui visera à lier le respect des premières avec un apport circonstancié de réponse aux deuxièmes. […]
Il ne s’agit pas ici de répondre à la seule question de l’efficacité énergétique par une enveloppe rapportée la plus fine possible, mais plutôt de réinterroger l’ensemble de la proposition actuelle dans son usage, ses pratiques, sa participation à la ville (alors même que sa dimension traversante ait été annihilée très rapidement), sa matérialité, tout autant que sa poésie et son exemplarité33.

41Le projet viserait à conserver et à magnifier l’équilibre créé entre les masses, la lumière et le rythme des différents éléments qui composent l’ensemble construit.

  • 34 Ibid., p. 5.

42Il y a ainsi des impondérables dans le projet existant, qu’il ne peut s’agir de modifier : la fragmentation des édifices, la forme des vides, les vues, la variété des baies, les proportions, la géométrie et l’épaisseur des façades. Les choix de réhabilitation veilleront donc à leur affirmation et à une intelligence relationnelle avec elle. La note méthodologique insiste sur l’attention à porter à l’« enveloppe constituée de façades sculptées ». Le vide de l’îlot ouvert est lui aussi une composante majeure de cet ensemble pour la hiérarchie particulière qu’il crée entre l’espace public et l’espace privé. Le décor offert par les nombreuses façades anime le lieu tout en conférant une dimension théâtrale à l’espace public34. De Jean-Marin insiste fortement sur la dimension sculpturale des façades et l’épaisseur perçue :

  • 35 Ibid.

L’objectif du projet a été de créer une épaisseur entre l’espace public et le privé, afin de ne pas les confronter de manière brutale. Le sentiment produit est que l’on est venu sculpter, entailler et creuser dans l’épaisseur de la façade. Alors que l’épaisseur réelle n’est que de 20 cm elle paraît épaisse de 50 cm. Ces qualités seront naturellement à prendre en considération dans l’étude du projet de réhabilitation35.

  • 36 Ibid., p. 9.

43Ce point est absolument majeur et il est précisé plus loin que pour ce faire, la solution d’ITE devra être aussi attentive aux parties courantes qu’aux points singuliers, afin de ne pas desservir la rigueur géométrique du projet initial, de ne pas épaissir le dessin de la façade et de n’impacter qu’a minima les proportions existantes36. Pour illustrer ces principes méthodologiques, une planche A0 a été produite, avec une coupe perspective et une élévation. Ces deux dessins à la main, colorisés numériquement, rendent compte de l’attention portée au détail clés de l’ITE et figurent assez bien l’intention de préserver l’aspect et les qualités matérielles et plastiques d’origines (Voir : fig. 10. et fig. 11).

Figure 10. Couverture de l’Architecture d’Aujourd’hui, n° 202 « Rénovation, Réhabilitation ou Restauration », avril 1979.

Figure 10. Couverture de l’Architecture d’Aujourd’hui, n° 202 « Rénovation, Réhabilitation ou Restauration », avril 1979.

© l’Architecture d’Aujourd’hui

Figure 11. Projet Hautes-Formes, extrait de la planche de rendu A0, appel d’offres 2phase, 2023

Figure 11. Projet Hautes-Formes, extrait de la planche de rendu A0, appel d’offres 2e phase, 2023

© de Jean-Marin et associé.e.s

  • 37 Jean-Louis Violeau, « Scènes de la vie postmoderne parisienne », dans Paris postmoderne : architect (...)

44Ces deux derniers projets ne doivent pas être vus comme plus pertinents ou plus approfondis que les précédents. Ils se confrontent à des œuvres dont l’autorialité manifeste et reconnue ne procure, selon l’agence, pas davantage de valeur patrimoniale que la cohérence d’ensemble qui caractérise ces édifices. La méthode n’est donc en soi pas tellement différente d’un projet à l’autre. Les objectifs s’adaptent aux circonstances et aux enjeux posés par l’existant avec une grande attention portée aux détails, car c’est là que se joue la finesse de la rencontre entre les éléments pleins isolés et les menuiseries extérieures. Il est toutefois notable qu’un changement de point de vue et une acculturation à l’architecture postmoderne est intervenu au sein de l’agence sous forme de prise de conscience progressive, et en particulier lorsqu’elle a commencé se confronter à des édifices tels que ceux de Ionel Shein et Sylvie Bernard-Boyet ou de Christian de Portzamparc et Georgia Benamo. Comme si l’agence avait suivi l’invitation de Jean-Louis Violeau à « reconsidérer la sincérité de ces architectures » et à leur « donner quelques lettres de noblesse ». La sensibilité pour ce type d’opération s’est progressivement aiguisée et de Jean-Marin entend continuer à œuvrer à la préservation autant qu’à l’adaptation au réchauffement climatique de ce patrimoine « aujourd’hui très menacé », « ayant montré des difficultés à vieillir » et « très présent dans le paysage parisien37 ».

45En guise de conclusion, nous proposerons de synthétiser les postures d’interventions observées dans ces cinq cas d’études.

Tableau 1. Synthèse générale des cas d’études

Nom du projet

Gandon

Jonquière

Liégat

Tlemcen

Hautes Formes

Architectes

AMNR

Bernard Bourgade et

Michel Londinsky

Patrice Dalix et Pascale Viellard

Ionel Schein et

Sylvie Bernard-Boyet

Christian de Portzamparc et Georgia Benamo

Dates

1980

1989

1992

1984-1985

1979

Commanditaire

HSF

RIVP

HSF

RIVP

RIVP

Budget HT

1 100 000 € (réhab)
650 000 (neuf)

2 846 534 (réhab)
3 881 368 (neuf)

3 900 122 €

8 018 550 €
Compris aléas 5 %

11 000 000 €

Programme

2016
Construction de 4 logements, réhabilitation énergétique « plan Climat » d’une résidence de 12 logements

2016
Réhabilitation plan Climat d’un ensemble immobilier de 104 logements pour une surface habitable totale d’environ 6 200 m2 en milieu occupé et construction d’environ 12 logements en surélévation

2021
Réhabilitation énergétique d’une résidence de 117 logements

2020
Réhabilitation plan Climat en milieu occupé de l’ensemble immobilier Tlemcen-Duris-Amandiers

2023
Réhabilitation plan Climat d’un immeuble occupé de 209 logements rue des Hautes-Formes

© de Jean-Marin et associé.e.s

46Ce tableau permet de relativiser un éventuel changement dans la manière d’intervenir sur les immeubles postmodernes chez de Jean-Marin. En effet, la réponse apportée apparaît davantage comme une conséquence de la qualité architecturale intrinsèque de l’édifice et dans le sens que le diagnostic permet de mettre en lumière. Ainsi la valeur patrimoniale des édifices traités est bien un critère déterminant, mais plus du point de vue de son intelligibilité que de celui du rapport au niveau de notoriété de l’architecte. En effet, chaque édifice fait l’objet d’une enquête approfondie. Il apparaît que les résultats sont factuels et laconiques lorsqu’il n’y a pas matière à plus de développement par manque de qualités à l’origine. Il arrive également que les diagnostics présentent une description sensible plus fine lorsque cela s’avère nécessaire et pertinent. Il s’agit en réalité de chercher à documenter au maximum l’édifice, y compris à partir de publications existantes lorsqu’il y en a. L’objectif reste toujours de produire des connaissances nouvelles sur les édifices à partir d’une vision globale de l’ensemble des composantes, à partir de laquelle l’agence tâche de faire émerger du sens si tel n’est pas le cas dans l’état existant ou d’origine.

  • 38 Cf. Fausses corniches les fausses corniches, encadrements et bandeaux de Jonquière.

47L’expérience de la réhabilitation de ces différents projets a permis d’amender la méthodologie en place ; ainsi, au regard de la complexité des composantes portées par les bâtiments postmodernes, des précisions ont dû être apportées. À titre d’exemple, il a été nécessaire de clarifier la distinction entre des éléments ornementaux et des éléments structurels38. Cette même question s’est posée dans le cadre de la conservation d’arches sur le projet des Hautes-Formes.

  • 39 Cf. Projet Tlemen avec le remplacement des carrelages muraux sur béton par une peinture laquée sur  (...)

48La notion de décor et de factice en façade, largement répandue dans l’architecture postmoderne, nous oblige à prendre position quant à la conservation ou à la simple dépose de ce type d’éléments. Dans le cadre d’une isolation thermique par l’extérieur, la restitution, ou non, de tels éléments se pose également. Lorsque le diagnostic démontre qu’ils participent à l’intelligence d’ensemble mais qu’ils ne peuvent être conservés en l’état, l’agence vise, plutôt qu’une reproduction à l’identique, leur restitution sous une autre forme ; elle signale ainsi la contemporanéité de son intervention et affirme une certaine authenticité de celle-ci par rapport au projet initial39. Ce choix est orienté pour l’agence par une volonté de rendre compréhensible les bâtiments qu’elle traite, jugeant qu’une telle transparence est culturellement salutaire.

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Notes

1 L’auteur, Julien Correia, travaille chez de Jean-Marin en tant que chercheur depuis septembre 2021. Il n’a pas participé aux projets abordés dans l’article.

2 Charles Jencks, The Language of Post-Modern Architecture, New York, Rizzoli, 1977.

3 Jacques Fredet et Jean-Christophe Laurent, Guide du diagnostic des structures dans les bâtiments d’habitation anciens : ouvrages types, capacité structurale, pathologies, Paris, Éditions Le Moniteur (Référence technique), 2013 ; Jacques Fredet, Types courants de l’architecture mineure parisienne : de la fin de l’époque médiévale à nos jours avec l’anatomie de leur construction, Éditions de la  Villette, Paris, 2020 (nouvelle éd. revue et enrichie).

4 Franz Graf (dir.), La Cité du Lignon : 1963-1971 ; étude architecturale et stratégies d’intervention, Gollion, Infolio Éditions ( Patrimoine et architecture), 2012 ; Franz Graf, Histoire matérielle du bâti et projet de sauvegarde, Lausanne, Presses polytechniques et universitaires romandes, 2014.

5 Amélioration thermique des bâtiments collectifs construits de 1850 à 1974 : le guide ABC, EDIPA, Paris, 2011.

6 André Micoud et Jacques Roux, « L’Architecture en procès de réhabilitation : réflexions sur l’appropriation patrimoniale des traditions constructives », Les Annales de la recherche urbaine, n° 72 « Patrimoine et modernité », 1996, p. 136.

7 Voir le troisième axe de l’appel à article du dossier n° 21 « Documentation et Conservation de l’héritage postmoderne » des Craup, [en ligne] [https://journals.openedition.org/craup/13085], consulté le 10/02/2024 ; Benjamin Chavardès, Les Enjeux théoriques de la réhabilitation : actes du 3e séminaire du réseau Architecture, patrimoine et création, École nationale supérieure d’architecture de Lyon 1er au 2 décembre 2016, vol. 1, Lyon, Presses architecturales de Lyon, 2019.

8 Voir référence n° 184 de l’ouvrage de Jean-Louis Violeau, Paris postmoderne architectures 1973-1993, Paris, Éditions du Pavillon de l’Arsenal, 2023.

9 de Jean-Marin architectes, « Construction de 4 logements et réhabilitation énergétique plan climat d’une résidence de 12 logements 29, rue Malmaison/23, rue Gandon 75013 Paris, APS, Notice architecturale », pour le compte d’HSF, août 2016.

10 Ibid.

11 Ibid.

12 Ibid.

13 Ibid.

14 Voir réf. n° 401 dans Jean-Louis Violeau, Paris postmoderne : architectures 1973-1993, op. cit.

15 de Jean-Marin, « Groupe 15035 - 97 à 105, rue de la Jonquière - 2/4/8/20, rue Bessières - 6/7/10, impasse Pèlerin -75017 Paris – DIAG », août 2017, p. 26.

16 Ibid., p. 53

17 Ibid.

18 de Jean-Marin, « Groupe Jonquière / Bessières 75017 Paris – APS – Carnet de recherche », juillet 2019, p. 2-6.

19 de Jean-Marin, « Groupe 15035 - 97 à 105, rue de la Jonquière – 2/4/8/20, rue Bessières – 6/7/10, impasse Pèlerin, 75017 Paris, PC 4, Notice architecturale », février 2020, p. 8.

20 de Jean-Marin, « Cour du Liégat/Paris 13 - Diagnostic - Réhabilitation énergétique de 117 logements », juin 2022, p. 16.

21 Ibid., p. 22

22 Ibid., p. 40

23 de Jean-Marin, « Cour du Liégat / Paris 13 - DP - Réhabilitation énergétique de 117 logements », mai 2023, p. 16.

24 Ibid.

25 Ibid.

26 Voir réf. n° 251 dans Jean-Louis Violeau, Paris postmoderne : architectures 1973-1993, op. cit.

27 de Jean-Marin, « Ensemble immobilier Tlemcen-Duris-Amandier, Réhabilitation Plan climat d’un ensemble de 132 logements, 4 commerces et une crèche, RIVP, DIAG B-I », décembre 2022, p. 12-14.

28 Ibid., p. 12

29 de Jean-Marin, « Ensemble immobilier Tlemcen-Duris-Amandier, Réhabilitation Plan climat d’un ensemble de 132 logements, 4 commerces et une crèche, RIVP, DP, Notice architecturale », juillet 2023, p. 2.

30 Ibid., p. 4.

31 Voir réf. n° 65 dans Jean-Louis Violeau, Paris postmoderne : architectures 1973-1993, op. cit.

32 de Jean-Marin, « Mission complète de maîtrise d’œuvre pour la réhabilitation Plan Climat d’un immeuble occupé de 209 logements rue des Hautes-Formes à Paris 13e, Note méthodologique », RIVP, octobre 2023, p. 3.

33 Ibid.

34 Ibid., p. 5.

35 Ibid.

36 Ibid., p. 9.

37 Jean-Louis Violeau, « Scènes de la vie postmoderne parisienne », dans Paris postmoderne : architectures 1973-1993, op. cit.

38 Cf. Fausses corniches les fausses corniches, encadrements et bandeaux de Jonquière.

39 Cf. Projet Tlemen avec le remplacement des carrelages muraux sur béton par une peinture laquée sur ITE.

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Table des illustrations

Titre Figure 1. Projet Gandon, photographie de l’existant, 2016
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Titre Figure 1bis. Projet Gandon, vue du bâtiment projeté, PC, 2016
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URL http://journals.openedition.org/craup/docannexe/image/15456/img-2.jpg
Fichier image/jpeg, 463k
Titre Figure 1ter. Projet Gandon, développé de la façade du projet, PC, 2016
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URL http://journals.openedition.org/craup/docannexe/image/15456/img-3.jpg
Fichier image/jpeg, 247k
Titre Figure 2. Projet Gandon, Maquette d’étude
Crédits © de Jean-Marin et associé.e.s
URL http://journals.openedition.org/craup/docannexe/image/15456/img-4.jpg
Fichier image/jpeg, 124k
Titre Figure 3. Projet Jonquière, l structure mise en exergue, APS, 2019
Crédits © de Jean-Marin et associé.e.s
URL http://journals.openedition.org/craup/docannexe/image/15456/img-5.jpg
Fichier image/jpeg, 64k
Titre Figure 4. Projet Jonquière, croquis de recherche, APS, 2019
Crédits © de Jean-Marin et associé.e.s
URL http://journals.openedition.org/craup/docannexe/image/15456/img-6.png
Fichier image/png, 548k
Titre Figure 5. Projet Liégat, comparatif des élévations, APD, 2023
Crédits © de Jean-Marin et associé.e.s
URL http://journals.openedition.org/craup/docannexe/image/15456/img-7.jpg
Fichier image/jpeg, 253k
Titre Figure 6. Projet Liégat, extraits du carnet de détails, APD, 2023
Crédits © de Jean-Marin et associé.e.s
URL http://journals.openedition.org/craup/docannexe/image/15456/img-8.jpg
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Titre Figure 6bis. Projet Liégat, extrait du carnet de détails des points singuliers, APD, 2023
Crédits © de Jean-Marin et associé.e.s
URL http://journals.openedition.org/craup/docannexe/image/15456/img-9.jpg
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Titre Figure 7. Projet Liégat, perspective, APD, 2023
Crédits © de Jean-Marin et associé.e.s
URL http://journals.openedition.org/craup/docannexe/image/15456/img-10.jpg
Fichier image/jpeg, 409k
Titre Figure 8. Projet Tlemcen, comparatif des élévations, DP, 2023
Crédits © de Jean-Marin et associé.e.s
URL http://journals.openedition.org/craup/docannexe/image/15456/img-11.jpg
Fichier image/jpeg, 436k
Titre Figure 9. Projet Tlemcen, détails, AVP, 2023
Crédits © de Jean-Marin et associé.e.s
URL http://journals.openedition.org/craup/docannexe/image/15456/img-12.jpg
Fichier image/jpeg, 396k
Titre Figure 10. Couverture de l’Architecture d’Aujourd’hui, n° 202 « Rénovation, Réhabilitation ou Restauration », avril 1979.
Crédits © l’Architecture d’Aujourd’hui
URL http://journals.openedition.org/craup/docannexe/image/15456/img-13.jpg
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Titre Figure 11. Projet Hautes-Formes, extrait de la planche de rendu A0, appel d’offres 2phase, 2023
Crédits © de Jean-Marin et associé.e.s
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Fichier image/jpeg, 79k
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Pour citer cet article

Référence électronique

Julien Correia, « Rhabillez-moi ! Stratégies sur mesure dans la réhabilitation de cinq immeubles de logements postmodernes parisiens »Les Cahiers de la recherche architecturale urbaine et paysagère [En ligne], 21 | 2024, mis en ligne le 30 novembre 2024, consulté le 20 mars 2025. URL : http://journals.openedition.org/craup/15456 ; DOI : https://doi.org/10.4000/12x4w

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Auteur

Julien Correia

Julien Correia est architecte HMONP et maître de conférences (TPCAU) à l’École nationale supérieure d’architecture de Lyon, chercheur à l’UMR EVS/LAURE, chercheur associé à l’UMR AUSser/Ipraus. Il a enseigné dans les ENSA de Bretagne et de Paris-Belleville et a soutenu une thèse de doctorat à l’université Paris-Est en 2021 sur la formation et la diffusion des idées de l’architecte italien Aldo Rossi en France autour de 1970. Il a communiqué sur le sujet lors de plusieurs journées d’études, colloques internationaux et à travers la publication d’articles soumis à comité de lecture dans des revues et ouvrages collectifs. Il prépare actuellement la publication d’un ouvrage issu d’une recherche au sein de l’agence de Jean-Marin architectes (Paris) sur les fondements théoriques et les principes d’une pratique de la réhabilitation du bâti ordinaire. Il a publié ? avec Nicole Cappellari ? « Philippe Panerai, des Beaux-arts à la quête de l’urbain »,

AMC, n° 316, septembre 2023, p. 10-15.

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