Florian Gaité, Tout à danser s’épuise : essais critiques

Aurillac : Sombres torrents, 2021, 76p. ill. en coul. 19 x 12cm
ISBN : 9782490241033. _ 8,00 €
Texte intégral
1Tout à danser s’épuise de Florian Gaité est une traversée à grands pas de sept pièces chorégraphiques créées au cours des trois dernières décennies en France essentiellement – The Show Must Go On (2001) de Jérôme Bel ; The Dog Days Are Over (2014) de Jan Martens ; Lâche (2015) de Mélanie Perrier ; This is Concrete (2014) de Thiago Granato et Jefta Van Dinther ; Where Did Our Love Go (2019) d’Emilie Pitoiset ; Muriendose la sirena, pièce distinguée no 1 (1993) de La Ribot ; Performing Art (2017) de Noé Soulier –, et de trois expositions, dont A different Way to Move: Minimalismes NY, 1960-80 qui, en 2017 au Carré d’art de Nîmes, faisait à nouveau le point sur la dynamique des échanges entre la communauté des danseurs et celle des plasticiens, renouvelant les pratiques. Sept pièces et trois expositions, ou dix « figures », comme l’auteur les nomme, ponctuent, illustrent ou soutiennent une approche générique de la danse perçue avant tout comme lieu de la dépense, de la jouissance, de la perte, de l’usure, de la mort et de l’effondrement ; et par extension, quand celle-ci devient art, le socle d’une critique désespérée du capitalisme. L’ouvrage est structuré en six mouvements (« Entrer dans la dépense », « Excitation », « Exténuation », « Extinction », « Expiration » et « Vivre de Fatigue ») qui articulent références philosophiques et analyses d’œuvres à un rythme soutenu et aux accents provocateurs. Herbert Marcuse, Jacques Lacan, Karl Marx, Sigmund Freud, Friedrich Nietzsche mais aussi Clément Rosset, Alain Ehrenberg, Georg Simmel, Gilles Deleuze, Jean-Luc Nancy, Georges Didi-Huberman et d’autres encore sont convoqués pour faire signifier les œuvres, avec quelques échappées éclairantes vers le cinéma, la littérature ou encore la peinture. La place faite à la description de certaines d’entre elles offre la possibilité au lecteur d’accéder à des formes disparues et de s’en construire une représentation qu’il peut mettre en dialogue avec la lecture qui en est proposée. Une lecture toujours rapide, parfois même fulgurante, qui, en une ou deux phrases, a comme tout dit. On oscille, un peu haletant, tout au long de ce petit livre de 70 pages, entre le respect pour l’efficacité de l’interprétation et le regret de ne pas assister au déploiement nécessairement plus lent d’une réflexion fondée sur l’observation attentive des pratiques en danse.
Pour citer cet article
Référence électronique
Yvane Chapuis, « Florian Gaité, Tout à danser s’épuise : essais critiques », Critique d’art [En ligne], Toutes les notes de lecture en ligne, mis en ligne le 04 juin 2022, consulté le 09 juin 2023. URL : http://journals.openedition.org/critiquedart/77983 ; DOI : https://doi.org/10.4000/critiquedart.77983
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