• 1 [the time of human history and memory]

1Entre création d’une mémoire collective et critique de la société consumériste, la monographie de Roxy Paine revient sur une période de création fondamentale du sculpteur américain, celles des Dioramas réalisés de 2012 à 2017 et dont certains furent pensés dans les années 1990. L’artiste, au départ tourné vers la préservation de la nature américaine et sa représentation en couleur, bâtit ensuite des espaces souvent monochromatiques faisant un état des lieux des espaces de consommation contemporains vides de toute présence humaine. Comme un saut dans le futur, il invite à prendre conscience de la distance que ces structures sans vie mettent entre l’homme et la nature. Dans son premier Diorama créé en 2012, il utilise la taxidermie pour figer des animaux dans les décors de leur espace naturel en réaction à leur disparition progressive et à la mutation des paysages. Ses réalisations devenant monochromes, scènes aux proportions parfois grandeur nature, sont propres aux sociétés capitalistes : une cuisine de fast-food Carcass (2013), une salle de contrôle d’aéroport Check Point (2014). Roxy Paine étudie « le temps de l’histoire humaine et de la mémoire »1 (p. 9) à travers des espaces banals et familiers, typiques du libéralisme, générant des sociétés de contrôle en crise. Ses œuvres sont caractérisées par une absence persistante de l’homme en ses lieux qu’il a construit. Dans un échange avec Michael Goodson, l’artiste expose son regard nuancé sur l’apport de la technologie dans nos modes de vie et l’impact des industries de consommation, qu’il associe au mal de l’époque, sorte d’ennemi pour la santé et la vie. Les illustrations de Desolation Row (2016) en train d’être façonnées à l’atelier donnent une idée du processus de travail. L’œuvre, - une parcelle de forêt calcinée où seules les braises encore rouges apportent un frémissement -, mobilise la dichotomie entre beauté et destruction. Les Dioramas s’inscrivent dans la continuité de ses recherches sur les registres d’échelles antagonistes depuis ses arbres métalliques grandeur nature (Bulff) ou ces Neurones monumentaux (2009). Il y apporte une réflexion nouvelle sur l’idée d’espace-vécu, par un réalisme soulignant l’absurde et l’uniformisation, faisant de ses Dioramas une étape clé du développement de sa réflexion artistique.