1L’Arte Povera est la réédition d’un petit livre de l’historien de l’art, Giovanni Joppolo, publié en 1996 (Paris, Fall Edition) qui a pour sujet l’Arte Povera, un mouvement artistique italien qui rassemble onze artistes partageant un désir commun d’« appauvrissement » et de « déculturation » de l’art (Germano Celant, Precronistoria, 1966-69, p. 20). Ce mouvement néo-avant-gardiste se définit selon le principe du déplacement de l’attention critique, non plus sur un objet physique fini, mais sur le geste interventionniste de l’artiste sur la matière, par le biais d’actions éphémères et la production d’images pauvres plastiquement, et ce autour d’une « réflexion sur l’énergie, le corps, la matière, la naturel, l’artificiel, le surnaturel » (p. 24). Chronologique et thématique, la construction de cet ouvrage consiste en une énumération d’événements, de personnalités et des composantes théoriques qui participent de l’histoire du mouvement. L’auteur a pour ambition de « saisir ce mouvement dans la fraîcheur de sa proposition initiale » (p. 9), en l’inscrivant dans le contexte historique et conceptuel de l’époque de la seconde moitié des années 1960 : l’exposition Quand les attitudes deviennent formes d’Harald Szeemann (1969) ; l’émergence du mouvement Fluxus, du Minimalisme, du Land Art, de l’Antiforme, du Process Art et de l’Art conceptuel ; l’apparition de processus de créations inédits comme la performance ou l’installation. Le groupe italien partage avec ces différentes tendances artistiques une volonté de dématérialiser l’œuvre physique, une posture de rupture avec l’art du passé et le développement de nouveaux processus créatifs de renouvellement des langages plastiques. Ces fondements théoriques furent formulés durant cette période par l’action conjuguée de plusieurs acteurs critiques, et plus particulièrement de Germano Celant qui donna son nom au mouvement en 1969. La reproduction en annexe de ces textes fondateurs souligne l’importance des écrits théoriques dans l’édification et la réception du mouvement.