Gabriel Orozco, Written Matter: Work Notebooks 1992-2012
Cambridge : MIT Press, 2020, 380p. ill. en noir et en coul. 24 x 19cm, eng
ISBN : 9780262538879
Texte intégral
1Written Matter consiste ici en la transcription, d’abord publiée en espagnol, de dix-neuf carnets dans lesquels l’artiste Gabriel Orozco a compilé écrits et notes pendant près de dix ans, de la fin 1992 à la mi-2012. Le titre du volume insiste sur l’idée de « matière » écrite car, loin du retour d’une « forme » spécifique d’écriture, les types d’écriture varient : l’artiste accumule des aphorismes, questionnements, citations, listes aussi bien que des textes plus longs et construits. Les notes n’en sont pas moins parfois préparatoires à des œuvres (notamment la DS, de mai 1993 à janvier 1994, p. 117-127), ou à des expositions (ARC, Paris, 9 octobre 1997, p. 246-247 ; Stedelijk, Amsterdam, 21 septembre 1997, p. 248 ; Portikus, Francfort, 22 janvier 1999, p. 249). A moins encore qu’elles ne relatent un voyage (en Inde, par exemple, de janvier à février 1996, p. 206 à 215). A l’opposé de descriptions analytiques, des listes poétiques renseignent sur les intentions de l’artiste. Ne comprend-on pas mieux son travail avec l’aphorisme suivant ? : « La pulpe de la sculpture. La sculpture comme fruit. Construire depuis l’intérieur vers l’extérieur. La peau est la conséquence de ce qui est à l’intérieur. Graine, pulpe et peau » [The pulp of the sculpture. The sculpture as fruit. To build from the inside ouwards. The skin needs to be consequential to what is inside. Seed, pulp and skin] (p. 249). Loin d’être conçus pour un lecteur, ils accompagnent avant tout l’artiste au quotidien. Ne leur imputerait-il pas la fonction stabilisatrice que nul atelier ne remplit, puisque sa pratique se caractérise notamment par son nomadisme ? A ce titre, leur lecture est une occasion unique pour accéder à la genèse de questionnements et d’œuvres. Si c’est là le propre des écrits d’artiste, ceux de l’artiste mexicain remplissent particulièrement cette tâche, et résonnent de façon analogique avec son œuvre, attentive à la genèse des formes. En dépit de la diversité des tons d’écriture, on relèvera toutefois deux approches antinomiques et auxquelles il a également recours : la forme impersonnelle d’une part (qu’exprime cette note du 1er décembre 2010, « L’art est à propos de tout sauf de moi-même » [Art is about everything but myself], p. 343), et, d’autre part, le recours à l’expression à la première personne du singulier.
Pour citer cet article
Référence électronique
Vincent Romagny, « Gabriel Orozco, Written Matter: Work Notebooks 1992-2012 », Critique d’art [En ligne], Toutes les notes de lecture en ligne, mis en ligne le 30 novembre 2021, consulté le 18 avril 2024. URL : http://journals.openedition.org/critiquedart/68452 ; DOI : https://doi.org/10.4000/critiquedart.68452
Haut de pageDroits d’auteur
Le texte et les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés), sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Haut de page