Mathilde Roman, Habiter l’exposition : l’artiste et la scénographie
Paris : Manuella, 2020, 271p. ill. en noir et en coul. 22 x 15cm
ISBN : 9782490505135. _ 22,00 €
Préf. de Chantal Pontbriand
Texte intégral
1Si de prime abord le titre de cet ouvrage interroge, son sous-titre, L’artiste et la scénographie en précise l’orientation. Les fondements de cette recherche s’attachent ici à « la manière dont les pratiques de l’image en mouvement s’approprient la scénographie comme outil de mise en relation, d’orchestration, et non comme outil de clôture ou d’isolement perceptif » (p. 15-16). L’ouvrage qui en résulte s’articule autour d’un essai introductif suivi d’un panorama constitué de dix-huit entretiens d’artistes, historiques pour certains (Carolee Schneemann, Dan Graham), à côté de plus jeunes (tels que Pauline Boudry & Renate Lorenz, Jordi Colomer ou Laure Prouvost). Le tout mené dans l’esprit d’une coécriture, une « coconstruction de sens » (p. 93) relevée par Chantal Pontbriand dans la préface. Le texte d’ouverture esquisse les prémisses et les perspectives historiques relatives à la notion de scénographie (en excluant cependant toute référence au champ scénique), privilégiant des artistes pionniers comme El Lissitzky ou Herbert Bayer, dont l’œuvre soulève des enjeux aussi bien esthétiques que théoriques visant à l’émancipation individuelle. Cette notion se veut au cœur des échanges menés avec les artistes, choisis pour « leur manière de penser l’exposition comme prolongement du processus créatif, mais aussi par leur questionnement politique de l’image et par leur désir de s’adresser à des consciences actives inscrites dans des corps en éveil » (p. 61). A ce titre, on notera que certains entretiens éclairent de façon plus pertinente que d’autres le propos énoncé. Ainsi, Tony Oursler et son usage des marionnettes, pertinemment formulé comme une « adresse directe » (p. 119) au visiteur, poussée parfois jusqu’à sa mise à l’épreuve, Dominique Gonzalez-Forster pour qui il s’est toujours agi d’explorer « l’espace d’exposition comme une scène » (p. 175) ou encore la position critique d’un Dan Graham dénonçant certaines tendances actuelles comme une forme de spectacle. En comparaison de quoi, on regrettera que rien ne vienne renseigner la notion primordiale de « Kinetic Theater » [« Théâtre cinétique »] propre à Carole Schneemann. Il demeure toutefois que le prisme de ces approches en élargit l’acception première d’une façon riche (Eija-Liisa Ahtila et à sa préoccupation d’un « écocinéma » [p. 148]), et vérifie l’intention commune à ces artistes d’œuvrer à des états perceptifs avec une place active dévolue au spectateur.
Pour citer cet article
Référence électronique
Patricia Brignone, « Mathilde Roman, Habiter l’exposition : l’artiste et la scénographie », Critique d’art [En ligne], Toutes les notes de lecture en ligne, mis en ligne le 04 juin 2022, consulté le 18 avril 2024. URL : http://journals.openedition.org/critiquedart/77945 ; DOI : https://doi.org/10.4000/critiquedart.77945
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