1Publié à l’occasion de l’exposition Absalon Absalon (24 juin 2021-2 janvier 2022) présentée au CAPC musée d’art contemporain de Bordeaux (après avoir été commandée et montrée d’abord à l’IVAM de Valence), ce catalogue reprend les deux différents « formats » qui constituent l’exposition. Il déploie d’abord une « monographie sélective », dans laquelle les commissaires Guillaume Désanges et François Piron proposent une lecture précise et chronologique de l’œuvre d’Absalon, depuis ses premiers travaux de 1986 jusqu’à ses derniers projets connus de Cellules de 1993. Mais l’approche des curateurs entend dépasser la considération habituelle de l’œuvre comme « abstraction radicale, générique et idéalisée, déconnectée des contingences du monde » (p. 9) ; elle préfère plutôt saisir ses aspects plus subjectifs, incarnés et politiques. Cette nouvelle lecture trouve un efficace prolongement dans l’autre format, collectif, de l’exposition, associant les travaux d’Absalon à ceux de huit autres artistes qui lui sont contemporains – Alain Buffard, Dora Garcia, Robert Gober, Felix Gonzalez-Torres, Marie-Ange Guilleminot, Mona Hatoum, Laura Lamiel et Myriam Mihindou. Se crée « un réseau de résonances politiques, formelles et affectives dont les échos s’entendent encore aujourd’hui » (p. 9). Cette constellation est donnée à voir par les photographies, en pleine page et en couleur, des vues de l’exposition intégrées dans le cahier central de l’ouvrage. Un entretien avec Elisabeth Leibovici apporte des clés de lectures complémentaires, en évoquant, dans le contexte de la lutte contre le sida, la préoccupation des corps et les rituels qui deviennent des terrains de lutte pour s’émanciper des normes, pour pouvoir « continuer à vivre » (p. 63). Enfin, la publication d’un extrait de la seule conférence donnée par Absalon en 1993, accompagnée de documents d’archives décrivant les cellules n° 1 et n° 2, vient soutenir la lecture étendue et dépliée avec finesse dans ce bel ouvrage.