1La place de Rabat n’est plus à démontrer. Capitale administrative du royaume du Maroc et sa vitrine auprès des instances internationales, elle est le siège de toutes les institutions étatiques : Palais royal, gouvernement, parlement, ministères, partis politiques, représentations diplomatiques, syndicats, ONG internationales, associations nationales, administrations et grandes écoles privées et publiques universitaires sans oublier plusieurs institutions centrales chargées de la gestion de différents services (eau, électricité, sport…). Elle est aussi chef-lieu régional, accueille les délégations régionales et les services déconcentrés étatiques. Sur le plan administratif, Rabat est divisée en 5 arrondissements et une seule commune à savoir la commune de Touarga et les arrondissements d’Agdal Riyad, Souissi, Hassan, Yacoub Mansour et Youssoufia.
Fig.1 : circonscription de Rabat
2La capitale dispose d’une myriade d’atouts qui la place au-devant des villes marocaines à fort potentiel de développement1. Aini, forte de sa situation stratégique sur la façade atlantique à proximité des plaines fertiles du Gharb et à moins de cent kilomètres de Casablanca, la capitale du Maroc détient toute une pléiade considérable de structures et d’infrastructures (un aéroport international, deux lignes ferroviaires, une ligne TGV ainsi que trois axes autoroutiers). Elle est attractive également grâce à sa proximité au pouvoir, son poids démographique considérable, son élite cultivée ainsi que son fort marché de consommation (Daafi, 2017).
- 2 Haut commissariat au plan,Caractéristiques socio-économiques et démographiques de la population de (...)
- 3 Région de Rabat Salé, Kenitra, monographie générale2015, p 22
3Sur le plan urbanistique, Rabat dispose d’un paysage très varié. De l’habitat résidentiel haut de gamme à Hay Riad et Souissi, on passe à des quartiers populaires surpeuplés à l’image d’Akkari et Takadoum. Au niveau économique, Rabat se concurrence la deuxième position avec Tanger et Marrakech derrière Casablanca. Du point de vue social, la capitale manifeste de bons signes de performance puisqu’elle enregistre le plus faible taux d’analphabétisme (19 %)2, un bon indice de développement humain, un bon niveau de sécurité ainsi qu’un taux de pauvreté relativement faible comparativement au reste des villes du pays3.
4Sur le plan démograpique, selon les projections de 2021, le nombre d’habitants à Rabat intra-muros s’élève à 645 500 d’habitants soit une densité d’habitants de 5 447 hab/km², une densité plus élevée que celle de Casablanca observée à 2 644 hab/km² mais nettement moins forte que celles enregistrées dans d’autres capitales comme Paris qui, elle, enregistre 21 067 hab/km².
5Ce survol témoigne du grand potentiel de Rabat mais qui dit « grande ville » dit aussi des transformations profondes et des difficultés structurelles (Da Cunha, Matthey. 2007). La performance des secteurs socio-économiques demeure largement inférieure aux potentialités existantes. Le secteur sanitaire, tel que l’on l’observe, rigide et bureaucratique, reste incapable de répondre quantitativement et qualitativement aux besoins des habitants. La situation dans les autres secteurs sociaux n’est pas meilleure non plus.
- 4 Région de Rabat Salé, Kenitra, monographie générale2015, p 19
6Encore, la ville dissimule des disparités très flagrantes. Le taux d’analphabétisme atteint un seuil alarmant dans les quartiers les plus démunis. Le chômage touche à peu près 11,4 %4 de la population active. Les quartiers populaires en particulier Aakkari, Yacoub El Mansour ou encore Takadoum, se trouvant en marge du développement, sont touchés par toute sorte de décadence : surpeuplement, exclusion sociale, criminalité, insalubrité, pénurie des installations sanitaires et du transport en commun, risques liés au traitement des déchets (Allain-El Mansouri, 2004).
7Face à l’impertinence des politiques successivement menées et afin de fournir des prestations de services locaux plus intelligentes et plus accessibles aux administrés en termes de pertinence et de transparence, les autorités publiques et territoriales ont été désormais contraintes d’adopter une nouvelle forme de gouvernance basée sur l’intelligence humaine et le digital, une gouvernance capable d’améliorer le bien être et le vécu de la population locale, de répondre à leurs besoins et attentes, d’assurer la paix et la cohésion sociale et de faciliter l’accès des citoyens et entreprises à des informations sûres, fiables et viables.
8Par ailleurs, pour mieux comprendre le fonctionnement du modèle digital, il importe de situer l’origine de l’utilisation de l’expression « smart city » afin d’appréhender les différents usages du vocable et pouvoir ainsi saisir les éléments constitutifs indispensables à la mise en place d’un modèle de « smart city » adaptable et adapté au contexte général et aux spécificités de la ville de Rabat.
9A ce propos, une des définitions les plus répandues dans la sphère du numérique est celle du chercheur Anthony Townsend, (2013), de l’université de New York qui définit la smart city comme suit : « Une smart city est une ville où les technologies de l’information (TIC) s’articulent avec l’infrastructure, l’architecture, les objets du quotidien et même notre corps afin de traiter les problèmes sociaux, économiques et écologiques. »5.
10Cette définition laisse entendre que les technologies numériques et la transition digitale (satellites, capteurs, réseau large bande via la fibre optique…) représentent une véritable opportunité pour optimiser les ressources que ce soit en économie, au social, en écologie, en culture ou encore en communication. Cela étant, le Digital a pour fonction de créer des usages et des services qui contribuent à l’amélioration du bien être des habitants.
11C’est dans cet esprit que Rabat cherche à faire du solutionnisme numérique un véritable levier de croissance non seulement pour booster son rythme de développement mais aussi pour venir à bout de ses défaillances structurelles notamment en matière de gestion de la chose locale. Cependant, cette transition ne peut être envisagée que si et seulement si le projet digital repose sur une véritable synergie dans laquelle les acteurs en particulier le citoyen local sont davantage impliqués.
12Cette enquête, menée au cours de la période avril– Juin 2021 auprès d’un échantillon représentatif de la composition sociodémographique de la capitale, tente de refléter l’état de l’art/faits de la participation citoyenne dans la mise en place du projet notamment en termes de mentalité et de moyens ainsi que la nature des nouvelles configurations que la gestion territoriale peut prendre avec la démocratisation de l’usage des TIC. Le cadre théorique est envisagé comme noté ci-dessus via une approche appuyée sur la sociodynamique comme discipline qui tente de concilier les impératifs de l’Institution et les attentes du Corps Social.
13Par rapport au contenu, l’enquête est constituée de 14 questions avec plusieurs modalités de réponses qui s’articulent autour de quatre axes qui concernent l’usage des TIC par les résidents en interrogeant aussi bien la réception de la population locale du projet de « smart city » piloté par Rabat que les connaissances cognitives construites de l’intelligence artificielle et du solutionnisme numérique :
14- Le premier axe cherche à collecter des informations personnelles sur les répondants afin d’en faire des instruments d’analyse des données et informations dégagées au cours de notre recherche en les identifiant selon leur sexe, âge, niveau d’instruction, situation socioprofessionnelle et leur lieu de résidence à Rabat.
15- Le deuxième axe interroge les connaissances cognitives des interrogés à propos des Tics en deux temps : i- appréhender comment les citoyens perçoivent l’usage des Tics et si y font-ils confiance ; ii-déterminer les modalités et la nature d’usage des Tics (paiement, régularisation...).
16- Le troisième axe questionne la participation citoyenne et son lien avec le projet de la smart city en deux étapes : i- identifier le degré de participation des citoyens à la gestion des affaires locales ; ii- identifier les formes d’implication de cette participation.
17- Le quatrième axe s’intéresse à la relation de la population au projet digital et fait d’analyse systématique en termes de fracture numérique et d’inégalités sociales et territoriales dans l’accès au solutionnisme numérique. Il se déroule en deux stades : i- questionner l’implication des répondants par rapport aux politiques d’implémentation du projet de la smart city ; ii-interroger le degré de connaissances des interrogés ainsi que les représentations sociales liées au projet digital.
18L’échantillon des personnes interrogées était construit à partir des projections démographiques de la répartition des habitants par arrondissement et ce afin de mieux refléter les nuances sociales de la population en matière du niveau d’instruction, des attitudes, des lieux d’habitations, du pouvoir d’achat ou encore des comportements.
19Il s’agit ici de constituer une première trame d’informations personnelles qui nous sert comme instrument d’analyse des données et informations dégagées au cours de notre recherche en identifiant les répondants selon les critères détaillés ci-dessous.
20Au total, 260 interrogés ont répondu à notre questionnaire dont 96 femmes soit environ 36.92 % des répondants. Cette légère prépondérance est révélatrice d’un certain nombre d’indices : la participation des femmes aux sondages publics, à l’image de sa représentativité politique, est entravée par plusieurs facteurs notamment d’ordre socioculturel dont particulièrement par le fait que la présence des femmes dans les espaces publics est manifestement réduite comparativement à celles des hommes et par conséquent leur prise de contact reste peu accessible surtout lorsqu’elles sont accompagnées. De toute façon, la répartition des répondants selon le genre s’annonce comme suit :
Tab. 4 : Identification des répondants selon leur genre
21Sur les 260 répondants, on remarque une légère dominance de la part de la tranche d’âge 25-45 suivie par celle de 18-25. Cette catégorisation se justifie aussi bien par nos intentions de refléter la composition sociale de la population locale que par la coopération manifestée de la part des répondants. Elle signifie aussi que la tranche d’âge 18-45 est plus réceptive de/à la transformation digitale et par conséquent pourrait faire preuve d’une participation plus active.
Tranches d’âge
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Nombres d’interrogés
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16-18
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13.08 %
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18-25
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31.92 %
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25-45
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42.31 %
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45-60
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12.69 %
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Tab.1 : Identification des répondants selon leur tranche d’âge
22Concernant le statut professionnel, l’enquête montre que les étudiants, ceux disposant d’un niveau d’instruction assez élevé ainsi que les diplômés se trouvant en situation de chômage structurel ou provisoire sont majoritairement répondants. Cela montre d’ailleurs que le niveau d’adhésion aux projets de smart city est sensiblement lié au niveau d’instruction.
Niveau inférieur au secondaire qualifiant
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18.85 %
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Etudiants
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44,62 %
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Diplômés sans travail
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21.92 %
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Fonctionnaires et employés disposant d’un niveau supérieur
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14.61 %
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Tab.2 : Identification des répondants selon leur niveau d’instruction
23En vue de refléter la répartition géographique de la population locale, nous avons pris le prisme du quartier comme échelle d’analyse pour l’observation et la conformation de la perception des différentes souches sociales de la population locale. Notons que le pourcentage des répondants est représentatif de la densité sociodémographique de la capitale.
Ryad
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04,23 %
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Souissi
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04.61 %
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Yacoub Mansour
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06.54 %
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Hay Fath
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05,38 %
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Hay Agdal
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10,38 %
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Qamra
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05,77 %
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Diour Jamea
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06,15 %
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Hay Chabanate
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05,00 %
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Hay Nahda
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11,54 %
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Hassan
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06,54 %
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Taqadoum
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08,07 %
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Océan
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05,77 %
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Médina
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08,84 %
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Akkari
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07,31 %
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Les Orangers
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04,62 %
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Tab.3 : Identification des répondants selon leur quartier de résidence
24Interroger les connaissances spécifiques de la population locale par rapport aux questions numériques c’est mesurer la convergence d’opinions des habitants par rapport au projet digital et refléter leur maîtrise des Tics.
25Les habitants de la capitale disposent d’une maîtrise des Tics et des connaissances cognitives disparates. Logiquement ce sont les habitants des quartiers défavorisés qui font preuve d’une faible maîtrise de l’outil numérique. En général, le questionnaire révèle le degré de connaissances suivant :
Pas du tout
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16,15 %
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Un peu
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30,00 %
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Assez bien
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40,77 %
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Très bien
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13,08 %
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Tab.8 : degré de maîtrise des Tics de la part de la population locale
26La majorité des répondants est répartie entre deux catégories : celle des personnes ne faisant pas confiance aux services du numérique et celle de celles qui y ont assez. Ce constat est observé même chez les répondants qui en font recours. Cette situation paradoxale est l’enseignement principal à dégager de ce volet thématique.
Tab.4 : degré de confiance des répondants envers les des Tics
27Nous découvrons quasiment que presque les deux tiers des répondants estiment que la capitale n’implique pas véritablement ses habitants dans la gestion des affaires locales. Ce constat calamiteux met en relief le manque de confiance manifeste de la part des répondants envers les collectivités territoriales et locales et par conséquent risque de constituer un obstacle psychologique qui empêche l’implication et l’adhésion réelle des habitants au projet digital.
Non, du tout
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61,15 %
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Oui, mais de façon insatisfaisante
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24,23 %
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Oui
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14,62 %
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Tab.5 : perception de la participation citoyenne de la part des habitants
28L’abstention citoyenne à participer aux activités liées à la gestion locale est notoire puisque presque deux tiers des répondants n’ont jamais été impliqués ou engagés dans quelconque activité territoriale ou administrative que ce soit dans la gestion des affaires locales ou bien publiques.
Je ne suis pas intéressé (e)
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09,62 %
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Non
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68,46 %
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Oui
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21,92 %
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Tab.6 : niveau d’implication civique dans la gestion de la chose locale
29En ce qui concerne la perception des répondants de la participation citoyenne, on note que plus de la moitié des répondants ont estimé qu’elle est juste formelle alors que seulement le quart des enquêtes l’ont considérée comme utile. Cette situation paradoxale est due aux effets persistants de l’absence d’une concrète stratégie d’implication de la part des décideurs.
Inutile
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13,08 %
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Formelle
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61,92 %
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Utile
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25,00 %
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Tab.7 : perception des répondants de la participation citoyenne
30L’enquête révèle que la participation citoyenne est entravée généralement par la crainte du sentiment de non-considération. Les autres facteurs prépondérants sont liés à la rareté des informations publiques ou encore l’ambiguïté des formes de participation.
Quantité insuffisante d’information
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23,24 %
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Ambigüité des formes de participation
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20,27 %
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Sentiment de non-considération de son opinion ou désir d’éviter les considérations politiques
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28,10 %
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Manque de confiance envers les instances pilotant le projet digital
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10,00 %
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Difficultés liés aux déplacements ou aux horaires
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13,24 %
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Idée de la confrontation
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05,14 %
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Tab.8 : freins entravant la participation citoyenne des habitants
31Cette thématique a pour objectif de renseigner sur le niveau de connaissances cognitives et de situer la perception de la population locale par rapport à la définition et la mise en place des projets de smart city tel que lancé par la capitale.
32Une grande partie des répondants n’est pas au courant de la volonté publique à accélérer le rythme de digitalisation de la ville. Cela est révélateur d’un certain nombre d’éléments comme l’incapacité des instances de tutelle à mettre en place de véritables créneaux et moyens de mobilisation de la population locale et aussi de l’absence d’une stratégie prévisible susceptible de donner lieu au profil du citoyen « intelligent » qui participe activement aux politiques de développement territorial.
Non
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156
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Oui
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71
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Non intéressé (e)
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13
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Tab.9 : freins entravant la participation citoyenne des habitants
33L’un des faits marquants de cette enquête, les habitants interrogés ne disposent pas d’une vision claire par rapport aux perspectives du concept de la smart city. Cela revient notamment au fait que le concept n’est pas suffisamment discuté et traité par les supports et réseaux médiatiques et sociaux.
Non
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57
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Quelques notions
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102
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Oui
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81
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Tab.10 : degré de connaissances des répondants par rapport au projet digital
34Les réponses prépondérantes par rapport à cette thématique ont vu que l’autorité et les administrations de tutelle sont mieux placées pour le portage du projet digital. Le secteur privé et les spécialistes ont été manifestement considérés également. Contradictoirement, la place des élus et autres représentants se voit trop rétrogradée au niveau des espérances.
L’autorité et les administrations de tutelle
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52,00 %
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Les élus, parlementaires et autres représentants de la population
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12,89 %
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Le secteur privé et les spécialistes en la matière
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35,11 %
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Tab.11 : rang des acteurs considérés comme mieux placés pour porter le projet digital
35Trivialement, pour les interrogés, le modèle de projet digital constitue un objectif lointain qui ne s’appuie pas sur une véritable prise en conscience des spécificités de la ville ni sur les caractéristiques en matière de mentalité et d’affinités de la population locale. Ils estiment que les technologies digitales mises en place s’inscrivent dans des considérations autoritaires plutôt que démocratiques et que le processus de digitalisation tel qu’amorcé ne s’accompagne pas d’un nouveau système de valeurs dans lequel les usagers numériques sont considérés comme des « consom’acteurs » qui participent de manière concrète et active à la définition et l’implémentation du projet digital.
36Sur le terrain, la transformation numérique n’est pas entendue comme une réelle transformation « sociale et sociétale » des liens et rapports entre administrés et administrations aussi bien dans la nature des démarches procédurales entreprises, certes plus dématérialisées mais davantage déshumanisées, que dans la portée et la pertinence des mesures prises que ce soit en termes de retombées, de transparence et d’équité.
37Ces déficiences sont encore plus manifestes à l’échelon de la gestion publique de la chose locale. Le processus de digitalisation tel que conçu ne s’accompagne pas de mesures plus flexibles et plus motivantes permettant d’anticiper et maîtriser la transition d’une société traditionnelle à une société de technologie avec tout ce qui s’en découle en termes de décisions et actions. Ces signes de défaillance sont plus notables dans certains secteurs comme la santé et de l’enseignement qui révèlent d’une façon plus évidente la fragilité des mécanismes de digitalisation mises en œuvre.
38Sur un autre plan, en ce qui concerne le portage du projet digital, les administrations et les technocrates spécialistes sont mieux perçus par les répondants pour mener à bien le projet de la smart city au niveau de la capitale. Cet état des faits est révélateur du manque de confiance des usagers envers l’élite politique et les organismes représentatifs.
39De même, la communication ne semble pas prendre la place qu’elle mérite dans les stratégies des acteurs. Les mesures mises en lien ne parviennent pas à véhiculer l’image d’une ville libre qui fait usage de l’IA pour impliquer davantage les citoyens en particulier les habitants des zones défavorisées et réduire la fracture sociale qui existe afin de donner lieu à des changements structurels notoires dans la gestion des services publics.
40L’articulation du projet digital devrait donc aboutir à une réponse aux besoins des citoyens (Vincent Meyer, 2019). Cela requiert de bien connaître le citoyen, esquisser son profil, traduire ses affinités et analyser son interaction avec les différentes dimensions liées au processus de la digitalisation : développement local, environnement, habitat et urbanisme, commerce, économie. (Meyer, 2019).
41Cependant, l’analyse des données recueillies fait apparaitre un constat contradictoire c’est que contrairement au discours officiel laissant présager que le citoyen est bien convié à s’exprimer sur les stratégies d’intérêt général, la réalité est tout autre : l’habitant est souvent écarté et négligé des décisions. Plus encore, les représentations qui concernent l’implication de la population locale sont souvent chargées d’affects négatifs puisque les décideurs ont souvent tendance à éviter et/ou négliger de sonder et prendre conscience des aspirations des administrés et de leur réelle propension à adopter des comportements responsables et durables.
42Cette défaillance se justifie aussi par l’absence de supports et plateformes numériques destinés au recueil des opinions des citoyens puisque peu de sondages de sensibilisation sont réalisées pour informer et impliquer les habitants par rapport au projet digital de la ville. De plus, les peu d’initiatives de consultation réalisées s’inscrivent étroitement dans des considérations possessives qui prennent les habitants pour des simples récepteurs-consommateurs dont l’opinion est marginalisée de crainte que leurs réactions spontanées affectent négativement sur la bonne mise en place du dispositif.
43En gros, la participation civique est émaillée par deux groupes de raisons : d’abord, en est-il du fait que la détermination des administrations centrales à impliquer concrètement les habitants est la traîne notamment ceux issus des quartiers sensibles d’autant plus l’analyse du fonctionnement du système d’acteurs montre que les porteurs du projet digital ne s’engagent pas suffisamment dans cette voie et que leurs intentions s’apparentent le plus souvent à des pétitions de principe. Aussi du fait que le système d’acteurs envisagé est relativement fermé et inaccessible à la discussion voire notamment eu égard des connaissances cognitives très faibles des résidents des Tics et de leur usage.
44En tout état de causes, il se trouve que le créneau de la participation citoyenne est cerné dans des considérations sécuritaires déphasées des mutations induites par la smart city sur les services urbains. Cette vision s’explique par le positionnement des acteurs qui privilégient le maintien du contrôle social sur la dimension démocratique. Les segments de l’insalubrité et le traitement des déchets constituent le terrain fertile pour observer ces clivages. Plus encore, des conduites irrespectueuses et non intelligentes portent préjudice à l’image de la capitale et risquent ralentir le rythme de la transformation digitale lancée et anéantir ses retombées.
45