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2023

Mise en perspective à l’occasion de la traduction française du texte de Melanie Kloetzel « Danse in situ et éthique environnementale »

Joanne Clavel, Julie Perrin et Laurent Pichaud

Résumés

Le souhait de publier la traduction française du chapitre de Melanie Kloetzel participe de l’envie de partager une lecture et de faire connaître à la communauté de la danse un champ de recherche – artistique et académique – consacré à la chorégraphie hors des théâtres et encore fort méconnu dans l’aire francophone. Le chapitre de Melanie Kloetzel est tiré du livre (Re)Positioning Site Dance. Local Acts, Global Perspectives (Intellect, 2019) et étudie les liens entre le développement de l’éthique environnementale et celui de la danse in situ. Afin d’apporter une réflexivité sur les productions chorégraphiques sur site, en plein expansion depuis la crise sanitaire, il nous semblait pertinent de dialoguer avec cette recherche anglo-saxonne dynamique et structurée. Notre lecture commune du texte a été l’occasion de le mettre en perspective et de partager des réflexions issues de nos propres recherches. Il s’agit par ce prolongement critique de contribuer aux pensées environnementales depuis une danse située et d’accompagner les nombreuses préoccupations autour des crises écologiques.

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Texte intégral

Les raisons d’une traduction

  • 1 Barbour Karen, Hunter Victoria, Kloetzel Melanie, (Re)Positioning Site Dance. Local Acts, Global Pe (...)
  • 2 Les parutions presque simultanées de plusieurs numéros de Nouvelles de Danse et du Journal de l’aDC(...)

1La décision de faire traduire en français le chapitre 8 du livre (Re)Positioning Site Dance. Local Acts, Global Perspectives1 consacré à l’examen des liens entre le développement de l’éthique environnementale et celui de la danse in situ répond à deux élans – élans décuplés par une actualité qui, d’une part, a fait se précipiter la production chorégraphique hors des lieux clos et, d’autre part, s’intensifier la réflexion au sein du milieu chorégraphique sur l’écologie et les crises environnementales2. La crise sanitaire débutée en 2020 a en effet conduit nombre d’institutions culturelles, en France comme ailleurs, à programmer en extérieur et nombre de chorégraphes à sortir des théâtres pour la première fois. Cette accélération circonstancielle pose question, si l’on considère que les acteurs artistiques et culturels qui s’engagent soudain dans cette voie ne prennent pas toujours appui sur des savoirs spécifiques et une histoire pourtant ancienne de ces pratiques en extérieur. L’histoire de la création chorégraphique hors des théâtres s’est majoritairement développée en marge de l’institution, demeurant sinon déconsidérée, du moins méconnue. Est-il possible de re-tisser des continuités historiques susceptibles d’enrichir non seulement les façons de décrire les enjeux des démarches artistiques mais encore les pratiques elles-mêmes ? De même qu’il ne viendrait à personne l’idée de parler de la danse théâtrale comme un genre unifié, il semble compliqué d’évoquer les chorégraphies hors des théâtres en bloc, sans tenter de distinguer parmi les esthétiques, les rapports de l’art au réel, les formes d’engagements sociales ou politiques – et plus spécifiquement écologiques –, les outils ou les savoirs pratiques impliqués (les techniques dansées ou somatiques, les modes d’enquêtes, etc.), ou encore les formes de relations au lieu comme aux publics qui en découlent ou les conditionnent.

  • 3 Kloetzel Melanie, PAVLIK Carolyn (eds.), Site Dance and the Lure of alternative Spaces, Gainesville (...)
  • 4 CLIDIERE Sylvie, DE MORANT Alix, Extérieur Danse : Essai sur la danse dans l’espace public, Montpel (...)
  • 5 Le livre est découpé en trois sections contenant chacune trois chapitres signés respectivement par (...)
  • 6 Le développement de la danse in situ en Nouvelle-Zélande depuis les années 1990 (par exemple chez S (...)
  • 7 HUNTER Victoria (ed.), Moving Sites. Investigating Site-specific Dance Performance, Londres-New Yor (...)
  • 8 Choreographic practices, Bristol, Intellect, n° 1, vol. 10, 2019.
  • 9 [Site, danse et corps. Mouvement, matériaux et engagement corporel], Basingstoke, Palgrave Macmilla (...)

2Le premier élan conduisant à publier ce texte en français consiste donc à faire connaître un axe de la recherche en danse consacré à la chorégraphie hors des théâtres encore fort méconnu dans l’aire francophone, et dont l’auteure Melanie Kloetzel participe depuis plusieurs années. Chercheuse et chorégraphe nord-américaine, elle enseigne aujourd’hui au Canada, à l’université de Calgary. Elle a codirigé avec Carolyn Pavlik (également chorégraphe et universitaire nord-américaine) un premier livre intitulé Site Dance and the Lure of alternative Spaces3 publié en 2009. C’est la même année que paraissait en France Extérieur Danse : Essai sur la danse dans l’espace public écrit par Sylvie Clidière et Alix De Morant4 – premier catalogue de la danse en extérieur notamment sur le territoire français. Kloetzel et Pavlik présentent quatorze chorégraphes nord-américain·e·s contemporain·e·s (dont certain·e·s ont débuté dans les années 1960), à travers un entretien, accompagné d’un texte rédigé par chacun·e des artistes. Le livre (Re)Positioning Site Dance publié en 2019 et dont est extrait le chapitre 8 ici traduit est conçu avec Karen Barbour et Victoria Hunter qui se partagent avec Melanie Kloetzel la rédaction des textes à part égale5. La première, chorégraphe et chercheuse à l’École des Arts de l’université de Waikato en Aotearoa Nouvelle-Zélande, publie sur la danse in situ depuis les années 20106. La seconde, chorégraphe et chercheuse britannique de l’université de Chichester, auteure de plusieurs articles dans ce domaine depuis les années 2000, a publié en 2015 un premier livre consacré à la danse hors des théâtres : Moving Sites. Investigating Site-specific Dance Performance7 rassemble vingt-cinq essais de chercheurs ou chercheuses principalement britanniques (sinon venant des États-Unis, de Nouvelle-Zélande ou de Suède) et majoritairement rattaché·e·s au champ de la danse (sinon de la géographie, l’architecture ou la sociologie). Les trois auteures ont dirigé la même année 2019 le numéro spécial « Dancing urbanisms » de la revue Choreographic practices8, qui consacre par ailleurs nombre de ses textes à la danse in situ ou aux liens avec les questions écologiques. Victoria Hunter a en outre publié en 2021 Site, Dance and Body. Movement, Materials and Corporeal Engagement9 où elle poursuit sa réflexion sur le dialogue entre corporéités dansantes et sites, dans une approche à la fois pratique et théorique. C’est un autre fait sur lequel attirer l’attention des lecteurs et lectrices français·e·s : les universitaires auteures de ces textes sont aussi des chorégraphes (qu’elles dirigent une compagnie ou bien créent dans le cadre universitaire). Les œuvres qu’elles commentent sont autant celles que l’historiographie de la danse a consacrées que leurs propres pièces, selon une forme de dé-hiérarchisation à laquelle nous ne sommes pas habitué·e·s dans les milieux académiques français. En outre, les partitions insérées à l’intérieur des chapitres sont des incitations à pratiquer in situ, témoignant de leur intention de mettre le lecteur ou la lectrice en mouvement. Parce que ces partitions nous semblent faire sens à travers le réseau qu’elles tissent entre elles au fil du livre, nous avons choisi de ne pas faire traduire ici les deux partitions inclues au chapitre 8.

  • 10 Il faudrait au moins mentionner SCHILLER Gretchen, RUBIDGE Sarah (dir.), Choreographic Dwellings, B (...)
  • 11 De 2019 à 2022, nous nous penchons sur certains de ces textes et organisons plusieurs rencontres en (...)

3Ces publications en anglais sur la danse hors des théâtres – et la liste est loin d’être exhaustive10 – sont restées massivement ignorées des chercheurs et chercheuses en danse francophones et ne sont pas davantage citées par les artistes, alors qu’elles donnent largement la parole à certaines figures œuvrant dans ce champ. Elles ont sans doute davantage touché la communauté anglophone de la recherche en danse ou en sciences humaines et en particulier un lectorat d’étudiant·e·s en danse des institutions où les auteures susmentionnées sont implantées, ces dernières engageant auprès de ce public des enseignements pratiques dont les publications témoignent aussi. Engager une lecture plus assidue de ces textes nous semble nécessaire11.

  • 12 Cf. leur introduction à (Re)Positioning Site Dance, op. cit., en particulier pp. 9-13.
  • 13 Voir les analyses par Karen Barbour du contexte historique colonial en Aotearoa qu’elle articule av (...)

4Le second élan à publier cette traduction réside dans la thématique plus précise abordée ici par Melanie Kloetzel. Si les trois auteures du livre partagent des préoccupations écologiques12, que ce soit dans des contextes urbains ou à plus forte naturalité – dynamiques d’interconnections entre organismes, changements climatiques, biodiversité, attention aux autres qu’humain, soucis des savoirs autochtones13 –, le texte de Kloetzel tente d’examiner conjointement la danse in situ et le développement d’une culture écologique à partir notamment des éthiques environnementales, branche de la philosophie bien établie dans le paysage universitaire anglosaxon. Il s’agit pour l’auteure de dresser un parallèle entre des valeurs écologiques discutées par les éthiques environnementales et la danse in situ dont elle retrace les développements historiques concomitants, à partir de la Seconde Guerre mondiale. Cet article est donc ambitieux, car il tente une synthèse difficile et des rapprochements audacieux – comme celui d’assumer une symétrie inhabituelle des disciplines à partir d’une histoire des marges des sciences comme de l’art – entre d’un côté des acteur·rice·s historiques des pensées écologiques (sciences biologiques et écologiques, sciences politiques et sociologiques, philosophies et histoires environnementales…) et de l’autre certains noms de la danse plus ou moins connus (que la majorité de la population sait à peine prononcer). Le point d’articulation entre ces deux champs défendus par l’auteure est celui des principes fondés sur la notion de lieu (place-based principles), en particulier une conscience écosystémique des lieux qui serait partagée par les penseur·euse·s de l’écologie et les artistes chorégraphiques.

  • 14 On peut citer à ce titre les Performance studies peut être plus connues du lectorat de Recherches e (...)
  • 15 L’anthropocène est la proposition d’entrer dans une nouvelle époque géologique basée sur le constat (...)
  • 16 Aux exceptions relatives peut-être de Bruno Latour, Ramachandra Guha et Workineh Kelbessa qui pour (...)
  • 17 Sans être exhaustif·ve·s, on pourrait mentionner la circulation assez partagée de textes écologique (...)

5Les lecteurs·rice·s de Recherches en danse seront peut-être surpris·e·s de la part importante prise dans ce texte par le développement historique d’une culture environnementale post Seconde Guerre mondiale. Cette démarche participe pourtant des études culturelles (cultural studies), une approche interdisciplinaire et critique très développée dans le monde anglo-saxon qui par son regard transversal s’intéresse au développement des cultures minoritaires parfois contestataires14. Cette synthèse à destination des chercheurs et chercheuses en danse nous semble stimulante, car elle tente de rassembler des données nombreuses et des analyses complexes et ce bien au-delà du seul champ disciplinaire des éthiques environnementales. Pour le dire autrement, les éthiques environnementales sont ici prises comme une boussole orientant des impératifs éthiques soulevés tant par les nouvelles connaissances académiques que par les effets sociaux des désordres planétaires, désordres résumés dans le titre par « l’ère de l’anthropocène15 ». L’argumentaire se construit à partir de références massivement anglo-saxonnes16 et, de ce fait, vient sans doute contraster avec les références17 qui circulent dans le milieu chorégraphique francophone actuel aussi bien artistique qu’universitaire. De ce point de vue-là, l’aire culturelle d’où l’auteure parle la conduit également à citer des exemples chorégraphiques qui – hormis pour les artistes nord-américain·e·s les plus célèbres tel·le·s Cunningham, Halprin, Brown ou Monk – sont inconnus du public français. C’est là une difficulté supplémentaire pour les lecteur·rice·s qui souhaitent se faire une idée par eux·elles-mêmes.

6Au fond, les enjeux de ce chapitre sont peut-être moins historiques que conceptuels et politiques : en parallèle de la chronologie qui se dessine, il s’agit sans doute tout autant d’insister sur des valeurs que l’auteure partage avec nombre d’artistes chorégraphiques pratiquant in situ. Elle relie trois fondements éthiques environnementaux : la déhiérarchisation (entre le lieu, l’artiste et le public), la relationnalité (entre les humains et les lieux) et la valeur intrinsèque (c’est-à-dire une valeur inhérente aux entités du monde à agir dans le monde, plutôt qu’une valeur utilitaire voire économique attribuée par des humains). Enfin, le texte attribue à l’art la capacité de « subvertir les anthropocentrismes et anthropomorphismes » notamment par un travail sur des modalités perceptives et plus largement de stimuler une conscience écologique, voire de ré-enchanter ou re-sacraliser les lieux et tout ce qui y vit. De plus, Kloetzel propose un horizon militant pour définir la danse en situation [site specific dance], à savoir le dépassement d’enjeux éthiques pendant les processus de création et de performance faisant des lieux de véritables partenaires pour aller jusqu’à créer des communautés de spectateurs qui prennent en charge les lieux et les soignent. Enfin, la dernière partie du texte amorce une catégorisation des démarches in situ relativement à leur réponse aux crises écologiques : Melanie Kloetzel distingue premièrement des approches frontalement thématiques au sujet des changements climatiques, deuxièmement des approches en contexte à forte naturalité selon une écologie des pratiques qui fait la part belle à la sensorialité, aux théories phénoménologiques et néo-matérialistes, troisièmement des approches éco-activistes traquant au cœur de la ville les présences rudérales.

Quelques questions soulevées par le texte

7Sans doute d’autres exemples, comme d’autres modes d’analyse des œuvres sélectionnées, amèneraient à d’autres catégorisations. Il revient aux lecteurs d’entamer ce dialogue critique avec le texte ici traduit. Nous partagerons néanmoins ici certaines des questions soulevées à sa lecture, en saluant au passage l’occasion donnée par ce texte de pouvoir les formuler.

  • 18 En particulier Isadora Duncan, Ruth Saint-Denis et Ted Shawn : KLOETZEL Melanie, «From recontextual (...)
  • 19 HUNTER Victoria, «Sited English folk dance as a form of site dance : Heritage, tradition and resist (...)

8Le premier aspect qui pourra surprendre est la périodisation choisie. Toute histoire est un récit dont les bornes infléchissent la logique. Faire commencer l’histoire de la danse in situ à la danse nord-américaine des années 1950 implique une coupure non seulement avec les pratiques de plein air de la modernité chorégraphique (allemande, britannique, nord-américaine…), mais également avec les pratiques dansées populaires. Ce récit historique que le chapitre 1 du livre nuance, puisque Kloetzel y mentionne brièvement la première partie du XXe siècle18, est contrebalancé par une perspective beaucoup plus ouverte chez Victoria Hunter qui tisse aussi des liens avec l’anthropologie de la danse, les pratiques dansées populaires et en particulier les danses traditionnelles britanniques analysée au chapitre 319 et une vision géographique beaucoup plus large :

  • 20 HUNTER Victoria (dir.), Moving Sites, op. cit., p. 4 (traduction de J. Perrin).

« La danse dans des lieux non théâtraux peut être repérée dans maints pays et dans maints contextes de par le monde. Un large éventail de pratiques dansées traditionnelles, religieuses et autochtones [folk, religious and indigenous dance practices] prennent place à la fois dans des sites spécifiques (…) et des lieux extérieurs plus génériques comme composants d’un festival ou d’une performance rituelle. Le fait de placer ou présenter la danse dans des lieux non théâtraux (…) peut potentiellement influencer ou faire écho avec les réalisations contemporaines d’œuvres in situ20. »

9Le chapitre, en présentant la Seconde Guerre mondiale comme l’un des tournant majeur pour les valeurs environnementales notamment via l’effroi des deux bombes nucléaires dévastant Hiroshima et Nagasaki, contribue ainsi à confirmer une périodisation très classique en histoire de l’art qui fait coïncider les débuts de l’histoire de la danse in situ avec celle du happening (Cage, Fluxus), du site-specific theater, du Performance Art, de la sculpture in situ ou du Land Art. On notera néanmoins que la mention, à la fin du texte, du Warrior Dance Day dans les îles du Pacifique – danses et chants guerriers en réponse aux changements climatiques – est une percée conduisant à épouser la perspective inclusive engagée par Victoria Hunter.

  • 21 Sur l’historicité et la pertinence de ces terminologies, voir PERRIN Julie, « Questions pour une ét (...)
  • 22 Le premier event de Cunningham présenté en 1964 au Musée du xxe siècle à Vienne est une réponse pra (...)
  • 23 Cf. GRANGER Caroline, À la rencontre de l’histoire culturelle et de l’écopoétique, une étude des to (...)
  • 24 De ce point de vue, toute généralisation sur Cunningham est vouée à l’échec : il est toujours des œ (...)

10Le second aspect qui peut arrêter le lecteur ou la lectrice est relatif à la catégorie même de Site Dance. Le titre du livre emploie l’expression Site Dance qui n’a pas vraiment d’équivalent en français. On pourrait le traduire par « Danse hors des théâtres », insistant sur une catégorie qui se construit en regard d’une histoire artistique de la danse qui s’est massivement institutionnalisée au sein de l’édifice théâtral à partir du XVIIe siècle européen. On pourrait maintenir la formulation peu usuelle de « Danse de site » que les trois auteures ont introduit dans le discours critique. Ou bien employer l’expression « Danse in situ » qui est passée dans les usages depuis une vingtaine d’années, alors même qu’elle est devenue l’objet de critique dans les recherches en art21. Le titre du chapitre 8 du texte emploie l’expression de Site Specific Dance. Cette catégorie plus restrictive de la Site Dance intéresse davantage les auteures : elle désigne les projets artistiques qui travaillent avec des sites particuliers et sont présentés sur ces mêmes sites. Ces projets prennent soin du lieu et ce en accord avec les communautés qui les habitent. Notons que les chorégraphes et théoricien·ne·s anglo-saxon·ne·s ont développé un vocabulaire nuancé pour distinguer, au sein des danses hors des théâtres, différents rapports au lieu et au contexte : chorégraphies pour sites génériques, multi-sites, répondant au site… Les notes 2 et 22 du chapitre traduit précisent alors à quel type de danse in situ Melanie Kloetzel s’intéresse ici : elle écarte de son corpus la site-adaptative dance (danse adaptée au site), c’est-à-dire des projets qui ne s’appuient pas sur une fréquentation longue du site, et ne travaillent pas, de ce fait, à une conscience écologique. Elle met aussi en garde contre les pièces qui colonisent les lieux. Il faut donc bien comprendre que l’auteure se concentre – tout au moins dans la dernière partie de son texte, sur des artistes « dont les objectifs écologiques et la démarche écosystémique sont clairs » (note 2). De ce point de vue, on comprendra donc que la place réservée à Merce Cunningham dans la première partie du texte puisse surprendre. Elle relève davantage d’une contextualisation générale sur les prémices de la danse hors des théâtres que d’une exemplification des travaux dont l’objectif aurait potentiellement une portée écologique. Le chorégraphe est ainsi présenté comme figure pionnière de la Site Dance, au même titre qu’Anna Halprin. Si ce récit doit être réajusté du point de vue historiographique, on l’a vu, on pourra émettre quelques réserves du point de vue de la catégorie aussi. La pédagogie de site que Halprin a déployé en collaboration avec son mari Lawrence Halprin ouvraient frontalement à des perspectives écologiques et l’on pourrait sans doute d’emblée la classer du côté de la Site Specific Dance. Ce n’est pas le cas de la pédagogie cunninghamienne. L’œuvre de celui-ci ne saurait en effet être qualifiée de Site Specific Dance car elle relève bien davantage de la catégorie « chorégraphie adaptée au site ». Quelles relations aux lieux les chorégraphies de Cunningham instaurent précisément lors des events22 ? Sa pensée de la spatialité a certes permis un décentrement du sujet permettant de déhiérarchiser la place de l’humain parmi les événements du monde, mais cette conception est aussi sous-tendue par une théorie de l’abstraction qui rend sinon le sujet danseur·euse du moins son geste indifférent à ce qui l’entoure. Opérant par collage, l’art cunninghamien n’est pas un art de la porosité au site (bien qu’il suggère des rapprochements par résonances de couleurs de costumes ou de formes). Cet art exige alors des spectateur·rice·s de construire les relations formelles et rythmiques possibles entre les sujets dansants et leur environnement (et c’est aussi une façon d’observer le monde urbain autrement). Si Cunningham déploie par ailleurs tout une pensée de la nature qui est une thématique importante de son travail23, il est difficile de parler à propos de son œuvre hors des théâtres d’écologie environnementale et encore moins d’écologie sociale. On pourrait émettre des réserves également concernant la mention du Judson Dance Theater dont les artistes n’abordent en réalité pas le site de manière uniforme : par exemple, la façon dont Trisha Brown, Elaine Summers ou Lucinda Childs s’intéressent à New York et font de la ville un élément de leurs pièces diffère. Les chercheur·euse·s en danse sont donc amené·e·s à questionner précisément la façon dont un·e chorégraphe prend position vis-à-vis d’un lieu et d’un contexte. Et bien souvent cette façon évolue au cours d’une carrière artistique24. Il convient aussi de distinguer ce qui relève de la prise de position esthétique d’un·e artiste (ses intentions déclarées, par exemple), ce que sa chorégraphie met de fait en œuvre (dans ses processus comme dans la forme présentée), ce que sa technique suppose en termes de relation et enfin ce que l’organisation de sa compagnie (la conception d’un travail collectif et de son inscription dans un contexte) engage en termes politiques. Ce travail de nuance dépasse le cadre de l’article engagé de Kloetzel.

11Un dernier aspect pourrait être souligné. Il relève du choix de Melanie Kloetzel de placer son texte sous l’égide d’une réflexion sur les éthiques environnementales qui lui permettent de structurer son propos autour de valeurs environnementales discutées depuis les années 1950 tout en incluant une discussion plus générale, avec une attention particulière aux inégalités environnementales, à partir de courants récents et plus interdisciplinaires comme celui des nouveaux matérialismes. Ces débordements disciplinaires au-delà de la seule philosophie prennent le risque de perdre un peu le ou la néophyte. Sans rentrer dans l’ensemble des débats annoncés, il nous a semblé propice de venir clarifier quelques enjeux autour de la matérialité qui pourraient aider la lecture.

  • 25 Nous reprenons ici le titre d’un ouvrage majeur de l’anthropologue DESCOLA Philippe, Par-delà natu (...)
  • 26 Critique du sociologue Durkheim (1858-1917) pour ne citer que lui. Nous renvoyons à l’ouvrage BLANC (...)
  • 27 TSING Anna Lowenhaupt, Le Champignon de la fin du monde, Paris, La Découverte, 2017.
  • 28 BIRD Rose Deborah, Vers des humanités écologiques, traduction de l’anglais Marin Schaffner, Marseil (...)
  • 29 Notamment lorsque le texte mentionne l’intérêt de recherches chorégraphiques en milieu urbain pour (...)

12Les humanités environnementales comme les nouveaux matérialismes esquissent un élan académique afin de penser et pratiquer le monde « par-delà nature et culture25 ». Ces courants réfutent ainsi les paradigmes dominants et ethnocentrés qui conçoivent la nature comme décor des activités humaines et n’expliquent « le social que par le social26 ». La nature comme force agissante majeure du social qui le structure et le façonne va alors transformer les enquêtes, les pratiques de recherches, les attentions à l’altérité au-delà des humains, les grilles de lectures... Ce sont des modes d’interdépendances qui sont alors explorés, des réseaux associant humains et autres qu’humains. C’est en cela que ces auteur·e·s parlent d’« agentivité » de la nature comme capacité à agir des entités sur les sociétés humaines. Il y a donc une « expansion agentielle » (pour reprendre le terme choisi pour la traduction) des entités à qui l’on attribue ce pouvoir d’action. Les nouveaux matérialismes vont prendre comme unité de focale la matière et ainsi accueillir dans leurs assemblages d’étude les collectifs humains, des entités vivantes et non vivantes dont les objets manufacturés, les techniques, les circulations mobilités… les liens avec les savoirs scientifiques issus des sciences physiques et chimiques sont étroits. De leur côté, les humanités environnementales orientent leurs agencements sur les communautés biotiques et leurs milieux, y compris dans les ruines du capitalisme27, en faisant la part belle aux techniques du corps et aux savoirs expérientiels, vernaculaires et autochtones mais aussi naturalistes et écologiques. Dans les deux cas, l’étude des réseaux se veut une réponse à la complexité du monde de façon multiscalaire et la plupart des références sont étroitement partagées dans les deux communautés (Haraway, Helmreich, Latour). Ces courants sont également engagés contre les rapports de pouvoirs qui provoquent iniquité, dominations sociales et crise écologiques et travaillent à repenser ce qui fait récits et qui fait récits28. Ils sont étroitement liés à d’autres courants – féministes, Queer, décoloniaux, autochtones, paysans – dont les apports concernant les enjeux d’énonciations (qui parle, qui représente qui, qui organise les situations d’énonciation ?) et les enjeux de performativités ont été fertiles ces dernières décennies. On pourra alors être étonné·e de la place ambiguë – voire incompatible – de la nature à divers endroits du texte de Kloetzel. Elle est tour à tour le ressort essentiel de la qualité expérientielle et du travail perceptif des artistes, compagnonne de vie de peuples autochtones ou ruraux participant au sentiment d’appartenance des lieux et des communautés, pour être parfois délaissée pour des éthiques anaturalistes ou encore glisser vers son déni d’existence lors de justifications urbanocentristes29.

13Ce qui est certain c’est que ce texte éclaire les tentatives artistiques des recherches en danses situées de composer avec les enjeux éthiques, l’écocide contemporain et les angoisses planétaires comme autant de situations où les pratiques sont repensées, où les relations sensibles au monde sont partagées, où la créativité semble une voie afin de consolider les communautés, protéger les lieux et ainsi articuler des esthéthiques.

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Notes

1 Barbour Karen, Hunter Victoria, Kloetzel Melanie, (Re)Positioning Site Dance. Local Acts, Global Perspectives, Bristol-Chicago, Intellect, 2019 [(Re)positioner la danse de site. Actes locaux, perspectives globales].

2 Les parutions presque simultanées de plusieurs numéros de Nouvelles de Danse et du Journal de l’aDC témoignent de cette actualité : « Art, écologie, transition », Journal de l’aDC, Genève, Pavillon de la danse, n° 77, décembre 2019–avril 2020 ; « La danse face aux défis écologiques », Nouvelles de Danse, Bruxelles, Contredanse, n° 78, automne 2020 ; « Où va la danse ? Extérieur, musées, cyberespace… », Nouvelles de Danse, Bruxelles, Contredanse, n° 80, printemps 2021 et « Dedans/Dehors », Journal de l’aDC, Genève, Pavillon de la danse, n° 79, mai-novembre 2021.

3 Kloetzel Melanie, PAVLIK Carolyn (eds.), Site Dance and the Lure of alternative Spaces, Gainesville, University Press of Florida, 2009 [Danse de site et attrait pour les espaces alternatifs].

4 CLIDIERE Sylvie, DE MORANT Alix, Extérieur Danse : Essai sur la danse dans l’espace public, Montpellier, L’entretemps, « Carnets de rue », 2009.

5 Le livre est découpé en trois sections contenant chacune trois chapitres signés respectivement par chacune des auteures (1. Héritages historiques et préoccupations contemporaines : tactiques, confrontations et contextes. 2. Pratiques en théorie : matériaux, dialogue et affect. 3. En allant vers le global : éthique, mobilité et marginalisation).

6 Le développement de la danse in situ en Nouvelle-Zélande depuis les années 1990 (par exemple chez Susan Jordan) s’articule avec des pratiques somatiques et holistiques et de danse butoh ; il doit beaucoup à l’enseignement d’Alison East. Sa dimension politique est étroitement liée à la culture autochtone maori et sa relation spirituelle à la Terre.

7 HUNTER Victoria (ed.), Moving Sites. Investigating Site-specific Dance Performance, Londres-New York, Routledge, 2015 [Sites en mouvement. Recherches sur la danse in situ].

8 Choreographic practices, Bristol, Intellect, n° 1, vol. 10, 2019.

9 [Site, danse et corps. Mouvement, matériaux et engagement corporel], Basingstoke, Palgrave Macmillan, 2021.

10 Il faudrait au moins mentionner SCHILLER Gretchen, RUBIDGE Sarah (dir.), Choreographic Dwellings, Basingstoke, Palgrave MacMillan, 2014 [Habiter chorégraphiquement]. Ce livre dirigé par Gretchen Schiller (chorégraphe et chercheuse franco-canadienne aujourd’hui rattachée à l’université de Grenoble) et Sarah Rubidge (chorégraphe et universitaire britannique) rassemble des études internationales (le Royaume-Uni comme le Brésil sont très représentés) et engage un débat sur la notion d’in situ (dans un dialogue interdisciplinaire avec la géographie, la philosophie – celle d’Edward Casey en particulier – et les théories du corps et de la perception de James J. Gibson et Brian Massumi).

11 De 2019 à 2022, nous nous penchons sur certains de ces textes et organisons plusieurs rencontres en visioconférences avec Karen Barbour, Victoria Hunter et Melanie Kloetzel (et parfois également la chorégraphe Joanne Leighton). Ce travail participe respectivement de la recherche reliant danses, somatiques et écologies de Joanne Clavel (Ladyss, université Paris Cité / Musidanse), de la recherche artistique sur la danse in situ conduite par Laurent Pichaud (université Paris 8 / Musidanse) et de la recherche sur la chorégraphie située de Julie Perrin (université Paris 8 / Musidanse / IUF). Cf. CLAVEL Joanne, PICHAUD Laurent, PERRIN Julie, « Chorégraphier in situ ou écrire sur la danse hors des théâtres. Un échange épistolaire sur nos parcours de recherche ou de création » (à paraître dans la revue Recherches en danse).

12 Cf. leur introduction à (Re)Positioning Site Dance, op. cit., en particulier pp. 9-13.

13 Voir les analyses par Karen Barbour du contexte historique colonial en Aotearoa qu’elle articule avec la notion de danse sensible ou réactive [responsive] au lieu : BARBOUR Karen, «Activism, land contestation and place responsiveness» [Activisme, revendication de territoire et réactivité au lieu], chapitre 2 de (Re)Positioning Site Dance, op. cit., pp. 51-75.

14 On peut citer à ce titre les Performance studies peut être plus connues du lectorat de Recherches en danse.

15 L’anthropocène est la proposition d’entrer dans une nouvelle époque géologique basée sur le constat que l’activité humaine est devenue la force majeure des processus – géologiques, chimiques, physiques, biologiques… – en cours sur terre.

16 Aux exceptions relatives peut-être de Bruno Latour, Ramachandra Guha et Workineh Kelbessa qui pour diverses raisons contribuent tous les trois activement aux pensées anglo-saxonnes environnementales.

17 Sans être exhaustif·ve·s, on pourrait mentionner la circulation assez partagée de textes écologiques (au sens large) en français, ceux de Gilles Clément, Philippe Descola, Isabelle Stengers, Emilie Hache, Vinciane Despret, Natassja Martin, Hicham-Stephane Afeissa, Christophe Bonneuil, Baptiste Morizot, les Larrère et bien évidemment Bruno Latour. Des artistes chorégraphiques mentionnent également les ouvrages édités par Wildproject (depuis 2009) et Dehors (depuis 2011), éditeurs ayant entrepris une vaste diffusion de traductions de textes anglosaxons mais aussi d’auteur·es d’autres régions du monde (par exemple, l’Amazonien Ailton Krenak ou le Japonais Hatakeyama Shigeatsu).

18 En particulier Isadora Duncan, Ruth Saint-Denis et Ted Shawn : KLOETZEL Melanie, «From recontextualisation to protest: 50 years of site dance practice in North America» [De la recontextualisation à la manifestation : 50 ans de pratique de danse située en Amérique du nord], (Re)Positioning Site Dance, op. cit., pp. 25-49.

19 HUNTER Victoria, «Sited English folk dance as a form of site dance : Heritage, tradition and resistance » [Danse traditionnelle anglaise située comme forme de danse de site : héritage, tradition et résistance], (Re)Positioning Site Dance, op. cit., pp. 77-101.

20 HUNTER Victoria (dir.), Moving Sites, op. cit., p. 4 (traduction de J. Perrin).

21 Sur l’historicité et la pertinence de ces terminologies, voir PERRIN Julie, « Questions pour une étude de la chorégraphie située », vol. 1, Habilitation à diriger des recherches, université de Lille, [en ligne], 2019, https://hal-univ-paris8.archives-ouvertes.fr/tel-02208299v2, chapitre III. 2, « Chorégraphie située : les raisons d’une nouvelle dénomination », pp. 121-152.

22 Le premier event de Cunningham présenté en 1964 au Musée du xxe siècle à Vienne est une réponse pragmatique à l’absence de lieu de représentation pour la compagnie en tournée. L’event qui deviendra par la suite un processus chorégraphique pérenne consistant à combiner différents extraits de répertoire exige de réadapter la spatialité de l’extrait chorégraphique et de l’ensemble à chaque nouveau lieu (places, architectures diverses, musées).

23 Cf. GRANGER Caroline, À la rencontre de l’histoire culturelle et de l’écopoétique, une étude des torsions dans l’œuvre du chorégraphe Merce Cunningham, Thèse de doctorat en études anglophones, sous la direction d’Anca Cristofovici, université de Caen Normandie, 2021.

24 De ce point de vue, toute généralisation sur Cunningham est vouée à l’échec : il est toujours des œuvres parmi les nombreuses pièces créées entre 1938 et 2009 qui viennent contredire les principes généraux ou les vues d’ensemble.

25 Nous reprenons ici le titre d’un ouvrage majeur de l’anthropologue DESCOLA Philippe, Par-delà nature et culture, Paris, Gallimard, 2005.

26 Critique du sociologue Durkheim (1858-1917) pour ne citer que lui. Nous renvoyons à l’ouvrage BLANC Guillaume, DEMEULENAERE Elise, FEUERHAHN Wolf (dir.), Humanités environnementales, enquêtes et contre-enquêtes, Paris, Publications de la Sorbonne, « homme et société. Série histoire environnementale », 2017.

27 TSING Anna Lowenhaupt, Le Champignon de la fin du monde, Paris, La Découverte, 2017.

28 BIRD Rose Deborah, Vers des humanités écologiques, traduction de l’anglais Marin Schaffner, Marseille, Wildproject, 2019. MORIZOT Baptiste, Les diplomates : cohabiter avec les loups, Marseille, Wildproject, 2016.

29 Notamment lorsque le texte mentionne l’intérêt de recherches chorégraphiques en milieu urbain pour des raisons de « mode de vie majoritaire » à l’échelle de la planète (tournant amorcé en 2007 et non dans les années 70) et ne justifiant en aucun cas une hiérarchie sur les autres modes de vie ou encore un effacement de l’histoire des lieux.

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Pour citer cet article

Référence électronique

Joanne Clavel, Julie Perrin et Laurent Pichaud, « Mise en perspective à l’occasion de la traduction française du texte de Melanie Kloetzel « Danse in situ et éthique environnementale » »Recherches en danse [En ligne], Traductions, mis en ligne le 11 février 2023, consulté le 07 février 2025. URL : http://journals.openedition.org/danse/5663 ; DOI : https://doi.org/10.4000/danse.5663

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Auteurs

Joanne Clavel

Joanne Clavel est chargée de recherche au CNRS, LADYSS, université Paris Cité et chercheuse associée au département danse de l’université Paris 8. Pendant près de dix ans au Muséum national d’histoire naturelle elle étudie l’impact des changements globaux sur la biodiversité. Elle s’est ensuite formée aux humanités environnementales et à la recherche en danse à l’université de Liège, Paris 8 et UC-Berkeley. Elle questionne aujourd’hui les enjeux somatiques et politiques de la disparition des vivants auprès des chorégraphes et des agriculteurs.
Elle a co-dirigé les publications d’Écosomatiques. Penser l’écologie depuis le geste (2019), Des Vies avec des Plages. Expériences, relations, devenirs (2023).

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Julie Perrin

Julie Perrin est depuis 2008 enseignante-chercheuse en esthétique et histoire de la danse, à l’université Paris 8 Saint-Denis (laboratoire Musidanse – E.A. 1572). Sa recherche sur la danse occidentale spectaculaire porte actuellement sur la chorégraphie située – à partir de l’analyse des œuvres, des contextes historiques, des processus de travail, ou encore des écrits d'artistes chorégraphiques. Elle est l'auteure de plusieurs ouvrages, la plupart accessibles en ligne, dont : Projet de la matière – Odile Duboc : Mémoire(s) d’une œuvre chorégraphique (CN D / les presses du réel, 2007) ; Figures de l’attention. Cinq essais sur la spatialité en danse (les presses du réel, 2012) ; Composer en danse (cosigné avec Yvane Chapuis et Myriam Gourfink, les presses du réel, 2019).

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Laurent Pichaud

Laurent Pichaud est chorégraphe au sein des projets x-sud art/site, interprète auprès de différents autres chorégraphes, et artiste chercheur associé au département Danse de l’université Paris 8 où il mène, en parallèle de ses enseignements, une thèse de création : Faire de l’in situ dans l’œuvre de Deborah Hay.
Au sein de ses créations et recherches, il s’intéresse à l’inscription d’un geste chorégraphique dans des espaces non spécifiquement artistiques – projets de territoires avec des habitants, chorégraphies situées – qui lui permet de déployer une dimension chorégraphique dans des questions sociétales. Il est actuellement artiste associé au CDCN Le Dancing de Dijon jusqu’en décembre 2024, et membre des comités de suivi des Carnets Bagouet et de l’École d’art de Nîmes.

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