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2020

David Diao

Yoann Van Parys
David Diao
David Diao

Paris : Mare & Martin, 2020, 375p. ill. en coul. 24 x 16cm, fre/eng

Bibliogr.

ISBN : 9791092054781. _ 37,00 €

Sous la dir. de Stéphane Mroczkowski. Textes d’Hélène Chouteau-Matikian, Michael Corris, Jean-Marc Huitorel, Mélanie Mariño, Alexandra Pignol, Heinz Peter Schwerfel

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Texte intégral

1Il se trouve à Strasbourg un groupe d’universitaires passionnés de l’œuvre du peintre sino-américain David Diao qui s’est lancé, sous la direction de Stéphane Mroczkowski, dans l’édition d’un imposant ouvrage critique bilingue dédié à l’artiste. La publication fait suite à un colloque consacré au peintre en 2014, tenu au Musée d’Art Moderne et d’Art Contemporain de Strasbourg et marqué par l’intention de réhabiliter l’artiste dans l’histoire de l’art.

2David Diao, né en 1943, est installé aux Etats-Unis depuis 1964. Il est l’auteur d’une œuvre assez curieuse qui, dès le départ, ou presque, prend le pli d’être une œuvre citationnelle. En ce sens elle intègre de nombreuses références à l’histoire de l’art la plus canonique du XXe siècle: celle, américaine, en particulier, avec ses hérauts que furent Barnett Newman, Jackson Pollock, mais aussi celle du modernisme européen, de Kasimir Malevitch au Bauhaus en passant par De Stijl. Une part belle est donc faite à l’histoire de l’art abstrait. L’ironie étant que ces pans d’histoire ne lui sont pas totalement étrangers, car l’artiste eut quelques faits d’armes, dès sa jeunesse : présence chez Leo Castelli et consorts, ceux-là mêmes qui ont donné une visibilité à ces mouvances abstraites américaines de la seconde moitié du siècle. Il s’agit donc d’emblée d’une recherche se nouant au-dedans et au dehors d’une identité, d’une image, d’une vie. David Diao développe différentes stratégies d’appropriations de cette histoire en son œuvre même : mimiques des styles de ses pairs, surtout de leurs couleurs et de leurs formats, reproduction de fragments de textes issus de la critique de ces mouvements dans le corps des œuvres, en un miroitement quelque peu vertigineux, et jusqu’à des intégrations de faits autobiographiques, traités avec une distance aussi nette que poignante (la représentation sous forme d’un sage tableau abstrait du terrain de tennis sur lequel mourut accidentellement son père). Cette réflexivité constante et cette nature de trompe-l’œil théorique doivent sans doute expliquer l’attrait que l’oeuvre suscite auprès d’universitaires. Pour s’atteler à la vaste entreprise critique que ce groupe universitaire passionné de Strasbourg se propose de bâtir autour de David Diao, pas moins de six auteurs se sont lancés dans la rédaction d’essais : Stéphane Mroczkowski lui-même, Michael Corris, Hélène Chouteau-Matikian, Jean-Marc Huitorel, Melanie Mariño, Alexandra Pignol. Certains analysent une série en particulier, d’autres font résonner l’œuvre avec des artistes contemporains ou évoquent la dimension subtilement architecturale et partant, géographique, du travail de l’artiste. Il manque peu d’angles d’attaque, et une belle lumière est faite sur l’ensemble de l’œuvre. Qu’ajouter encore dans le sillage d’une telle somme ? Dire peut-être avec ingénuité que par-delà tout ce contenu réflexif, on semble aussi deviner, à travers la peinture de Diao, tout un imaginaire de la signalétique urbaine, à la fois didactique, pédagogique, porteur d’un certain folklore chatoyant, régulièrement commercial, propagandiste : ce qui vaut autant pour la ville américaine que chinoise au sein desquelles elle est déployée. On notera aussi en quoi l’œuvre du peintre ne va pas sans anticiper ce qui est aujourd’hui identifié comme une certaine tendance esthétique nommée l’abstraction narrative (voir à ce propos l’exposition Flatland – Abstraction narratives #2, du Mudam de Luxembourg d’octobre 2017 à avril 2018). A savoir, une abstraction investie par des stratégies néo-conceptuelles.

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Pour citer cet article

Référence électronique

Yoann Van Parys, « David Diao », Critique d’art [En ligne], Toutes les notes de lecture en ligne, mis en ligne le 30 novembre 2022, consulté le 06 décembre 2023. URL : http://journals.openedition.org/critiquedart/86594 ; DOI : https://doi.org/10.4000/critiquedart.86594

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