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2014

Thomas Bayrle : all-in-one

Yoann Van Parys
Thomas Bayrle : all-in-one
Thomas Bayrle : all-in-one

Villeurbanne : Institut d’art contemporain, 2014, 60p. 24 x 17cm

ISBN : 9782905985729

Introd. de Nathalie Ergino. Textes de Devrim Bayar, T. Bayrle, Jörg Heiser, Marta Kuzma

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Texte intégral

1Les années 2012, 2013 et 2014 donnent l’occasion au public européen de redécouvrir une œuvre que l’on avait pu momentanément oublier, à savoir celle de l’artiste allemand Thomas Bayrle, nonobstant ses précédentes apparitions aux génériques de grandes expositions internationales depuis les années 1980. En effet, en marge de sa très visible participation à la dernière Documenta (13), une rétrospective a circulé dans plusieurs centres d’art en France, en Belgique, en Italie et au Royaume-Uni qui a largement contribué à remettre son travail en lumière. Il s’agit du cas, peu habituel dans l’histoire de l’art, d’un artiste allemand que l’on peut sans trop de mal affilier à la mouvance du Pop art, augmenté d’esprit punk. Un Pop art allemand qui compte également en son sein l’excellent et regretté (eu égard à sa brève carrière) Peter Roehr et auquel on pourrait aussi associer le subtil Blinky Palermo. En résumé, du beau monde, auquel Thomas Bayrle n’a rien à envier. Le catalogue de l’exposition est paru en 2013 chez Walther König qui est et fut un accompagnateur de toujours de la carrière de l’artiste, s’étant notamment illustré par la publication régulière de ses nombreux livres d’artiste.

2Parmi les textes réunis dans ce catalogue, la contribution de Devrim Bayar (« Thomas Bayrle : de la grille à la spirale », p. 9-19) analyse la structure de la grille caractéristique du Pop art et encore plus de l’art de Thomas Bayrle. Elle rappelle pour ce faire la géniale intuition de Rosalind Krauss qui voyait, dès 1981, dans la grille une forme attractive pour les artistes du XXe siècle en ce qu’elle pouvait synthétiser les aspirations contradictoires qui les étreignaient, partagés qu’ils pouvaient être entre matérialisme et spiritualisme. Suit un textede Marta Kuzma (« Die Butter ist nicht alle : l’impulsion anarchique dans la conception du tissage de Thomas Bayrle », p. 21-29) qui revient sur la charge politique sous-tendant l’œuvre de Thomas Bayrle. Si ce dernier a réalisé des œuvres répétant naïvement des motifs, mais jouant en vérité du trompe l’œil hallucinatoire, il dénonce l’illusion que la classe politique allemande a voulu instaurer au lendemain de la guerre, là où il y avait nécessité à penser plus profondément et sans hypocrisie la coupure, la déchirure qu’elle avait provoquée au sein de la société. Dans la grande tradition du Pop art, Thomas Bayrle n’a de cesse de s’approprier, non sans humour, les stratégies de la publicité pour en révéler les dérisoires objectifs, et pour montrer par métaphore, comment de tels moyens peuvent soutenir une propagande idéologique.

3Enfin, un dernier texte, signé par Jörg Heiser (« Frankfurter Kreuz : une cartographie des pistes locales qui sillonnent l’œuvre d’envergure mondiale de Thomas Bayrle », p. 31-45), s’intéresse de plus près à la ville de Francfort où Thomas Bayrle a longuement vécu, en considérant celle-ci comme ayant été pour l’artiste un atelier et un laboratoire grandeur nature, propice à l’observation et à l’expérience de l’économique, du social, de l’urbanistique. Plus encore, la ville de Francfort, dans les développements qu’elle a connus depuis la guerre, semble avoir valeur d’exemple en matière de développement du capitalisme national et international.

4En fin de cahier, on trouve également une sélection d’écrits de la main de Thomas Bayrle lui-même (« Lettres de San Francisco au Frankfurter Rundschau », p. 47-60), qui vient ponctuer les précédents textes théoriques de façon fantasque. La langue sait s’y faire enflammée, hypnotique, dans la description du monde technologique et urbain qu’elle propose. Pour un peu, on croirait presque lire du F. T. Marinetti dans des textes pétris d’un Futurisme endiablé tout autant qu’amusé.

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Pour citer cet article

Référence électronique

Yoann Van Parys, « Thomas Bayrle : all-in-one », Critique d’art [En ligne], Toutes les notes de lecture en ligne, mis en ligne le 15 novembre 2015, consulté le 28 mars 2024. URL : http://journals.openedition.org/critiquedart/15551 ; DOI : https://doi.org/10.4000/critiquedart.15551

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