Restructurer l’espace urbain : confréries et citadinisation des immigrants à Avignon (xive et xve siècles)
Résumés
Aux xive et xve siècles, Avignon connaît une restructuration de l’espace urbain animée par les immigrants. D’une part, l’afflux et les modes d’implantation de ces derniers produisent un agrandissement autant que sa fragmentation. D’autre part, l’état de déracinement de cette population venue d’ailleurs nourrit une floraison remarquable de confréries : les déplacements individuels et collectifs suscités par la vie confraternelle viennent diluer et unifier les délimitations inhérentes à l’espace urbain. La restructuration de celui‑ci s’accompagne d’une reconfiguration de la communauté urbaine. Participant aux confréries répandues dans l’ensemble de la ville, les immigrants étendent leurs réseaux de sociabilité, élaborent une conscience de l’espace urbain dans son ensemble et développent une forme d’appartenance à la ville. De ce fait, leur processus d’intégration à la société urbaine correspond à un processus de citadinisation, lequel implique à la fois des interactions entre les immigrants et la ville et des initiatives personnelles ou collectives de ces derniers.
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- 1 André Chédeville, Jacques Le Goff et Jacques Rossiaud (dir.), Histoire de la France urbaine, t. 2 :(...)
- 2 Un aperçu sur l’histoire de citoyenneté, Maarten R. Prak, Citizens without Nations: Urban Citizensh (...)
- 3 Denis Menjot et Jean‑Luc Pilnol (dir.), Les immigrants et la ville : insertion, intégration, discri (...)
- 4 Bronisław Geremek, Les marginaux parisiens aux xive et xve siècles, trad. Daniel Bauvais, [Paris], (...)
1Les calamités qui surviennent à la fin du Moyen Âge, en produisant une chute démographique en Occident, intensifient les flux migratoires vers les villes. Aux xive et xve siècles, la population urbaine en France est majoritairement constituée par les nouveaux arrivants1. De quelle manière les villes « absorbent »‑elles le grand nombre d’immigrants, lesquels semblent à la fois nécessaires et dangereux pour les sociétés urbaines dans cette époque de crise ? Cette question a déjà suscité beaucoup de recherches. Celles‑ci traitaient de façon privilégiée les conditions d’accès à la citoyenneté des immigrants2, les qualités sociales et les communautés socioprofessionnelles et ethniques de ces derniers, et montrent les situations bien diverses de leur intégration3. Toutefois, ces recherches répondent à la question à partir d’une même perspective : les immigrants s’adaptent et satisfont les demandes de la ville, notamment en contribuant à l’économie et en obéissant à l’ordre établi, sinon ils sont marginalisés voire même expulsés4.
- 5 Certains groupes préfèrent vivre sans citoyenneté, par exemple, les Italiens à Avignon et à Lyon, v (...)
- 6 Miri Rubin, Cities of Strangers: Making Lives in Medieval Europe, 1st ed., Cambridge, Cambridge Uni (...)
- 7 D’après la définition de Simona Cerruti, les étrangers n’équivalent pas aux individus originaires d (...)
- 8 Pour un bilan du processus de l’intégration des étrangers, voir Simona Cerruti, op. cit. supra, p. (...)
2Certes, l’ensemble des villes médiévales exercent une certaine politique sélective afin de filtrer les nouveaux entrants. Celle‑ci ne détermine pas seulement les personnes qui doivent être exclues, elle définit aussi les conditions de candidature pour obtenir une citoyenneté à part entière. Peut‑on en conclure pour autant que les immigrants jouent systématiquement un rôle passif dans leurs relations à la ville ? L’intégration dans la société urbaine signifie‑t‑elle nécessairement l’accession à la citoyenneté ? En réalité, une grande partie de la population urbaine vit sans citoyenneté complète dans les villes de la fin du Moyen Âge5. Dans ce cas, comment apprécier l’intégration sans une citoyenneté complète ? Plutôt que de la considérer comme “highest form of integration6”, Simona Cerruti propose de voir l’intégration des étrangers (y compris les personnes venues d’ailleurs) dans une perspective processuelle7. Dans sa recherche, c’est l’inscription dans les tissus locaux, au lieu de la bourgeoisie reconnue par les autorités, qui joue un rôle nécessaire dans l’intégration à l’époque d’Ancien Régime. Les tissus locaux, que S. Cerruti souligne, sont les liens sociaux, notamment ceux de famille, de métier et de crédit, lesquels aident les étrangers à accéder aux ressources locales et à se construire une reconnaissance sociale8. Ainsi, le processus de l’intégration des immigrants est tout d’abord celui des interactions entre les personnes.
- 9 Michel Lussault et Pierre Signoles (dir.), La citadinité en questions, Tours, URBAMA/Maison des sci (...)
- 10 Isabelle Berry‑Chikhaoui, « Les notions de citadinité et d’urbanité dans l’analyse des villes du Mo (...)
3En dehors du domaine de l’histoire, les études urbaines traitent l’intégration d’une perspective processuelle depuis les années 1990 et suggèrent de la synthétiser par une notion de « citadinisation », définie comme « le processus de socialisation dans un cadre urbain de populations d’origines diverses 9». Ce qui importe, la citadinisation ne suppose pas seulement un processus de l’intégration parmi les habitants urbains aux profils variés, mais elle implique également « un processus de co‑construction de la ville et du citadin 10». De ce fait, cette notion comprend deux dimensions : l’une est le processus interactif entre les immigrants et les autres citadins ; l’autre suggère un processus interactif entre les immigrants et les éléments qui constituent l’ensemble de la ville.
- 11 André Vauchez a déjà révélé le rôle des confréries de la fin du Moyen Âge dans l’intégration, André (...)
4Concernant l’intégration des immigrants dans les villes de la fin du Moyen Âge, beaucoup de recherches ont déjà indiqué que les confréries constituaient un instrument d’intégration, mais elles, comme celle de S. Cerruti, portaient aussi sur le fait que les immigrants tissaient leurs réseaux sociaux au sein des groupements confraternels11. Puisque les confréries de la fin du Moyen Âge contribuent à la première dimension de citadinisation, les questions se posent autour de leur rôle dans la seconde dimension de celle‑ci : les confréries provoquent‑elles des interactions entre les immigrants et les autres éléments urbains ? Quelles transformations entraînent des interactions à l’ensemble des citadins et à la ville ? Et quel rôle les immigrants jouent‑ils dans ce cadre ?
- 12 Zhao Lv, « Les confréries et l’intégration des immigrants à Avignon (xive‑xve siècles) », Histoire (...)
5Avignon, une ville accueillant sans cesse des nouveaux arrivants qui nourrissent de nombreuses confréries au cours des xive et xve siècles, constitue un terrain pour enquêter sur le phénomène de citadinisation entraînée par ces dernières. Une recherche récente a déjà montré que les immigrants d’Avignon réalisaient une intégration sociale dans les interactions suscitées par la vie confraternelle entre les citadins aux origines très variées12. Sur cette base, notre recherche se concentre sur comment les confréries animent‑elles la seconde dimension de citadinisation et contribuent‑elles à l’intégration des immigrants. L’espace urbain joue un rôle essentiel dans la formation d’une conscience de la ville. Ses évolutions se manifestent souvent de manière évidente et perceptible. Dans ce cadre, notre recherche explore les liens entre l’arrivée des immigrants, la floraison des confréries et les mutations de l’espace urbain d’Avignon à la fin du Moyen Âge. Nous visons à démontrer les interactions entre les immigrants et l’espace urbain et à révéler comment leur intégration dans la société urbaine s’accompagne d’un processus de reconstruction de la ville.
- 13 Le corpus de sources s’établit principalement à la base des manuscrits de Pierre Pansier (1864‑1934 (...)
6Cet article expose, tout d’abord, comment les vagues d’immigrants aux xive et xve siècles produisent une société urbaine au sein de laquelle les nouveaux arrivants, d’origines diverses, constituent toujours la majorité des Avignonnais. En mettant en évidence l’impact de cette conjoncture démographique sur la société urbaine et l’ouverture des confréries aux citadins sans distinction d’origine géographique, cette recherche ne suit pas la voie habituelle, qui distingue souvent les immigrants comme un groupe particulier et souligne leurs particularités par rapport aux autochtones. Notre étude dessine la coexistence des personnes venues d’ailleurs et des autochtones à l’intérieure de l’espace urbain ainsi qu’au sein des réseaux sociaux. Nous examinons comment ce processus de citadinisation se déroule dans une société où la plupart des citadins sont de nouveaux arrivants aux profils variés, se différenciant ainsi des sociétés urbaines antérieures au xive siècle. Sur cette base, nous explorons ensuite comment la nouvelle conjoncture démographique conduit aux transformations de l’espace urbain et de quelles manières les confréries s’y développent. Puis, notre recherche se focalise sur les déplacements collectifs des membres des confréries, et elle dévoile les façons et les intentions par lesquelles les confréries diffusent leurs influences et modifient l’espace urbain. Enfin, en montrant les déplacements individuels animés par la vie confraternelle, nous examinons les formes des réseaux sociaux que les membres établissent à travers les confréries et expliquons comment ces réseaux sociaux y restructurent l’espace. Cette recherche s’appuie sur les documents administratifs produits directement par la vie confraternelle, tels que les statuts, les livres de comptes et les actes d’élection, ainsi que sur des 105 testaments dans lesquels les Avignonnais ont inscrit les confréries comme intercesseur13.
Immigrants et population
- 14 Au début du xive siècle, la population d’Avignon oscille entre 5 000 et 6 000 habitants, Yves Renou (...)
7Grâce aux recherches existantes, l’évolution démographique d’Avignon au cours de la fin du Moyen Âge peut s’illustrer par la figure 114. D’une manière générale, le nombre d’Avignonnais à la fin du xve siècle (15 000 habitants) est presque trois fois supérieur à celui au début du xive siècle (entre 5 000 et 6 000 habitants). Entre ces deux moments, la ville connaît des fluctuations intenses et des renouvellements fréquents de population, qui résultent de catastrophes récurrentes et de vagues continues d’immigrants à la fin du Moyen Âge.
- 15 Sylvain Gagnière (dir.), op. cit. supra, p. 156 : Carte : origine des Avignonnais – xiiie siècle (d (...)
- 16 André Chédeville, Jacques Le Goff et J. Rossiaud (dir.), Histoire de la France…, op. cit., p. 397‑3 (...)
- 17 Louis Stouff, « Arles à la fin du Moyen Âge : paysage urbain et géographie sociale », in, Le paysag (...)
8Depuis le xiiie siècle, Avignon accueille une population cosmopolite, en particulier des marchands et des banquiers italiens, mais aussi des artisans et de la main‑d’œuvre venant des Alpes et de Bourgogne15. Au début du xive siècle, l’installation de la cour pontificale renforce l’attractivité de la ville. Le fait que sa population à la veille de la grande Peste noire (entre 25 000 et 45 000 habitants) est au moins le quadruple de celle du début du xive siècle en est la preuve. Par rapport à la plupart des sociétés urbaines dont la démographique stagne, ou le plus souvent reflue à partir des années 133016, l’explosion démographique d’Avignon avant 1347 est une exception due à son statut de capitale du monde chrétien. Bénéficiant de cette attraction extraordinaire, la population rebondit vigoureusement après la Peste. Malgré l’émigration suscitée par le départ du pape Grégoire XI et le Grand Schisme, Avignon, s’appuyant sur sa prospérité commerciale, la paix locale ainsi que sa tradition d’ouverture aux étrangers, attire cependant ceux qui espèrent se protéger des catastrophes ou pensent y trouver leur chance. À la fin du xve siècle, la ville est encore une ville qui possède 15 000 âmes. Ce nombre n’est pas insignifiant, alors que la population d’Arles est estimée entre 5 000 et 6 000 habitants17.
- 18 Bernard Guillemain, La cour pontificale…, op. cit., p. 694 ; Jacques Chiffoleau, La comptabilité de (...)
- 19 Seuls 17 courtisans entre 1328 et 1330 paient la taxe de réception pour devenir citoyens, Bernard G (...)
- 20 Le métier constitue un mode d’identification sociale et professionnelle pour les citadins dans les (...)
9L’afflux d’immigrants modifie la structure démographique d’Avignon. Avant le xive siècle, les personnes originaires de la ville et les citoyens constituent la majorité des Avignonnais, tandis que le pourcentage des nouveaux arrivants atteint 75 % de la population au xive siècle et se maintient à 62 % au xve siècle18. La plupart d’entre eux n’ont pas la volonté d’accéder à la citoyenneté complète et préfère garder le statut de « courtisan » lors du séjour de la cour pontificale ou celui d’« habitant simple » (« habitatore ») après qu’Avignon ait perdu la place de capitale de l’Église occidentale19. À part des distinctions juridiques, les Avignonnais s’identifient par leurs pays d’origine et leurs métiers exercés20, qui sont les deux éléments les plus importants par lesquels les citadins, notamment les non‑citoyens, construisent leur identité sociale dans la vie urbaine.
- 21 Au contraire, la plupart des immigrants d’Aix‑en‑Provence de la première moitié du xve siècle vienn (...)
- 22 Les registres des assignateurs et des taxateurs de logements (aux années 1318‑1323, 1326‑1334, 1343 (...)
- 23 Bernard Guillemain, La cour pontificale…, op. cit., p. 694.
- 24 Ibid. supra, p. 549 et 688.
- 25 Ibid., p. 683.
- 26 Ibid., p. 685.
- 27 Anne‑Marie Hayez, « Anglais présents à Avignon dans le pontificat d’Urbain V », in, La « France Ang (...)
- 28 Les immigrants issus d’Espagne ne forment que de 2,4 % de la population d’Avignon à la première moi (...)
- 29 Ibid. supra. Une recherche confirme la diminution des Italiens à Avignon, Jérôme Hayez, « Pratiques (...)
- 30 Jacques Chiffoleau, La comptabilité de l’au‑delà…, op. cit., p. 196.
10Les origines géographiques des immigrants sont bien diverses et dans un rayon très étendu tandis que les personnes venues des villes et des villages voisins sont peu nombreuses21. Au xive siècle, 187 diocèses de la chrétienté occidentale apparaissent dans les actes portant sur les lieux d’origine des immigrants22, et les principaux foyers sont compris « entre la Mer du Nord, la Manche et une ligne méridienne Rouen‑Toulouse à l’ouest, le Rhin, le bassin moyen du Pô et le Tibre à l’est23 ». Les Italiens représentent 40 % des immigrants entre 1353 et 1359 et 20 % dans les années 137024. La grande voie nord‑sud, Lorraine‑Provence, draine les personnes du nord vers la ville, lesquelles constituent 47,6 % des immigrants dans les mêmes années25, et les personnes originaires de la France royale constituent presque 30 % de la population immigrante26. Par ailleurs, les Espagnols, les Anglais27, les Allemands et même les Tchèques y sont présents. Au xve siècle, l’aire géographique d’attraction d’Avignon se restreint et la composition de la population immigrante se modifie. Les Espagnols et les Allemands ne représentent qu’une minime proportion28 ; les Anglais et les immigrants venus d’Europe centrale semblent totalement disparaître. Le nombre des Italiens continue de diminuer, de sorte qu’ils ne représentent plus que 5 % de la population au xve siècle29. Toutefois, la voie nord‑sud fonctionne encore : les citadins originaires des pays du Rhône et de la Saône forment encore 13,5 % des Avignonnais au début du xve siècle, et 30,2 % à la fin du xve siècle30.
- 31 Bernard Guillemain, La cour pontificale…, op. cit., p. 660‑673.
- 32 Léon‑Honoré Labande, Avignon au xve siècle…, op. cit., p. 24‑25.
- 33 Bernard Guillemain, La cour pontificale…, op. cit., p. 649 ; Jacques Chiffoleau, La comptabilité de (...)
- 34 Jacques Chiffoleau, La comptabilité de l’au‑delà…, op. cit., p. 202 : Carte viii : Origines des Agr (...)
- 35 Léon‑Honoré Labande, Avignon au xve siècle…, op. cit., p. 18.
11Puisque les nouveaux arrivants ont le droit d’accéder à tous les métiers, ils réussissent à s’insérer dans la totalité des rouages de la société urbaine. Le document de Liber Divisionis du xive siècle mentionne au total 208 professions existantes à Avignon31 tandis que dès 1441, l’ensemble de la population laïque est réparti dans 11 catégories de métiers (sans pour autant former systématiquement des corporations à proprement parler)32. Les hommes originaires d’un même pays confluent facilement dans un ou certains métiers. Par exemple, les Italiens sont nombreux dans le commerce et la banque33, les agriculteurs viennent, eux, très souvent des diocèses de Lyon, Genève et Belley34 et beaucoup d’immigrants de Genève et de Besançon se retrouvent parmi les fustiers35. Toutefois, il n’existe pas de correspondance systématique entre un métier et les immigrants d’une même aire d’origine.
12En somme, l’affluence des immigrants à la suite de l’arrivée de la cour pontificale au début du xive siècle conduit à une explosion démographique et les vagues continues des nouveaux arrivants au cours de toute la fin du Moyen Âge produisent une population d’une grande diversité, dont la plupart sont constituées par des arrivants récents. La nouvelle conjoncture démographique provoque, d’une manière inévitable, la transformation de l’espace urbain.
Immigrants et espace urbain
- 36 Joseph Girard, « Avignon avant les papes », Annuaire de la Société des amis du Palais des papes et (...)
- 37 Anne‑Marie Hayez, « Les bourgs avignonnais du xive siècle », Bulletin philologique et historique du (...)
- 38 Anne‑Marie Hayez, « Travaux à l’enceinte d’Avignon sous les pontificats d’Urbain V et de Grégoire X (...)
- 39 Anne‑Marie Hayez (dir.), Le terrier avignonnais de l’évêque Anglic Grimoard : 1366‑1368, Paris, CTH (...)
- 40 Louis Stouff, « Arles à la fin du Moyen Âge… », op. cit., p. 229.
13En raison de l’afflux des immigrants, l’espace urbain d’Avignon connaît un élargissement. Suite à l’explosion démographique suscitée par les immigrants qui suivent la cour pontificale, la superficie d’une quarantaine d’hectares, au sein des remparts du xiiie siècle, n’est plus suffisante pour contenir une population si importante36. De plus en plus de bourgs, qui abritent un grand nombre des nouveaux arrivants, fleurissent à la périphérie, principalement autour les quatre couvents mendiants (les Prêcheurs, les Cordeliers, les Augustins et les Carmes)37. Afin de protéger la ville, notamment les habitants qui s’installent hors des remparts, contre les routiers, les papes décident de faire construire une nouvelle enceinte. Cette dernière, achevée sous le pontificat d’Urbain V, encercle de vastes espaces vacants38. La superficie d’Avignon double et passe désormais d’une forme ovoïde à celle d’un hexagone ouvert vers le sud et l’est. Les sept paroisses, qui ont été clôturées par les anciens remparts, s’étendent jusqu’à la nouvelle enceinte39. À titre de comparaison, Arles, à la même époque, afin d’assurer la sécurité des quartiers extra‑muros, détruit les maisons et les édifices en dehors de son rempart pour les reconstruire à l’intérieur des murailles40. Les mesures opposées prises par ces deux villes font ressortir les pressions exercées par la présence des immigrants sur la structure de l’espace d’Avignon.
- 41 Bernard Guillemain, La cour pontificale…, op. cit., p. 507.
- 42 Anne‑Marie Hayez (dir.), Le terrier avignonnais…, op. cit., hors texte, sans pagination : Carte no (...)
- 43 Jacques Chiffoleau, Les justices du pape : délinquance et criminalité dans la région d’Avignon au q (...)
14Les traces des anciens remparts, comme une muraille invisible, divisent l’espace de la ville en deux parties bien distinctes. L’une constitue la vieille ville, très urbanisée, encombrée et couverte par des monuments élevés (le Palais du pape, le Palais de l’évêque, la cathédrale, les sept églises paroissiales et le palais communal, etc.), des marchés et des rues étendues dans toutes les directions. L’autre, correspondant à l’espace entre les anciens remparts et la nouvelle enceinte, est caractérisée davantage par une moindre densité urbanistique, avec la persistance d’espaces cultivés ou de friches : aucun édifice d’intérêt public n’est élevé, excepté les couvents de mendiants et quelques hôpitaux tandis que les bourgs, séparés par des jardins, des prés et des champs, sont liés avec la vieille ville par des routes de terre et des sentiers41. Dorénavant, l’espace d’Avignon se subdivise en deux échelles : la vieille ville – centre religieux, politique et économique –, ceinturée par les nouveaux quartiers qui s’y attachent. Le contraste entre les deux zones implique une sociologie différenciée des deux espaces, tels que les révèlent des archives seigneuriales et fiscales comme les terriers. La vieille ville, du fait de ses prix élevés, est plutôt réservée aux cardinaux (la plupart de leurs livrées y sont situées)42 et aux plus riches, tandis que les nouveaux quartiers accueillent la plupart des personnes modestes, dont la majorité est constituée des nouveaux arrivants43.
- 44 Pour l’agglomération et l’organisation des fustiers avant xive siècle, voir Philippe Bernardi et Ni (...)
- 45 Bernard Guillemain, La cour pontificale…, op. cit., hors textes, sans pagination : Carte 2 : Avigno (...)
- 46 Ibid. supra.
- 47 Anne‑Marie Hayez, « Les bourgs avignonnais… », art. cit., p. 96‑99.
15Comme dans les autres villes médiévales, les hommes d’Avignon exerçant un même métier s’installent souvent dans une même rue ou un même quartier. Les lieux nommés d’après les métiers les plus représentatifs au sein de la vieille ville – la rue de la grande Fusterie44, la rue de l’Épicerie, la rue de Pelleterie et la place du Change notamment –, démontrent l’existence des quartiers de métier formés avant le xive siècle. Les nouveaux arrivants poursuivent ce modèle dans les nouveaux quartiers : le bourg des Albergats attire une agglomération d’aubergistes45 ; le bourg d’Ortholan, dans les jardins et les champs du sud‑ouest des nouveaux quartiers, héberge beaucoup de jardiniers et de maraîchers46 ; les peyriers convergent plutôt dans le quartier hors du Portail Matheron, les maçons se groupent dans le bourg Cabassole et les « laboratores » dans le bourg Martinenc47. Toutefois, aucun métier ne correspond seulement à un ou plusieurs bourgs ou quartiers, et les hommes de différentes professions se dispersent dans toute la ville.
- 48 Réné Moulinas, Les Juifs du pape : Avignon et le comtat Venaissin, Paris, Albin Michel, « Présence (...)
- 49 La rue des Lombards apparaît pour la première fois dans les archives en 1339, Pierre Pansier, Dicti (...)
- 50 La rue des Allemands semble apparaître dans les archives pour la première fois en 1403, ibid. supra(...)
- 51 Bernard Guillemain, La cour pontificale…, op. cit., p. 506.
- 52 Casimir François Henri Barjavel, Dictionnaire historique, biographique et bibliographique du départ (...)
- 53 Félix Lazare et Louis Lazare, Dictionnaire administratif et historique des rues de Paris et de ses (...)
- 54 Laurence Moal, L’étranger en Bretagne au Moyen âge : présence, attitudes, perceptions, Rennes, PUR, (...)
- 55 Joëlle Rollo‑Koster, “Mercator Florentinensis and Others: Immigration in Papal Avignon”, in Kathryn (...)
16Les immigrants sont enclins à se rassembler d’après leurs origines géographiques, de sorte que les « quartiers ethniques » ajoutent au morcellement de l’espace urbain. Sans parler de la communauté juive48, l’exemple le plus représentatif est la rue des Lombards, au sud de l’église de Saint‑Didier à l’intérieur de la vieille ville, et qui indique un quartier habité par des Italiens, notamment ceux qui exercent les métiers du commerce et de l’argent49. Toutefois, la rue des Allemands, qui commence au Portail Matheron de la vieille ville et passe au sud du couvent des Augustins50, peut susciter une hésitation. Elle traduit possiblement un quartier d’Allemands qui s’y installent dès l’établissement des papes à Avignon51, mais témoigne également de la possibilité d’une relation avec la famille d’Allemand, d’origine dauphinoise et anciennement présent à Avignon52. Dans ce cas, indique‑t‑elle une agglomération de Dauphinois ? Bien que tous les immigrants ne laissent pas la marque de leur pays d’origine dans la topographie d’Avignon, la convergence de compatriotes est un phénomène très répandu dans les villes médiévales : la rue des Lombards est confirmée à Paris à partir du xiiie siècle53, et les marchands de Castille à Nantes se concentrent au xve siècle dans la rue des Espagnols54. De plus, le fait que le nombre d’Italiens ait été plus important dans les paroisses de Notre‑Dame‑la‑Principale, de Saint‑Pierre et de Saint‑Agricol que dans les quatre autres paroisses d’Avignon55, manifeste probablement une stratégie d’implantation habituellement pratiquée par les immigrants d’un même pays : ils confluent dans un premier temps dans certains quartiers, puis se dispersent ensuite dans toute la ville. Grâce à ce mode d’implantation, les relations sociales qu’ils établissent initialement, telles que celles entre voisins, compatriotes et personnes du même métier, se chevauchent généralement dans les quartiers, signifiant souvent une installation et une bonne intégration.
- 56 Joëlle Rollo‑Koster, “From Prostitutes to Brides of Christ: The Avignonese Repenties in the Late Mi (...)
- 57 Jacques Chiffoleau, Les justices du pape…, op. cit., p. 254‑255, en particulier la carte : Lieu d’h (...)
- 58 Jacques Chiffoleau, « La violence au quotidien : Avignon au xive siècle d’après les registres de la (...)
- 59 Nicole Gonthier, Cris de haine et rites d’unité : la violence dans les villes, xiiie‑xvie siècle, [ (...)
- 60 Une ségrégation sociale des personnes immorales fonctionne à Avignon, et cela se manifeste notammen (...)
17D’ailleurs, comme dans les autres villes médiévales, il existe des quartiers mal famés, qui sont censés engendrer plus de délinquances et sont marqués généralement par les tavernes, étuves et bordels. À Avignon de la fin du Moyen Âge, la plupart de ces facteurs de trouble se situent dans la zone entre les vieux remparts et la nouvelle enceinte56. De plus, la plupart des condamnés du xive siècle déclarent les bourgs situés autour des portes de Saint‑Michel, Imbert et Saint‑Lazare comme lieu d’habitation, de sorte que ces endroits forment les quartiers « criminogènes »57. Jacques Chiffoleau attribue l’augmentation des délinquances (notamment la petite) et la topographie des quartiers mal famés aux fureurs quotidiennes causées par l’état du déracinement de la majorité Avignonnais ainsi qu’à l’agglomération des nouveaux arrivants dans les bourgs des nouveaux quartiers58. Bien que la conclusion proposée par J. Chiffoleau pour le cas d’Avignon n’explique pas totalement la criminalité urbaine à la fin du Moyen Âge, un lien entre la population exogène et les crimes dans les villes est observé dans la plupart des villes59. Les quartiers mal famés suggèrent une ségrégation spatiale, laquelle reflète une ségrégation sociale des personnes mal intégrées et renforce, d’une certaine mesure l’état de leur mauvaise intégration60. De cette manière, les immigrants et leurs conditions d’intégration façonnent la structure spatiale d’Avignon et constituent l’un des facteurs qui amplifient la fragmentation de son espace.
- 61 Concernant le marquage de la ville, voir Patrick Boucheron et Jean‑Philippe Genet (dir.), Marquer l (...)
18En résumé, les flux des immigrants, en produisant une nouvelle structure démographique, provoquent de grandes transformations de l’espace urbain d’Avignon. D’une part, l’explosion démographique au début du xive siècle conduit à la construction d’une nouvelle enceinte, qui redéfinit les frontières de la ville et implique une circulation renouvelée dans un espace plus large. D’autre part, les modes d’implantation et la ségrégation sociale de certains immigrants mal intégrés marquent l’espace urbain par un phénomène conjugué de morcellement et de fragmentation61. C’est dans cette scène spatiale que les confréries fleurissent à Avignon.
Une floraison de confréries
- 62 Les premières recherches historiques sur les confréries médiévales peuvent remonter au début du xxe(...)
- 63 Jacques Chiffoleau, La religion flamboyante : France, 1320‑1520, [Paris], Éd. Points, « Histoire, 4 (...)
- 64 Le nombre de confréries à Rouen n’augmente de manière intense qu’après la croissance de la populati (...)
- 65 Les confréries jouent un rôle de « familles de substitution », Jacques Chiffoleau, « Les confréries (...)
19La multitude de confréries est un phénomène répandu dans les villes de l’Europe occidentale à la fin du Moyen Âge62. Elle peut s’expliquer par le fait que les confréries inscrivent une religion populaire en pratiquant le culte des saints patrons et la commémoration des morts63. De plus, la conjoncture démographique et sociale des sociétés urbaines de l’époque stimule les unions fondées sur la fraternité. Comme il est signifié précédemment, les immigrants représentent toujours une grande partie de la population urbaine à cette époque troublée, de sorte qu’un grand nombre des citadins est en état de déracinement. Vu que leurs anciennes relations sociales sont largement bouleversées et remises en question, ils expriment le désir de reconstruire des liens sociaux et des nouvelles solidarités par le biais de la vie associative, ce qui conduit à la prospérité des confréries. Cette conclusion est bien soutenue par la correspondance entre l’augmentation de la population venue d’ailleurs et la croissance du nombre de confréries à la fin du Moyen Âge64 et par les rôles qu’elles jouent en tant que « familles de substitution » et comme protection sociale complémentaire pour leurs membres65.
- 66 Les statuts des confréries du Moyen Âge annonçant leur naissance sont rarement conservés jusqu’à au (...)
- 67 Noël Coulet, « Jalons pour une histoire religieuse d’Aix au bas Moyen Âge (1350‑1450) (les confréri (...)
- 68 Louis Stouff, « Une confrérie arlésienne de la première moitié du xve siècle : la confrérie de Sain (...)
- 69 Marie‑Claude Marandet, Le souci de l’au‑delà : la pratique testamentaire dans la région toulousaine (...)
- 70 Jacques Chiffoleau, La comptabilité de l’au‑delà…, op. cit., p. 279.
20À Avignon, 107 groupements confraternels laissent leurs traces dans les actes à la fin du Moyen Âge, et seuls dix d’entre eux sont connus pour la première fois dans les archives originales avant le xive siècle tandis que 97 confréries apparaissent pour la première fois aux xive et xve siècles (25 sont connues pour la première fois au xive siècle et 72 au xve siècle)66. Il s’agit d’une expansion remarquable par rapport aux autres villes dont le nombre de confréries est connu : 28 à Aix entre 1350 et 145067 ; 20 à 30 à Arles à la fin du Moyen Âge68 ; 89 entre 1300 et 1450 dans la ville de Toulouse69. Le mouvement confraternel entraîne une grande partie des Avignonnais : ainsi en moyenne 37 % des testateurs donnent un legs à une ou plusieurs confréries dans les testaments au xve siècle, et dans la dernière décennie de ce même siècle, la proportion atteint même 50 %70.
- 71 Cette carte est réalisée à la base de : la Carte 4 : Avignon sous Urbain V : élément de topographie (...)
21D’après les statuts, les comptes et les actes électoraux des confréries ainsi que les 105 testaments d’Avignonnais qui mentionnent les confréries aux xive et xve siècles, les sièges des 81 d’entre elles à Avignon sont identifiables. La carte de la répartition des confréries dans l’espace urbain d’Avignon (carte 1) révèle les corrélations entre les confréries, les immigrants et l’espace urbain71.
1. | Palais pontifical | 23. | Couvent des Prêcheurs | |
2. | Palais épiscopal | 24. | Couvent des Cordeliers | |
3. | Palais du Maréchal de la cour et administration temporelle | 25. | Couvent des Augustins | |
4. | Officialité et prison épiscopales | 26. | Couvent des Carmes | |
5. | Maisons du Soudan (prison) | 27. | Monastère de Saint‑Laurent (bénédictines) | |
6. | Cathédrale Notre‑Dame des Doms | 28. | Monastère de Sainte‑Catherine (cisterciennes) | |
7. | L’église paroissiale de Saint‑Agricol | 29. | Monastère de Sainte‑Claire (clarisses) | |
8. | L’église paroissiale de Saint‑Pierre | 30. | Monastère de Saint‑Véran (bénédictines) | |
9. | L’église paroissiale de Saint‑Didier | 31. | Monastère de Notre‑Dame‑des‑Fours (bénédictines) | |
10. | L’église paroissiale de Saint‑Geniès | 32. | Monastère des Repenties des Miracles | |
11. | L’église paroissiale de Notre‑Dame‑la‑Principale | 33. | Hôpital Sainte‑Marthe (et trinitaires) | |
12. | L’église paroissiale de Saint‑Symphorien | 34. | Hôpitaux du Pont | |
13. | L’église paroissiale de Saint‑Étienne ou la Madeleine | 35. | Hôpital Saint‑Jacques | |
14. | Collégiale Notre‑Dame‑des‑Miracles | 36. | Hôpital Petit ou Notre‑Dame de Salvation | |
15. | Chapelle Notre‑Dame‑de‑Fenouillet | 37. | Hôpitaux de la Major | |
16. | Chapelle Notre‑Dame d’Espérance | 38. | Hôpital du Pont‑Fract | |
17. | Chapelle Sainte‑Perpétue | 39. | Hôpitaux du Portail Matheron | |
18. | Chapelle Sainte‑Croix | 40. | Maison des Orphelins | |
19. | Chapelle Saint‑Michel | 41. | Monastère des Antonins | |
20. | Ancien Temple, propriété des hospitaliers de Saint‑Jean‑de‑Jérusalem | 42. | Chapelle de Sainte‑Anne | |
21. | Ancienne Commanderie de Saint‑Jean‑de‑Jérusalem | 43. | Chapelle de Saint‑Nicolas (sur le pont hors de l’enceinte) | |
22. | Bénédictins de Saint‑Martial (collège de faible extension) | 44. | Couvent des Célestins |
- 72 Arch. dép. Vaucluse, 3E9I/83, 1494, fol. 13 : Item, legavit et jure legati relinquit confraterie sa (...)
- 73 Léon‑Honoré Labande, Avignon au xve siècle…, op.cit., p. 2.
- 74 Pour la signification symbolique du pont de Saint‑Bénézet dans le Grand Schisme, Joëlle Rolo‑Koster (...)
22L’ensemble des églises paroissiales, des monastères, des couvents et des chapelles, qu’ils se situent dans la vieille ville ou dans les nouveaux quartiers, peuvent être les sièges des confréries. De surcroît, hors de l’enceinte du xive siècle, sur la seconde pile du pont de Saint‑Bénézet reliant, par‑dessus le Rhône, la ville d’Avignon et la Villeneuve, la chapelle de Saint‑Nicolas (repère 43 sur la carte 1) accueille deux confréries – la confrérie de Saint‑Nicolas et la confrérie de l’Annonciation‑de‑Notre‑Dame72. Après que Charles V concède en 1368 au pape la partie du pont comprise entre l’enceinte et la chapelle Saint‑Nicolas73, cette dernière, qui sépare le royaume de France et l’État pontifical, devient en fait la frontière la plus au nord de la ville tout en restant attachée à l’espace urbain74. De cette manière, la répartition des confréries témoigne de la connaissance des Avignonnais de leur espace urbain, et l’image qu’ils en ont correspond à la frontière politique de la ville.
- 75 Marc Venard, « Les confréries dans l’espace urbain : l’exemple de Rouen », Annales de Bretagne et d (...)
23Par ailleurs, la répartition des confréries correspond au contraste entre la vieille ville et les nouveaux quartiers. D’une part, l’inégalité du nombre de confréries entre les deux zones est remarquable : 54 confréries s’installent dans les nouveaux quartiers par rapport à 25 dans la vieille ville. D’autre part, les confréries se dispersent parmi les sanctuaires de la vieille ville alors qu’elles s’agglomèrent dans les églises des quatre couvents des ordres mendiants dans les nouveaux quartiers (repères 23, 24, 25 et 26 sur la carte 1). Cette opposition résulte des distinctions entre les habitants, de la topographie religieuse et des niveaux d’urbanisation. D’abord, les nouveaux quartiers abritent la plupart des citadins modestes et des immigrants récents, dont les regroupements sont facilement motivés par le lien de fraternité. Cela est confirmé par le fait que les quatre couvents, autour desquels les bourgs se développent et les nouveaux arrivants s’agglomèrent, hébergent le plus de confréries. Le nombre le plus important de confréries dans les nouveaux quartiers est un fait reconnu à Rouen et à Paris75. Par ailleurs, la vieille ville témoigne de la topographie religieuse antérieure au xive siècle, topographie marquée par la présence d’un nombre important de sanctuaires anciens tandis que les nouveaux quartiers, à partir du xiiie siècle, ne sont présidés que par les quatre couvents. Enfin, les alentours des quatre couvents sont plus urbanisés que les autres zones dans les nouveaux quartiers. Se situant au bord des portes anciennes et des rues principales menant au centre de la ville et étant liés aux bourgs par des traverses, ils sont les lieux les plus accessibles dans les nouveaux quartiers pour l’ensemble des citadins où qu’ils habitent.
- 76 Il correspond largement à la multiplication des choix de la piété personnelle dans la ville, Jacque (...)
24De ce fait, les confréries d’Avignon s’adaptent et bénéficient de la nouvelle structure de l’espace urbain. Leur répartition dans la ville manifeste un polycentrisme spatial des pratiques religieuses et des sociabilités76, qui est animé par les citadins – notamment les plus modestes et les nouveaux arrivants abrités dans les nouveaux quartiers –, et est alimenté par les nouveaux quartiers plutôt que la vieille ville. Un nouveau cadre de religion et de sociabilité, aux côtés des paroisses, se construit sur la base des réseaux des confréries à Avignon.
Déplacements des membres des confréries dans l’espace urbain
- 77 L’ampleur des processions est un trait de la région méridionale, Noël Coulet, « Procession, espace (...)
- 78 Marc Venard, « Itinéraires de processions dans la ville d’Avignon », Ethnologie française, t. 7, no(...)
25Les confréries ne se limitent pas à s’installer à l’intérieur des sanctuaires existants, elles stimulent les circulations des citadins. S’agissant des déplacements qu’elles induisent les processions des fêtes de leurs saints patrons sont les plus importantes. Bien que ces dernières ne laissent pas beaucoup de traces dans les archives qui nous sont parvenues, elles sont pratiquées généralement par les confréries77. D’après l’itinéraire de la procession de la confrérie de Corpus Domini d’Avignon à l’époque moderne, Marc Venard relève que toutes les processions des fêtes organisées par les confréries « se déroulaient dans des rayons plus étroits78 ». Toutefois, il ne faut pas appliquer trop vite cette conclusion à celles de la fin du Moyen Âge.
- 79 Ibid. supra, p. 60.
26Il est certain que le point de départ et le point d’arrivée des processions que les confréries organisent pour les fêtes sont toujours l’église de leur siège79. D’après un registre concernant la procession de la Pentecôte de la confrérie de Saint‑Esprit dans l’église des Cordeliers en 1419, tous ses membres se rassemblent et partent de l’église des Cordeliers ; après qu’ils « iront par la ville », ils retournent à l’église, où un sermon solennel conclut la procession :
- 80 Arch. dép. Vaucluse, H dépôt, Avignon, La confrérie de Saint‑Esprit, E 3, fol. 14 vo.
« Item, pour plus d’honneur du saint Esprit et de ladite confrérie, l’an 1419, los bailes […] ont ordoné que celuy an de la feste de ladite confrérie laquelle se faict le jour de Pentecoste ordonerent qui se fisse une procession aux frères mineurs et ensemble les bailes et confrères de ladite confrérie iront par la ville ensemblament avec leur luminaire, […]. Et quand la procession sera venue à l’église des frères mineurs fût fait solemnel sermon par le révérend Père Maitre Olivier, regent adonc en ledit ordre80. »
27Ce modèle de déroulement est le plus courant parmi les processions confraternelles, mais il ne signifie pas pour autant qu’elles se déroulent dans un rayon très étroit.
- 81 Arch. dép. Vaucluse, H dépôt, Avignon, La confrérie de Notre‑Dame‑la‑Major, E 2, fol. 6 vo : Statut (...)
- 82 Arch. dép. Vaucluse, H dépôt, Avignon, La confrérie de Notre‑Dame‑la‑Major, C 1, cité de Joëlle Rol (...)
- 83 Arch. dép. Vaucluse, H dépôt, Avignon, La confrérie de Notre‑Dame‑la‑Major, F 1, 15 août 1435, fol. (...)
- 84 Clément Lenoble, L’exercice de la pauvreté : économie et religion chez les franciscains d’Avignon ((...)
28Un registre de la confrérie de Notre‑Dame‑la‑Major, identifiée par son siège à l’église des Augustins dans tous les actes81, montre qu’au cours de la procession de l’Assomption solennellement organisée chaque année, le cortège passe par la place du Change et la place du Palais des papes82. De ce fait, la procession concerne les nouveaux quartiers, la vieille ville, la paroisse de Saint‑Étienne près de la place du Palais des papes ainsi que la paroisse de Saint‑Pierre à laquelle le siège de la confrérie appartient. Par ailleurs, dans la mesure où l’église des Augustins se trouve au bord de la carreria magna (rue Carreterie) – la rue unique liant cette église avec le centre de la ville, le cortège doit tout d’abord l’emprunter pour débuter la procession. Ensuite, avant de pénétrer profondément dans la vieille ville, il doit traverser le Portail Matheron des anciens remparts et passer par la rue Saunerie. En outre, la confrérie engage toujours des trompeteurs « trompetis » et des mimes « mimus » pour la procession de l’Assomption83, lesquels représentent probablement des épisodes de la vie des saints sur les places de la cité tout au long du parcours84. Les lieux marqués par la procession de l’Assomption sont présentés carte 2.
- 85 Arch. dép. Vaucluse, H dépôt, Avignon, La confrérie de Saint‑Esprit, E 3, fol. 13 vo : […] ensemble (...)
- 86 Médiathèque Ceccano d’Avignon, ms. 2662, fol. 20. De même, Médiathèque Ceccano d’Avignon, ms. 2664, (...)
29Rappelons que le cortège de la Pentecôte de la confrérie du Saint‑Esprit dans l’église des Cordeliers va « par la ville »85. Cette expression apparaît également dans les statuts de la confrérie de Saint‑Georges et de celle des Âmes‑du‑Purgatoire : lorsque les messagers annoncent la nouvelle de la mort de l’un des membres, ils doivent « aller par la ville » et passer par les coins de la « Cour de Rome » (« par les cantons de la Court de Rome »), c’est‑à‑dire de la vieille ville86. De ce fait, pour la procession de la Pentecôte, le cortège composé par les membres de la confrérie du Saint‑Esprit de l’église des Cordeliers doit pénétrer également dans la vieille ville et couvrir un grand rayon de l’espace urbain. La rue principale reliant le Portail Peint (Portail Imbert vieux) aux anciens remparts, l’église des Cordeliers ainsi que la rue de la Curaterie (Courraterie) qui relie le Portail Peint et le centre de la vieille ville, sont certainement compris dans son itinéraire.
- 87 Marc Venard, « Itinéraires de processions… », art. cit. p. 57‑58.
- 88 Pour les lieux privilégiés par les processions générales de la ville, ibid. supra, p. 61.
- 89 Ibid., p. 60.
30Les itinéraires des processions des confréries manifestent souvent des similarités avec celles des processions générales de la ville. Par exemple, la carreria magna, le Portail Matheron, la rue Saunerie, la place du Palais des papes et la place du Change, que la procession de la confrérie de Notre‑Dame‑la‑Major inscrit dans son itinéraire, constituent aussi celui de la procession de la ville à la veille de l’Ascension, tel du moins attesté au xve siècle87. Il est raisonnable de penser que les lieux privilégiés par les processions générales de la ville le sont aussi par les confréries dans leurs itinéraires, tels que le Palais du pape, la place du Change, les portails des anciens remparts – des lieux qui matérialisent de la place centrale et dominante de la vieille ville dans l’espace urbain88. Comme la plupart des confréries s’installent dans les nouveaux quartiers, les rues reliant les églises des quatre couvents mendiants aux portails des anciens remparts doivent canaliser, les jours de fêtes, les cortèges des processions des confréries vers la vieille ville. Lorsque les citadins, qui composent un cortège, traversent les portails des anciens remparts, pénètrent et explorent le centre de la vieille ville, ils ne reconnaissent pas seulement un espace doté de traditions, ils y manifestent leur propre influence. Cela révèle le fait remarquable que même si la topographie d’Avignon a été transformée en profondeur par le grand nombre de nouveaux arrivants, ces derniers, dans un premier temps, sont enclins ou n’ont pas d’autre choix que de l’accepter et de se l’approprier, afin de s’y intégrer. Dans la mesure où les processions organisées par la ville se déroulent principalement à l’intérieur de la vielle ville et franchissent rarement la délimitation entre celle‑ci et les nouveaux quartiers89, les processions des fêtes organisées par les confréries paraissent plus favorables à l’unification de l’espace urbain.
- 90 Médiathèque Ceccano d’Avignon, ms. 2662, fol. 18‑18 vo. Des articles similaires dans les statuts de (...)
- 91 Jacques Chiffoleau, « Note sur le polycentrisme… », art. cit., p. 230.
31Outre les processions des fêtes, les confréries jouent un grand rôle dans celles des funérailles. Le point de départ et le point d’arrivée de celles‑ci dépendent respectivement de l’emplacement de la maison du décédé et son lieu d’inhumation. Le jour de l’enterrement, l’ensemble des confrères se réunit devant la maison du membre défunt pour constituer le cortège et accompagner le corps de sa maison jusqu’à la sépulture choisie par le défunt : « Et venir doivent tuit li confreres devant l’ostel du confrere trespasse pour lui porter et pour lui acompaignier et faire honeur a la eglise bien et devotement90 ». D’après J. Chiffoleau, 46 % des testateurs d’Avignon choisissent d’être enterrés hors de leur paroisse, et un tiers d’entre eux se font inhumer dans les églises des ordres mendiants situées dans les nouveaux quartiers91. En conséquence, les processions des funérailles traversent souvent les anciens remparts, franchissent les délimitations entre les paroisses et couvrent les différentes zones de la ville. Ces déplacements permettent aux membres des confréries de connaître tous les quartiers, ceux où ils n’habitent pas ou qu’ils ne fréquentent pas. Compte tenu de leur grand nombre, ces processions constituent un élément important dans la formation d’une conscience des Avignonnais de l’unité de l’espace urbain.
- 92 Arch. dép. Vaucluse, 3E8/475, 1485, fol. 110 : Item, legavit […] [confratrie] beati Georgii que fit (...)
32Aux côtés des processions, certaines confréries possèdent deux sièges à l’intérieur de deux sanctuaires distincts. Le siège de la confrérie de Saint‑Georges inscrit dans les actes est l’église des Augustins92. Toutefois, d’après un registre de la confrérie daté du 2 novembre 1412, c’est‑à‑dire le lendemain de la Toussaint – fête de commémoration de tous les fidèles défunts –, les maîtres et les confrères ont décidé, sur la base du consentement de tous, de fonder une messe chaque lundi pour les morts, décision prise au cimetière de Saint‑Laurent d’Avignon (« Et fut ordene ou semetiere de saint Laurens d’Avignoin ») :
- 93 Médiathèque Ceccano d’Avignon, ms. 2662, fol. 7.
« Pour les messes des mors. Item, l’an mille CCCC. XII. et le mecredi segont jour de novembre fut ordene par la licence des maistres Jehan Poirpet et Rochele et plusieurs autres maistres et confreres de saint George, […], pour le consentement de tous, que tous les lundis de l’an se die une messe pour les mors et que l’un des maistres de la confrarie saint George y soit et que il paie au chapelain pour sa messe .I. gros, et commence le lundi VIIe jour de novembre l’an dessus dit. Et fut ordene ou semetiere de saint Laurens d’Avignoin93. »
- 94 Il est fréquent que les confréries possèdent leur propre tombe en Comtat Venaissin et en Languedoc, (...)
- 95 Les cimetières à la fin du Moyen Âge sont des lieux ouverts, où se déroulent des activités diverses (...)
- 96 Victor Saxer et Michel Hayez, « Documents inédits du ms. Casanatense 668 sur l’abbaye Saint‑Laurent (...)
33Cela implique deux faits : premièrement, la confrérie dispose d’une tombe commune réservée à ses membres défunts dans le cimetière de Saint‑Laurent94 ;secundo, ce cimetière est un lieu de réunion de la confrérie, où les membres ne pratiquent pas seulement la commémoration des morts, mais aussi délibèrent des affaires concernant la communauté confraternelle95. L’église des Augustins se situe elle dans les nouveaux quartiers au nord‑est de l’espace urbain, tandis que le cimetière de Saint‑Laurent, attaché au monastère de Saint‑Laurent datant du xiie siècle, est situé au nord‑ouest de la vieille ville96. Les localisations de ces deux sièges dans l’espace d’Avignon sont indiquées carte 3. La volonté de s’insérer à l’ancienne topographie religieuse de la ville se traduit par la localisation du siège secondaire de la confrérie dans un monastère ancien.
- 97 Arch. dép. Vaucluse, H dépôt, Avignon, La confrérie de Notre‑Dame‑la‑Major, E 2, fol. 4.
- 98 Jérôme Hayez, « Nostra Donna la Maggiore della Corte di Roma. Une confrérie avignonnaise dans la se (...)
34De même, la confrérie de Notre‑Dame‑la‑Major dans l’église des Augustins, possède un siège secondaire dans l’église paroissiale de Notre‑Dame‑la‑Principale, siège réservé spécialement aux activités administratives. Les maîtres de la confrérie y règlent des désaccords entre les confrères chaque dimanche97. Qui plus est, la confrérie y élit annuellement ses officiers, et cette coutume commence à partir du xive siècle98. Voici le registre notarial de l’élection de l’année 1427 :
- 99 Arch. dép. Vaucluse, H dépôt, Avignon, La confrérie de Notre‑Dame‑la‑Major, F 1, 01 juillet 1427, f (...)
« Ut moris est convocatis in ecclesia beate Marie de principali ubi consilia per negotiatores confratris beate Marie maioris que fit in ecclesia fratrum heremitarum sancti Augustini Avinionensis […] fuerunt electi et nominati in magistros et pro magistris novis dicte confratrie et confraternitatis eiusdem inferius nominati […] 99. »
- 100 ADV, H dépôt, Avignon, La confrérie de Notre‑Dame‑la‑Major, F 1, 01 juillet 1427, fol. 315.
- 101 Bernard Guillemain, La cour pontificale…, op. cit., p. 600.
- 102 ADV, H dépôt, Avignon, La confrérie de Notre‑Dame‑la‑Major, F 1, 07 août 1474, fol. 818.
35Le notaire précise que le document est écrit dans la chapelle de Sainte‑Croix de l’église de Notre‑Dame‑la‑Principale (« in ecclesia beate Marie de principali in capella sancte Crucis »)100. Celle‑ci se situe au sud de la vieille ville, où les anciens quartiers des métiers se signalent par les noms des rues (voir carte 3). La rue de Courraterie, la rue de Pelleterie neuve, la rue de vieille Pelleterie, et, notamment la place du Change, tissent un réseau de commerces autour de cette église paroissiale. Cette localisation importe sans aucun doute pour la confrérie dans laquelle les changeurs et les marchands tiennent toujours une position importante101. La place du Change occupe une fonction particulière dans la vie confraternelle : en 1474, l’élection des nouveaux officiers a lieu exceptionnellement à cet endroit et devant le banc d’un confrère qui est un banquier de la ville102. Bien que le notaire ne mentionne aucune explication pour cette exception, et que les élections les années suivantes aient à nouveau lieu dans la chapelle de Sainte‑Croix de l’église de Notre‑Dame‑la‑Principale, le lien entre la confrérie et les changeurs est manifeste.
36Comment expliquer le phénomène de ces deux sièges, qui semble être un caractère unique des confréries d’Avignon ? Le siège principal dans les nouveaux quartiers résulte probablement de la nouveauté de la confrérie et du fait que les nouveaux arrivants (notamment ceux modestes) constituent la majorité de ses membres. Le siège secondaire dans la vieille ville révèle toutefois que les immigrants connaissent et sont prêts à adopter la topographie religieuse, professionnelle et sociale de la ville formée avant leur arrivée. Si la question de la diffusion de ce phénomène de deux sièges dans les confréries d’Avignon se pose, son existence exprime l’intention des immigrants de s’approprier et même de restructurer, à travers les associations autonomes que sont les confréries, l’ancienne topographie de la ville pour y manifester leurs influences et lui agréger les nouveaux quartiers.
37Les processions et, dans certains cas, les doubles sièges des confréries permettent aux nouveaux habitants de franchir toutes les délimitations spatiales, administratives et sociales, de diffuser leurs influences dans toute la ville, et même de la transformer pour une intégration plus profonde. De cette manière, les groupements confraternels constituent un élément qui contribue à unifier l’espace urbain et nourrir le sentiment d’appartenance à l’ensemble de la cité.
Les réseaux de sociabilité dans l’espace urbain
- 103 Jacques Chiffoleau, « Les confréries… », art. cit., p. 806. Une diversité sociale est également con (...)
- 104 Pour la sociologie des membres des confréries d’Avignon, Zhao Lv, Les Confréries, op. cit., p. 418‑ (...)
- 105 Zhao Lv, « Les confréries… », art. cit. Pour le rôle des confréries sur la moralisation au Moyen Âg (...)
- 106 Par exemple, les immigrants italiens représentent une importante fraction des membres dans la confr (...)
- 107 Zhao Lv, « Les confréries … », art. cit., p. 205‑209.
- 108 Zhao Lv, Les confréries…, op. cit., p. 418‑419.
- 109 Jacques Chiffoleau, « Les confréries… », art. cit., p. 809, et p. 810 : Graphique no iii : Adhésion (...)
- 110 Jacques Chiffoleau, La comptabilité de l’au‑delà…, op. cit., p. 219.
38La solidarité que les confréries mettent en œuvre ne correspond ni à une solidarité de classe ni à celle qu’impose la pratique d’un même métier ni à celle suscitée par le fait d’être originaire du même pays103. Bien que les citadins modestes constituent les principaux participants du mouvement confraternel104, les confréries d’Avignon ouvrent leurs portes à tous les citadins à condition qu’ils portent une bona fama et respectent la paix privée et publique105. Les confréries, nourries par une société composée de nombreux déracinés, forment les lieux de sociabilité où les immigrants d’origines diverses et les autochtones se mêlent. Même si certaines confréries sont initiées par une sorte de fraternité des compatriotes, elles admettent les membres de toutes les origines géographiques106. La diversité des langues qu’elles utilisent dans la vie associative révèle également le brassage de citadins d’origines diverses107. Les éléments, tels que le métier, le lien familial, le pays d’origine, etc., peuvent incliner les citadins à choisir certaines confréries, mais le polycentrisme religieux et le grand nombre de confréries leur offrent, en fait, une grande liberté d’attachement à ce qui leur semblent avoir le plus de valeurs. D’après les statistiques, sur les 105 testaments des Avignonnais, 69 % des testateurs ne font de legs qu’à une ou deux confréries (34 % font des legs à une confrérie, 35 % lèguent à deux)108. Ce pourcentage est de 55 % au xve siècle au Comtat Venaissin109. Lorsque la multiplication des intercessions gouverne l’organisation des legs pieux à la fin du Moyen Âge110, le fait que la plupart des testateurs avignonnais ne choisissent qu’une ou deux confréries comme intermédiaire(s) implique plutôt une volonté personnelle et un lien peut‑être plus étroit entre les testateurs et leurs confréries.
39Les groupements confraternels d’Avignon mélangent les immigrants et les autochtones au lieu d’insérer les premiers aux derniers. Cela est sans doute dû à la réalité historique que les personnes venues d’ailleurs y constituent la majorité de la population pendant toute la fin du Moyen Âge. De ce fait, nous changeons la perspective de recherche dans cette partie. Nous ne considérons plus les immigrants comme un groupe portant une intention particulière sur les confréries, et nous ne les distinguons pas des autres. Nous traitons plutôt les confréries comme une voie d’intégration par laquelle les divers citadins, dont la plupart sont certainement des immigrants, étendent leurs réseaux de sociabilité au cadre de l’espace d’Avignon, afin de dévoiler comment ceux‑ci à travers les réseaux de sociabilité constitués par les confréries expriment leur connaissance et entraînent les transformations sur la ville.
- 111 Florence Gherchanoc (dir.), La maison, lieu de sociabilité, dans les communautés urbaines européenn (...)
- 112 Jacques Chiffoleau, La comptabilité de l’au‑delà…, op. cit., p. 234‑235.
- 113 Jacques Chiffoleau, « Note sur le polycentrisme… », art. cit., p. 234‑235.
40Pour expliciter le rôle particulier des confréries dans les réseaux de sociabilité des citadins, il est nécessaire d’introduire deux autres facteurs – la paroisse d’origine et le lieu d’inhumation des participants du mouvement confraternel. Le premier représente la localisation du logement et du quartier des membres des confréries, qui sont aussi des lieux de sociabilité pour les citadins au Moyen Âge111. Le second peut déterminer les relations familiales, mais pour les Avignonnais, dont la plupart ont du mal à retrouver leurs ancêtres après la mort112, il implique plutôt « des liens sociaux et religieux établis de leur vivant avec une église ou un couvent voisins113 ». En comparant ces deux paramètres avec les localisations des confréries auxquelles les Avignonnais participent, nous pouvons observer de quelle manière ces dernières influencent les réseaux de sociabilité en ville.
- 114 À Bologne, certaines des confréries groupent plutôt les personnes du voisinage, alors que les autre (...)
- 115 Joëlle Rollo‑Koster, The People of Curial Avignon…, op. cit., p. 135.
- 116 Arch. dép. Vaucluse, H dépôt, Avignon, La confrérie de Notre‑Dame‑la‑Major, E 2, fol. 3 : Statutum (...)
- 117 Concernant les origines des membres de ces quatre confréries, Jacques Chiffoleau, « Note sur le pol (...)
- 118 Les deux cartes sont réalisées à la base de : La carte no 2 : Avignon : paroisses et directe épisco (...)
41Les confréries d’Avignon ne se limitent pas à agréger la population à une certaine zone de la ville, de sorte que la vie confraternelle stimule des réseaux de sociabilité transparoissiaux114. Les 242 confrères de la confrérie de Notre‑Dame‑la‑Major au xive siècle sont originaires de l’ensemble des sept paroisses d’Avignon115. Pour participer aux activités religieuses – quotidiennes, hebdomadaires, mensuelles, annuelles et occasionnelles116 –, ses membres, dispersés dans la ville, doivent converger vers l’église des Augustins. Bien que les paroisses de Notre‑Dame‑la‑Principale et de Saint‑Pierre, dans lesquelles les deux sièges de la confrérie se situent, soient les plus importantes, les paroissiens des trois paroisses de l’Ouest – Saint‑Agricol, Saint‑Étienne et Saint‑Didier – ne sont pas gênés par la distance et traversent la moitié de la ville afin de rencontrer les autres membres. De même, les testateurs qui font des legs aux quatre confréries de l’église des Cordeliers – la confrérie de l’Annonciation‑de‑Notre‑Dame, la confrérie de Sainte‑Croix, la confrérie de Saint‑Claude, la confrérie de Saint‑Bernard et celle du Saint‑Esprit – sont également des habitants des sept paroisses de la ville117. Les cartes 4 et 5 montrent la répartition des membres des confréries mentionnées et leurs déplacements animés par la vie confraternelle dans l’espace urbain118.
Carte 5 : Répartition des testateurs qui font des legs aux quatre confréries dans l’église des Cordeliers

- 119 Explicité précédemment.
- 120 Pour le moment, une analyse quantitative au sens strict sur le cas d’Avignon à la fin du Moyen Âge (...)
- 121 André Vauchez, « Les confréries… », op. cit., p. 118. Mais cette conclusion n’accorde peut‑être pas (...)
42En outre, nous pouvons reconstituer les réseaux de sociabilité des individus par leur lieu d’inhumation et les localisations des confréries inscrites dans les 105 testaments (repérés d’après les manuscrits de Pierre Pansier119), qui constituent un échantillon pour observer leurs effets en fonction des réseaux de sociabilité. Cependant, avant d’évaluer le rôle des confréries dans les réseaux de sociabilité des individus, il faut présenter les conditions de notre étude. D’abord, il est important de souligner que nous ne comptons pas faire ici une analyse quantitative au sens strict ni exhaustive, mais nécessaire et praticable120. Les analyses des 105 testaments sont davantage une recherche exploratoire d’échantillonnage, et elle ne vise qu’à révéler les phénomènes divers existant entre les réseaux de sociabilité et les confréries. Ensuite, nous pensons que l’ensemble des confréries apparaissant dans un testament entretiennent nécessairement un lien avec le testateur. Enfin, nous nous concentrons sur les testateurs faisant des legs à moins de trois confréries pour deux raisons : d’un côté, plus de la moitié des testateurs font des legs à moins de trois confréries dans leurs testaments ; d’un autre côté, une accumulation de confréries mentionnées dans les testaments signifie possiblement que les testateurs ne vivent pas une vie confraternelle authentique avec chacune d’entre elles (c’est au moins la conclusion à laquelle aboutit André Vauchez)121.
43Les 105 testaments d’Avignonnais confirment le fait que les confréries produisent des réseaux de sociabilité transparoissiaux, c’est‑à‑dire que le lieu d’inhumation et les sièges des confréries sont différents et sont présents dans les différentes paroisses. Parmi les 105 testateurs, au moins 49 % de ceux qui ne mentionnent qu’une confrérie ne sont pas enterrés dans la paroisse où leur confrérie siège. Concernant les testateurs qui font des dons à deux confréries, 74 % d’entre eux choisissent d’être enterrés dans la paroisse à laquelle l’une d’elles appartient, et la proportion est presque équivalente à 100 % pour les testateurs qui en indiquent plus de trois. Par ailleurs, les confréries suscitent des sociabilités qui franchissent très souvent la délimitation entre la vieille ville et les nouveaux quartiers. D’une manière générale, 40 % des testateurs occupent les deux parties du fait de leur lieu d’inhumation et des localisations des confréries auxquelles ils participent. Or, les sociabilités associatives des confréries sont, sans surprise, plus actives dans les nouveaux quartiers que dans la vieille ville, puisque plus de 60 % des testateurs choisissent au moins une confrérie dans les nouveaux quartiers comme leur intercesseur.
44Nous visualisons quelques exemples des réseaux de sociabilité tissés par les confréries (à moins de trois) avec le lieu d’inhumation dans les cartes 6a à 6l. Les exemples représentent la variété les rayonnements spatiaux que les Avignonnais couvrent par les réseaux de sociabilité. Ils montrent que les rayonnements spatiaux des réseaux de sociabilité, qu’ils soient restreints ou très étendus, ne correspondent pas nécessairement au nombre des confréries auxquelles les testateurs étaient attachés. Elles sont plutôt déterminées par les positions relatives entre le lieu d’inhumation et les localisations des confréries.
Cartes 6a‑6l : Exemples de réseaux de sociabilité des Avignonnais au xve siècle
- 122 Arch. dép. Vaucluse, 3E8/482, 1490, non‑folioté.
- 123 Arch. dép. Vaucluse, 3E5/731, 1453, non‑folioté.
45Même si certains testateurs ne semblent pas pratiquer une vie confraternelle complète au sein de toutes les confréries mentionnées dans leurs testaments, leur appel à plusieurs groupements confraternels a tout de même du sens et montre que les confréries étendent malgré tout leur rayonnement à l’ensemble de l’espace urbain. Leurs localisations inscrites dans les testaments révèlent, du moins partiellement, un espace urbain bien connu et sans cesse parcouru par les testateurs. Par exemple, une femme fait un legs à neuf confréries dans son testament (carte 7)122 : comme les localisations de celles‑ci et son lieu d’inhumation sont dispersés, notamment dans les zones du sud et de l’est de l’espace urbain, le rayon couvert par la circulation entre les lieux témoigne, probablement, de l’espace urbain habituel de cette femme ainsi que du périmètre de ses relations sociales. Une autre femme, qui choisit 11 confréries pour intercesseurs, semble connaître et s’intégrer davantage dans le nord et l’ouest de la ville (carte 8)123.
46Pour les Avignonnais habitant dans un espace urbain à la fois unifié et fragmenté, les confréries construisent des ponts invisibles, à travers lesquels ils peuvent tisser les réseaux de sociabilité entre les paroisses, entre la vieille ville et les nouveaux quartiers, entre les quartiers ethniques et entre les agglomérations des métiers. De ce fait, les éléments qui morcellent l’espace urbain sont dilués dans les sociabilités suscitées par les confréries, et les réseaux de sociabilité constituent ainsi un ressort essentiel du processus d’unification de l’espace urbain.
Conclusion
47À la fin du Moyen Âge, les immigrants d’Avignon animent une citadinisation qui se produit par les interactions entre eux‑mêmes et l’espace urbain à travers les groupements confraternels. Ces interactions se manifestent de deux manières – la restructuration de l’espace urbain et la reconfiguration des citadins –, qui se déroulent simultanément et interagissent. D’abord, l’espace de la ville s’agrandit pour répondre à l’augmentation de population résultant de l’affluence des immigrants, et aussi ces derniers modifient la structure démographique. Au cours de toute la fin du Moyen Âge, la plupart des citadins sont des nouveaux arrivants d’origines diverses sans citoyenneté. Ensuite, les modes d’implantation des immigrants donnent lieu à la fragmentation de l’espace, tandis que leur désir de reconstruire les liens sociaux nourrit la prospérité des confréries, unissant une grande partie des citadins aux profils variés, y compris des citoyens et des autochtones. De cette manière, les confréries contribuent à façonner les citadins dotés de réseaux de sociabilités étendus à travers toute la ville. Enfin, grâce aux déplacements collectifs et individuels engendrés par la vie confraternelle, les délimitations institutionnelles et sociales qui morcellent l’espace urbain sont, dans une certaine mesure, diluées ou effacées. Ainsi, bien que les Avignonnais aux xive et xve siècles soient caractérisés par la diversité des origines géographiques, la multiplicité des métiers et les divisions juridiques, ils acquièrent une conscience de l’ensemble d’espace urbain. Par conséquent, les immigrants développent une forme d’appartenance à la ville, qui s’exprime par les efforts de s’adapter, s’approprier et finalement restructurer l’espace urbain.
48Le cas d’Avignon à la fin du Moyen Âge montre que le processus d’intégration des immigrants est également un processus de citadinisation. Il implique non seulement la construction de relations sociales entre les divers habitants, mais aussi des interactions intenses entre les immigrants et les autres éléments qui constituent la ville, dans notre recherche c’est l’espace urbain qui s’impose. Les immigrants ne sont donc pas simplement des acteurs passifs dans leurs relations avec la ville ; ils transforment et restructurent la société urbaine de manière consciente ou inconsciente, ce qui les aide à mieux s’y adapter et mieux s’y intégrer, promouvant parallèlement l’évolution de la société urbaine. Cette évolution ne signifie pas un renoncement aux traditions, mais elle permet à la ville de s’ajuster à une conjoncture en renouvellement constant.
- 124 Par exemple, les immigrants italiens à Avignon ne tendent pas à se transformer en citoyen d’Avignon (...)
- 125 Bernard Guillemain, La cour pontificale…, op. cit., p. 673‑674 ; Jacques Chiffoleau, La comptabilit (...)
49En outre, le processus de citadinisation des immigrants à Avignon aux xive et xve siècles rappelle que l’intégration n’est pas nécessairement liée à l’acquisition de citoyenneté et ne signifie pas forcément un sentiment clair et fort d’appartenance à la ville. D’une part, la plupart des immigrants demeurent à Avignon sans demander la citoyenneté, même après avoir vécu dans la ville pendant des années et y avoir installé leur vie124. D’autre part, ils maintiennent un attachement, souvent très fort, à leur pays d’origine, et ils insistent toujours pour l’indiquer dans tous les actes de la pratique125, tel que dans les testaments. De ce fait, la citadinisation révèle un phénomène souvent étant couvert dans l’emploi de la notion d’intégration : les immigrants peuvent réellement s’intégrer à la vie urbaine et adopter ses modes de vie (tels que les réseaux de sociabilité étendus dans le cas d’Avignon), tout en restant sentimentalement et mentalement attachés à leur pays d’origine. Le décalage entre la réalité et la mentalité au cours du processus de citadinisation explique la persistance de l’état immigrant parmi les citadins, un trait caractéristique des sociétés urbaines dans l’histoire ainsi que de nos jours.
Notes
1 André Chédeville, Jacques Le Goff et Jacques Rossiaud (dir.), Histoire de la France urbaine, t. 2 : La ville en France au Moyen Âge : des Carolingiens à la Renaissance, éd. rev. et complétée, Paris, Éd. du Seuil, « Point, Histoire, 247 », 1998, p. 457.
2 Un aperçu sur l’histoire de citoyenneté, Maarten R. Prak, Citizens without Nations: Urban Citizenship in Europe and the World, c.1000‑1789, Cambridge/New York, Cambridge University Press, 2018, concernant les manières d’accéder à la citoyenneté des villes, voir notamment p. 34‑40. Pour les recherches sur la citoyenneté du Moyen Âge, voir Diego Quaglioni, “The Legal Definition of Citizenship in the Late Middle Ages”, in Anthony Molho, Kurt A. Raaflaub et Julia Emlen (eds), City‑States in Classical Antiquity and Medieval Italy: Athens and Rome, Florence and Venice, Stuttgart, F. Steiner, 1991, p. 155-167 ;Christian Maurel, « Du citadinage à la naturalité : l’intégration des étrangers à Marseille (xiiie‑xvie siècle) », Provence historique, vol. 49, nos 195‑196-(De Provence et d’ailleurs), 1999, p. 333‑253 ; Bernard d’Alteroche, « L’évolution de la notion et du statut juridique de l’étranger à la fin du Moyen Âge (xie‑xve siècle) », Revue du Nord, vol. 84, nos 345‑346, 2022, p. 227‑245, <https://doi.org/10.3917/rdn.345.0227>.
3 Denis Menjot et Jean‑Luc Pilnol (dir.), Les immigrants et la ville : insertion, intégration, discrimination, xiie‑xxe siècles, Paris, l’Harmattan, « Villes, histoire, culture, société », 1996 ; L’étranger au Moyen Âge, actes du 30e congrès de la SHMESP, Göttingen, juin 1999, Paris, Éd. de la Sorbonne, « Histoire ancienne et médiévale, 61 », 2000, <https://doi.org/10.4000/books.psorbonne.21295> ; Des sociétés en mouvement : migrations et mobilité au Moyen Âge, actes du 40e congrès de la SHMESP, Nice, 4‑7 juin 2009, Paris, Pub. de la Sorbonne, « Histoire ancienne et médiévale, 104 », 2010, <https://doi.org/10.4000/books.psorbonne.10293> ; Cédric Quertier, Roxane Chilà et Nicolas Pluchot (dir.), Arriver en ville : les migrants en milieu urbain au Moyen Âge, Paris, Pub. de la Sorbonne, « Histoire ancienne et médiévale, 119 », 2013, <https://doi.org/10.4000/books.psorbonne.26615> ; Kathrin Wagner, Jessica David et Matej Klemenčič (eds), Artists and Migration 1400‑1850: Britain, Europe and beyond, Newcastle upon Tyne, Cambridge Scholars Publishing, 2017.
4 Bronisław Geremek, Les marginaux parisiens aux xive et xve siècles, trad. Daniel Bauvais, [Paris], Flammarion, « Histoire vivante », 1976 ; Claude Gauvard, « Le concept de marginalité au Moyen Âge : criminel et marginaux en France aux xive et xve siècles », in Benoît Garnot (dir.), Histoire et criminalité : de l’Antiquité au xxe siècle : nouvelles approches, actes du colloque de Dijon‑Chenove, 3‑5 octobre 1991, [Dijon], Éd. universitaires de Dijon, « Publications de l’Université de Dijon, 71 », 1992, p. 363‑368.
5 Certains groupes préfèrent vivre sans citoyenneté, par exemple, les Italiens à Avignon et à Lyon, voir Jérôme Hayez, « En quête de l’identité de migrants toscans d’Avignon des xive‑xve siècle », Les Cahiers du Centre de recherches historiques, no 13-(Enquêtes), 1994, <https://doi.org/10.4000/ccrh.2710> ; Jacqueline Boucher, Présence italienne à Lyon à la Renaissance : du milieu du xve à la fin du xvie siècle, Lyon, Lugd, 1994. Pour le cas à Pise, voir Alma Poloni, «“Nec compelli possit effici civis pisanus”: sviluppo dell’industria laniera e immigrazione di maestranze forestiere a Pisa nel xiii e xiv secolo», in Beatrice Del Bo (dir.), Cittadinanza e mestieri: radicamento urbano e integrazione nelle città bassomedievali (secc. xiii‑xvi), Rome, Viella, «Italia comunale e signorile, 6», 2014, p. 235‑266.
6 Miri Rubin, Cities of Strangers: Making Lives in Medieval Europe, 1st ed., Cambridge, Cambridge University Press, “The Wiles lectures”, 2020, p. 16‑18.
7 D’après la définition de Simona Cerruti, les étrangers n’équivalent pas aux individus originaires d’ailleurs, mais ils sont plutôt les personnes à condition d’extranéité, laquelle est définie par la famille et la transmission, la propriété, le métier et la justice. Par conséquent, la condition d’extranéité peut être expérimentée par toutes les personnes, et les immigrants ne sont qu’une part des étrangers de la société urbaine, cf. Simona Cerruti, Étrangers : étude d’une condition d’incertitude dans une société d’Ancien Régime, Montrouge, Bayard, 2012, p. 9‑11.
8 Pour un bilan du processus de l’intégration des étrangers, voir Simona Cerruti, op. cit. supra, p. 291‑299.
9 Michel Lussault et Pierre Signoles (dir.), La citadinité en questions, Tours, URBAMA/Maison des sciences de la ville/Université François‑Rabelais, « Sciences de la ville, 13 », 1996, p. 4.
10 Isabelle Berry‑Chikhaoui, « Les notions de citadinité et d’urbanité dans l’analyse des villes du Monde arabe », Les Cahiers d’EMAM, no 18-(Urbanité et citadinité dans les grandes villes du Maghreb), 2009, p. 9‑20, <https://doi.org/10.4000/emam.175>.
11 André Vauchez a déjà révélé le rôle des confréries de la fin du Moyen Âge dans l’intégration, André Vauchez, « Les confréries au Moyen Âge : esquisse d’un bilan historiographie », in, Les laïcs au Moyen Âge : pratiques et expériences religieuses, Paris, Éd. du Cerf, « Histoire », 1987, p. 116‑117. Pour les études de cas sur leur rôle dans l’intégration sociale, voir Catherine Vincent, « La confrérie comme structure d’intégration : l’exemple de la Normandie », in, Le mouvement confraternel au Moyen Âge : France, Italie, Suisse : actes de la table ronde, Lausanne (9‑11 mai 1985), Rome, École française de Rome, « Collection de l’École française de Rome, 97 », 1987, p. 111‑131, <https://www.persee.fr/doc/efr_0000-0000_1987_act_97_1_2946> ; Catherine Vincent, « Structures et rituels de sociabilité à la fin du Moyen Âge : bilan et perspectives de recherche », Memoria y Civilizacion, vol. 3, 2000, p. 7‑36, <https://dadun.unav.edu/bitstream/10171/9032/1/MC_3_01.pdf> ; Marina Gazzini, “Solidarity and Brotherhood in Medieval Italian Confraternities: A Way of Inclusion or Exclusion?”, Reti Medievali Rivista, vol. 13, no 2, 2012, p. 109‑120, <http://www.serena.unina.it/index.php/rm/article/view/4787/5379>.
12 Zhao Lv, « Les confréries et l’intégration des immigrants à Avignon (xive‑xve siècles) », Histoire urbaine, vol. 59, no 3, 2020, p. 201‑216, <https://doi.org/10.3917/rhu.059.0203>.
13 Le corpus de sources s’établit principalement à la base des manuscrits de Pierre Pansier (1864‑1934), qui était à la fois un ophtalmologue et un passionné de l’histoire d’Avignon. Il dépouilla un nombre étonnant d’archives et produisis des ouvrages sur l’histoire d’Avignon aux xive et xve siècles. Pour sa biographie et bibliographie, voir Joseph Girard, « Notice biographique et bibliographique sur le Docteur P. Pansier (1864‑1934) », Annales d’Avignon et du Comtat venaissin, t. 21, 1935‑1937, p. 5‑15. Tous ses manuscrits sont aujourd’hui conservés à la Médiathèque Ceccano d’Avignon, et deux volumes d’entre eux, en cote ms. 5700 et ms. 5701, sont les notes qu’il a prises sur les confréries lors de ses enquêtes aux archives. Bien que P. Pansier ne fasse qu’énumérer les documents sans véritable analyse ou critique, et que ses travaux ne soient pas une recherche historique au sens strict, ses manuscrits fournissent des pistes et fonctionnent comme index favorable pour repérer les archives concernant les confréries à Avignon, dispersées aux Arch. dép. Vaucluse, Médiathèque Ceccano d’Avignon et Archivio Secreto Vanticano. Beaucoup de spécialistes en histoire d’Avignon, tels que Bernard Guillemain, Noël Coulet, Daniel Le Blévec et Jacques Chiffoleau, font références à ces manuscrits.
14 Au début du xive siècle, la population d’Avignon oscille entre 5 000 et 6 000 habitants, Yves Renourd, La Papauté à Avignon, [Paris], Jean‑Paul Gisserot, « Pour l’histoire », 2004, p. 70. À la veille de la grande Peste noire de 1348, on compte entre 25 000 et 45 000 habitants, dans les années 1350, il ne reste plus qu’entre 12 000 et 20 000 personnes, et dans les années 1370, la ville compte environ 30 000 âmes, Bernard Guillemain, La cour pontificale d’Avignon (1309‑1376) : étude d’une société, Paris, E. De Broccard, « Bibliothèque des Écoles française d’Athènes et de Rome, 201 », 1962, p. 558 et 722. Dans les années 1470, la ville possède 15 000 habitants, nombre qui persiste jusqu’au xvie siècle, Sylvain Gagnière (dir.), Histoire d’Avignon, Aix‑en‑Provence, Édisud, 1979, p. 279.
15 Sylvain Gagnière (dir.), op. cit. supra, p. 156 : Carte : origine des Avignonnais – xiiie siècle (d’après les surnoms toponymiques) ; Léon‑Honoré Labande, Avignon au xve siècle : légation de Charles de Bourbon et du Cardinal Julien de la Rovère, Reprod. en fac‑sim. de l’éd. de 1920, Marseille, Laffitte reprints, 1975, p. 16.
16 André Chédeville, Jacques Le Goff et J. Rossiaud (dir.), Histoire de la France…, op. cit., p. 397‑398, pour un aperçu sur le dépeuplement des villes après la Peste, voir notamment p. 409‑413.
17 Louis Stouff, « Arles à la fin du Moyen Âge : paysage urbain et géographie sociale », in, Le paysage urbain au Moyen Âge, actes du 11e congrès SHMESP, Lyon, 1980, Lyon, PUL, 1981, p. 237, <https://www.persee.fr/doc/shmes_1261-9078_1981_act_11_1_1366>.
18 Bernard Guillemain, La cour pontificale…, op. cit., p. 694 ; Jacques Chiffoleau, La comptabilité de l’au‑delà : les hommes, la mort et la religion dans la région d’Avignon à la fin du Moyen Âge, vers 1320‑vers 1480, Paris, Albin Michel, « Bibliothèque de l’Évolution de l’humanité, 59 », 2011 [1980], p. 195.
19 Seuls 17 courtisans entre 1328 et 1330 paient la taxe de réception pour devenir citoyens, Bernard Guillemain, « Citoyens, juifs et courtisans dans Avignon pontificale au xive siècle », Bulletin philologique et historique, Paris, CTHS, 1961, p. 152, <https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k64319739/f207.item>. B. Guillemain n’indique pas combien de courtisans demeurent à Avignon à cette période, et cela est probablement dû au manque des sources. Toutefois, en comparaison avec l’explosion de la population produite par le flux des immigrants suite à l’arrivée de la cour pontificale, qui sont automatiquement dotés du statut de courtisans à partir du jour de leur entrée dans la ville, le nombre des courtisans qui se transforment en citoyens est sans aucun doute très faible.
20 Le métier constitue un mode d’identification sociale et professionnelle pour les citadins dans les villes du Moyen Âge, voir Philipe Bernardi, « Le métier : réflexions sur un mode d’identification », in Mathieu Arnoux et Pierre Monnet (dir.), Le technicien dans la cité en Europe occidentale, 1250‑1650, Rome, École française de Rome, « Collection de l’École française de Rome, 325 », 2004, p. 93‑107.
21 Au contraire, la plupart des immigrants d’Aix‑en‑Provence de la première moitié du xve siècle viennent des campagnes de Provence, Marcel Bernos et al., Histoire d’Aix‑en‑Provence, Aix‑en‑Provence, Édisud, 1977, p. 86‑90.
22 Les registres des assignateurs et des taxateurs de logements (aux années 1318‑1323, 1326‑1334, 1343, 1345 et 1353‑1359) et le document de « Liber divisionis cortesianorum et civium Romane Curiae et civitatis Avinionis » datant des années 1370 donnent les informations sur les origines géographiques des courtisans, d’après lesquelles B. Guillemain réalise des cartes sur les origines des immigrants d’Avignon au xive siècle, Bernard Guillemain, La cour pontificale…, op. cit., hors texte, sans pagination : Carte 9 : L’immigration d’après des registres des assignateurs et des taxateurs de logements (1318‑1323, 1326‑1334, 1343, 1345, 1353‑1359) ; Carte 10 : Origine des courtisans par provinces ecclésiastiques d’après Liber Divisionis de 1378 ; Carte 11 : Détail de l’origine des courtisans par diocèses en 1378. Concernant la date du document Liber Divisionis, B. Guillemain estime qu’il est réalisé en 1378 après le départ de Grégoire XI, mais certains historiens, comme Richard Trexler, Anne‑Marie Hayez et Michel Hayez, ont des raisons de le dater de 1371, Richard C. Trexler, “A Medieval Census : The ‘Liber divisionis’”, Medievalia et humanistica, vol 17, 1966, p. 84 ; Anne‑Marie Hayez et Michel Hayez, « L’hôtellerie avignonnaise au xive siècle : à propos de la succession de Siffrède Trolhon (1387) », Provence historique, vol. 25, fasc. 100, 1975, p. 275 ; Joëlle Rollo‑Koster, The People of Curial Avignon: A Critical Edition of the “Liber Divisionis” and the “Matriculae” of Notre Dame la Majour, Lewiston/Queenston, Edwin Mellen Press, 2009, p. 53‑70.
23 Bernard Guillemain, La cour pontificale…, op. cit., p. 694.
24 Ibid. supra, p. 549 et 688.
25 Ibid., p. 683.
26 Ibid., p. 685.
27 Anne‑Marie Hayez, « Anglais présents à Avignon dans le pontificat d’Urbain V », in, La « France Anglaise » au Moyen Âge : colloque des historiens médiévistes français et britanniques, actes du 111e congrès national des Sociétés savantes, Poitiers, 1986, Section d’histoire médiévale et de philologie, Paris, Éd. du CTHS, « Actes du 111e Congrès national des Sociétés savantes, Section d’histoire médiévale et de philologie, 111, t. 1 »1988, p. 569‑586.
28 Les immigrants issus d’Espagne ne forment que de 2,4 % de la population d’Avignon à la première moitié du xve siècle et de 0,4 % entre 1450‑1469, et ils disparaissent à la fin du xve siècle ; les personnes venues d’Allemagne et des Pays‑Bas représentent 13,7 % des Avignonnais avant 1450, de 4,1 % entre 1450‑1469, et de 2 % à la fin du xve siècle, Jacques Chiffoleau, La comptabilité de l’au‑delà…, op. cit., p. 196.
29 Ibid. supra. Une recherche confirme la diminution des Italiens à Avignon, Jérôme Hayez, « Pratiques et discours de marchands migrants : les Toscans d’Avignon aux xive et xve siècles », in Cédric Quertier, Roxane Chilà et Nicolas Pluchot (dir.), Arriver en ville…, op. cit., p. 225‑241, notamment le graphique no 1 : « Répartition chronologique des Toscans d’Avignon 1290‑1430 », <https://books.openedition.org/psorbonne/26723>.
30 Jacques Chiffoleau, La comptabilité de l’au‑delà…, op. cit., p. 196.
31 Bernard Guillemain, La cour pontificale…, op. cit., p. 660‑673.
32 Léon‑Honoré Labande, Avignon au xve siècle…, op. cit., p. 24‑25.
33 Bernard Guillemain, La cour pontificale…, op. cit., p. 649 ; Jacques Chiffoleau, La comptabilité de l’au‑delà…, op. cit., p. 200.
34 Jacques Chiffoleau, La comptabilité de l’au‑delà…, op. cit., p. 202 : Carte viii : Origines des Agriculteurs (et de leurs femmes) au xve siècle.
35 Léon‑Honoré Labande, Avignon au xve siècle…, op. cit., p. 18.
36 Joseph Girard, « Avignon avant les papes », Annuaire de la Société des amis du Palais des papes et des monuments d’Avignon, t. 24, 1935, p. 38‑90, <https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bd6t53407751/f41>.
37 Anne‑Marie Hayez, « Les bourgs avignonnais du xive siècle », Bulletin philologique et historique du Comité des travaux historiques et scientifiques, 1975 [1977], p. 77‑102.
38 Anne‑Marie Hayez, « Travaux à l’enceinte d’Avignon sous les pontificats d’Urbain V et de Grégoire XI. [Vaucluse, 1362‑1378] », in, La guerre et la paix, frontières et violences au Moyen Âge, actes du 101e congrès national des Sociétés savantes, Lille, 1976, Paris, Bnf, 1978, p. 203.
39 Anne‑Marie Hayez (dir.), Le terrier avignonnais de l’évêque Anglic Grimoard : 1366‑1368, Paris, CTHS, « Collection de documents inédits sur l’histoire de France, 21 », 1993, hors texte, sans pagination : Carte no 2 : Avignon : paroisse et directe épiscopale.
40 Louis Stouff, « Arles à la fin du Moyen Âge… », op. cit., p. 229.
41 Bernard Guillemain, La cour pontificale…, op. cit., p. 507.
42 Anne‑Marie Hayez (dir.), Le terrier avignonnais…, op. cit., hors texte, sans pagination : Carte no 4 : Avignon sous Urbain V : éléments de topographie.
43 Jacques Chiffoleau, Les justices du pape : délinquance et criminalité dans la région d’Avignon au quatorzième siècle, Paris, Pub. de la Sorbonne, « Histoire ancienne et médiévale, 14 », 1984, p. 256 ; Joëlle Rolo‑Koster, “The Politics of Body Parts : ‑Contested Topographies in Late‑Medieval Avignon”, Speculum, vol. 78, no 1, 2003, p. 78.
44 Pour l’agglomération et l’organisation des fustiers avant xive siècle, voir Philippe Bernardi et Nicolas Leroy, « Des statuts urbains aux statuts de métier : l’exemple de la fusterie d’Avignon au milieu du xiii siècle », in Didier Lett (dir.), Statuts, écritures et pratiques sociales : ii. Statuts communaux et circulations documentaires dans les sociétés méditerranéennes de l’Occident : xiie‑xve siècle, [actes du colloque, École française de Rome, 26‑27 juin 2015], Paris, Éd. de la Sorbonne, « Histoire ancienne et médiévale, 154 », 2018, p. 95‑113, <https://books.openedition.org/psorbonne/40313>.
45 Bernard Guillemain, La cour pontificale…, op. cit., hors textes, sans pagination : Carte 2 : Avignon pontificale.
46 Ibid. supra.
47 Anne‑Marie Hayez, « Les bourgs avignonnais… », art. cit., p. 96‑99.
48 Réné Moulinas, Les Juifs du pape : Avignon et le comtat Venaissin, Paris, Albin Michel, « Présence du Judaïsme poche, 6 », 2014 [1992].
49 La rue des Lombards apparaît pour la première fois dans les archives en 1339, Pierre Pansier, Dictionnaire des anciennes rues d’Avignon, reprod. en fac‑sim. de l’éd. de 1930, Marseille, Laffitte, 1979 [1930], p. 127.
50 La rue des Allemands semble apparaître dans les archives pour la première fois en 1403, ibid. supra, p. 15.
51 Bernard Guillemain, La cour pontificale…, op. cit., p. 506.
52 Casimir François Henri Barjavel, Dictionnaire historique, biographique et bibliographique du département du Vaucluse ou Recherches pour servir à l’histoire scientifique, littéraire et artistique, ainsi qu’à l’histoire religieuse, civile et militaire des villes et arrondissements d’Avignon, de Carpentras, d’Apt et d’Orange, t. 1 : A‑F, Carpentras, Imp. de L. Devillario, 1841, p. 42, <https://numelyo.bm-lyon.fr/f_view/BML:BML_00GOO0100137001100130777/IMG00000054>.
53 Félix Lazare et Louis Lazare, Dictionnaire administratif et historique des rues de Paris et de ses Monuments, 2e éd., Paris, Bureaux de la « Revue Municipale », 1855 [1844], p. 483 ; il existe encore des agglomérations d’immigrants de Bretagne, de Normandie, de Flandres ou de Picardie, Bronisław Geremek, Les marginaux parisiens…, op. cit., p. 85. Par ailleurs, “Street Lombards” témoigne d’une agglomération des Italiens à Londres au Moyen Âge, Robert‑Henri Bautier, « Le marchand lombard en France aux xiiie et xive siècles », in, 19e congrès : Le marchand au Moyen Âge, actes des congrès de la Société des historiens médiévistes de l’enseignement supérieur public, Reims, 1988, [Paris]/Saint‑Herblain, SHMES éd./CID Éd., p. 64‑65, <https://www.persee.fr/doc/shmes_1261-9078_1992_act_19_1_1532>.
54 Laurence Moal, L’étranger en Bretagne au Moyen âge : présence, attitudes, perceptions, Rennes, PUR, « Histoire », 2008, p. 146.
55 Joëlle Rollo‑Koster, “Mercator Florentinensis and Others: Immigration in Papal Avignon”, in Kathryn Louise Reyerson et John Drendel (eds), Urban and Rural Communities in Medieval France: Provence and Languedoc, 1000‑1500, Leiden/Boston/Köln, Brill, “The medieval Mediterranean, 18”, 1998, p. 85.
56 Joëlle Rollo‑Koster, “From Prostitutes to Brides of Christ: The Avignonese Repenties in the Late Middle Ages”, Journal of Medieval and Early Modern Studies, vol. 32, no 1‑(The Cultural process of “Appropriation”), 2002, p. 109‑144, <https://doi.org/10.1215/10829636-32-1-109>.
57 Jacques Chiffoleau, Les justices du pape…, op. cit., p. 254‑255, en particulier la carte : Lieu d’habitation des délinquants (en 1387).
58 Jacques Chiffoleau, « La violence au quotidien : Avignon au xive siècle d’après les registres de la Cour temporelle », Mélanges de l’École française de Rome, Moyen‑Âge, Temps Modernes, t. 92, no 2, 1980, p. 369, <https://www.persee.fr/doc/mefr_0223-5110_1980_num_92_2_2563> ; Jacques Chiffoleau, Les justices du pape…, op. cit., p. 257.
59 Nicole Gonthier, Cris de haine et rites d’unité : la violence dans les villes, xiiie‑xvie siècle, [Turnhout], Brepols, « Violence et société », 1992, p. 97‑101 ; Claude Gauvard, « Violence citadine et réseaux de solidarité : l’exemple français aux xive et xve siècles », Annales. Économies, Sociétés, Civilisations, vol. 48, no 5, sep.‑oct. 1993, p. 1113‑1126, notamment p. 1115‑1116, <https://doi.org/10.3406/ahess.1993.279202>.
60 Une ségrégation sociale des personnes immorales fonctionne à Avignon, et cela se manifeste notamment dans les lieux de sociabilités formés par les confréries. Seuls les citadins qui ont une bona fama et respectent la paix sont accueillis par les confréries, alors que ceux violent les exigences morales et les lois seront écartés par toutes les confréries de la ville, voir Zhao Lv, « Les confréries… », art. cit., p. 211‑215. Les exigences morales sur les membres apparaissent également dans les confréries urbaines en Angleterre, voir Benjamin R. McRee, “Religious Gilds and Regulation of Behavior in Late Medieval Towns”, in Joel Rosenthal, Colin Richmon (eds), People Politics, and Community in the Later Middles Ages: International Congress on Medieval Studies (20th, 1985), Gloucester, Alan Sutton, 1987, p. 108‑122.
61 Concernant le marquage de la ville, voir Patrick Boucheron et Jean‑Philippe Genet (dir.), Marquer la ville : signes, traces, empreintes du pouvoir, xiiie‑xvie siècle, actes de la conférence organisée à Rome en 2009 par le LAMOP, Paris/Rome, Pub. de la Sorbonne/École française de Rome, « Le Pouvoir symbolique en Occident (1300‑1640) », 2013, <https://doi.org/10.4000/books.psorbonne.3262>.
62 Les premières recherches historiques sur les confréries médiévales peuvent remonter au début du xxe siècle, et de nombreuses études contribuent à approfondir la compréhension sur leur rôle dans la religion, dans la charité ainsi que dans la structure sociale et politique. Notre recherche ne vise pas à montrer une historiographie, mais elle se fonde plutôt sur le fait que les confréries constituent un phénomène important dans les sociétés urbaines européennes. Pour une esquisse des études sur les confréries médiévales, voir André Vauchez, « Les confréries… », op. cit., p. 113‑122 ; Konrad Eisenbichler, “Italian Sholarship on Pre‑Modern Confraternities in Italy”, Renaissance Quarterly, vol. 50, no 2, 1997, p. 567‑580, <https://doi.org/10.2307/3039190> ; Christopher F. Black, “The development of confraternity studies over the past thirty years”, Nicholas Terpstra (ed.), The Politics of Ritual Kinship: Confraternities and Social Order in Early Modern Italy, Cambridge, Cambridge University Press, “Cambridge studies in Italian history and culture”, 2000, p. 9‑29 ; Nicholas Terpstra, Adriano Prosperi et Stefania Pastoria (eds), Faith’s Boundaries: Laity and Clergy in Early Modern Confraternities, Turnhout, Brepols,“Europa sacra, 6”, 2012.
63 Jacques Chiffoleau, La religion flamboyante : France, 1320‑1520, [Paris], Éd. Points, « Histoire, 436 », 2011, p. 79‑81.
64 Le nombre de confréries à Rouen n’augmente de manière intense qu’après la croissance de la population immigrée au xve siècle, Catherine Vincent, Des charités bien ordonnées : les confréries normandes de la fin du xiiie siècle au début du xvie siècle, Paris, École normale supérieure, « Collection de l’École normale supérieure de jeunes filles, 39 », 1988, p. 74.
65 Les confréries jouent un rôle de « familles de substitution », Jacques Chiffoleau, « Les confréries, la mort et la religion en Comtat Venaissin à la fin du Moyen Âge », Mélanges de l’École française de Rome, Moyen‑Âge, Temps Modernes, t. 91, no 2, 1979, p. 811, <https://doi.org/10.3406/mefr.1979.2517> ; elles s’ajoutent également à la protection sociale, Zhao Lv, « Les confréries d’Avignon : protection sociale et identité urbaine (xive et xve siècles) », in Anne Parizot (dir.), Les confréries, identités et discours : patrimoine immatériel entre terroir et territoire, Paris, l’Harmattan, « Des Hauts & débats », 2021, p. 131‑151.
66 Les statuts des confréries du Moyen Âge annonçant leur naissance sont rarement conservés jusqu’à aujourd’hui. Les médiévistes adoptent une méthode subtile pour estimer le nombre des confréries existantes à un moment donné, et ils les comptent en fonction de la date de leur première mention dans les archives originales. Bien que le nombre de confréries mentionnées pour la première fois à une période donnée n’équivaille pas toujours (étant souvent inférieur) au nombre de confréries réellement existantes à ce moment‑là, ces premières mentions sont un indicateur crucial pour évaluer la vitalité du mouvement confraternel. Dans les manuscrits de Pierre Pansier consacrés aux confréries d’Avignon, 10 sont connues pour la première fois dans les archives originales avant le xive siècle, 97 confréries sont mentionnées pour la première fois aux xive et xve siècles par les archives originales, Médiathèque Ceccano d’Avignon, ms. 5700 et ms. 5701 ; pour la répartition chronique de ces 97 confréries, voir Zhao Lv, Les confréries d’Avignon : de la religion civique à l’identité urbaine (xive et xive siècles), Thèse en histoire et civilisation, Jacques Chiffoleau (dir.), Paris, EHESS, 16 décembre 2017, p. 224.
67 Noël Coulet, « Jalons pour une histoire religieuse d’Aix au bas Moyen Âge (1350‑1450) (les confréries) », Provence historique, vol. 22, fasc. 89, 1972, p. 211.
68 Louis Stouff, « Une confrérie arlésienne de la première moitié du xve siècle : la confrérie de Saint‑Pierre de Luxembourg », in, L’Église et la vie religieuse à Arles et en Provence au Moyen âge, Aix‑en‑Provence, PUP, 2001, p. 38.
69 Marie‑Claude Marandet, Le souci de l’au‑delà : la pratique testamentaire dans la région toulousaine : 1300‑1450, 2 vols, Perpignan, Presses universitaires de Perpignan, « Études », 1998, p. 21, <https://doi.org/10.4000/books.pupvd.33134>.
70 Jacques Chiffoleau, La comptabilité de l’au‑delà…, op. cit., p. 279.
71 Cette carte est réalisée à la base de : la Carte 4 : Avignon sous Urbain V : élément de topographie, in Anne‑Marie Hayez (dir.), Le terrier avignonnais…, op. cit., hors texte, sans pagination. Toutefois, les sanctuaires numérotés 41, 42, 43, 44 ont été repérés par moi d’après Carte d’Avignon, in, Atlas Van Loon, 1663, Maritime Museum, Amsterdam, <https://geheugen.delpher.nl/en/geheugen/view?coll=ngvn&identifier=NESA01%3AL10-0700>, consulté le 2 juin 2022.
72 Arch. dép. Vaucluse, 3E9I/83, 1494, fol. 13 : Item, legavit et jure legati relinquit confraterie sancti Nicholaii que fit et cellebratur in cappella sancti Nicholai supra pontem codam ciuis ipse est confrater unum florent monete. Arch. dép. Vaucluse, 3E9I/86, 1470, non‑folioté : Item, legavit idem testator […] [confratrie] ecclesie collegiate sancti Nicolay de Annunciatione Avinionensis duos florenos semel tantum.
73 Léon‑Honoré Labande, Avignon au xve siècle…, op.cit., p. 2.
74 Pour la signification symbolique du pont de Saint‑Bénézet dans le Grand Schisme, Joëlle Rolo‑Koster, “ The Politics of Body…”, art. cit., p. 81‑82.
75 Marc Venard, « Les confréries dans l’espace urbain : l’exemple de Rouen », Annales de Bretagne et des pays de l’Ouest, t. 90, no 2‑(L’espace et le sacré), 1983, p. 329, <https://doi.org/10.3406/abpo.1983.3131>.
76 Il correspond largement à la multiplication des choix de la piété personnelle dans la ville, Jacques Chiffoleau, « Note sur le polycentrisme religieux urbain à la fin du Moyen Âge », in Patrick Boucheron et Jacques Chiffoleau (dir.), Religion et société urbaine au Moyen Âge : études offertes à Jean‑Louis Biget par ses anciens élèves, Paris, Pub. de la Sorbonne, « Histoire ancienne et médiévale, 60 », 2000, p. 250.
77 L’ampleur des processions est un trait de la région méridionale, Noël Coulet, « Procession, espace urbain, communauté civique », Cahiers de Fanjeaux, no 17‑(Liturgie et Musique [ixe‑xive siècles]), 1982, p. 381, <www.persee.fr/doc/cafan_0575-061x_1982_act_17_1_1306> ; Éric Palazzo, Liturgie et société au Moyen Âge, Paris, Aubier, « Collection historique », 2000, p. 65.
78 Marc Venard, « Itinéraires de processions dans la ville d’Avignon », Ethnologie française, t. 7, no 1, 1977, p. 55 et note 3, p. 62, <http://www.jstor.org/stable/40988399>.
79 Ibid. supra, p. 60.
80 Arch. dép. Vaucluse, H dépôt, Avignon, La confrérie de Saint‑Esprit, E 3, fol. 14 vo.
81 Arch. dép. Vaucluse, H dépôt, Avignon, La confrérie de Notre‑Dame‑la‑Major, E 2, fol. 6 vo : Statutum est quod imago et angeli ponantur super altare, quando celebrabitur missa pro aliquo confratre sepeliendo apud sanctum Augustinum, […] ; Arch. dép. Vaucluse, H dépôt, Avignon, La confrérie de Notre‑Dame‑la‑Major, F 1, 05 août 1442, fol. 372 vo : Discretus vir Guillelmus Panissa drapperius magister venerabilis confratrie beate Marie maioris […] que fit in ecclesia fratrum heremitarum Augustinensis Avinionensis […] ; Arch. dép. Vaucluse, 3E8/100, 1435, fol. 25 vo : Item, lego ego dicti testatori de dictis .XXV. florenos confratrie beate Marie majoris que fit in ecclesia conventu Augustinensis Avinionensis de qua ego sum confrater unum florenum correntem semel tantum soluend.
82 Arch. dép. Vaucluse, H dépôt, Avignon, La confrérie de Notre‑Dame‑la‑Major, C 1, cité de Joëlle Rollo‑Koster, “The Politics of Body…”, art. cit., p. 76 et note 35.
83 Arch. dép. Vaucluse, H dépôt, Avignon, La confrérie de Notre‑Dame‑la‑Major, F 1, 15 août 1435, fol. 346 : Item, fuit solutum quatuor trompetis pro festo medii augusti florenos .V. […] Item, fuit solutum bonis mimis qui fuernt in processione ante Mariam dominam florenum .I..
84 Clément Lenoble, L’exercice de la pauvreté : économie et religion chez les franciscains d’Avignon (xiiie‑xve siècle), Rennes, PUR, « Histoire », 2013, p. 304.
85 Arch. dép. Vaucluse, H dépôt, Avignon, La confrérie de Saint‑Esprit, E 3, fol. 13 vo : […] ensemble les bailes et confrères de ladite confrérie iront par la ville ensemblament avec leur luminaire […].
86 Médiathèque Ceccano d’Avignon, ms. 2662, fol. 20. De même, Médiathèque Ceccano d’Avignon, ms. 2664, fol. 20‑21 vo : Et quant corps escherra de confrere, li messages doit aller par la vile une campane en sa main sonant et doit crier par les cantons de la Court de Rome en aulte vois […].
87 Marc Venard, « Itinéraires de processions… », art. cit. p. 57‑58.
88 Pour les lieux privilégiés par les processions générales de la ville, ibid. supra, p. 61.
89 Ibid., p. 60.
90 Médiathèque Ceccano d’Avignon, ms. 2662, fol. 18‑18 vo. Des articles similaires dans les statuts des autres confréries : Arch. dép. Vaucluse, H dépôt, Avignon, La confrérie de Notre‑Dame‑la‑Major, E 2, fol. 5vo ; Archivio Secreto Vanticano, Cam. Ap. Div. Cam. 10, fol. 62 vo, etc.
91 Jacques Chiffoleau, « Note sur le polycentrisme… », art. cit., p. 230.
92 Arch. dép. Vaucluse, 3E8/475, 1485, fol. 110 : Item, legavit […] [confratrie] beati Georgii que fit in ecclesia conventus fratrum Augustini Avinionensis […].
93 Médiathèque Ceccano d’Avignon, ms. 2662, fol. 7.
94 Il est fréquent que les confréries possèdent leur propre tombe en Comtat Venaissin et en Languedoc, Jacques Chiffoleau, La comptabilité de l’au‑delà…, op. cit., p. 291.
95 Les cimetières à la fin du Moyen Âge sont des lieux ouverts, où se déroulent des activités diverses, par exemple, les réunions officielles des conseils communaux, ibid. supra, p. 159‑161.
96 Victor Saxer et Michel Hayez, « Documents inédits du ms. Casanatense 668 sur l’abbaye Saint‑Laurent d’Avignon », Mémoires de l’Académie de Vaucluse, 6e sér., t. 8, 1975, p. 91‑116.
97 Arch. dép. Vaucluse, H dépôt, Avignon, La confrérie de Notre‑Dame‑la‑Major, E 2, fol. 4.
98 Jérôme Hayez, « Nostra Donna la Maggiore della Corte di Roma. Une confrérie avignonnaise dans la seconde moitié du xive siècle », mémoire de DEA, Université de la Sorbonne, 1984, p. 23.
99 Arch. dép. Vaucluse, H dépôt, Avignon, La confrérie de Notre‑Dame‑la‑Major, F 1, 01 juillet 1427, fol. 315.
100 ADV, H dépôt, Avignon, La confrérie de Notre‑Dame‑la‑Major, F 1, 01 juillet 1427, fol. 315.
101 Bernard Guillemain, La cour pontificale…, op. cit., p. 600.
102 ADV, H dépôt, Avignon, La confrérie de Notre‑Dame‑la‑Major, F 1, 07 août 1474, fol. 818.
103 Jacques Chiffoleau, « Les confréries… », art. cit., p. 806. Une diversité sociale est également constatée au sein des confréries normandes et d’Arles à la fin du Moyen Âge, Catherine Vincent, Des charités…, op. cit., p. 214 et Louis Stouff, « Confrérie et confréries à Arles, 1120‑1500 », in, L’église…, op. cit., p. 30‑31.
104 Pour la sociologie des membres des confréries d’Avignon, Zhao Lv, Les Confréries, op. cit., p. 418‑420. Le fait que les confréries urbaines à la fin du Moyen Âge résultent principalement de l’initiative des citadins modestes est aussi attesté dans les autres régions, Catherine Vincent, Des charités…, op. cit., p. 217 et Marie‑Claude Marandet, Le souci de l’au‑delà…, op. cit., p. 422.
105 Zhao Lv, « Les confréries… », art. cit. Pour le rôle des confréries sur la moralisation au Moyen Âge, voir Gervase Rosser, “The Ethics of Confraternities”, in Konrad Eisenbichler (ed.), A Companion to Medieval and Early Modern Confraternities, Lieden/Boston, Brill, “Brill’s companions to the Christian tradition, 83”, 2019, p. 91‑108, <https://doi.org/10.1163/9789004392915_006>.
106 Par exemple, les immigrants italiens représentent une importante fraction des membres dans la confrérie de Notre‑Dame‑la‑Major depuis sa fondation au xive siècle, elle est toujours constituée par des membres variés, tel que les immigrants venus du Comtat‑Venaissin, de Provence, de Lyon, etc., Bernard Guillemain, La cour pontificale…, op. cit., p. 598‑600.
107 Zhao Lv, « Les confréries … », art. cit., p. 205‑209.
108 Zhao Lv, Les confréries…, op. cit., p. 418‑419.
109 Jacques Chiffoleau, « Les confréries… », art. cit., p. 809, et p. 810 : Graphique no iii : Adhésion des testateurs à une ou plusieurs confréries.
110 Jacques Chiffoleau, La comptabilité de l’au‑delà…, op. cit., p. 219.
111 Florence Gherchanoc (dir.), La maison, lieu de sociabilité, dans les communautés urbaines européennes, de l’Antiquité à nos jours, Colloque international de l’Université Paris vii‑Denis Diderot, 14‑15 mai 2004, [Paris], Éd. le Manuscrit,« Sciences de la ville », 2006.
112 Jacques Chiffoleau, La comptabilité de l’au‑delà…, op. cit., p. 234‑235.
113 Jacques Chiffoleau, « Note sur le polycentrisme… », art. cit., p. 234‑235.
114 À Bologne, certaines des confréries groupent plutôt les personnes du voisinage, alors que les autres attirent les habitants de toute la ville, voir, Nicholas Terpstra, Lay Confraternities and Civic Religion in Renaissance Bologna, 1st ed., Cambridge, Cambridge University Press, “Cambridge studies in Italian history and culture”, 1995, p. 94.
115 Joëlle Rollo‑Koster, The People of Curial Avignon…, op. cit., p. 135.
116 Arch. dép. Vaucluse, H dépôt, Avignon, La confrérie de Notre‑Dame‑la‑Major, E 2, fol. 3 : Statutum est quod quilibet confrater, qui erit in curia, teneatur venire in vigilia beatae Mariae virginis de mense augusti ad luminariam cum magistris, sub poena trium grossorum turonesis ; similiter in omnibus aliis festilitatibus beatae Mariae venire teneantur ad missas, sub poena medii turonesis grossi ; teneantur etiam sub poena simili venire ad omnes coadunationes dictae confraternitates, […]. En fait, l’assiduité aux messes, réunions et funérailles est l’un des devoirs des membres généralement inscrit dans les statuts des confréries, par exemple, Médiathèque Ceccano d’Avignon, ms. 2662, fol. 2vo ; Médiathèque Ceccano d’Avignon, ms. 2664, fol. 16.
117 Concernant les origines des membres de ces quatre confréries, Jacques Chiffoleau, « Note sur le polycentrisme… », art. cit., p. 241.
118 Les deux cartes sont réalisées à la base de : La carte no 2 : Avignon : paroisses et directe épiscopale, Anne‑Marie Hayez (dir.), Le terrier avignonnais…, op. cit., hors du texte, sans pagination.
119 Explicité précédemment.
120 Pour le moment, une analyse quantitative au sens strict sur le cas d’Avignon à la fin du Moyen Âge ne semble pas réalisable, il nous faut attendre que le grand nombre des testaments d’Avignonnais aux xive et xve siècles soient systématiquement numérisés et que le big data révèle un panorama des relations sociales des citadins.
121 André Vauchez, « Les confréries… », op. cit., p. 118. Mais cette conclusion n’accorde peut‑être pas assez d’importance à la signification propre de cet appel simple à de multiples groupements.
122 Arch. dép. Vaucluse, 3E8/482, 1490, non‑folioté.
123 Arch. dép. Vaucluse, 3E5/731, 1453, non‑folioté.
124 Par exemple, les immigrants italiens à Avignon ne tendent pas à se transformer en citoyen d’Avignon, Jérôme Hayez, « En quête… », art. cit.
125 Bernard Guillemain, La cour pontificale…, op. cit., p. 673‑674 ; Jacques Chiffoleau, La comptabilité de l’au‑delà…, op. cit., p. 203.
Haut de pageTable des illustrations
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Titre | Figure 1 : Évolution de la population d’Avignon à la fin du Moyen Âge |
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Titre | Carte 1 : Répartition des confréries dans l’espace urbain d’Avignon |
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Titre | Carte 2 : Marques de la confrérie de Notre‑Dame‑la‑Major dans l’espace urbain |
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Titre | Carte 3 : Deux sièges de la confrérie de Saint‑Georges dans l’espace urbain |
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Titre | Carte 4 : Répartition des membres de la confrérie de Notre‑Dame‑la‑Major |
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Titre | Carte 5 : Répartition des testateurs qui font des legs aux quatre confréries dans l’église des Cordeliers |
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Titre | Carte 6a |
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Titre | Carte 6b |
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Titre | Carte 7 : Réseaux de sociabilité concentrés au sud et à l’est de la ville d’une Avignonnaise |
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Titre | Carte 8 : Réseaux de sociabilité concentrés au nord et à l’ouest de la ville d’une Avignonnaise |
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Pour citer cet article
Référence papier
Zhao Lv, « Restructurer l’espace urbain : confréries et citadinisation des immigrants à Avignon (xive et xve siècles) », Diasporas, 43 | -1, 151-193.
Référence électronique
Zhao Lv, « Restructurer l’espace urbain : confréries et citadinisation des immigrants à Avignon (xive et xve siècles) », Diasporas [En ligne], 43 | 2025, mis en ligne le 11 juin 2025, consulté le 08 juillet 2025. URL : http://journals.openedition.org/diasporas/17415 ; DOI : https://doi.org/10.4000/144ed
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