1Le catalogue d’exposition Noir et blanc : une esthétique de la photographie : collection de la Bibliothèque nationale de France reproduit en grande partie l’importante sélection de photographies en noir et blanc – appartenant aux collections de la Bibliothèque nationale de France – présentées au Grand Palais entre novembre 2020 et janvier 2021. Dans cette publication, les conservateurs du département des Estampes et de la Photographie de la BnF Sylvie Aubenas, Héloïse Conesa, Flora Triebel et Dominique Versavel soulignent ce qui fait la « force visuelle » de ces œuvres : « les effets graphiques des contrastes, les jeux et les expérimentations autour de l’ombre et de la lumière, les rendus de matières dans la palette des valeurs – du noir et du blanc presque purs, en passant par la gamme infinie de gris » (p. 11). Sont ainsi présentées des œuvres expérimentant des procédés techniques, à l’instar de la série photographique d’Emile Zola Denise et Jacques, les enfants d’Emile Zola, composée de six tirages d’un même négatif, chaque version offrant des nuances singulières (p. 34). D’autres images reproduites juxtaposent, quant à elles, les valeurs noire et blanche en jouant sur ce contraste, telle la photographie d’Imogen Cunningham Deux callas (1925) (p. 53). Le catalogue retrace en outre l’histoire de l’esthétique du noir et blanc. Dans l’étude intitulée « Face à la couleur : une histoire en creux du noir et blanc » (p. 185-190), l’historienne de la photographie Kim Timby note que l’expression « en noir et blanc » remplace le terme « monochrome » lorsque se développe la photographie « en couleurs » dans la première moitié du XX^e siècle, à la suite notamment de la commercialisation du film Kodachrome (1935). Puis, tout au long du même siècle, « [l]es deux formes de photographie sont progressivement investies de connotations différentes, chacune étant appréciée par rapport à l’autre aussi bien que pour ses propres qualités. Le choix entre elles devient ainsi une prise de position » (p. 188).