1Lorsqu’à l’automne 1968 Christian Goudineau est nommé assistant à la faculté des Lettres d’Aix, il arrive de Rome où il a passé plusieurs années dans le cadre de l’École Fran- çaise, fouillant à Bolsena et rédigeant sa thèse sur la céra- mique arétine. Presqu’en même temps il prend en charge la Direction des Antiquités Historiques de Côte d’Azur- Corse, qui comprend alors trois départements, le Var, les Alpes-Maritimes et la Corse, avant que cette dernière ne devienne une circonscription propre. De 1969 à 1971 il pratique plusieurs sondages dans la Maison au Dauphin de Vaison-la-Romaine, en collaboration avec Bernard Liou, sujet qui devint l’objet de sa thèse de doctorat d’État publiée en 1979.

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Christian Goudineau vers 1995 (cliché S. Goudineau, dans Gallia, 76.2 de 2019)

2Dans son enseignement comme dans ses décisions d’ar- chéologie de terrain, sa formation d’archéologue classique ne l’empêche pas de s’intéresser très vite à l’archéologie pré-romaine, discipline encore peu développée dans sa circonscription, si l’on excepte les recherches plus ou moins récentes sur les colonies massaliotes comme Olbia ou Antibes.

3Ses cours sont suivis par de nombreux étudiants, attirés tant par la richesse et la nouveauté de la documentation que par sa présentation originale, impertinente et souvent drôle. Il n’hésite pas par exemple à faire appel à la bande dessinée (Astérix) pour illustrer les relations entre les popu- lations celto-ligures et les colons grecs ou romains. Lors de séminaires organisés avec Paul-Albert Février, égale- ment professeur à la faculté des Lettres d’Aix, il convie les chercheurs des régions Rhône-Alpes et Languedoc à venir présenter leurs travaux, et organise des visites de chantiers où la Protohistoire est largement présente.

4Dans sa circonscription, Christian Goudineau s’appuie sur les étudiants archéologues qui veulent étudier les habitats « indigènes », comme on disait alors, et rééquilibrer une recherche archéologique jusqu’alors dominée par l’étude des sites grecs et romains. Il propose à Armand Amann, qui avait fait quelques sondages sur l’oppidum du Fort à Taradeau, de s’associer à Charlette et Patrice Arcelin pour lancer un chantier sur l’oppidum du Mont-Garou à Sanary (1971-1973). Lorsque l’Union Internationale des Sciences Préhistoriques et Protohistoriques (UISPP) prévoit d’orga- niser son IXe Congrès à Nice en 1976, il propose d’ouvrir lui-même dans la région un grand chantier protohistorique sur un site que les congressistes pourraient visiter lors des excursions associées à cette manifestation : c’est l’op- pidum de Taradeau qu’il choisit, les sondages d’A. Amann ayant montré la bonne conservation de son rempart et de ses habitations sur ce site, et l’accueil local offrant de grandes facilités. Les fouilles se déroulent pendant trois campagnes, de 1974 à 1976, au cours desquelles l’en- ceinte est complètement dégagée et la moitié des maisons fouillée. Christian Goudineau s’entoure d’une équipe formée par Armand Amann, Jean-Pierre Brun, Gaëtan Congès, Chérine Gébara, Henri Ribot, Anne Roth, de son collègue à l’Université de Provence Bernard Bouloumié, de l’architecte du CNRS Jean-Marie Gassend et du techni- cien de la Circonscription Jean Prodhomme.

5Au-delà de ses brillantes facultés intellectuelles, de son sens aigu de la pédagogie et de sa vaste culture, les anciens étudiants et les amis de Christian Goudineau ne sont pas près d’oublier ses qualités humaines : sa générosité, son humour, sa fidélité en amitié, une vitalité incroyable, un goût de l’aventure frôlant l’intrépidité, un certain mépris des conventions… et, dans le domaine professionnel, sa confiance dans ses étudiants motivés et ses collaborateurs, comme son soutien efficace à leurs projets et à leur inté- gration dans le milieu restreint de l’archéologie.