Navigation – Plan du site

AccueilRubriquesEnvironnement, Nature, Paysage2025À la recherche de données : Natur...

2025
1086

À la recherche de données : Nature et flux des informations au fondement des politiques de gestion du sanglier urbain. L’exemple bordelais

Searching for Data: Nature and Flow of Information Underlying Urban Wild Boar Management Policies. Bordeaux (France) as a Case Study
Explorando datos: Naturaleza y flujos de información para las políticas de gestión del jabalí urbano. El caso de Burdeos
Carole Marin et Paul Bellalba

Résumés

La nature en ville abrite une large biodiversité. Tandis que la présence de certaines espèces est bienvenue, d’autres s’y sont installées sans y avoir été invitées. C’est le cas du sanglier. Le défi de gestion posé par la grande faune urbaine est écologique, il est aussi culturel, politique et éthique. Cette étude, motivée par l'incertitude générale concernant les enjeux socio-écologiques de la coexistence avec le sanglier urbain et les solutions à y apporter, explore et analyse les informations qui fondent les politiques de gestion de l'espèce. La démarche s’appuie sur une enquête de terrain conduite dans la Métropole de Bordeaux, visant à suivre le cheminement de l’information dans le réseau des acteurs territoriaux. L’objectif de la démarche est double : i) recueillir et analyser les données existantes relatives au sanglier urbain, aux problèmes générées par la coexistence avec l’espèce en ville et aux dispositifs de gestion en place, et ii) modéliser les flux d’informations entre groupes sociaux confrontés aux enjeux de la coexistence avec le sanglier et/ou impliqués dans sa gestion. Cette étude met en évidence une carence de données, accompagnée d'une confusion générale concernant les organisations responsables du suivi et de la gestion du problème. Tandis que la précision des politiques gestionnaires repose sur la capacité à poser le problème, la donnée est mobilisée comme instrument de pouvoir par des acteurs engagés dans des combats de légitimité sociale. Postulant l’intégration de l’information comme prérequis à des formes de liberté dans les choix de gestion de la faune urbaine, nous proposons et discutons la mise en place d’une plateforme collaborative de dépôts de signalements relatifs à la grande faune, adaptée au contexte socio-écologique urbain.

Haut de page

Notes de l’auteur

Financements
Ce travail a été réalisé dans le cadre du stage de Master 1 en géographie de Paul Bellalba, réalisé en 2023 au sein de laboratoire Passages (CNRS 5319) et financé par le programme de recherche "Sauvage en ville, quand le sanglier et la faune des forêts brouillent les frontières". Ce programme est financé par le Conseil Régional de Nouvelle-Aquitaine, Bordeaux Métropole, la ville de Bordeaux, l’Office Français de la Biodiversité, Ariane Group et est soutenu par la Fédération Régionale des chasseurs de Nouvelle-Aquitaine et la Fédération départementale des chasseurs de la Gironde. L’encadrement de ce travail a été réalisé par Carole Marin, parallèlement à la finalisation de sa thèse financée par un contrat doctoral du MESR.

Texte intégral

Introduction

1"Les humains sont confinés, la nature reprend ses droits", avons-nous déjà pu lire dans la presse et entendre dans les médias audio-visuels. En 2020, les épisodes de confinements successifs liés à la pandémie de COVID 19 vident les rues de l’agitation urbaine et l’habitant découvre l’existence d’une faune sauvage liminaire diversifiée et parfois insoupçonnée (Murray et al., 2023 ; Zellmer et al., 2020). Favorisé par les politiques contemporaines de planification (Cormier et al., 2013 ; Rosol et al., 2017), le développement de la biodiversité urbaine répond aux enjeux futurs de conservation des espèces et de développement urbain durable (Deadborn, Kalk, 2010 ; Kowarik et al., 2020). Tandis que certaines espèces sont attendues, d’autres s’y sont installées sans y avoir été invitées. C’est le cas du rat, espèce commensale par excellence (Hunold, Mazuchowski, 2020). C’est le cas de petits mammifères et d’oiseaux "exotiques" (Berthier et al., 2017 ; Gautrelet et al., 2024). C’est le cas des grands ongulés.

2En France comme ailleurs en Europe, l’investissement de différents milieux par le sanglier met au défi les gestionnaires de la grande faune (von Essen et al., 2023). Le développement des populations de sanglier est attribué à une multitude de facteurs : accroissement démographique global de l’espèce soutenu par sa prolificité, sa résilience face à la pression de la chasse et le changement climatique (Gamelon et al., 2011 ; Vetter et al., 2020) ; capacité de dispersion et aptitude à coloniser divers environnements (Markov et al., 2022) ; flexibilité alimentaire permettant à l’animal de prospérer à la fois dans les zones touchées par la déprise agricole et d’exploiter les ressources alimentaires anthropiques (Ballari, Barrios-García, 2014 ; Castillo-Contreras et al., 2021). Les enjeux de la coexistence entre humains et sangliers sont sanitaires, sécuritaires, économiques (Castillo-Contreras et al., 2022 ; Pagany, 2020) ; leur maîtrise justifie des politiques de régulation destinées à réduire l’abondance des animaux. La législation française prévoit la définition et le maintien d’un "équilibre agro-sylvo- cynégétique", s’appuyant sur l’augmentation constante des prélèvements par le monde cynégétique (Cardoux, Perea, 2019). Première cause de mortalité des sangliers en Europe (Gamelon, 2020), la chasse s’institue ainsi comme principale réponse des pouvoirs publics face à l’augmentation des disservices écosystémiques liés au développement des populations de sangliers dans les espaces ruraux. Or, l’espèce gibier ne se cantonne plus aux espaces chassés auxquels elle est assignée. Doté d’une capacité d’acclimatation remarquable aux environnements anthropisés, le sanglier a colonisé avec succès les grandes agglomérations à travers le monde (Ciach et al., 2023 ; Marin et al., 2024a ; Toger et al., 2018).

3La situation urbaine soulève d’emblée la question de l’exacerbation des conflits entre humains et faune sauvage, et de fait, celle des modalités de cohabitation entre l’humain et le sauvage. Tandis que les discours contemporains portés sur la nature urbaine mettent l’accent sur la préservation de la biodiversité, les politiques gestionnaires se traduisent, comme dans les espaces ruraux, par une régulation létale des densités de sangliers urbains (Escobar-Gonzalez et al., 2024). Selon les villes et les pays, cette gestion incombe au monde vétérinaire (Broz et al., 2021), à des fonctionnaires "gardes de l’environnement" (Piachaud, 2013) ou à des "chasseurs urbains" (Oelke et al., 2022). En France, elle repose sur la transposition du modèle cynégétique rural aux espaces urbains (Ministère de l’Écologie, 2009). Or, dans l’espace périurbain, la mise en œuvre des dispositifs cynégétiques se complique (Lacquement, Raynal, 2023). Dans les espaces non chassés plus centraux des villes, la régulation du sanglier repose sur des mesures de "destructions" administratives d’un gibier devenu "ESOD" (Espèce Susceptible d’Occasionner des Dégâts). Le classement est sanctionné par un arrêté préfectoral, délivré par la Direction Départementale des Territoires et de la Mer (DDTM) et la régulation du sanglier SOD est confiée à des lieutenants de louveterie, auxiliaires de l’État assermentés. Composé de chasseurs bénévoles, le corps des louvetiers représente la déclinaison administrative de la chasse.

4La migration de l’espèce sanglier, tant dans ses espaces que dans son statut, brouille les catégories du sauvage, de l’urbain et du rural. Elle transforme non seulement les rapports à l’espèce mais aussi ceux entre humains à son sujet, déplaçant les responsabilités et les expertises. Dans les territoires chassés, le dispositif cynégétique est historique et structuré ; les connexions entre acteurs (chasseurs, forestiers, agriculteurs et gestionnaires d’aires protégées) sont établies, les mesures gestionnaires (effort et pression de chasse, dispositifs de prévention des dégâts) sont suivies par les fédérations départementales de chasse (FDC) et les dégâts aux cultures causés par le sanglier sont mesurés, suivis et indemnisés par le monde de la chasse (FDC33, 2021a). Relativement récente, la situation urbaine s’inscrit en dehors du territoire de compétence des FDC, questionnant les expertises sur lesquelles la gestion de la grande faune liminaire est fondée, évaluée et ajustée.

5Cet article interroge la donnée mobilisée par les gestionnaires et les décideurs et les flux d’informations circulant dans le réseau des acteurs confrontés au sanglier urbain et/ou impliqués dans sa gestion. Nous proposons une démarche originale pour explorer les hypothèses suivantes : 1) Les décisions gestionnaires reposent sur une information lacunaire et peu partagée entre acteurs ; 2) Les ruptures du flux d’informations dans le réseau traduisent les antagonismes entre groupes sociaux ; 3) La combinaison entre méconnaissance des enjeux et multiplicité des acteurs entraîne une confusion dans l’appréhension et la gestion du problème posé par la grande faune urbaine. Nos analyses reposent sur une enquête de terrain conduite sur le territoire bordelais, complétée par une collecte systématique de données et une analyse des plateformes de recensements de la faune.

Cadre théorique

Donnée, information, connaissance et expertise : clarification conceptuelle

6Les notions de donnée, d’information, de connaissance et d’expertise sont centrales dans cette étude. Nous consacrons un temps à leur clarification. La "chaîne de valeurs de la connaissance" proposée par Powell (2001) consiste en un enchaînement de "tâches cognitives" (Ermine et al., 2012) réalisées par des acteurs de la connaissance et permettant de transformer des données en décision et en action. Sa définition se fonde sur le très répandu modèle DIKW (Data, Information, Knowledge, Wisdom), chaîne de traitements successifs aboutissant à la transformation de données en sagesse (Rowley, 2007). Transposées à la gestion de la faune sauvage, les notions de connaissance et de sagesse font écho aux deux aspects de l’acte de décider définis par Dulcire (1989) : le "pouvoir choisir" et le "savoir choisir", respectivement. Pour les gestionnaires et décideurs, pouvoir choisir (ou "avoir de quoi choisir") une solution (ou un ensemble structuré de solutions) suppose la connaissance des atouts et des limites des solutions existantes. L’évaluation de la pertinence des solutions en situation renvoie à l’expertise, condition pour savoir choisir la ou les méthodes de gestion adaptée(s) aux besoins et aux contraintes environnementales. La figure 1 offre une synthèse graphique des définitions proposées par Ermine, Moradi et Brunel (2012), complétées par les notions de pouvoir et de savoir choisir (Dulcire, 1989).

Figure 1 : La gestion du sanglier urbain : du problème au potentiel d’action des acteurs de la connaissance

Figure 1 : La gestion du sanglier urbain : du problème au potentiel d’action des acteurs de la connaissance

Marin, 2024.

Connaître pour gérer

7Nous distinguons quatre axes de connaissances nécessaires à la construction, à la mise en œuvre et à l’ajustement de mesures visant à atténuer les conflits entre humains et faune sauvage : i) la connaissance du problème ; ii) la connaissance de l’animal ; iii) la connaissance de l’impact socio-écologique des mesures de gestion et iv) la connaissance des dimensions sociales de la gestion du patrimoine naturel commun.

8D’abord, la connaissance du problème renvoie à la mesure et à la prédiction des rencontres entre habitants et animaux (Pop et al., 2023) et des nuisances liées à l’investissement des espaces anthropisés par la faune (Kawata, Watanabe, 2021 ; Rutten et al., 2019). Les données mobilisées pour mesurer le problème sont institutionnelles ou contributives ; la seconde catégorie contribuant à pallier la faiblesse des moyens consacrés par les pouvoirs publics à l’étude de la biodiversité (Amelot et al., 2017). De plus, la construction de plans de gestion urbains nécessite de connaître les caractéristiques de la faune liminaire. Tandis que l’expression des besoins vitaux des animaux exerce une pression sur les territoires, l’environnement urbain exerce une pression sur les animaux. La présence et l’abondance des animaux sauvages dans les espaces urbains dépend à la fois des configurations urbaines (Beninde et al., 2015) et de la capacité individuelle des animaux à exploiter les ressources offertes par les espaces ouverts de la ville (Brogi et al., 2023). Les individus capables de s’adapter aux risques liés à la proximité des humains sont plus susceptibles de survivre et de se reproduire en ville, entraînant des différences comportementales, biologiques, phénotypiques et génétiques entre les populations urbaines et celles de leurs congénères ruraux (Castillo-Contreras et al., 2021 ; Ritzel, Gallo, 2020 ; Zsolnai et al., 2022). En outre, l’ajustement des mesures de gestion nécessite d’évaluer leur coût-efficacité (Escobar-Gonzalez et al., 2024), leur impact sur la démographie des espèces considérées comme surabondantes (Gonzalez-Crespo et al., 2018), ainsi que leur efficacité dans la réduction des conflits entre humains et animaux (Curtis, 2020 ; Griffin et al., 2022). Enfin, le volet social des interactions entre humains et faune sauvage comporte de multiples ramifications. Récemment, plusieurs études se sont penchées sur les perceptions habitantes de la coexistence avec les sangliers (Basak et al., 2022 ; Carpio et al., 2023) et/ou sur l’acceptabilité sociale des pratiques de régulation des animaux (von Essen, Redmalm, 2023 ; Zhou et al., 2023). Les politiques gestionnaires interrogent par ailleurs la place des représentations des décideurs et des experts dans la construction des stratégies de gestion (Marin et al., 2023), ou encore l’enrôlement des chasseurs de loisir dans un dispositif de régulation (Vajas et al., 2023).

Connaître pour prendre place

9"Souvent, on parle de conflits entre humains au sujet des animaux" (Marchand, 2016). La gestion de la grande faune s’inscrit en effet dans un système social complexe mêlant des enjeux multiples et parfois contradictoires.

10Dans les espaces ruraux, le traitement cynégétique du "problème" génère des tensions entre agriculteurs et chasseurs (Mounet, 2012), alimente des divergences internes au monde cynégétique (von Essen, Tickle, 2020), et oppose des conceptions radicalement opposées du rapport à la mort de l’animal dans un conflit d’une grande violence (Dalla Bernardina, 2017). L’arrivée du sanglier en ville élargit le système d’acteurs en tension, générant une "proximité subie" (Rallet, Torre, 2004) entre chasseurs, louvetiers, représentants du monde cynégétique institutionnel, écologistes, animalistes, gestionnaires de sites publics ou privés, élus métropolitains et communaux. Dans un contexte de remise en question du bien-fondé de la chasse et de concurrence historique entre écologistes et chasseurs (Baticle, 2015 ; Larrère, 2003), la pérennisation du modèle gestionnaire cynégétique implique le renforcement de sa légitimité sociale. Cette légitimité s’appuie notamment sur l’expertise, et de fait, sur la capacité du monde cynégétique à se placer dans la chaîne de la connaissance. Le positionnement fort des acteurs cynégétiques sur la scène scientifique et technique trouve ses racines dans les années 1970. À cette époque, les opposants à la chasse mobilisent de plus en plus une argumentation "d’allure scientifique" pour condamner une pratique qui menacerait l’équilibre biologique, et la "scientifisation" du débat motive le monde cynégétique à devenir gestionnaire savant des ressources naturelles (Fabiani, 1984). À l’instar d’autres associations naturalistes reconnues d’utilité publique, les instances cynégétiques se sont ainsi engagées dans un processus de rationalisation des données sur la biodiversité, répondant à l’impératif scientifique de l’action environnementale des politiques de la nature tout en s’éloignant de leur image militante (Granjou, Mauz, 2007). Expertes de la faune gibier "rurale", les FDC s’instituent désormais comme principales productrices de données sur la grande faune gibier "urbaine" en France. Tandis que l’expertise confère aux gestionnaires un potentiel d’action fondé sur une connaissance du problème, la production, la détention et la diffusion de l’information influence les dynamiques de pouvoir décisionnel (Vimal et al., 2018). La coexistence avec le sanglier urbain met en discussion des gestionnaires et élus communaux pro- ou anti-chasse, conservateurs ou en recherche de méthodes gestionnaires innovantes, létales ou non létales. L’expertise place les acteurs qui la détiennent comme acteurs incontournables dans la construction des politiques de gestion de la nature urbaine, interrogeant les sous-jacents politiques de la structuration de la donnée en information (Lobry, Catteau, 2023).

Méthode

Terrain d’étude

11Notre étude prend place dans la métropole bordelaise. Bordeaux Métropole est une collectivité territoriale regroupant 28 communes. Traversée par la Garonne, la Métropole couvre 578 km² et compte 819 604 habitants, dont 259 809 dans la ville centre, Bordeaux (INSEE, 2023). Parallèlement au mouvement de périurbanisation, les politiques de "nature en ville", déjà inscrites dans les projets d’urbanisme de la fin du XXème siècle puis encouragées par les lois Grenelle I et II (2009-2010), favorisent une connexion entre les espaces agro-forestiers périphériques et le centre urbain densément bâti (Banzo, Couderchet, 2013). La niche écologique du sanglier urbain, indifférent à la fragmentation de ses habitats fonctionnels, correspond assez fidèlement au tracé de la trame verte du Plan Local d’Urbanisme de Bordeaux Métropole (Marin et al., 2024b).

  • 1 Une Association Communale de Chasse Agréée (ACCA) est une structure spécifique à la France, créée p (...)

12Longtemps ignorés par les politiques urbaines, les enjeux économiques et de sécurité liés à l’arrivée du sanglier suscitent désormais l’inquiétude des acteurs de la ville. Dans les communes les plus périphériques de la Métropole, les "prélèvements" de sangliers relèvent de la chasse de loisir, organisée en associations de chasse communales ou en sociétés de chasse1. Dans la ville centre et les communes de la banlieue, l’administration prend le relais. Sur la période s’étendant du 1er juillet 2020 au 30 juin 2021, près de 1 000 sangliers sont abattus dans la Métropole, dont plus de la moitié "détruits" par des mesures administratives (carte 1). 8 ans plus tôt, sur la saison 2012-2013, un peu moins de 300 sangliers étaient régulés sur le même espace, dont un tiers par les agents de l’administration (données DDTM33, FDC33, 2022). L’évolution de la pression de régulation reflète celle des efforts de gestion. Destiné à répondre à des problèmes signalés aux services administratifs (dégâts aux cultures et aux espaces verts, divagations d’animaux en zones résidentielles, accidents de la voie publique), l’effort croissant des louvetiers n’a toutefois pas suffi à endiguer les nuisances générées par la coexistence.

Carte 1 : Un an de régulation des populations de sangliers sur les communes de Bordeaux Métropole

Carte 1 : Un an de régulation des populations de sangliers sur les communes de Bordeaux Métropole

Marin, 2024.

13Alors que les services communaux et métropolitains continuent de recevoir des plaintes, le dispositif gestionnaire s’essouffle. De plus en plus sollicités, les louvetiers, bénévoles, sont peu nombreux. En 2021, 14 lieutenants régulent le sanglier sur le territoire métropolitain, quand les associations de chasse périurbaines de la Métropole comptent ensemble 4 200 adhérents (données DDTM33 et FDC33, 2022). Proposant d’étendre le dispositif cynégétique rural aux territoires urbains, la FDC de la Gironde (FDC33) s’engage en 2015 dans la création d’une nouvelle unité de gestion du grand gibier centrée sur les territoires non chassés de l’agglomération (FDC33, 2021b). L’initiative est singulière en France. Or, sa présentation officielle aux élus communaux et métropolitains en 2021 suscite de vives oppositions. L’échec relatif du projet cynégétique urbain conduit à la naissance de comités techniques pilotés par les services métropolitains. Ne disposant pas de compétences réglementaires relatives à la gestion de la faune urbaine, l’intercommunalité s’institue comme conseillère pour les communes à qui incombe la régulation des ESOD, dont le sanglier fait désormais partie.

14Dans ce système d’acteurs reconfiguré, les connaissances du sujet font défaut. L’incertitude générale suscite un appel à l’expertise scientifique de la part des acteurs du territoire. Initialement, la recherche co-construite avec les gestionnaires cynégétiques est fondamentale et axée sur la connaissance de l’animal. En 2022, elle évolue vers un programme de recherche-action principalement financé par les collectivités territoriales. L’attente sociale de l’accompagnement par le tiers scientifique ne tient pas uniquement au porter à connaissance, elle tient aussi à la formulation de propositions "sur ce qu’il faudrait faire pour que cela aille mieux, ou « marche mieux »" (Hébrard, 2009). La demande de solutions opérationnelles soulève d’emblée trois questions : i) celle de la définition du problème à résoudre ; ii) celle des solutions possibles ; iii) celle de leur adéquation au contexte socio-écologique du territoire. Cette étude contribue à répondre à la première d’entre elles.

Démarche

15Notre approche vise à analyser les données et les informations (écologiques, sociales ou économiques) au fondement de la construction des politiques de gestion du sanglier urbain et leur circulation au sein du système d’acteurs. Elle comporte quatre temps, présentés dans la figure 2 et développés dans ce qui suit.

Figure 2 : Objectiver la construction et la diffusion des expertises gestionnaires du sanglier urbain

Figure 2 : Objectiver la construction et la diffusion des expertises gestionnaires du sanglier urbain

Marin, 2024.

Enquête de terrain

16L’enquête de terrain profite de la sollicitation de l’équipe de recherche par des acteurs directement confrontés aux enjeux de la coexistence avec l’espèce : un élu et un chargé de mission d’une commune métropolitaine ; un responsable sûreté et sécurité d’un site industriel implanté sur le territoire de la Métropole. Ces deux premiers entretiens mènent aux suivants ; les acteurs auxquels les enquêtés font spontanément référence comme détenteurs d’informations sur le sujet sont contactés, et ainsi de suite.

17Menée entre le 9 mars et le 25 mai 2023, la démarche conduit à la sollicitation de 34 acteurs. Nous les répartissons dans six groupes sociaux : 1) Politiques (élus) ; 2) Chargés de mission communal ou intercommunal (personnels des services scientifiques et techniques des collectivités territoriales) ; 3) Gestionnaires de site (responsables de sites publics ou privés) ; 4) Chasseurs ou louvetiers (acteurs du monde cynégétique) ; 5) Agriculteurs et 6) Fonctionnaires du service public.

18Parmi les 34 acteurs, 16 nous accordent un entretien semi-directif long. Dans le premier temps de l’entretien, nous laissons l’enquêté évoquer les enjeux de la coexistence qu’il perçoit. Le deuxième temps porte sur les données (nature, production, structuration ?), leur transmission (depuis qui, vers qui, comment ?). Le dernier temps s’intéresse aux solutions à l’œuvre et/ou envisagées (satisfaction apportée par les méthodes actuelles, souhait d’innovation ?). Les entretiens sont enregistrés puis retranscrits intégralement. Les réponses exploitables, par mail ou par téléphone, de 3 acteurs enrichissent le corpus.

Analyse du flux d’information

19La première phase de l’analyse repose sur la conversion en graphes de l’enquête de terrain. Pour visualiser les flux d’informations entre les acteurs concernés par le sanglier en ville, nous construisons un réseau social unimodal, dirigé et non pondéré, dans lequel les liens correspondent aux mentions d’acteurs reconnus comme détenteurs d’informations. Nous imposons au réseau un bornage spatial et temporel. Tandis que la restriction de la dimension spatiale du système au territoire métropolitain permet d'éviter une mise en relation d'acteurs locaux et à distance dans un même réseau (Torre, 2016), la durée de notre démarche de terrain restreint la dimension temporelle du système. Notre base de données comprend ainsi 34 nœuds (les acteurs mentionnés) et 85 liens dirigés non pondérés (les mentions reliant les nœuds).

20Nous utilisons le package igraph de R et mobilisons l’algorithme de visualisation de Fruchterman-Reingold. La position des nœuds dans le graphe, centrale ou périphérique, est fonction du nombre de connexions de chaque acteur. Nous mesurons trois indicateurs globaux de connectivité. La densité du réseau (le rapport entre les liens réels et les liens possibles) renseigne sur la circulation globale de l’information. La longueur moyenne des chemins (le nombre moyen d’étapes entre deux nœuds) offre une idée de l’efficacité du flux d’informations. Enfin, la transitivité évalue les regroupements d’acteurs ayant davantage de connexions entre eux qu’avec le reste du réseau. Nous mobilisons également deux indicateurs de position. La centralité de degré des liens entrants dans un nœud renvoie à l’attractivité de l’acteur. La centralité d’intermédiarité comptabilise le nombre de positions intermédiaires d’un nœud sur le chemin le plus court entre deux autres nœuds, renseignant sur le potentiel des acteurs à relayer et, par conséquent, à transformer l’information circulant dans du réseau.

21L’analyse qualitative des entretiens semi-directifs constitue la seconde phase de l’analyse, elle permet d’interpréter les graphes. Représentée par la présence ou l’absence de liens entre les acteurs, la circulation de l'information traduit les relations que les acteurs entretiennent ou n'entretiennent pas entre eux. L’analyse des entretiens se focalise sur la nature des collaborations et la compréhension des raisons de la non collaboration entre acteurs, à l’aune des similitudes ou des dissensions relatives à la perception du problème de coexistence avec les animaux et des méthodes de gestion à mettre en œuvre (temps 1 et 3 des entretiens semi-directifs).

Collecte et analyse de la donnée

22La dernière étape de la démarche consiste à collecter, recenser et analyser les données produites, mobilisées et/ou mobilisables par les acteurs.

23Lors de l’enquête de terrain, nous demandons à chacun des acteurs contactés de partager les données dont ils disposent (relevés de nuisances, signalements, accidents, suivi des activités de gestion et de prévention), de préférence sous leurs formes brutes. Nous analysons la donnée collectée en relevant systématiquement : 1) Sa source (acteur et son groupe social) ; 2) Son support ; 3) Sa temporalité (date ou étendue temporelle, fréquence de mise à jour) ; 4) L’espace concerné (localisation ou étendue spatiale) et 5) La nature de l’information renseignée. Nous mettons en relation ces caractéristiques avec les préoccupations principales exprimées lors des échanges.

24Nous explorons ensuite les dispositifs de signalements de dégâts et d’observations de sangliers. Nous lançons deux recherches sur le moteur de recherche Google et examinons les résultats des deux premières pages. La première inclut la formule "signaler dégât sanglier". Elle nous oriente vers les FDC, instances en charge de l’indemnisation des dégâts agricoles causés par le grand gibier, ainsi que vers un dispositif mis en place par les Chambres d’Agriculture. Nous y ajoutons la plateforme "forêt gibier" portée notamment par l’Office National des Forêts. La seconde recherche inclut la formule "signaler observation sanglier". Elle renvoie immédiatement à une initiative de 2022 lancée par la préfecture d’un département français, puis au portail d’Inventaire National du Patrimoine Naturel du Museum National d’Histoire Naturel. Nous y ajoutons la Plateforme Faune Aquitaine de la Ligue de Protection des Oiseaux (LPO). Nous examinons, pour chaque plateforme, la nature des contributions (source, renseignement fourni) et l’accessibilité à ces données centralisées, et visualisons les résultats de recensements dans la Métropole de Bordeaux.

Une situation confuse

Multiplicité d’interlocuteurs

25Le premier constat est celui d’une multiplicité des acteurs mentionnés comme détenteurs d’informations, illustrant la difficulté à identifier les acteurs et organisations de référence dans la gestion des sangliers urbains. Deux groupes d'acteurs se démarquent toutefois par leur fréquence de citation : les chargés de mission des collectivités territoriales et les chasseurs ou louvetiers. Bien que la prise en charge du "problème" urbain incombe aux municipalités, la gestion du grand gibier reste très liée à la chasse. Partant de deux opportunités d’entretiens avec des acteurs éloignés du monde de la chasse, l’enquête de terrain nous y amène immédiatement au niveau local et, un peu plus tard, au niveau départemental. À l’inverse, l’évocation des acteurs agricoles dans les entretiens est survenue tardivement, aucun n’a pu se rendre disponible pour une rencontre. L’enquête de terrain ne nous permet ni d’appréhender leurs méthodes de suivi des dégâts, ni de comprendre leur perception du problème. L’occurrence des groupes sociaux reflète l'importance qu’ils occupent dans le système, nous la synthétisons dans la figure 3.

Figure 3 : Répartition des acteurs évoqués et enquêtés dans les groupes sociaux

Figure 3 : Répartition des acteurs évoqués et enquêtés dans les groupes sociaux

Bellalba, 2023.

26Cette première analyse offre une vue d'ensemble de la répartition des acteurs reconnus comme experts au sein du système, mais ne renseigne pas sur la diffusion des informations. La section suivante vise à identifier les sous-réseaux d'acteurs au sein desquels l'information circule.

Circulation globale et rupture du flux d’information

27La mise en graphe du réseau social produit par la poursuite de l’information sur le terrain permet d’évaluer sa circulation globale, la place des différents acteurs sur la scène territoriale et les liens ou l’absence de liens entre les acteurs de la connaissance.

28Les indicateurs de connectivité indiquent une faible intensité de la circulation de l’information (densité du réseau = 0,076), couplée à une efficacité moyenne du flux d’information (longueur moyenne des chemins = 3,06). Toutefois, le regroupement d’acteurs est relativement faible (transitivité = 0,31), suggérant l’existence d’un noyau central d’acteurs aux connexions bien établies.

29L’observation de la configuration du réseau d’acteurs couplée à l’analyse de la centralité de degré des liens entrants permet d’identifier les acteurs-clés de la connaissance (figure 4a). Disposant d’un fort potentiel d’action, les agents de la DDTM, les personnels et représentants de la FDC, un chargé de mission de Bordeaux Métropole et les lieutenants de louveterie se placent au centre du graphe et disposent d’une centralité de degré entrant importante. À l’inverse, la plupart des chargés de missions communaux et métropolitains se trouvent aux marges du graphe, à l’instar de la majorité des gestionnaires de sites, dont le potentiel d’action spatial se limite à l’échelle infra-communale. Deux gestionnaires de sites communaux et deux agriculteurs s’intègrent toutefois au cœur du réseau, traduisant leur collaboration avec les principaux gestionnaires.

30Les regroupements résultent en effet de la combinaison de collaborations et de non-collaborations. L’analyse qualitative des entretiens permet de définir trois catégories de collaborations : i) le travail d’équipe (et les liens hiérarchiques) au sein d’une institution (entre la louvèterie et la DDTM, entre les associations de chasse et la FDC) ; ii) la communication entre institutions (en particulier entre la FDC et la DDTM) et iii) la solidarité entre opérateurs de la gestion de la faune (entre les lieutenants de louvèterie, et entre les louvetiers et les adhérents des associations territoriales de chasse). La non-collaboration résulte quant à elle tantôt d’un déficit du dispositif de communication des informations relatives à la faune urbaine, tantôt d’antagonismes idéologiques entre acteurs aux rapports aux autres vivants opposés. L’absence de collaborations attendues a priori concerne principalement les instances de la préfecture (Direction Départementale de la Sécurité Publique (DDSP) et DDTM) et les différents services de l’intercommunalité. Les services n’ont pas la même vocation, traitant ou non la question, indépendamment et sous des angles différents. Les divergences relatives aux méthodes de gestion représentent la seconde cause de rupture des collaborations, elles se traduisent par la division de la sphère des acteurs en deux sous-réseaux distincts (figure 4b). Le premier sous-réseau se compose des acteurs historiques de la gestion de la grande faune gibier : chasseurs, louvetiers, agents de la DDTM. Le second est celui des élus et chargés de mission délégués à la condition animale.

Acteurs "moteurs", acteurs "spectateurs" et représentations collectives

31Dans chaque sous-réseau, l’information globale est relayée par des acteurs disposant d’un important degré d’intermédiarité, acteurs de la connaissance "moteurs" au fort potentiel de diffusion de l’information, autour desquels gravitent des acteurs davantage "spectateurs" (figure 4b).

32Un louvetier et un chargé de mission métropolitain s’instituent comme principaux "acteurs relais" du premier sous-réseau. Le louvetier est l’acteur opérationnel en ville, il se place donc naturellement au centre des réseaux de sollicitations et de transfert de l’information. Moins présents sur le terrain, les représentants de la FDC et les agents de la DDTM disposent d’une intermédiarité plus faible. Au contraire, le chargé de mission métropolitain dispose du plus fort degré d’intermédiarité. Responsable de la médiation entre les parties prenantes concernées par le problème de la grande faune urbaine, cet acteur s’intègre au réseau central tout en maintenant le lien avec les acteurs du second sous-réseau. Par ailleurs, l’influence politique et l’engagement fort sur le terrain des élus à la condition animale leur confèrent un fort potentiel de relai de l’information. Bien que nouvellement engagés sur la thématique, ces acteurs présentent une centralité d’intermédiarité supérieure à celles des représentants d’associations de chasse locales. Nos résultats reflètent ainsi l’émergence d’un réseau parallèle à celui de la gestion cynégétique, principalement constitué d’agents des services de police et de chargés de mission communaux. La sollicitation des acteurs de ce sous-réseau mène toutefois à des redirections répétées de l’équipe de recherche, passant de l’échelle communale à l’échelle départementale, et naviguant entre différents services des collectivités territoriales. Finalement, la coexistence avec le sanglier conduit à une situation paradoxale, dans laquelle les acteurs les plus fermement opposés à la gestion létale se trouvent contraints de faire appel à l’opérateur de la régulation administrative, le louvetier intervenant dans la commune.

33Le regroupement d’acteurs de la connaissance génère non seulement une rupture du flux d’informations dans le réseau global, il contribue également à renforcer certaines idées au sein des groupes sociaux. Pour les acteurs de la sphère gestionnaire, la réponse au problème réside dans la réduction de l’abondance des animaux à travers le prélèvement ou la destruction, et la gouvernance cynégétique est pensée incontournable. Au contraire, les acteurs "moteurs" du second sous-réseau avancent la nécessité d’un renouvellement du modèle à travers la fonctionnarisation d’agents de la gestion et l’application de méthodes non létales. Au cœur d’un réseau d’acteurs aux divergences marquées, le chargé de mission métropolitain engagé sur la thématique relaie l’ensemble des discours. L’analyse des entretiens montre enfin une proximité discursive relative au problème et à ses solutions entre les acteurs les plus connectés entre eux. Les louvetiers représentent le principal interlocuteur des acteurs subissant les nuisances liées à la présence de la faune SOD. Nos résultats suggèrent que leur discours pragmatique, orienté vers l’efficacité des mesures, est relayé par les responsables de sites urbains qui les sollicitent.

Figure 4 : Réseau d’acteurs de la connaissance du phénomène sanglier urbain dans la Métropole de Bordeaux a) centralité de degré entrants ; b) centralité d’intermédiarité et sous-réseaux

Figure 4 : Réseau d’acteurs de la connaissance du phénomène sanglier urbain dans la Métropole de Bordeaux a) centralité de degré entrants ; b) centralité d’intermédiarité et sous-réseaux

Marin, 2024.

34Dans un réseau caractérisé par une défaillance de certains dispositifs de communication et par des antagonismes forts, l’information peine à circuler de façon optimale. Les dissensions ne portent pas tant sur le constat des nuisances, mais sur les méthodes de gestion à mettre en œuvre. Or, pour envisager des solutions à un problème, il faut pouvoir le définir. Sur le terrain bordelais, le déficit de collaborations entre acteurs se combine à un déficit global d’informations, sur lequel nous nous penchons dans ce qui suit.

Carence de données

35À l’issue de l’enquête de terrain, le constat d’une carence de données s’impose. Si les acteurs confrontés au sanglier en ville en exposent les nuisances, rares sont ceux qui mettent en œuvre un recensement des observations et des incidents. Les problèmes sont le plus souvent exprimés oralement sans être systématiquement consignés. Tandis que l’ensemble de la démarche repose sur la collecte de données brutes, seuls 3 chargés de mission communaux, 3 gestionnaires de sites communaux, les représentants de la FDC et les responsables d’une association de chasse nous transmettent des données.

36Les données collectées renseignent des informations différentes et sont caractérisées par des étendues temporelles et spatiales variables. Elles concernent un site, une commune, les espaces chassés de la Métropole ou l’unité de gestion cynégétique urbaine ; elles portent sur les dégâts et dégradations des infrastructures, les rencontres physiques entre humains et sangliers ou les pratiques de régulation. Elles sont enfin renseignées sur des supports différents (photographies, tableurs, notes, cartes, plan de gestion). L’hétérogénéité de la donnée traduit la diversité des préoccupations des acteurs. Les acteurs du monde cynégétique renseignent les prélèvements à l’échelle de l’unité de gestion ; certains gestionnaires de sites les nuisances auxquels ils se confrontent directement (retournements de parcelles, trous dans les clôtures) ; quelques mairies les dérangements portés à leurs administrés. Les incidents liés à la grande faune urbaine ne sont consignés à aucun niveau des services de police et il n’existe pas de centralisation des informations à l’échelle métropolitaine. Les seules remontées officielles des interactions entre humains et sangliers sont les tableaux de chasse renseignés à l’échelle communale et les géolocalisations plus ou moins précises des destructions administratives. Ces données ne sont pas diffusées dans le réseau des acteurs de la ville. Partielle et hétérogène, l’information collectée n’est ni cartographiable, ni mesurable. La situation traduit l’absence de dynamique collective de recensement des nuisances, couplée à une rétention d’informations par certains groupes sociaux.

37Les plateformes contributives de recensements ne permettent pas davantage de dresser un tableau du problème posé par le sanglier dans la Métropole de Bordeaux. Seules certaines catégories de nuisances sont recensées, et l’accès aux données relatives aux dégâts agricoles est restreint aux organismes référents. Les signalements de dégâts sylvicoles renseignés sur la plateforme forêt gibier concernent très peu les espaces forestiers de la Métropole. Enfin, si les recensements citoyens d’observations de sangliers couvrent certains espaces de la Métropole, leur visualisation permet uniquement de confirmer la présence de l’espèce (carte 2). Le traitement de cette donnée en information nécessiterait l’analyse systématique des sources des contributions et des circonstances associées aux observations.

Carte 2 : Observations de sangliers renseignées sur la plateforme Faune Aquitaine de la LPO, année 2023

Carte 2 : Observations de sangliers renseignées sur la plateforme Faune Aquitaine de la LPO, année 2023

Bellalba, 2024.

De mesures d’urgence à la réflexion collective

Poser le problème, un prérequis

"Les élus et services de la ville sont tout à fait favorables à cette étude avec l’espoir que des solutions concrètes et diversifiées, autres que les seules battues administratives, puissent en émerger" (chargé de mission)

38Située à l’interface entre recherche fondamentale et recherche action, cette étude s’inscrit dans un contexte social de demande forte de solutions à la fois innovantes, efficaces et considérées comme acceptables socialement pour traiter le problème de la grande faune sauvage urbaine. Or, quels que soient l’espèce et l’espace considérés, l’élaboration de stratégies gestionnaires est indissociable d’une connaissance approfondie des différents enjeux liés à la coexistence entre humains et faune sauvage (König et al., 2020 ; White, Ward, 2010).

39Tandis que la formulation de solutions ne s’envisage qu’après l’établissement d’un état des lieux initial du problème permettant de fixer des objectifs de gestion dans un territoire donné, nos efforts engagés sur le terrain pour recenser l’ensemble des données contribuant à la définition par les acteurs du phénomène comme un "problème" se sont soldés par un échec relatif. La donnée est partielle, hétérogène, et dispersée dans différentes structures. De façon générale, notre étude démontre la carence de données relatives aux quatre axes de la connaissance du phénomène sanglier urbain présentés plus tôt : la coexistence, l’animal, la gestion, le social. Ce constat se présente comme la traduction locale d’une situation générale. Tandis que la gestion de la nature urbaine s’inscrit dans un contexte de connaissances incomplètes du fonctionnement des écosystèmes urbains (Lofti et al., 2017), de nombreux travaux menés dans d’autres villes et/ou sur d’autres espèces soulèvent le déficit de connaissances des caractéristiques écologiques, éthologiques ou démographiques de la faune liminaire (Hagemann et al., 2022 ; Coman et al., 2022 ; Mackenzie et al., 2022), des enjeux et des modalités de la coexistence (Chastant, 2023), de l’impact écologique des mesures gestionnaires (Escobar-Gonzalez et al., 2024) et des dimensions sociales des politiques gestionnaires (Moesch et al., 2024).

40Bien que les dégâts, incidents ou accidents servent à justifier la régulation, la donnée disponible ne suffit pas à établir un premier état des lieux des nuisances. En l’absence de données fiables, les réponses gestionnaires reposent sur l’appréciation de quelques acteurs, connaisseurs de la composition et de la distribution des groupes de sangliers urbains. Toutefois, les conflits entre humains et sangliers, et plus encore, ceux entre humains à leur sujet, donnent lieu à des discours contradictoires et même accusateurs sur l'origine des animaux, leur abondance et leur comportement (Marin et al., 2024a). Les déclarations annuelles des effectifs de sangliers régulés représentent l’essentiel de l’information, traduisant l’absence d’anticipation collective de l’investissement des corridors écologiques urbains par une grande faune génératrice de disservices écosystémiques.

41La nécessité de cadrer le problème nous conduit à proposer des perspectives d’évolution du relevé et de la centralisation des données, à travers la création d’une base de données participative. L’arborescence de la base s’articule autour de quatre grandes catégories de signalements : les dégâts, les observations, les destructions et les prélèvements (figure 5).

Figure 5 : Version simplifiée de l’arborescence pour renseigner l’interface entre humains et sangliers urbains

Figure 5 : Version simplifiée de l’arborescence pour renseigner l’interface entre humains et sangliers urbains

Les données disponibles sur le terrain bordelais sont encadrées en vert clair (information très incomplète) et en bleu gris (information plus complète mais toutefois partielle).

Marin, Bellalba, 2023.

42L’objectif du projet est double. Ouverte à l’ensemble des acteurs concernés par la coexistence avec le sanglier, la plateforme faciliterait la saisie de données par un large public, permettant de pallier la carence de recensements, tout en favorisant la transparence relative aux activités de prélèvements et de destructions. Tous les acteurs du terrain bordelais seraient en effet invités à l’alimenter : habitants et/ou usagers de la nature urbaine, gestionnaires de sites et agriculteurs, chargés de missions des collectivités territoriales, responsables d’associations de chasse et personnels de la FDC, louvetiers et fonctionnaires du service public, personnels d’associations écologistes agréées au titre de la protection de la nature. De plus, la plateforme offrirait un cadre permettant d’envisager une certaine complétude des renseignements déposés, laissant ainsi entrevoir l’exploitation de la donnée en information. Tandis que l’hétérogénéité de la donnée empêchait initialement de poser le problème, cette caractéristique serait exploitée pour appréhender les multiples facettes d’un phénomène complexe. La conception de la plateforme de signalements a retenu l’attention des collectivités territoriales. Une évaluation des modalités, coûts, opportunités et contraintes de développement et d’hébergement est en cours.

Nouvel outil, mêmes difficultés ?

"Ma question est très simple : quel est le nombre exact, est ce que vous les avez comptés ? Et la réponse est toujours la même : Ça pullule. On voit bien qu’ils ont fait des dégâts" (élu communal).

43Permettant d’obtenir de larges quantités de données, les sciences contributives ouvrent des pistes prometteuses pour la connaissance de la nature urbaine (Morin et al., 2023), de ses usages humains (Pinto et al., 2023), des lieux de conflits entre humains et animaux (Wine et al., 2015). Pour tirer profit du projet, deux fondamentaux nécessitent toutefois d’être considérés : la donnée renseignée et l’alimentation de la plateforme par les potentiels contributeurs.

44L’information potentiellement générée repose sur la donnée. Or, tous les acteurs de terrain ne perçoivent pas la présence du sanglier de la même manière. Influencée par la charge psychophysiologique et le bagage théorique, l’observation ne peut être considérée comme un processus passif de réception de la réalité. Insignifiantes voire invisibles pour un œil non exercé, l’examen des traces, en tant que manifestations concrètes et perceptibles du passage de l’animal, requiert un regard attentif et éduqué pour prendre un sens (Gagnol et al., 2018). La donnée contributive s’accompagne non seulement de biais cognitifs, mais aussi de biais spatio-temporels (Scott et al., 2014). Les observations sont intrinsèquement liées à la fréquentation des sites par les observateurs, elle-même conditionnée par des facteurs sociodémographiques et par la structure paysagère de l’espace (Walter et al., 2018). En l’absence de prise en compte de ces biais, les données renseignent les lieux et moments de rencontres entre humains et animaux, plutôt que la répartition spatiale de l’espèce (Guillera-Arroita et al., 2015). Le biais spatio-temporel s’accentue encore pour le relevé des opérations de gestion. Encadrés par la réglementation, le prélèvement comme la destruction s’inscrivent dans des dispositifs sociotechniques, notion qui intègre les composantes techniques dans une matrice plus large dont les contours dépendent d’ajustements socio-spatiaux multiples (Amelot et al., 2017). Nos résultats révèlent que la géolocalisation des efforts de régulation reflète davantage la répartition géographique des zones urbaines se prêtant aux battues de sangliers, les arrangements locaux et les territorialités des chasseurs, que les spatialités animales. Le rôle central joué par les associations dans la construction de la connaissance sur la biodiversité soulève ainsi la question de la nature des indicateurs, en lien avec le contexte socio-culturel local de leurs relevés (Fortier, Alphandery, 2017).

45L’ambition du projet de plateforme collaborative ne peut être de "compter l’incomptable" (Gryz et al., 2024), mais bien de documenter l’interface entre humains et sangliers. L’information qui en découle se rapporte aux interactions perçues par les humains, directes ou indirectes, au cœur des études sur les conflits entre humains et animaux. En outre, l’intégration de données de pseudo-absences dans la structuration de l’information, complétée par une validation des données contributives par des enquêtes de terrain permet d’affiner la connaissance de la distribution spatiale des animaux (Capon et al., 2021 ; Turner et al., 2022). Sur le registre opérationnel, la mobilisation des données de la plateforme ouvre immédiatement des perspectives d’optimisation de l’allocation spatio-temporelle des efforts de gestion. Sur le plus long terme, la mise en relation des quatre catégories d’informations contribuerait à réduire l’incertitude générale relative aux enjeux de la coexistence avec le sanglier urbain, laissant entrevoir des avancées dans l’ajustement des orientations gestionnaires. Toutefois, l’outil participatif est tout à fait inutile s’il n’est pas alimenté. Or, nos résultats ne montrent pas uniquement l’absence de collecte, de centralisation et de traitement des données. Ils montrent aussi un défaut de partage dans le réseau d’acteurs.

46Zucca (2019) identifie plusieurs obstacles à la circulation des données naturalistes : la conservation du monopole naturaliste d’un lieu ; la crainte que le partage de données nuise à certaines espèces ; la crainte de mauvaises interprétations et utilisation des données ; la crainte d’une perte de visibilité de l’organisation. Nos résultats en confirment certains. Sur le terrain bordelais, la "compétition pour l'expertise environnementale" (Granjou, Mauz, 2007) reflète des conflits de nature idéologique et politique, elle se traduit par une rétention de l’information par les organisations qui la détiennent. Deux principaux sous-réseaux d’acteurs aux divergences idéologiques fortes se dégagent de l’analyse. Bien établi, le sous-réseau du monde de la chasse dispose de l’essentiel des données sur le sujet. Le sous-réseau du monde animaliste émerge quant à lui en politique, et dispose de très peu de données, bien que des efforts de collecte soient menés. Condition d’accès au pouvoir choisir, l’expertise est en effet cruciale pour assoir "la capacité des uns ou des autres à justifier et à négocier leur propre régime d’action sur le monde" (Manceron, Roué, 2009). La maîtrise de l’information permet aux acteurs de poser le cadre du problème. Elle ouvre également des perspectives de recadrage du problème, à partir de la mobilisation d’autres normes, idéologies et savoirs pour orienter la lecture "de ce qui compte et de comment le prendre en compte" (Mormont, 2006). Le monde animaliste, fervent opposant au modèle de gestion cynégétique, enrôle ainsi de nouveaux partenaires, issus du monde associatif, politique, technique et scientifique. La dynamique du conflit modifie la dimension sociale et spatiale de l’action contestataire dont le poids pèse désormais sur les discussions. Parallèlement, les acteurs historiques de la connaissance sur les espèces gibier s’efforcent de conserver leur prééminence de l’expertise sur le sujet, enjeu majeur de maintien de leur légitimité dans le système social. Au principe de transparence des données sur la nature s’oppose la capacité à les interpréter, liée au pilotage du travail bénévole de collecte, à la connaissance du contexte socio-territorial, aux droits et identités territoriales historiques, aux transmissions intergénérationnelles (Alphandery, Fortier, 2013). Les acteurs du milieu écologiste associatif local forment un troisième groupe d’acteurs de la connaissance. Bien que notre enquête ne nous y ait pas conduit, nos précédentes recherches révèlent un conflit territorial ancien entre chasseurs et écologistes, exacerbé par l’arrivée du sanglier en ville. Dans ce cas, la rupture du flux d’informations reflète les difficultés de dialogue entre les organisations. Elle traduit également la crainte de la manipulation de la donnée à des fins de conquête des espaces protégés par le monde de la chasse, et de ses répercussions potentielles sur la conservation de la biodiversité. Dans ces conditions, il ne serait guère surprenant de voir émerger des réticences de la part des organisations à participer à l’alimentation d’un dispositif destiné à diffuser des données mobilisables par leurs opposants, et qui contribuerait dans le même temps à la perte de leur monopole de l’expertise naturaliste.

47Enfin, si la gestion du problème génère des dissensions, elle repose, en France, sur le monde cynégétique associatif, qui en assume à la fois la responsabilité et les coûts. La centralisation des données par une collectivité territoriale via une plateforme collaborative relèguerait les associations gestionnaires au rôle réduit de fournisseurs de données. En déplaçant les légitimités, un tel projet risque de susciter des frustrations, menaçant l’investissement aussi bien de la chasse institutionnelle que de ses opérateurs bénévoles dans le traitement d’un problème pour lequel il n’existe, dans le contexte français actuel, aucune alternative viable. Ainsi, la mise en œuvre d’une telle plateforme dépasse la simple recherche d’efficacité opérationnelle : elle constitue un choix politique. Ce choix redéfinit les rôles et les collaborations entre les collectivités territoriales et le monde associatif. Les blocages observés sur le terrain autour du développement de ce projet soulèvent, en filigrane, la question de la place accordée aux acteurs associatifs dans l’élaboration des politiques publiques de gestion de la nature.

Conclusion

48S’affranchissant des limites physiques, symboliques et administratives, le sanglier urbain se présente comme modèle d’étude de la pression exercée par la faune liminaire sur la sphère gestionnaire. L’enjeu de gestion est écologique et social, il est aussi culturel, politique et éthique. Relever le défi d’une coexistence pérenne avec la grande faune urbaine nécessite de lever l’incertitude relative aux multiples dimensions du phénomène. Le cadrage du problème à travers la collecte, la diffusion et la structuration de la donnée s’institue comme prérequis à des formes de liberté dans les choix de gestion, à l’évaluation des méthodes à l’œuvre et, de fait, à une réflexion collective sur les stratégies gestionnaires futures.

49Nos résultats amènent au constat indéniable d’un déficit de données relatives au problème posé par la grande faune urbaine, couplé à une confusion autour des acteurs et organisations gestionnaires ressources. Dans un système d’acteurs engagés dans des combats de légitimité, la détention de l’information se présente comme un enjeu de positionnement et la transmettre revient à s’en déposséder. Ainsi, l’information circule de façon transversale, elle n’est ni centralisée selon une logique bottom-up, ni diffusée selon une logique top-down. La perspective d’une plateforme de collecte de la donnée, si les acteurs s’en saisissent, pourrait contribuer à préciser les stratégies de gestion, à court et moyen termes. Tandis que la mobilisation des renseignements centralisés par les acteurs entrainerait de nouveaux flux d’informations dans le réseau, l’alimentation conjointe de la base permet d’imaginer l’émergence de nouvelles collaborations entre acteurs. Les rapports entre acteurs pourraient ainsi se modifier et le réseau social prendre de nouvelles formes. Pour les chercheurs, il serait intéressant d’étudier non seulement la participation des uns et des autres à la transmission de l’information via ce dispositif mais aussi les possibles transformations du système social qu’il aura généré.

Haut de page

Bibliographie

Alphandéry P., Fortier A., 2013, "Les données sur la nature entre rationalisation et passion", Revue du MAUSS, Vol.2, 202-220.

Amelot X., Couderchet L., Noucher M., 2017, "Données institutionnelles et données contributives sur la biodiversité, quelle légitimité ?", Mappemonde, Vol.120, 1-17.

Ballari S.A., Barrios-García M.N., 2014, "A review of wild boar Sus scrofa diet and factors affecting food selection in native and introduced ranges", Mammal Review, Vol.44, 124-134.

Banzo M., Couderchet L., 2013, "Intégration de l’agriculture aux politiques et projets territoriaux urbains. Le cas bordelais", Sud-Ouest Européen, Vol.35, 5-16.

Basak S.M., Hossain M.d.S., O’Mahony D.T., Okarma H. et al., 2022, "Public perceptions and attitudes toward urban wildlife encounters. A decade of change", Science of the Total Environment, Vol.834, 1-11.

Baticle C., 2015, "Le tiers scientifique, nouvel acteur dans les conflits entre chasseurs et environnementalistes", Négociations, Vol.24, 117-130.

Beninde J., Veith M., Hochkirch A., 2015, "Biodiversity in cities needs space: a meta-analysis of factors determining intra-urban biodiversity variation", Ecology Letters, Vol.18, 581-592.

Berthier A., Clergeau P., Raymond R., 2017, "De la belle exotique à la belle invasive : perceptions et appréciations de la Perruche à collier (Psittacula krameri) dans la métropole parisienne", Annales de géographie, Vol.716, 408-434.

Brogi R., Apollonio M., Grignolio S., Cossu A., Luccarini S., Brivio F., 2023, "Behavioural responses to temporal variations of human presence: Insights from an urban adapter", Journal of Zoology, Vol.321, 215-224.

Broz L., Garcia Arregui A., O’Mahony K., 2021, "Wild Boar Events and the Veterinarization of Multispecies Coexistence", Frontiers in Conservation Science, Vol.2, 1-10.

Capon M., Lysaniuk B., Godard V., Clauzel C., Simon L., 2021, "Characterizing the landscape compositions of urban wildlife encounters: the case of the stone marten (Martes foina), the red fox (Vulpes vulpes) and the hedgehog (Erinaceus europaeus) in the Greater Paris area", Urban Ecosystems, Vol.24, 885-903.

Cardoux J.N., Perea A., 2019, Restaurer l’équilibre agro-sylvo-cynégétique pour une pleine maîtrise des populations de grand gibier et de leurs dégâts à l’échelle nationale. Mission Parlementaire Relative à La Régulation Des Populations de Grand Gibier et à La Réduction de Leurs Dégâts, 80 p.

Carpio A.J., Acevedo P., Villafuerte R., Serrano Rodríguez R., Pascual Rico R., Martínez-Jauregui M., 2024, "Knowledge, perception, and awareness of society regarding (over) abundance of wild ungulate populations", Ecology and Society, Vol.29, No.1, 24.

Castillo-Contreras R., Marín M., López-Olvera J.R., Ayats T., Aguilar X.F., Lavín S., Cerdà-Cuéllar M., 2022, "Zoonotic Campylobacter spp. and Salmonella spp. carried by wild boars in a metropolitan area: occurrence, antimicrobial susceptibility and public health relevance", Science of the Total Environment, Vol.822, 153444.

Castillo-Contreras R., Mentaberre G., Fernandez Aguilar X., Conejero C. et al., 2021, "Wild boar in the city: Phenotypic responses to urbanisation", Science of the Total Environment, Vol.773, 1-9.

Chastant B., 2023, "Coexister avec les vers luisants : Histoires d’anecdotes", GéoRegards, Vol.16, 129-142.

Ciach M., Tetkowski P., Fedyń I., 2023, "Local-scale habitat configuration makes a niche for wildlife encroaching into an urban landscape: grubbing sites of wild boar Sus scrofa in a city matrix", Urban Ecosystems Vol.26, 629-639.

Coman I.A., Cooper-Norris C.E., Longing S., Perry G, 2022, "It Is a Wild World in the City: Urban Wildlife Conservation and Communication in the Age of COVID-19", Diversity, Vol.14, 539.

Cormier L., Grésillon E., Glatron S., Blanc N., 2013, "Perceptions and Implementations of Urban Green Infrastructures in France: Three Cases of Studies (Paris, Marseille, Strasbourg)", Fábos Conference on Landscape and Greenway Planning, Vol.4, No.1, 364-373.

Curtis P.D., 2020, "After Decades of Suburban Deer Research and Management in the Eastern United States: Where Do We Go from Here?", Human–Wildlife Interactions, Vol.14, No.1, 111-128.

Dalla Bernardina S., 2017, "Mort (et resurrection ?) du chasseur", In : Goreaud-Ponceaud A., Lemoigne N. (dir.), Chasse, chasseurs et normes, Pessac, MSHA.

Deadborn D.C., Kark S., 2010, "Motivations for Conserving Urban Biodiversity", Conservation Biology, Vol.24, No.2, 432-440.

Dulcire M., 1989, "Le pouvoir choisir et le savoir choisir : l’enjeu de la recherche-développement au sud du Nicaragua", Les Cahiers de la Recherche Développement, Vol.24, 77-88.

Ermine J.L., Moradi M., Brunel S., 2012, "Une chaîne de valeur de la connaissance", Management international, Vol.16, 29-40.

Escobar-González M., López-Martín J.M., Mentaberre G., Valldeperes M., Estruch J. et al., 2024, "Evaluating hunting and capture methods for urban wild boar population management", Science of the Total Environment, Vol.940, 1-13.

Fabiani J.L., 1984, "L'opposition à la chasse et l'affrontement des représentations de la nature"», Actes de la recherche en sciences sociales, Vol.54, 81-84.

FDC33 - Fédération départementale des chasseurs de la Gironde, 2021, Schéma Départemental de Gestion Cynégétique 2021-2027, 104 p.

FDC33 - Fédération départementale des chasseurs de la Gironde, 2021b, Plan de gestion Faune sauvage de la Métropole de Bordeaux 2021-2031, 172 p.

Fortier A., Alphandéry P., 2017, "La maîtrise des données, un enjeu majeur pour les associations naturalistes à l’heure de la gouvernance de la biodiversité", Revue française d’administration publique, Vol.163, 587-598.

Gagnol L., Mounet C., Arpin I., 2018, "De la piste animale aux lignes de désir urbaines. Une approche géoichnologique de la trace", L’Information géographique, Vol.82, No.2, 11‑38.

Gamelon M., 2020, "Hunting, Predation and Senescence in Boars", In: Rattan S.I.S. (dir.), Encyclopedia of Biomedical Gerontology, Cambridge, Elsevier Academic Press.

Gamelon M., Besnard A., Gaillard J.M., Servanty S., Baubet E. et al., 2011, "High hunting pressure selects for earlier birth date: wild boar as a case study", Evolution, Vol.65, No.11, 3100-3112.

Gautrelet M., Gerard J.F., Helder R. et al., 2024, "First look on the home range, movement, and habitat selection of the invasive Northern raccoon (Procyon lotor) in France through two contrasted populations", European Journal of Wildlife Research, Vol.70, No.7.

González-Crespo C., Serrano E., Cahill S., Castillo-Contreras R. et al., 2018, "Stochastic assessment of management strategies for a Mediterranean peri-urban wild boar population", PLoS ONE, Vol.13, No.8, e0202289.

Granjou C., Mauz I., 2007, "Un impératif scientifique pour l’action publique ? Analyse d’une compétition pour l’expertise environnementale", Socio-logos, No.2, [en ligne]. URL : https://journals.openedition.org/socio-logos/893

Griffin L.L., Haigh A., Conteddu K., Andaloc M., McDonnell P., Ciuti S., 2022, "Reducing risky interactions: Identifying barriers to the successful management of human–wildlife conflict in an urban parkland", People and Nature, Vol.4, No.4, 918-930.

Gryz J., Jasińska K.D., Brach M., Jackowiak M., Krauze-Gryz D, 2024, "How to Count the Uncountable? An Attempt at Wild Boar Sus scrofa, Linnaeus, 1758 Monitoring in an Urbanized Area", Forests, Vol.15, No.9, 1497.

Guillera-Arroita G., Lahoz-Monfort J.J., Elith J., Gordon A., Kujala H. et al., 2015, "Is my species distribution model fit for purpose? Matching data and models to applications", Global Ecology and Biogeography, Vol.24, 276-292.

Hagemann J., Conejero C., Stillfried M., Mentaberre G. et al., 2022, "Genetic population structure defines wild boar as an urban exploiter species in Barcelona, Spain", Science of the Total Environment, Vol.833, 155126.

Hébrard P., 2009, "Connaissance critique, science normative… au risque de ne pas être légitime", Éducation et socialisation, Vol.26, 35-50.

Hunold C., Mazuchowski M., 2020, "Human–Wildlife Coexistence in Urban Wildlife Management: Insights from Nonlethal Predator Management and Rodenticide Bans", Animals, Vol.10, No.11, 11-15.

INSEE (Institut National de la statistique et des études économiques), 2023, Statistiques et études, démographie, département de la Gironde, [en ligne]. URL : https://www.insee.fr/fr/statistiques

Kawata Y., Watanabe M., 2021, "Nuisance or benefit? A study of deer-altered park landscapes in Japan", Urban Forestry & Urban Greening, Vol.58, 126960.

König H.J., Kiffner C., Kramer-Schadt S., Fürst C., Keuling O., Ford A.T., 2020, "Human–wildlife coexistence in a changing world", Conservation Biology, Vol.34, 786-794.

Kowarik I., Fischer L.K., Kendal D., 2020, "Biodiversity Conservation and Sustainable Urban Development", Sustainability, Vol.12, 1-8.

Lacquement G., Raynal J.C., 2023, "Réguler le sanglier sur les friches et le foncier agricoles dans l’espace périurbain, l’impossible gouvernance cynégétique, une étude de cas en Roussillon", Norois, Vol.267, 11-29.

Larrère R., 2003, "Le conflit entre les chasseurs et les protecteurs de la nature", La Ricerca Folklorica, Vol.48, 45-51.

Lobry E., Catteau S., 2023, "Sous la carte, des jeux d’acteurs : cartographie de l’environnement et SIG critique", Cybergeo: European Journal of Geography, [en ligne]. URL : https://journals.openedition.org/cybergeo/40355

Lofti M., Weber C., Di Pietro F. Selmi W., 2017, "Les services écosystémiques urbains, vers une multifonctionnalité des espaces verts publics : revue de littérature", Environnement Urbain, Vol.11, 1-19.

Mackenzie H.R., Latham M.C., Anderson D.P., Hartley S., Norbury G.L., Latham A.D.M., 2022, "Detection parameters for managing invasive rats in urban environments", Scientific Reports, Vol.12, 16520.

Manceron V., Roué M., 2009, "Les animaux de la discorde", Ethnologie française, Vol.39, 5-10.

Marchand G., 2016, "Analyse de la dimension spatiale des conflits homme/faune sauvage dans la réserve de développement durable de la rivière Uatumã (Amazonas, Brésil)", Cybergeo: European Journal of Geography, [en ligne]. URL : https://doi.org/10.4000/cybergeo.27807

Marin C., Couderchet L., Lemoigne N., 2023, "Le sanglier urbain, impossible cohabitation ? Les disservices et le désarroi bordelais", GéoRegards, Vol.16, 51-69.

Marin C., Werno J., Le Campion G., Couderchet L., 2024a, "Navigating Discreetly: Spatial Ecology of Urban Wild Boars in Bordeaux City's Landscape of Fear, France", Science of the Total Environment, Vol.954, 176436.

Marin C., Couderchet L., Le Campion G., Werno J., 2024b, "Wildlife and the city - Modelling wild boar use of urban nature: empirical contribution, methodological proposal. Bordeaux (France) as an example", Urban Ecosystems, Vol.27, 1291-1312.

Markov N., Economov A., Hjeljord O., Rolandsen C.M., Bergqvist G. et al., 2022, "The wild boar Sus scrofa in northern Eurasia: a review of range expansion history, current distribution, factors affecting the northern distributional limit, and management strategies", Mammal Review, Vol.52, 519-537.

Ministère de l’Écologie, de l’Énergie, du Développement Durable et de la Mer, en charge des Technologies vertes et des Négociations sur le climat, 2009, Plan National de Maîtrise du Sanglier. Un cadre d’actions techniques pour agir au plan départemental, 25 p.

Moesch S., Jeschke J.M., Lokatis S., Peerenboom G., Kramer-Schadt S. et al., 2024, "The frequent five: Insights from interviews with urban wildlife professionals in Germany", People and Nature, Vol.6, 2091-2108.

Morin E., Razafimbelo N.T., Yengué J.L., Guinard Y., Grandjean F., Bech, N., 2024, "Are human-induced changes good or bad to dynamic landscape connectivity?", Journal of Environmental Management, Vol.352, 120009.

Mormont M., 2006, "Conflit et territorialisation", Géographie, économie, Société, Vol.8, 299-318.

Mounet C., 2012, "Conflits et reconfigurations socio-spatiales autour du sanglier. Des postures générales aux arrangements locaux", Économie Rurale, Vol.327-328, 79-95.

Murray M., Byers K., Buckley J., Lehrer E., Kay C., Fidino M., Magle S.B., German D., 2023, "Public perception of urban wildlife during a COVID-19 stay-at-home quarantine order in Chicago"», Urban Ecosystems, Vol.26, No.1, 127-140.

Oelke J., Müller F.I., Miggelbrink J., 2022, "The Urban Hunter in Times of African Swine Fever", Etnofoor, Vol.34, No.2, 67-88.

Pagany R., 2020, "Wildlife-vehicle collisions-Influencing factors, data collection and research methods", Biological conservation, Vol.251, 108758.

Piachaud M., 2013, Des Hommes et des Sangliers Comment les clôtures limitent les relations entre les agriculteurs et la faune de la région du Mandement genevois, Mémoire de Master en anthropotechnologie, Université de Neuchâtel, 460 p, [en ligne]. URL : http://www.teutates.org/

Pinto L.V., Inácio M., Pereira P., 2023, "Observation-based data-gathering method to support the assessment of the use of cultural ecosystem services in urban green spaces", MethodsX, Vol.11, 102326.

Pop M.I., Gradinaru S.R., Popescu V.D., Haase D., Iojă, C.I., 2023, "Emergency‐line calls as an indicator to assess human-wildlife interaction in urban areas", Ecosphere, Vol.14, No.2, e4418.

Powell T., 2001, "The Knowledge Value Chain (KVC): how to fix it when it breaks", National Online Meeting, Vol.22, 301-312, Information Today, Inc, 1999.

Rallet A., Torre A., 2004, "Proximité et localisation", Économie rurale, Vol.280, 25-41.

Ritzel K., Gallo T., 2020, "Behavior Change in Urban Mammals: A Systematic Review", Frontiers in Ecology and Evolution, Vol.8, 1-11.

Rosol M., Béal V., Mössner S., 2017, "Greenest cities? The (post-) politics of new urban environmental regimes", Environment and Planning A: Economy and Space, Vol.49, No.8, 1710-1718.

Rowley J., 2007, "The wisdom hierarchy: representations of the DIKW hierarchy", Journal of Information Science, Vol.33, No.2, 163-180.

Rutten A., Casaer J., Onkelinx T., De Smet L., Witters N., Huysentruyt F., Leirs, H., 2019, "Using an online survey to assess the spatial distribution of wild boar (Sus scrofa L.) crop damage and factors influencing this distribution and severity in Limburg province, Belgium", Belgian journal of zoology, Vol.149, No.1, 1-13.

Scott D.M., Berg M.J., Tolhurst B.A., Chauvenet A.L.M., Smith G.C. et al., 2014, "Changes in the distribution of red foxes (Vulpes vulpes) in urban areas in Great Britain: findings and limitations of a media-driven nationwide survey", PLoS One, Vol.9, e99059.

Toger M., Benenson I., Wang Y., Czamanski D., Malkinson D., 2018, "Pigs in space: An agent-based model of wild boar (Sus scrofa) movement into cities", Landscape and Urban Planning, Vol.173, 70-80.

Torre A., 2016, "La figure du réseau : dimensions spatiales et organisationnelles", Géographie, économie, société, Vol.18, 455-469.

Turner J., Freeman R., Carbone C., 2022, "Using citizen science to understand and map habitat suitability for a synurbic mammal in an urban landscape: The hedgehog Erinaceus europaeus", Mammal Review, Vol.52, No.2, 291-303.

Vajas P., Von Essen E., Tickle L., Gamelon M., 2023, "Meeting the challenges of wild boar hunting in a modern society: The case of France", Ambio, Vol.52, 1359-1372.

Vetter S., Puskas Z., Bieber C., Ruf T., 2020, "How climate change and wildlife management affect population structure in wild boars", Scientific Reports, Vol.10, No.1, 7298.

Vimal R., Gatiso T., Mathevet R., 2018, "Monitoring in Tropical National Parks: The Power of Knowledge", Conservation and Society, Vol.16, 76-90.

Von Essen E., O’Mahony K., Szczygielska M., Gieser T., Vate V. et al., 2023, "The many boar identities: understanding difference and change in the geographies of European wild boar management", Journal of Environmental Planning and Management, 1-23.

Von Essen E., Redmalm D., 2023, "Social licence to cull: Examining scepticism toward lethal wildlife removal in cities", People and Nature, Vol.5, 1353-1363.

Von Essen E., Tickle L., 2020, "Leisure or Labour: An Identity Crisis for Modern Hunting?", Sociologia Ruralis, Vol.60, No.1, 174-197.

Walter T., Zink R., Laaha G., Zaller J.G., Heigl F., 2018, "Fox sightings in a city are related to certain land use classes and sociodemographics: results from a citizen science project", BMC Ecology, Vol.18, 50.

White P.C., Ward A.I., 2010, "Interdisciplinary approaches for the management of existing and emerging human–wildlife conflicts", Wildlife Research, Vol.37, No.8, 623-629.

Wine S., Gagne S.A., Meentemeyer R.K., 2015, "Understanding human-coyote encounters in urban ecosystems using citizen science data: what do socioeconomics tell us?", Environmental Management, Vol.55, 159-170.

Zellmer A., Wood E., Surasinghe T., Putman B., Pauly G., Magle S., Lewis J., Kay C., Fidino M., 2020, "What can we learn from wildlife sightings during the COVID-19 global shutdown?", Ecosphere, Vol.11, No.8, 03215.

Zhou X.H., Zhang W., Tang D.Y., Miao Z., Wang Q., MacMillan D.C., 2023, "A quantitative analysis of public preferences for the wild boar management in urban and rural China", Global Ecology and Conservation, Vol.41, e02353.

Zsolnai A., Csókás A., Szabó L., Csányi S. et al., 2022, "Genetic adaptation to urban living: molecular DNA analyses of wild boar populations in Budapest and surrounding area", Mammalian Biology, Vol.102, 221-234.

Zucca M., 2019, "La mise en commun des données naturalistes : des pratiques complexes", Revue française d’administration publique, Vol.1, 195-206.

Haut de page

Notes

1 Une Association Communale de Chasse Agréée (ACCA) est une structure spécifique à la France, créée par la loi Verdeille de 1964, qui organise la chasse sur un territoire communal ou intercommunal. Contrairement à l'ACCA, une société de chasse est une association privée créée par des chasseurs pour pratiquer sur des terrains appartenant à ses membres ou loués par l'association. Elle n'implique pas obligatoirement toute la commune et fonctionne selon ses propres règles internes.

Haut de page

Table des illustrations

Titre Figure 1 : La gestion du sanglier urbain : du problème au potentiel d’action des acteurs de la connaissance
Crédits Marin, 2024.
URL http://journals.openedition.org/cybergeo/docannexe/image/41720/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 220k
Titre Carte 1 : Un an de régulation des populations de sangliers sur les communes de Bordeaux Métropole
Crédits Marin, 2024.
URL http://journals.openedition.org/cybergeo/docannexe/image/41720/img-2.jpg
Fichier image/jpeg, 256k
Titre Figure 2 : Objectiver la construction et la diffusion des expertises gestionnaires du sanglier urbain
Crédits Marin, 2024.
URL http://journals.openedition.org/cybergeo/docannexe/image/41720/img-3.jpg
Fichier image/jpeg, 168k
Titre Figure 3 : Répartition des acteurs évoqués et enquêtés dans les groupes sociaux
Crédits Bellalba, 2023.
URL http://journals.openedition.org/cybergeo/docannexe/image/41720/img-4.jpg
Fichier image/jpeg, 104k
Titre Figure 4 : Réseau d’acteurs de la connaissance du phénomène sanglier urbain dans la Métropole de Bordeaux a) centralité de degré entrants ; b) centralité d’intermédiarité et sous-réseaux
Crédits Marin, 2024.
URL http://journals.openedition.org/cybergeo/docannexe/image/41720/img-5.jpg
Fichier image/jpeg, 368k
Titre Carte 2 : Observations de sangliers renseignées sur la plateforme Faune Aquitaine de la LPO, année 2023
Crédits Bellalba, 2024.
URL http://journals.openedition.org/cybergeo/docannexe/image/41720/img-6.jpg
Fichier image/jpeg, 364k
Titre Figure 5 : Version simplifiée de l’arborescence pour renseigner l’interface entre humains et sangliers urbains
Légende Les données disponibles sur le terrain bordelais sont encadrées en vert clair (information très incomplète) et en bleu gris (information plus complète mais toutefois partielle).
Crédits Marin, Bellalba, 2023.
URL http://journals.openedition.org/cybergeo/docannexe/image/41720/img-7.jpg
Fichier image/jpeg, 178k
Haut de page

Pour citer cet article

Référence électronique

Carole Marin et Paul Bellalba, « À la recherche de données : Nature et flux des informations au fondement des politiques de gestion du sanglier urbain. L’exemple bordelais », Cybergeo: European Journal of Geography [En ligne], Environnement, Nature, Paysage, document 1086, mis en ligne le 06 mars 2025, consulté le 24 mars 2025. URL : http://journals.openedition.org/cybergeo/41720 ; DOI : https://doi.org/10.4000/13fht

Haut de page

Auteurs

Carole Marin

UMR Passages (CNRS 5319), post-doctorante, France, carole.marin@cnrs.fr

Paul Bellalba

UMR Passages (CNRS 5319), étudiant de master, France, paul.bellalba@gmail.com

Haut de page

Droits d’auteur

CC-BY-4.0

Le texte seul est utilisable sous licence CC BY 4.0. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

Haut de page
Rechercher dans OpenEdition Search

Vous allez être redirigé vers OpenEdition Search