
Romainville : Même pas l’hiver, 2021, 58p. ill. 21 x 14cm
ISBN : 9782956978831. _ 9,00 €
Texte de Thomas Golsenne, Clovis Maillet
Texte intégral
1Thomas Golsenne et Clovis Maillet partent d’un constat largement partagé chez les enseignant·e·s en art : la propension des futur·e·s artistes à puiser dans un imaginaire médiéval entremêlant ésotérisme, herboristerie et artisanat. Le retour sur cet imaginaire artistique et politique lointain dans les milieux artistiques et militants constitue pour les auteurs la manifestation d’un médiévalisme émancipateur, qu’ils éclairent grâce à une approche historienne érudite, nous proposant un passionnant voyage à travers œuvres contemporaines et sources anciennes. Leur approche est nourrie par une enquête auprès des étudiant·e·s sur leurs perceptions et usages du Moyen Âge, ainsi qu’une traversée des pensées de Silvia Federici et William Morris. « De arte calcificis » (p. 13-23) examine l’image du cordonnier et à travers elle les relations entre art et artisanat. Thomas Golsenne et Clovis Maillet retracent une histoire des lignées de cordonniers révolutionnaires, du regard porté sur le travail, ainsi que des insurrections populaires. « De arbore vitæ » (p. 25-37) propose l’image de l’arbre comme point de départ d’une exploration de l’histoire médiévale des figures féminines émancipées, ainsi que du rapport des femmes à la nature, naviguant de l’imaginaire misogyne du Malleus Maleficarum aux mouvances écoféministes. Les références artistiques circulent de Jeanne de Montbaston à Suzanne Husky, en passant par François Chaignaud, Hubert Viel et Anne Kawala, entrelacées aux voix de Starhawk, Françoise d’Eaubonne et Christine de Pisan. La troisième partie saisit l’image de la table « De tabula rasa » (p. 39-51) et « le champ lexical du commun ». Les auteurs abordent les révoltes populaires et paysannes à travers les écrits du collectif Luther Blissett, de Christine Excoffier et Silvia Federici. Des assemblées du Moyen Âge aux rituels contemporains en passant par les réappropriations de « cénographies », la table commune apparaît comme point de ralliement, lieu du débat et de la célébration. Ce voyage à travers les figures de transmission du cordonnier, de l’arbre et de la table permet l’appréhension progressive des possibles émancipateurs de l’imaginaire médiéval, et ce grâce aux exemples captivants de récits et d’images laissant entrevoir des alternatives à un monde individualiste, patriarcal, capitaliste et destructeur de la nature.
Pour citer cet article
Référence électronique
Ophélie Naessens, « Un Moyen Age émancipateur », Critique d’art [En ligne], Toutes les notes de lecture en ligne, mis en ligne le 01 juin 2023, consulté le 23 mai 2025. URL : http://journals.openedition.org/critiquedart/92509 ; DOI : https://doi.org/10.4000/critiquedart.92509
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