• 1 [with], p. 269
• 2 [about], ibid.

1Slow Spatial Reader: Chronicles of Radical Affection est un ouvrage collectif auquel trente-neuf auteurs de vingt-quatre pays différents et issus de champs de réflexion divers ont contribué. Ce corpus de textes philosophiques et empiriques s’inscrit dans le mouvement de la Slow Science - initié en 2010 par des chercheurs Berlinois - qui revendique la lenteur et propose de lutter contre l’accélération des rythmes de la recherche pour privilégier la qualité sur la quantité. C’est la transversalité qui fait la qualité de l’ouvrage, par l’hétérogénéité des appartenances socio-professionnelles de chacun de ses auteurs. Le rapport au temps long et la réflexion sur la notion de ralentissement - devenant propice à l’observation, à la subtilité de l’expérience vécue - sous-tendent l’ensemble des contributions. De l’expérience personnelle de l’architecte devant un espace à bâtir, à celle de l’artiste dans son processus de création, des points de vue issus de disciplines antagonistes sont rassemblés. Le lecteur est invité à avoir le « courage de désapprendre pour réapprendre » et à se confronter à une expérience qui relève du sensible. L’ouvrage est une rencontre avec une pensée en archipel dans lequel les thématiques abordées suivent une gradation croissante : de l’infiniment petit, à différentes échelles du paysage, jusqu’au spatial. Le lecteur se trouve plongé dans un réservoir d’idées donnant matière à repenser le monde. Dans « Peregrination », un texte de poésie libre, l’écrivaine et dramaturge Ruth Little, revient sur son processus artistique dans lequel elle crée « avec »1 le mouvement perpétuel du monde et non pas « à propos »2 (p. 268-285). Cocky Eek, designer et artiste, aborde la marche comme un déplacement lent et solitaire favorisant un processus réflexif et méditatif, ce qui est une récurrence chez plusieurs des contributeurs de l’ouvrage (p. 132-139). Parcourir le territoire pour mieux en comprendre le sens, l’histoire, les fonctions à l’échelle de la morphologie humaine et ainsi élaborer des projets préservant l’alchimie entre les milieux. Architectes, écrivains, artistes abordent à la lumière de leur discipline ou de leur vécu, la façon dont ils font l’expérience du monde, la façon dont ils appréhendent la vie quotidienne et professionnelle en considérant les connexions subtiles entre l’homme, le temps et l’espace.