Guillaume Le Gall, Aquariorama : histoire d'un dispositif

Paris : Mimésis, 2022, 332p. ill. en noir et en coul. 21 x 14cm, (Images, médiums)
Bibliogr.
ISBN : 9788869763403. _ 22,00 €
Texte intégral
1Cela commence par un constat : la photographie et l’aquarium ont été inventés de manière quasi simultanée. Au même titre que d’autres dispositifs optiques dont le XIXe siècle a été le pourvoyeur, l’aquarium a contribué à la formation du regard, en tant que machine qui, plus qu’une objectivité scientifique, va chercher à satisfaire un « désir de voir ». Pour Guillaume Le Gall, c’est « un objet hybride qui va s’enraciner dans la culture visuelle du XIXe siècle, et au-delà, au point de constituer une forme paradigmatique du regard “à travers” la transparence des écrans » (p. 15). S’il n’invente pas un sujet de recherche, Guillaume Le Gall en renouvelle l’approche dans une démarche située à la croisée de l’archéologie des médias et de l’histoire des représentations. En traitant l’histoire de l’aquarium parallèlement à celle de la photographie, il s’agit d’« interroger la surface vitrée en tant que média » (p. 30). Quel a été le régime scopique convoqué ? Se dessine ainsi une généalogie des formes de l’image spectaculaire à travers celle des dispositifs optiques : du diorama de Daguerre aux mises en scène phosphorescentes de Loïe Fuller, en passant par l’architecture des serres, les vitrines de magasins et celle de la Morgue, les affiches lumineuses ou le cinématographe. On notera cependant une absence significative : celle de la diapositive, cette image dont l’appréhension repose elle aussi sur la transparence d’un support de verre que la lumière et le regard traversent. Projetée, elle offrait à sa façon une vision lumineuse et panoramique comparable en certains points à celle proposée par l’aquarium. Focalisée sur le XIXe siècle, cette étude foisonnante (jusque dans les sources littéraires telles que Jules Verne) se termine par une ouverture (trop rapide, et in fine frustrante) vers des références contemporaines aux caissons de Jeff Wall et au cinéma de Brian De Palma. Pour conclure, ne boudons pas notre plaisir : on plonge dans la lecture de cet ouvrage passionnant comme on plonge dans la fascinante observation du spectacle mouvant et coloré d’un aquarium.
Pour citer cet article
Référence électronique
Nathalie Boulouch, « Guillaume Le Gall, Aquariorama : histoire d'un dispositif », Critique d’art [En ligne], Toutes les notes de lecture en ligne, mis en ligne le 01 décembre 2023, consulté le 28 mars 2025. URL : http://journals.openedition.org/critiquedart/97849 ; DOI : https://doi.org/10.4000/critiquedart.97849
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