L’Intérêt à agir : quand l’art s’inquiète du droit des étrangers et du droit d’auteur

Toulouse : Lorelei, 2023, 60p. ill. en noir et en coul. 17 x 11cm, (Frictions)
ISBN : 9782958419332. _ 10,00 €
Textes de Patrick Bernier, Laye Diakité, Aliou Diallo, Pathé Diallo, Olive Martin, Sarah Mekdjian, Cynthia Montier, Marie Moreau, Saâ Raphaël Moundekeno, Abdul-Hadi Yasuev
Texte intégral
1L’ouvrage s’articule autour de plusieurs entrées (notions, concepts, idées, situations) au sein desquelles sont réunis essais, récits, témoignages et autres documents. Ce texte choral porte sur les démarches de trois collectifs : Karma (Cynthia Montier et Abdul-Hadi), le Bureau des dépositions (Mamadou Djouldé Baldé, Ben Bangoura, Laye Diakité, Aliou Diallo, Pathé Diallo, Mamy Kaba, Ousmane Kouyaté, Sarah Mekdjian, Marie Moreau et Saâ Raphaël Moundekeno) ainsi que Patrick Bernier et Olive Martin avec X et Y c/Préfet de... Plaidoirie pour une jurisprudence. Ces compagnon·ne·s de pensée conçoivent des performances à la lisière du droit des étranger·e·s et du droit d’auteur·rice·s. La co-auctorialité et la co-présences nécessaires sont au cœur de leurs démarches. Iels qualifient leurs projets d’« œuvre de collaboration » permettant à toutes les personnes de bénéficier des mêmes droits, ou encore d’« œuvre-récit », une archive vivante à activer collectivement (pour s’encapaciter). La notion d’« œuvre-milieu » à habiter, en opposition à des « choses-objet » ou des marchandises, est également développée par certain·e·s. Les auteur·rice·s, face à l’empêchement de leurs pièces, se font l’écho d’un « intérêt à agir » et d’une urgence à répondre aux politiques migratoires déshumanisantes. Le contentieux des étranger·e·s est perceptible via les trajectoires de plusieurs membres de ces collectifs : Abdul-Hadi Yasuev, arrêté et placé en centre de rétention administrative de Strasbourg lors d’une procédure de Dublin (2021) ou encore Aliou Diallo et Saâ Raphaël Moundekeno dont les arrestations ont été suivies d’OQTF (2022). Si le droit d’auteur·rice·s est une forme de stratégie permettant aux personnes en situation d’exil de travailler en France, il ne parvient pas à les protéger contre la violence des mesures légalisées. Il y a donc nécessité à « institutionaliser » le droit d’auteur·rice·s, c’est-à-dire, dans la lignée de ce que nous apprend François Tosquelles, à le soigner. Par ailleurs, le « pouvoir créateur du juge » intervient ici dans sa capacité à « dynamiter » (p. 44) le droit stéréotypé des étranger·e·s dans les tribunaux administratifs. Les collectifs créent « des dissensus, voire des contentieux, des hiatus entre des sources normatives spécialisées, depuis des cas situés et singuliers » (p. 55) : iels performent une justice à venir.
Pour citer cet article
Référence électronique
Cassandre Langlois, « L’Intérêt à agir : quand l’art s’inquiète du droit des étrangers et du droit d’auteur », Critique d’art [En ligne], Toutes les notes de lecture en ligne, mis en ligne le 01 juin 2025, consulté le 17 juillet 2025. URL : http://journals.openedition.org/critiquedart/114730 ; DOI : https://doi.org/10.4000/11umg
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