1En dix chapitres, New Dark Age démontre la saturation du monde par la technologie, l’opacité qui nous entoure malgré l’illusion d’un éclairage par le progrès de la science. Il décrit les efforts obsessionnels de calculer le monde et comment il en ressort une émanation complexe du monde, qui apparaît dans une densité noire. Les effets de cette opacité technologique sont toujours plus évidents : l’inégalité économique, l’effondrement de l’Etat-nation, la militarisation des frontières, la surveillance globale et la limitation des libertés individuelles, le triomphe du capitalisme neurocognitif, la montée de l’extrême droite, la dégradation de l’environnement. « The cloud », cette métaphore du « computational thinking » est très ambiguë. « The cloud » n’est pas que du vaporeux, c’est une véritable industrie qui contrôle et endommage notre pensée. Et ce qui s’évapore, c’est la possibilité d’action, la capacité de penser en tant qu’humain, l’homme pensant de plus en plus comme une machine. James Bridle analyse l’origine du « computation thinking » qui commence avec le contrôle de la météorologie. Les prévisions météorologiques ne sont pas le seul fait de l’origine de l’industrie de l’aviation. En elles réside aussi la genèse de la surveillance d’aujourd’hui. La question de la météorologie s’articule avec la problématique de la climatologie, de même que le dioxyde de carbone trouble l’esprit, la crise du « global warming » crée une crise de la pensée. Le calcul remplace la pensée consciente, la corrélation remplace la compréhension. La complexité du monde est exprimée par la technologie, qui confond passé et futur. James Bridley, avec une méthodologie qui croise la recherche artistique, l’activisme et la diffusion théorique, cherche à nous faire prendre conscience du rapport que nous entretenons avec les technologies, le how et le what deviennent nécessaires, non pour une véritable compréhension, mais simplement pour une alphabétisation face à la technologie.