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Dossier thématique : hommage à Jacques Perriault

Jacques Perriault et la formation à distance

L’ingénieur et l’expert
Jacques Perriault and the distance education. The engineer and the expert
Françoise Thibault

Résumés

Jacques Perriault est une figure française bien connue du monde des technologies et des médias éducatifs. Ce texte se propose d’éclairer les apports de ses travaux à la recherche sur l’enseignement à distance en privilégiant une approche dynamique du métier d’enseignant-chercheur. Ce travail a bénéficié des avancées des historiens et des sociologues des sciences qui ont étudié la place et le rôle des savants et des ingénieurs dans les sociétés contemporaines.

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Texte intégral

  • 1 On pense par exemple aux accusations « d’islamo-gauchisme » proférées par la ministre de la recherc (...)

1En ces temps où la liberté académique peut faire l’objet d’une remise en cause, où certains champs de la connaissance sont délégitimés par des polémiques médiatico-politiques1, il n’est pas inutile de revenir sur la nature de l’apport d’universitaires qui ont conjugué librement des missions de nature différentes. L’existence de ces acteurs aux activités multiples témoigne de la porosité entre vie sociale, vie scientifique, pédagogique et vie politique, porosité qui n’est pas sans conséquence sur les sociétés, sur les objets étudiés ou sur les sciences elles-mêmes. L’histoire des sciences écarte toute généralisation rapide sur les bienfaits ou les méfaits de ces combinaisons et nombreux sont au contraire les travaux qui attestent d’une diversité de situations, les porosités pouvant être, selon les cas, productives ou improductives, différemment pour la recherche, pour la formation et plus largement pour l’action.

2Le climat universitaire français actuel nous incite à émettre quelques propositions méthodologiques pour aborder scientifiquement, et non idéologiquement, cette question de la porosité des mondes sans la rejeter a priori au nom d’un positivisme scientifique revigoré aujourd’hui par la domination des courants « evidence based » que soutiennent les politiques de recherche. Le présent texte, qui s’appuie sur une lecture attentive des productions d’un chercheur disparu il y a deux ans, revient sur le travail de ce dernier à partir d’un cadre référentiel construit pour mieux caractériser des ensembles d’interventions hétérogènes sans en taire ni les bénéfices, ni parfois les dérives du point de vue de la recherche, de la formation comme de l’action.

  • 2 Terminologie retenue par Pierre Mœglin dans son ouvrage de 2005 qui, comme le souligne Daniel Peray (...)
  • 3 Valade, B. (dir.) (2019). Jacques Perriault (1939-2019). La maison du savoir de Jacques Perriault, (...)

3Dans le domaine des outils et médias éducatifs2, Jacques Perriault est une de ces figures hybrides qui, comme sa biographie le montre, ont été présentes dans de nombreuses sphères de la société. La revue Hermès du CNRS, pour laquelle il a travaillé de longues années, a publié après sa mort3 un ensemble de textes très personnels coordonnés par Bernard Valade en hommage à la carrière, à l’homme et à l’ami qu’il était pour de nombreux contributeurs. S’y dessinait l’empan des intérêts de Jacques Perriault, allant de la littérature à l’informatique s’attardant longuement sur la place de la technique dans la société. Il est heureux que la revue Distances et Médiations des Savoirs lui consacre à son tour un dossier pour donner à mieux comprendre ses apports sur les sujets qui sont ceux de DMS.

  • 4 Hermès, 2019(3), p. 223
  • 5 Fabre, R., Hudrisier, H. et Perriault, J. (dir.) (2013). Normes et standards, un programme de trava (...)

4Comme l’a écrit Henri Hudrisier4 dans son hommage en forme d’acrostiche « Jacques Perriault n’était pas du genre à se laisser enfermer dans des cases. Enseignant-chercheur en SIC, administrateur, mais aussi agitateur d’institutions éducatives, proche de l’Oulipo, du Collège de pataphysique, amateur de contrepèteries, globe-trotteur de la transmission du savoir, expérimentateur pionnier d’une informatique innovante, mais aussi philosophe, critique des médias et du numérique, historien de la culture technique, prospectiviste... ». Un engagement aussi profus rend plus vain encore tout réductionnisme de l’homme à une seule de ses fonctions, en revanche il constitue un bon terrain pour proposer des éclairages complémentaires et tenter de creuser scientifiquement tel ou tel de ses centres d’intérêt. Jacques Perriault lui-même dans ses dernières signatures a ouvert cette voie en se présentant comme : « Professeur émérite de l’Université de Paris X, technologue et épistémologue des TIC, pionnier de la télévision, de l’informatique et du multimédia éducatif, spécialiste de l’appropriation des technologies et des médias, Membre du Conseil scientifique de l’ISCC-CNRS ; expert à l’ISO/IEC JTC1 SC36 & Président d’Honneur de l’AFNOR CN36. »5

  • 6 Notamment ceux consacrés à l’enseignement à distance en milieu universitaire.
  • 7 Bulletin officiel du travail, de l’emploi et de la formation professionnelle, no 2001/16 du 5 septe (...)

5Mes travaux scientifiques antérieurs6 et le fait que Jacques Perriault a été souvent présenté comme un « praticien de l’enseignement à distance » (Desrichard, 2003, p. 150) m’ont incitée à questionner son rôle dans un domaine qui, avec l’apparition des nouveaux outils de communication, n’a cessé d’être redéfini depuis plus d’un demi-siècle. Point n’est besoin de revenir ici sur les débats et controverses que les différentes définitions de la formation à distance suscitent (DMS depuis sa création s’en fait largement l’écho), retenons, pour l’exercice présent, la définition fixée en 2001 par la direction ministérielle de la formation professionnelle, à laquelle Jacques Perriault a lui-même contribué. Le terme retenu est celui de « formation ouverte et à distance », celle-ci étant définie comme « un dispositif souple de formation organisé en fonction de besoins individuels ou collectifs (individus, entreprises, territoires) ». Elle comporte des apprentissages individualisés et l’accès à des ressources et compétences locales ou à distance. Elle n’est pas exécutée nécessairement sous le contrôle permanent d’un formateur »7.

6Quels rôles Jacques Perriault a-t-il joué dans le domaine de la FOAD ainsi défini ? Dans quels courants scientifiques s’est-il inscrit ? Quelles approches a-t-il privilégiées ? De quels modèles d’action pouvait-il se prévaloir ? Telles sont les principales interrogations de cette contribution.

Les exigences de la réflexivité et de l’approche historique

7Le processus d’objectivisation que j’ai retenu s’est opéré en trois temps, les deux premiers ont été définis pour surmonter les effets de mémoire (déformants) liés à ma connaissance personnelle de Jacques Perriault, le troisième doit sa construction aux travaux des historiens des sciences consacrés à la place des savants et des ingénieurs dans l’histoire des sciences et des techniques.

  • 8 « Le concept des vidéotransmissions interactives vise à mettre en relation, en direct, un plateau c (...)
  • 9 GEMME : Groupement pour l’enseignement sur mesure médiatisé créé en 1995 à l’initiative de Maryse Q (...)
  • 10 Initiative du ministère de l’Education nationale et de la Recherche, lancée en 1999 et confiée à la (...)

8Comme tous les auteurs des articles rassemblés dans ce dossier, j’ai connu personnellement Jacques Perriault dans diverses situations : en 1993, autour du projet de vidéotransmission interactive du CNED8 que j’ai expérimentée pour la formation des enseignants dans l’Académie de Nantes ; de 1997 à 2001, dans le cadre de mes fonctions de responsable des technologies de l’information et de la communication au ministère en charge de l’enseignement supérieur où je l’ai retrouvé dans l’association Gemme9, à la Fédération interuniversitaire d’enseignement à distance (FIED), où j’ai soutenu le travail de son comité sur les normes et où je l’ai invité à participer au groupe de réflexion antérieur au lancement de l’initiative « Campus numérique » ; je l’ai également rencontré dans le programme de numérisation pour l’enseignement supérieur et la recherche (PNER10) ; de 2002 à 2004, nous appartenions ensemble au bureau de la société française des sciences de l’information et de la communication ; de 2004 à 2008, nous nous sommes retrouvés mensuellement au comité de rédaction de la revue Hermès. J’ai ainsi discuté avec un Jacques Perriault, responsable d’un dispositif technique, conseiller de diverses instances professionnelles et ministérielles, chercheur impliqué dans la circulation des savoirs scientifiques. Dans toutes les situations, l’homme s’est présenté comme un pionnier des technologies refusant les approches techno-centrées, privilégiant l’observation des usages des apprenants, ouvert à la collaboration disciplinaire et pratiquant, avec une virtuosité emphatique ou drolatique, le métissage des références scientifiques.

  • 11 Thibault, F. (2016). Public Digital policies in higher education, A comparative survey between Spai (...)

9Jacques Perriault s’est intéressé à la FOAD à partir du milieu des années 1980. Comme le rappelle Annie Fouquet dans le travail biographique qu’elle lui a consacré, il a organisé en 1986 « au Collège de France, un séminaire annuel sur le thème : Publics, contenus et médias de l’enseignement à distance, où il invite notamment Pierre Schaeffer, Georges Duby ». En 1990, à l’époque où le sujet commence à retrouver une place dans les arènes des politiques éducatives internationales et européennes11, il rédige, pour le Conseil de l’Europe, le rapport intitulé « Tracer les chemins de l’éducation à distance dans une Europe élargie ». Pendant plus de 20 ans, il écrit une vingtaine de publications de divers types : rapports, essais, ouvrages consacrés à la formation ouverte et à distance ou à ses avatars (e-learning, blended learning …). La relecture de cet ensemble de textes et tout particulièrement l’analyse fine du livre publié en 2002, Laccès au savoir en ligne publié chez Odile Jacob, choisi parce que s’y retrouve l’ensemble des préoccupations de son auteur, constituent la matière tangible sur laquelle j’ai appuyé une part de mes analyses.

  • 12 Science in Context, Cambridge University Press, article d’Ivor Grattan-Guinness paru en anglais en (...)
  • 13 Offenstadt, N. (2011). L’historiographie. Presses universitaires de France.

10J’ai trouvé chez les historiens des sciences les ressources nécessaires pour compléter ce travail et aborder plus solidement la question du rôle et de la place des « savants » dans la société. Pour Ivor Grattan-Guinness12, exemple parmi d’autres, une bonne méthode pour appréhender scientifiquement la place des « savants » repose sur une théorie du contexte qui mêle les éléments suivants : (i) des facteurs internes (aptitude scientifique et ambitions de la figure historique étudiée ; compétence dans le domaine scientifique pratiqué ; nature des talents théoriques ou appliqués, formation et carrière, idéologies et facteurs politiques et religieux susceptibles d’avoir un impact) ; (ii) des facteurs externes (état des savoirs à la période concernée, exposition des controverses, explicitation des réseaux de collaboration…). Comme le pratiquent les historiographes pour analyser les récits des historiens, le travail consiste alors à « rattacher les écrits (des chercheurs) à des contextes, à des luttes académiques, à des enjeux politiques, à des mondes sociaux ».13

11Partant des nombreux éléments biographiques à ma disposition, qu’il s’agisse du texte d’Annie Fouquet, de ceux rassemblés dans le dossier de la revue Hermès déjà citée, de la contribution d’Henri Hudrisier, de mes propres sources, il m’a semblé qu’approfondir la figure historique de l’ingénieur pouvait être fécond pour éclairer le parcours intellectuel de Jacques Perriault. Une autre figure sera sollicitée dans ma contribution, celle de l’expert, destinée à qualifier plus particulièrement son intervention dans le domaine de l’enseignement à distance.

L’ingénieur social

12Dans ses travaux de recherche consacrés aux ingénieurs, la philosophe et historienne des sciences, Hélène Vérin (1998) rappelle que la tradition occidentale depuis l’Antiquité grecque définit l’ingénieur « par sa capacité intellectuelle à résoudre des problèmes pratiques, à inventer des solutions techniques » (1998, p. 11). Elle propose de distinguer l’ingénieur de l’Antiquité, l’ingénieur de la Renaissance et l’ingénieur industrialiste à partir de l’évolution de la conception, du rôle et de la place des ingénieurs dans la société occidentale.

13L’ingénieur de l’Antiquité, investi tout particulièrement dans la construction des cités et des machines de guerre, fait l’objet d’un dédain profond de l’élite intellectuelle alors que son poids dans la cité ne cesse de grandir. Les citations de Platon reprises par Hélène Vérin sont éloquentes : « Vous seriez, dit Socrate, comme ensevelis sous leurs propos (ceux des ingénieurs) qui vous inviteraient à vous faire ingénieurs militaires, attendu qu’il n’y a que cela qui compte (…) C’est que, vois-tu, (l’ingénieur) n’est pas à court de paroles. » (Gorgias, 51 2BC). » (1998, p. 12). Les critiques qui sont portées contre les ingénieurs sont de deux ordres : ils sont salariés, ce qui les met sous la dépendance de ceux qui les payent ; leurs savoirs s’exercent dans la matière, c’est-à-dire dans le « changeant », « l’accidentel ». Toutefois la fonction d’ingénieur pose une question doublement embarrassante pour ces philosophes qui pensent la Cité par rapport à un ordre politique idéal : « en introduisant dans la matière un ordre et des limites, la mesure et la proportion à l’aide des propriétés mathématiques de différents instruments et machines (…), leur savoir participe donc des mathématiques, connaissance universelle. » ; en exerçant des fonctions de direction, de commandement et d’organisation, « le champ de leurs responsabilités ne se borne pas à l’action sur les choses, mais inclut l’action sur les hommes. Nous pouvons reconnaître ici le clivage entre les aspects techniques et « humains » des compétences de l’ingénieur » (1998, p. 12).

14Le renversement opéré à partir du XVIe siècle dans la perspective du progrès fait de l’ingénieur « le vecteur d’une dynamique positive de l’ordre social et politique » (1998, p. 15). « La nouvelle figure de « l’ingénieur de la Renaissance » suppose en effet que la révolution des techniques d’armement, soit aussi une révolution des rapports entre science et art : il fallait qu’aux méthodes traditionnelles héritées des arts mécaniques, se substitue un nouvel usage des mathématiques. La conception du caractère inné des dispositions de l’ingénieur de l’antiquité laisse place, à partir de la deuxième moitié du XVIIe siècle, à une conception centrée sur l’acquisition de compétences, ce qui confère une place considérable à la formation.

  • 14 Kalaora, B. et Savoye, A. (1989). Les inventeurs oubliés. Le Play et ses continuateurs. Aux origine (...)
  • 15 B. Kalaora et A. Savoye (1992). Frédéric Le Play et les figures de l’ingénieur. http://documents.ir (...)

15Hélène Vérin (1998, p. 18) propose de distinguer à partir du début du XIXe siècle deux figures « celle, dominante, du polytechnicien et celle exotique, de l’ingénieur civil anglais » (1998, p. 18) ; la première est « institutionnellement définie et scientifiquement légitimée », la deuxième conteste « la simple subordination des sciences appliquées aux sciences fondamentales », le progrès des techniques pouvant venir de l’observation des pratiques sociales. Cette deuxième figure permet d’apporter des éléments de compréhension essentiels aux mouvements importants du début du XIXe siècle où une partie de la profession en voie de constitution a été à l’origine de sociétés philanthropiques, suscitant des programmes « d’enseignement destiné aux ouvriers, voire les organisant » (1998, p. 18). Comme en témoignent plusieurs recherches comme celles de Bernard Kalaora et d’Antoine Savoye sur Frédéric Leplay14, ce dernier est emblématique de cette démarche qui confère à l’observation de terrain un poids important dans le traitement des problèmes de l’ingénieur. De 1829 à 1853, Le Play a réalisé de nombreuses missions d’études économiques et industrielles. « À cette occasion, il étudie la vie des populations ouvrières, forgeant sa méthode d’observation sociologique dite de monographies ouvrières ». (Kalaora, Savoy15 p. 128). C’est sur la base d’une connaissance directe d’un grand nombre de situations industrielles concrètes qu’il s’investit dans la Réforme sociale en France (1864) et dans l’Organisation du travail (1870).

  • 16 Perriault, J. (1978). La photo buissonnière. L’expérience d’une école de village. Fleurus.

16Jacques Perriault est arrivé tardivement à l’université sur un mode qui, bien qu’inscrit dans les règlements de l’institution, reste tout à fait rare. Comme le rappelle Anne-Marie Laulan dans son hommage, il a réalisé sous la direction de cette dernière une « thèse sur travaux couronnant ses recherches et ses expériences variées. Le jury de sa soutenance à l’université de Bordeaux était présidé par Robert Escarpit (un des fondateurs de la discipline des sciences de l’information et de la communication) ; Jean Meyriat, précurseur des pratiques et des recherches informationnelles de cette jeune discipline, était un des membres de ce jury. » (Revue Hermès, 2019, p. 221). Il a 46 ans lorsqu’il soutient sa thèse. Auparavant, et depuis son premier emploi en 1958, il a été technicien puis assistant-ingénieur et ingénieur formé sur différents terrains et par la pratique : automatisation de la traduction, documentation automatique des objets, enseignement assisté par ordinateur appliqué à l’apprentissage intensif des langues, enseignement programmé, informatisation des sciences sociales, jeux algorithmiques pour la littérature... Il a côtoyé dans ses fonctions des personnalités des sciences sociales et des humanités et, parmi elles, Jean-Claude Gardin, archéologue, figure majeure de l’automatique documentaire ; Robert Arambourou, préhistorien, autodidacte, personnage reconnu de la Préhistoire des Pyrénées ; François Caradec, écrivain, spécialiste de bandes dessinées, oulipien, auteur de nombreuses biographies littéraires... Son intégration à l’OFRATEME (Office français des techniques modernes d’éducation), puis à l’INRP (Institut national de la recherche pédagogique) en 1972 lui donne la possibilité d’élargir ses centres d’intérêt en conduisant de nombreuses études sur un large éventail de techniques (appareil photo16, caméra, ordinateur). À l’image de nombreux leplaysiens, sa préoccupation est moins de concevoir de nouveaux outils que de comprendre la matérialité des nouvelles techniques pour qu’elles servent au mieux l’apprentissage des enfants comme des adultes. Au fil de ses rencontres, et pendant une longue période de sa carrière professionnelle, il a engrangé des observations sur les pratiques des apprenants modulant les techniques et les situations pédagogiques. Il a ainsi réalisé de nombreuses « monographies d’usages » et œuvré à la reconnaissance d’une « logique de l’usage ».

17Comme les « ingénieurs sociaux », ce qui l’intéresse c’est bien la rencontre entre technique et société. Il ne cessera de multiplier les expériences et les études (usage de la photo en situation de formation, usage de la vidéo communautaire, de l’informatique pour la littérature, expressions du rock, etc.) pour engranger les traces de « l’empreinte de la technique » sur les pratiques. De la dénonciation de l’idolâtrie pour la technique (1972) à la participation à l’introduction du langage LOGO à l’école, son intention s’affine : échapper à la fascination qu’exerce la technologie en rendant les élèves actifs pour améliorer l’efficacité de la pédagogie.

18Les ambitions que Jacques Perriault partage, quelques années plus tard, avec les membres du groupe Ethnotechnologie créé par Thierry Gaudin, nourrissent cette dynamique.

L’expert impliqué

19C’est après l’obtention de sa thèse que Jacques Perriault s’intéresse à la FOAD. De 1985 à 1998, il est rattaché au Service de la Recherche et de l’Innovation du Centre national d’enseignement à distance, établissement public autonome qui délivre des formations auprès d’élèves du scolaire et plus marginalement du supérieur. Il prend la direction de ce service en 1989 et y crée le Laboratoire de Recherche sur l’Industrie de la Connaissance (Laric). Unique en son genre, échappant aux cadres traditionnels de l’enseignement supérieur et de la recherche, ce laboratoire constitue une espace de liberté dans lequel, avec l’appui du directeur général du CNED, il peut poursuivre son travail de monographies. Il y pilote des enquêtes sur le monitorat, sur les pratiques des étudiants à distance et plaide pour la création d’un dispositif d’accueil téléphonique pour les élèves et les étudiants.

20Ainsi, dans L’accès au savoir en ligne (2002), ce ne sont ni les dimensions institutionnelles ni les dimensions organisationnelles, ni les dimensions pédagogiques de la FOAD et encore moins une quelconque théorie de l’enseignement à distance qui sont abordées, mais les questions d’accès au savoir par les techniques. Il s’agit en fait d’une somme de considérations construites par la pratique. Il étaye tout au long du livre, par l’exemple ou par de nombreuses références prises dans le monde scientifique, quatre convictions qu’il s’est forgé au fil du temps : 

21« 1) Toute nouvelle technique génère des discours et des pratiques utopiques ; 2) Toute nouvelle machine est porteuse d’une conquête pacifique du monde ; 3) Les machines sont porteuses de normes à intégrer dans les processus d’apprentissage ; 4) Il y a une filiation entre les techniques » (2002, p. 15).

  • 17 Hermès, 2019, p. 219
  • 18 Entendu comme une rhétorique de l’enthousiasme et de l’exaltation.

22La place réservée à la FOAD dans L’accès au savoir en ligne (un chapitre sur six) est très limitée et probablement à la hauteur de l’intérêt que Jacques Perriault accorde au sujet. Son expertise est ailleurs et ce livre qui mêle observations, expériences personnelles, convictions politiques et expérimentations sur les savoirs médiatisés par des outils techniques en constitue une preuve tangible. Le nombre de références et la diversité des disciplines scientifiques mentionnées (informatique, sciences cognitives, psychologie, archéologie, anthropologie, sciences de l’information et de la communication, sciences de l’éducation) plongent le lecteur dans un tourbillon de citations et de références qui n’est pas sans rappeler, une nouvelle fois, l’ingénieur social omniscient décrit par Hélène Vérin. Les propos de David Douyère17sur L’accès au savoir en ligne traduisent bien l’effet de sidération créé par une rhétorique plus lyrique18 que scientifique.

  • 19 Thibault, F. (2007). Campus numérique : archéologie d’une initiative ministérielle. Études de commu (...)

23L’accès au savoir en ligne a été publié en France en 2002, deux ans après l’opération lancée par le ministère en charge de l’enseignement supérieur : « Campus numérique »19 pour dynamiser l’enseignement à distance universitaire par l’enrôlement de nouveaux acteurs, le développement de partenariats avec le CNED et le déploiement de pratiques pédagogiques basées reposant sur l’usage du numérique. Jacques Perriault est impliqué dans ce programme à divers titres, par son lien ancien avec le CNED, en raison de sa participation à la réflexion lancée préalablement au programme, à cause de ses relations étroites avec la présidente de la Fédération interuniversitaire de l’enseignement à distance (FIED), professeure à l’Université de Nanterre où Jacques Perriault a été nommé en 1998.

24Le programme Campus numérique, bien qu’éphémère – 3 appels à projets –, a été considéré par de nombreux acteurs jusqu’en 2003 (année de la réorientation du programme par le ministère), comme une réussite pour au moins quatre raisons. La première est due à la participation massive des établissements : sur les trois années, 90 % des universités se sont impliquées dans au moins un campus numérique, de nombreuses grandes écoles, des IUT, la totalité des IUFM, des établissements étrangers et plus de 150 entreprises, associations et groupements. Cette participation a été également celle d’une communauté scientifique composée de chercheurs d’origines disciplinaires différentes (sciences de l’éducation, sciences de l’information et de la communication, économie). La deuxième est liée au nombre important de projets retenus. Sur les 130 projets déposés par les établissements, 77 ont reçu un soutien financier et 64 ont été labellisés « campus numérique » en 2002. La troisième raison est à chercher dans l’ampleur de la couverture médiatique : journaux spécialisés, presse généraliste dont la plupart des grands quotidiens (Le Monde, Libération, l’Humanité, le Figaro, Les Échos) y consacrent un ou plusieurs papiers. La période est propice puisque la société est souvent présentée comme une « société de l’information » dont l’avenir réside dans le développement des usages de l’Internet. Le quatrième facteur de succès est d’ordre institutionnel et repose sur la collaboration inédite entre différents financeurs auparavant en concurrence sur les questions d’enseignement à distance (Thibault, 2007).

  • 20 Rapport du groupe de travail « L’enseignement à distance universitaire », réuni en 1999 à l’initiat (...)
  • 21 Thibault, F. (2002, avril). De l’université virtuelle au campus numérique : simple effet de traduct (...)

25L’objectif du programme Campus numérique est triple et vise, selon ses initiateurs, à (i) améliorer l’accès à l’EAD et la lisibilité de l’offre (ii) intégrer l’EAD dans la politique et l’activité des établissements d’enseignement supérieur (iii) développer une offre de formation mieux adaptée aux besoins du public et du marché de l’enseignement supérieur20. Se faisant, ce programme est à la fois une adresse aux centres de télé-enseignement universitaires pour qu’ils transforment leurs pratiques, une adresse au CNED pour qu’il développe ses collaborations avec les universités après une période de conflits assez rudes et une adresse aux universités pour qu’elles expérimentent des pédagogies mêlant le présentiel et le distanciel. Les « universités virtuelles » et le tout à distance constituaient un anti-modèle affiché au programme Campus numérique21. Ce point de vue était partagé par l’ensemble des membres – dont Jacques Perriault – de la commission réunie préalablement au programme.

26Pour apprécier les propos de Jacques Perriault sur la FOAD dans L’accès au savoir en ligne, il convient d’ajouter à ce bref rappel historique d’autres éléments qui caractérisent le contexte dans lequel s’inscrit cet ouvrage. L’enseignement supérieur à distance en France n’a pas fait son apparition avec les campus numériques. Les premiers centres de télé-enseignement universitaires (CTU) ont été créés en 1963 et il existait, depuis les années 1980, 23 CTU, instances autonomes regroupées au sein de la FIED. Le Centre national d’enseignement à distance (CNED) a proposé plus tardivement ses services à certaines universités pour la création de plusieurs diplômes à distance. Au début des années 2000, près de 40 000 étudiants préparent ainsi des diplômes universitaires à distance dans les universités françaises. Les CTU reçoivent, depuis leur création, des financements spécifiques de la part du ministère et malgré l’activité de la FIED, ils sont confrontés à un manque aigu de ressources et de personnels. Pour la présidente de la FIED, le soutien de Jacques Perriault constituait une véritable opportunité. Sa connaissance des instances européennes, du CNED et son refus de succomber aux sirènes de la technique constituaient des garanties pour maintenir les CTU, toujours sous le régime des cours papier, dans la course de l’EAD universitaire.

  • 22 Michel Moreau, déjà cité.

27Par ailleurs, il faut rappeler que le ministre de l’Enseignement supérieur de l’époque (Claude Allègre) avait initialement un tout autre projet que celui du programme Campus numérique. En novembre 1999, en voyage à l’étranger, ce dernier a annoncé la création d’une grande structure nationale qui devait prendre en charge l’EAD de l’enseignement supérieur remettant au goût du jour le projet d’« université à distance » cher au CNED et à son recteur22, celui-là même qui avait permis à Jacques Perriault de créer son laboratoire (le LARIC). Il avait été imaginé, dans l’entourage du ministre, que le rapprochement du CNED et du CNAM allait être le terreau du nouvel établissement conçu en référence à l’Open Université (Thibault, 2007). Les interventions de la Conférence des Présidents d’Université, le départ du Recteur du CNED, la volonté politique de renforcer les universités ont probablement constitué des facteurs favorables au lancement, en juin 2000, du premier appel d’offres Campus numérique et ont mis fin, dans le même temps, au projet de rapprochement entre le CNED et le CNAM.

28Dans ce contexte, et bien qu’ayant été membre du groupe de réflexion qui a préparé les Campus numériques, Jacques Perriault ne pouvait soutenir cette initiative. En premier lieu, parce qu’elle a écarté, sans l’avoir programmé, un acteur comme la FIED. En effet, les CTU n’ont pas été en mesure de répondre aux appels à projets. En deuxième lieu, parce que le programme Campus numérique a mis un terme au projet défendu par Jacques Perriault et ses proches, celui d’une « Open University » à la française.

29L’histoire mondiale du e-learning 1997-2001 et l’histoire de l’EAD en France entre 1997 et 2000 que Jacques Perriault retrace en quelques pages dans L’accès au savoir en ligne ont l’apparence du travail historique, mais n’en ont pas la rigueur… Elles traduisent en revanche les convictions de leur auteur et présentent sa vision des événements qui viennent de se dérouler dans l’espace universitaire français. Ainsi, pour le niveau international, il fait mention d’expériences que l’on retrouve indifféremment prélevées dans la presse spécialisée ou dans la documentation des fabricants de solutions techniques sans que les sources soient précisées ou citées. Ces exemples lui permettent d’étayer la thèse d’une technologie inapte à servir l’enseignement. Le e-learning ou les « universités virtuelles », écrit-il à la page 129, « n’ont pas montré de quelconque évolution vers des organisations apprenantes qui donneraient un sens nouveau à l’acquisition des connaissances. »

30Pour le niveau national, il réserve une place majeure à la FIED, au CNED et au CNAM. Il y reprend son hypothèse de l’existence de deux modèles, celui du « e-learning » et celui de la FOAD portée par les acteurs traditionnels. Le premier est réduit à un « kit » (Perriault, p. 63) qui n’a aucune capacité à gérer les liens humains et le second, grâce à la longue « expérience engrangée » par les institutions (Perriault, p. 89), autorise la conception d’interfaces intelligentes et l’organisation de temps d’échange (par les centres d’accueil téléphonique notamment créés par Jacques Perriault, p. 73). Les Campus numériques sont réduits à de vagues « agrégats » (Perriault, p. 100) dont on ne connait pas l’avenir (Perriault, p. 108). Il reproche au programme Campus numérique de ne pas avoir consulté « les laboratoires compétents, qui incluent l’interaction homme/machine dans l’apprentissage » (Perriault, p. 1 29). Poursuivant le jeu des oppositions, l’auteur amalgame e-learning, universités virtuelles, Campus numériques et marchandisation de la formation et en appelle à l’État pour « garantir le fonctionnement de dispositifs prometteurs » (Perriault, p. 251).

31Nous trouvons dans le récit proposé par Jacques Perriault sur la FOAD, les pratiques textuelles et argumentatives que j’ai pu dégager dans les différentes études que j’ai réalisées entre 2007 et 2016 sur la littérature d’expertise internationale concernant les outils éducatifs. Ces travaux m’ont permis de montrer que les écrits des experts ne formaient pas un ensemble complètement homogène, que leur distance avec le texte scientifique était plus ou moins grande, mais que la combinaison de cinq pratiques (présentées ci-dessous) constituait un idéal type du genre qui permet d’assumer une posture d’autorité tout en se dispensant des règles basiques de la méthode scientifique.

32Cinq ressorts du texte d’expertise :

  1. convocation de l’histoire sans recours à la méthode historique ;

  2. référence à des documents sans méthode pour constituer les corpus ;

  3. recours à des données quantitatives, mais pas de sources communiquées ;

  4. recours à l’exemple qui est présenté comme une enquête de terrain ;

  5. des auteurs parties prenantes qui négligent la démarche réflexive.

33Ainsi, à la question initiale du rôle de Jacques Perriault dans la FOAD, nous pouvons répondre qu’il a été avant tout un conseiller et un expert dont la priorité n’était pas de construire un projet scientifique pour le domaine. Il a été présent dans de nombreux milieux et à différents niveaux, local (projet de Maison du Savoir à Saint Laurent de Nestes), national (conseiller du recteur du CNED, conseiller de la FIED…), européen (expert pour la formation en ligne) et international (expert sur les normes) avec le souci d’expérimenter les techniques les plus récentes tout en se méfiant des promesses de la nouveauté, faisant preuve d’une volonté de défendre une éducation centrée sur les demandes des apprenants avec l’ambition notamment de combattre les processus de normalisation des interfaces d’apprentissage.

  • 23 Simondon, G. (1958). Du mode d’existence des objets techniques.

34La figure de Jacques Perriault n’est toutefois pas réductible à ses interventions dans la FOAD. Comme en témoignent les éléments rassemblés dans la première partie de ce texte et dont on trouve trace dans l’Accès du savoir en ligne, Jacques Perriault a surtout été un expérimentateur et une chambre d’écho pour de nombreux travaux de recherche relatifs aux outils éducatifs. S’il n’a pas produit de théorie, il a rassemblé un grand ensemble d’observations à partir desquelles il s’est construit un socle de convictions. Il n’a ainsi jamais cessé de rappeler l’importance de la matérialité des outils et de répéter que les potentialités des machines ne faisaient pas les usages, deux postulats qui sont au fondement des sciences de l’information et de la communication. Il serait tout à fait regrettable qu’un tel apport soit négligé au nom d’une vision réductrice et univoque de l’activité des universitaires. À l’heure du solutionnisme technologique, l’université a plus que jamais besoin de chercheurs, d’enseignants-passeurs et d’ingénieurs qui rappellent comme l’a souligné Gilbert Simondon que « la plus forte cause d’aliénation dans le monde contemporain réside dans cette méconnaissance de la machine, qui n’est pas une aliénation causée par la machine, mais par la non-connaissance de sa nature et de son essence (…) ».23

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Bibliographie

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Notes

1 On pense par exemple aux accusations « d’islamo-gauchisme » proférées par la ministre de la recherche contre certains champs de recherche.

2 Terminologie retenue par Pierre Mœglin dans son ouvrage de 2005 qui, comme le souligne Daniel Peraya dans sa lecture (2007), offre le grand intérêt de regrouper sous un même vocable des éléments hétérogènes pour « dépasser l’observation empirique d’un « bazar technologique » (Peraya, 1995, p. 209)

3 Valade, B. (dir.) (2019). Jacques Perriault (1939-2019). La maison du savoir de Jacques Perriault, Hermès, 3(85)|.

4 Hermès, 2019(3), p. 223

5 Fabre, R., Hudrisier, H. et Perriault, J. (dir.) (2013). Normes et standards, un programme de travail pour les SIC. Revue française des SIC, 2013(2). https://doi.org/10.4000/rfsic.351

6 Notamment ceux consacrés à l’enseignement à distance en milieu universitaire.

7 Bulletin officiel du travail, de l’emploi et de la formation professionnelle, no 2001/16 du 5 septembre 2001.

8 « Le concept des vidéotransmissions interactives vise à mettre en relation, en direct, un plateau central sur lequel interviennent une ou plusieurs personnes et des sites de réception dans lesquels des spectateurs en formation peuvent réagir par fax et téléphone : quel que soit le commanditaire, le public visé, le cadre organisationnel, il s’agit de produire et diffuser une émission de télévision par satellite en direct. » (Duchaine, P.-J. et Bellet, J.-C. (1994). Les vidéotransmissions interactives du CNED - Centre National d’Enseignement à Distance, Sciences et techniques éducatives, 1(2), 237-259.

9 GEMME : Groupement pour l’enseignement sur mesure médiatisé créé en 1995 à l’initiative de Maryse Quéré, chargée de mission au ministère en charge de l’enseignement supérieur.

10 Initiative du ministère de l’Education nationale et de la Recherche, lancée en 1999 et confiée à la Fondation Maison des Sciences de l’Homme qui a financé de nombreuses études et séminaires dont ceux consacrés aux normes des outils et productions éducatives.

11 Thibault, F. (2016). Public Digital policies in higher education, A comparative survey between Spain, France, Italy and the United Kingdom. Contribution au projet européen D.Transform.

12 Science in Context, Cambridge University Press, article d’Ivor Grattan-Guinness paru en anglais en 1993 et traduit sur le site BibNum.

13 Offenstadt, N. (2011). L’historiographie. Presses universitaires de France.

14 Kalaora, B. et Savoye, A. (1989). Les inventeurs oubliés. Le Play et ses continuateurs. Aux origines des sciences sociales. Champ Vallon.

15 B. Kalaora et A. Savoye (1992). Frédéric Le Play et les figures de l’ingénieur. http://documents.irevues.inist.fr/handle/2042/32783

16 Perriault, J. (1978). La photo buissonnière. L’expérience d’une école de village. Fleurus.

17 Hermès, 2019, p. 219

18 Entendu comme une rhétorique de l’enthousiasme et de l’exaltation.

19 Thibault, F. (2007). Campus numérique : archéologie d’une initiative ministérielle. Études de communication Numéro spécial. http://journals.openedition.org/edc/546; DOI : https://doi.org/10.4000/edc.546

20 Rapport du groupe de travail « L’enseignement à distance universitaire », réuni en 1999 à l’initiative de la mission « Nouvelles technologies pour l’enseignement supérieur » du ministère.

21 Thibault, F. (2002, avril). De l’université virtuelle au campus numérique : simple effet de traduction ou changement de paradigme. Communication présentée au Premier colloque franco-mexicain de sciences de la communication, Mexico, Mexique. https://edutice.archives-ouvertes.fr/edutice-00000052

22 Michel Moreau, déjà cité.

23 Simondon, G. (1958). Du mode d’existence des objets techniques.

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Pour citer cet article

Référence électronique

Françoise Thibault, « Jacques Perriault et la formation à distance »Distances et médiations des savoirs [En ligne], 37 | 2022, mis en ligne le 26 mars 2022, consulté le 29 mars 2024. URL : http://journals.openedition.org/dms/7608 ; DOI : https://doi.org/10.4000/dms.7608

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Auteur

Françoise Thibault

Université Paris-Nanterre

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