1A travers quinze articles, Architecture and Ugliness propose une réponse postmoderne au modernisme en architecture. Le livre s’ouvre sur une définition de la laideur et du monstrueux dans l’architecture postmoderne que chaque auteur·rice reprend en la nuançant pour leur propre étude de cas, majoritairement des exemples du XXe siècle. Ce sujet consacré à la laideur est inédit en architecture : contrairement à ceux sur la beauté et l’harmonie, il a longtemps été évité par la recherche qui ne savait que faire de ce concept trop ancré dans la réalité. Les articles ici regroupés érigent le laid et le monstrueux en une terrible force créative dont l’expérience remet en question notre relation au monde, en particulier notre système de représentations occidentales et les valeurs qui leurs sont associées. Le laid et le monstrueux permettent de se pencher sur des questions de catégories sociales telles que celle de la détention du bon goût par la classe dominante, face à la culture populaire. Cette opposition, aussi employée par le Pop Art, mène à des enjeux politiques qui se traduisent dans l’espace public. Quelle fonction sociale le pouvoir en place veut-il lui donner ? Créer un quartier à taille humaine pour entretenir la vitalité d’une communauté, proposer un lieu de rencontre, retrouver une identité propre ou encore rendre visible des populations autochtones sont des réponses concrètes à des enjeux réels, quotidiens. Il existe de multiples utilisations de la laideur par les architectes. Mais les auteur·rice·s s’appuient sur des références communes, telles qu’Emmanuel Kant, Karl Rosenkranz ou Umberto Eco, permettant de tisser des liens entre chaque étude de cas. De plus, des parallèles sont établis avec l’art postmoderne, citant par exemple, les critiques Craig Owens et Hal Foster à plusieurs reprises. S’appuyer ainsi sur des réalisations concrètes permet une meilleure compréhension de ces concepts de laideur, de monstruosité, de difformité ou de dissonance dans l’architecture. Cependant, bien que ces exemples enrichissent grandement le propos, il peut rester difficile de se figurer les bâtiments, n’ayant parfois sous les yeux que quelques illustrations.