Introduction
Texte intégral
1En juin 1992 paraissait la première livraison de Publics & Musées. La création de la revue s’inscrivait alors dans le mouvement général de développement et de mutation des musées que la France connaissait depuis la fin des années soixante-dix et qui allait se poursuivre au cours des années suivantes. La rénovation et la création de musées, l’accent mis sur le développement de la culture scientifique et technique et l’essor des expositions, en particulier documentaires, étaient autant d’éléments favorables à l’émergence de pratiques d’évaluation des expositions en France.
2Mais de manière plus précise, la revue doit sa naissance à la conjonction de deux facteurs. Le premier est la collaboration entre des chercheurs appartenant à des disciplines aussi diverses que la sociologie, la psychologie, l’histoire, l’histoire de l’art, la sémiologie, la linguistique ou la philosophie, à l’initiative de Christian Carrier dans l’association Expo Média, filiale de Peuple et Culture, avec l’ambition de produire de la connaissance sur l’exposition. Le second est l’intérêt que le monde muséal a manifesté pour les publics des expositions et qui s’est traduit par un soutien aux études d’évaluation. D’ailleurs, dès 1987, était paru l’ouvrage Évaluer l’exposition, conçu par Hana Gottesdiener à la demande de Pierre Moulinier (mission de la Culture scientifique et technique et département des Études et de la Prospective au ministère de la Culture et de la Communication) dans le cadre d’un contrat avec Expo Média. Et en 1990, le département des Publics de la direction des Musées de France organisait au musée Picasso d’Antibes un stage sur l’évaluation dans les musées animé par Chandler Screven, spécialiste de l’évaluation dans des musées en Amérique du Nord et directeur de ILVS Review : A Journal of Visitor Behavior, la revue du laboratoire international des études de visiteurs de l’université de Milwaukee.
Enjeux et contexte de la création de la revue
3L’enjeu de la création d’une revue scientifique de muséologie était de se donner les moyens de diffuser la recherche dans une revue francophone. Elle représentait un élément déterminant de la structuration du domaine de la muséologie comme champ scientifique au côté de la création d’une formation doctorale et d’un laboratoire.
4La mission Musées du ministère de l’Éducation nationale, de la Jeunesse et des Sports, créée en 1990, lance le programme d’aide à la recherche en muséologie REMUS, programme interministériel qui associe le ministère de la Recherche et le ministère de la Culture et de la Communication. Rappelons que Jack Lang, de 1992 à 1993, se voit confier, en plus du ministère de la Culture, le ministère de l’Éducation nationale. Pendant trois ans, REMUS, piloté par Yves Le Coadic, Gérard Emptoz et Roland Bertrand, financera des équipes de recherche et organisera des écoles d’été pour la formation continue des chercheurs. Ce programme sera propice à la création en 1992 du premier DEA de Muséologie : Publics, Expositions, Institutions commun à l’université Jean Monnet de Saint-Étienne, au Muséum national d’histoire naturelle de Paris et au Conservatoire national des arts et métiers. Il sera porté par le Centre d’étude et de recherche sur les expositions et les musées (CÉREM) créé à l’université de Saint-Étienne par Jean Davallon, dès sa nomination comme professeur en 1991. Ce centre sera aussi un des supports de la revue.
5L’association Publics et Musées, propriétaire du titre et de la maquette de la revue, est créée en avril 1991. Tandis que se prépare le premier numéro, la revue obtient le soutien financier de la direction des Musées de France du ministère de la Culture, de la mission Musées (direction de la Recherche et des Études doctorales du ministère de l’Éducation nationale et de la Culture), puis de la délégation à l’Information scientifique et technique (direction générale de la Recherche et de la Technologie du ministère de la Recherche et de la Technologie). André Pelletier, directeur, accueille la revue aux Presses universitaires de Lyon ainsi que la collection « Muséologies ».
6Dès lors, la revue, dont les rédacteurs en chef sont Hana Gottesdiener et Jean Davallon, joue son rôle de revue scientifique en choisissant de publier essentiellement des articles de recherche sous forme de dossier scientifique ou de varia hors thème. Tout en consacrant une seconde partie à des expériences menées dans certains musées en direction des publics, et dont l’analyse devrait permettre de développer de nouvelles actions, ainsi que des comptes rendus d’ouvrages ou de thèses et un carnet des rencontres et colloques. Élisabeth Caillet et Évelyne Lehalle (département des publics de la direction des Musées de France) sont les rédactrices adjointes chargées de la seconde partie intitulée « Nouvelles de la muséologie ».
7Comme l’objectif est de positionner la recherche française – et plus largement la recherche francophone – sur le plan international, notamment par rapport à la recherche anglo-saxonne qui a déjà développé ses supports de publication, un accord de coopération est passé avec ILVSReview. Il marque la volonté d’échanges internationaux mais montre aussi le rôle que la revue entend jouer dans le domaine de la recherche en muséologie. Il est en particulier convenu une publication croisée du sommaire des deux revues. En 1993, le programme REMUS s’arrête, mais la direction des musées de France continuera de soutenir la revue jusqu’à aujourd’hui.
8Après une dizaine d’années d’existence et dix-huit numéros parus, il paraît important d’étendre les points de vue développés sur les institutions, les dispositifs et les publics des musées et du patrimoine à d’autres domaines de la culture. L’association Publics et Musées choisit, en 2002, de transformer Publics & Musées en un nouveau titre : Culture & Musées. Une nouvelle aventure qui a produit à ce jour vingt numéros.
9Comme une grande partie des membres du CÉREM a rejoint l’université d’Avignon et des Pays de Vaucluse en 2000 dans le laboratoire Culture & Communication où se trouvait déjà Daniel Jacobi, l’association signe en juin 2003 une convention avec le laboratoire Culture & Communication pour mettre en œuvre la publication de Culture & Musées. Jean-Paul Capitani ayant marqué son intérêt pour la revue, un accord est signé avec les éditions Actes Sud. La région PACA, sollicitée par l’université d’Avignon et des pays de Vaucluse dans le cadre des conventions d’objectifs pluriannuelles, soutiendra la création puis le fonctionnement de la revue. Pendant plus de dix ans, Françoise Wasserman, chef du département des Publics et de l’Action culturelle, manifestera son soutien non seulement pour la diffusion de la recherche en muséologie mais aussi pour la production des connaissances.
10Il trouvera son aboutissement dans la signature en 2008 d’un protocole de partenariat pluriannuel avec l’université d’Avignon et des Pays de Vaucluse.
Un numéro anniversaire
11Pendant vingt ans, la revue a ainsi contribué à la structuration de la recherche en muséologie en France à travers la publication d’articles et la commande de numéros thématiques. Mais depuis 1992, le paysage de la muséologie a bien changé. Aussi, le parti choisi a été de revenir sur les principaux domaines de la recherche en muséologie auxquels Publics & Musées, puis Culture & Musées, ont contribué, en demandant à des chercheurs présents depuis la création de la revue, parfois associés à des chercheurs dont les travaux se sont inscrits plus récemment dans le champ ou qui ont permis d’ouvrir certains domaines, de dresser un bilan, d’apporter leur regard et de dégager des perspectives nouvelles sur chacun de ces domaines.
12Le résultat est un ouvrage composé de sept chapitres correspondant aux sept domaines qui ont été ainsi retenus :
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L’analyse de l’exposition comme média ;
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Le rôle des textes dans l’exposition et les pratiques de lecture ;
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Les études sur les publics et les pratiques de visite ;
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Le processus de patrimonialisation ;
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Le développement de la médiation tant sur le plan professionnel que théorique ;
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L’éducation au et par le musée ;
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L’approche historique des institutions muséales et patrimoniales.
13On l’aura compris, ce bilan des recherches en muséologie est forcément lié à la revue, à son action et à son positionnement en matière de diffusion de la recherche. C’est pourquoi les contributions accordent une mention particulière aux articles publiés dans la revue. L’ouvrage qui en résulte n’est pas un ensemble d’articles proposés par des chercheurs et expertisés par un comité de lecture, mais un recueil qui, d’une certaine façon, dresse un état selon un point de vue qui est celui d’une volonté présente dès la création de celle-ci : contribuer à affirmer une approche scientifique des faits présents dans le secteur des musées et du patrimoine – plus largement ensuite de la culture -, en lien avec le public.
Pour citer cet article
Référence papier
Hana Gottesdiener et Jean Davallon, « Introduction », Culture & Musées, Hors-série | 2013, 15-18.
Référence électronique
Hana Gottesdiener et Jean Davallon, « Introduction », Culture & Musées [En ligne], Hors-série | 2013, mis en ligne le 19 juin 2018, consulté le 19 février 2025. URL : http://journals.openedition.org/culturemusees/692 ; DOI : https://doi.org/10.4000/culturemusees.692
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