1Recueil de textes écrits entre 2005 et 2012 par Fabienne Radi, Ça prend est divisé en cinq parties : « Susceptibles de partir dans plusieurs directions » (p. 13-84), « Plutôt en rapport avec des expositions » (p. 87-143), « Que l’on peut considérer comme des figures imposées » (p. 147-189), « En s’insérant dans la peau de George Kaplan » (p. 193-211) et « Difficiles à classer mais impossibles à éliminer » (p. 215-221). Autant de registres ouverts qui lui permettent d’étudier par exemple les représentations de la virilité dans « Ecart frontal » (p. 23-27) : qu’elle se penche sur la façon caractéristique d’« écarter les jambes en position frontale » dans la BD Pascal Brutal ou dans Elvis portraituré par Andy Warhol, en sachant « avoir l’air d’être à cheval sans y être », Fabienne Radi s’intéresse à la façon dont, dans l’art, le cinéma et la culture populaire, on passe d’images « unaires » à des formes plus ouvertes et moins univoques : jusqu’à quel point les représentations de « l’origine du monde » se transforment chez Madonna, comment travaille la figure de l’homme de lettres aujourd’hui.

2Ça prend, titre d’une exposition qui s’intéressait autant aux processus d’ordre physique de la mayonnaise qui prend qu’aux transformations géologiques millénaires, devient un mode de pensée. Comment appréhender, à l’aide d’outils sémiologiques, tout ce qui a trait à la pop culture en la mixant à des questionnements à plus long terme, ce point où quelque chose devient autre chose : ce concept d’une exposition coréalisée par Fabienne Radi en 2008 devient un paradigme d’écriture. Cette méthode basée sur la comparaison devient aussi un bon principe pour évaluer une exposition collective, dans laquelle la confrontation des œuvres produit autre chose que la somme de projets individuels, ou non. De l’angoisse des collectionneurs devant la plus-value aux considérations sur la forme d’objets comme la bouteille UHT, des nattes de Nina Childress à la Déterritorialisation ou au Portrait de Liliane Gray par François-Marie Banier : il semble qu’il n’y ait de sujets devant lesquels recule Fabienne Radi, sur un ton qui défraie et défrise.