• 1 MacLean, Caroline, « The Moores in Parkhill Road », Circles & Squares, Londres : Bloombury, p. 168
  [ (...)
• 2 MacLean, Caroline, « Herbert and Ludo at the Mall Studios », op. cit., p. 117
  [en anglais dans le li (...)
• 3 Ibid., p. 133
• 4 Chapitre 8 : « Axis and Circle : From Belsize Park to Fawley Bottom », p. 177- 198
• 5 Chapitre 4 : « Gropius, Moholy-Nagy and Breuer : Bauhaus in Britain », p. 83-116
• 6 Ibid., p. 231

1« En ce mois de septembre, lui et Irina ont rejoint Ben, Barbara et les autres dans le Norfolk pour deux semaines de vacances à Happisburg. […]1 » Emportés par le récit biographique et romanesque de figures incontournables de la scène artistique internationale, nous voilà piégés par l’écriture fluide et la trame astucieusement conçue par Caroline Maclean dans cet ouvrage à la croisée de l’histoire de l’art et de la littérature sur l’art. Une esquisse de plan du quartier de Hampstead plante le décor à l’ouverture du livre et rend visible l’articulation géographique autour de laquelle se déploie son dispositif d’écriture dans le Londres des années 1930. Très vite, l’autrice fait ressortir une photographie de groupe prise en 1931 sur une plage de Happisburg. Parmi les six individus alignés sur cette image d’archives, le sculpteur Henry Moore, sa femme Irina, les artistes Barbara Hepworth et Ben Nicholson se trouveront être au cœur de la narration. Dans le chapitre qu’elle consacre à l’historien de l’art et critique Herbert Read, Caroline Maclean rappelle comment cet « homme, qui devint la voix du modernisme britannique » s’installa lui aussi à Hampstead pendant l’été 1933. « L’appartement des Moore se situait à la frontière entre Hampstead et Camden Town, précise-t-elle encore. Read, Hepworth et Moore avaient tous fait leurs études à Leeds, et il n’est pas surprenant que ce trio du Yorshire passa autant de temps ensemble à Londres.2 » Attribuant à Herbert Read un rôle aussi influent que celui de Roger Fry au sein de Bloomsbury3, Caroline Maclean pointe entre autres l’admiration de Read pour les œuvres abstraites de Ben Nicholson. Herbert Read ne manquera pas les occasions d’écrire à son sujet dans la presse, et en particulier dans les revues Axis et Circle auxquelles un chapitre est entièrement consacré4. L’effervescente créativité de toute cette communauté d’artistes, de critiques, d’éditeurs, d’architectes, de designers réunis à Hampstead est perceptible dans les dix chapitres du livre. Les acteurs majeurs de la scène anglaise y jouent un rôle central, réunis autour de Barbara Hepworth et Ben Nicholson, tout en s’attardant aussi sur des pans d’histoires conjointes comme celle du groupe Unit One. L’accueil que ceux-ci ont réservé à László Moholy-Nagy, Piet Mondrian, Walter Gropius, Naum Gabo ou Alexander Calder en les faisant venir à Londres et en les aidant à s’installer à Hampstead témoigne de leur conviction commune en une modernité qui s’exprimait à ce moment précis par le prisme de l’abstraction, de l’art concret ou du Surréalisme. L’un des lieux – désormais historique – où tous se retrouvaient, est le Isobar à l’intérieur de l’audacieux immeuble Isokon. L’occasion rêvée pour Caroline Maclean de réécrire un volet de l’histoire, furtive mais bien réelle, du Bauhaus en Grande-Bretagne5. La Seconde guerre mondiale viendra reconfigurer la vie des femmes et des hommes dont ce livre fait resurgir quelques éclats de vie. « Mondrian prit la fuite vers New York, les Calder vers le Connecticut, Ben [Nicholson], Barbara [Hepworth] et les Gabo vers St Ives, les Moore vers Hertfordshire, […], les Moholy-Nagy vers Chicago, Gropius et Breuer vers le Massachusetts. Londres en tant que centre international du modernisme était derrière eux.6 »