1La prolifération croissante des images, leurs nouveaux régimes de production et de diffusion ont fait naître la nécessité de repenser les approches iconologiques. C’est dans ce sens qu’a émergé, à la fin du XXe siècle, la discipline germanique Bildwissenschaft, que l’on pourrait approximativement traduire par « science de l’image ». En croisant les textes des partisans de la Bildwissenschaft, tels que Klaus Sachs-Hombach, Hans Belting, Horst Bredekamp ou encore Gottfried Boehm, cet ouvrage dirigé par Maud Hagelstein invite à nous intéresser de plus près à cette discipline. Car, bien qu’elle soit encore peu répandue en dehors des frontières allemandes et que peu de textes aient fait l’objet de traductions, les préoccupations que celle-ci soulève sont en résonance avec les recherches francophones et anglophones en théorie contemporaine de l’image. Le projet de cette anthologie n’est pas de donner une définition unifiée de la Bildwissenschaft, mais plutôt d’en dégager les enjeux et les problématiques. La Bildwissenschaft trouve ses sources théoriques dans l’iconologie, malgré le fossé épistémologique qui se dessine entre les deux disciplines. Face à l’iconologie, souvent jugée étriquée, rigide et généralisante, les sciences contemporaines de l’image en favorisent une approche plus transdisciplinaire et moins intrinsèque, constatant que « la signification de l’image serait moins dans l’image elle-même que dans le tissu de relations « "intersubjectives, pragmatiques, institutionnelles" qu’elle entretient avec l'extérieur. » (p. 17) Elle tend à prendre en considération les multiples aspects de l’image en croisant différentes approches, notamment sémiotiques, anthropologiques, perceptuelles, phénoménologiques et pragmatiques. Comme le soutient Georges Didi-Huberman, il est indispensable pour l’iconologue de questionner sans cesse la méthodologie d’analyse à travers laquelle il œuvre afin de réduire autant que possible les distances entre le chercheur et l’objet de recherche. Pour ce faire, cet ensemble de textes amorce des discussions sur les méthodologies d’analyse de l’image et ouvre de possibles cadres théoriques, comme nous y invite le texte de Klaus Sachs-Hombach (« L’image en tension entre déterminants perceptuels et sémiotiques », p. 167-178).