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2021

Valérie Mréjen : Palais des Glaces

Patricia Brignone
Valérie Mréjen : Palais des Glaces
Valérie Mréjen : Palais des Glaces

Paris : Manuella, 2021, 230p. ill. en noir et en coul. 31 x 24cm, fre/eng

Expo. Index

ISBN : 9782490505180. _ 35,00 €

Textes de Thomas Clerc, Laurent Mauvigner, V. Mréjen, Bertrand Schefer

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Texte intégral

1Nulle phrase meilleure que celle de Bertrand Schefer, écrivain et co-auteur, pour nous introduire dans le monde de (ou selon, devrait-on dire) Valérie Mréjen, dont rend compte parfaitement ce catalogue : « c’est qu’ici tout communique. Les découpages, les romans, les vidéos, les photographies : ce […] sont toujours des histoires contenues, du langage ramassé sur lui-même » (p. 163). Le glissement d’un chapitre, ou d’une thématique à l’autre, se fait selon un jeu en correspondances, comme dans un roman à tiroirs dont les éléments s’agencent pour offrir une large vision où tout fait sens. Le goût pour les récits, véhiculés autant par les images que par les visages filmés, transparaît pleinement dans la conception de ce livre, confortée par le choix des auteurs reconnus pour leur écriture (Thomas Clerc, Laurent Mauvignier, Bertrand Schefer). Le langage, le récit de soi, les stéréotypes générés par les lieux ou les situations, tout comme les non-dits et les hors-champs quels qu’ils soient, tout cela constitue la matière même de l’univers mréjien (pour reprendre un qualificatif forgé par ses commentateurs) (p. 89). Ce même substrat fait de réel et d’imaginaire, mais aussi de mémoire fugitive restituée au moyen des mots (ou de leur économie), des corps, des paysages ou de tout autre décor, imprègne l’ensemble de cette œuvre. Qu’on déambule dans le monde lisse des cartes postales désuètes, à travers les échanges épistolaires de certains de leurs envoyeurs ou via les listes des noms du bottin téléphonique, ou encore à la surface des traits de ces personnages à l’existence palpable, se dégage cette même tonalité de vie secrète enfouie sous la plus grande banalité. En écho à ces jeux de diffractions (selon l’image du palais des glaces suggérée par le titre), on goûtera pleinement les brèves lettres adressées par Thomas Clerc, s’attachant par de subtils détours à tel ou tel aspect du travail, ainsi que les courts textes analytiques plein de sagacité de Bertrand Schefer, scandant chacune des séquences de l’ouvrage (annuaires, vidéos, cartes postales, livres, portraits filmés, portraits photographiques, enfants, légendes). Ces subtils contrepoints, souvent plein de fantaisie, sont étayés par un entretien de l’artiste avec Laurent Mauvignier. Toutes ces complémentarités de regards éludent la difficulté qui consiste à se présenter, évoquée par Valérie Mréjen dans l’introduction (qu’elle contourne par un récit familial éclairant) et que Thomas Clerc résume par ces mots : « Tu es vidéaste et cinéaste et écrivain et artiste et… n’est-ce pas l’intérêt d’aller d’un château l’autre pour hybrider les espèces ? » (p. 83). Une prouesse que parvient à rendre avec finesse cet ouvrage aux méandres labyrinthiques recelant bien des trésors.

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Pour citer cet article

Référence électronique

Patricia Brignone, « Valérie Mréjen : Palais des Glaces », Critique d’art [En ligne], Toutes les notes de lecture en ligne, mis en ligne le 30 novembre 2022, consulté le 29 mars 2024. URL : http://journals.openedition.org/critiquedart/85239 ; DOI : https://doi.org/10.4000/critiquedart.85239

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