1La nécropole à incinération protohistorique d’Aouïdas à Saint-Martory (Haute-Garonne) a été révélée à l’occasion d’un diagnostic archéologique réalisé en 2012 par l’Inrap sur un projet de gravière (fig. 1). Cette découverte qui n’a pas été suivie de recherches plus approfondies fait aujourd’hui l’objet d’une protection. Cet article se propose donc de présenter à la communauté scientifique les premiers résultats enregistrés à l’issue de ces reconnaissances archéologiques. Totalement inédit et insoupçonné, cet ensemble funéraire contribue de façon significative à une meilleure connaissance des communautés protohistoriques de la haute vallée de la Garonne et plus largement du Sud-ouest de la France. Il constitue un « maillon » opportun entre les nécropoles de la région toulousaine et celles des Pyrénées centrales.
Fig. 1 : Localisation géographique du site.
© F. Pons
Fig. 2 : Carte géologique simplifiée de la vallée de la Garonne.
1 : Alluvions pléistocènes ; 2 : Molasse oligo-mio-pliocène ; 3 : Calcaires éocènes ; 4 : Formations du Crétacé ; 5 : Formations du Jurassique ; 6 : Formations permiennes ; 7 : Formations métamorphiques et plutoniques. © M. Jarry, S. Pancin
2L’opération de diagnostic archéologique a couvert une vingtaine d’hectares localisée dans la plaine alluviale de la Garonne, en rive droite de celle-ci (fig. 2). La nécropole se développe à moins d’un kilomètre au sud-est de l’actuel lit du cours d’eau, sur un palier dominant l’étiage de 7 à 10 mètres, à une altitude de 289 m NGF (fig. 3). Le profil de ce palier est très irrégulier, marqué par de nombreuses dépressions et localement par un paléochenal. La couverture limoneuse recouvrant le sommet de la nappe graveleuse présente ainsi de nombreux faciès et une puissance stratigraphique pouvant être très variable, de quelques décimètres à plusieurs mètres. Les vestiges archéologiques se situent dans la séquence colluviale superficielle. Celle-ci est soit remaniée par les labours profonds, soit recouverte par une séquence de colluvions agricoles dans les anciennes zones de dépression.
Fig. 3 : Profil topographique du secteur et implantation de la nécropole.
© F. Pons
3La nécropole s’étend sur une surface d’au moins 8500 m2 dans l’emprise du diagnostic. Ses limites occidentales, méridionales et sud-orientales sont connues mais elle se poursuit vraisemblablement au-delà de la zone étudiée vers le nord-est, dans un secteur occupé par une friche (fig. 4).
Fig. 4 : Plan d’implantation des tombes et indices de tombes.
En gris foncé, extension maximale de l'emprise de la nécropole dans le projet.
© F. Pons
4D'après la superficie des surfaces sondées, soit environ 10 % de la nécropole, et les densités qui ont pu être relevées à l’intérieur des sondages, notamment grâce à l’ouverture d’une fenêtre (sondage 576), on obtient une estimation brute de plus de 350 tombes potentielles dans l’emprise du diagnostic. Cette estimation haute doit être toutefois révisée en fonction de l’état de conservation des tombes. Celui-ci est dans l’ensemble très varié, bien que parfois assez exceptionnel, et indépendamment du niveau d’enfouissement actuel. En effet, certaines tombes, relativement « hautes » n’ont apparemment pas subi de perturbations importantes (T.5 à T.12 par exemple) et inversement, des dépôts « profonds » ont été retrouvés dans un état d’arasement important (T.32 par exemple). Ce problème de conservation est à mettre sur le compte d’un nivellement probable et récent des terrains, qui devaient présenter à l’origine un relief plus prononcé que la surface actuelle relativement plane. Ainsi, certaines tombes aujourd’hui profondément enfouies montrent un mauvais état de conservation car en partie arasée par des travaux agricoles antérieurs au nivellement (T.1 et T.32 par exemple). Ces travaux sont peut-être aussi à l’origine d’une possible destruction des tombes dans les secteurs où le niveau de grave est aujourd’hui presque sous affleurant (sondages 600, 601, 604, 608, 611, 615 à 617…) (fig. 5).
Fig. 5 : Carte hypsométrique du recouvrement sédimentaire de la nécropole.
© F. Pons
5En prenant en compte ces différents facteurs, il est possible d’estimer raisonnablement le nombre de tombes conservées aux alentours de 200 à 300 dans la zone du projet d’aménagement. Cette appréciation reste bien entendue assez subjective en l’état, d'une part en l'absence de fenêtres plus vastes permettant de préciser les densités réelles, d'autre part en fonction de la part réelle des destructions occasionnées par les travaux agricoles. Mais ce chiffre est toutefois assez proche des données dont nous disposons par ailleurs sur des ensembles similaires avec notamment un total de 90 tombes sur un peu moins de 5000 m² au Camp d'Alba à Réalville dans le Tarn-et-Garonne (Janin et al. 1997) et 55 tombes sur 2600 m² au Camp de l'Eglise sud à Flaujac-Poujols dans le Lot (Pons et al. 2001).
6Près d’une quarantaine de tombes ont été identifiées, partiellement ou dans leur intégralité. Nous reprendrons ici la présentation désormais classique de chaque ensemble funéraire sous la forme d’une notice.
Fig. 6 : Relevé et mobilier de la tombe 1.
© S. Pancin, F. Pons
7Découverte dans les limons bruns à 0,65 m sous la surface actuelle du sol, cette tombe présente un très mauvais état de conservation. Seul le dépôt funéraire est partiellement conservé avec la présence d’un vase cinéraire amputé de sa partie supérieure. Des particules et fragments charbonneux, présents dans le sédiment de comblement, signalent une petite fosse circulaire d’environ 0,20 m de diamètre. Quelques gros galets dispersés dans l’épaisseur des limons peuvent également témoigner du démantèlement de la structure d’entourage.
8- 1.1 : Partie inférieure d’un vase à pied annulaire de forme indéterminée (urne ?) utilisé comme vase cinéraire. D. base : 72 mm.
9L’ossuaire est incomplet et a livré 46 g d’os humains brûlés correspondant à un individu de taille adulte (adolescent ou adulte).
10Il s’agit d’une concentration de quelques fragments de céramique provenant d’au moins un vase qui peuvent suggérer la présence d’une tombe détruite. Ces vestiges étaient recouverts par 0,60 m de sédiment.
11- 12 tessons à paroi moyenne dont un bord droit divergent à lèvre biseautée (non dessiné).
Fig. 7 : Relevés et mobilier de la tombe 3.
© S. Pancin, F. Pons
12Cette tombe est partiellement endommagée mais a conservé son dépôt funéraire et une partie de sa structure périphérique. Le dépôt, originellement installé peu profondément dans les limons, apparaît vers 0,50 m sous la surface actuelle du sol. Il est composé d'un vase cinéraire recouvert d'un plat utilisé comme couvercle en partie écrêté par les travaux agricoles. L’ossuaire contient quelques fragments charbonneux mêlés aux ossements humains brûlés. La fosse sépulcrale, vraisemblablement de dimensions à peine supérieures au dépôt, n’est pas perceptible. La structure d’entourage ne semble conservée que dans sa partie méridionale. Elle est constituée de gros galets de 0,30 m de côté en moyenne disposés en enfilade et apparemment simplement posés sur le sol. Les plus hauts apparaissent à environ 0,25 m sous la surface actuelle du sol. Le segment observé signale la présence d’une structure circulaire d’environ 3,30 m de diamètre.
Fig. 8 : La tombe 3.
© O. Dayrens
13- 3.1 : Coupe haute à vasque biconique, lèvre amincie, bord divergent et fond plat utilisée comme vase cinéraire. La partie supérieure de la vasque porte un décor composé de trois larges cannelures jointives surmontant une ligne de pointillés imprimés. H : 80 mm ; D. ouv. : 144 mm ; D. base : 52 mm.
14- 3.2 : Coupe (ou plat ?) incomplète à vasque hémisphérique et lèvre amincie utilisée comme couvercle du vase cinéraire 3.1. D. ouv. : 160 mm.
15L’ossuaire est complet et a livré 88,4 g d’os humains brûlés correspondant à un individu de taille adulte (adolescent ou adulte).
Fig. 9 : Relevé et mobilier de la tombe 3.
© S. Pancin, F. Pons
16De cette tombe, seule une partie du vase funéraire est conservée, mais l’ossuaire est resté complet. Ce dépôt est recouvert par 0,30 m de sédiment. Des débris d’un second récipient, présents au dessus du vase cinéraire, peuvent correspondre à une partie du couvercle. Les limites du loculus ne sont pas perceptibles et aucun élément de la structure d’entourage n’a été observé dans l’emprise du sondage.
17- 4.1 : Coupe à fond plat légèrement démarqué du bas de la panse, utilisée comme vase cinéraire. L’inflexion de la vasque est soulignée par une ligne horizontale de pointillés imprimés. H. panse inf. : 40 mm ; D. panse : 160 mm ; D. base : 60 mm.
18- 4.2 : Vase incomplet (débris) de forme indéterminée probablement utilisé comme couvercle du vase cinéraire 4.1 (non dessiné).
19L’ossuaire est complet et a livré 53,4 g d’os humains brûlés correspondant à un adulte.
Fig. 10 : Relevé de la tombe 5.
© S. Pancin, F. Pons
20Seule la structure périphérique de cette tombe a été dégagée. Elle apparaît à moins de 0,30 m sous le niveau du sol actuel et présente apparemment un très bon état de conservation. Elle n’a été que partiellement observée, une grande partie du monument s’étendant sous la berme, vers le nord et l’est. De plan circulaire, son diamètre est estimé à 5,20 m. Les galets qui la constituent, d’un module de 0,25 et 0,30 m de côté, sont posés à même le sol et présentent un très léger pendage vers le centre de la tombe.
Fig. 11 : Relevé de la tombe 6.
© S. Pancin, F. Pons
21Apparemment très bien conservée, seule la structure périphérique de cette tombe a été dégagée. Elle apparaît à un peu moins de 0,30 m sous le niveau du sol actuel. De plan nettement circulaire, son diamètre est de 3,20 m. Le module moyen des galets utilisés oscille entre 0,20 et 0,25 m de grand côté, certains pouvant atteindre jusqu’à 0,40 m. Ces matériaux, disposés côte à côte, sont simplement posés sur le sol. La moitié méridionale de la structure présente quelques vides imputables aux travaux agricoles.
Fig. 12 : Relevé de la tombe 7.
© S. Pancin, F. Pons
22Seule la structure périphérique de cette tombe a été dégagée. Située à 0,25 m sous le niveau du sol actuel, elle est en partie bouleversée par les travaux agricoles. De nombreux manques sont particulièrement visibles dans sa moitié nord et bon nombre de galets sont déplacés. De plan circulaire, son diamètre avoisine probablement 3,70 m. Les galets utilisés sont de petites dimensions, de 0,20 m de côté en moyenne.
Fig. 13 : Relevé de la tombe 8.
© S. Pancin, F. Pons
23La tombe 8 est signalée par sa structure périphérique dont une partie est dissimulée sous une berme. Le dépôt funéraire n’a pas été fouillé. En dépit d’un recouvrement peu important, 0,20 m de sédiments au maximum, cet aménagement est bien conservé avec de rares éléments déplacés. Il présente un plan circulaire dont le diamètre peut être estimé à 3,90 m. Les galets utilisés sont d’un module important, aux alentours de 0,30 m de côté en moyenne, les plus grands pouvant atteindre 0,40 m.
Fig. 14 : Relevé de la tombe 9.
© S. Pancin, F. Pons
24Très bien conservée, seule la structure périphérique de la cette tombe a été fouillée. Elle se prolonge en partie sous la berme ouest du sondage. Elle est recouverte par une faible épaisseur de sédiment, de l’ordre de 0,20 m. Son plan est nettement circulaire et atteint 5,00 m de diamètre. Les galets utilisés sont d’un module assez variable, entre 0,20 et 0,40 m de côté. Ils sont soigneusement disposés de façon à ce que leur petit côté forme le parement externe de la couronne. Les plus longs présentent un pendage sensiblement orienté vers le centre de la structure.
Fig. 15 : Relevé de la tombe 10.
© S. Pancin, F. Pons
25Le dépôt funéraire de cette tombe n’a pas fait l’objet d’une fouille. Celle-ci est signalée par sa structure périphérique qui présente un très bon état de conservation en dépit de quelques matériaux légèrement déplacés, notamment dans sa moitié sud. Elle apparaît à environ 0,30 m sous le sol actuel. Les galets utilisés, d’un module de 0,30 m de côté en moyenne, sont régulièrement agencés et définissent une couronne de 3,20 m de diamètre.
Fig. 16 : Relevé de la tombe 11.
© S. Pancin, F. Pons
26Recouverte par 0,30 m de sédiment, seule la structure périphérique de cette tombe a été dégagée. Elle est bien conservée et une partie se prolonge sous la berme orientale du sondage. Vers l’ouest, elle est indiscutablement recoupée par une autre tombe (T.12). Son plan est circulaire avec un diamètre estimé à 5,10 m. Les galets utilisés sont d’un module assez constant, avec des dimensions moyennes aux alentours de 0,30 m de côté. Ils sont disposés à même le sol.
Fig. 17 : Relevé de la tombe 12.
© S. Pancin, F. Pons
27Cette tombe, dont le dépôt funéraire n’a pas été fouillé, est signalée par sa structure périphérique qui apparaît à un peu plus de 0,35 m sous le niveau du sol actuel. Elle est en grande partie recouverte par un amoncellement de galets et de limons qui peut correspondre aux restes d’un tertre. La portion dégagée recoupe la tombe 11. Le segment observé permet d’apprécier un aménagement de plan circulaire, avec un diamètre estimé à 2,60 m. Les galets utilisés sont de petites dimensions, d’environ 0,20 m de côté en moyenne.
Fig. 18 : Relevés et mobilier de la tombe 13.
© S. Pancin, F. Pons
28Cette tombe est partiellement endommagée mais a conservé son dépôt funéraire et une partie de sa structure périphérique. Le dépôt est installé dans les limons bruns, à environ 0,45 m sous la surface actuelle du sol. Ceci correspond à une faible profondeur par rapport au sol protohistorique matérialisé par le niveau d’implantation de la couronne. Ce dépôt est composé d'un vase cinéraire et d'un plat en guise de couvercle écrêté par les travaux agricoles. L’ossuaire contient de nombreux fragments charbonneux mêlés aux ossements humains brûlés. La fosse sépulcrale n’est pas perceptible. La structure d’entourage, recouverte par une épaisseur de limons d’environ 0,30 m, présente quelques vides imputables aux travaux agricoles. Cet aménagement présente un plan circulaire, avec un diamètre d’environ 1,70 m. Il est constitué de galets, directement posés au sol, dont le module varie de 0,20 à 0,30 m de côté.
Fig. 19 : La tombe 13.
© S. Pancin
29- 13.1: Coupe à vasque biconique, lèvre amincie, bord divergent et pied annulaire utilisée comme vase cinéraire. La partie supérieure de la vasque porte un large méplat externe. H. : 100 mm ; D. ouv. : 180 mm ; D. base : 70 mm.
30- 13.2 : Plat incomplet à vasque sensiblement hémisphérique, lèvre amincie et bord à facette simple utilisé comme couvercle du vase cinéraire 13.1. D. ouv. : 310 mm.
31L’ossuaire est complet et a livré 100,4 g d’os humains brûlés correspondant à un adulte.
32Beta-338622 : 2470 ± 30 BP ; 760 cal BC – 670 cal BC à 91 % (charbon de bois).
Fig. 20 : Relevé et mobilier de la tombe 14.
© S. Pancin, F. Pons
33Cette tombe n’a pas conservé sa structure périphérique. Seul le dépôt funéraire est conservé sous une épaisseur d’environ 0,40 m de sédiments. Il est composé de deux vases cinéraires dont seules les parties supérieures semblent avoir été utilisées comme en témoigne la présence d’un plat, certes très écrêté mais placé au-dessus en guise de couvercle. Les deux ossuaires contiennent de rares fragments charbonneux mêlés aux ossements humains brûlés. Les limites du loculus ne sont pas discernables mais la disposition des vases signale une fosse d’au moins 0,35 m de long sur 0,20 m de large. En berme, quelques gros galets accompagnés des blocs calcaires ont été observés dans l’épaisseur des limons, à 0,20 m sous la surface du sol. Ils pourraient signaler la présence d’une structure d’entourage démantelée.
Fig. 21 : La tombe 14.
© S. Pancin
34- 14.1 : Urne à pied plein de forme incomplète, utilisée comme vase cinéraire. H. conservée : 60 mm ; D. base : 140 mm.
35- 14.2 : Urne à fond creux de forme incomplète utilisée comme vase cinéraire. H. conservée : 86 mm ; D. base : 100 mm.
36- 14.3 : Plat (fragments) de forme incomplète utilisé comme couvercle des vases cinéraires 14.1 et 14.2 (non dessiné).
37Les deux ossuaires sont complets et ont respectivement livré 26,9 g et 11,5 g d’os humains brûlés correspondant à un individu d’age indéterminé et un second de taille adulte (adolescent ou adulte). Ces ossements ne présentent pas d’incompatibilité entre eux.
38Il s’agit d’une concentration de quelques gros galets, de 0,20 à 0,35 m de côté, associés à deux fragments de céramique. Découverts à 0,20 m sous le niveau de sol actuel, ils peuvent témoigner du démantèlement d’une structure périphérique.
39- Deux fragments de panse à paroi épaisse.
Fig. 22 : Relevé de la tombe 16.
© S. Pancin
40Cette tombe, dont le dépôt funéraire n’a pas été fouillé, est matérialisée par une structure périphérique circulaire de 1,50 m de diamètre. Elle est recouverte par une épaisseur de 0,30 m de sédiment. De nombreux galets ont été manifestement déplacés par les travaux agricoles. Ces matériaux sont d’un module assez variable, de 0,20 à 0,30 m de côté.
Fig. 23 : Les tombes 16 et 17.
© S. Pancin
41Cette tombe nous est parvenue dans un bon état de conservation. Le dépôt funéraire est conservé dans son intégralité et sa structure périphérique n’est qu’en partie bouleversée par les travaux agricoles. Le dépôt, implanté à une profondeur d’environ 0,30 m sous la couronne de galets, est recouvert par une épaisseur de sédiment importante, de l’ordre de 0,65 m. Il occupe une petite fosse aux limites non perceptibles mais vraisemblablement comblée avec une partie des restes du bûcher. Le mobilier comprend un vase cinéraire et la partie inférieure d’un autre vase retournée en guise de couvercle. L’ossuaire contient de rares fragments charbonneux mêlés aux ossements humains brûlés. Bien qu’incomplète, la structure périphérique, dont les éléments les plus hauts sont recouverts par moins de 0,25 m de limons, présente un plan circulaire d’environ 1,10 m. Elle est aménagée à l’aide de galets d’un module moyen de 0,20 m de coté posés à même le sol.
Fig. 24 : Relevés et mobilier de la tombe 17.
© S. Pancin, F. Pons
42- 17.1 : Petite coupe à vasque biconique profonde, lèvre arrondie, bord divergent et pied annulaire utilisée comme vase cinéraire. H. : 78 mm ; D. ouv. : 112 mm ; D. base : 60 mm.
43- 17.2 : Partie inférieure d’une urne à fond plat utilisée comme couvercle du vase cinéraire 17.1. Le fond présente une perforation centrale de 20 mm de diamètre. H. conservée. : 100 mm ; D. panse : 198 mm ; D. base : 80 mm.
Fig. 25 : La tombe 17.
© S. Pancin
44L’ossuaire est complet et a livré 72,5 g d’os humains brûlés correspondant à un jeune enfant (Infans I ou II). Le comblement de la fosse a également livré 1,4 g d’ossements humains brûlés ne présentant pas d’incompatibilité avec ceux de l’ossuaire.
Fig. 26 : Relevé et mobilier de la tombe 17.
© S. Pancin, F. Pons
45Cette tombe est arasée et seul le dépôt funéraire est conservé. Recouvert par une épaisseur de 0,30 m de sédiment, il ne comprend qu’un vase cinéraire. Aucune trace d’un éventuel couvercle n’a été observée (arasement ?). Des fragments d’os humains brûlés et des particules charbonneuses dispersées dans les sédiments de comblement signalent la présence d’un loculus circulaire d’environ 0,35 m de diamètre.
Fig. 27 : La tombe 18.
© S. Pancin
46- 18.1 : Grande coupe à vasque biconique, lèvre arrondie, bord divergent et pied annulaire peu dégagé, utilisée comme vase cinéraire. La partie supérieure de la vasque est recouverte d’une série de 6 à 8 cannelures horizontales jointives. H. : 100 mm ; D. ouv. : 176 mm ; D. base : 56 mm.
47L’ossuaire est complet et a livré 120,9 g d’os humains brûlés correspondant à un individu de taille adulte (adolescent ou adulte). Le comblement de la fosse a également livré 36,8 g d’ossements humains brûlés ne présentant pas d’incompatibilité avec ceux de l’ossuaire.
48Beta-338623 : 2580 ± 30 BP ; 810 cal BC – 750 cal BC à 85 % (charbon de bois).
Fig. 28 : Relevé de la tombe 19.
© S. Pancin
49La tombe 19 correspond à une concentration de galets d’un module de 0,20 à 0,35 m de coté dont les plus hauts ont été retrouvés à 0,20 m sous le niveau de sol actuel. Parmi ces éléments quelques uns sont disposés en enfilade et forment une section de couronne. Cela suggère la présence d’une tombe en partie démantelée. De rares tessons céramiques ont été retrouvés à proximité des vestiges.
50- Deux fragments de panse à paroi moyenne et épaisse.
Fig. 29 : Relevé de la tombe 20.
© S. Pancin
51La tombe 20 correspond aussi à une concentration de galets, de 0,20 à 0,45 m de côté, découverts à environ 0,25 m sous le niveau de sol actuel. Ces éléments peuvent également provenir d’une structure périphérique démantelée par les travaux agricoles.
Fig. 30 : Relevé et mobilier de la tombe 21.
© S. Pancin, F. Pons
52Seul le dépôt funéraire de cette tombe a été retrouvé, à environ 0,40 m sous la surface actuelle du sol. Il est en partie arasé et le vase cinéraire est amputé de sa partie supérieure. Des traces discrètes d’un second vase (couvercle ?) ont été observées à proximité de ce dernier. Les sédiments de comblement de la fosse présentent de nombreux fragments de charbons de bois qui permettent de restituer un creusement de plan circulaire d’environ 0,35 m de diamètre. Le vase cinéraire contient également de nombreux restes charbonneux.
53- 21.1 : Vase incomplet à panse globuleuse et pied plein utilisé comme vase cinéraire. H. conservée : 70 mm ; D. panse : 148 mm ; D. base : 74 mm.
54L’ossuaire semble intact mais n’a livré aucun ossement humain brûlé (?).
Fig. 31 : Relevé des tombes 22, 23 et 24.
© S. Pancin
55Seule la structure périphérique de cette tombe a été dégagée. Elle n’a été que partiellement observée, une grande partie s’étendant sous la berme, vers l’est. Cet aménagement n’est recouvert que par une très faible épaisseur de sédiment, de l’ordre de 0,15 m, ce qui explique le démantèlement de sa partie méridionale par les travaux agricoles. Le segment conservé permet de restituer une structure de plan circulaire, d’environ 2,20 m de diamètre. Les galets utilisés sont d’un module assez constant, de 0,30 m de côté en moyenne. Ils sont posés à même le sol et soigneusement disposés de façon à ce que leur petit côté forme le parement externe de la couronne.
56- Trois tessons à paroi épaisse provenant d’un vase à fond plat, situés à proximité de la structure (non dessiné).
57Cette tombe est signalée par une concentration de galets circonscrits par une structure périphérique, le tout recouvert par une très faible épaisseur de sédiment (0,15 à 0,20 m). Elle n’a été que partiellement dégagée, une partie se développant sous la berme orientale du sondage. L’aménagement externe, constitué de galets juxtaposés d’un module de 0,20 à 0,25 m de côté, décrit une aire probablement circulaire. Son diamètre est estimé à 2,30 m. Les matériaux placés à l’intérieur de cet aménagement sont de plus grandes dimensions et peuvent atteindre jusqu’à 0,35 m de côté. Ils peuvent correspondre aux restes d’un tertre.
58- Huit tessons à paroi moyenne situés à proximité de la structure, dont un fragment de col provenant d’une urne de forme indéterminée (non dessiné).
59Le dépôt funéraire de cette tombe, signalée par sa structure périphérique, n’a pas été fouillé. Celle-ci n’est recouverte que par une faible épaisseur de sédiment, de l’ordre de 0,20 m en moyenne. Elle est en partie bouleversée par les travaux agricoles mais sa lecture permet d’apprécier un aménagement de plan circulaire, d’un diamètre proche du mètre. Les galets utilisés sont d’un petit module, 0,20 m de côté en moyenne.
Fig. 32 : Relevé de la tombe 25.
© S. Pancin
60Cette tombe est signalée par sa structure périphérique dont seuls quelques éléments ont été repérés à environ 0,35 m sous la surface du sol actuel. Le dépôt funéraire n’a pas été fouillé mais un galet à plat placé au centre de la structure, quasiment au même niveau que celle-ci, signale vraisemblablement son emplacement (système de fermeture du loculus ? couvercle du vase cinéraire ?). La disposition des quelques galets de la structure d’entourage permet de restituer un aménagement circulaire d’environ 3,40 m de diamètre. Ces matériaux sont d’un module pouvant atteindre 0,30 m de côté.
Fig. 33 : La tombe 25.
© S. Pancin
Fig. 34 : Relevés et mobilier de la tombe 26.
© S. Pancin, F. Pons
61Seul le dépôt funéraire de cette tombe, recouvert par une épaisseur de 0,45 m de sédiment, est conservé. Il est composé d’un vase cinéraire et d’un galet plat en guise de couvercle. La fosse sépulcrale d’un diamètre d’environ 0,25 m est aménagée à l’aide de cinq galets disposés de chant contre la paroi et encerclant le vase cinéraire. Un galet de grande dimension situé à proximité du dépôt peut témoigner du démantèlement d’une couronne d’entourage.
Fig. 35 : La tombe 26.
© S. Pancin
62- 26.1 : Coupe à vasque au profil concave-convexe, lèvre amincie, bord divergent et fond plat utilisée vase cinéraire. La partie haute de la vasque est décorée d’une frise de chevrons incisés au double trait surmontée par une ligne horizontale également réalisée au double trait. H. : 64 mm ; D. ouv. : 180 mm ; D. base : 70 mm.
63- 26.2 : Galet en granite utilisé comme couvercle du vase cinéraire 26.1. L. max : 148 mm ; l. max. : 120 mm ; Ep. max. : 31 mm.
64L’ossuaire est complet et n’a livré que 0,2 g d’os humains brûlés correspondant à un individu d’âge indéterminé.
Fig. 36 : Relevé de la tombe 27.
© S. Pancin
65Cette tombe n’a été que partiellement fouillée. Elle est signalée par sa structure périphérique, qui apparaît à 0,45 m sous le niveau du sol actuel et qui se prolonge sous la berme nord du sondage. Quelques éléments ont subi des déplacements mais l’ensemble permet de restituer un aménagement de plan circulaire d’environ 1,50 m de diamètre. Les galets utilisés sont de petites dimensions, de 0,20 à 0,25 m de côté.
Fig. 37 : Relevés et mobilier de la tombe 28.
© S. Pancin, F. Pons
66Cette tombe présente une structure périphérique en grande partie démantelée mais a conservé son dépôt funéraire intact. Recouvert par une épaisseur de 0,40 de sédiment, celui-ci est installé dans un petit coffre quadrangulaire soigneusement aménagé à l’aide de dallettes en calcaire gréseux. Ses dimensions sont de 0,45 m de long pour 0,30 m de large et 0,20 m de profondeur. Le dépôt placé à l’intérieur est constitué d’un vase cinéraire fermé par un galet plat disposé en guise de couvercle. De nombreux ossements humains brûlés, des fragments de charbons de bois ainsi qu’un fragment de céramique, vraisemblablement issus du bûcher, ont été retrouvés dans les sédiments de comblement du coffre. Les quelques éléments conservés de la structure périphérique, des galets de 0,30 à 0,40 m de coté, ne sont situés qu’à quelques centimètres au-dessus de la base du dépôt (0,35 m sous le sol actuel). Ils permettent d’apprécier un aménagement de plan circulaire d’un diamètre proche de 4,10 m. Contrairement à ce qui a pu être observé sur d’autres tombes, les matériaux utilisés ici semblent disposés de façon à ce que leurs grands côtés forment le parement externe de la couronne.
67- 28.1 : Urne à panse biconique, lèvre aplanie, col divergent et fond creux utilisée comme vase cinéraire. La panse haute est le support d’un décor complexe réalisé à base d’impressions et d’incisions simples. Le motif principal est une frise de chevrons marqués par une hachure verticale. Il est encadré par plusieurs lignes de pointillés horizontaux et obliques associés à de fines cannelures. H. : 140 mm ; D. ouv. : 150 mm ; D. panse : 210 mm ; D. base : 64 mm.
68- 28.2 : Galet en quartzite bleu utilisé comme couvercle du vase cinéraire 28.1. L. max : 148 mm ; l. max. : 138 mm ; Ep. max. : 27 mm.
69- Un fragment de panse à paroi fine provenant du comblement de la fosse (non dessiné).
70L’ossuaire est complet et a livré 719,1 g d’os humains brûlés correspondant à un adulte. Le comblement de la fosse a également livré 296,8 g d’os humains brûlés correspondant à un adulte. Ces ossements ne présentent pas d’incompatibilité avec ceux de l’ossuaire.
Fig. 38 : La tombe 28.
© S. Pancin
71La tombe 29 correspond à une petite concentration de galets d’un module de 0,30 m de coté au maximum découverte dans l’épaisseur des limons à moins de 0,20 m sous le niveau de sol actuel. Ces vestiges peuvent témoigner du démantèlement d’une structure périphérique.
72Découverte à 0,35 m sous le niveau du sol actuel, cette tombe est très arasée. Seul le vase cinéraire écrêté au niveau du col est conservé. Aucune limite du loculus n’est perceptible et aucun élément de la structure n’est présent dans l’emprise du sondage.
Fig. 39 : Détail du dépôt de la tombe 28.
© S. Pancin
73- 30.1 : Coupe incomplète à vasque biconique profonde et à pied plein utilisée comme vase cinéraire. La partie supérieure de la vasque porte un large méplat souligné par une ligne de pointillés imprimés obliques. H. conservée : 74 mm ; D. panse : 150 mm ; D. base : 60 mm.
Fig. 40 : Mobilier de la tombe 30.
© F. Pons
74L’ossuaire est incomplet et a livré 51,7 g d’os humains brûlés correspondant à un enfant (Infans II).
Fig. 41 : Relevé de la tombe 31.
© S. Pancin
75Cette tombe, dont le dépôt funéraire n’a pas été fouillé, est signalée par sa structure périphérique qui s’étend sous la berme du sondage, vers l’est. Celle-ci est recouverte par une faible épaisseur de sédiment, de l’ordre de 0,20 m. Elle est en partie démantelée par les travaux agricoles, notamment dans sa portion septentrionale. De plan circulaire, son diamètre peut être estimé à 3,10 m. Les galets utilisés sont de grandes dimensions, d’un module de 0,30 m à 0,40 m en moyenne. Plusieurs d’entre eux présentent un pendage vers le centre de la structure qui peut témoigner d’un enfouissement partiel de ces matériaux par l’effet du poids du tertre.
Fig. 42 : La tombe 31.
© S. Pancin
76- Quatre tessons de panse à paroi moyenne et épaisse situés à proximité de la structure.
77Malgré un recouvrement important par une épaisseur de 0,70 m de sédiment, cette tombe nous est parvenue dans un mauvais état de conservation. Seul le dépôt funéraire est partiellement conservé. Il est composé d’un petit vase globulaire amputé de sa partie supérieure. Les sédiments de comblement de la fosse sépulcrale contiennent quelques infimes fragments charbonneux mais ils ne permettent pas de discerner les limites du loculus. Aucun élément rattachable à une structure d’entourage n’a été observé dans l’emprise du sondage.
78- 32.1 : Gobelet incomplet à panse globuleuse et fond ombiliqué utilisé comme vase cinéraire. H. conservée : 38 mm ; D. panse : 84 mm ; D. base : 30 mm.
Fig. 43 : Mobilier de la tombe 32.
© F. Pons
79L’ossuaire est incomplet et a livré 3,7 g d’os humains brûlés correspondant à un jeune enfant (Infans I).
Fig. 44 : Relevé et mobilier de la tombe 33.
© S. Pancin, F. Pons
80La tombe 33 est également fortement arasée malgré une profondeur d’enfouissement importante, à 0,50 m environ sous le niveau de sol actuel. Le dépôt funéraire conservé se limite à la portion inférieure du vase cinéraire. La fosse, non observable, a atteint le niveau de la terrasse alluviale.
81- 33.1 : Urne incomplète de forme indéterminée à pied annulaire utilisée comme vase cinéraire. H. conservée : 48 mm ; D. base : 84 mm.
82L’ossuaire est incomplet et a livré 29,4 g d’os humains brûlés correspondant à un enfant ou à un adolescent.
Fig. 45 : Relevé et mobilier de la tombe 34.
© S. Pancin, F. Pons
83Seul le dépôt funéraire de cette tombe semble conservé. Situé dans les limons, à 0,35 m sous la surface actuelle du sol, il est partiellement arasé et présente un écrasement important. Il comprend un vase cinéraire recouvert par un plat retourné en guise de couvercle. La partie orientale de ce dépôt est légèrement tronquée par les labours dont les traces de sillon sont encore visibles dans le sédiment. Quelques galets regroupés à moins de 5 mètres au nord peuvent éventuellement témoigner du démantèlement d’une structure périphérique.
Fig. 46 : La tombe 34.
© S. Pancin
84- 34.1 : Coupe incomplète à vasque carénée au profil concave-convexe, bord divergent et pied annulaire utilisée comme vase cinéraire. Le pied présente une double perforation. H. conservée : 70 mm ; D. max. : 208 mm ; D. base : 64 mm.
85- 34.2 : Plat incomplet à marli utilisé comme couvercle du vase cinéraire 34.1. Une perforation est présente sous le marli. D. max. : 270 mm.
86L’ossuaire semble complet et a livré 55,2 g d’os humains brûlés correspondant à un adolescent ou à un adulte.
87La tombe 35 est signalée par une série de galets alignés observée dans la berme orientale du sondage, à 0,25 m sous le niveau du sol actuel. Ces éléments, de 0,25 m de côté en moyenne, semblent signaler la présence d’une probable structure périphérique en grande partie démantelée. À moins de trois mètres au nord-ouest, plusieurs tessons appartenant à la partie inférieure d’un vase ont également été découverts à 0,50 m sous la surface actuelle.
88- 13 tessons à paroi moyenne provenant d’un vase à fond plat (non dessiné).
89Il s’agit d’une concentration de fragments de céramique appartenant à un fond de vase, découverte dans les limons à environ 0,30 m sous la surface actuelle du sol. Ces vestiges, posés à plat, semblent correspondre aux restes d’un dépôt sépulcral fortement arasé. Aucune trace charbonneuse, ni fragments d’ossements humains brûlés n’ont toutefois été découverts.
Fig. 47 : Mobilier de la tombe 36.
© F. Pons
90- 36.1 : Urne incomplète de forme indéterminée à fond plat utilisée comme vase cinéraire. H. conservée : 50 mm ; D. base : 66 mm.
Fig. 48 : Relevé et mobilier de la tombe 37.
© S. Pancin, F. Pons
91De cette tombe, aucun élément d’une éventuelle structure périphérique n’a été retrouvé dans l’emprise du sondage mais le dépôt funéraire nous est parvenu dans son intégralité. Conservé sous une épaisseur de 0,50 m de sédiment, il est composé d’un vase cinéraire recouvert par la portion inférieure d’une urne retournée en guise de couvercle. Ce « couvercle » présente un enfoncement important dans le vase cinéraire qui témoigne d’un vide à l’intérieur de ce dernier. Les limites de la fosse sépulcrale n’ont pas été observées.
Fig. 49 : La tombe 37.
© S. Pancin
92- 37.1 : Coupe à vasque biconique, lèvre amincie, bord divergent et pied annulaire utilisée comme vase cinéraire. La partie haute de la vasque porte un large méplat externe. H. : 76 mm ; D. ouv. : 188 mm ; D. base : 70 mm.
93- 37.2 : Partie inférieure d’une urne de forme indéterminée à pied plein utilisée comme couvercle du vase cinéraire 37.1. La paroi externe présente une surface raclée. H. conservée : 98 mm ; D. base : 118 mm.
94- cinq tessons à paroi moyenne situés à proximité de la structure.
95L’ossuaire est complet et a livré 3,4 g d’os humains brûlés correspondant à un jeune enfant (Infans I ou II).
Fig. 50 : Relevé de la tombe 38.
© S. Pancin
96Très bien conservée, seule la structure périphérique de cette tombe a fait l’objet d’une fouille. Recouverte par une épaisseur de sédiment de l’ordre de 0,35 m, elle se prolonge sous la berme septentrionale du sondage. De plan nettement circulaire, son diamètre est estimé à près de 5,00 m. Les galets utilisés, d’un module de 0,30 et 0,40 m de côté en moyenne, sont soigneusement disposés côte à côte, à même le sol, et de façon à ce que leur petit côté forme le parement externe de la couronne.
Fig. 51 : La tombe 38.
© S. Pancin
97Seule la structure périphérique de cette tombe, qui se prolonge sous la berme orientale du sondage, a été partiellement dégagée. Une grande partie de l’aménagement a été entièrement démantelée par les travaux agricoles. Les quelques galets non déplacés, d’un module de 0,30 m de côté, apparaissent à environ 0,40 m sous la surface actuelle du sol. Le segment observé permet de restituer une structure probablement circulaire avoisinant 2,70 m de diamètre.
Fig. 52 : Relevé de la tombe 39.
© S. Pancin
98En dépit d’un état de conservation inégal et d’un nombre d’exemplaires fouillés somme toute assez réduit, les tombes mises au jour à Aouïdas fournissent une documentation originale, aussi bien sur l’architecture funéraire que sur l’organisation des dépôts.
99Pour une dizaine de sépultures, les données concernant les aménagements architecturaux sont très limitées avec parfois quelques observations relatives à la fosse sépulcrale. En revanche plus d’une vingtaine de tombes ont conservé des aménagements signalant la présence d’une superstructure (tab. 1, fig. 53).
Fig. 53 : Tableau récapitulatif des principales observations sur les tombes.
© S. Pancin, F. Pons
100Des aménagements périphériques ont été reconnus sur 21 tombes principalement localisées dans la moitié sud du site. Les huit tombes identifiées dans la fenêtre ouverte à partir du sondage 576 donnent une bonne illustration de ces constructions et de leur organisation (fig. 54).
Fig. 54 : Les structures périphériques des tombes dans le sondage 576.
© S. Pancin
101Les structures sont aménagées à l’aide de matériaux disponibles sur place ou aux environs immédiats, principalement des galets de granites, micro-granites ou quartzites, mais aussi de conglomérats et de schistes (T.13), ainsi que de rares blocs calcaires (T.14). De dimensions modestes, de 0,20 à 0,40 m de côté au maximum, ces matériaux sont simplement juxtaposés et généralement agencés de manière à présenter leur plus petit coté en parement. Ils définissent une aire circulaire, souvent très régulière, occupée en son centre par la fosse sépulcrale contenant le dépôt funéraire (T.3 et T.25 par exemple). Les diamètres qui ont pu être relevés ou estimés évoluent entre 0,95 m et 5,20 m ; la tombe couvrant ainsi un espace de moins d’un mètre carré pour les plus petites (T.17, T.24) à plus de 20 m² pour les plus grandes (T.5, T.11).
102Dans le sondage 576, ces aménagements sont véritablement accolés et forment des agrégats comprenant des tombes de différentes dimensions. Ces associations traduisent manifestement une volonté de rapprochement, phénomène déjà observé et parfois expliqué comme dans le cas de la nécropole du Camp de l’Eglise Sud à Flaujac-Poujols (Lot) où il a été possible d’émettre l’hypothèse de regroupement familiaux (Pons et al. 2001 : 70-71).
103Leur agencement permet également de préciser parfois leur chronologie relative. Ainsi, on peut observer que la structure d'entourage de la tombe 12 vient véritablement s'imbriquer dans celui de la tombe 11, indice indiscutable de sa postériorité (fig. 55).
Fig. 55 : Relevé des structures périphériques des tombes dans le sondage 576.
© S. Pancin, F. Pons
104Concernant la fonction de ces structures, notre interprétation rejoint naturellement celle déjà émise par différents auteurs (Giraud 1991 ; Giraud 1994 ; Marchand 1994 ; Taffanel, Janin 1994 ; Giraud, Pons 2000 ; Giraud et al. 2003), à savoir qu’elles devaient servir à limiter et contenir les terres d’un petit tertre funéraire recouvrant la sépulture proprement dite.
105Dans le sondage 576, un amoncellement de galets, recouvrant en partie au moins une tombe (T.12), pourrait correspondre aux restes d’une telle superstructure, non pas érigés uniquement à l’aide de matériaux meubles. Le tertre de la tombe 23 pourrait également avoir été érigé à l’aide de matériaux similaires (fig. 56).
Fig. 56 : La tombe 23 recouverte par un amas de galets : reste d’un tertre ?
© S. Pancin
106Un des problèmes majeurs des tombes d’Aouïdas est la reconnaissance des creusements. En effet, à de rares exceptions près, les limites des fosses sépulcrales ne sont pas perceptibles.
107Quelques comblements bien différenciés, riches en particules charbonneuses et/ou fragments osseux humains brûlés, ainsi que la disposition des vestiges mobiliers permettent toutefois d’établir la présence de creusement de plan circulaire (T.1, T.18, T.21 et T.26). Très exigus, ces creusements, qui ne semblent pas excéder 0,35 m de diamètre, sont étroitement liés au volume du dépôt funéraire.
108Deux fosses ont fait l’objet d’aménagement particulier. La première (T.26) comprenait cinq galets disposés verticalement contre les parois du creusement qui formaient un véritable parement autour du dépôt funéraire (fig. 38). La seconde (T.28) contenait un petit coffre aménagé à l’aide de dalles très fines en grès (fig. 57). Ces matériaux, non disponibles sur place, ont vraisemblablement été prélevés dans des affleurements situés en rive gauche de la Garonne à moins de quatre kilomètres du site. De plan rectangulaire, ses dimensions n’excédaient pas 0,45 m de long sur 0,30 m de large pour une hauteur maximale de 0,20 m. Le fond qui était également tapissé à l’aide de dallettes calcaires montre tout le soin apporté à cet aménagement. Il n’existait en revanche aucun élément de fermeture. La présence d’un tel système n’a par ailleurs pas été identifiée dans les autres tombes.
Fig. 57 : Le coffre en dalle de grès du dépôt de la tombe 28.
© S. Pancin
109Bien que les sépultures mises au jour n’offrent pas toutes les mêmes garanties quant à leur état de conservation, une première analyse des différents constituants est d’ores et déjà permise.
110Les ossements humains brûlés sont toujours déposés dans un récipient placé au centre de la fosse sépulcrale à l’exception d’un cas pour lequel deux vases ont été utilisés (T.14). Ce vase cinéraire peut être de type ouvert (coupes : 9 exemplaires recensés) ou de type fermé (urnes ou gobelet : 7 exemplaires recensés). Dans les dépôts les plus complets, il est systématiquement recouvert, soit par un autre vase retourné en guise de couvercle, un plat (T.3, T.13 et T.34) ou la partie inférieure d’une urne (T.17 et T.37), soit par un galet plat d’une dimension à peine supérieure à celle de son embouchure (T.26 et T.28).
111L’ossuaire et son couvercle semblent constituer le seul mobilier des tombes. En effet, aucun vase d'accompagnement, ni dépôt d’objet métallique ou encore d’offrandes animales n’ont été décelés dans les tombes fouillées.
112Dans trois tombes (T.17, T.18 et T.28), hormis l’ossuaire, des ossements humains brûlés parfois mêlés à des particules charbonneuses ont été recueillis dans les fosses sépulcrales. Ces rejets de bûchers étaient répartis dans tout le volume de la fosse ce qui semble suggérer un comblement rapide et volontaire des fosses sépulcrales, du moins pour une partie d’entre elles.
113Sur ce point, les tombes d’Aouïdas se démarquent de celles des grands ensembles funéraires du Castrais où l’existence de vides à l’intérieur des loculus, après fermeture de la tombe, a été démontrée (Giraud et al. 2003 : 141). Cette pratique est en revanche attestée dans d’autres nécropoles régionales. Ainsi, dans la vallée du Tarn, au Camp d'Alba à Réalville, la présence d’ossements à l’extérieur des ossuaires est quasi systématique. Mieux encore, la position de certains de ces dépôts aurait une valeur chronologique (Janin et al. 1997 : 138 ; Lenorzer 2006 : 214). Plus au nord de la région toulousaine, la nécropole du Camp de l’Eglise Sud a également livré des tombes similaires. Elles sont toutefois minoritaires avec six cas recensés sur 31 sépultures intactes (Pons et al. 2001 : 66). Géographiquement plus proche, les ensembles funéraires de la nécropole de Grand Noble 2 à Blagnac (Haute-Garonne) ou encore ceux de Lamourette à Martes-Tolosane (Haute-Garonne) présentent des dépôts systématiquement comblés avec une partie des résidus du bûcher (Pons et al. 2008 : 167 ; Pons et al. 2013 : 53). Il en est de même dans les Pyrénées centrales à Arihouat (Garin, Haute-Garonne) où les fosses sont régulièrement comblées avec une partie des restes de la crémation (Müller 1985).
114Les 16 dépôts funéraires fouillés dans le cadre du diagnostic ont livré un mobilier composé exclusivement de céramiques non tournées. Au total, sur les 25 récipients dénombrés, une dizaine présente un profil complet ou quasi-complet. L’état de conservation de cette céramique est dans l’ensemble relativement bon et permet l'observation de techniques de finitions, notamment un polissage soigné des surfaces.
115La majorité des profils restitués graphiquement correspond à des formes ouvertes : coupes et plats tronconiques. Les vases fermés, dont les profils sont souvent incomplets, comptent des urnes et un gobelet.
116Les neufs coupes recensées dans la série ont toutes été utilisées comme vases cinéraires. Seules six d’entre elles sont complètes. Hormis l’exemplaire de la tombe 17 qui est de petite taille, leurs dimensions sont assez proches avec un diamètre maximum à l’ouverture situé entre 140 et 190 mm. Ces coupes sont dans l’ensemble de faible contenance avec un volume de leur vasque qui n’excède pas 1,5 litre, à l’exception de la coupe de la tombe 18 qui atteint trois litres. Certaines, comme l’exemplaire de la tombe 3 ou encore celui de la tombe 30, sont assez hautes et pourraient presque être qualifiées d’urne.
117Sur le plan typologique, elles présentent des caractéristiques communes qui permettent de les rattacher à la famille des coupes à vasque biconique et bord déjeté (forme T) définie pour les séries du Castrais (Giraud et al. 2003). Ces coupes parfois peu profondes (T.26.1 et T.37.1) adoptent un profil biconique au changement de direction plus ou moins marqué et situé assez haut. On note toutefois quelques variantes avec notamment l’exemplaire de la tombe 34 qui possède une carène médiane donnant à la vasque un profil concave-convexe. Ces vases reposent sur un fond plat légèrement convexe ou sur un pied bas annulaire muni dans un cas d’une double perforation (T.34.1).
118La partie supérieure de la vasque est presque toujours mise en valeur par une ornementation. Cinq exemplaires portent un méplat (T.13.1, T.30.1 et T.37.1) ou des cannelures jointives (T.3.1 et T.18.1). Les ruptures de pente peuvent également être soulignées par une rangée de ponctuations imprimées (T.3.1, T.4.1, T.30.1). Enfin, sur un exemplaire (T.26.1), la partie supérieure de la vasque est ornée d’une frise de chevrons courts incisés au double trait.
119Les trois plats tronconiques recensés ont fait office de couvercle. Ils sont très incomplets mais leur diamètre à l’ouverture est apparemment toujours supérieur à celui du vase cinéraire qu’il recouvre. Deux de ces plats possèdent un marli peu prononcé (T.13.2 et T.34.2) et perforé dans un cas (T.34.2). La paroi externe de ces récipients est toujours laissée brute de façonnage alors que leur face interne est soigneusement lissée.
120Au nombre de neuf, les vases fermés identifiés ont fait office de vase cinéraire (7 cas) ou de couvercle (2 cas). Pour ces derniers, seule la partie inférieure du vase a été utilisée (T.17.1 et T.37.1). Les deux vases cinéraires de la tombe 14, amputés de leur partie supérieure, ont également pu être volontairement utilisés tel quel.
121Un seul vase fermé est complet (T.28.1). Il s’agit d’une urne à col court, à panse surbaissée au profil arrondi et à fond creux ou convexe. Ce vase a une contenance de près de quatre litres. La partie supérieure de la panse porte un décor complexe à base de cannelures étroites, de ponctuations imprimées et de motifs géométriques incisés.
122Les autres vases sont très fragmentaires et réduits pour la plupart à leur partie inférieure. Les départs de panse conservés dévoilent des profils vraisemblablement plus ou moins arrondis reposant sur des bases à fond plat ou creux, parfois débordant (T.21.1, T.33.1).
123Un gobelet est également présent dans la série (T.32.1). Utilisé comme vase cinéraire, il possède une panse au profil globuleux et un fond ombiliqué. Son diamètre maximal conservé n’excède pas 85 mm pour une hauteur d’au moins 60 mm.
124Bien que disposant d'un échantillon réduit, les quelques formes et décors identifiés dans la série sont à même d’apporter des renseignements d’ordre chronologique et culturel.
125Le mobilier des tombes 18 et 26 présente indéniablement des caractères du Bronze final IIIb régional, utilisation de cannelures jointives et incisions au double trait, bien que ces ensembles ne comportent pas de jalons chronologiques fiables, comme par exemple les motifs géométriques d’influence mailhacienne, qui caractérisent cette période. La datation 14C obtenue pour la tombe 18 semble bien confirmer cette chronologie avec un résultat compris entre 800 et 670 av. notre ère, pour une probabilité à 85% entre 810 et 750 av. notre ère (Beta-338623 : 2580 ± 30 BP).
126Sur le plan morphologique, les coupes à vasque biconique sont très bien attestées aux marges de l’Aquitaine, dans les nécropoles du bassin de la Garonne. Elles en constituent l’une des caractéristiques principales et leur utilisation comme vase cinéraire est une des différences notables avec les ensembles appartenant à la sphère languedocienne (Giraud et al. 2003 : 250). Elles sont présentes en nombre dans le Quercy, au Camp-de-l’Eglise Sud à Flaujac-Poujols (Pons et al. 2001), dans la vallée de l’Aveyron, au Camp d’Alba à Réalville (Janin et al. 1997) et au Tap à Nègrepelisse (Ladier 1986) mais aussi dans la vallée du Tarn, à La Maladrerie à Albi (Müller, Lautier 1995) ainsi qu’à Gabor I à Saint-Sulpice (Farenc, Soutou 1960). En rejoignant la vallée de la Garonne, on trouve encore quelques comparaisons, notamment à Saint-Génès à Castelferrus (Ladier 2004). À Toulouse même, les tombes découvertes « place des Carmes » montrent également leur utilisation (Pons et al. 2005) ainsi que celles des dépôts de la Caserne Niel à Saint-Roch (Pons, Lagarrigue 2005) où dès le début du XXe siècle Léon Joulin signale l'emploi de formes semblables : "urne de forme lékané" (Joulin 1912 : 10 ; pl. E, n° 10 à 13).
127Ces récipients sont attribués selon les auteurs à des ensembles du Bronze final IIIb, de la transition Bronze/Fer ou du tout début du premier âge du Fer. La tombe 13 qui en contenait un exemplaire, a pu être datée par 14C entre 760 et 410 av. notre ère avec une probabilité à 91 % entre 760 et 670 av. notre ère (Beta-338622 : 2470±30 BP). Cette date couvrirait donc plus particulièrement le Fer I ancien.
128En revanche, les coupes carénées au profil concave-convexe, à l’image de l’exemplaire de la tombe 34, ne sont pas recensées dans des ensembles antérieurs au début de l’âge du Fer. De même, les gobelets à fond ombiliqué (T.32.1) sont inconnus avant cette période (Giraud et al. 2003). Enfin, le profil surbaissé de l’urne de la tombe 28 ainsi que son décor à base d’incisions simples et d’impressions permet de la rattacher au plus tôt à la phase de transition Bronze/Fer, voire au début du premier âge du Fer.
129L’étude anthropologique des sépultures à incinération d’Aouïdas s’inscrit dans la démarche générale de l’étude des pratiques funéraires telle qu’elle est pratiquée en France, en particulier dans le cadre de l’archéologie préventive. La série n’a toutefois pas fait l’objet d’un traitement optimal : en l’occurrence, les ossuaires n’ont pas pu être fouillés en laboratoire mais « démontés » sous l’eau afin de limiter la fragmentation des vestiges osseux. Les sédiments correspondant au remplissage des fosses recelant des charbons de bois et/ou des ossements humains brûlés ont également fait l’objet d’un tamisage.
130Au niveau de l’enregistrement des données, seul le poids des fragments a été retenu (Duday 1989). La détermination de l’âge au décès a été effectuée selon les protocoles classiques de l’Anthropologie tout en prenant en compte les limites liées à la pratique incinératoire (Duday et al. 2000 : 9). On a retenu les classes d’âge suivantes :
131- infans I : de 0 à 6 ans ;
132- infans II : de 6 à 12 ans ;
133- juvenis (adolescent) : de 12 à env. 20 ans ;
134- adulte : plus de 20 ans.
135La nature de l’ustion a été estimée à partir de la couleur générale des os brûlés (Bonucci, Graziani 1975).
136Si chaque lot osseux a été étudié, l’étude anthropologique globale présentée ici n’est bien entendu fondée que sur les séries provenant d’ossuaires complets, au nombre de 12. Il s’agit des vases cinéraires des sépultures 3, 4, 13, 14, 17, 18, 21, 26, 28, 34 et 37. Les quatre ossuaires incomplets issus des tombes 1, 30, 32 et 33 n’ont quant à eux fait l’objet que d’un pesage global accompagné d’une détermination de l’âge.
137Parmi les 16 dépôts funéraires fouillés, 15 ne recelaient qu’un ossuaire et 1 en comptait deux (T.14). Un dépôt n’a livré aucun ossement humain brûlé (T.21). Dans trois cas (T.17, T.18 et T.28), des ossements humains brûlés ont également été recueillis dans la fosse sépulcrale. Ces vestiges, qui représentent de 2 % à 30 % du poids total des os humains brûlés recueillis dans la sépulture, ne présentent pas d’incompatibilité avec les restes issus des ossuaires.
138Les sépultures étudiées sont toutes des sépultures individuelles. On recense un infans I, deux infans I ou infans II, un infans II, un infans II ou adolescent, cinq adolescents ou adultes, trois adultes et deux sujets d’âge indéterminé (fig. 58).
139Tous les os, à l’exception de ceux de la tombe 28 « moins » brûlés, ont une couleur dominante blanche, signe d’une crémation homogène et intense, à une température élevée (supérieure à 650°C) et/ou à une exposition longue aux flammes.
140Les ossuaires des tombes 3, 13, 14, 17 et 37 comportaient des charbons de bois parmi les ossements. Hormis ceux de la tombe 13, leur présence peut être considérée comme minime et révèle un tri des os avant leur dépôt dans le vase cinéraire.
141Pris globalement, le poids total des vestiges osseux varie de 0,2 g (T.26) à plus d’un kilogramme (T.28) (fig. 58). Pour les sujets adultes ou de taille adulte (7 tombes), cette variation s’étend de 11,5 g à 1015,9 g, pour une moyenne de 191 g. D’après les référentiels les plus couramment utilisés en France, le poids moyen d’un squelette complet d’adulte, hommes et femmes confondus, après crémation, est supérieur à 1600 g (Hermann 1976 ; Warren, Maples 1997) avec des valeurs minimales et maximales respectivement de 1001,5 g et de 2422,5 g (Mac Kinley 1993). Selon ces données, tous les dépôts, sauf celui de la tombe 28, sont donc nettement inférieurs à la valeur minimale de 1001,5 g.
Fig. 58 : Données anthropologiques générales.
P : poids en g ; Oss : ossuaire ; Loc : loculus ; IP : indice pondéral. © F. Pons
142Pour les sujets immatures (infans I et/ou infans II), la moyenne du poids total d’ossements est globalement de 33 g, les poids s’étalant de 3,4 g à 73,9 g. Pour le seul infans I identifié, le poids est de 3,7 g.
143Etant donné le faible échantillon étudié, il est difficile ici d’établir des comparaisons pertinentes avec des ensembles contemporains.
144Le tri des os par partie anatomique et l’analyse de leur représentation respective permettent de comparer les sépultures entre elles (Duday et al. 2000). Pour les tombes retenues, nous avons distingué là tête, le tronc et les membres. La distinction entre membres supérieurs et membres inférieurs n’a pas été réalisée dans cette première étude, étant, comme à l’accoutumée, délicate et non représentative du fait de la fragmentation des vestiges osseux. La quantification relative est donc revenue à analyser et comparer la part relative de la tête, du tronc et des membres dans leur globalité, par rapport au poids total des os humains brûlés.
145- Le poids relatif de la tête
146L’indice pondéral crânien (IPC) indique la représentation de la tête parmi les vestiges humains brûlés. Elle avoisine pour un squelette non brûlé les 20 % (Krogman 1978). Pour les ossuaires, il varie ici de 12,5 % (T.34) à 69,5 % (T.4) avec une moyenne de l’ordre de 30 % (fig. 59). Dans le loculus des tombes 18 et 28, il est respectivement de 16,3 % et de 4,1 % (fig. 60). Avec des indices nettement supérieurs à 35 %, les sépultures 4 et 13 montrent une sur-représentation évidente de la tête. Aucune en revanche ne montre une sous-représentation (IPC < 10 %).
Fig. 59 : Données anthropologiques des ossuaires.
P : poids en g ; IP : indice pondéral. © F. Pons
147- Le poids relatif du tronc
148La moyenne des indices pondéraux du tronc (IPT) déterminée à partir de squelettes non brûlés est de 17 % (Krogman 1978). Il est ici dans tous les cas nettement inférieur à cette valeur théorique. Il varie de 2,8 (T.3) à 13,7 % (T.28) et il est inférieur à 7 % pour les tombes 3, 34 et 37 (fig. 59). Ce déficit des vestiges osseux du tronc a été relevé à de nombreuses reprises dans les nécropoles protohistoriques du Midi de la France (Duday et al. 2000 : 21-22).
Fig. 60 : Données anthropologiques des loculus.
P : poids en g ; IP : indice pondéral. © F. Pons
149- Le poids relatif des membres
150Pris dans leur globalité, les membres forment la part la plus importante des ossements humains brûlés déterminés. Hormis pour la tombe 18, où l’indice pondéral des membres (IPM) atteint 66,2 % (fig. 61), le taux est ici toujours inférieur à la valeur moyenne calculée par Krogman (1978), qui se situe à 62,6 % du poids total du squelette non brûlé.
Fig. 61 : Données anthropologiques globales (ossuaires et loculus).
P : poids en g ; IP : indice pondéral. © F. Pons
151La quantification relative par partie anatomique menée sur cet échantillon rejoint les observations habituellement effectuées avec une bonne représentation des restes de la tête et un déficit de ceux du tronc… Notons que les différences observées ne peuvent s’expliquer par une crémation différentielle.
152La nécropole protohistorique à incinération d’Aouïdas constitue aujourd’hui l’ensemble le plus méridional recensé dans la vallée de la Garonne (fig. 62). Les caractéristiques des tombes mises au jour dans les sondages permettent de les rapprocher des autres ensembles funéraires de la vallée de la Garonne, de l’Ariège et de l’Aveyron, ainsi que du bas Quercy mais aussi de ceux des Pyrénées centrales avec lesquelles de nombreuses et fortes similitudes transparaissent tant du point de vue architectural que de l’organisation des dépôts.
Fig. 62 : Nécropoles protohistoriques à incinération dans la vallée de la Garonne et ses marges.
1 : Le Causse à Labruguière (81) ; 2 : Sainte-Foy à Castres (81) ; 3 : Le Martinet à Castres (81) ; 4 : Gourjade à Castres (81) ; 5 : La Gayé à Fréjeville (81) ; 6 : Mons à Roquecourbe (81) ; 7 : Lacalm à Roquecourbe (81) ; 8 : La Traytié à Lautrec (81) ; 9 : La Génibrette à Lautrec (81) ; 10 : Barthou à Lautrec (81) ; 11 : Orsières à Puylaurens (81) ; 12 : Sainte-Eulalie à Péchaudier (81) ; 13 : En Jamou à Berthe (81) ; 14 : Senègre à Magrin (81) ; 15 : Mondi à Algans (81) ; 16 : En Guilhem à Roquevidal (81) ; 17 : Métairie Huate à teyssade (81) ; 18 : Tire-Vire à Giroussens (81) ; 19 : Gabor à Saint-Sulpice (81) ; 20 : Gazanne Basse à Saint-Sulpice (81) ; 21 : Bordes à Saint-Sulpice (81) ; 22 : Saint-Géry à Rabastens (81) ; 23 : Saint-Vincent à L'Isle-sur-Tarn (81) ; 24 : Le Rau à Montans (81) ; 25 : Lacan à Graulhet (81) ; 26 : Le Bruc à Montdragon (81) ; 27 : Monsalvy à Puygouzon (81) ; 28 : Lavène à Puygouzon (81) ; 29 : Route de Villefranche à Albi (81) ; 30 : La Maladrerie à Albi (81) ; 31 : Place du Vigan à Albi (81) ; 32 : La Ravailhé à Castelnau-de-Lévis (81) ; 33 : Pissou à Verdun-sur-Garonne (82) ; 34 : Le Tap à Négrepelisse (82) ; 35 : Le Camp d'Alba à Réalville (82) ; 36 : Cayrac à Albias (82) ; 37 : Sainte-Rafine à Albias (82) ; 38 : Lafrançaise (82) ; 39 : Saint-Genès à Castelferrus (82) ; 40 : Le Camp de l'Eglise à Flaujac-Poujols, (46) ; 41 : Bellile à Agen (47) ; 42 : La Batisse à Laffite-sur-Lot (47) ; 43 : Les Ribérotes à Barbaste (47) ; 44 : Lesparre à Barbaste (47) ; 45 : Tonneins, Montamat (47) ; 46 : Fauillet, La Gravière (47) ; 47 : Buzet-sur-Tarn (31) ; 48 : La Barthole à Ondes (31) ; 49 : Grand Noble à Blagnac (31) ; 50 : Place des Carmes à Toulouse (31) ; 51 : Saint-Roch à Toulouse (31) ; 52 : La Trinité à Venerque (31) ; 53 : Le « Collège Vieux » à Auterive (31) ; 54 : Mongendre à Cintegabelle (31) ; 55 : Biaoute à Palaminy (31) ; 56 : Lamourette à Martres-Tolosane (31) ; 57 : Aouïdas à Saint-Martory (31) ; 58 : Le Labet à Bordes-de-Rivières (31) ; 59 : Baren à Cazaux-Layrisse (31) ; 60 : Espiau à Benque-Dessous-et-Dessus (31) ; 61 : Arihouat à Garin (31) ; 62 : Saint-Tritons à Garin (31) ; 63 : Ayer à Bordes-sur-Lez (09) ; 64 : Gabrielat à Pamiers (09) ; 65 : Rivayroles à Mazères (09). © F. Pons
153Contrairement aux vastes nécropoles de la région de Castres et du Bas Languedoc audois, ces ensembles, plus modestes, livrent en général peu de mobilier. L’utilisation d’un vase cinéraire fermé par un couvercle constitue un autre point de convergence entre ces dépôts, de même que le rejet d’une partie des restes du bûcher dans la fosse sépulcrale. Cette pratique est en effet bien attestée dans les nécropoles du Sud-Ouest et semble nettement plus « anecdotique » dans les ensembles funéraires languedociens.
154Un des apports majeurs de la nécropole d’Aouïdas reste sans nul doute les données concernant l’architecture funéraire. En effet, si des ensembles similaires sont connus dans la vallée de la Garonne, peu jusqu’à présent ont fourni des éléments architecturaux aussi bien conservés permettant d’apprécier réellement l’organisation d’une nécropole à incinération protohistorique. Sur ce point, les rapprochements que l’on peut établir avec les nécropoles des Pyrénées centrales comme à Arihouat et Saint-Tritons (Garin, Haute-Garonne), à Espiau (Benque-Dessous-et-Dessus, Haute-Garonne), au Labet (Bordes-de-Rivière, Haute-Garonne), ou encore celle d’Ayer à Bordes-sur-Lez en Ariège sont assez éloquents. Dans tous ces ensembles, beaucoup de tombes sont en effet circonscrites par un cercle de pierre dont le diamètre se situe en général entre un et six mètres, parfois plus. Ces structures, qui témoignent de la présence d’un tertre, sont toujours circulaires et utilisées aussi bien à la fin du Bronze final qu’au premier âge du Fer. C’est là aussi une différence notable avec les aménagements périphériques des complexes funéraires de la région de Castres où la morphologie évolue selon les phases chronologiques, d’un plan circulaire au Bronze final à un plan quadrangulaire au premier âge du Fer (Giraud et al. 2003 : 257).
155Concernant le dépôt funéraire, la présence d’aménagement comme le ciste de la tombe 28 semble être également une pratique « pyrénéenne ». De telles structures sont en effet signalées à Espiau (Gourdon 1876), à Baren (Cazaux-Layrisse, Haute-Garonne ; Coutil 1932) ou encore à Arihouat avec trois sépultures « en caisson » (Müller 1985 : 127).
156En définitive, la situation géographique de la nécropole d’Aouïdas, dans un secteur de franchissement pyrénéen, laisse apparaitre un fond commun aux nécropoles de la vallée de la Garonne mais très empreint de « caractères montagnards ».