Sabine Lardon et Marie-Claire Thomine, Grammaire du français de la Renaissance. Étude morphosyntaxique
Sabine Lardon et Marie-Claire Thomine, Grammaire du français de la Renaissance. Étude morphosyntaxique, Classiques Garnier, 2009, 442p.
Texte intégral
1La Grammaire de Sabine Lardon et Marie-Claire Thomine vient combler des attentes. Il nous manquait un ouvrage d’envergure et facile d’accès, après la Grammaire de la langue française du seizième siècle de Georges Gougenheim (Picard, 1974), plutôt descriptive. Dans un esprit proche de celui de la Grammaire du français classique de Nathalie Fournier (Belin, 1998), cette grammaire associe les faits de langue et l’histoire de leurs représentations, « les différentes études existant sur la langue du moyen âge, du moyen français, de la Renaissance ou de l’âge classique en incluant les travaux les plus récents » (p. 7) et les remarques des grammairiens de l’époque. Cette dernière perspective inaugure d’ailleurs l’ouvrage, avec une « Présentation des grammaires du XVIe siècle utilisées », celles de Palsgrave, Sylvius, Meigret, Robert Estienne, Ramus, dont les projets respectifs sont brièvement analysés. Après une abondante bibliographie, comportant notamment – bonne idée – les références des rapports de jury d’agrégation portant sur des points de morphosyntaxe préclassique, se succèdent dix-huit chapitres : (I) « Le Nom et l’adjectif », (II) « L’Article », (III) « Les Pronoms personnels », (IV) « Les Possessifs », (V) « Les Démonstratifs », (VI) « Interrogatifs, exclamatifs, relatifs », (VII) « Les Indéfinis », (VIII) « Les Numéraux », (IX) « Le Verbe, généralités », (X) « Le Subjonctif et l’expression de l’hypothèse », (XI) « L’Impératif », (XII) « L’Infinitif », (XIII) « Les Formes en –ant », (XIV) « Le Participe passé », (XV) « Les Adverbes », (XVI) « Les Conjonctions », (XVII) « Les Prépositions », (XVIII) « Remarques syntaxiques ». Le tout s’achève sur l’indispensable « Index grammatical ». Les auteures annoncent une étude ultérieure sur les problèmes ortho-typographiques, non traités ici. Chaque point est minutieusement étudié et discuté, sont dégagées des lois morphosyntaxiques générales, mais aussi des emplois spécifiques à tel écrivain (par exemple le traitement du réfléchi soi chez Rabelais, p. 92). Sans doute la question de l’anaphore pronominale aurait-elle pu être étudiée plus longuement. Et pourquoi retourner, dans le dernier chapitre, à « quelques constructions syntaxiques significatives concernant plusieurs parties du discours précédemment abordées » ? Il faut également porter au crédit de cette grammaire des considérations bien venues sur des questions comme le rapport entre période et phrase, et, surtout, la ponctuation. Fait majeur dans l’histoire de la langue, pourtant trop négligé par les pratiques éditoriales actuelles, qui font souvent le choix de la moderniser, au détriment des informations qu’elle peut délivrer sur les manières d’écrire, de lire, ou même de travailler au sein d’un atelier d’imprimerie du XVIe siècle, la ponctuation fait ici l’objet de quelques pages éclairantes. Enfin, Sabine Lardon et Marie-Claire Thomine augmentent fréquemment leurs descriptions des points de morphosyntaxe par des considérations stylistiques. Elles relèvent des faits de style inhérents autant à l’époque (par exemple le « style en –ant », p. 296) qu’à tel écrivain (l’expression de l’hypothèse chez Rabelais, p. 255). Au total, cet ouvrage constitue un instrument de travail indispensable.
Pour citer cet article
Référence électronique
Gérard Milhe Poutingon, « Sabine Lardon et Marie-Claire Thomine, Grammaire du français de la Renaissance. Étude morphosyntaxique », Cahiers de recherches médiévales et humanistes [En ligne], Recensions par année de publication, mis en ligne le 10 mai 2010, consulté le 17 avril 2024. URL : http://journals.openedition.org/crmh/11888 ; DOI : https://doi.org/10.4000/crm.11888
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