1Artiste aux inspirations hétéroclites, Barthélémy Toguo « nous livre un bilan ascétique de l’homme, de l’histoire et du monde actuel » (p. 116) en interrogeant, à travers son œuvre, les relations fondamentales de l’homme avec la terre. Le catalogue de l’exposition éponyme, Désir d’humanité : les univers de Barthélémy Toguo, revient chronologiquement sur ses vingt dernières années de production au répertoire iconographique multiculturel. Il dialogue avec des objets d’art de cultures très éloignées : masques et statuettes rituels de différents pays d’Afrique, icônes religieuses occidentales et peintures italiennes de renom. Barthélémy Toguo (né en 1967 d’origine camerounaise), dont la première exposition personnelle date de 1999, aborde des thématiques humanistes et universelles : l’égalité, la justice, la liberté et l’écologie. L’exposition - fruit d’une collaboration entre le Musée du Quai Branly et la Fondation Dapper - revient sur ces thématiques et présente la diversité des techniques d’expression de l’artiste : peinture, sculpture, vidéo, installation et performance. L’ouvrage est enrichi de textes d’historiens de l’art et d’anthropologues. Les peintures aux corps, mains, crânes affublés de clous, sont entrent en résonance avec les Minkisi, « objets-force » des peuples kongos et le tympan d’un portail du XIII^e siècle reprenant l’iconographie chrétienne du jugement dernier. Du point de vue de l’ethnologie et de l’anthropologie, Jean-Pierre Warnier introduit le lecteur au cœur des rituels culturels de la région des Grassfields (en Guinée). Il raconte le caractère symbolique que revêtent les montants de portes sculptées, les masques Nya utilisés soit lors des funérailles, soit lors de festivals pour représenter des « êtres de la brousse » aux dents pointues ou des animaux (p. 75). L’accès à l’eau, un thème de ses peintures figurant des corps hybrides et végétalisés, trouve une nouvelle expression dans l’installation Water Matters (2021). Créé pour l’exposition, un environnement sonore présente une table immense jonchée de bouteilles de verre peintes. Par ailleurs, l’artiste a bâti Bandjoun Station au Cameroun, un centre culturel né d’« un travail de construction d’un nouveau modèle », une initiative innovante sur le continent, qui mêle écologie et art. Une exploitation agricole autonome accompagne le développement du lieu, un « corps-maison » où l’humain et la terre sont en harmonie.